Étienne de La Boétie

  • Jà reluisoit la benoiste journee
    Que la nature au monde te devoit,
    Quand des thresors qu'elle te reservoit
    Sa grande clef te feust abandonnee.

    Tu prins la grace à toy seule ordonnee,
    Tu pillas tant de beautez qu'elle avoit,
    Tant qu'elle fiere, a lors qu'...

  • Ce n'est pas moy que l'on abuse ainsi :
    Qu'à quelque enfant, ces ruzes on emploie,
    Qui n'a nul goust, qui n'entend rien qu'il oye :
    Je sçay aymer, je sçay hayr aussi.

    Contente toy de m'avoir jusqu'ici
    Fermé les yeux ; il est temps que j'y voie,
    Et que...

  • Si contre Amour je n'ay autre deffence,
    Je m'en plaindray, mes vers le maudiront,
    Et apres moy les roches rediront
    Le tort qu'il faict à ma dure constance.

    Puis que de luy j'endure cette offence,
    Au moings tout haut, mes rithmes le diront,
    Et nos neveus, a...

  • Quoy ? qu'est ce ? ô vans, ô nuës, ô l'orage !
    A point nommé, quand moy d'elle aprochant,
    Les bois, les monts, les baisses vois tranchant,
    Sur moy, d'aguest, vous passez vostre rage.

    Ores mon coeur s'embrase d'avantage.
    Allez, allez faire peur au marchant
    ...

  • Quand tes yeux conquerans estonné je regarde,
    J'y veoy dedans à clair tout mon espoir escript ;
    J'y veoy dedans Amour luy mesme qui me rit,
    Et m'y monstre, mignard, le bon heur qu'il me garde.

    Mais, quand de te parler par fois je me hazarde
    C'est lors que mon...

  • Si onc j'eus droit, or j'en ay de me plaindre :
    Car qui voudroit que je fusse content
    Estant loing d'elle ? Et je ne sçay pourtant,
    En estant pres, si mon mal seroit moindre.

    Ou pres, ou loing, le mal me vient atteindre ;
    J'ay beau fuir, en tous lieux il m'...

  • Ou soit lors que le jour le beau Soleil nous donne,
    Ou soit quand la nuict oste aux choses la couleur,
    Je n'ay rien en l'esprit que ta grande valeur,
    Et ce souvenir seul jamais ne m'abandonne.

    A ce beau souvenir tout entier je me donne,
    Et s'il tire avec soy...

  • Quant à chanter ton los par fois je m'adventure,
    Sans ozer ton grand nom dans mes vers exprimer,
    Sondant le moins profond de ceste large mer,
    Je tremble de m'y perdre, et aux rives m'assure ;

    Je crains, en loüant mal, que je te face injure.
    Mais le peuple,...

  • Quand celle j'oy parler qui pare nostre France,
    Lors son riche propos j'admire en escoutant ;
    Et puis s'elle se taist, j'admire bien autant
    La belle majesté de son grave silence.

    S'elle escrit, s'elle lit, s'elle va, s'elle dance,
    Or je poise son port, or son...

  • "Je sçay ton ferme cueur, je cognois ta constance :
    Ne sois point las d'aimer, et sois seur que le jour,
    Que mourant je lairray nostre commun sejour,
    Encor mourant, de toy j'auray la souvenance.

    J'en prens tesmoing le Dieu qui les foudres eslance,
    Qui ramenant...