Pierre-Jean de Béranger

  • Mai 1813


    Il était un roi d'Yvetot
    Peu connu dans l'histoire ;
    Se levant tard, se couchant tôt,
    Dormant fort bien sans gloire,
    Et couronné par Jeanneton
    D'un simple bonnet de coton,
    Dit-on.
    Oh ! oh ! oh ! oh ! ah ! ah ! ah ! ah !
    Quel...

  • Je viens revoir l'asile où ma jeunesse
    De la misère a subi les leçons.
    J'avais vingt-ans, une folle maîtresse,
    De francs amis et l'amour des chansons.
    Bravant le monde et les sots et les sages,
    Sans avenir, riche de mon printemps,
    Leste et joyeux je montais...

  • On parlera de sa gloire
    Sous le chaume bien longtemps.
    L'humble toit, dans cinquante ans,
    Ne connaîtra plus d'autre histoire.
    Là viendront les villageois
    Dire alors à quelque vieille
    Par des récits d'autrefois,
    Mère, abrégez notre veille.
    Bien, dit-...

  • Sois-moi fidèle, ô pauvre habit que j'aime !
    Ensemble nous devenons vieux.
    Depuis dix ans, je te brosse moi-même,
    Et Socrate n'eut pas fait mieux.
    Quand le sort à ta mince étoffe
    Livrerait de nouveaux combats,
    Imite-moi, résiste en philosophe :
    Mon vieil ami,...

  • Air : Contentons-nous d'une simple bouteille.

    Mes chers amis, respectons la décence,
    Ce mot lui seul vaut presque une chanson ;
    Sans équivoque, et surtout sans licence,
    Je vais parler de l'amant de Lison :
    Le drôle un jour, d'un ton fait pour séduire,...

  • D’un petit bout de chaîne
    Depuis que j’ai tâté,
    Mon cœur en belle haine
    A pris la liberté.
    Fi de la liberté !
    À bas la liberté !

    Marchangy, ce vrai sage,
    M’a fait par charité
    Sentir de l’esclavage
    La légitimité.
    Fi de la liberté !...

  • Les gueux, les gueux,
    Sont les gens heureux ;
    ...

  • Je crains la foule qui se presse ;
    Je tremble à ses milliers de voix.
    Une fée a, dès ma jeunesse,
    Conduit mes rêves dans les bois.
    Là, mon cœur, pris de peine amère,
    À l’espérance était rendu,
    Comme un oiselet que sa mère
    Reporte au nid qu’il a perdu....

  • Bonheur, faut-il que je finisse
    Sans t’avoir jamais rencontré ?
    Disait, mourant dans un hospice,
    Un pauvre obscur, quoique lettré.
    Un doux fantôme à lui se montre :
    — Je suis le Bonheur ; oui, c’est moi.
    Sans s’en douter tel me rencontre
    Qui me suppose...