Introduction * POEM_COUNT_VARIABLE poèmes couvrant 700 années * AUTHOR_COUNT_VARIABLE auteurs tels que; Hugo, Baudelaire, Verlaine, Mallarmé, Rilke, Rimbaud... * Le format et le style de la présentation de poèmes sont excellents * Facile à localiser les poèmes que vous voulez lire via un moteur de recherche efficace qui trie les informations par ses nombreux aspects: titre du poème, le nom du poète et des poèmes dans l'ordre chronologique Bienvenue à l'une des plus vastes collections de poèmes et réfléchies disponibles aujourd'hui. Ne perdez pas de temps à chercher les poèmes ou des lectures parfaits. Nous avons fait le travail dur à la place, pour vous épargner les tracas. Droit d'auteur Des poèmes sont dans le domaine public. Tout autre contenu est protégé par copyright par György Chityil.
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Quelqu’une des voix,
— Est-elle angélique ! —
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique :
Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie.
Terque quaterque
Et puis une voix,
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique ;
Et chante à l’instant,
En sœur des haleines ;
D’un ton allemand,
Mais ardente et pleine :
Le monde est vicieux,
Tu dis ? tu t’étonnes ?
Vis ! et laisse au feu
L’obscure infortune…
Pluries
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Arthur Rimbaud — Poésies
4
8Par la Nature, — heureux comme avec une femme.
Variantes
Par les beaux soirs d’été, in Lettre à Banville
Mais un amour immense entrera dans mon âme, in Lettre à Banville.
La Ravachole — Paroles: Sébastien Faure
1893
Sur l’air de La Carmagnole
Refrain
Dansons la Ravachole,
Vive le son, vive le son,
Vive le son
D’l’explosion !
Ah, ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois goût’ront d’la bombe,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Tous les bourgeois on les saut’ra...
On les saut’ra !
Refrain
Aidons-nous mutuellement,
Le bien que l'on fait à son frère
Il leur contait le trait suivant.
Dans une ville de l'Asie
Il existait deux malheureux,
Mais leurs cris étaient superflus,
L'aveugle, à qui tout pouvait nuire,
Était sans guide, sans soutien,
Sans avoir même un pauvre chien
Pour l'aimer et pour le conduire.
Un certain jour, il arriva
Près du malade se trouva ;
Il n'est tels que les malheureux
Pour se plaindre les uns les autres.
Que je ne puis faire un seul pas ;
Vous-même vous n'y voyez pas :
J'ai des jambes, et vous des yeux.
Les sots sont un peuple nombreux,
Trouvant toutes choses faciles :
Grand motif de se croire habiles.
Un âne, en broutant ses chardons,
D’une flûte dont les doux sons
Les voilà tous, bouche béante,
À souffler dans un petit trou.
Car je me sens trop en colère.
Notre âne, en raisonnant ainsi,
Par quelque pasteur amoureux,
Il en sort un son agréable.
L’âne se croit un grand talent,
Eh! Je joue aussi de la flûte!
[1]
La garde, ont-ils crié, meurt et ne se rend pas ! »
10
[2]
20
[3]
[4]
30
« . . . . . ma flamberge meilleure[5]
[6]
[7]
[8]
[9]
[10]
[11]
[12]
[13] ; c’est là . . . . . »
François-Réal Angers — La Voix d’une ombre
1838
Guillaume Apollinaire — Alcools
Voie lactée (2)
Bonne aventure
Cette chanson a été écrite à propos de la Commune de Paris.
1
Viens Chez Moi! — Paroles : Charles d’Avray
Viens Chez Moi!
Mais ne l’imitez pas !…
Émile Verhaeren — Les Moines
Les Vêpres
Note[modifier]
[1], que tu devais souffrir !
[2]
. . . . . . . . . . . . . . .
J’entends un murmure plaintif.
1894.
Edmond Rostand.
Xavier Forneret
Un pauvre honteux
L'U.A. — Paroles : Charles d’Avray L'U.A. Les bois, les prés, les monts, la plaine, Tout ici bas, tout s'offre à toi Il ne suffit que prendre peine Et de penser aux autres comme à soi. Oui! le bonheur peut exister sur terre, Tu le détiens, il est entre tes mains, Il t'est possible aujourd'hui de bien faire Et d'éloigner le malheur des Humains Refrain Redresse toi prolétaire, Ne vis pas en solitaire Réalise avec nous l'union Pour atteindre la perfection! Compagnon la vie est belle Puisqu'il faut lutter pour elle, Dis merde aux lois comme aux tyrans: Et marcher de l'avant!.. Tu dois libérer ta compagne, Et pour l'aider à moins souffrir Bâtir un pays de cocagne Dans lequel, nul ne pourra l'asservir. Si son devoir est un cas de conscience, Qu'elle en discerne et la mal et le bien, Sans devoir à quiconque obéissance, Ses droits étant les mêmes que les tiens Refrain Si tu fondes une famille, Suis pas à pas l'évolution, Et fais le bonheur de ta fille En présidant à son éducation. Au sentiment mêle la poésie; Si l'art d'aimer est noble, grand et beau, Il doit ouvrir l'ère de l'harmonie En affinant l'amour et le cerveau. Refrain Pour que ton fils devienne un sage, Parle lui du commun bonheur; Tout en l'armant d'un grand courage, Fais en un homme d'action, et de coeur. Enseigne lui la haine de la guerre, Celle des dieux, comme celle de l'or; Vois dans ton fils, un homme, un nouveau frère, En son honneur prépare Messidor! Refrain Face au danger devoir exige En ce monde de fripouillards, Si tu veux garder ton prestige A notre lutte il te faut prendre part. Gueule bien fort, halte, halte au fascisme! Un dictateur, c'est la coercition, Au nom sacré de notre Idéalisme: Arme ton bras, fais la Révolution! Refrain Les bois, les prés, les monts, la plaine, Tout ici bas, tout s'offre à toi Il ne suffit que prendre peine Et de penser aux autres comme à soi. Oui! le bonheur peut exister sur terre, Tu le détiens, il est entre tes mains, Il t'est possible aujourd'hui de bien faire Et d'éloigner le malheur des Humains Refrain Redresse toi prolétaire, Ne vis pas en solitaire Réalise avec nous l'union Pour atteindre la perfection! Compagnon la vie est belle Puisqu'il faut lutter pour elle, Dis merde aux lois comme aux tyrans: Et marcher de l'avant!.. Tu dois libérer ta compagne, Et pour l'aider à moins souffrir Bâtir un pays de cocagne Dans lequel, nul ne pourra l'asservir. Si son devoir est un cas de conscience, Qu'elle en discerne et la mal et le bien, Sans devoir à quiconque obéissance, Ses droits étant les mêmes que les tiens Refrain Si tu fondes une famille, Suis pas à pas l'évolution, Et fais le bonheur de ta fille En présidant à son éducation. Au sentiment mêle la poésie; Si l'art d'aimer est noble, grand et beau, Il doit ouvrir l'ère de l'harmonie En affinant l'amour et le cerveau. Refrain Pour que ton fils devienne un sage, Parle lui du commun bonheur; Tout en l'armant d'un grand courage, Fais en un homme d'action, et de coeur. Enseigne lui la haine de la guerre, Celle des dieux, comme celle de l'or; Vois dans ton fils, un homme, un nouveau frère, En son honneur prépare Messidor! Refrain Face au danger devoir exige En ce monde de fripouillards, Si tu veux garder ton prestige A notre lutte il te faut prendre part. Gueule bien fort, halte, halte au fascisme! Un dictateur, c'est la coercition, Au nom sacré de notre Idéalisme: Arme ton bras, fais la Révolution! Refrain
Juillet 1881.
Écoutez bien ceci :
Bondouf [1], 5 novembre 1846.
Templiers flamboyants
Ici des machines qui parlent, là des bêtes qu’on adore[1]
l’Ingénu.
Courrier ; dont au moins je peux rire [2]
Minerve
Terreur
[5]
votant
Te Deum
privés
la Terreur
Renommée
Ermite
Le Télégraphe. Satire. A Paris..., 1819]
Note[modifier]
Ce n’est que pour l’innocence que la solitude peut avoir des charmes.
(Marie Leczinska)
La poésie est partout et dans tout.
Les uns verront le bien et le béniront
avec des paroles harmonieuses ; les autres
verront le mal et le fustigeront de leur
sanglante lanière… On ne peut
circonscrire la poésie. Si Dieu l’a
jetée là-bas à la voûte des cieux, plus
loin il l’a posée sur le front des femmes.
(C. D. Dufour)
tendre pitié
Février 1840
Alfred de Musset — Poésies nouvelles
Sur la naissance du comte de Paris
Pierre de Ronsard — Derniers vers/Pierre de Ronsard
Stances
Germain Nouveau
Sonnets du Liban
Sommaire
I. Set Ohaëdat[modifier]
II. Khatoum[modifier]
III. Musulmanes[modifier]
À Camille de Sainte-Croix.
IV. Smala[modifier]
Soir religieux (VI)
Soir religieux (V)
Soir religieux (IV)
Soir religieux (III)
Soir religieux (II)
Soir religieux (I)
Les Sept Épées
Note[modifier]
Grande et la Petite-Hermine
Émerillon
[1]
Imité de Goethe.
Sébastien Faure — La Révolte:
La Révolte
Version d'origine (1886)[modifier]
Version reprise par René Binamé (1996)[modifier]
Réponse des Cosaques Zaporogues au Sultan de Constantinople
Rentrée des moines
Musa pedestris.
l'orateur inscrit
Courrier
Eyrague [1]
François-Réal Angers — Réconciliation
1837
Air : L’Astre de nuit dans son paisible éclat.
Rapprochons-nous, puis espérons...
Puis, si leur crime se consomme,
Frères alors nous marcherons, (bis)
Nous marcherons comme un seul homme,
Comme un seul homme.
Frères alors nous marcherons,
Que lentement passent les heures
Que je m’ennuie entre ces murs tout nus
Pierre de Ronsard — Amours diverses
Quand en songeant ma folâtre j’acolle
4
9 Nommé sont Scens, Retorique et Musique.
13 Que ne t’en voit en metre et en rimer ; [10]
[13]
[14]
18
[15]
[16]
22 Soutis, loyaus, jolis et sans amer. [17]
[18]
27 Qui te bail Scens, Retorique et Musique,
4 Par qui j’ay corps, vie et entendement.
[20]
9 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive. [21]
[22] [23]
13
[24]
[25]
[26]
22 Et les aucuns chanter bien plaisanment. [27]
[28]
27 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive. [29]
180
184 Commencier le Dit dou Vergier.
ODE
Pour son tombeau
logos
tout
mal
[3], le barbare Arimane [4]
nécessaires
Un jour tout sera bien
Tout est bien aujourd’hui
l’espérance [11].
40
Deprofundis clamavi
Note[modifier]
Camp de César
un malheur, un devoir
Spasimo [1]
Humanité
le Devin
tourner
Son fils
mon fils
le poète
l’Émile
Avatar
d’un théâtre
D’un théâtre
ce pantin
Ce pantin
qu’elle ensorcelle
Qu’elle ensorcelle !
fait la culbute.
Fait la culbute…
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Zeuxis, cher à Kithérè, pinx…
Lamma Sabacthani
Tous seront appelés et tous seront élus
Lorsqu'une meule énorme
apparaîtra sur la cité
dont les enfants auront
Effacé Jésus-Christ du cœur comme du front
alors que la ville enivrée
D'elle-même, au plaisir du sang sera livrée
alors l'Ange la rayera
Du monde, et le rocher du ciel l'écrasera
Note de l'édition Wikisource
maternelle
La Nuit d’octobre
Le
Qu’on dirait qu’y en avait pas.
À terre, tous deux, sous mon bras.
Comme-ça : ça m’était égal…
Et j’étais sensitif pas mal.
— Un mois de mouillage à passer —
Et toujours à recommencer.
J’accostais, novice vainqueur,
Un pied d’ancre dans son cœur !
Et mes avances à manger.
mathurin [1]
De ne pas rembarquer léger.
Et ses adieux au long-cours.
Que le douanier saisit toujours.
Moi-même et naturellement.
Elle — dans mon tempérament.
Bout-à-bout et par à peu-près :
Elle ni moi n’ons fait exprès.
Pour un leste et gueusard amant ;
— Un pleur… Et saille de l’avant !
Largue les garcettes [2], sans gant !
La femme : un sillage !… Et bon vent ! —
— Coulant en douceur, comme tout —
fignolure
Filé son câble par le bout !
— Évente tout et pique au nord !
— On prend sa capote et s’endort…
— Ce n’est pas la bonne : tant mieux !
As pas peur d’échouer, mon vieux !
Aujourd’hui : zéphyrs et houris !
Debout au quart ! croche des ris !…
Gabiers volants de Cupidon !…
— Encore une ! et lave le pont !
D’amour, et du débit d’ici…
De triste. — C’est plus propre aussi. —
La chose aurait duré longtemps…
— Ah Jésus ! comme il fait beau temps. —
Comme avec un même cœur, quoi !
Oui… Les vents hâlent le noroî…
— Des pays mauvais ? — Pas meilleurs…
Pour quelque part, et pas ailleurs :
— Oh !… Le saint homme y peut s’asseoir ;
Éveillatifs, l’œil au bossoir !
— Oui : que je vous rapporte encor
Pieds, mains, et tête et tout, en or ?…
— Ah ! pour ça, je ne sais pas trop,
Pas à vous, ni moi matelot.
— C’est un brick… pour son petit nom ;
Ou de sa moitié : Junon…
— Tiens bon, va ! la coque a deux bords…
— Mais les mauvais maux ?… — Oh ! des sorts !
Parmi vos reines de là-bas…
Et puis : voyez, là, sur mon bras :
Hôtel de l’Hymen, dont deux cœurs en gargousse
Tatoués à perpétuité !
la petite bonne-femme en froc de mousse
C’est vous, en portrait… pas flatté.
— Déjà !… — Peut-être après-demain.
On fera bonjour de la main.
Du Tropique ou Noukahiva.
Une autre fois mieux ! — Adieu-vat !
Les Stupra — Arthur Rimbaud
Nos fesses ne sont pas les leurs
Si ce n’était pas vrai — Que je crève !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J’ai vu dans mes yeux, dans mon rêve,
La Notre-Dame des brisans
Qui jetait à ses pauvres gens
Un gros navire sur leur grève…
Sur la grève des Kerlouans
Aussi goélands que les goélands.
Mois Noir
Moi je siffle quand la mer gronde,
Oiseau de malheur à poil roux !…
J’ai promis aux douaniers de ronde,
Leur part, pour rester dans leurs trous…
Que je sois seul ! — oiseau d’épave
Sur les brisans que la mer lave…
Oiseau de malheur à poil roux !
— Et qu’il vente la peau du diable !
Je sens ça déjà sous ma peau.
La mer moutonne !… — Ho, mon troupeau !
— C’est moi le berger, sur le sable…
Hû !… le Hû
noirs taureaux sourds, blanches cavales !
cavales d’Armor !
Mon père était un vieux saltin [1],
Ma mère une vieille morgate [2]…
Une nuit, sonna le tocsin :
— Vite à la côte : une frégate ! —
… Et dans la nuit, jusqu’au matin,
Ils ont tout rincé la frégate…
saltin
morgate
CHAPITRE III
LE LENDEMAIN D’UN BAL — UN SUICIDE — UN RENDEZ-VOUS
JOURNAL DES DÉBATS
REPASSEUSE
ELLE
MORTE
LES MYSTÈRES DE LA GOGUETTE DÉVOILÉS
Par Joseph LANDRAGIN
Décembre 1845
PARIS.
CHEZ L'AUTEUR, RUE DE LA HARPE, 8.
Préface, préambule, avant-propos ou tout ce qu'on voudra.
A mes Frères en Goguette, AMITIÉ. A ceux qui me critiqueront. MERCI. A tous ceux qui me liront. SALUT.
Joseph Landragin
— File ! sacré « fri louz », je te suis à l’instant.
il n’est plus, il n’est plus !
Paul Verlaine — Premiers vers
La Mort
À Victor Hugo.
tien ni le mien
(1736)
us
(1737)
vouloir
pouvoir que tu m’aimes.
moi, moi, pouvoir Vous aimer. Êtes-vous fous[1]
ceci
Et j’aspire en tremblant…— Pauvre âme, c’est cela !
Moine simple
Moine sauvage
Moine épique
Moine doux
carrion-crow de l’abîme des nues [1]
(Juin 1837.)
Pierre de Ronsard — Derniers Vers
Meschantes nuicts d'hyver
Mes amis m’ont enfin avoué leur mépris
éternité
Les Matines
Vos
Vengeur
Jûn’homme infligé d’un bras
Infortuné, chantant par suite de naufrage
Race à part
terriens
Un curé dans ton lit, un’ fill’ dans mon hamac ! —
·
planchers à bœufs ;
À terre, on a beau boire, on ne peut désoûler !
face-à-coups-de-hache
terriens, en un mot, des troupiers
De la terre de pipe et de la sueur de pieds !
vieux-de-cale et les frères-la-côte
de mauvais goût
Par un grippe-Jésus [1]
Cap-Horn
Jésus-christ [2]
Un d’un seul bloc de bois !
— Un mauvais chien toujours qu’un bon enfant parfois !
bonne femme de mère
Douce-Jolie
Ce matelot entier !…Piétinant sous la plante
Un trou dans l’eau, quoi !… pas de fioriture. —
tribord ?
foutaise
On m’a pendu deux fois… —
mateluches
pelletas
purs, premier brin !
marin !
— Aux pompes !…
Adieu mon beau navire aux trois mâts pavoisés !
Tel qu’une vieille coque, au sec et dégréée,
Attendant, échoué… — quoi : la— Non, le flot.
Chroniques de France).
La fondation d’un ATHÉNÉE à Marseille est un événement ; je me suis estimé heureux que son inauguration ait eu lieu pendant mon séjour momentané dans ma ville natale : aussi ai-je regardé comme un honneur l’invitation obligeante qui m’a été faite par la Commission, de m’associer à Mrs les Président et Secrétaire pour les lectures de la séance solennelle. J’ai fait tous mes efforts pour trouver un sujet en harmonie avec cette circonstance, mais l’Inspiration ayant fait défaut à mon zèle, je me suis contenté d’ébaucher une Ode à Marseille ; chanter son pays est toujours de circonstance : d’ailleurs qu’aurais-je pu dire de spécial sur l’Athénée, en vers surtout, après les deux excellens Discours qui ont été si vivement applaudis, non par forme académique, mais avec enthousiasme et conviction ?
Ville
[6]
Commune de Paris
À Louis Montégut
Les cieux vert-chou :
Vos caoutchoucs.
Aux pialats ronds,
Mes laiderons !
Bleu laideron :
Et du mouron !
Blond laideron.
En mon giron ;
Noir laideron ;
Au fil du front.
Roux laideron,
De ton sein rond !
Que je vous haïs !
Vos tétons laids !
De sentiment ;
Pour un moment !…
Ô mes amours !
Tournez vos tours.
Que j’ai rimé !
D’avoir aimé !
Comblez les coins
D’ignobles soins !
Aux pialats ronds
Mes laiderons !
Abdolonyme
Guêpes
Tilleul !
Aristippe masqué du front d’Alcibiade
Nommez votre pays de ce nom : la patrie
Humanité,
nos frères !
l’honneur.
Nevermore ! nevermore !
Jamais plus ! jamais plus !
Chant du Corbeau)
Publié dans La Revue Belge, n°84 (15 oct. 1891) p. 95-96.
Semper honos, nomenque tuum, laudesque manebunt.
V.
inconnus à la terre
des pieds adorés
Pétra zo névez è Ker-Is
Mar d’eo ken drant ar igonankiz
Ha mar klevan ar biniou
Ar vombard bag ann télennou [1]
LE JUGEMENT DERNIER [1][2]
J’observe le repos du dimanche
J’écoute les bruits de la ville
Pierre de Ronsard — Sonnets à diverses personnes
Je vous donne des œufs. L’œuf en sa forme ronde
Je n’ai plus même pitié de moi
Je flambe dans le brasier
J’ai eu le courage de regarder en arrière
Autres titres : Le Conscrit ou Le retour du conscrit
Pourtant l'a ben fallu
J'ai pris mon sac et j'suis venu. bis
Et fallait s'tenir drait
Aussi drait qu'un pic un piquet. bis
Et des poils d'artillon
Tout alentour de leurs talons. bis
A chaque chat qui passait
Fallait crier "quou qu'chi, quou qu'chai". bis
Ma foi, la peur m'a pris
J'ai pris mon sac et j' suis parti
J'ai pris mon sac et me voici[1].
Oui, la Grèce toujours m’intéresse et m’inspire [1]
[6];
1830, Satire politique, par BARTHÉLÉMY.)
[17]
Imité de Cicéron
Imité de Catulle
Provocateur et me rend bandeur comme un {
Provocateur et me rend bandeur comme un {
Totus in benigno positus :
Idylle
P’tits carnets
Mané, Thécel, Pharès !
L'Hérésiarque
Lasciat' ogni speranza[1]...
De profundis !
Faiguet, M. de P. [1]
I. Le soldat vaudois.
II. Le conseil.
III. Le banquet.
IV. L’armée à Lausanne.
V. La vue.
Fragment d’un drame intitulé Charles le fou
Fragment
d’une imitation des Petites Vieilles
Oh
Esprit
Ecce dilecta mea !... manibus date lilia plenis !...
Cantique des cantiques.
Voici ma bien aimée !... au loin, sur les chemins,
Devant elle effeuillez les lis à pleines mains !...
Angelus
Ta part, Marie, est la meilleure ![1]
I
II
III
IV
Qui que tu sois, poursuis, ô poëte ! Il reprit :
V
VI
Viens ! » répondirent-ils.
VII
VIII
IX
X
XI
Eh
Leur boujaron [1]
Morts… Merci : la Camarde
Ou perdus dans un grain…
encombrer
sombrer
mort
La Mer !…
noyés
Buvant sans hauts-de-cœur la grand’tasse salée
— Comme ils ont bu leur boujaron. —
Respire à chaque flot.
On dirait le ventre amoureux
Ils sont là ! — La houle a du creux. —
De profundis
Qu’ils roulent verts et nus,
terriens parvenus !
À
En Graziellant l’Étranger…
Cygne-de-Saint-Point
— Le Fils de Lamartine et de Graziella ! —
Harpiste
Raphaël-Lamartine et fils
Le Fils de Lamartine !
Si Lamartine eût pu jamais avoir un fils !
Que voit, n’importe où, l’étranger,
Remède à vers ! remède à pleurs !
picciola !
Lui
laisse le vent et le flot murmurer
En tirer un franc — pour pleurer !
l’Autre
pour cent sous, Signor — nommer Graziella !
Il existe deux versions de ce poème.
Première version[modifier]
Deuxième version[modifier]
[1],
Refrain :
L’gouvernement d’Ferry
Est un système pourri
Ceux d’Floch[1] et de Constant
Sont aussi dégoûtants
Carnot ni Boulanger
Ne pourront rien changer
Pour être heureux vraiment
Faut plus d’gouvernement
Refrain
Refrain
Corps et biens — Robert Desnos
Le Fard des Argonautes
Paul Verlaine — Premiers Vers
colins-foroux [3]
bois-forts [5]
couvertes [6]
Paris, Cité, le 2 janvier 1836.
L’Espoir en Dieu
Indifférence ou le Bois du Village ;
Beuglant [2]
Allons, saute marquis !
empoigneurs
Chassez les huit
Vinrent depuis peu dans Paris :
À vos genoux tous deux humiliés,
Tous deux vaincus, et pourtant pleins de joie,
Ils mirent leur Zaïde aux pieds
De la comtesse de Savoie.
La force et la délicatesse,
La simplicité, la noblesse,
Que Fénelon seul avait joint ;
Et la vertueuse faiblesse
D’une maîtresse
Vous qui les pratiquez si peu ?
Adieu ; malgré mes épilogues,
Puissiez-vous pourtant, tous les ans,
Me lire deux ou trois romans.
Et taxer quatre synagogues [4] !
Noble sang du plus grand des rois,
Son amour et notre espérance,
Vous qui, sans régner sur la France,
Régnez sur le cœur des François [2]
Pourrez-vous souffrir que ma veine [3]
Par un effort ambitieux,
Ose vous donner une étrenne.
La nature en vous faisant naître [4]
Vous étrenna de ses plus doux attraits,
Et fit voir dans vos premiers traits
Mars vous donna la force et le courage ;
Minerve, dès vos jeunes ans,
Voulut aussi me donner mes étrennes,
En vous donnant la libéralité.
anas
Homme gris
Lettres normandes
indépendant
Le Conservateur littéraire, 11 décembre 1819.]
Chant grec, trad. de Fauriel.
Paysages et Souvenirs
I. — La Vigne en fleur
II. — Véretz
III. — Azay
IV. — Au bord de l’Indre
V. — La Loire à Langeais
VI. — Le Plessis
le château
javelles [1]
VII. — Le Moulin des Ages
A M. Frédéric de Holzhausen
Dialogue
Paroles : Achille Leroy à partir de la chanson de Paul Brousse [1]
Puis
Par le peuple de Février
Lui le signal des fusillades
Devint drapeau de l’ouvrier
Quand la deuxième république
Condamna ses fils à la faim
Il fut de la lutte tragique
Le drapeau rouge de Juin.
L’infâme drapeau tricolore
En fit de glorieux haillons.
Un jour sa flamme triomphale
Luira sur un monde meilleur
Déjà l’Internationale
Acclame sa rouge couleur.
Paroles : Paul Brousse[1]
Donne moy tes presens en ces jours que la Brume
Germain Nouveau — La Doctrine de l’Amour
Les Mains
aimait Paris jusque dans ses verrues
****
Le Conservateur littéraire, 9 septembre 1820.]
Les Dieux
jeune France !
Marion de Lorme
Phèdre
Cinna vous mettez Hernani !
Tancrède descend au-dessous d’Antoni !
chose fade
Ma poitrine de femme et ma poitrine d’homme ;
Lame, dague, poignard : dalle, ogive ; ciel bleu….
enfoncer
enfoncé
vieille France !
enfonceurs
Lamartine
Schekspir
Byron
Schiller
Faust
Casimir
Enfans d’Édouard
de Staël :
Corinne
Atala
Staël et Châteaubriand
Soumet
classique !
le Roi qui s’amuse ?
moyen âge
poitrine de femme.
