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    Ah ! béni soit celui dont l’amitié discrète
    Me prodigue ses vœux sans oser se nommer ;
    Et que ces vœux touchants qu’il adresse au poète
    Retombent sur son front, comme des fleurs qu’on jette
    Retombent pour nous embaumer.

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    Quand, assise le soir au bord de ta fenêtre,
    Devant un coin du ciel qui brille entre les toits,
    L’aiguille matinale a fatigué tes doigts,
    Et que ton front comprime une âme qui veut naître.
    Ta main laisse échapper le lin brodé de fleurs
    Qui doit parer le front d’heureuses fiancées,
    Et, de peur de tacher ses teintes nuancées,
    Tes beaux yeux...

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    Des cheveux ! mais ils sont blanchis sous les années !
    Des cheveux ! mais ils vont tomber sous les hivers !
    Que feraient tes beaux doigts de leurs boucles fanées ?
    Pour tresser la couronne, il faut des rameaux verts.

    Crois-tu donc, jeune fille aux jours d’ombre et de joie,
    Qu'un front d’homme chargé de quarante printemps
    Germe ces blonds anneaux et...

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    Souvent en respirant ces nocturnes haleines,
    Qui des monts éloignés descendent sur les plaines
    Ou des bords disparus sur les vagues des mers,
    On croit dans ces odeurs, que l’esprit décompose,
    Respirer le parfum des lis ou de la rose,
    Apporté de loin par les airs.

    L’imagination, cet œil de la pensée ,
    Se figure la tige aux rochers balancée,...

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    Amitié, doux repos de l’âme,
    Crépuscule charmant des cœurs.
    Pourquoi, dans les yeux d’une femme,
    As-tu de plus tendres langueurs ?

    Ta nature est pourtant la même ;
    Dans le cœur dont elle a fait don
    Ce n’est plus la femme qu’on aime,
    Et l’amour a perdu son nom.

    Mais comme en une pure glace
    Le rayon se colore mieux,
    Le...

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    Quand le printemps a mûri l’herbe
    Qui porte la vie et le pain,
    Le moissonneur liant la gerbe
    L’emporte à l’aire du bon grain ;
    Il ne regarde pas si l’herbe qu’il enlève
    Verdit encore au pied de jeunesse et de sève,
    Ou si, sous les épis courbés en pavillon,
    Quelques frêles oiseaux, à qui l’ombre était douce,
    Du soleil ou du vent s’...

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    Je suis seul dans la prairie
    Assis au bord du ruisseau ;
    Déjà la feuille flétrie,
    Qu’un flot paresseux charrie,
    Jaunit l'écume de l’eau.

    La respiration douce
    Des bois au milieu du jour
    Donne une lente secousse
    A la vague, au brin de mousse,
    Au feuillage d’alentour.

    Seul et la cime bercée,
    Un jeune et haut peuplier...

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    Ici donnent, jetés par le flot de la guerre,
    D’intrépides soldats, nés sous un ciel plus beau :
    Vivants, ils ont porté les fers de l’Angleterre ;
    Morts, ce noble pays leur offrit dans sa terre
    L’hospitalité du tombeau.

    Là, toute inimitié s’efface sous la pierre ;
    Le dernier souffle éteint la haine dans les cœurs !
    Tout rentre dans la paix de...

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    Musa pedestris.

    Dans les plis d’un coteau j’étais assis à terre,
    Le soleil inondant l’horizon solitaire,
    Une brise des bois jouant dans mes cheveux,
    Paix, lumière et chaleur, servi dans tous mes vœux ;
    Mon jeune chien, quêtant parmi les sillons fauves.
    Effeuillait à mes pieds les bleuets et les mauves,
    Faisant lever...

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    MICOL, JONATHAS.

    MICOL, dans l’obscurité, sans voir Jonathan.

    Lastre des nuits à peine a fini sa carrière,
    Et déjà le sommeil a fui de ma paupière !
    O nuit ! ô doux sommeil ! tout ressent vos bienfaits !
    Hélas ! et mes yeux seuls ne les goûtent jamais !

    (Elle tombe à genoux près de l’arche.)

    Toi que j’invoque en...