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    Longuement poursuivi par le spleen détesté,
    Quand je vais dans les champs, par les beaux soirs d’été,
    Au grand air rafraîchir mes tempes,
    Je ris de voir, le long des bois, les fiancés
    Cheminer lentement, deux par deux, enlacés
    ...

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    Quand on va s’accouder au balcon de la vie
    Pour contempler la fin pensive du printemps,
    On se sent envahir par l’impossible envie
    D’étreindre dans ses bras les horizons flottants.

    Là-bas comme une ville aux vitres allumées,
    Tout le Passé s’étend sous le grand ciel blafard
    Et la tristesse bleue et lente des fumées
    Ressemble à des ruisseaux...

  • Songez, Philis, songez au temps passé
    Ce beau garçon dont vous fûtes éprise
    Mit en vos mains son aimable franchise.
    Il était jeune, il n'avait point senti
    Ce que ressent un coeur assujetti,
    Et jeune encore vous ignoriez l'usage
    Des mouvements qu'excite un beau visage.
    Vous ignoriez la peine et le plaisir
    Qu'ont su donner l'amour et le désir...

  • A M. A. de V***.

    Arrêtons-nous sur la colline
    A l'heure où, partageant les jours,
    L'astre du matin qui décline
    Semble précipiter son cours!
    En avançant dans sa carrière,
    Plus faible il rejette en arrière
    L'ombre terrestre qui le suit,
    Et de l'horizon qu'il colore
    Une moitié le voit encore,
    L'autre se plonge dans la nuit!

    C'est...

  • (extrait, 4ème époque)

    Enfant, j'ai quelquefois passé des jours entiers
    Au jardin, dans les prés, dans quelques verts sentiers
    Creusés sur les coteaux par les boeufs du village,
    Tout voilés d'aubépine et de mûre sauvage,
    Mon chien auprès de moi, mon livre dans la main,
    M'arrêtant sans fatigue et marchant sans chemin,
    TantÔt lisant, tantôt écorçant...

  • Telle qu'une vapeur s'épaississant toujours,
    La nuit grave s'étend sur les îles boisées ;
    Les plus belles au loin, déjà semblent rasées
    Et les rives n'ont plus que de fuyants contours.

    A mes pieds, le vent d'est chassant l'onde à rebours,
    Courbe les joncs comme autant d'âmes angoissées.
    - Veux-tu que nous allions reposer nos pensées
    Dans l'ombre qui...

  • Le jour passé de ta douce présence
    Fut un serein en hiver ténébreux,
    Qui fait prouver la nuit de ton absence
    A l'oeil de l'âme être un temps plus ombreux,
    Que n'est au Corps ce mien vivre encombreux,
    Qui maintenant me fait de soi refus.

    Car dès le point, que partie tu fus,
    Comme le Lièvre accroupi en son gîte,
    Je tends l'oreille, oyant un...

  • Alors les fleurs croissaient dans la verte prairie ;
    Dans un ciel glorieux triomphait le soleil ;
    Des songes printaniers erraient dans mon sommeil.
    Le ciel n'était pas froid, l'eau n'était pas tarie,
    Alors. - Mais aujourd'hui tout est morne et glacé ;
    Le coeur est desséché, la nature est flétrie...
    Où sont les rêves du passé ?

    Soleil, tu nous...

  • J'ai passé maintes nuits à me plaire en ces larmes,
    Ne trouvant rien plus doux ni plus délicieux,
    Pendant qu'Amour faisait la garde avec ses armes,
    De peur que le sommeil ne coulât en mes yeux.

    Mais si parfois ce dieu pour t'aller voir, ma Belle,
    Cessait de me garder, pendant qu'il me quittait,
    Il mettait près de moi le Songe en sentinelle,
    Qui m'...

  • Je fu en fleur ou temps passé d'enfance
    Et puis après devins fruit en jeunesse ;
    Lors m'abaty de l'arbre de plaisance,
    vert et non meur*, Folie ma maistresse.
    Et pour cela Raison, qui tout redresse
    A son plaisir, sans tort ou mesprison**,
    M'a a bon droit, par sa tresgrant sagesse.
    Mis pour meurir ou feurre de prison***.

    En ce j'ay fait longue...