Descendant des hauteurs où pense la lumière
Des morts
Musique : sur l'air de Fualdès
Pour ne pas mourir de faim.
Charles Péguy — Le Porche du mystère de la deuxième vertu
Dédicace (Le Porche du mystère de la deuxième vertu)
Dans une fosse comme un ours
Jean Marot — Poèmes
D'avoir esgard à l'Honneur
Croquis de cloître (IV)
Croquis de cloître (II)
Croquis de cloître (I)
Crépitus
Cortège (Apollinaire)
Cors de chasse
Un silence. Le rouet s’arrête. Oriane laisse tomber son fuseau et rêve
Vivement, se faisant un reproche
Tristement
Elle se mire dans la fontaine
entrant brusquement
riant
vivement
un peu confuse
Elle cherche
Brusquement, à elle-même
À Doriette
résignée
Oriane s'avance vers les arbres et fait des signes magiques avec son fuseau
Obéron parait
très grave
Suppliante.
Obéron disparaît
Oriane fait un geste de surprise
impatientée
Une flûte chante au loin, puis une voix s’élève
Oriane entraîné Doriette dans les buissons. Elles se cachent
au loin [1]
Il parait à la lisière du bois
Il écoute chanter un rossignol
Il se tourne vers les arbres, Ils mains jointes comme pour prier le rossignol
Il est adosse à un arbre, comme en extase. Oriane sort à demi des buissons et fait signe à Doriette de rester cachée
Elle va vers Silvère
A Silvère
sans se retourner
Elle éclate de rire. Silvère se retourne, étonné
suppliant
Il cueille une fleur. Oriane s’est assise sur une espèce de
banc couvert de mousse. Elle joue avec le cor qu’elle tient à
la main
prenant les fleurs
coquette
Pendant toute la scène , il n’a cessé de cueillir des fleurs. Il les apportait à Oriane. Oriane qui joue avec le cor y place les fleurs comme dans une urne. Au moment où Silvère l’attire vers lui, elle dépose nonchalamment le cor sur le banc de mousse.
sortant du buisson
à Doriette
A elle-même
se défendant mal
comme en extase
Elle rit. A elle-même
il se lève, va vers elle et l’enlace
Avec une ironie affectée, elle se dégage
Elle va vers le banc et reprend le cor
Il pleure, la tête entre ses mains. Oriane repose le cor sur le banc
rêvant
Oriane le regarde, affectant l’ironie
Elle regarde dans le buisson
Elle saisit le cor et le forte à ses livres. Le cor ne rend
aucun son
Elle arrache violemment les fleurs
De nouveau elle porte le cor à ses lèvres. Mais avant de
sonner elle regarde encore le buisson
Oriane et Silvère reparaissent au milieu des arbres
SAUGE-FLEURIE
I
COMMENT SAUCE-FLEURIE AIMA LE FILS DU ROI
II
COMMENT UNE MAITRESSE-FÉE CONDAMNA SAUGE-FLEURIE
[1]
III
COMMENT SAUGE-FLEURIE ALLA TROUVER LE PRINCE EN SON CHATEAU
IV
COMMENT SAUGE-FLEURIE FIT AU PRINCE UN NOBLE ET TOUCHANT DISCOURS
COMMENT LES ABEILLES ENTREPRIRENT UN LONG VOYAGE ET COMMENT ROSE-ROSE ATTENDIT LEUR RETOUR
COMMENT MYRTIL FIT A TRAVERS LE MONDE UN VOYAGE MERVEILLEUX QUI DURA CENT ETCINQUANTE ANNEES.
V
COMMENT MYRTIL VIT LE PETIT CASTEL DE CIRE ET LES ADMIRABLES CHANGEMENTS QUI S’ÉTAIENT FAITS DANS LA NATURE DU JARDIN
VI
COMMENT LES COLOMBES BLANCHES ACCOMPAGNÈRENT ROSE-ROSE JUSQU’AU CASTEL DE CIRE ET COMMENT MYRTIL L’Y REJOIGNIT.
VII
COMMENT ROSE ACCUEILLIT MYRTIL ET DU DISCOURS QU’ELLE LUI TINT
VIII
COMMENT LES ABEILLES CHANTÈRENT, CE QUE L’AUTEUR EXPOSE EN MANIÈRE DE CONCLUSION
Pierre de Marbeuf
Conclusion des beautés d'Amaranthe
Les cadavres d’ennemis[5]
Le Cœur supplicié
Clair de lune (Apollinaire)
Vous êtes la beauté. Vers la pure Ionie [2]
[5] aux bois sacrés de l’Ausonie [6]
François-Réal Angers — Le Chien d’or
1840
François-Réal Angers — Chant du voyageur canadien
A Canadian Boat Song
Lorsque la coquette Espérance
Dominique Mondelet — Chanson du voyageur canadien
A Canadian Boat Song de [[Auteur:Thomas Moore|]]
Ramons, camarades, ramons,
Les courants nous devancent,
Les rapides s’avancent,
La nuit descend dans les vallons.
Soufflez, soufflez, brise, aquilons,
La nuit descend dans les vallons.
À Saint-Blaise, à la Zuecca
Christine de Pisan — Les Cent ballades
XXXVIII
Casey au bâton — Ernest Lawrence Thayer
Titre original : Casey at the Bat
San Francisco Examiner
La Carmagnole
bis
Refrain
Dansons la carmagnole
Vive le son, vive le son
Dansons la carmagnole,
Vive le son du canon !
[2] ; bis
Refrain
Cette chanson a été rendue célèbre par la Commune de Paris en 1871.
Marseillaise
III
voyageurs
traitants
parti
sauté
crans
saut
par un si grand désole, [2]
Toi que déjà nos chants vont chercher dans les cieux,
[2],
Je la réserve à tes malheurs.
Je sais qu’en des erreurs funestes
Et ta plainte était le blasphème.
Éclate enfin dans nos regrets.
Aspirait l’immortalité.
Sous ton enveloppe mortelle.
Étrangère à tes pas vivans,
Eh quoi ! dans ces belles vallées
Qui pourtant ne t’accusaient pas.
Toi surtout qu’il a tant pleurée,
Enfant qui pleureras un jour [6].
La Grèce ne t’a point perdu.
Le premier de sa liberté.
Un
côtre
coq
le rôle toujours inscrit comme — novice !
S’étend le calme plat…
Oublié sur le pont…
loustic
— C’est un sorcier pour sûr… —
bordailleur
Louvoyant bord-sur-bord…
cuisse-de-nymphe-émue
Merdoie… excepté dans les plis rose-d’amour
Cap-Horn ! [2]
Cap-Horn, vous lui tendez les bras !…
Stella maris
As-tu peur ! —
cossuses
bossuses
gibus
s’affalent
Et, quand on largue tout
hunier qui se déferle en bande !
Chiourme, Jany-Gratis,
Bout-dehors, Fond-de-Vase, Anspeck, Garcette-à-ris
Ciel moutonné, comme femme fardée
N’a pas longue durée
N’en faut du vin ! n’en faut du rouge !… et de l’amour !
Mary-Saloppe
amatelotter
Mary-Saloppe !
de quart !
la corvée
— Va, c’est dans la cuisine…
La matrulle ferma la porte…
caréner
C’est le diable bouilli !… —
punaises !
peaux !
la mère
Voilà ! —
tortillou
Saute, Paillasse ! hop là !… —
rigolot.
Ces dames rigolaient
Ces dames rigolaient…
— Tiens bon !… —
Attends !… —Quelques couteaux pleuvent… Mary-Saloppe
Amène tout en vrac ! largue !… —
C’est fini, matelot… Un coup de sacré-chien !
Ça vous remet le cœur ; bois !… —
Beaucoup de ces dieux...
Bas Biribi — Paroles : Charles d’Avray
Bas Biribi
Abolissez les bagnes militaires,
Où tant de gars laissent encor leur peau.
Abollissez ces gouffres sanguinaires,
Au fond desquels baigne votre drapeau.
Pour une fois soyez humanitaires,
Abolissez les bagnes militaires.
au Refrain...
au Refrain...
Juin 1842.
Orientales [1]
Harmonies [2]
extra muros
descamisados
Petit Ramponneau
Ermitage
Oh ! blame not the Bard...
Aux Augustins, sans allarmer la Ville, On fut hier soir ; mais le cas n’alla bien. L’Huissier voyant de cailloux une pile, Crut qu’ils n’étoient mis là pour aucun bien : Très-sage fut, car avec doux maintien, Il dit : Ouvrez, faut-il tant vous requerre ? Qu’est-ce ceci ? Sommes-nous à la guerre ? Messieurs sont seuls, ouvrez, et croyez-moi. Messieurs, dit l’autre, en ce lieu n’ont que querre, Les Augustins sont serviteurs du Roi. Dea (répond l’un de Messieurs fort habile, Conseiller Clerc, et sur-tout bon Chrétien), Vous êtes troupe en ce monde inutile, Le Tronc vous perd depuis ne sais combien, Vous vous battez, faisant un bruit de chien ; D’où vient cela ? Parlez, qu’on ne vous serre : Car que soyez de Paris ou d’Auxerre, Il faut subir cette commune loi, Et n’en déplaise aux suppôts de Saint Pierre, Les Augustins sont serviteurs du Roi. Lors un d’entre eux, que ce soit Pierre ou Gille, Il ne m’en chaut, car le nom n’y fait rien ; Vraiment, dit-il, voilà bel Évangile, C’est bien à vous de régler notre bien ; Que le Tronc serve à l’Autel de soûtien, Ou qu’on le vuide afin d’emplir le verre, Le Parlement n’a droit de s’en equerre, Et je maintiens, comme article de foi, Qu’en débridant Matines à grand-erre Les Augustins sont serviteurs du Roi. ENVOI. Sage Héros, ainsi dit Frére Pierre. La Cour lui taille un beau pourpoint de pierre ; Et dedans peu me semble que je voi, Que sur la mer, ainsi que sur la terre, Les Augustins sont serviteurs du Roi[2]. Quoi, dit-Elle, d’un ton qui fit trembler les vitres, J’aurai pû jusqu’ici brouiller tous les Chapitres, Diviser Cordeliers, Carmes et Célestins ! J’aurai fait soûtenir un Siege aux Augustins ! Et cette Église seule, à mes ordres rebelle, Nourrira dans son sein une paix éternelle !
O folz des folz, et les folz mortelz hommes,
Vous n’y avez chose vostre nes-une [2]
Ne laissez plus le dormir à grans sommes
Les joyeulx fruictz des arbres, et les pommes,
Se Fortune vous fait aucune injure,
François-Réal Angers — L’Avenir
ou Chant patriotique du Canada
Ô terre américaine,
Sois l’égale des rois :
Tout te fait souveraine,
La nature et tes lois.
La nature et tes lois.
Avant d’entrer dans ma cellule
Aux moines
Automne malade
Aubade chantée à Lætare un an passé
Au tournant d’une rue
Émile Verhaeren — Les flammes hautes
Au passant d’un soir
Aspiration
Des ailes ! Des ailes !
(RÜCKERT)
10 mai 1861.
Après une lecture
L’Apollon de Pont-Audemer
Les anciens animaux saillissaient
L’Anatomie de l’œil
Væ soli ! [1]
Ah longues nuicts d’hyver de ma vie bourrelles
Miserere
qu'il mourût
Adieu
À son âme
Œuvres de l’Invention de l’auteur — Joachim du Bellay
A Salm. Macrin
A sa Muse – A Diane – A la Jeune Fille de Mégare… [1]
A SA MUSE
car aucun ne t’entend
A DIANE
A LA JEUNE FILLE DE MÉGARE
TOMBE
NYMPHE, DORMEZ !
LA MORT DU PAPILLON
CHANT D’AURORE
A LA LUNE
LA MER
CHANT
LES HEURES ÉCOULÉES
CHANT DE LA FILEUSE
A LA VIERGE
[1]...........
DERNIERS VERS DE NOURRIT
Allons file, mon côtre !
Adieu mon Négrier.
Va, file aux mains d’un autre
Qui pourra te noyer…
Nous gîter en fringuant !
Nous rouler en rêvant…
— Adieu, rouleur de côtre,
Roule mon Négrier,
Sous les pieds plats de l’autre
Que tu pourras noyer.
Tu cascadais fourbu ;
Dis : en avons-nous bu !…
— Et va, noceur de côtre !
Noce, mon Négrier !
Que sur ton pont se vautre
Un noceur perruquier.
Ces vierges à sabords !
Ah ! c’étaient les bons bords !…
— Va, pourfendeur de lames,
Pourfendre, ô Négrier !
L’estomac à des dames
Qui paîront leur loyer.
Sur le roc au dos dur,
— Mais toujours d’un œil sûr ! —
— Va te soûler, mon côtre :
À crever ! Négrier.
Et montre bien à l’autre
Qu’on savait louvoyer.
Vent-dedans vent-dessus ;
Où l’on ne pêche plus.
— La mer jolie est belle
Et les brisans sont blancs…
Penché, trempe ton aile
Avec les goëlands !…
Le ciel qui court au loin.
Ton ventre de marsouin !
— Va, sans moi, sans ton âme ;
Et saille de l’avant !…
Plus ne battras ma flamme
Qui chicanait le vent.
Fortune
En bandant tes agrès !
Ni de risée après !
… Va-t’en, humant la brume
Sans moi, prendre le frais,
Sur la vague de plume…
Va ! — Moi j’ai trop de frais. —
Qui frisotte la mer !
Soulève un flot amer !…
— Dans ton âme de côtre,
Pense à ton matelot
Quand, d’un bord ou de l’autre,
Remontera le flot…
Sur l’humide varech ;
Faute de fond — à sec —
À Mademoiselle *** (Musset)
Madame Dufrénoy.
Bayou-de-l’Ile
far niente
Bonfouca (Louisiane), février 1837.
Le Dieu des vers d’une palme récente
Il faut perdre Carthage !
Fais une tragédie.
Tu t’en souviens : la phrase cadencée
embarrassée
et cœtera
Plus d’un poète aurait pensé peut-être
rebuté
Soit
Amant tardif des immortelles sœurs,
N’ont point d’autels pour un pareil serment[1]
bois-fort
Paris, 1836.
trabucco [1]
tiac [2]
à l’autre bord du lac
will-poor-will
Paris, juillet 1838.
Sta-Houlou seul on conte ses ennuis [2]
O mongoula
aché-ninak te trouve toujours là [3]
ô fils de la peau blanche
fleuve vieux
tchouka
Bonfouca (Louisiane), 1837.
Théodore Agrippa d’Aubigné — Stances
À l’éclair violent de ta face divine
À la Mi-Carême
Stances
À la fin les mensonges
blizzards
[1].
RÉPONSE À UNE INVITATION À DÎNER
panaton,[1]
chiton,[2]
Iliade à l’Oncle Tom
rhyton,[3]
barbiton
Ton taine ton ton
ton
Ton
ami THÉOPHILE GAUTIER.
(Extrait d’un journal suisse.)
(Tissot. Lausanne.)
RÉPONSE À TISSOT
Oh
va bien à mon type
J’entends le renard, le lièvre
Le lièvre, le loup chanter
mourir pour la patrie !…
mes épreuves !
— Non ! mourir…
Myosotis ! Feuille morte
Jeune malade à pas lent !
Harmonieux tronc des moissonnés
larme écrite
à l’œil.
Il est là qui dort
Dames
Je
sa Bête
— Dors encor : la Bête
*
Vous
Ruminant ! savez-vous ce soupir : l’Insomnie
*
Sommeil
Toi
Sommeil
Carrosse à Cendrillon ramassant les Traînées !
Trop-plein
Voix
Temps, Siècle et Revue des deux mondes !
Fontaine
Toi
Grand
Ô bain
Ô
Sommeil ! — Foyer de ceux dont morte est la falourde !
Surface
Soupirail
*
l’Être ou n’Être pas !
Sombre
Mille-et-une-nuits doux à ouïr !
Lampiste d'Aladin
le Roi
Peau-d’Âne
Ogre
ma sœur Anne
dame Malbrouck
Femme Barbe-Bleue
Belle au-Bois-Dormant
Cuirasse
Arlequin
Boulet
Somme
la Folle et Folle
Du
Sommeil ! — Long corridor où plangore le vent !
Néant
à blanc !
Immense
Sommeil ! — Manne de grâce au cœur disgracié !
Le Sommeil s’éveillant me dit : Tu m’as scié.
Ruminant
le Réveil
l’Insomnie
le Sommeil, ô Sac ensommeillé !
Mais tout passe !
Un autre
Et le Sauveur parla :
La vision cessa.
lui
Elle se recueillaitSoudain un petit bruit
Un rendez-vous.
Elle est malade, bien malade.
A-t-elle un peu dormi?»
Et le marquis pleurait.
« De sa sonnette. »
Entre.
Entre. Elle dort.
Plus pâle.
Vois la belle journée…
Au cours de cette année. »
Bien sûr que ça la botte !
Le cœur comme en ribote.
Ce serait à débattre…
Pour en garder vingt-quatre.
Paradis des familles,
Dont on fait peur aux filles.
Chantonna des romances ;
En des transports immenses.
Lui semblaient l’art suprême —
C’est permis — quand on aime.
À tour, et… Meudon… Sèvres…
— « J’aime tes yeux, tes lèvres… »
Un déjeuner sommaire,
Et tout à leur chimère…
Comme un enfant qui jase.
Achevait chaque phrase.
Révèrent d’une sieste…
L’herbe tendre et le reste…
Que le garde-champêtre
Surgit comme un salpêtre :
— Dit cet homme farouche —
Est-ce ici que l’on couche ?..
S’aimer, Jésus ! Marie !
Mais une porcherie !
De faire des orgies ;
Temps des mythologies…
Dont je fus au service…
Le « crime » et l’injustice.
De façon indécente,
Sur ses ruines absentes.
Dans ces bois si tranquilles…
Vous aimer dans les villes ! »
Dors
Triple Châsse vierge et martyre,
Derrière un verre, sous le plomb,
Elle est éteinte
Cette huile sainte…
Il est éteint
Le sacristain !…
orgue de Barbarie ?
Châsse
De par le Pape, tout fidèle,
À Saint-Jacques de Compostelle
Close en odeur de sainteté
. . . . . . . . . . . . . .
Cordieu ! Madame est donc sortie ?…
Je suis un bon ange, ô bel Ange !
Pour te couvrir, doux gardien…
La terre maudite me tient.
Ma plume a trempé dans la fange…
Hâ ! je ne bats plus que d’une aile !…
Prions… l’esprit du Diable est prompt…
— Ah ! si j’étais lui, de quel bond
Je serais sur toi, la Donzelle !
… Ma blanche couronne à ma tête
Déjà s’effeuille ; la tempête
Dans mes mains a brisé mon lys…
— Par Belzébuth ! contre la borne
Je viens de me rompre la corne !
Comme les trucs sont démolis !
Holà !… je vois poindre un fanal oblique
— Flamberge au vent, joli Muguet !
Sangre Dios ! rossons le guet !…
Un bonhomme mélancolique
Sereno… — Sereno toi-même !
— Minuit : second jour de carême,
Prêtez-moi donc un cigaro…
Gracia ! La Vierge vous garde !
— Mais… pas grand’chose et toi, merci.
De Tolose au Guadalété !
— Ça : n’as-tu jamais arrêté
Musset… musset pour sérénade ?
— Santos !… non, sur la promenade,
Je n’ai jamais vu de mussets…
— Son page était en embuscade…
Ah Carambah !
Qui vient nous la faire à l’aubade ?…
Ils
popotte
. . . . . sol, la, si, do.
Lui
Comme un roman pauvre — entr’ouvert.
Et belle encore pour nous deux ! —
— Je suis reine : Qu’il soit lépreux !
Pour me relever d’un faux pas !
Celui que peut-être Il n’a pas.
Nous verrons ce dédain suprême.
Il me fuit — Eh bien non !… Pas même.
Il avait allumé ses feux…
Je ne l’aime pas — et j’en veux ! —
— Et moi, j’aime les vilains jeux !
Haute, un animal ombrageux.
Monsieur poserait le fatal ?
Je l’ai vu si peu — mais si mal. —
Seul dans sa honteuse fierté !…
Mon orgueil malade, irrité.
En pattes-de-mouche d’enfer ;
— Main de femme et plume de fer. —
Cet amour ! — Il l’a mérité —
Implacable de volupté.
Qu’il porte là comme un faux pli !
— Une nuit blanche… un jour sali…
Quoi
Gablou
— Ange-gardien culotté par les brises,
Pénate des falaises grises,
Vieux oiseau salé du bon Dieu
Qui flânes dans la tempête,
Sans auréole à ta tête,
Sans aile à ton habit bleu !…
Je t’aime, modeste amphibie
Et ta bonne trogne d’amour,
Anémone de mer fourbie
Épanouie à mon bonjour !…
Et j’aime ton bonjour, brave homme,
Roucoulé dans ton estomac,
Tout gargarisé de rogomme
Et tanné de jus de tabac !
J’aime ton petit corps de garde
Haut perché comme un goéland
Qui regarde
Dans les quatre aires-de-vent.
Là, rat de mer solitaire,
Bien loin du contrebandier
Tu rumines ta chimère :
— Les galons de brigadier ! —
Puis un petit coup-de-blague
Doux comme un demi-sommeil…
Et puis : bâiller à la vague,
Philosopher au soleil…
La nuit, quand fait la rafale
La chair-de-poule au flot pâle,
Hululant dans le roc noir…
Se promène une ombre errante ;
Soudain : une pipe ardente
Rutile… — Ah ! douanier, bonsoir.
Sous ton bras fiévreux cahotait la table
Où nageait, épars, du papier timbré ;
La plume crachait dans tes mains alertes
Et sur ton front noir, tes lunettes vertes
Sillonnaient d’éclairs ton nez cabré…
— Contre deux rasoirs d’Albion perfide,
Nous verbalisions ! tu verbalisais !
« Plus les deux susdits… dont un baril vide… »
J’avais composé, tu repolissais…
Fais valoir maintenant tes droits à la retraite…
la goutte
Procès-verbaux divers
Rends ton bancal, rends tout, rends ta chique !…Et mes vers.
Prêtre, priez pour moi, c’est la nuit dans la ville !...
Trou
J’aime
Qui s’essuie
Quand ça frise…
Tu te sèches,
Grand’ouverte !
Qui traverse !
Ou de pluie…
Fait la roue,
Qui barbote ;
« Ou pas chère,
« Vois : je flâne,
English spoken ?
« Batignolle ?…
« Ô marquise
« Ou mélange ?…
« Nom d’amante ?…
« Éternelle !
« Que tu crottes,
« Carabine ?…
« Insensée !…
La rengaîne :
« — Pas si bête !
« Qu’on arrose
« D’or ?… Tu coupes !…
« — Ô sourire !…
« De la hanche !
« — Héloïse !
« Me permettre
Le doux rêve
« La rosée
« Juliette !
« Qui te dore,
Elle avait tout cela.
Lui, rien que lui
C’est notre bourse. »
Quand au bout de six mois ils revinrent.
Si tu veux. »Il prend tout et sort.
Si tu veux. »Il prend tout et sort.
gnome
Diable
Ce fut du propre !
« Mia
« Ô que nenni !
« Aillent !… »
Hélas !
Altro !
« Dans l’âme que je vous le dis. »
sait
Un peu, mais sait que c’est arrivé.
diletta
« De puce. »
je suis spécial
aujourd’hui
Elle tire un petit couteau.
justice
Elle
un trou
L’envie naquit du désir et de l’impuissance.
(La Harpe)
De différentes fleurs j’assemble et je compose
Le miel que je produis.
(J. B. Rousseau)
Il est si agréable de faire preuve du faible talent de peser des syllabes, de disséquer des mots, de souligner une épithète hasardeuse… Joies puériles de la médiocrité, qui rappellent ces insulteurs publics que les Romains plaçaient sur le chemin des triomphateurs, et qui ne les empêchaient pas de s’élever, entourés d’acclamations et couronnés de lauriers, aux pompes du Capitole.
(Charles Nodier)
L’envie ! impur gramen, pauvre et stérile gui,
Toujours au pied du chêne impuissant a langui,
S’attachant à son tronc, s’abreuvant de sa sève,
Il voudrait épuiser le chêne qui s’élève ;
Mais le chêne a pitié du languissant gramen,
Qui consomme avec lui son éphémère hymen !
(E. A. Rouquette, Les Savanes)
Novembre 1841
Oui, la vie est un songe et la mort un réveil
(Arnault)
Août 1839
Épître de M. A. Guirot
À M. Alexandre Latil
Le papillon, l’aigle et le léger rossignol,
Et la femme et la fleur : tous, par un même vol,
Retournent à celui qui d’un souffle suprême
Les avait animés, et les éteint de même.
(Alexandre Latil)
19 février 1840
ÉPHÉMÈRE SEIZIÈME
Réponse
Culte, rang, diadème,
Peuples, lois, vertu même,
Il est un jour suprême,
Hélas ! où tout finit ;
Jour où Rome la fière
Courbant sa tête altière,
S’endort dans sa poussière
De marbre et de granit !
(A. J. Guirot)
***
22 février 1840
Mais c’est dans le malheur que l’amour se révèle.
(Mme E. de Girardin, Il m’aimait)
5 mai 18…
Qu’un stoïque aux yeux secs vole affronter la mort.
Moi je pleure et j’espère ; au noir souffle du nord
Je plie et relève ma tête !…
(André Chenier)
Aujourd’hui je jette à la foule
Mes vers, mes hymnes de douleurs,
Comme un pâtre à l’eau qui s’écoule
D’un doigt distrait sème des fleurs
(Dominique Rouquette)
Septembre 1841
L’accord d’un grand génie et
d’un beau caractère.
(Ducis)
Les noms qui passent à la postérité
par l’entremise d’un peuple,
ne meurent jamais.
(P.F. Tissot)
On n’est plus poète qu’en
assemblant des lignes rimées et
polies, qui se chantent et se
cadencent, si, sous le coloris de
l’expression, la pensée ne se révèle
pas énergique et vraie.
