• L'ennemi se déguise en l'Ennui
    Et me dit : " A quoi bon, pauvre dupe ? "
    Moi je passe et me moque de lui.
    L'ennemi se déguise en la Chair
    Et me dit : " Bah, bah, vive une jupe ! "
    Moi j'écarte le conseil amer.

    L'ennemi se transforme en un Ange
    De lumière et dit : " Qu'est ton effort
    A côté des tributs de louange
    Et de Foi dus au Père céleste...

  • Les faux beaux jours ont lui tout le jour, ma pauvre âme,
    Et les voici vibrer aux cuivres du couchant.
    Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
    Une tentation des pires. Fuis l'infâme.

    Ils ont lui tout le jour en longs grêlons de flamme,
    Battant toute vendange aux collines, couchant
    Toute moisson de la vallée, et ravageant
    Le ciel tout bleu,...

  • Un vieux faune de terre cuite
    Rit au centre des boulingrins,
    Présageant sans doute une suite
    Mauvaise à ces instants sereins

    Qui m'ont conduit et t'ont conduite,
    - Mélancoliques pèlerins, -
    Jusqu'à cette heure dont la fuite
    Tournoie au son des tambourins.

  • Mon fils est mort. J'adore, ô mon Dieu, votre loi.
    Je vous offre les pleurs d'un coeur presque parjure ;
    Vous châtiez bien fort et parferez la foi
    Qu'alanguissait l'amour pour une créature.

    Vous châtiez bien fort. Mon fils est mort, hélas !
    Vous me l'aviez donné, voici que votre droite
    Me le reprend à l'heure où mes pauvres pieds las
    Réclamaient ce...

  • Dans l'herbe noire
    Les Kobolds vont.
    Le vent profond
    Pleure, on veut croire.

    Quoi donc se sent ?
    L'avoine siffle.
    Un buisson gifle
    L'oeil au passant.

    Plutôt des bouges
    Que des maisons.
    Quels horizons
    De forges rouges !

    On sent donc quoi ?
    Des gares tonnent,
    Les yeux s'étonnent,
    Où Charleroi ?
    ...

  • La cour se fleurit de souci
    Comme le front
    De tous ceux-ci
    Qui vont en rond
    En flageolant sur leur fémur
    Débilité
    Le long du mur
    Fou de clarté.

    Tournez, Samsons sans Dalila,
    Sans Philistin,
    Tournez bien la
    Meule au destin.
    Vaincu risible de la loi,
    Mouds tour à tour
    Ton coeur, ta foi
    Et ton amour !...

  • Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour
    Et la blessure est encore vibrante,
    Ô mon Dieu, vous m'avez blessé d'amour.

    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé
    Et la brûlure est encor là qui tonne,
    Ô mon Dieu, votre crainte m'a frappé.

    Ô mon Dieu, j'ai connu que tout est vil
    Et votre gloire en moi s'est installée,
    Ô mon Dieu, j'ai connu que...

  • Brûle aux yeux des femmes,
    Mais garde ton coeur
    Et crains la langueur
    Des épithalames.

    Bois pour oublier !
    L'eau-de-vie est une
    Qui porte la lune
    Dans son tablier.

    L'injure des hommes,
    Qu'est-ce que ça fait ?
    Va, notre coeur sait
    Seul ce que nous sommes.

    Ce que nous valons
    Notre sang le chante !
    L'épine...

  • Mais Sa tête, Sa tête !
    Folle, unique tempête
    D'injustice indignée,
    De mensonge en furie,
    Visions de tuerie
    Et de vengeance ignée ;

    Puis exquise bonace,
    Du soleil plein l'espace,
    Colombe sur l'abîme,
    Toute bonne pensée
    Caressée et bercée
    Pour un réveil sublime.

    Force de la nature
    Magnifiquement dure
    Et si...

  • I

    Je voudrais, si ma vie était encore à faire,
    Qu'une femme très calme habitât avec moi,
    Plus jeune de dix ans, qui portât sans émoi
    La moitié d'une vie au fond plutôt sévère.

    Notre coeur à tous deux, dans ce château de verre,
    Notre regard commun, franchise et bonne foi,
    Un et double, dirait comme en soi-même : Voi !
    Et répondrait comme...