Coeur de profil, petite âme douillette,
Tu veux te tremper un matin en moi,
Comme on trempe, en levant le petit doigt,
Dans son café au lait une mouillette !
Et mon amour, si blanc, si vert, si grand,
Si tournoyant ! ainsi ne te suggère
Que pas-de-deux, silhouettes légères
A enlever sur ce solide écran !
Adieu. - Qu'est-ce encor ?...
-
-
Hélas ! des Lunes, des Lunes,
Sur un petit air en bonne fortune....
Hélas ! de choses en choses
Sur la criarde corde des virtuoses ! ...
Hélas ! agacer d'un lys
La voilette d'Isis !...
Hélas ! m'esquinter, sans trêve, encore,
Mon encéphale anomaliflore
En floraisons de chair par guirlandes d'ennuis !
Ô Mort, et puis ?
Mais ! j'ai... -
J'ai mille oiseaux de mer d'un gris pâle,
Qui nichent au haut de ma belle âme,
Ils en emplissent les tristes salles
De rythmes pris aux plus fines lames....
Or, ils salissent tout de charognes,
Et aussi de coraux, de coquilles ;
Puis volent en tonds fous, et se cognent
A mes probes lambris de famille .....
Oiseaux pâles, oiseaux des sillages... -
Eucharistie
De l'Arcadie,
Qui fais de l'?il
Aux c?urs en deuil,
Ciel des idylles
Qu'on veut stériles,
Fonts baptismaux
Des blancs pierrots,
Dernier ciboire
De notre Histoire,
Vortex-nombril
Du Tout-Nihil,
Miroir et Bible
Des Impassibles,
Hôtel garni
De l'infini,
... -
Dans un album,
Mourait fossile
Un geranium
Cueilli aux Iles.
Un fin Jongleur
En vieil ivoire
Raillait la fleur
Et ses histoires....
- " Un requiem ! "
Demandait-elle.
- "Vous n'aurez rien
" Mademoiselle ! ".... -
Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.
Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,
Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,
Je tords mon c?ur pour qu'il s'égoutte en rimes d'or.
Et voilà qu'à songer me revient un accord,
Un air bête d'antan, et sans bruit tu te lèves
Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves
Où j'étais... -
Le coeur blanc tatoué
De sentences lunaires,
Ils ont : " Faut mourir, frères ! "
Pour mot-d'ordre-Évohé.
Quand trépasse une vierge,
Ils suivent son convoi,
Tenant leur cou tout droit
Comme on porte un beau cierge.
Rôle très-fatigant,
D'autant qu'ils n'ont personne
Chez eux, qui les frictionne
D'un conjugal onguent.... -
Tout, paysage affligé de tuberculose,
Bâillonné de glaçons au rire des écluses,
Et la bise soufflant de sa pécore emphase
Sur le soleil qui s'agonise
En fichue braise...
Or, maint vent d'arpéger par bémols et par dièzes,
Tantôt en plainte d'un nerf qui se cicatrise,
Soudain en bafouillement fol à court de phrases,
Et puis en sourdines de ruse... -
Comme la nuit est lointainement pleine
De silencieuse infinité claire !
Pas le moindre écho des gens de la terre,
Sous la Lune méditerranéenne !
Voilà le Néant dans sa pâle gangue,
Voilà notre Hostie et sa Sainte-Table,
Le seul bras d'ami par l'Inconnaissable,
Le seul mot solvable en nos folles langues !
Au-delà des cris choisis des époques,... -
Ah ! sans Lune, quelles nuits blanches,
Quels cauchemars pleins de talent !
Vois-je pas là nos cygnes blancs ?
Vient-on pas de tourner la clanche ?
Et c'est vers toi que j'en suis là,
Que ma conscience voit double,
Et que mon coeur pêche en eau trouble,
Ève, Joconde et Dalila !
Ah ! par l'infini circonflexe
De l'ogive où j'ahanne...