(Théard Jr.)
Janvier 1840
À Georges d’Esparbès.
Plus fraîche que la fleur que voit naître l’aurore,
Au milieu du printemps qu’il embellit encore ;
À l’éclat unissant le parfum le plus doux,
La ravissante Estelle apparaît parmi nous….
(F. Calongne)
5 mai 1839
Tu fus pour moi comme un arbre chéri
que les vents courbent sans le briser, et
qui, avec une affectueuse fidélité,
balance son feuillage sur un tombeau.
(Byron, Stances à sa Sœur)
Octobre 1839
tous les noms
Décembre 1902.
Sitôt que d’Apollon un génie inspiré
Trouve loin du vulgaire un chemin ignoré,
En cent lieux contre lui les cabales s’amassent.
Ses rivales obscurcis autour de lui croassent ;
Et son trop de lumière, importunant les yeux,
De ses propres amis lui fait des envieux.
(Boileau)
Ce ne sont pas les critiques injustes, plates ou violentes qui
font beaucoup de mal ; les éloges prodigués
sans discernement sont bien plus nuisibles.
(Grimm)
Il n’est point ici-bas de lumière sans ombre.
(Racine)
Octobre 1838
Réponse de M. T. St.-Céran
Vos désirs satisfaits doivent toujours renaître,
Brûlez toujours des mêmes feux ;
Que le droit de vous rendre heureux
N’ôte rien au plaisir de l’être
(Voltaire)
La société, la Providence même, n’a permis
Qu’un seul bonheur aux femmes, l’amour dans le mariage.
(Mad. de Staël)
Mars 1838
Nous demandons des sourires au berceau,
et des pleurs à la tombe !
(Chateaubriand)
Quand un lis virginal penche et se déclore,
Par un ciel brûlant desséché,
Sous l’urne qui l’arrose il peut renaître encore ;
Mais quand un ver rongeur dans son sein est caché,
Quel remède essayer contre un mal qu’on ignore ?
(Casimir Delavigne)
Décembre 1839
Amitié, nœud sacré, récompense des sages,
Plaisir de tous les temps, vertu de tous les âges !
Je chérirai toujours tes devoirs, tes douceurs.
L’astre qui nous éclaire eut des blasphémateurs,
Des monstres ont maudit sa féconde influence,
D’autres ont de Dieu même abhorré l’existence,
Ont haï l’Éternel. Amitié, qui jamais
A blasphémé ton nom et maudit tes bienfaits ?
(Champfort)
Ah ! si prenant ton vol, et si, loin de mes yeux,
Sœur des anges, bientôt tu remontes près d’eux,
Après m’avoir aimé quelque temps sur la terre,
Souviens-toi de moi dans les cieux !
(Lamartine)
Septembre 1839
Grâce au ciel mon malheur passe mon espérance
(J. Racine)
Que la nuit paraît longue à la douleur qui veille !
(Saurin)
Alors je suis tenté de prendre l’existence
Pour un sarcasme amer d’une aveugle puissance,
De lui parler sa langue, et, semblable au mourant
Qui trompe l’agonie et rit en expirant,
D’abîmer ma raison dans un dernier délire,
Et de finir aussi par un éclat de rire.
(Harmonies)
Savoir souffrir la vie et voir venir la mort,
C’est le devoir du sage, et ce sera mon sort !…
Le désespoir n’est point d’une âme magnanime ;
Souvent il est faiblesse, et toujours il est crime.
(Gresset)
Je n’ai pas convoité sur mon lit d’agonie
L’or du voisin qui sonne avec tant d’ironie ;
Ce qu’il me faut, à moi, ce n’est pas seulement
Le vin de la vendange et le pain du froment ;
Ma prière avant tout demande à Dieu pour vivre
Le pain qui nourrit l’âme et le vin qui l’enivre :
L’amour !… et je suis seul !…
(Hégesippe Moreau)
********
Je vais jusqu’où je puis ;
Mais semblable à l’abeille en nos jardins éclose
Au sein des deux partis demeuré toujours neutre,
Je n’ai point arboré de cocarde à mon feutre.
(Barthélémy)
Honneur, gloire à vous tous qui pour le genre humain,
Consumez tant de nuits une plume à la main,
Philanthropes rêveurs qui, poussés d’un beau zèle,
Avez bâti pour nous la paix universelle…
Oh ! qu’un Dieu paternel récompense vos soins !
(Barthélemy)
C’est celle dont jadis la vaporeuse image
M’apparut en fuyant, comme un léger nuage
Glisse en un ciel d’azur…
Bientôt j’irai dormir d’un sommeil sans alarmes ;
Heureux si, dans la nuit dont je serai couvert,
Un œil indifférent donne en passant des larmes
À mon luth oublié, sur mon tombeau désert !
(V. Hugo)
………Un père est un don précieux
Qu’on n’obtient qu’une fois de la bonté des cieux.
Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un Dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part, et tous l’ont tout entier.
Avril 1841
Peu de gens savent être vieux.
(La Rochefoucauld)
Une vie honorable est une vie éternelle.
(Goethe)
Décembre 1841
Ô fille du printemps, douce et touchante image
D’un cœur modeste et vertueux,
Du sein de ce gazon tu remplis ce bocage
De ton parfum délicieux.
(Mme d’Hautpoul)
………… mes seuls trésors : des vers !
((Hégésippe Moreau)
Un amour malheureux est un bonheur encore.
(Mme Desbordes Valmore)
Février 1839
Le génie est un aigle et ton vol nous l’atteste !
(Lamartine)
À voir Barthélemy ainsi courbé sur son œuvre, J’ai souvent
éprouvé pour lui des vertiges et des saisissements. Il me
faisait l’effet d’un voyageur suspendu à pic sur un précipice,
d’un couvreur qui longe les dernières ardoises d’une toiture,
d’un aéronaute qui plonge dans l’air sur la foi de son parachute.
(Louis Reybaud)
mécontents
Juillet
Némésis
Virgile français
Si
Dafné
piqueton
ampre.
I
II
III
IV
V
VI
étoile
Soleil noir de la Mélancolie
fleur
*
le
Rose trémière
Avec une verge de fer.
Et, d’après lui seul te créant,
Et son Jupiter un colosse.
Dans l’espoir d’un bonheur futur !
Faune
Mars
Vulcain
Soufré
Nacré
Machaon-zèbre
Deuil
Miroir
Argus
Morio, le Grand-bleu
Paon-de-jour
Phalènes
Sphinx
Grand-paon
Bombice
la nouvelle
seul
le Rhin
Temple
Les Monténégrins.
LA MUSE.
Poète
LE POÈTE.
LE POÈTE
LA MUSE
Traîner de longs habits ;
De nacre et de rubis.
Comme un hardi marin
Brisaient la nuit d’airain !
Les regardait passer.
Qui venaient me froisser.
Esprits capricieux,
Qui s’enfuit dans les cieux !
Où l’ébène en ruisseaux
Jusqu’au fond de mes os.
Qui meurent au soleil !
Aux cuisses de vermeil !
Plus frais que le matin !
Aux lèvres de satin !
Ombres aux corps flottants !
Cœur naïf ou changeant
Car les parfums sont doux !
Pour son lit de bambous !
Autant que de beaux jours !
Venez, ô mes amours !
Où craquent les cloisons.
Les angles des maisons.
1829.
1857.
LE LIERRE
L’autan, comme un rôdeur, par les plaines circule ;
Et revenir, comme autrefois, au cœur des places,
Des légendes de l’autrefois,
Par villages, sous les cieux froids,
Sont assises les métairies :
Souffreteuses et lamentables ;
Le vent siffle, par les étables
Et par les carrefours perdus.
Avec leurs cannes aux mentons,
Et leurs gestes, comme à tâtons,
Elles s’entrecognent branlantes,
Dont les livides feuilles mortes
Jonchent le seuil barré des portes
Et s’ourlent comme des copeaux.
Par les douleurs de l’autrefois,
Aux flancs bossus des talus froids,
Et des sentes endolories,
Et les novembrales semaines,
Ô les tant pauvres par les plaines,
Ô les si tristes dans le soir !
VERS LA MER
Qu’attendre ?
La Lys
À M. et à Mme Georges De Craene.
Le Nord
Y déchaîne le vent qui mord.
Ce n’est qu’un bout de sol étroit,
Il est brûlant, ce sol suprême.
Quelques troupes, grâce à ce roi,
Y propagent l’exploit
Un jour?
Apparaissent et s’entremêlent.
Qu’ils goûtent le repos,
Parfois,
Ô Flandre,
Voilà comment tu vis,
Âprement, aujourd’hui ;
Voilà comment tu vis
LE PREMIER ARBRE DE L’ALLÉE
LE MONT
… Sois ton bourreau toi-même ;
Le passeur d’eau, les mains aux rames,
À contre flot, depuis longtemps
Ramait, un roseau vert entre les dents.
Mais celle hélas ! qui le hélait
Au-delà des vagues, là-bas —
Toujours plus loin, par au-delà des vagues,
Parmi les brumes reculait.
Les fenêtres, avec leurs yeux,
Et le cadran des tours, sur le rivage,
Le regardaient peiner et s’acharner,
En un ploiement de torse en deux
Et de muscles sauvages.
Une rame soudain cassa
Que le courbant chassa,
À vagues lourdes, vers la mer.
Celle, là-bas, qui le hélait
Dans les brumes et dans le vent, semblait
Tordre plus follement les bras
Vers celui qui n’approchait pas.
Le passeur d’eau, avec la rame survivante
Se prit à travailler si fort
Que tout son corps craqua d’efforts
Et que son cœur trembla de fièvre et d’épouvante.
D’un coup brusque le gouvernail cassa —
Et le courant chassa
Ce haillon morne, vers la mer.
Les fenêtres, sur le rivage,
Comme des yeux grands et fiévreux,
Et les cadrans des tours, ces veuves
Droites, de mille en mille, au bord des fleuves,
Fixaient obstinément
Cet homme fou en son entêtement
À prolonger son dur voyage.
Dans les brumes, hurlait, hurlait,
La tête effrayamment tendue
Vers l’inconnu de l’étendue.
Le passeur d’eau, comme quelqu’un d’airain,
Planté dans la tempête blême,
Avec l’unique rame entre ses mains
Battait les flots, mordait les flots — quand même ;
Ses vieux regards hallucinés
Voyaient des loins illuminés
D’où lui venait toujours la voix
Lamentable sous les cieux froids.
La rame dernière cassa
Que le courant chassa
Comme une paille, vers la mer.
Le passeur d’eau, les bras tombants,
S’affaissa morne sur son banc,
Les reins rompus de vains efforts ;
Un choc heurta sa barque à la dérive
Il regarda, derrière lui, la rive ;
Il n’avait pas quitté le bord.
Les fenêtres et les cadrans,
Avec des yeux béats et grands
Constatèrent sa ruine d’ardeur ;
Mais le tenace et vieux passeur
Garda quand même pour Dieu sait quand !
Le roseau vert entre ses dents.
(LES VILLAGES ILLUSOIRES).
De ses houles montantes.
Oscillent aux cyclones
La mer choque ses blocs de flots contre les rocs
Et les granits du quai, la mer spumante
Et ruisselante et détonnante en la tourmente
De ses houles montantes.
Les baraques et les hangars comme arrachés,
Et les grands ponts noués de fer et cravachés
De vent ; les ponts, les baraques, les gares
Et les feux étagés des fanaux et des phares
Oscillent aux cyclones,
Avec leurs toits, leurs tours et leurs colonnes.
Et, ses hauts mats craquants et ses voiles claquantes,
Mon navire d’à travers tout casse ses ancres,
Et, cap sur le zénith,
Il hennit de toute sa tête
Vers la tempête —
Et part, bête d’éclairs, parmi la mer.
Dites vers quel inconnu fou
Et vers quels somnambuliques réveils
Et vers quels au-delàs et vers quels n’importe où
Convulsionnaires soleils ?
Vers quelles démences et quels effrois
Et quels écueils cabrés en palefrois,
Vers quels cassements d’or
De proue et de sabord,
Dites, vers quels mirages et quel rire,
S’en va le mors aux dents de mon navire,
Bête d’éclairs parmi la mer ?
Tandis qu’hélas ! celle qui fut ma raison,
La main tendant ses pâles lampadaires,
Le regarde cingler à l’horizon,
Du haut de grands débarcadères,
(LES FLAMBEAUX NOIRS).
Dût la guerre mortelle et sacrilège
À Liège.
Ainsi qu’une montagne
Ses blocs,
Sur les villes et les campagnes,
Oh tragique moment
Seuls, ceux de Liège résistèrent
À ce sinistre écroulement
D’hommes et d’armes sur la terre.
S’ils agirent ainsi,
Le sort
Et qu’il fallait que leurs efforts,
En des efforts plus sanguinaires.
Peu importait
Qu’en ces temps sombres,
Ils ne fussent qu’un petit nombre ;
À chaque heure du jour,
Et d’être prompts sous les rafales
Des balles.
En avant,
Quand y frappait la mort rapide.
À l’attaque, sur les glacis,
Immensément les rejetait,
Et, rang par rang, les abattait
Sur la terre silencieuse.
À nos troupes couchées,
Dans les tranchées,
Des gamines et des gamins
Distribuaient le pain
Et rapportaient la bière
Et comme, à tel moment,
Le meilleur des régiments
Que jamais troupe de guerre
La ville entière s’exaltait
De vivre sous la foudre ;
L’héroïsme s’y respirait,
Comme la poudre ;
Le cœur humain s’y composait
D’une neuve substance
Et le prodige y grandissait
Chaque existence :
Ô vous, les hommes de demain,
À Liège.
Les petites volutes
Sous un pesant repos d’après-midi vermeil,
Les stalles, en vieux chêne éteint, sont alignées
Et le jour, traversant les fenêtres ignées,
Étale, au fond du chœur, des nattes de soleil.
Et les moines, dans leurs coules toutes les mêmes,
— Mêmes plis sur leur manche et mêmes sur leur froc,
Même raideur et même attitude de roc —
Sont là, debout, muets, plantés sur deux rangs blêmes.
Et l’on s’attend à voir ces immobilités
Brusquement se disjoindre et les versets chantés
Rompre, à tonnantes voix, les silences qui pèsent ;
Mais rien ne bouge au long du mur pâle qui fuit
Et les heures s’en vont par le couvent, sans bruit,
Et toujours et toujours les grands moines se taisent.
(LES MOINES).
Oh! laisse frapper à la porte
La main qui passe avec ses doigts futiles ;
Notre heure est si unique et le reste qu’importe,
Le reste, avec ses doigts futiles…
Laisse passer par le chemin
La triste et fatigante joie
Avec ses crécelles en main.
Laisse voler, laisse bruire
Et s’en aller le rire.
Laisse passer la foule et ses tonnantes voix.
L’instant est si beau de lumière,
Dans le jardin autour de nous,
L’instant est si rare de lumière trémière
Dans notre cœur au fond de nous.
Tout nous prêche de n’attendre plus rien
De ce qui vient ou passe
Avec des chansons lasses
Et des bras las par les chemins.
Et de rester les doux qui bénissons le jour
Même devant la nuit d’ombres barricadée,
Aimant en nous, par dessus tout, l’idée
Que bellement nous nous faisons de notre amour.
(LES HEURES CLAIRES).
En sa robe, couleur de feu et de poison,
Le cadavre de ma raison
Traîne sur la Tamise.
Des ponts de bronze, où les wagons
Entrechoquent d’interminables bruits de gonds
Et des voiles de bateaux sombres
Laissent sur elle, choir leurs ombres.
Sans qu’une aiguille, à son cadran, ne bouge,
Un grand beffroi masqué de rouge,
La regarde, comme quelqu’un
Immensément de triste et de défunt.
Elle est morte de trop savoir,
De trop vouloir sculpter la cause,
Dans le socle de granit noir,
De chaque être et de chaque chose.
Elle est morte, atrocement,
D’un savant empoisonnement,
Elle est morte aussi d’un délire
Vers un absurde et rouge empire.
Ses nerfs ont éclaté,
Tel soir illuminé de fête,
Qu’elle sentait déjà le triomphe flotter
Comme des aigles, sur sa tête.
Elle est morte n’en pouvant plus,
L’ardeur et les vouloirs moulus,
Et c’est elle qui s’est tuée,
Infiniment exténuée.
Au long des funèbres murailles,
Au long des usines de fer
Dont les marteaux tannent l’éclair,
Elle se traîne aux funérailles.
Ce sont des quais et des casernes,
Des quais toujours et leurs lanternes,
Immobiles et lentes filandières
Des ors obscurs de leurs lumières ;
Ce sont des tristesses de pierres,
Maisons de briques, donjons en noir
Dont les vitres, mornes paupières,
S’ouvrent dans le brouillard du soir ;
Ce sont de grands chantiers d’affolement,
Pleins de barques démantelées
Et de vergues écartelées
Sur un ciel de crucifiement.
En sa robe de joyaux morts, que solennise
L’heure de pourpre à l’horizon,
Le cadavre de ma raison
Elle s’en va vers les hasards
Au fond de l’ombre et des brouillards,
Au long bruit sourd des tocsins lourds,
Cassant leur aile, au coin des tours.
Derrière elle, laissant inassouvie
La ville immense de la vie ;
Elle s’en va vers l’inconnu noir
Dormir en des tombeaux de soir,
Là-bas, où les vagues lentes et fortes,
Ouvrant leurs trous illimités,
Engloutissent à toute éternité :
Les mortes.
La petite vierge Marie
Passe, les soirs de mai, par la prairie,
Ses pieds légers frôlant les brumes,
Ses deux pieds blancs comme deux plumes ;
S’en va comme une infante,
Corsage droit, jupes bouffantes,
Avec un bruit bougeant
Et clair de chapelet d’argent.
Aux deux cotés de la rivière
Poussent par tas des fleurs trémières,
Et la vierge, de berge en berge,
Cherche les lys royaux
Et les iris debout sur l’eau
Comme flamberges.
Puis cueille, avec ses doigts
Un peu roides de séculaire empois,
Un insecte qui dort, ailes émeraudées,
Au cœur des plantes fécondées.
Et de sa douce main, enfin,
Détache une chèvre qui broute
À son piquet, au coin des routes,
Et doucement la baise et la caresse,
Et doucement la mène en laisse.
Et puis, la petite vierge Marie
Sen vient trouver le vieux tilleul de la prairie
Dont les rameaux, pareils à des trophées,
Récèlent les mille légendes ;
Et humble, adresse alors ces trois offrandes,
Sous le grand arbre, aux bonnes fées,
Qui autrefois, au temps des merveilleuses seigneuries,
Furent, comme elle aussi, la bénévole allégorie.
(ALMANACH).
La nuit d’hiver élève au ciel son pur calice.
Et je lève mon cœur aussi, mon cœur nocturne,
Seigneur, mon cœur ! vers ton pâle infini vide,
Et néanmoins, je sais que rien n’en pourra l’urne
Combler, et que rien n’est dont ce cœur meurt avide ;
Et je te sais mensonge et mes lèvres te prient
Et mes genoux ; je sais et tes grandes mains closes
Et tes grands yeux fermés aux désespoirs qui crient,
Et que c’est moi qui, seul, me rêve dans les choses ;
Sois de pitié, Seigneur, pour ma toute démence,
J’ai besoin de pleurer mon mal vers ton silence !…
La nuit d’hiver élève au ciel son pur calice !
(LES DÉBÂCLES).
Où des voiles s’en vont, sans Notre-Dame
Où des bêtes d’ennui bâillent à l’heure
Et ces marins noyés, sous des pétales
Et tout à coup la mort parmi ces foules,
La nuit, dans le silence en noir de nos demeures,
Béquilles et bâtons , qui se cognent, là-bas,
Montant et dévalant les escaliers des heures —
Les horloges, avec leurs pas ;
Émaux naïfs derrière un verre, emblèmes
Et fleurs d’antan, chiffres et camaïeux,
Lunes des corridors vides et blêmes —
Les horloges, avec leurs yeux ;
Sons morts, notes de plomb, marteaux et limes,
Boutique en bois de mots sournois
Et le babil des secondes minimes —
Les horloges, avec leurs voix ;
Gaînes de chêne et bornes d’ombre,
Cercueils scellés dans le mur froid,
Vieux os du temps que grignotte le nombre —
Les horloges et leur effroi ;
Les horloges
Volontaires et vigilantes,
Pareilles aux vieilles servantes
Boitant de leurs sabots ou glissant sur leurs bas,
Les horloges que j’interroge
Serrent ma peur en leur compas.
(LES BORDS DE LA ROUTE).
LA MORT
AU PASSANT D’UN SOIR
Les quais étaient électrisés de lunes.
Le paysage il a changé — et des gradins
Mystiquement bordés de haies,
Inaugurent, parmi des plants d’ormaies,
Une vert et or enfilade de jardins.
Chaque montée est un espoir
En escalier, vers une attente ;
Par les midis chauffés la marche est haletante,
Mais le repos attend au bout du soir.
Les ruisselets qui lavent toutes fautes
Coulent autour des gazons frais ;
L’agneau divin, avec sa croix, s’endort auprès,
Tranquillement, parmi les berges hautes.
L’herbe est heureuse et la haie azurée
De papillons de verre et de bulles de fruits ;
Des paons courent au long des buis ;
Un lion clair barre l’entrée.
Des fleurs droites, comme l’ardeur
Extatique des âmes blanches
Fusent, en un élan de branches,
Vers leur splendeur.
Un vent très lentement ondé
Chante une extase sans parole ;
L’air filigrane une auréole
À chaque disque émeraudé.
L’ombre même n’est qu’un essor
Vers les clartés qui se transposent,
Et les rayons calmés reposent
Sur les bouches des lilas d’or.
(LES APPARUS DANS MES CHEMINS).
L’ATTENTE
LA CHANCE
Jadis, quand, au soir descendant, ses courses
De marcheur solitaire erraient par là,
Joueuse, il l’avait vue au bord des sources
Vouloir, en ses deux mains, saisir
Les bulles d’eau fugaces
Les brins d’herbe légers
Les insectes fragiles ;
Non asservie
Soudain
Un nuage d’abord lointain,
À l’endroit même où les herbes sauvages
Étaient chaudes encor
Toute la rage
Du formidable et ténébreux nuage
Mordit.
On affirmait:
Et l’on disait encor :
Ainsi
Un jour, l’âme du droit
On prenait peur d’être un vivant,
D’avoir tué atrocement
L’idée
Que se faisait pendant la paix,
En notre temps,
L’homme de l’homme.
LA CLÉMENCE
LA FOULE
Là-bas,
Durcit la plaine ;
Et puis, là-bas encor,
Où les glaçons monumentaux des Nords
Bloquent, de leurs parois hiératiques,
Les bords
Du fiord scandinave et du golfe baltique,
Et puis, plus loin encor, plus loin toujours,
Sur les plateaux d’Asie
Jusqu’à barrer le jour,
Tenace et obsédant,
Se déplacer vers l’Occident,
De route en route, et d’âge en âge.
Âpres, hardis, aventureux,
Et, tout à coup,
Vers Rome !
La faim
Les fit sortir des bois et les rendit enfin
Maîtres des destinées.
Déjà
La frayeur d’être là ;
D’après une autre volonté.
L’ACTION
Le moulin tourne au fond du soir, très lentement,
Sur un ciel de tristesse et de mélancolie,
Il tourne et tourne, et sa voile, couleur de lie,
Est triste et faible et lourde et lasse infiniment.
Depuis l’aube, ses bras, comme des bras de plainte,
Se sont tendus et sont tombés ; et les voici
Qui retombent encor, là-bas, dans l’air noirci
Et le silence entier de la nature éteinte.
Un jour souffrant d’hiver parmi les loins s’endort,
Les nuages sont las de leurs voyages sombres,
Et, le long des taillis, qui ramassent leurs ombres,
Les ornières s’en vont vers un horizon mort.
Sous un ourlet de sol, quelques huttes de hêtre
Très misérablement sont assises en rond ;
Une lampe de cuivre est pendue au plafond
Et patine de feu le mur et la fenêtre.
Et dans la plaine immense et le vide dormeur,
Elles fixent, — les très-souffreteuses bicoques —
Avec les pauvres yeux de leurs carreaux en loques,
Le vieux moulin qui tourne, et las, qui tourne et meurt.
(LES SOIRS).
Et dont l’écho renvoie
Les servantes faisaient le pain pour les dimanches,
Avec le meilleur lait, avec le meilleur grain,
Le front courbé, le coude en pointe hors des manches,
La sueur les mouillant et coulant au pétrin.
Leurs mains, leurs doigts, leur corps entier fumaient de hâte
Leur gorge remuait dans les corsages pleins ;
Leurs deux poings monstrueux pataugeaient dans la pâte
Et la moulaient en ronds comme la chair des seins.
Dehors, les grands fournils chauffaient leurs braises rouges,
Et, deux par deux, du bout d’une planche, les gouges,
Dans le ventre des fours, engouffraient les pains mous.
Et les flammes, par les gueules s’ouvrant passage,
Comme une meute énorme et chaude de chiens roux,
Sautaient, en rugissant, leur mordre le visage.
(LES FLAMANDES).
De porte en porte,
Sabots rouges, casquettes brunes,
Nous avancions, tranquillement, sous les étoiles ;
La lune oblique errait autour du vaisseau clair,
Et l’étagement blanc des vergues et des voiles
Projetait sa grande ombre au large sur la mer.
La froide pureté de la nuit embrasée
Scintillait dans l’espace et frissonnait sur l’eau ;
On voyait circuler la grande Ourse et Persée
Comme en des cirques d’ombre éclatante, là-haut.
Dans le mât d’artimon et le mât de misaine,
De l’arrière à l’avant où se dardaient les feux,
Des ordres, nets et continus comme des chaînes,
Se transmettaient soudain et se nouaient entre eux.
Chaque geste servait à quelque autre plus large
Et lui vouait l’instant de son utile ardeur,
Et la vague portant la carène et sa charge
Leur donnait pour support sa lucide splendeur.
La belle immensité exaltait la gabarre,
Dont l’étrave marquait les flots d’un long chemin,
L’homme, qui maintenait à contre-vent la barre,
Sentait vibrer tout le navire entre ses mains.
