• " Apollon, dieu sauveur, dieu des savants mystères,
    Dieu de la vie, et dieu des plantes salutaires,
    Dieu vainqueur de Python, dieu jeune et triomphant,
    Prends pitié de mon fils, de mon unique enfant !
    Prends pitié de sa mère aux larmes condamnée,
    Qui ne vit que pour lui, qui meurt abandonnée,
    Qui n'a pas dû rester pour voir mourir son fils ;
    Dieu jeune, viens...

  • Quand la feuille en festons a couronné les bois,
    L'amoureux rossignol n'étouffe point sa voix.
    Il serait criminel aux yeux de la nature,
    Si, de ses dons heureux négligeant la culture,
    Sur son triste rameau, muet dans ses amours,
    Il laissait sans chanter expirer les beaux jours.
    Et toi, rebelle aux dons d'une si tendre mère,
    Dégoûté de poursuivre une...

  • Je sais, quand le midi leur fait désirer l'ombre,
    Entrer à pas muets sous le roc frais et sombre,
    D'où parmi le cresson et l'humide gravier
    La naïade se fraye un oblique sentier.
    Là j'épie à loisir la nymphe blanche et nue
    Sur un banc de gazon mollement étendue,
    Qui dort, et sur sa main, au murmure des eaux,
    Laisse tomber son front couronné de roseaux...

  • L'innocente victime, au terrestre séjour,
    N'a vu que le printemps qui lui donna le jour.
    Rien n'est resté de lui qu'un nom, un vain nuage,
    Un souvenir, un songe, une invisible image.
    Adieu, fragile enfant échappé de nos bras ;
    Adieu, dans la maison d'où l'on ne revient pas.
    Nous ne te verrons plus, quand de moissons couverte
    La campagne d'été rend la...

  • Pourquoi, belle Chrysé, t'abandonnant aux voiles,
    T'éloigner de nos bords sur la foi des étoiles ?
    Dieux ! je t'ai vue en songe ; et, de terreur glacé,
    J'ai vu sur des écueils ton vaisseau fracassé,
    Ton corps flottant sur l'onde, et tes bras avec peine
    Cherchant à repousser la vague ionienne.
    Les filles de Nérée ont volé près de toi.
    Leur sein fut moins...

  • De Pange, ami chéri, jeune homme heureux et sage,
    Parle, de ce matin dis-moi quel est l'ouvrage ?
    Du vertueux bonheur montres-tu les chemins
    A ce frère naissant dont j'ai vu que tes mains
    Aiment à cultiver la charmante espérance ?
    Ou bien vas-tu cherchant dans l'ombre et le silence,
    Seul, quel encens le Gange aux flots religieux
    Vit les premiers humains...

  • Fille du vieux pasteur, qui d'une main agile
    Le soir emplis de lait trente vases d'argile,
    Crains la génisse pourpre, au farouche regard,
    Qui marche toujours seule, et qui paît à l'écart.
    Libre, elle lutte et fuit intraitable et rebelle.
    Tu ne presseras point sa féconde mamelle,
    A moins qu'avec adresse un de ses pieds lié
    Sous un cuir souple et lent ne...

  • Salut, belle Amymone ; et salut, onde amère
    A qui je dois la belle à mes regards si chère.
    Assise dans sa barque, elle franchit les mers.
    Son écharpe à longs plis serpente dans les airs.
    Ainsi l'on vit Thétis flottant vers le Pénée,
    Conduite à son époux par le blond Hyménée,
    Fendre la plaine humide, et, se tenant au frein,
    Presser le dos glissant d'un agile...

  • Non, de tous les amants les regards, les soupirs
    Ne sont point des pièges perfides.
    Non, à tromper des coeurs délicats et timides
    Tous ne mettent point leurs plaisirs.
    Toujours la feinte mensongère
    Ne farde point de pleurs, vains enfants des désirs,
    Une insidieuse prière.

    Non, avec votre image, artifice et détour,
    Fanny, n'habitent point une...

  • Ô Muses, accourez ; solitaires divines,
    Amantes des ruisseaux, des grottes, des collines !
    Soit qu'en ses beaux vallons Nîme égare vos pas ;
    Soit que de doux pensers, en de riants climats,
    Vous retiennent aux bords de Loire ou de Garonne ;
    Soit que, parmi les choeurs de ces nymphes du Rhône,
    La lune, sur les prés où son flambeau vous luit,
    Dansantes,...