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     Vois, sur les violettes
     Brillent, perles des soirs,
     De fraîches gouttelettes !
     Entends dans les bois noirs,
     Frémissants de son vol,
     Chanter le rossignol.

     Reste ainsi, demi-nue,
     A la fenêtre ; viens,
     Mon amante ingénue ;
     Dis si tu te souviens
     Des mots que tu m'as dits,
     Naguère, au paradis !

     La lune...

  • Rouvière ! Il fut de ceux que l'Art prend pour victimes ;
    Il fut de ceux qu'on voit se plonger dans la nuit
    Où le poète parle avec des mots sublimes
    Jetant aux ouragans leurs sanglots et leur bruit.

    Ces artistes, ces rois, ces lutteurs qui, sans règles,
    S'offrant à la tempête et cherchant ses baisers,
    Gravissaient la montagne où fuit le vol des aigles,...

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    Sachons adorer ! Sachons lire !
    La Coupe, le Sein et la Lyre
    Nous donnent le triple délire.

    Symbole dont le fier dessin
    Fut jadis moulé sur le Sein,
    La Coupe inspire un grand dessein.

    La Lyre, voix de l’Ionie,
    Que le vulgaire admire et nie,
    Contient la céleste harmonie.

  • C’était auprès d’un lac sinistre, à l’eau dormante,
    Enfermé dans un pli du grand mont Érymanthe,
    Et l’antre paraissait gémir, et, tout béant,
    S’ouvrait, comme une gueule affreuse du néant.
    Des vapeurs en sortaient, ainsi que d’un Averne.
    Immobile, et penché pour voir dans la caverne,
    Hercule regarda le sanglier...

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    La sombre forêt, où la roche
    Est pleine d’éblouissements
    Et qui tressaille à mon approche,
    Murmure avec des bruits charmants.

    Les fauvettes font leur prière ;
    La terre noire après ses deuils
    Refleurit, et dans la clairière
    Je vois passer les doux chevreuils.

    Voici la caverne des Fées
    D’où fuyant vers le bleu des cieux,
    ...

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    A sad tale’s best for winter ;
    I have one of spirits and goblins.
    Shakspere, Winter’s tale. Act.II, scène I.

    I

    Dans nos longs soirs d’hiver, où, chez le bon Armand,
    Dans notre farniente adorable et charmant
             On oubliait le monde aride,
    Vous demandiez pourquoi sur mon front fatigué,
    Au milieu des éclats du...

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    Sur la colline,
    Quand la splendeur
    Du ciel en fleur
    Au soir décline,

    L'air illumine
    Ce front rêveur
    D'une lueur
    Triste et divine.

    Dans un bleu ciel,
    O Gabriel !
    Tel tu rayonnes ;

    Telles encor
    Sont les madones
    Dans les fonds d'or.

  • Jeune, oh ! si jeune avec sa blancheur enfantine,
    Debout contre le roc, la Naïade argentine
    Rit. Elle est nue. Encore au bleu matin des jours,
    La céleste ignorance éclaire les contours
    De son corps où circule un sang fait d'ambroisie.
    Svelte et suave, tel près d'un fleuve d'Asie
    Naît un lys ; le désert voit tout ce corps lacté,
    Sans tache et déjà fier...

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    À travers le bois fauve et radieux,
    Récitant des vers sans qu’on les en prie,
    Vont, couverts de pourpre et d’orfèvrerie,
    Les Comédiens, rois et demi-dieux.

    Hérode brandit son glaive odieux ;
    Dans les oripeaux de la broderie,
    Cléopâtre brille en jupe fleurie
    Comme resplendit un paon couvert d’yeux.

    Puis, tout flamboyants sous les...

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    Et in fronte ejus nomen scriptum : Mysterium…
    Apocalypsis, caput XVII.

    Une nuit qu’il pleuvait, un poète profane
    M’entraîna follement chez une courtisane
    Aux épaules de lys, dont les jeunes rimeurs
    Couronnaient à l’envi leur corbeille aux primeurs.
    Donc, je me promettais une femme superbe
    Souriant au soleil comme les blés...