Il tanguait sur l’effroi, la mort et les abîmes,
D’accord avec chaque astre et chaque volonté,
Et, maîtrisant ainsi les forces unanimes,
Semblait dompter et s’asservir l’éternité.
LES MORTS
Sur la terre pleine de morts.
Refont le monde qu’ils ont fait.
Fait à la joie et à l’orgueil.
Mais que c’est nous, nous qui chantons.
Sont asservis à nos desseins.
Et met sa force en notre foi.
Sur la terre pleine de morts.
Oh ! les heures du soir sous ces climats légers,
La lumière en est belle et la lune y est douce,
Et l’ombre souple et claire y répand sur les mousses
Les mobiles dessins d’un feuillage étranger.
Oliviers d’Aragon, figuiers de Catalogne,
Hameaux calmes et blancs sur vos ruisseaux penchés,
Derniers rayons frôlant les toits et les clochers
Où s’arrêtait le vol replié des cigognes.
Chansons de muletiers en des cabarets roux,
Et vous, femmes, dont la démarche était hautaine,
Quand vous montiez, la jarre au flanc, vers les fontaines,
Que de fois ma mémoire a reflué vers vous !
Mais je suis né, là-bas, dans les brumes de Flandre,
En un petit village où des murs goudronnés
Abritent des marins pauvres, mais obstinés,
Sous des deux d’ouragan, de fumée et de cendre.
Les marais noirs, les bois mornes et les champs nus,
Et novembre grisâtre et ses cheveux de pluie,
Et les aurores d’encre et les couchants de suie,
Ma brève enfance, hélas ! les a trop bien connus.
Toujours l’énorme Escaut roula dans ma pensée.
L’hiver, quand ses glaçons où se miraient les astres
Craquaient et charriaient leurs blocs vers les désastres,
J’étais heureux et fort d’une joie angoissée.
L’été, les bateaux lourds qui trouaient les lointains
Vibraient moins de leurs mâts, où flottaient des emblèmes,
Que mon cœur exalté ne vibrait en moi-même
Pour quelque lutte intense et quelque grand destin.
Les mobiles brouillards et les volants nuages
De leurs gestes puissants m’ont ainsi baptisé,
Et mon corps tout entier s’est comme organisé
Pour vivre ardent, sous leur tumulte et leurs orages.
Ô vous, les pays d’or et de douce splendeur !
Si vos bois, vos vallons, vos plaines et vos grèves
Tentent parfois encor mes désirs et mes rêves,
C’est la Flandre pourtant qui retient tout mon cœur.
L’amour dont j’ai brûlé fut conçu pour ses femmes ;
Son ciel hostile et violent m’a seul doté
De sourde résistance et d’âpre volonté
Et du rugueux orgueil dont est faite mon âme.
Mon pays tout entier vit et pense en mon corps ;
Il absorbe ma force en sa force profonde,
Pour que je sente mieux à travers lui le monde
Et célèbre la terre avec un chant plus fort.
Blafards et seuls, ils sont, les sceptiques malades,
Aigus de tous leurs maux. Ils regardent le soir
Se faire dans leur chambre et grandir les façades.
Une église près d’eux lève son clocher noir.
Heure morte, là-bas, quelque part, en province,
En une ville éteinte, au fond d’un coin désert,
Où s’endeuillent des murs et des porches, dont grince
Le gond monumental, ainsi qu’un poing de fer.
Blafards et seuls, les malades hiératiques,
Pareils à de vieux loups mornes, fixent la mort ;
Ils ont mâché la vie et ses jours identiques
Et ses mois et ses ans et leur haine et leur sort.
Mais aujourd’hui, serrés dans le pâle cynisme
De leur dégoût, ils ont l’esprit inquiété :
« Si le bonheur régnait dans ce mâle égoïsme,
« Souffrir pour soi, tout seul, mais par sa volonté ?
« Ils ont banalement aimé comme les autres
« Les autres ; ils ont cru benoîtement aux deuils,
« À la souffrance, à des gestes prêcheurs d’apôtres ;
« Imbéciles, ils ont eu peur de leurs orgueils.
« Ils discutent combien la cruauté rapproche
« Mieux que l’amour ; combien ils se sont abusés
« À pavoiser l’ingratitude et le reproche ;
« Combien de pleurs, pour quelques yeux qu’ils ont baisés !
« Vides, les îles d’or, là-bas, dans l’or des brumes,
« Où les rêves assis sous leur manteau vermeil,
« Avec de longs doigts d’or effeuillaient aux écumes,
« Les ors silencieux qui pleuvaient du soleil.
« Cassés, les mâts d’orgueil, flasques, les grandes voiles !
« Laissez la barque aller et s’éteindre les ports ;
« Les phares ne tendront plus vers les grandes étoiles,
« Leurs bras immensément en feu — les feux sont morts ! »
Ils ont mâché la vie et ses Jours identiques
Et maintenant, leur corps ? — cage d’os pour les fièvres
Et leurs ongles de bois heurtant leurs fronts ardents,
Et leur hargne des yeux et leur minceur de lèvres
Et comme un sable amer, toujours, entre leurs dents.
Et le regret les prend et le désir posthume :
« De s’en aller revivre en un monde nouveau
« Dont le couchant, pareil à un trépied qui fume,
« Dresse le Dieu d’ébène et d’os en leur cerveau.
« Là-bas, en des lointains d’hystérie et de flamme
« Et d’écume livide et de rauque fureur,
« Où l’on peut abolir férocement son âme,
« Férocement Joyeux, son âme et tout son cœur. »
Blafards et seuls, ils sont les tragiques malades
Aigus de tous leurs maux. Ils regardent les feux
Mourir parmi la ville et les pâles façades
Comme de grands linceuils venir au devant d’eux.
MON AMI LE PAYSAGE
À mon départ.
Qui vient, s’arrête, et longuement salue
Nourrit en elle
L’ORGUEIL
L’âpre univers est plein de foi.
Il n’importe que sous les toits
Dans les demeures,
Quand le jour naît ou qu’il décroit,
Les prières au Christ en croix
Se meurent.
Qui risque et qui travaille croit ;
Qui cherche et qui invente croit encore;
Les lumières de chaque aurore
La confiance en leur ardeur.
Dont a besoin l’esprit humain.
De vivre.
Depuis que je me sens
N’être qu’un merveilleux fragment
Me deviennent plus fraternels
Je Que fait un homme à moi pareil
En son passage sur la terre.
Tout comme lui, je suis doté
De génie et de volonté,
Et ce qu’il fait, je le puis faire.
Ainsi
Je communie
Avec toute la vie
Et des choses et des êtres.
Vice, vertu, mérite ou faute,
Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints,
Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint,
Les feuillages fanés des frênes et des aunes.
Elle songe et resonge à ceux qui sont ailleurs,
Et qui, de père en fils, longuement s’éreintèrent,
À secouer la plaine à grands coups de labeur.
Puis elle songe encor qu’elle est finie et seule,
Et que ses murs épais et lourds, mais crevassés,
Laissent filtrer la pluie et les brouillards tassés,
Même jusqu’au foyer où s’abrite l’aïeule.
Elle regarde aux horizons bouder les bourgs ;
Et tristement, et lourdement se font entendre,
Et quand la chute en or des feuillages effleure,
Larmes ! ses murs flétris et ses pignons usés,
La ferme croit sentir ses lointains trépassés
Et pleurent.
Et lui, prêt à mourir comme elle,
Exhalait ces tristes accents :
De mon orageuse journée
Le soir toucha presque au matin.
« Il est sur un lointain rivage
« Brise-toi, lyre tant aimée !
Et tes hymnes sans renommée
Juge les gloires de la terre,
Jugeait les ombres de ses rois.
S’offrent comme un rayon d’automne,
Ou comme un songe du matin.
Les roses qui vivent un jour. »
Sa lampe mourut, et comme elle
Il s’éteignit le lendemain.
Monseigneur
⁂
L
Cette
mûres;
Dans
Marie
On
Ô toi qui naquis la première,
Blanche mère des visions,
Des vapeurs flottantes dans l’air :
Sourit, ô fille des étoiles !
Salut ! douce ; salut ! puissante.
Et conseillère de mes pas.
Par toi, tout ce que nous aimons.
Tu charmes le bord des ravines.
Dans les parfums et la rosée ;
Sur les choses que tu chéris.
Tu donnes aux nuits la douceur,
Que cherchent les jeunes tendresses.
Et de blonds nageurs que tu dores.
Prêtent l’éclat des sept couleurs.
Sous ton vêtement glorieux ;
Versent des délices nouvelles.
Où tu brilles dans une gemme,
Vierge comme en ton jour natal.
Belles et simples comme toi,
Leurs formes toujours cadencées !
En une volupté sereine,
Sous ta chaste couronne d’or.
Formera mes destins futurs,
Mes nouvelles métamorphoses.
Quoi ! tandis que partout, ou sincères ou feintes,
Des lâches, des pervers, les larmes et les plaintes
Consacrent leur Marat parmi les immortels;
Et que, prêtre orgueilleux de cette idole vile,
Des fanges du Parnasse, un impudent reptile
Vomit un hymne infâme au pied de ses autels;
La Vérité se tait ! Dans sa bouche glacée,
Des liens de la peur sa langue embarrassée
Dérobe un juste hommage aux exploits glorieux !
Vivre est-il donc si doux ? De quel prix est la vie,
Quand sous un joug honteux la pensée asservie,
Tremblante, au fond du cœur se cache à tous les yeux ?
Non, non, je ne veux point t’honorer en silence,
Toi qui crus par ta mort ressusciter la France,
Et dévouas tes jours à punir des forfaits.
Le glaive arma ton bras, fille grande et sublime,
Pour faire honte aux Dieux, pour réparer leur crime,
Quand d’un homme à ce monstre ils donnèrent les traits.
Le noir serpent sorti de sa caverne impure,
A donc vu rompre enfin sous ta main ferme et sûre
Le venimeux tissu de ses jours abhorrés !
Aux entrailles du tigre, à ses dents homicides,
Tu vins redemander et les membres livides,
Et le sang des humains qu’il avait dévorés !
Son œil mourant t’a vue, en ta superbe joie,
Féliciter ton bras, et contempler ta proie.
Ton regard lui disait : « Va, tyran furieux,
Va, cours frayer la route aux tyrans tes complices.
Te baigner dans le sang fut tes seules délices;
Baigne-toi dans le tien et reconnais tes Dieux. »
La Grèce, ô fille illustre, admirant ton courage,
Épuiserait Paros, pour placer ton image
Auprès d’Harmodios, auprès de son ami;
Et des chœurs sur ta tombe, en une sainte ivresse,
Chanteraient Némésis, la tardive Déesse,
Qui frappe le méchant sur son trône endormi.
Mais la France à la hache abandonne ta tête,
C’est au monstre égorgé qu’on prépare une fête,
Parmi ses compagnons, tous dignes de son sort.
Oh ! quel noble dédain fit sourire ta bouche,
Quand un brigand, vengeur de ce brigand farouche,
Crut te faire pâlir aux menaces de mort !
C’est lui qui dut pâlir ; et tes juges sinistres,
Et notre affreux sénat, et ses affreux ministres,
Quand, à leur tribunal, sans crainte et sans appui,
Ta douceur, ton langage et simple et magnanime,
Leur apprit qu’en effet, tout puissant qu’est le crime,
Qui renonce à la vie est plus puissant que lui.
Longtemps, sous les dehors d’une allégresse aimable,
Dans ses détours profonds ton âme impénétrable
Avait tenu cachés les destins du pervers.
Ainsi, dans le secret amassant la tempête,
Rit un beau ciel d’azur, qui cependant s’apprête
À foudroyer les monts, et soulever les mers.
Belle, jeune, brillante, aux bourreaux amenée,
Tu semblais t’avancer sur le char d’hyménée,
Ton front resta paisible, et ton regard serein.
Calme sur l’échafaud, tu méprisas la rage
D’un peuple abject, servile, et fécond en outrage,
Et qui se croit alors et libre et souverain.
La vertu seule est libre. Honneur de notre histoire,
Notre immortel opprobre y vit avec ta gloire,
Seule tu fus un homme, et vengeas les humains.
Et nous, eunuques vils, troupeau lâche et sans âme,
Nous savons répéter quelques plaintes de femme,
Mais le fer pèserait à nos débiles mains.
Non ; tu ne pensais pas qu’aux mânes de la France
Un seul traître immolé suffit à sa vengeance,
Ou tirât du chaos ses débris dispersés.
Tu voulais, enflammant les courages timides,
Réveiller les poignards sur tous ces parricides,
De rapine, de sang, d’infamie engraissés.
Un scélérat de moins rampe dans cette fange.
La vertu t’applaudit. De sa mâle louange
Entends, belle héroïne, entends l’auguste voix.
Ô vertu, le poignard, seul espoir de la terre,
Est ton arme sacrée, alors que le tonnerre
Laisse régner le crime, et te vend à ses lois !
Les Regrets des solitudes roses,
Des morts de camélias, de roses.
Près des bassins au vaste soupir,
Ta prunelle au reflet de saphir.
Tissant nos douleurs aux ombres brunes,
Des fantômes d’anciennes lunes !
Là, peut-être à nos appels amis
Au recul de nos ans endormis.
Clavier vibrant de remembrance,
J’évoque un peu des jours anciens,
Et l’Éden d’or de mon enfance
Se dresse avec les printemps siens,
Souriant de vierge espérance
Et de rêves musiciens…
Vous êtes morte tristement,
Ma muse des choses dorées,
Et c’est de vous qu’est mon tourment ;
Et c’est pour vous que sont pleurées
Au luth âpre de votre amant
Tant de musiques éplorées.
Ça et là, n’importe où, dans l’allée aux statues.
Couleur de jours anciens, de mes robes d’enfant,
Norvège
D’une neige de février...
Viens-t-en prier...
Comme tu faisais autrefois
Montait ta voix.
Dans le malheur,
Avec mon cœur.
Et vos abris
Ô colibris !
Morne flambeau !
Votre tombeau.
Membres raidis;
Du Paradis !
Comme après de longs ans d’absence,
Que de s’en revenir
Par le chemin du souvenir
Fleuri de lys d’innocence,
Au jardin de l’Enfance.
D’où s’enfuient les gaietés franches,
Notre jardin muet
Et la danse du menuet
Qu’autrefois menaient sous branches
Nos sœurs en robes blanches.
Entremêlés de ritournelles,
Avec des lieds joyeux
Elles passaient, la gloire aux yeux,
Sous le frisson des tonnelles,
Comme en les villanelles.
Des accords de guitare ancienne,
De la vieille villa,
Et qui faisaient deviner là
Près d’une obscure persienne,
Quelque musicienne.
À tant de choses ruinées !
Ah ! de penser aussi,
Lorsque nous revenons ainsi
Par des sentes de fleurs fanées,
À nos jeunes années.
Froissés, maltraités et sans armes,
Moroses et vieillis,
Et que, surnageant aux oublis,
S’éternise avec ses charmes
Notre jeunesses en larmes !
De sa lande fleurie
En sa Ville-Marie.
La belle Vierge va
De céleste biva.
Sur notre Mont-Royal;
De l’abîme infernal.
De son arme de feu
La Dame du Ciel bleu !
De tout joug pour le tien;
Sois-nous force et soutien.
Puisses-tu de tes yeux,
Quand tu nous viens des Cieux !
Parmi ses petit anges;
Se font des bruits étranges.
Ô floraison chérie !
Sa France et sa Ville-Marie...
De Profundis
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Du fond de quelque crypte aux vagues profondeurs.
Elle a l’éclat parfois des subtiles verdeurs
D’un golfe où le soleil abaisse ses antennes.
En un jardin sonore, au soupir de fontaines,
Elle a vécu dans les soirs doux, dans les odeurs ;
Ma pensée est couleur de lumières lointaines,
Elle court à jamais les blanches prétentaines,
Au pays angélique où montent ses ardeurs,
Et, loin de la matière et des brutes laideurs,
Elle rêve l’essor aux célestes Athènes,
Ma pensée est couleur de lunes d’or lointaines.
Gretchen !
Gretchen !
* * *
C
À Madame M…
Ta
Ave
A Fontainebleau
A des voix meurtries
De baisers dans l’eau.
En ce voluptueux séjour,
Éteindre les rayons du jour,
Te sourit aussi doucement,
Qu’on me prendrait pour un amant.
Incapable de résister,
Mon pauvre enfant ! ni mériter.
Ces transports, cet œil enflammé ;
D’une autre femme que j’aimai.
Et semble implorer un soutien ;
Lançait des feux comme le tien.
Et la sentir à mes côtés.
Tous les airs qe’elle m’a chantés !
Espère encor le ressaisir !
Toi le bonheur, moi le plaisir !
Ode
Exaudi nos !
Amo, dis-je, ergo sum !
Gradus-ad-Parnassum !
Fume. — Il est midi. — Les tortues
Bâille, dans le sable accroupi.
Et l’on n’aperçoit plus, là-bas,
Les nègres aux cheveux de laine.
Des noirs étendus dans leurs cases,
Nourricières des bananiers ;
o
Gorge le Havre & Manchester,
Un rejeton de cannibales !
Qui chérit l’éclat blanc du linge,
S’avance d’un pas indolent.
La cuisine à la véranda,
En digérant des confitures.
Les zigzags sans fin d’une mouche,
Entre deux croissants de corail.
Filtré par les feuillages verts ;
Laissent passer des fleurs par mille.
Avec un soupir monotone ;
Ou s’étire, ingrat trop aimé !
Lancent, assoupis, des clins d’yeux
Et sur le Havanais soyeux.
Comme au Sénat le Président,
La peau jaune d’une goyave.
Mystérieux des marécages.
De contrefaire les pigeons.
Paresseuse créolement,
Et doux de sa large berceuse ;
Dans son peignoir de mousseline.
Que son sang noble est pur d’emprunts.
Obéit à son poids léger ;
A l’oreille porte une rose.
Aux grosses lèvres incarnates,
Humant sa cigarette en feu.
Elle pense à son doux ami ;
Son nègre l’évente sans trêve.
Sur les houles de l’Atlantique,
La contemple piteusement.
Sur le pont du schooner « The Fly »,
En casquette à longue visière ;
Jettent leurs ombres sur les lames,
Davis Brooks paraît soucieux.
Et s’éloigne), — ses doigts mignons
Du sein qui tremble sous l’étoffe.
La blanche miss Tilda s’égare,
Trente planteurs feront leur cour.
Jupiter pousse un cri plaintif,
Rit la mulâtresse Euphrasie ;
Et le singe roux, tout sommeille ;
L’odeur des ananas dorés.
O my dear, I love you !
. . . . . . . . . . . . .
De l’horreur et de la beauté.
Sa vieille tête en fouillis noir
Et son vieux corps en robe verte.
Sourdement fait gronder l’écho.
Mais la bonne chienne Margot
A rassemblé toutes les têtes
Tous les trois, à pas d’escargot,
Ils regagnent enfin, là-haut,
Le vieux seuil où la maman veille.
Et s’enfuit d’un train plus rampant.
La méchanceté de la ronce.
Et çà et là — près d’un marais,
D’un taillis, d’un pacage, auprès
D’un ruisseau bordé de vieux aunes,
Le printemps s’annonce à vos yeux
Avec le vol silencieux
De beaux petits papillons jaunes.
Croisant ses maigres bras poilus,
Il songe à celle qui n’est plus.
Dans ses yeux creux des larmes roulent,
Et le brasier dont il reluit,
Sur sa joue osseuse les cuit
À mesure qu’elles y coulent.
Aussi lugubre que la nôtre ;
Pleurant l’un en face de l’autre.
Dans sa grande jatte de grès,
L’Angélique, la belle veuve,
Avec sa crème toute neuve
Fabrique un peu de beurre frais.
Ses doigts et sa batte à loisir
Fouettent, pressent, foulent, tripotent,
Tournent, roulent, piquent, tapotent
La crème lente à s’épaissir.
L’effilé, le cataleptique
De ses arbrisseaux, les vapeurs
De son marécage en torpeur
Lui donnent comme un air mystique.
Dans le jour si pur qui trépasse,
Entre ses horizons pieux,
Elle est pour le cœur et les yeux
Un sanctuaire de l’espace.
Sous ces rameaux dormants et grêles
On rêve d’évocations,
De saintes apparitions,
De rencontres surnaturelles.
C’est pourquoi, deux légers oiseaux
À mesure que leur point noir
Voici qu’une vapeur voilée
Sort d’une mare dégelée
Puis d’une autre et d’une autre encor :
Lugubre hommage, en quelque sorte
Qui, lentement, vers le ciel mort
Monte de la campagne morte.
M’avait toujours frappé les yeux
Par son dénudé soucieux
Et, c’est un ébahissement
Tout mêlé d’attendrissement.
libera
Cette nuit, la rivière aura
Tout son malfaisant scélérat
On sent couver là, sur ce bord,
Tant d’horreur humide et de mort
Les nuages traînant leurs blocs
Autour du soleil qui les troue,
On voit reflamboyer la roue
Du moulin bâti dans les rocs.
Et la chose monstre qui tourne
Noire, en son clair rutilement,
Bat des mousses de diamant
Dans la ruelle où l’eau s’enfourne.
Puis, à mesure qu’il s’éteint,
Des tons de l’astre elle se teint.
Voici que, grandie à présent,
Rouge, elle tourne dans du sang,
Le temps chauffe, ardent, radieux ;
Le sol brûle comme une tôle
Dans un four. Nul oiseau ne piaule,
Tout l’air vibre silencieux…
À son chien noir aussi bon qu’il est vieux.
Posant son tricot et sa gaule,
Elle ôte, à mouvements frileux,
Robe, chemise, et longs bas bleus :
Sa nudité sort de sa geôle.
Elle garde un maintien peureux,
Mais enfin, la chaleur l’enjôle,
Elle fait un pas et puis deux…
Mais si l’endroit est hasardeux ?
Si l’eau verte que son pied frôle
D’un air confus et curieux,
Elle se regarde à pleins yeux
Dans ce miroir mouvant et drôle.
ad hoc
Le limon fait comme le sable
Restant sec sous son brillanté,
Il aspire l’humidité…
Et l’ornière est inremplissable.
En haut de ce chêne une pie
Savoure son humectement
Avec un tel ravissement
Qu’elle en paraît tout ébaubie.
La bergère a quitté son arbre
Pour avoir le corps plus mouillé ;
Là-bas un vieux, stupéfié,
Dans l’immobilité d’un marbre,
Ruisselle comme les feuillages ;
Et je me surprends à sourire :
5
15
25
35
45
50
55
60D’où l’eau fuit à tout moment.
——————
——Du premier jour de Mai
———
———Qui ne s’en donne.
Un
Jadis
Au
Le
Sous
Morne
Les
Du
Qu’ils
Lorsque
Juan
Bien
Jadis
Quel
Tous
Fais
L’autel
Certe
Qu’il
J’ai
Entre donc
L’aube
La
L’ivoire
Il
N’approche pas
Las
Mieux
Arrête
L’air
Le
Vers
Lupercus
À
Viens
Voici
Vous
L’homme
En
Vieux
Ce
L’âcre
Seigneur
Pour
Tel
Et
Que
Avec
C’est
Quand
C’est
Par
L’Etna
Ô
D’un
Dans
Là-bas
Depuis
Ils
Glaciers
Qui
Celui-là
Cette
Ici
Comme
À vous troupe légère
Qui d’aile passagère
Par le monde volez…
Accoudée
Donc
Pas
Sur
Oui
Crois-moi
Étranger
Avant
L’hiver
Passant
O
O beata solitudo
O sola solitudo !
métempsycoses
CYTHÈRE
Oh
! »
ment
fût
J'allais par des chXX
dus
ægri somnia.
PANTOMIME
ENVOI
I
I
encore
La dure épreuve XI
L’AMOUR PAR TERRE
susurre
sainte
N’est-ce pas ? en dépitXVII
MANDOLINE
tords-lui
VIII
I
II
III
IV
I
II
III
IV
COLLOQUE SENTIMENTAL
LES INDOLENTS
L’hiver a cessé : la lumXXI
Toute grâce et toutes nuances
Dans l’éclat doux de ses seize ans,
Elle a la candeur des enfances
Et les manèges innocents.
Ses yeux qui sont les yeux d’un ange,
Savent pourtant, sans y penser,
Éveiller le désir étrange
D’un immatériel baiser.
Et sa main, à ce point petite
Qu’un oiseau-mouche n’y tiendrait,
Captive, sans espoir de fuite,
Le cœur pris par elle en secret.
L’intelligence vient chez elle
En aide à l’âme noble ; elle est
Pure autant que spirituelle :
Ce qu’elle a dit, il le fallait !
Et si la sottise l’amuse
Et la fait rire sans pitié,
Elle serait, étant la muse,
Clémente jusqu’à l’amitié,
Jusqu’à l’amour - qui sait ? peut-être,
A l’égard d’un poète épris
Qui mendierait sous sa fenêtre,
L’audacieux ! un digne prix
De sa chanson bonne ou mauvaise !
Mais témoignant sincèrement,
Sans fausse note et sans fadaise,
Du doux mal qu’on souffre en aimant.
Ce cavalier
Un étalon
Toujours ! toujours !
D’une arme à feu.
Claquait au vent,
Trente-deux dents.
Ce cavalier
Un étalon
Toujours ! toujours !
D’une arme à feu.
Claquait au vent,
Trente-deux dents.
Rien, ô ma pauvre enfant !
Que vous fuyez devant.
Pauvre cher bleu miroir,
Qui nous fait mal à voir.
Comme un héros méchant,
Vous qui n’étiez que chant !
Qui grondait et sifflait,
Comme un triste agnelet.
D’un amour brave et fort,
Jeune jusqu’à la mort !
LE FAUNE
VII
? »
SUR L’HERBE
oui qui sort de lèvres bien-aimées !
