• Aux bords de ton lac enchanté,
    Loin des sots préjugés que l'erreur déifie,
    Couvert du bouclier de ta philosophie,
    Le temps n'emporte rien de ta félicité ;
    Ton matin fut brillant ; et ma jeunesse envie
    L'azur calme et serein du beau soir de ta vie !

    Ce qu'on appelle nos beaux jours
    N'est qu'un éclair brillant dans une nuit d'orage,
    Et rien, excepté...

  • La coupe de mes jours s'est brisée encor pleine ;
    Ma vie hors de mon sein s'enfuit à chaque haleine ;
    Ni baisers ni soupirs ne peuvent l'arrêter ;
    Et l'aile de la mort, sur l'airain qui me pleure,
    En sons entrecoupés frappe ma dernière heure ;
    Faut-il gémir ? faut-il chanter ?...

    Chantons, puisque mes doigts sont encor sur la lyre ;
    Chantons, puisque...

  • Heureux l'oeil éclairé de ce jour sans nuage
    Qui partout ici-bas le contemple et le lit !
    Heureux le coeur épris de cette grande image,
    Toujours vide et trompé si Dieu ne le remplit !

    Ah ! pour celui-là seul la nature est son ombre !
    En vain le temps se voile et reculent les cieux !
    Le ciel n'a point d'abîme et le temps point de nombre
    Qui le cache à...

  • Pourquoi de tes regards percer ainsi mon âme ?
    Baisse, oh ! baisse tes yeux pleins d'une chaste flamme :
    Baisse-les, ou je meurs.
    Viens plutôt, lève-toi ! Mets ta main dans la mienne,
    Que mon bras arrondi t'entoure et te soutienne
    Sur ces tapis de fleurs.

    ............................................

    Aux bords d'un lac d'azur il est une colline...

  • Le soir ramène le silence.
    Assis sur ces rochers déserts,
    Je suis dans le vague des airs
    Le char de la nuit qui s'avance.

    Vénus se lève à l'horizon ;
    A mes pieds l'étoile amoureuse.
    De sa lueur mystérieuse
    Blanchit les tapis de gazon.

    De ce hêtre au feuillage sombre
    J'entends frissonner les rameaux :
    On dirait autour des tombeaux...

  • Naître avec le printemps, mourir avec les roses,
    Sur l'aile du zéphyr nager dans un ciel pur,
    Balancé sur le sein des fleurs à peine écloses,
    S'enivrer de parfums, de lumière et d'azur,
    Secouant, jeune encor, la poudre de ses ailes,
    S'envoler comme un souffle aux voûtes éternelles,
    Voilà du papillon le destin enchanté!
    Il ressemble au désir, qui jamais ne se...

  • Un jour, le temps jaloux, d'une haleine glacée,
    Fanera tes couleurs comme une fleur passée
    Sur ces lits de gazon ;
    Et sa main flétrira sur tes charmantes lèvres
    Ces rapides baisers, hélas ! dont tu me sèvres
    Dans leur fraîche saison.

    Mais quand tes yeux, voilés d'un nuage de larmes,
    De ces jours écoulés qui t'ont ravi tes charmes
    Pleureront...

  • Qu'il est doux, quand du soir l'étoile solitaire,
    Précédant de la nuit le char silencieux,
    S'élève lentement dans la voûte des cieux,
    Et que l'ombre et le jour se disputent la terre,
    Qu'il est doux de porter ses pas religieux
    Dans le fond du vallon, vers ce temple rustique
    Dont la mousse a couvert le modeste portique,
    Mais où le ciel encor parle à des coeurs...

  • (Au Marquis de L.M.F)

    Oh ! qui m'emportera vers les tièdes rivages,
    Où l'Arno couronné de ses pâles ombrages,
    Aux murs des Médicis en sa course arrêté,
    Réfléchit le palais par un sage habité,
    Et semble, au bruit flatteur de son onde plus lente,
    Murmurer les grands noms de Pétrarque et du Dante ?
    Ou plutôt, que ne puis-je, au doux tomber du jour,
    ...

  • (extrait, 4ème époque)

    Enfant, j'ai quelquefois passé des jours entiers
    Au jardin, dans les prés, dans quelques verts sentiers
    Creusés sur les coteaux par les boeufs du village,
    Tout voilés d'aubépine et de mûre sauvage,
    Mon chien auprès de moi, mon livre dans la main,
    M'arrêtant sans fatigue et marchant sans chemin,
    TantÔt lisant, tantôt écorçant...