VI
Gaspard Hauser chante :
Je ne t’ai pas connu, je ne t’ai pas aimé,
Je ne te connais point et je t’aime encor moins :
Je me chargerais mal de ton nom diffamé,
Et, si j’ai quelque droit d’être entre tes témoins,
C’est que, d’abord, et c’est qu’ailleurs, vers les Pieds joints
D’abord par les clous froids, puis par l’élan pâmé
Des femmes de péché desquelles ô tant oints,
Tant baisés, chrême fol et baiser affamé ! —
Tu tombas, tu prias, comme moi, comme toutes
Les âmes que la faim et la soif sur tes routes
Poussaient belles d’espoir au Calvaire touché !
— Calvaire juste et vrai, Calvaire où, donc, ces doutes,
Ci, çà, grimaces, art, pleurent de leurs déroutes.
Hein ? mourir simplement, nous, hommes de péché.
L’ALLÉE
LES INGÉNUS
A LA PROMENADE
Bonheur
Maleck Adel et les Rois Mages
III
En robe grise et verte avec des ruches,
Un jour de juin que j’étais soucieux,
Elle apparut souriante à mes yeux
Qui l’admiraient sans redouter d’embûches ;
Elle alla, vint, revint, s’assit, parla,
Légère et grave, ironique, attendrie :
Et je sentais en mon âme assombrie
Comme un joyeux reflet de tout cela ;
Sa voix, étant de la musique fine,
Accompagnait délicieusement
L’esprit sans fiel de son babil charmant
Où la gaîté d’un cœur bon se devine.
Aussi soudain fus-je, après le semblant
D’une révolte aussitôt étouffée,
Au plein pouvoir de la petite Fée
Que depuis lors je supplie en tremblant.
jutes
Par angles obtus.
Ainsi qu’un basson.
Et de Phidias,
De profundis sur l’air du Traderi
Tartuffe
S’en alla vers la Ville.
Loin de mon fils m’exile.
Voici mon testament :
Qui fut porté dûment.
EN SOURDINE
sohos
indeeds et des all rights et des hâos
Que la lune encore décharne
Ricane à travers ma lucarne.
Comme l’on n’en voit qu’au théâtre,
Fredonne un tralala folâtre.
Le drôle agace une guitare
D’un air d’élasticité rare.
Tais ces chants et cesse ces danses. »
« C’est moins farce que tu ne penses,
De te plaire ou de te déplaire,
Tu peux t’aller faire lanlaire. »
Que la lune encore déchaîne,
Comme l'on n’en voit qu’au théâtre,
« C’est moins farce que tu ne penses. »
donec gratus
Amen
LES COQUILLAGES
EN BATEAU
revu, calme et frais comme un cygne !
en peine et de passage
la
À Emmanuel des Essarts.
Indes galantes.
À Alexandre Piédagnel.
À Paul Bourget.
À Amédée Bandit.
Laborieux valet du plus commode maître
Mais parle : raisonnons. Quand, du matin au soir,
Que penserais-tu donc, si l’on t’allait apprendre
Antoine, de nous deux tu crois donc, je le voi,
GRAND ROI
blanc, la quinteuse dit noir
En miracles féconde
A. nulle autre seconde
Nompareil
Plus beau que le Soleil
Astres et de Merveilles
Chef-d'œuvre des Cieux, de Beautez sans pareilles
Je n’étais qu’un enfant (Paris, vers ce temps-là,
Le temps vola, rapide, et, lambeau par lambeau,
Mais, n’avoir de ses maux que de muets témoins ;
Et n’aurais-tu pas vu se railler de ton livre
Voilà, Joseph, voilà quel spectacle hideux
Pourtant, avant qu’un ange, à ta gloire éternelle,
ave
phtisique
À mon ami Alfred Foulongne.
LA TRAVERSÉE
LE REPOS
LE COMBAT
au-delà
II
III
Qu'on a peine à mourir !
L’air était pur, la nuit régnait sans voiles;
Elle riait du dépit de l’Amour;
Il aime l’ombre, et le feu des étoiles,
En scintillant, formait un nouveau jour :
Tout s’y trompait. L’oiseau, dans le bocage,
Prenait minuit pour l’heure des concerts;
Et les zéphyrs, surpris de ce ramage,
Plus mollement le portaient dans les airs.
Tandis qu’aux champs quelques jeunes abeilles
Volaient encore en tourbillons légers,
Je m’endormis. Ne grondez pas, ma mère!
Dans notre enclos qui pouvait pénétrer?
Moutons et chiens, tout venait de rentrer,
Au bruit de l’eau, je sentis le sommeil
Et lentement s’évanouir l’image
Que je tremblais de revoir au réveil :
Je m’endormis. Mais l’image enhardie
Au bruit de l’eau se glissa dans mon cœur.
Le chant des bois, leur vague mélodie,
En la berçant, fait rêver la pudeur.
En me tendant leurs bras entrelacés ;
C’était une ombre, et j’avais peur pourtant;
Mais le sommeil enchaînait ma paupière.
J’allais crier, j’étais tremblante;
Et la frayeur m’ôta la voix.
Depuis ce temps, ne grondez pas, ma mère,
l’envoy
25
La Vérité toute nue
Sortit un jour de son puits ;
Jeunes et vieux fuyaient sa vue :
À ses yeux vient se présenter
La Fable richement vêtue,
Portant plumes et diamants,
La plupart faux, mais très brillants.
Eh ! Vous voilà ! bonjour, dit-elle :
Aux passants je demande en vain
De me donner une retraite,
Vieille femme n’obtient plus rien.
Vous êtes pourtant ma cadette,
Dit la Fable, et, sans vanité,
Partout je suis fort bien reçue ;
Mais aussi, dame Vérité,
Pourquoi vous montrer toute nue ?
Qu’un même intérêt nous rassemble :
Chez le sage, à cause de vous,
Je ne serai point rebutée ;
À cause de moi, chez les fous
Vous ne serez point maltraitée.
Vous verrez, ma sœur, que partout
Nous passerons de compagnie.
Suivez le fond de la rivière ;
Craignez la ligne meurtrière,
Ou l'épervier plus dangereux encor.
Et déborde dans les campagnes.
Ah ! ah ! criaient les carpillons,
Qu'en dis-tu, carpe radoteuse ?
Crains-tu pour nous les hameçons ?
Les arbres sont cachés sous l'onde,
Nous sommes les maîtres du monde,
C'est le déluge universel.
Mêmes discours.
Parlant ainsi, nos étourdis
Sortent tous du lit de la Seine,
Qu'arriva-t-il ? Les eaux se retirèrent,
Et les carpillons demeurèrent ;
Bientôt ils furent pris,
Et frits.
Pourquoi quittaient-ils la rivière ?
Pourquoi ? je le sais trop, hélas !
C'est qu'on veut sortir de sa sphère,
C'est que... c'est que... je ne finirai pas.
Thomas trouve sur son chemin
Une bourse de louis pleine ;
Lui dit : « Pour nous la bonne aubaine !
- Non, répond Thomas froidement,
Pour nous n'est pas bien dit ; pour moi
Thomas tremblant, et non sans cause,
Nous n'est pas le vrai mot ; mais toi
Dans le malheur n'a point d'amis.
La tranquille Habitude aux mains silencieuses
Panse, de jour en jour, nos plus grandes blessures ;
Elle met sur nos cœurs ses bandelettes sûres
Et leur verse sans fin ses huiles oublieuses ;
Les plus nobles chagrins, qui voudraient se défendre,
Désireux de durer pour l’amour qu’ils contiennent,
Sentent le besoin cher et dont ils s’entretiennent
Devenir, malgré eux, moins farouche et plus tendre ;
Et, chaque jour, les mains endormeuses et douces,
Les insensibles mains de la lente Habitude,
Resserrent un peu plus l’étrange quiétude
Où le mal assoupi se soumet et s’émousse ;
Et du même toucher dont elle endort la peine,
Du même frôlement délicat qui repasse
Toujours, elle délustre, elle éteint, elle efface,
Comme un reflet, dans un miroir, sous une haleine,
Les gestes, le sourire et le visage même
Dont la présence était divine et meurtrière ;
Ils pâlissent couverts d’une fine poussière ;
La source des regrets devient voilée et blême.
A chaque heure apaisant la souffrance amollie,
Otant de leur éclat aux voluptés perdues,
Elle rapproche ainsi de ses mains assidues,
Le passé du présent, et les réconcilie ;
La douleur s’amoindrit pour de moindres délices ;
La blessure adoucie et calme se referme ;
Et les hauts désespoirs, qui se voulaient sans terme,
Se sentent lentement changés en cicatrices ;
Et celui qui chérit sa sombre inquiétude.
Qui verserait des pleurs sur sa douleur dissoute,
Plus que tous les tourments et les cris vous redoute,
Silencieuses mains de la lente Habitude.
Place de la Gare, à Charleville.
Valse des fifres
II
IV
V
Car de la causerie parmi les appareils, — le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,
Des comptes agités à ce bord fuyard,
— On voit, roulant comme une digue au delà de la route hydraulique motrice,
De ton corps si beau,
Miroiter la peau !
Aux âcres parfums,
Aux flots bleus et bruns,
Au vent du matin,
Pour un ciel lointain.
De doux ni d’amer,
L’or avec le fer.
Belle d’abandon,
Au bout d’un bâton.
Ta tête d’enfant
D’un jeune éléphant,
Comme un fin vaisseau
Ses vergues dans l’eau.
Des glaciers grondants,
Au bord de tes dents,
Amer et vainqueur,
D’étoiles mon cœur !
IV
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette, Grotesquement campé sur son front de squelette, Qu’un diadème affreux sentant le carnaval. Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval, Fantôme comme lui, rosse apocalyptique, Qui bave des naseaux comme un épileptique. Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux, Et foulent l’infini d’un sabot hasardeux. Le cavalier promène un sabre qui flamboie Sur les foules sans nom que sa monture broie, Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimetière immense et froid, sans horizon, Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne, Les peuples de l’histoire ancienne et moderne.
À mon bras votre bras poli
Ce souvenir n’est point pâli) ;
La pleine lune s’étalait,
Sur Paris dormant ruisselait.
Des chats passaient furtivement,
Nous accompagnaient lentement.
Éclose à la pâle clarté,
Que la radieuse gaîté,
Dans le matin étincelant,
S’échappa, tout en chancelant
Dont sa famille rougirait,
Dans un caveau mise au secret !
« Que rien ici-bas n’est certain,
Se trahit l’égoïsme humain ;
Et que c’est le travail banal
Dans un sourire machinal ;
Que tout craque, amour et beauté,
Pour les rendre à l’Éternité ! »
Ce silence et cette langueur,
Au confessionnal du cœur.
De profundis.
Je veux te peindre ta beauté,
Chargé de toile, et va roulant
D’un air placide et triomphant
Dont les panneaux bombés et clairs
De vins, de parfums, de liqueurs
Comme deux sorcières qui font
Faits pour serrer obstinément,
Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
Tout y parlerait
À l’âme en secret
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
— Les soleils couchants
Revêtent les champs,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dites, qu’avez-vous vu ?
V
Et puis, et puis encore ?
Et puis, et puis encore ?
VII
VIII
nouveau !
FIN.
Qui vit, s’agite et se tortille,
Comme du chêne la chenille ?
Noierons-nous ce vieil ennemi,
Patient comme la fourmi ?
À cet esprit comblé d’angoisse
Que le sabot du cheval froisse,
Et que surveille le corbeau,
D’avoir sa croix et son tombeau ;
Peut-on déchirer des ténèbres
Sans astres, sans éclairs funèbres ?
Est soufflée, est morte à jamais !
Les martyrs d’un chemin mauvais !
Dis, connais-tu l’irrémissible ?
À qui notre cœur sert de cible ?
Notre âme, piteux monument,
Par la base le bâtiment.
Qu’enflammait l’orchestre sonore,
Une miraculeuse aurore ;
Terrasser l’énorme Satan ;
Est un théâtre où l’on attend
Te Deum,
?
Vers ma pâle étoile,
Je mets à la voile ;
Comme de la toile,
Que la nuit me voile ;
D’un vaisseau qui souffre ;
Sur l’immense gouffre
De mon désespoir !
Ô mon cher Belzébuth, je t’adore !
jamais
Diva ! supplicem exaudî !
D’un luxe miraculeux,
Dans l’or de sa vapeur rouge,
Allonge l’illimité,
Et de plaisirs noirs et mornes
De tes yeux, de tes yeux verts,
Mes songes viennent en foule
De ta salive qui mord,
Et, charriant le vertige,
Souviens-toi !
Remember ! Souviens-toi, prodigue !Esto memor !
Souviens-toi
souviens-toi !
Ce beau matin d’été si doux :
Sur un lit semé de cailloux,
Brûlante et suant les poisons,
Son ventre plein d’exhalaisons.
Comme afin de la cuire à point,
Tout ce qu’ensemble elle avait joint ;
Comme une fleur s’épanouir.
Vous crûtes vous évanouir.
D’où sortaient de noirs bataillons
Le long de ces vivants haillons.
Ou s’élançait en pétillant ;
Vivait en se multipliant.
Comme l’eau courante et le vent,
Agite et tourne dans son van.
Une ébauche lente à venir
Seulement par le souvenir.
Nous regardait d’un œil fâché,
Le morceau qu’elle avait lâché.
À cette horrible infection,
Vous, mon ange et ma passion !
Après les derniers sacrements,
Moisir parmi les ossements.
Qui vous mangera de baisers,
De mes amours décomposés !
La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges pleurs.
De larges pleurs.
En mille fleurs,
Met ses couleurs,
De larges fleurs.
De larges fleurs.
II
mensonge,
mensonge
Pièce parue à la Renaissance Littéraire et Artistique, le 30 novembre 1872, sous la signature P. Néouvielle.
Pièce parue à la Renaissance, le 24 mai 1873.
G. N.
Dans ta ruelle
Tu mettrais l’univers entier
Pièce parue à la Renaissance, le 14 septembre 1873.
Envoi
Souvenez-vous des humbles cimetières
Que voile aux villages voisins
Et c’est à peine si —
Comme des brebis étonnées,
Quelques maisons
Abandonnées,
Toutes fanées
Par les saisons,
Parfois de l’auvent qui le garde —
Mais l’été que l’ange envoie aux vallées,
Pour les églogues étoilées,
Et vers les rivières vermeilles,
L’été, sur un signe de Dieu,
Dont la blancheur brûle, éclatant
Pendant que le lézard entend
De la Mort, mère et reine des parfums.
Tramée avec les fils du rêve,
Sur la route où l’air pur fraîchit,
Une voix étouffée ou tendre,
Cependant, là-bas, dans les nécropoles,
Une immobile multitude
Malgré leur solitude qui s’ennuie
Ces pauvres âmes désolées,
Vers la douce époque des nids,
Sous les funéraires feuillées,
Ou quand leur commune patronne,
Ceux qui sourient d’avoir été
De gais bouviers dans la campagne,
Qu’il semble que la vie,
À ces mornes reclus
Lugubrement ravie,
Ne doive jamais plus
Monter ni redescendre
Aucun orchestre en floraison
Aucun océan soucieux
Aucun Messidor sous les cieux
Ni le soleil de ces contrées
Où son regard luit si hautain,
Qu’il semble à la stupeur physique
Que le rayon fait la musique ;
Ni lune en fleur d’aucun été,
Que la solennelle clarté
Quand, sonnant la fuite des deuils,
Poème écrit à Bicêtre
Mais bien-heureux celuy qui ne deſire pas
Ce qu’il n’a point : l’vn ſert de gracieus appas
Pour le contentement, & l’autre eſt vn martyre.
Et met en paſſion : donc ne deſirer rien
Hors de noſtre pouuoir, viure content du ſien,
Ores qu’il fuſt petit, c’eſt fortune proſpere.
Du corſaire, des flots, des roches & des vents :
Le deſir importun aux petits d’eſtre grands,
Hors du commun ſentier bien ſouuent les déuoye.
Deſire ambitieux ſa fortune auancer :
L’autre ſe voyant pauure à fin d’en amaſſer
Trahiſt ſon Dieu, ſon Roy, ſon ſang & ſa patrie.
Qu’il a de ſe gorger de quelque faux plaiſir,
En fin ne gaigne rien qu’vn faſcheux deſplaiſir,
Perdant ſon heur, ſon temps, & bien ſouuent la vie.
A ſa triſte fortune, eſpoind de ceſte ardeur,
Soupire apres vn vent qui le plonge en erreur.
Car le Deſir n’eſt rien qu’vn perilleux orage.
Qu’on eſpere en tirer, n’embraſſant que le vent,
Loyer de ſes travaux, eſt payé bien ſouuent
D’vn refus, d’vn dédain, & d’vn mauuais viſage.
Favorit de ſon Roy, recherchant ſon bon-heur,
Auançant ſa fortune, auance ſon malheur,
Pour auoir trop ſondé le ſecret de ſon maiſtre.
C’eſt heur que de iouïr, & non pas d’eſperer :
Embraſſer l’incertain, & touſiours deſirer
Eſt vne paſſion qui nous met en ceruelle.
Qui trauaille nos ſens d’vn charme ambitieux,
Nous déguiſant le faux pour le vray, qui nos yeux
Va trompant tout ainſi que l’image d’vn ſonge.
Et des mois :
Auril, la douce eſperance
Des fruicts qui ſous le coton
Du bouton
Nourriſſent leur ieune enfance.
Iaunes, pers,
Qui d’vne humeur bigarree
Emaillant de mille fleurs
De couleurs,
Leur parure diapree.
Des Zephyrs,
Qui ſous le vent de leur ælle
Dreſſent encor és foreſts
Des doux rets,
Pour rauir Flore la belle.
Qui du ſein
De la nature, deſſerre
Vne moiſſon de ſenteurs,
Et de fleurs,
Embaſmant l’Air, & la Terre.
Floriſſant.
Sur les treſſes blondelettes
De ma Dame, & de ſon ſein,
Touſiours plein
De mille & mille fleurettes.
De Cypris,
Le flair & la douce haleine :
Auril, le parfum des Dieux,
Qui des cieux
Sentent l’odeur de la plaine.
Qui d’exil
Retires ces paſſageres,
Ces arondelles qui vont,
Et qui ſont
Du printemps les meſſageres.
Et le thym,
L’œillet, le lis, & les roſes
En ceſte belle ſaiſon,
A foiſon,
Monſtrent leurs robes écloſes.
Doucelet,
Decoupe deſſous l’ombrage,
Mille fredons labillars,
Fretillars,
Au doux chant de ſon ramage.
Que l’amour
Souffle à doucettes haleines,
Vn feu croupi & couuert,
Que l’hyuer
Receloit dedans nos veines.
L’eſſain beau
De ces pillardes auettes
Volleter de fleur en fleur,
Pour l’odeur
Qu’ils muſſent en leurs cuiſſettes.
Ses fruicts meurs,
Et ſa ſeconde roſee,
La manne & le ſucre doux,
Le miel roux,
Dont ſa grace eſt arroſee.
A ce mois,
Qui prend le ſurnom de celle
Qui de l’eſcumeuſe mer
Veit germer
Sa naiſſance maternelle.
Tu le sais, inimitable fraise des bois
Comme un charbon ardente aux doigts de qui te cueille
Leçons et rires buissonniers
Ne se commandent pas.
Chez le chasseur qui la met en joue
L’automne pense-t-elle susciter l’émoi
Que nous mettent au cœur les plus jeunes mois ?
Blessée à mort, Nature,
Et feignant encor
D’une Eve enfantine la joue
Que fardent non la pudeur mais les confitures
Ta mûre témérité
S’efforce de mériter
La feuille de vigne vierge.
ENVOI
Or, au dimanche froid, maritime et d’hiver,
aux lèvres amer,
d’une ville très port-de-mer,
dans un dimanche froid, maritime et d’hiver ;
aux quatre heures de soir longues d’après-dinée
de lampes allumées,
— et lasses, et comme enfumées —
des quatre heures de soir longues d’après-dinée ;
de la famille nous est venue visiter,
— famille d’été,
et de soleil très endettée, —
de la famille nous est venue visiter.
Or, avec les mains bleues de leurs jours de navires,
plus debout qu’assis,
disant en anglais raccourcis
le parler de leurs mains comme aux jours des navires,
les parents de retour des bonnes Australies,
et riches trop tard,
— oncles d’Amérique et soudards —
les grands-parents sous la lampe jaune en allés,
pour prendre le thé,
graves et de sollennité,
les grands-parents sous la lampe jaune en allés,
de mains m’ont fait signe d’être à l’enfant-très-femme,
— très-femme et très-âme —
les parents de celle de l’âme,
de mains m’ont fait signe d’être à l’enfant-très-femme ;
et parlant de profil, comme à des yeux fermés,
Ils ont dit très-doux :
Nous sommes ceux venus vers vous
et d’annonciation vers la bien-aimée.
plaie
Tu
œil ici :
Éternel
J’ai
Il
Que Vous !…
Que nous !…
Tour de Nesle
Château de Presle
Temps frais,
— Après. —
Frisette
Que Toi !…
Que moi !
Flanqué,
Masqué.
Au vent,
— Avant !…
Quel pas !
Bien bas !
Printemps,
Vingt-ans !
Des dieux !
Aux cieux !
Mon front…
Le pont.
Muguet !
Le guet !
Des coucous l’Angélus
la brouette
De la Mort
L’œil tué n’est pas mort
Un coin le fend encor
L’œil cloué n’est pas mort
Et le coin entre encor
Deus misericors
Les oiseaux croque-morts
Ont donc peur à mon corps
Lamma lamma sabacthani
Colombes de la Mort
Soiffez après mon corps
Rouge comme un sabord
La plaie est sur le bord
Je vois des cercles d’or
Le soleil blanc me mord
Je vois un cercle d’or
Le feu d’en haut me mord
Dans la moelle se tord
Une larme qui sort
Miserere, De profundis
Dans mon crâne se tord
Du soufre en pleur qui sort
Bienheureux le bon mort
Le mort sauvé qui dort
Ô bienheureux le mort
Le mort jugé qui dort
Un Chevalier dehors
Repose sans remords
L’homme en pierre dehors
A deux yeux sans remords
Ho je vous sens encor
Landes jaunes d’Armor
À toi je baye encor
Ô ciel défunt d’Armor
Pardon de prier fort
Seigneur si c’est le sort
Pardon de crier fort
Seigneur contre le sort
J’entends le vent du nord
Qui bugle comme un cor
J’entends le glas du cor
L’homme
La tête comme un bon cercueil.
Avec un légitime orgueil…
À l’œil
rebus
trompe-d’Eustache
De chic
Le silence est d’or (Saint Jean Chrysostome)
Si
Te boirais !
Roserais !
Te dirais…
Si j’étais !…
Quêterais !
Jetterais !
L’éteindrais !
Grimperais !
Te ferais…
Señora
— Ouvrirais ! —
Pas
En
Ma sœur d’amour !…
Tertre de deuil !
de mon
Ton remorqueur !…
Ton souvenir !
Pendant un grain !
Ton doux ennui…
Posée
Tu seras la mouette blessée
Et moi le flot qu’elle rasa
Et cætera.
Qu’une cloison.
Pour sommeiller.
— Comme l’oubli ! —
Un pilotin.
Dors d’amour, méchant ferreur de cigales !
Dans le chiendent qui te couvrira
La cigale aussi pour toi chantera,
Joyeuse, avec ses petites cymbales.
La rosée aura des pleurs matinales ;
Et le muguet blanc fait un joli drap…
Dors d’amour, méchant ferreur de cigales.
La Muse camarde ici posera,
Sur ta bouche noire encore elle aura
Ces rimes qui vont aux moelles des pâles…
Dors d’amour, méchant ferreur de cigales.
Va
Que
l’amitié calmée ;
Insomnie
Hosannah
Kriss
Je
En cigarette,
M’envole au jour.
Nul ne me voit.
— Je suis si laid ! —
Une amourette,
Ah
Un vitrier
Qu’un bouclier !…
Souffler, ce soir ;
De mon rasoir !
Vais aiguiser,
Mon dur baiser :
Ou bien mes vers !
Ou bien vos nerfs ?
Ou bien vos dents…
Aux yeux dardants !
Ô plombs croisés !…
Carreaux cassés ?
Ange là-bas !…
Les habits bas ?
C’est le bourreau !
C’est Figaro.
Ton numéro
Qu’un grand ZÉRO.
Ne
chic
Nous bandons à la gueule,
Fond troué d’arlequin.
Qu’ils
Le Moi humain est haïssable
Déchanté,
Attouchez
Ni ne retient à son escient.
luxurieuse
De corps et de consentement !…
Et de chair
Sauf le vendredi — seulement :
En fait : carême entièrement.
… Une autre se donne. — Ici l’On se damne —
C’est un tabernacle — ouvert — qu’on profane.
Bénitier où le serpent est caché !
Que l’Amour, ailleurs, comme un coq se chante…
CI-GÎT ! La pudeur-d’-attentat le hante…
C’est la Pomme (cuite) en fleur de pêché.
Rose
Jamais fanée,
Ô fausse-fleur !
Un fait-divers,
— Chiffres ou vers —
Qui nous embaume…
Après décès ;
Vapeur malsaine,
Hanté par l’ail !
Chaque nuit fiche
En diamant !
De la corolle
Pur calicot.
Tu dois renaître
Rose-pompon !
Un soir-matin,
Le clan rapin !
Souvent la mousse
— À 30 Cent.
Qui te retrempe ;
Sur fil-de-fer !…
De couperose,
Gilets vainqueurs !
Ici
Ici reviendra la fleurette blême.
font
été
le cid
Cavalier
N’entends-tu pas
Etna
Volcan !… Un peu moins… un peu plus…
Ce
ouvrir le bonhomme
Qui travaillait là — Faire rien. —
en charge
« — Est-ce l’art ?…
Et que Dieu l’aperçoit ;
Et chanter sur mon toit.
Sur le plus frais rosier ;
Est né dans mon foyer.
Bonjour, mon diamant ;
Qui viens du firmament,
De l’ange Gabriel,
Les portes d’or du ciel ?
L’angélique douceur ;
À sa petite sœur,
Oui, pour lui ressembler,
Tu pourrais t’envoler !
Oh ! sur terre, aime-moi !
Fragile comme toi.
Tous les pauvres petits ;
Les clefs du paradis.
Nul mage ne viendra
On ne te donnera
Qui pourraient te peser,
Aussi bien qu’un baiser. »
Du front jusques au cœur.
C’est perdre sa candeur ;
Sans t’en apercevoir :
Sont blancs sans le savoir. »
D’où l’enfant descendit,
Tout haut, j’aurais bien dit :
Candeur et pureté !
Donnez-lui la beauté !
Je l’admire et j’attends.
Et couleur du printemps.
Longs yeux noirs et jolis,
Où fleurit mon beau lis !
Le soir ramène le silence. Assis sur ces rochers déserts, Je suis dans le vague des airs Le char de la nuit qui s’avance. Vénus se lève à l’horizon ; À mes pieds l’étoile amoureuse De sa lueur mystérieuse Blanchit les tapis de gazon. De ce hêtre au feuillage sombre J’entends frissonner les rameaux : On dirait autour des tombeaux Qu’on entend voltiger une ombre. Tout à coup, détaché des cieux, Un rayon de l’astre nocturne, Glissant sur mon front taciturne, Vient mollement toucher mes yeux. Doux reflet d’un globe de flamme, Charmant rayon, que me veux-tu ? Viens-tu dans mon sein abattu Porter la lumière à mon âme ? Descends-tu pour me révéler Des mondes le divin mystère, Ces secrets cachés dans la sphère Où le jour va te rappeler ? Une secrète intelligence T’adresse-t-elle aux malheureux ? Viens-tu, la nuit, briller sur eux Comme un rayon de l’espérance ? Viens-tu dévoiler l’avenir Au cœur fatigué qui l’implore ? Rayon divin, es-tu l’aurore Du jour qui ne doit pas finir ? Mon cœur à ta clarté s’enflamme, Je sens des transports inconnus, Je songe a ceux qui ne sont plus : Douce lumière, es-tu leur âme ? Peut-être ces mânes heureux Glissent ainsi sur le bocage. Enveloppé de leur image, Je crois me sentir plus près d’eux ? Ah ! si c’est vous, ombres chéries, Loin de la foule et loin du bruit, Revenez ainsi chaque nuit Vous mêler à mes rêveries. Ramenez la paix et l’amour Au sein de mon âme épuisée, Comme la nocturne rosée Qui tombe après les feux du jour. Venez !… Mais des vapeurs funèbres Montent des bords de l’horizon : Elles voilent le doux rayon, Et tout rentre dans les ténèbres.
O toi qui m'apparus dans ce désert du monde,
Habitante du ciel, passagère en ces lieux !
O toi qui fis briller dans cette nuit profonde
Un rayon d'amour à mes yeux ;
A mes yeux étonnés montre-toi tout entière,
Dis-moi quel est ton nom, ton pays, ton destin.
Ton berceau fut-il sur la terre ?
Ou n'es-tu qu'un souffle divin ?
Vas-tu revoir demain l'éternelle lumière ?
Ou dans ce lieu d'exil, de deuil, et de misère,
Dois-tu poursuivre encor ton pénible chemin ?
Ah ! quel que soit ton nom, ton destin, ta patrie,
Ou fille de la terre, ou du divin séjour,
Ah ! laisse-moi, toute ma vie,
T'offrir mon culte ou mon amour.
Si tu dois, comme nous, achever ta carrière,
Sois mon appui, mon guide, et souffre qu'en tous lieux,
De tes pas adorés je baise la poussière.
Mais si tu prends ton vol, et si, loin de nos yeux,
Sœur des anges, bientôt tu remontes près d'eux,
Après m'avoir aimé quelques jours sur la terre,
Souviens-toi de moi dans les cieux.
Le soleil de nos jours pâlit dès son aurore ; Sur nos fronts languissants à peine il jette encore Quelques rayons tremblants qui combattent la nuit : L’ombre croît, le jour meurt, tout s’efface et tout fuit. Qu’un autre à cet aspect frissonna et s’attendrisse, Qu’il recule en tremblant des bords du précipice, Qu’il ne puisse de loin entendre sans frémir Le triste chant des morts tout prêt à retentir, Les soupirs étouffés d’une amante ou d’un frère Suspendus sur les bords de son lit funéraire, Ou l’airain gémissant, dont les sons éperdus Annoncent aux mortels qu’un malheureux n’est plus ! Je te salue, ô mort ! Libérateur céleste, Tu ne m’apparais point sous cet aspect funeste Que t’a prêté longtemps l’épouvante ou l’erreur ; Ton bras n’est point armé d’un glaive destructeur, Ton front n’est point cruel, ton œil n’est point perfide ; Au secours des douleurs un Dieu clément te guide ; Tu n’anéantis pas, tu délivres : ta main, Céleste messager, porte un flambeau divin : Quand mon œil fatigué se ferme à la lumière, Tu viens d’un jour plus pur inonder ma paupière ; Et l’espoir près de toi, rêvant sur un tombeau, Appuyé sur la foi, m’ouvre un monde plus beau. Viens donc, viens détacher mes chaînes corporelles ! Viens, ouvre ma prison ; viens, prête-moi tes ailes ! Que tarde-tu ? Parais ; que je m’élance enfin Vers cet être inconnu, mon principe et ma fin. Qui m’en a détaché ? Qui suis-je, et que dois-je être ? Je meurs, et ne sais pas ce que c’est que de naître. Toi qu’en vain j’interroge, esprit, hôte inconnu, Avant de m’animer, quel ciel habitais-tu : Quel pouvoir t’a jeté sur ce globe fragile ? Quelle main t’enferma dans ta prison d’argile ? Par quels nœuds étonnants, par quels secrets rapports Le corps tient-il à toi comme tu tiens au corps ? Quel jour séparera l’âme de la matière ? Pour quel nouveau palais quitteras-tu la terre ? As-tu tout oublié ? Par delà le tombeau, Vas-tu renaître encor dans un oubli nouveau ? Vas-tu recommencer une semblable vie ? Ou dans le sein de Dieu, ta source et ta patrie, Affranchi pour jamais de tes liens mortels, Vas-tu jouir enfin de tes droits éternels ? Oui, tel est mon espoir, ô moitié de ma vie ! C’est par lui que déjà mon âme raffermie A pu voir sans effroi sur tes traits enchanteurs Se faner du printemps les brillantes couleurs ; C’est par lui que, percé du trait qui me déchire, Jeune encore, en mourant vous me verrez sourire, Et que des pleurs de joie, à nos derniers adieux, À ton dernier regard, brilleront dans mes yeux. Vain espoir ! s’écrîra le troupeau d’Épicure, Et celui dont la main disséquant la nature, Dans un coin du cerveau nouvellement décrit, Voit penser la matière et végéter l’esprit. Insensé, diront-ils, que trop d’orgueil abuse, Regarde autour de toi : tout commence et tout s’use, Tout marche vers un terme et tout naît pour mourir : Dans ces prés jaunissants tu vois la fleur languir, Tu vois dans ces forêts le cèdre au front superbe Sous le poids de ses ans tomber, ramper sous l’herbe ; Dans leurs lits desséchés tu vois les mers tarir ; Les cieux même, les cieux commencent à pâlir ; Cet astre dont le temps a caché la naissance, Le soleil, comme nous, marche à sa décadence, Et dans les cieux déserts les mortels éperdus Le chercheront un jour, et ne le verront plus ! Tu vois autour de toi dans la nature entière Les siècles entasser poussière sur poussière, Et le temps, d’un seul pas confondant ton orgueil, De tout ce qu’il produit devenir le cercueil. Et l’homme, et l’homme seul, ô sublime folie ! Au fond de son tombeau croit retrouver la vie, Et dans le tourbillon au néant emporté, Abattu par le temps, rêve l’éternité ! Qu’un autre vous réponde, ô sages de la terre ! Laissez-moi mon erreur : j’aime, il faut que j’espère ; Notre faible raison se trouble et se confond. Oui, la raison se tait ; mais l’instinct vous répond. Pour moi, quand je verrais dans les célestes plaines Les astres, s’écartant de leurs routes certaines, Dans les champs de l’éther l’un par l’autre heurtés, Parcourir au hasard les cieux épouvantés ; Quand j’entendrais gémir et se briser la terre ; Quand je verrais son globe errant et solitaire, Flottant loin des soleils, pleurant l’homme détruit, Se perdre dans les champs de l’éternelle nuit ; Et quand, dernier témoin de ces scènes funèbres, Entouré du chaos, de la mort, des ténèbres, Seul je serais debout : seul, malgré mon effroi, Être infaillible et bon, j’espérerais en toi ; Et, certain du retour de l’éternelle aurore, Sur les mondes détruits je t’attendrais encore ! Souvent, tu t’en souviens, dans cet heureux séjour Où naquit d’un regard notre immortel amour, Tantôt sur les sommets de ces rochers antiques, Tantôt aux bords déserts des lacs mélancoliques, Sur l’aile du désir, loin du monde emportés, Je plongeais avec toi dans ces obscurités. Les ombres, à longs plis descendant des montagnes, Un moment à nos yeux dérobaient les campagnes ; Mais bientôt, s’avançant sans éclat et sans bruit, Le chœur mystérieux des astres de la nuit, Nous rendant les objets voilés a notre vue, De ses molles lueurs revêtait l’étendue. Telle, en nos temples saints par le jour éclairés, Quand les rayons du soir palissent par degrés, La lampe, répandant sa pieuse lumière, D’un jour plus recueilli remplit le sanctuaire. Dans ton ivresse alors tu ramenais mes yeux Et des cieux à la terre, et de la terre aux cieux : Dieu caché, disais-tu, la nature est ton temple ! L’esprit te voit partout quand notre œil la contemple ; De tes perfections, qu’il cherche a concevoir, Ce monde est le reflet, l’image, le miroir ; Le jour est ton regard, la beauté ton sourire ; Partout le cœur t’adore et l’âme te respire ; Éternel, infini, tout-puissant et tout bon, Ces vastes attributs n’achèvent pas ton nom ; Et l’esprit, accablé sous ta sublime essence, Célèbre ta grandeur jusque dans ton silence. Et cependant, ô Dieu ! par sa sublime loi, Cet esprit abattu s’élance encore à toi, Et, sentant que l’amour est la fin de son être, Impatient d’aimer, brûle de te connaître. Tu disais ; et nos cœurs unissaient leurs soupirs Vers cet être inconnu qu’attestaient nos désirs : À genoux devant lui, l’aimant dans ses ouvrages, Et l’aurore et le soir lui portaient nos hommages, Et nos yeux enivrés contemplaient tour à tour La terre notre exil, et le ciel son séjour. Ah ! si dans ces instants où l’âme fugitive S’élance et veut briser le sein qui la captive, Ce Dieu, du haut du ciel répondant a nos vœux, D’un trait libérateur nous eût frappés tous deux ; Nos âmes, d’un seul bond remontant vers leur source, Ensemble auraient franchi les mondes dans leur course ; À travers l’infini, sur l’aile de l’amour, Elles auraient monté comme un rayon du jour, Et, jusqu’à Dieu lui-même arrivant éperdues, Se seraient dans son sein pour jamais confondues ! Ces vœux nous trompaient-ils ? Au néant destinés, Est-ce pour le néant que les êtres sont nés ? Partageant le destin du corps qui la recèle, Dans la nuit du tombeau l’âme s’engloutit-elle ? Tombe-t-elle en poussière ? ou, prête à s’envoler, Comme un son qui n’est plus va-t-elle s’exhaler ? Après un vain soupir, après l’adieu suprême De tout ce qui t’aimait, n’est-il plus rien qui t’aime ?… Ah ! sur ce grand secret n’interroge que toi ! Vois mourir ce qui t’aime, Elvire, et réponds-moi !
En vain le jour succède au jour, Ils glissent sans laisser de trace ; Dans mon âme rien ne t’efface, Ô dernier songe de l’amour ! Je vois mes rapides années S’accumuler derrière moi, Comme le chêne autour de soi Voit tomber ses feuilles fanées. Mon front est blanchi par le temps ; Mon sang refroidi coule à peine, Semblable à cette onde qu’enchaîne Le souffle glace des autans. Mais ta jeune et brillante image, Que le regret vient embellir, Dans mon sein ne saurait vieillir : Comme l’âme, elle n’a point d’âge. Non, tu n’as pas quitté mes yeux ; Et quand mon regard solitaire Cessa de te voir sur la terre, Soudain je te vis dans les cieux. La, tu m’apparais telle encore Que tu fus à ce dernier jour, Quand vers ton céleste séjour Tu t’envolas avec l’aurore. Ta pure et touchante beauté Dans les cieux même t’a suivie ; Tes yeux, où s’éteignait la vie, Rayonnent d’immortalité ! Du zéphyr l’amoureuse haleine Soulève encor tes longs cheveux ; Sur ton sein leurs flots onduleux Retombent en tresses d’ébène. L’ombre de ce voile incertain Adoucit encor ton image, Comme l’aube qui se dégage Des derniers voiles du matin. Du soleil la céleste flamme Avec les jours revient et fuit ; Mais mon amour n’a pas de nuit, Et tu luis toujours sur mon âme. C’est toi que j’entends, que je vois : Dans le désert, dans le nuage ; L’onde réfléchit ton image ; Le zéphyr m’apporte ta voix. Tandis que la terre sommeille, Si j’entends le vent soupirer, Je crois t’entendre murmurer Des mots sacrés à mon oreille. Si j’admire ces feux épars Qui des nuits parsèment le voile, Je crois te voir dans chaque étoile Qui plaît, le plus à mes regards. Et si le souffle du zéphyre M’enivre du parfum des fleurs, Dans ses plus suaves odeurs C’est ton souffle que je respire. C’est ta main qui sèche mes pleurs, Quand je vais, triste et solitaire, Répandre en secret ma prière Près des autels consolateurs. Quand je dors, tu veilles dans l’ombre ; Tes ailes reposent sur moi ; Tous mes songes viennent de toi, Doux comme le regard d’une ombre. Pendant mon sommeil, si ta main De mes jours déliait la trame, Céleste moitié de mon âme, J’irais m’éveiller dans ton sein ! Comme deux rayons de l’aurore, Comme deux soupirs confondus, Nos deux âmes ne forment plus Qu’une âme, et je soupire encore !
Quoi ! le fils du néant a maudit l’existence ! Quoi ! tu peux m’accuser de mes propres bienfaits ! Tu peux fermer tes yeux à la magnificence Des dons que je t’ai faits ! Tu n’étais pas encor, créature insensée, Déjà de ton bonheur j’enfantais le dessein ; Déjà, comme son fruit, l’éternelle pensée Te portait dans son sein. Oui, ton être futur vivait dans ma mémoire ; Je préparais les temps selon ma volonté. Enfin ce jour parut ; je dis : Nais pour ma gloire Et ta félicité ! Tu naquis : ma tendresse, invisible et présente, Ne livra pas mon œuvre aux chances du hasard ; J’échauffai de tes sens la séve languissante Des feux de mon regard. D’un lait mystérieux je remplis la mamelle ; Tu t’enivras sans peine à ces sources d’amour. J’affermis les ressorts, j’arrondis la prunelle Où se peignit le jour. Ton âme, quelque temps par les sens éclipsée, Comme tes yeux au jour, s’ouvrit à la raison : Tu pensas ; la parole acheva ta pensée, Et j’y gravai mon nom. En quel éclatant caractère Ce grand nom s’offrit a tes yeux ! Tu vis ma bonté sur la terre, Tu lus ma grandeur dans les cieux ! L’ordre était mon intelligence ; La nature, ma providence ; L’espace, mon immensité ! Et, de mon être ombre altérée, Le temps te peignit ma durée, Et le destin, ma volonté ! Tu m’adoras dans ma puissance, Tu me bénis dans ton bonheur, Et tu marchas en ma présence Dans la simplicité du cœur ; Mais aujourd’hui que l’infortune A couvert d’une ombre importune Ces vives clartés du réveil, Ta voix m’interroge et me blâme, Le nuage couvre ton âme, Et tu ne crois plus au soleil. « Non, tu n’es plus qu’un grand problème » Que le sort offre à la raison ; » Si ce monde était son emblème, » Ce monde serait juste et bon. » Arrête, orgueilleuse pensée ! À la loi que je t’ai tracée Tu prétends comparer ma loi ? Connais leur différence auguste : Tu n’as qu’un jour pour être juste ; J’ai l’éternité devant moi ! Quand les voiles de ma sagesse À tes yeux seront abattus, Ces maux dont gémit ta faiblesse Seront transformés en vertus. De ces obscurités cessantes Tu verras sortir triomphantes Ma justice et ta liberté : C’est la flamme qui purifie Le creuset divin où la vie Se change en immortalité ! Mais ton cœur endurci doute et murmure encore : Ce jour ne suffit pas à tes yeux révoltés, Et dans la nuit des sens tu voudrais voir éclore De l’éternelle aurore Les célestes clartés ! Attends ; ce demi-jour, mêlé d’une ombre obscure, Suffit pour te guider en ce terrestre lieu : Regarde qui je suis, et marche sans murmure, Comme fait la nature Sur la foi de son Dieu. La terre ne sait pas la loi qui la féconde : L’Océan, refoulé sous mon bras tout-puissant, Sait-il comment, au gré du nocturne croissant, De sa prison profonde La mer vomit son onde, Et des bords qu’elle inonde Recule en mugissant ? Ce soleil éclatant, ombre de la lumière, Sait-il où le conduit le signe de ma main ? S’est-il tracé lui-même un glorieux chemin ? Au bout de sa carrière, Quand j’éteins sa lumière, Promet-il à la terre Le soleil de demain ? Cependant tout subsiste et marche en assurance. Ma voix chaque matin réveille l’univers ; J’appelle le soleil du fond de ses déserts : Franchissant la distance, Il monte en ma présence, Me répond, et s’élance Sur le trône des airs ! Et toi, dont mon souffle est la vie, Toi, sur qui mes yeux sont ouverts, Peux-tu craindre que je t’oublie, Homme, roi de cet univers ? Crois-tu que ma vertu sommeille ? Non, mon regard immense veille Sur tous les mondes à la fois ! La mer qui fuit a ma parole, Ou la poussière qui s’envole, Suivent et comprennent mes lois. Marche au flambeau de l’espérance Jusque dans l’ombre du trépas, Assuré que ma providence Ne tend point de piége à tes pas ! Chaque aurore la justifie, L’univers entier s’y confie, Et l’homme seul en a douté ! Mais ma vengeance paternelle Confondra ce doute infidèle Dans l’abîme de ma bonté.
Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ; Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ; Il serpente et s’enfonce en un lointain obscur ; Là, le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l’étoile du soir se lève dans l’azur. Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres Le crépuscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte et blanchit déjà les bords de l’horizon. Cependant, s’élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs : Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N’éprouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu’une âme errante : Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant, Je parcours tous les points de l’immense étendue, Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend. Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! Quand le tour du soleil ou commence ou s’achève, D’un œil indifférant je le suis dans son cours ; En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève, Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours. Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière, Mes yeux verraient partout le vide et les déserts ; Je ne désire rien de tout ce qu’il éclaire ; Je ne demande rien à l’immense univers. Mais peut-être au delà des bornes de sa sphère, Lieux où le vrai soleil éclaire d’autres cieux, Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre, Ce que j’ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux ! Là, je m’enivrerais à la source où j’aspire ; Là, je retrouverais et l’espoir et l’amour, Et ce bien idéal que toute âme désire, Et qui n’a pas de nom au terrestre séjour ! Que ne puis-je, porté sur le char de l’aurore, Vague objet de mes vœux, m’élancer jusqu’à toi ! Sur la terre d’exil pourquoi resté-je encore ? Il n’est rien de commun entre la terre et moi. Quand la fouille des bois tombe dans la prairie, Le vent du soir s’élève et l’arrache aux vallons ; Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie : Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
Oui, l’Anio murmure encore Le doux nom de Cinthie aux rochers de Tibur ; Vaucluse a retenu le nom chéri de Laure ; Et Ferrare au siècle futur Murmurera toujours celui d’Éléonore. Heureuse la beauté que le poëte adore ! Heureux le nom qu’il a chanté ! Toi qu’en secret son culte honore, Tu peux, tu peux mourir ! dans la postérité Il lègue à ce qu’il aime une éternelle vie ; Et l’amante et l’amant, sur l’aile du génie, Montent d’un vol égal à l’immortalité. Ah ! si mon frêle esquif, battu par la tempête, Grâce à des vents plus doux, pouvait surgir au port ; Si des soleils plus beaux se levaient sur ma tête ; Si les pleurs d’une amante, attendrissant le sort, Écartaient de mon front les ombres de la mort ; Peut-être… oui, pardonne, ô maître de la lyre ! Peut-être j’oserais (et que n’ose un amant ? ) Égaler mon audace à l’amour qui m’inspire, Et, dans des chants rivaux célébrant mon délire, De notre amour aussi laisser un monument ! Ainsi le voyageur qui, dans son court passage, Se repose un moment a l’abri du vallon, Sur l’arbre hospitalier dont il goûta l’ombrage, Avant que de partir, aime à graver son nom. Vois-tu comme tout change ou meurt dans la nature ? La terre perd ses fruits, les forêts leur parure ; Le fleuve perd son onde au vaste sein des mers ; Par un souffle des vents la prairie est fanée ; Et le char de l’automne, au penchant de l’année, Roule, déjà poussé par la main des hivers ! Comme un géant armé d’un glaive inévitable, Atteignant au hasard tous les êtres divers, Le Temps avec la Mort, d’un vol infatigable, Renouvelle en fuyant ce mobile univers ! Dans l’éternel oubli tombe ce qu’il moissonne : Tel un rapide été voit tomber sa couronne Dans la corbeille des glaneurs ; Tel un pampre jauni voit la féconde automne Livrer ses fruits dorés au char des vendangeurs. Vous tomberez ainsi, courtes fleurs de la vie, Jeunesse, amour, plaisir, fugitive beauté ; Beauté, présent d’un jour que le ciel nous envie, Ainsi vous tomberez, si la main du génie Ne vous rend l’immortalité ! Vois d’un œil de pitié la vulgaire jeunesse, Brillante de beauté, s’enivrant de plaisir : Quand elle aura tari sa coupe enchanteresse, Que restera-t-il d’elle ? à peine un souvenir : Le tombeau qui l’attend l’engloutit tout entière, Un silence éternel succède à ses amours ; Mais les siècles auront passé sur ta poussière, Elvire, et tu vivras toujours !
Lorsque du Créateur la parole féconde Dans une heure fatale eut enfanté le monde Des germes du chaos, De son œuvre imparfaite il détourna sa face Et, d’un pied dédaigneux le lançant dans l’espace, Rentra dans son repos. Va, dit-il, je te livre a ta propre misère ; Trop indigne à mes yeux d’amour ou de colère, Tu n’es rien devant moi : Roule au gré du hasard dans les déserts du vide ; Qu’a jamais loin de moi le Destin soit ton guide, Et le Malheur ton roi ! Il dit. Comme un vautour qui plonge sur sa proie, Le Malheur, à ces mots, pousse, en signe de joie, Un long gémissement ; Et, pressant l’univers dans sa serre cruelle, Embrasse pour jamais de sa rage éternelle L’éternel aliment. Le mal dès lors régna dans son immense empire ; Dès lors tout ce qui pense et tout ce qui respire Commença de souffrir ; Et la terre, et le ciel, et l’âme, et la matière, Tout gémit ; et la voix de la nature entière Ne fut qu’un long soupir. Levez donc vos regards vers les célestes plaines ; Cherchez Dieu dans son œuvre, invoquez dans vos peines Ce grand consolateur : Malheureux ! sa bonté de son œuvre est absente : Vous cherchez votre appui ? l’univers vous présente Votre persécuteur. De quel nom te nommer, ô fatale puissance ? Qu’on t’appelle Destin, Nature, Providence, Inconcevable loi ; Qu’on tremble sous ta main, ou bien qu’on la blasphème, Soumis ou révolté, qu’on te craigne ou qu’on t’aime ; Toujours, c’est toujours toi ! Hélas ! ainsi que vous j’invoquai l’Espérance ; Mon esprit abusé but avec complaisance Son philtre empoisonneur : C’est elle qui, poussant nos pas dans les abîmes, De festons et de fleurs couronne les victimes Qu’elle livre au Malheur. Si du moins au hasard il décimait les hommes, Ou si sa main tombait sur tous tant que nous sommes Avec d’égales lois ! Mais les siècles ont vu les âmes magnanimes, La beauté, le génie, ou les vertus sublimes, Victimes de son choix. Tel, quand des dieux de sang voulaient en sacrifices Des troupeaux innocents les sanglantes prémices Dans leurs temples cruels, De cent taureaux choisis on formait l’hécatombe, Et l’agneau sans souillure, ou la blanche colombe, Engraissaient leurs autels. Créateur tout-puissant, principe de tout être ; Toi pour qui le possible existe avant de naître, Roi de l’immensité, Tu pouvais cependant, au gré de ton envie, Puiser pour tes enfants le bonheur et la vie Dans ton éternité ! Sans t’épuiser jamais, sur toute la nature Tu pouvais à longs flots répandre sans mesure Un bonheur absolu : L’espace, le pouvoir, le temps, rien ne te coûte. Ah ! ma raison frémit ! tu le pouvais sans doute, Tu ne l’as pas voulu. Quel crime avons-nous fait pour mériter de naître ? L’insensible néant t’a-t-il demandé l’être, Ou l’a-t-il accepté ? Sommes-nous, ô hasard, l’œuvre de tes caprices ? Ou plutôt, Dieu cruel, fallait-il nos supplices Pour ta félicité ? Montez donc vers le ciel, montez, encens qu’il aime, Soupirs, gémissements, larmes, sanglots, blasphème, Plaisirs, concerts divins ; Cris du sang, voix des morts, plaintes inextinguibles, Montez, allez frapper les voûtes insensibles Du palais des destins ! Terre, élève ta voix ; cieux, répondez ; abîmes, Noir séjour où la mort entasse ses victimes, Ne formez qu’un soupir ! Qu’une plainte éternelle accuse la nature Et que la douleur donne à toute créature Une voix pour gémir ! Du jour où la nature, au néant arrachée, S’échappa de tes mains comme une œuvre ébauchée, Qu’as-tu vu cependant ? Aux désordres du mal la matière asservie, Toute chair gémissante, hélas ! et toute vie Jalouse du néant ! Des éléments rivaux les luttes intestines ; Le Temps, qui flétrit tout, assis sur les ruines Qu’entassèrent ses mains, Attendant sur le seuil les œuvres éphémères ; Et la mort étouffant, dès le sein de leurs mères, Les germes des humains ! La vertu succombant sous l’audace impunie, L’imposture en honneur, la vérité bannie ; L’errante liberté Aux dieux vivants du monde offerte en sacrifice ; Et la force, partout, fondant de l’injustice Le règne illimité ! La valeur sans les dieux décidant les batailles ! Un Caton libre encor déchirant ses entrailles Sur la foi de Platon ; Un Brutus qui, mourant pour la vertu qu’il aime, Doute au dernier moment de cette vertu même, Et dit : Tu n’es qu’un nom !… La fortune toujours du parti des grands crimes ; Les forfaits couronnés devenus légitimes ; La gloire au prix du sang ; Les enfants héritant l’iniquité des pères ; Et le siècle qui meurt racontant ses misères Au siècle renaissant ! Hé quoi ! tant de tourments, de forfaits, de supplices, N’ont-ils pas fait fumer d’assez de sacrifices Tes lugubres autels ? Ce soleil, vieux témoin des malheurs de la terre, Ne fera-t-il pas naître un seul jour qui n’éclaire L’angoisse des mortels ? Héritiers des douleurs, victimes de la vie, Non, non, n’espérez pas que sa rage assouvie Endorme le Malheur, Jusqu’à ce que la Mort, ouvrant son aile immense, Engloutisse à jamais dans l’éternel silence L’éternelle douleur !
Mon cœur, lassé de tout, même de l’espérance, N’ira plus de ses vœux importuner le sort ; Prêtez-moi seulement, vallon de mon enfance, Un asile d’un jour pour attendre la mort. Voici l’étroit sentier de l’obscure vallée : Du flanc de ces coteaux pendent des bois épais, Qui, courbant sur mon front leur ombre entremêlée, Me couvrent tout entier de silence et de paix. Là, deux ruisseaux cachés sous des ponts de verdure Tracent en serpentant les contours du vallon ; Ils mêlent un moment leur onde et leur murmure, Et non loin de leur source ils se perdent sans nom. La source de mes jours comme eux s’est écoulée ; Elle a passé sans bruit, sans nom et sans retour : Mais leur onde est limpide, et mon âme troublée N’aura pas réfléchi les clartés d’un beau jour. La fraîcheur de leurs lits, l’ombre qui les couronne, M’enchaînent tout le jour sur les bords des ruisseaux ; Comme un enfant bercé par un chant monotone, Mon âme s’assoupit au murmure des eaux. Ah ! c’est là qu’entouré d’un rempart de verdure, D’un horizon borné qui suffit à mes yeux, J’aime à fixer mes pas, et, seul dans la nature, À n’entendre que l’onde, a ne voir que les cieux. J’ai trop vu, trop senti, trop aimé dans ma vie ; Je viens chercher vivant le calme du Léthé. Beaux lieux, soyez pour moi les bords où l’on oublie : L’oubli seul désormais est ma félicité. Mon cœur est en repos, mon âme est en silence ; Le bruit lointain du monde expire en arrivant, Comme un son éloigné qu’affaiblit la distance, À l’oreille incertaine apporté par le vent. D’ici je vois la vie, à travers un nuage, S’évanouir pour moi dans l’ombre du passé ; L’amour seul est resté, comme une grande image Survit seule au réveil dans un songe effacé. Repose-toi, mon âme, en ce dernier asile, Ainsi qu’un voyageur qui, le cœur plein d’espoir, S’assied, avant d’entrer, aux portes de la ville, Et respire un moment l’air embaumé du soir. Comme lui, de nos pieds secouons la poussière ; L’homme par ce chemin ne repasse jamais : Comme lui, respirons au bout de la carrière Ce calme avant-coureur de l’éternelle paix. Tes jours, sombres et courts comme les jours d’automne, Déclinent comme l’ombre au penchant des coteaux ; L’amitié te trahit, la pitié t’abandonne, Et, seule, tu descends le sentier des tombeaux. Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ; Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours : Quand tout change pour toi, la nature est la même, Et le même soleil se lève sur tes jours. De lumière et d’ombrage elle t’entoure encore : Détache ton amour des faux biens que tu perds ; Adore ici l’écho qu’adorait Pythagore, Prête avec lui l’oreille aux célestes concerts. Suis le jour dans le ciel, suis l’ombre sur la terre ; Dans les plaines de l’air vole avec l’aquilon ; Avec le doux rayon de l’astre du mystère. Glisse à travers les bois dans l’ombre du vallon. Dieu, pour le concevoir, a fait l’intelligence : Sous la nature enfin découvre son auteur ! Une voix à l’esprit parle dans son silence : Qui n’a pas entendu cette voix dans son cœur ?
Par les soirs où le ciel est pur et transparent,
Que tes flots sont amers, noire mélancolie !
Mon cœur est un lutteur fatigué qui se rend,
L’image du bonheur flotte au loin avilie.
Oh ! qu’il me fait de mal ton charme pénétrant !
L’image du bonheur flotte au loin avilie,
L’espoir qui me berçait râle ainsi qu’un mourant.
Morne tristesse, effroi voisin de la folie !
L’espoir qui me berçait râle ainsi qu’un mourant ;
Tout en moi, hors la peine effroyable, s’oublie.
Morne tristesse, effroi voisin de la folie,
Fleuves sombres, mon œil plonge en votre courant ;
Tout en moi, hors la peine effroyable, s’oublie,
La peine, gouffre avide et toujours m’attirant !
devoir
Liberté, dévoûment, amour, paix et concorde
5 septembre
Maintenant
Août 1888.
Tu
Cette
1888
Vos
J
Juin 1889.
L’ennui
Dans
Juillet 1884.
Nulle
Je
Québec, 12 janvier 1858.
À Maurice Rollinat.
À Guy.
À Henry Cros.
Il a tout fait, tous les métiers. Sa simple vie
Se passe loin du bruit, loin des cris de l’envie
Et des ambitions vaines du boulevard.
Pour ce jour attendu, qui s’annonce blafard,
Les savants ont prédit, avant l’heure où se couche
Le soleil, une éclipse. Et sa maîtresse accouche,
Apportant un enfant parmi tant de soucis !
Il compte, pour dîner, sur ses verres noircis.
Carrières de Montmartre, en vos antres de gypse,
Abritez le marchand de verres pour éclipse !
À Laure Bernard.
À May.
À Arsène Houssaye.
Elle dort. L’obscur artiste
Sans rien de triste.
Sous le voile des paupières,
Dans ses prières.
La chair apparaît rebelle,
Qu’elle était belle.
Ces bras, en d’étroites manches,
Leurs chaînes blanches.
Attendant une caresse,
De sa maîtresse.
Les splendeurs seigneuriales,
Des grandes salles,
D’emblématiques sculptures,
Sur les tentures.
Des gens dont la chambre est pleine,
La châtelaine ?
Les fiertés intérieures,
Un livre d’heures.
Fière de sa beauté rare,
Qui se prépare.
Celle-ci fut mise en terre.
Qu’elle ait pu faire.
Au souffle de l’infidèle,
Qu’il avait d’elle.
La chair perverse est tuée ;
Perpétuée.
Déjà la vie ardente incline vers le soir,
Respire ta jeunesse,
Le temps est court qui va de la vigne au pressoir,
De l'aube au jour qui baisse,
Garde ton âme ouverte aux parfums d'alentour,
Aux mouvements de l'onde,
Aime l'effort, l'espoir, l'orgueil, aime l'amour,
C'est la chose profonde;
Combien s'en sont allés de tous les cœurs vivants
Au séjour solitaire
Sans avoir bu le miel ni respiré le vent
Des matins de la terre,
Combien s'en sont allés qui ce soir sont pareils
Aux racines des ronces,
Et qui n'ont pas goûté la vie où le soleil
Se déploie et s'enfonce.
Ils n'ont pas répandu les essences et l'or
Dont leurs mains étaient pleines,
Les voici maintenant dans cette ombre où l'on dort
Sans rêve et sans haleine ;
— Toi, vis, sois innombrable à force de désirs
De frissons et d'extase,
Penche sur les chemins où l'homme doit servir
Ton âme comme un vase,
Mêlé aux jeux des jours, presse contre ton sein
La vie âpre et farouche ;
Que la joie et l'amour chantent comme un essaim
D'abeilles sur ta bouche.
Et puis regarde fuir, sans regret ni tourment
Les rives infidèles,
Ayant donné ton cœur et ton consentement
À la nuit éternelle.
Ma France, quand on a nourri son cœur latin
Du lait de votre Gaule,
Quand on a pris sa vie en vous comme le thym
La fougère et le saule,
Quand on a bien aimé vos forêts et vos eaux,
L’odeur de vos feuillages,
La couleur de vos jours, le chant de vos oiseaux,
Dès l’aube de son âge.
Quand amoureux du goût de vos bonnes saisons
Chaudes comme la laine,
On a fixé son âme et bâti sa maison
Au bord de votre Seine,
Quand on n’a jamais vu se lever le soleil
Ni la lune renaître
Ailleurs que sur vos champs, que sur vos blés vermeils,
Vos chênes et vos hêtres,
Quand jaloux de goûter le vin de vos pressoirs,
Vos fruits et vos châtaignes,
On a bien médité dans la paix de vos soirs
Les livres de Montaigne,
Quand pendant vos étés luisants, où les lézards
Sont verts comme des fèves.
On a senti fleurir les chansons de Ronsard
Au jardin de son rêve,
Quand on a respiré les automnes sereins
Où coulent vos résines,
Quand on a senti vivre et pleurer dans son sein
Le cœur de Jean Racine,
Quand votre nom, miroir de toute vérité,
Émeut comme un visage,
Alors on a conclu avec votre beauté
Un si fort mariage
Que l’on ne sait plus bien, quand l’azur de votre œil
Sur le monde flamboie,
Si c’est dans sa tendresse ou bien dans son orgueil
Qu’on a le plus de joie...
Je demande en mariage La fille d’un roi, Avec ou sans alliage : Plutôt sans, ma foi. Mais je la voudrais très belle, Et voudrais encor Qu’elle eût une ribambelle De beaux écus d’or. Certes, un lyreur irritable N’est pas un miché, Mais c’est un parti sortable, Sinon recherché. Je ne suis pas sans fortune, D’ailleurs, savez-vous ? J’ai mes terrains de la lune Semés de cailloux ; J’ai de l’air sur la montagne… Je ne compte pas Mille châteaux en Espagne, Tout là-bas, là-bas… Ni mes palais sur le sable, Mes rêves en l’air, C’est quelque chose, que diable ! Ni ma part d’enfer. Ma reine ! je l’ai trouvée Plus splendide encor Que je ne l’avais rêvée : En chair et en or ! Eh bien ! nous ferons la noce Quand le mois de mai Roulera sur son carrosse De roses gemmé. Nous n’irons pas à l’église, Mince d’horizon ! — Quatre murs, quoi qu’on dise Sont toujours prison. Mais dans la forêt voisine, Sous le grand ciel bleu ; Les forêts sont, j’imagine, Plus pleines de Dieu. N’aurons non plus de prêtaille En habits de paon, Dont la voix nasille et braille : Balaban, ban ban. Je ne veux pour tous murmures Sous les verts arceaux, Que le chant dans les ramures Des petits oiseaux. Et les pins mélancoliques Pour mon cœur fervent Seront les orgues mystiques, Si souffle le vent. Les cieux, comme une féerie, Seront éclatants : Poète qui se marie A toujours beau temps. Si, comme témoins, ma mie, Et comme invités A toute une académie De rois hauts cotés De seigneurs sans importance… — Car je ne saurais L’en empêcher, comme on pense, Pour avoir la paix ; J’en aurai, moi, de plus chouettes Et sans nul arroi, Car ce sera des poètes, Des gueux comme moi. Après la cérémonie… Quoi, me dira-t-on, La noce est-elle finie Sans un gueuleton ? Ah ! loin de moi ces pensées C’est me faire affront. Des tables seront dressées Qui s’écrouleront Sous mille vins délectables, Mille vins rêvés. Je dirai aux pauvres diables : Mangez et buvez. N’épargnez pas la popotte, Puisque, aussi bien, c’est Elle qui paiera la note Dessus son budget. Et je dirai à ma reine : « M’amour, donne-leur À tous une bourse pleine Avec une fleur ; La fleur où le rire éclate, Pour leur rappeler De ta bouche délicate Le galant parler ; Et la bourse où l’or flamboie, Pour — uniquement — Leur donner un peu de joie Pendant un moment. Ils célébreront ta gloire Sur l’aile des vers, Et rediront ta mémoire Par tout l’univers. Nous, nous aurons, je l’espère, Des enfants, un jour, Qui feront, comme leur père, Des vers à leur tour.
Dans ce val solitaire et sombre, Le cerf, qui brame au bruit de l’eau, Penchant ses yeux dans un ruisseau, S’amuse à regarder son ombre. De ceste source une Naïade Tous les soirs ouvre le portal De sa demeure de crystal, Et nous chante une serenade. Les nymphes que la chasse attire À l’ombrage de ces forests Cherchent des cabinets secrets, Loin de l’embusche du satyre. Jadis au pied de ce grand chesne, Presque aussi vieux que le soleil, Bacchus, l’Amour et le Sommeil, Firent la fosse de Silene. Un froid et tenebreux silence Dort à l’ombre de ces ormeaux, Et les vents battent les rameaux D’une amoureuse violence. L’esprit plus retenu s’engage Au plaisir de ce doux sejour, Où Philomele nuit et jour Renouvelle un piteux langage. L’orfraye et le hibou s’y perche ; Icy vivent les loup-garous ; Jamais la justice en courroux Icy de criminels ne cherche. Icy l’amour faict ses estudes ; Venus y dresse des autels ; Et les visites des mortels Ne troublent point ces solitudes. Ceste forest n’est point profane, Ce ne fut point sans la fascher Qu’Amour y vint jadis cacher Le berger qu’enseignoit Diane. Amour pouvoit par innocence, Comme enfant, tendre icy des rets ; Et comme reine des forests, Diane avait cette licence. Cupidon, d’une douce flamme Ouvrant la nuict de ce valon, Mit devant les yeux d’Apollon Le garçon qu’il avoit dans l’ame. À l’ombrage de ce bois sombre Hyacinthe se retira, Et depuis le Soleil jura Qu’il seroit ennemi de l’ombre. Tout auprès le jaloux Borée, Pressé d’un amoureux tourment, Fut la mort de ce jeune amant, Encore par luy soupirée. Saincte forest, ma confidente, Je jure par le Dieu du jour Que je n’auray jamais amour Qui ne te soit toute evidente. Mon ange ira par cet ombrage ; Le Soleil, le voyant venir, Ressentira du souvenir L’accez de sa premiere rage. Corine, je te prie, approche ; Couchons-nous sur ce tapis vert, Et pour estre mieux à couvert, Entrons au creux de cette roche. Ouvre tes yeux, je te supplie : Mille Amours logent là-dedans, Et de leurs petits traicts ardans Ta prunelle est toute remplie. Amour de tes regards souspire, Et, ton esclave devenu, Se voit luy-mesme retenu, Dans les liens de son empire. Ô beauté sans doute immortelle, Où les Dieux trouvent des appas ! Par vos yeux je ne croyois pas Que vous fussiez du tout si belle. Qui voudroit faire une peinture Qui peust ses traicts representer, Il faudroit bien mieux inventer Que ne fera jamais nature. Tout un siecle les destinées Travaillerent après ses yeux, Et je croy que pour faire mieux Le temps n’a point assez d’années. D’une fierté pleine d’amorce, Ce beau visage a des regards, Qui jettent des feux et des dards Dont les Dieux aymeroient la force. Que ton teinct est de bonne grace ! Qu’il est blanc, et qu’il est vermeil ! Il est plus net que le Soleil, Et plus uni que de la glace. Mon Dieu ! que tes cheveux me plaisent ! Ils s’esbattent dessus ton front, Et les voyant beaux comme ils sont, Je suis jaloux quand ils te baisent. Belle bouche d’ambre et de roze, Ton entretien est desplaisant Si tu ne dis, en me baisant, Qu’aymer est une belle chose. D’un air plein d’amoureuse flame, Aux accens de ta douce voix, Je voy les fleuves et les bois S’embrazer comme a faict mon âme. Si tu mouilles tes doigts d’yvoire Dans le crystal de ce ruisseau, Le Dieu qui loge dans ceste eau Aymera s’il en oze boire. Présente-luy ta face nue, Tes yeux avecque l’eau riront, Et dans ce miroir escriront Que Venus est icy venue. Si bien elle y sera despeincte, Que les Faunes s’emflammeront, Et de tes yeux, qu’ils aymeront, Ne sçauront descouvrir la feinte. Entends ce Dieu qui te convie À passer dans son element ; Oy qu’il soupire bellement Sa liberté desjà ravie. Trouble-luy ceste fantaisie, Destourne-toi de ce miroir, Tu le mettras au desespoir, Et m’osteras la jalousie. Voy-tu ce tronc et ceste pierre ? Je crois qu’ils prennent garde à nous, Et mon amour devient jaloux De ce myrthe et de ce lierre. Sus, ma Corine ! que je cueille Tes baisers du matin au soir ! Voy comment, pour nous faire asseoir, Ce myrthe a laissé cheoir sa fueille. Oy le pinçon et la linotte, Sur la branche de ce rosier ; Voy branler leur petit gosier ! Oy comme ils ont changé de notte ! Approche, approche, ma Driade ! Icy murmureront les eaux, Icy les amoureux oyseaux Chanteront une serenade. Preste-moy ton sein pour y boire Des odeurs qui m’embasmeront ; Ainsi mes sens se pasmeront Dans les lacs de tes bras d’yvoire. Je baigneray mes mains folastres Dans les ondes de tes cheveux, Et ta beauté prendra les vœux De mes œillades idolatres. Ne crains rien, Cupidon nous garde. Mon petit ange, es-tu pas mien ? Ha ! Je voy que tu m’aymes bien : Tu rougis quand je te regarde. Dieux ! que ceste façon timide Est puissante sur mes esprits ! Regnauld ne fut pas mieux espris Par les charmes de son Armide. Ma Corine, que je t’embrasse ! Personne ne nous voit qu’Amour ; Voy que même les yeux du jour Ne trouvent point icy de place. Les vents, qui ne se peuvent taire, Ne peuvent escouter aussy, Et ce que nous ferons icy Leur est un inconnu mystere.
VIII
*
*
Ivre, il est triste.
Et le sultan s’écrie : « Ô sphinx dont l’œil flamboie,
LE PREMIER SPHINX
LE DEUXIÈME SPHINX
LE TROISIÈME SPHINX
LE QUATRIÈME SPHINX
LE CINQUIÈME SPHINX
LE SIXIÈME SPHINX
LE SEPTIÈME SPHINX
LE HUITIÈME SPHINX
LE NEUVIÈME SPHINX
LE DIXIÈME SPHINX
Il est mort. Le sultan écoutait, morne et pâle.
Lui dit :
Zim lui parla :
La lampe s’éteignit.
21 Mars 1915.
Zénith.
Je suis le haut.
Nadir.
Je suis le bas.
J’ aime.
Je ris.
Le dessous est charmant.
ô Paris !
Je m’ amuse. Je vois le vrai côté des femmes.
Petits pieds de Suzette !
Je lis le livre écrit par Dieu.
Pour tomber dans les trous.
Et fort maigris.
Vivants ! Enivrez-vous d’ extases !
Soyez gris.
Pensez !
Buvez, mangez, faites-vous de gros ventres.
Crois-tu ?
Création, salut !
Triste machine !
Gloire à Dieu !
Peuh !
Salut, ô France !
Bonjour, Chine.
Tiens ! Il laisse tomber par terre la Pucelle !
Et cache ton pied-bot.
Christ naît. J’ entends un bruit de harpe.
Et de rabot.
Son père est roi.
Son père est charpentier.
ô Joseph ! ô scie !
Allons-nous-en.
Aime le villageois.
Mais crains le paysan.
Je vois l’ envers.
Bonsoir à lord Elgin !
Justes, buvez l’ absinthe.
Je regarde voler les aigles.
Moi, les juifs.
Morus meurt pour la loi ; Caton, pour la patrie.
Buvons !
Gloire au soleil !
Tais-toi, nègre !
Et Camoëns fut borgne.
ô Dieu. Je suis heureux ! Je contemple.
Silence !
Tout est bien, tout est beau.
L’ idéal rayonne, astre immobile.
Tout glorifie…
à bas !
Et tout affirme.
Non !
Socrate était ivrogne et Thalès libertin.
Croyez.
C’ est Jean qui pleure et Jean qui rit.
Bah !
Tais-toi, fange !
Que Balaam vous monte !
Si bien que, dans l’histoire,
Sa gloire,
Les tout premiers,
Ses ouvriers
Avec la trame aux mille jeux,
Tissant les draps lourds et moelleux,
Le travail clair, familial et unanime.
Et l’accomplit,
Il est têtu, parce qu’il croit
Que sa cause est le droit,
Il la veut ferme et forte autant
Qu’est ferme et fort son cœur battant.
Déjà les Halles
Sortent de terre, lentement,
Vers l’or épars du firmament.
Et puis,
Ne sait-il point aussi,
Qu’aux jours de la prochaine année,
Se carrera dans l’été d’or
Unique, immense et droit,
Le beffroi ?
Alors,
Ne pourront croire
Que ce témoin de tant de gloire
N’ait authentiquement été,
Dans un morceau d’éternité,
Sculpté.
S’allumèrent tous à la fois :
On eût dit que leurs flammes
Faisaient un large brasier d’âmes.
Au cours des temps,
En sa croissance triomphale,
Jusqu’au ras de la terre.
Doit aujourd’hui
Illuminer le cœur de ceux
Qui ont cru voir avec leurs yeux,
Et dans les feux
Et dans les cendres,
La Flandre !
En
Les Chroniques
et Annales de Pologne, 1573.
Avril 1834.
5 octobre
Mort pour la Patrie.
Quand
JEAN DE LA FONTAINE
CATULLE.
Envoi
PAROLE DE SONGE
PAROLE D’INTELLIGENCE
PAROLE DE PUISSANCE
PAROLE DE SAGESSE
PAROLE DE GLOIRE
Au rondeau du Mayaud, au rondeau du Mayaud,
Ma grand’mère, ma grand’mère, ma grand’mère a fait un saut.
daüne
1897.
À quoi bon ?
Que le corps s’engourdit,
L’idéal interdit.
Toute chose est à vous ;
Semblent soyeux & doux.
Et tout arbre son fruit.
De ce monde de bruit.
On s’éveille au tombeau.
Éteint votre flambeau.
Que soulève le vent,
Pour m’en aller rêvant.
Fraîche & riante encor !
Avec des rayons d’or !
N’était pas la clarté.
De la réalité.
Avec son dur couteau,
Vivere memento !
Résiste, espère, crois !
Vois-y luire la croix !
À la misère, au deuil.
Ne finit qu’au cercueil.
Dieu hait la lâcheté !
La bonne volonté.
Le but & le moyen.
Et te sert de soutien.
Vis & sache pourquoi !
Vis aussi par la foi !
Par le divin espoir ;
Et vis par le devoir !
Dès notre premier jour,
De son immense amour !
Que mon âme comprend.
Et le doute me prend.
Mon jeune sang qui bout.
Et je me sens à bout.
Devant l’éternité ?
Et dans l’immensité !
Pour m’adresser à toi ?
Éternel, réponds-moi !
J’ai
Envole-toi chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance !
Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents
La ceinture d’azur attachée à tes flancs,
Le liquide chemin de Bordeaux à Narbonne
Qu’abreuvent tour à tour et l’Aude et la Garonne.
★
L’aurore étend ses bras roses autour du ciel.
On sent la rose, on sent le thym, on sent le miel.
La brise chaude, humide avec des odeurs vagues,
Souffle de la mer bleue où moutonnent les vagues.
Et la mer bleue arrive au milieu des coteaux ;
Son flot soumis amène ici mille bateaux :
Vaisseaux de l’Orient, surchargés d’aromates,
Chalands pleins de maïs, de citrons, de tomates,
Felouques apportant les ballots de Cachmir,
Tartanes où l’on voit des levantins dormir.
Les trésors scintillants de l’Inde et de la Chine
Passent, voilés par la vapeur de la machine :
C’est le nacre, l’ivoire, et la soie et le thé,
Le thé nectar suave et chaste volupté.
Nacre, ivoire fouillés en forêts de la lune,
Saules, pêchers en fleur sur faille bleue et brune.
Le tabac, le hachisch, l’opium, poisons charmants,
Trompent tous les douaniers et tous les règlements.
Dans le canal profond, exempt des vents du large
Ce bâtiment s’avance, allègre de sa charge.
C’est un Russe, qui vient du grand pays des blés,
C’est l’Ami ! Nous aurons du pain aux temps troublés.
Sous ce beau ciel, sous des lueurs à l’or pareilles,
Ces navires pressés vont, riche essaim d’abeilles.
Je chante, ô ma Patrie, en des vers doux et lents,
Le liquide chemin de Bordeaux à Narbonne,
Voici, blanches, aux bords s’aligner les maisons,
Heureuses, sans souci des mauvaises saisons.
Car les apports du monde et la science insigne
Ont fait revivre ici l’olivier et la vigne.
L’olivier, c’est la paix ; le bonheur, c’est le vin.
Tout est joie à présent, dans ce pays divin.
Les filles ont dans leurs cheveux, aux promenades,
Les bleuets, les jasmins et la fleur des grenades.
Elles passent, tandis que là-bas, les garçons
Rythment la langue d’oc en de claires chansons.
Toulouse ! ville antique où fleurissent encore
Pour les poètes, vos fleurs d’or, Clémence Isaure,
Toulouse triomphale héberge l’univers
Sous ses palais de brique et ses peupliers verts.
Et la flûte soupire et la harpe résonne
Sur les bords du canal de Bordeaux à Narbonne.
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.
De l’Océan, voici venir en sens inverse
Ces vaisseaux noirs, ces blés que sur les quais on verse,
Et l’or, l’argent, le cuivre, objets d’un troc pervers
Dont se repaît le crime, et dont pleurent mes vers,
Les bœufs aux grands yeux doux que la mer effarouche
Cotés en mots cruels, « provisions de bouche ».
C’est l’Amérique, c’est de la viande et du pain.
Laissons passer. A l’Est, tant de pauvres ont faim !
La consigne est avec les gens de l’Angleterre :
Du charbon, du coton, payer, passer, se taire.
C’est fini de l’Anglais, ancien épouvantail,
Mer bleue, où luit la nacre, où rougit le corail !
Sous les yeux de la nuit, dors Méditerranée,
Et souris au matin, mer où Vénus est née,
Et souris à l’Afrique où l’orgueil indompté
De nos rois fit fleurir la sainte liberté !
Flot d’azur et d’hermine, aux rochers que tu laves
La France a défendu d’enchaîner des esclaves !
Normands, Bretons, Gascons, Languedoc et Provence
Buvons ensemble à la santé du Roi de France.
Passez ici, chantons et serrons-nous les mains,
Loin des tempêtes, loin des désastreux chemins,
Le golfe de Gascogne et la mer des Sargasses,
Gibraltar sans profit pour les Anglais rapaces.
Scandinave à ton gré, marin universel,
Apporte-nous ta pêche, emporte notre sel.
Et qu’avec notre vin ton audace s’abreuve
En Islande et dans les brouillards de Terre-Neuve.
La ceinture d’azur attachée à tes flancs.
Le chemin qu’a rêvé la science idéale
Le canal creusé par la Puissance royale.
Ici, calmes, au cœur du pays, des bassins
Bercent les nefs d’acier, ces guêpes en essaims.
Elles dorment, pouvant prendre toutes les routes.
Des Français sont à bord, la Mort est dans les soutes.
Et l’Orient malsain, et l’Occident vénal
Ne savent pas d’où nous sortirons du canal.
Envole-toi, chanson, va dire au Roi de France
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance.
Maintenant les canaux forment comme un lacis,
Comme un tapis brodé recouvrant le pays.
Et le Pays du vin vermeil, des moissons blondes,
La France, a dans son cœur le chemin des deux mondes.
Le liquide chemin, bleu, bordé d’arbres verts,
Que Riquet dut rêver et que chantent mes vers.
Les bons monstres de fer, excavateurs et dragues,
Firent ce fleuve où les deux mers joignent leurs vagues.
Et la terre livra du fond de ses replis
Des sous gaulois frappés d’un coq, frappés d’un lys.
Les sous gaulois qu’on trouve en Alsace, en Lorraine,
Remparts que montre à l’Est la France souveraine,
La France que le Rhin et ses grands peupliers
Limitent, fiers témoins des temps inoubliés.
Car le Rhin est gaulois, comme est gaulois le Rhône,
Comme est la Seine qui baigne les pieds du Trône,
Comme est la Loire où Jeanne et ses guerriers géants
Chassèrent les Anglais au siège d’Orléans,
Comme est le bleu chemin dont l’univers s’étonne
Le grand canal royal de Bordeaux a Narbonne.
Le Roi de France est à Paris dans son palais,
Il reçoit tout le monde, et même les Anglais.
Il n’est rien d’aussi beau que Paris sur la terre
Et toute haine et toute envie ont dû se taire.
Partout règne l’honneur, partout règne la loi,
On voit combien sont forts, et la France et le Roi.
Le Roi fier au dehors, le Roi pour nous si tendre !
On sait tous les pardons que sa main dut répandre.
Et les mauvais combats et les mauvais procès
N’ont plus troublé les cœurs du grand peuple français.
La nation, jadis saccagée et meurtrie,
Offre à son Roi la paix, son sang à la Patrie.
Mais la gloire du Roi de France va plus haut
Que la terre. A présent c’est le ciel qu’il lui faut.
Car le ciel est peuplé de sphères amoureuses,
Comme nous, de lumière et de forêts ombreuses ;
Car les savants ont vu depuis plus de cent ans
Des signaux faits en vain. On n’avait pas le temps !
Mars, la planète austère où règne la science,
Nous salue. Ils ont vu le trait bleu sur la France.
Un point brillant, rythmé, par un vouloir secret
Dans ce monde lointain, apparaît, disparaît.
Devine, géomètre et réponds, astronome !
Qu’ils sachent que chez nous le Verbe s’est fait homme.
Leur génie en canaux si nombreux est inscrit !
Ils se sont dit : « Sur terre aussi règne l’esprit. »
Ils en ont vu le signe au puissant télescope,
Leurs éclairs sont l’appel à la terre, à l’Europe,
Et la France, où le mal ancien dut s’apaiser,
Reçoit le planétaire et fraternel baiser.
Aussi la France fut, sur terre, la première
Qui répondit par la lumière à la lumière.
J’ai chanté, ma Patrie, en des vers doux et lents,
Mon rêve lumineux, ma suprême espérance.
Sur
une
Petite
*
Le
Ô
Tandis
LA VILLE NOUVELLE
Que les temps sont changés !
Septembre 1845.
Tous les chemins vont vers la ville.
Du fond des brumes,
Là-bas, avec tous ses étages
Et ses grands escaliers et leurs voyages
Jusques au ciel, vers de plus hauts étages,
Comme d’un rêve, elle s’exhume.
Là-bas,
Ce sont des ponts tressés en fer
Jetés, par bonds, à travers l’air ;
Ce sont des blocs et des colonnes
Que dominent des faces de gorgonnes ;
Ce sont des tours sur des faubourgs,
Ce sont des toits et des pignons,
En vols pliés, sur les maisons ;
C’est la ville tentaculaire,
Debout,
Au bout des plaines et des domaines.
Des clartés rouges
Qui bougent
Sur des poteaux et des grands mâts,
Même à midi, brûlent encor
Comme des œufs monstrueux d’or,
Le soleil clair ne se voit pas :
Bouche qu’il est de lumière, fermée
Par le charbon et la fumée,
Un fleuve de naphte et de poix
Bat les môles de pierre et les pontons de bois ;
Les sifflets crus des navires qui passent
Hurlent la peur dans le brouillard :
Un fanal vert est leur regard
Vers l’océan et les espaces.
Des quais sonnent aux entrechocs de leurs fourgons,
Des tombereaux grincent comme des gonds,
Des balances de fer font choir des cubes d’ombre
Et les glissent soudain en des sous-sols de feu ;
Des ponts s’ouvrant par le milieu,
Entre les mâts touffus dressent un gibet sombre
Et des lettres de cuivre inscrivent l’univers,
Immensément, par à travers
Les toits, les corniches et les murailles,
Face à face, comme en bataille.
Par au-dessus, passent les cabs, filent les roues,
Roulent les trains, vole l’effort,
Jusqu’aux gares, dressant, telles des proues
Immobiles, de mille en mille, un fronton d’or.
Les rails raméfiés rampent sous terre
En des tunnels et des cratères
Pour reparaître en réseaux clairs d’éclairs
Dans le vacarme et la poussière.
C’est la ville tentaculaire.
La rue — et ses remous comme des câbles
Noués autour des monuments —
Fuit et revient en longs enlacements ;
Et ses foules inextricables
Les mains folles, les pas fiévreux,
La haine aux yeux,
Happent des dents le temps qui les devance.
À l’aube, au soir, la nuit,
Dans le tumulte et la querelle, ou dans l’ennui,
Elles jettent vers le hasard l’âpre semence
De leur labeur que l’heure emporte.
Et les comptoirs mornes et noirs
Et les bureaux louches et faux
Et les banques battent des portes
Aux coups de vent de leur démence.
Dehors, une lumière ouatée,
Trouble et rouge, comme un haillon qui brûle,
De réverbère en réverbère se recule.
La vie, avec des flots d’alcool est fermentée.
Les bars ouvrent sur les trottoirs
Leurs tabernacles de miroirs
Où se mirent l’ivresse et la bataille ;
Une aveugle s’appuie à la muraille
Et vend de la lumière, en des boîtes d’un sou ;
La débauche et la faim s’accouplent en leur trou
Et le choc noir des détresses charnelles
Danse et bondit à mort dans les ruelles.
Et coup sur coup, le rut grandit encore
Et la rage devient tempête :
On s’écrase sans plus se voir, en quête
Du plaisir d’or et de phosphore ;
Des femmes s’avancent, pâles idoles,
Avec, en leurs cheveux, les sexuels symboles.
L’atmosphère fuligineuse et rousse
Parfois loin du soleil recule et se retrousse
Et c’est alors comme un grand cri jeté
Du tumulte total vers la clarté :
Places, hôtels, maisons, marchés,
Ronflent et s’emflamment si fort de violence
Que les mourants cherchent en vain le moment de silence
Qu’il faut aux yeux pour se fermer.
Telle, le Jour — pourtant, lorsque les soirs
Sculptent le firmament, de leurs marteaux d’ébène,
La ville au loin s’étale et domine la plaine,
Comme un nocturne et colossal espoir ;
Elle surgit : désir, splendeur, hantise ;
Sa clarté se projette en lueurs jusqu’aux cieux,
Son gaz myriadaire en buissons d’or s’attise,
Ses rails sont des chemins audacieux
Vers le bonheur fallacieux
Que la fortune et la force accompagnent ;
Ses murs se dessinent pareils à une armée
Et ce qui vient délie encore de brume et de fumée
Arrive en appels clairs vers les campagnes.
La pieuvre ardente et l’ossuaire
Et la carcasse solennelle.
Et les chemins d’ici s’en vont à l’infini
Vers elle.
Au
À Jocelyn Bargoin.
Chant du vieux soldat canadien
Envoi aux marins de la Capricieuse
Le plus grand priseur de la terre
Était bien le père Chapu,
Bonhomme rougeaud et trapu,
Rond d’allure et de caractère.
Certes ! la poudre tabagique
Aucun ne la dégusta mieux,
Avec plus d’amour que ce vieux
Dont c’était le trésor magique.
Oui ! c’était sa joie et sa force.
On le voyait s’épanouir
Quand le couvercle à bout de cuir
Découvrait sa boîte en écorce.
Se dira, non sans quelque émoi :
Contre la peur du cimetière ! »
J'étais enfant alors.
vieux de la vieille
Sut me distraire de la pêche :
« Voyez ! j’vis seul dans c’grand moulin
Dont plus jamais l’tic tac résonne ;
J’m’en occup’ plus, n’ayant personne…
Mais c’est l’sort : jamais je n’m’ai plaint.
C’t’existenc’ déserte et si r’cluse
Ent’ la montagne et la forêt
Plaît à mon goût q’aim’ le secret,
Puis, j’ai mon copain sur l’écluse !
Le v’là ! c’est l’grand chaland d’famille.
À présent, ses flancs et sa quille
Sont usés ; l’malheureux bateau,
POESIES
VIES PASSÉES
L’IDOLE
D’après un conte de la vieille Egypte.
LE BUCHER DE SARDANAPALE
LES CONDAMNÉS
MYSTÈRE
NOTRE AME HUMAINE
QUATRAINS D’AL-GHAZALI
VIEILLE HISTOIRE
LES ARBRES
HYMNE AU SOLEIL
LA COQUILLE DANS L’OCÉAN
moi
OMBRE D’UN RÊVE
REQUIEM ÆTERNAM DONA EIS, DOMINA !
(GREC)
Champillet, 9 septembre 1882.
LA VIE ARDENTE
Mort à la tyrannie
Les grands ne semblent grands qu’aux hommes à genoux
Levons-nous !
Viens
Doucettement
Vésale
À Paul Heger.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Comme dans les vieilles estampes.
Éphémère duvet des pêches,
L’âme neuve et les lèvres fraîches.
Qui n’est bien qu’à travers le voile,
Couleur de bleuet et d’étoile.
Et ce bonheur qui vous inonde,
Elle a posé sa tête blonde.
Dont l’âme si bien s’accommode :
Auprès de leur mère qui brode.
Le temps d’une aube boréale,
Et trouver l’amour idéale.
Les saintes blancheurs de mon âme.
Ce que j’ai souffert par la femme,
Comme de hideuses besognes,
Reviennent les blanches cigognes.
Ô race humaine aux astres d’or nouée,
As-tu senti de quel travail formidable et battant,
Soudainement, depuis cent ans,
Ta force immense est secouée ?
Du fond des mers, à travers terre et cieux,
Jusques à l’or errant des étoiles perdues,
De nuit en nuit et d’étendue en étendue,
Se prolonge là-haut le voyage des yeux.
Tandis qu’en bas les ans et les siècles funèbres,
Couchés dans les tombeaux stratifiés des temps,
Sont explorés, de continent en continent,
Et surgissent poudreux et clairs de leurs ténèbres.
L’acharnement à tout peser, à tout savoir,
Fouille la forêt drue et mouvante des êtres
Et malgré la broussaille où tel pas s’enchevêtre
L’homme conquiert sa loi des droits et des devoirs.
Dans le ferment, dans l’atôme, dans la poussière,
La vie énorme est recherchée et apparaît.
Tout est capté dans une infinité de rets
Que serre ou que distend l’immortelle matière.
Héros, savant, artiste, apôtre, aventurier,
Chacun troue à son tour le mur noir des mystères
Et grâce à ces labeurs groupés ou solitaires,
L’être nouveau se sent l’univers tout entier.
Et c’est vous, vous les villes,
Debout
De loin en loin, là-bas, de l’un à l’autre bout
Des plaines et des domaines
Qui concentrez en vous assez d’humanité,
Assez de force rouge et de neuve clarté,
Pour enflammer de fièvre et de rage fécondes
Les cervelles patientes ou violentes
De ceux
Qui découvrent la règle et résument en eux,
Le monde.
L’esprit des campagnes était l’esprit de Dieu ;
Il eut la peur de la recherche et des révoltes,
Il chut ; et le voici qui meurt, sous tes essieux
Et sous les chars en feu des nouvelles récoltes.
La ruine s’installe et souffle aux quatre coins
D’où s’acharnent les vents, sur la plaine finie,
Tandis que la cité lui soutire de loin
Ce qui lui reste encor d’ardeur dans l’agonie.
L’usine rouge éclate où seuls brillaient les champs ;
La fumée à flots noirs rase les toits d’église ;
L’esprit de l’homme avance et le soleil couchant
N’est plus l’hostie en or divin qui fertilise.
Renaîtront-ils, les champs, un jour, exorcisés
De leurs erreurs, de leurs affres, de leur folie ;
Jardins pour les efforts et les labeurs lassés,
Coupes de clarté vierge et de santé remplies ?
Referont-ils, avec l’ancien et bon soleil,
Avec le vent, la pluie et les bêtes serviles,
En des heures de sursaut libre et de réveil,
Un monde enfin sauvé de l’emprise des villes ?
Ou bien deviendront-ils les derniers paradis
Purgés des dieux et affranchis de leurs présages,
Où s’en viendront rêver, à l’aube et aux midis,
Avant de s’endormir dans les soirs clairs, les sages ?
En attendant, la vie ample se satisfait
D’être une joie humaine, effrénée et féconde ;
Les droits et les devoirs ? Rêves divers que fait
Devant chaque espoir neuf, la jeunesse du monde !
* M. de Bellegarde.
LE FAVNE
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Assoupi de sommeils touffus.
Réfléchissons.. ou si les femmes dont tu gloses
Tacite sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
Que je coupais ici les creux roseaux domptés
Par le talent : quand, sur l’or glauque de lointaines
Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
Ondoie une blancheur animale au repos :
Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
Ou plonge..
« Ou plonge.. »
la :
SOUVENIRS
Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
Et le splendide bain de cheveux disparaît
Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
Des dormeuses parmi leurs seuls bras hazardeux ;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
À ce massif haï par l’ombrage frivole,
De roses tarissant tout parfum au soleil,
Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
Traîtresses, divisé la touffe échevelée
De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
Sous les replis heureux d’une seule (gardant
Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite naïve et ne rougissant pas :)
Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
Cette proie, à jamais ingrate se délivre
Sans pitié du sanglot dont j’étais encor ivre. »
Je tiens la reine !
Je tiens la reine ! Ô sur châtiment…
Ô miroir !
Eau froide par l’ennui dans ton cadre gelée,
Que de fois et pendant des heures, désolée
Des songes et cherchant mes souvenirs qui sont
Comme des feuilles sous ta glace au trou profond,
Je m’apparus en toi comme une ombre lointaine.
Mais, horreur ! des soirs, dans ta sévère fontaine,
J’ai de mon rêve épars connu la nudité !
HÉRODIADE
Je meurs !
LA NOURRICE
Madame, allez-vous donc mourir ?
Et je déteste, moi, le bel azur ! Des ondes
J’y partirais.
Et..
Et.. Maintenant ?
Et.. Maintenant ? Adieu.
De mes lèvres ! J’attends une chose inconnue
Des vers retentissants valent-ils le silence D'une âme qui remplit son devoir simplement, Et, pour autrui toujours pleine de vigilance, Trouve sa récompense et sa joie en aimant ?
La splendeur de la forme est une corruptrice ; Les ivresses du beau rarement nous font purs ; Recherche pour ton dîme une autre inspiratrice Que la Vénus aux yeux changeants, tendres ou durs.
Accomplis ton devoir, car la beauté suprême, Tu le sais maintenant, n'est pas celle des corps : La statue idéale, elle dort en toi-même ; L'œuvre d'art la plus haute est la vertu des forts.
Le saint est le très noble et le sublime artiste, Alors que de sa fange il tire un être pur Et tire un être aimant d'une bête égoïste, Comme un sculpteur un Dieu d'un lourd métal obscur.
L'humble héros qui lutte et qui se sacrifie, S'offrant à la douleur, à la mort sans trembler, Seul t'apprendra les fins augustes de la vie ; Et c'est à celui-là qu'il te faut ressembler.
Des tristes, des souffrants, de tant d'âmes qui pleurent, Approche avec amour, et les viens relever : C'est en luttant, souffrant, en mourant comme ils meurent, Qu'ils t'ont permis de vivre et permis de rêver !
Regarde-les parfois entr'ouvrant leurs yeux mornes Sur cette vie étrange et terrible pour eux. Que ta religion soit la pitié sans bornes ! Allège le fardeau de tous ces malheureux !
De ton âme l'ennui mortel faisait sa proie, Etant le châtiment de l'incessant désir ; Du fier renoncement de ton âme à la joie Goûte la joie austère et le sombre plaisir.
Sache que les héros, les saints, tu les imites En détruisant en toi l'égoïsme d'abord ; Meurs à toi-même, afin de vivre sans limites : Toute âme pour grandir doit traverser la mort.
Connais du vrai héros la volupté profonde ; Libre de sentiments égoïstes et bas, Sentant battre ton cœur avec le cœur du monde, Habite un lieu divin où la mort n'atteint pas.
Quand à l'âme de tous ton âme est réunie, Si bien que leur douleur est ta propre douleur, Alors tu fais ta vie immortelle, infinie, Et fais large ta joie en y mêlant la leur.
Oui, ta vie est sublime, est harmonique et pleine, De cette heure où ton être étroitement confond Sa destinée avec la destinée humaine, Et rentre, goutte d'eau, dans l'Océan profond.
Au
Mon ami Ponchon,
Du rose cochon.
Ô fleur des couyons,
Dis ? que nous ayons ?
Tel un fin jambon,
Le moment est bon.
En ce jour divin
Et buvez du vin :
Il dit, et soudain
Et de noir boudin
Fleurissent partout.
Consolant surtout !
En chaque maison
Et du saucisson.
Le galant métier !
Dans le monde entier ?
Ils font de leurs doigts
Tant ils sont adroits ;
Ces braves gens-là
Et disent : « Voilà.
Pâtés, jambonneaux,
Mes petits agneaux. »
Avec — (ça c’est beau !)
Certains font du veau.
Que nous célébrons,
Chier des marrons.
Ordinairement,
— Fer de cet aimant ! —
Montent l’escalier,
Et notre gosier.
Flambent ; le mois d’août
C’est beau comme tout.
Jusqu’à cette nuit
Ont bâillé d’ennui.
Que vous êtes, car
Ce soir, sur le tard !
Je vois tout en l’air,
Tout d’abord, c’est clair.
Et que bien manger
Je vais y songer.
Le moindre appétit,
Petit à petit.
Fatigue ma main.
Que le lendemain.
LE VENT
La fin du monde.
1897-1898
Messe de Minuit.
ENVOI À M. VICTOR HUGO.
I. LA GUERRE.
II. LE CHOLÉRA-MORBUS.
III. LA MORT.
LE POÈME DE LA FEMME
(Marbre de Paros.)
SYMPHONIE EN BLANC MAJEUR
Voilà
LE VALET DE CŒUR
Uitzet clair qui mousse,
Et gente amie au regard clair,
La plus belle rose de Flandre.
Ce joyeux rêve ornemental
Qu’elle devint la fiancée
Et l’épée âpre et nette atteint
Du bon prince venu d’Afrique.
On ne sait plus quel gars il fut,
Brûlait et nourrissait son glaive.
Pour Madame Delarue-Mardrus.
LES USINES DE GUERRE
I
II
III
IV
SCÈNE I
Mezzetin, chantant.
Puisque tout n’est rien que fables,
Hormis d’aimer ton désir,
Jouis vite du loisir
Que te font des dieux affables.
Puisqu’à ce point se trouva
Facile ta destinée,
Puisque vers toi ramenée
L’Arcadie est proche, — va !
Va ! le vin dans les feuillages
Fait éclater les beaux yeux
Et battre les cœurs joyeux
À l’étroit sous les corsages…
Corydon
Aminte
Chanté…
Tous, moins Myrtil, Rosalinde, Sylvandre et Chloris.
Chanté… Si nous allions danser ?
(Ils sortent à l’exception des mêmes.)
SCÈNE II
MYRTIL, ROSALINDE, SYLVANDRE, CHLORIS
Rosalinde, à Myrtil.
Restons.
Chloris, à Sylvandre.
Restons.
(Sylvandre la presse.)
C’est bien pour vous !
(Sortent Sylvandre et Chloris.)
SCÈNE III
MYRTIL, ROSALINDE
Rosalinde
Myrtil
Parlez-moi.
Parlez-moi du passé.
Parlez-moi du passé.
Rosalinde
Parlez-moi du passé. Pourquoi ?
Myrtil, irrité.
Plein d’indignation élégante ?
Myrtil, attendri.
Myrtil, sincère.
Alors, mourons !
Vous êtes mutinée…
Vous êtes mutinée…
Myrtil, cédant.
Donc, il le faut !
(Ils sortent. Rentrent Sylvandre et Chloris.)
SCÈNE IV
SYLVANDRE, CHLORIS
Chloris, courant.
Non !
Sylvandre
Non !
Chloris
Non ! Si !
Sylvandre, la baisant sur la nuque.
Non ! Si ! Je ne veux pas…
(La tenant embrassée.)
(Pleurnichant pour rire.)
Mais non ! Il rit, il rit !
Sachez donc…
Si j’exige…
Sylvandre, souriant.
Chloris, coquette, s’enfuyant.
Dans le doute« Abstiens-toi », dit l’autre. Je m’abstiens.
Sylvandre, presque naïf.
Chloris, touchée, mais gaie.
Ah ! c’en est trop, je souffre et je m’en vais pleurer.
Là ! voilà le grand mot lâché ! Mais…
Réticence !
(Sur un geste de dénégation de Sylvandre.)
Aux autels de Paphos —
Cela vous plaît ? Cela me plairait si…
SCÈNE V
Les Précédents, MYRTIL
Myrtil, survenant.
Cela vous plaît ? Cela me plairait si
Que j’eusse proféré si…
Myrtil, à Chloris.
C’est un de trop.
Chloris, à Sylvandre.
Que vous.
Que vous. Et vous, Monsieur ?La vérité m’oblige…
Chloris, au même.
Et quoi, monsieur, déjà si tiède !
SCÈNE VI
Les Précédents, ROSALINDE
Rosalinde, survenant.
Qu’il vous faut, ô Chloris. c’est moi
(À Myrtil.)
Myrtil, au bras de Chloris et protestant comme par manière d’acquit.
Chère !
Chère !
Sylvandre, ravi, surpris et léger.
Rosalinde, au même.
Fat !
Myrtil, au même.
Fat ! Ingrat !
Sylvandre, à Myrtil.
Fat ! Ingrat ! Insolent !
(A Rosalinde et à Chloris.)
(À Rosalinde.)
(À Rosalinde)
Que ce chat-là surtout, c’est moi.Je ne sais rien.
(À Chloris)
Madame, n’est-ce pas ?
Adieu, Sylvandre !
Myrtil, à Rosalinde.
Adieu, Sylvandre !Adieu, Myrtil !
Sylvandre, à Chloris.
C’est pour toujours !
C’est pour toujours !
C’est pour toujours !Adieu, Myrtil !
(Sortent Sylvandre et Rosalinde)
SCÈNE VII
MYRTIL, CHLORIS
Qui ? ma beauté ? Non !… L’autre…
Qui ? ma beauté ?Non !… L’autre…
En êtes-vous bien sûre ?
Et vous regrettez fort Sylvandre ?
Et pourquoi ?
Mais regrettez-vous fort Sylvandre ?
Vous ?
Vous ?Vos yeux sont si beaux, votre
Myrtil, très vivement.
De Sylvandre ?
(Se reprenant.)
De Sylvandre ?Ô oui !
Myrtil, distrait, après un silence.
Donc vous m’aimez ?
Donc vous m’aimez ?Ô oui !
Myrtil, même jeu que précédemment.
Vous seriez si d’ailleurs vous l’étiez de moi !
Ah ! que c’est froid ! « Douce amie ! » Il vous trousse
Myrtil, indolemment.
Permettez…
Myrtil, comme réveillé en sursaut.
Rosalinde !
(Ils sortent.)
SCÈNE VIII
SYLVANDRE, ROSALINDE
Et voilà mon histoire en deux mots.
Et voilà mon histoire en deux mots.
Et tous deux avez tort, allez Sylvandre.
Qu’il a tort
(Minaudant.)
À moins que votre cœur…Vous avez tort de rire.
Bien doux…
Et si je le pensais ?
En effet !
Confus, et je vous aime uniquement.
Évident, que Chloris vous adore…
(Soucieux, tout à coup, à part.)
Si c’est possible ! Elle ! Elle ! Allons donc !
Si c’est possible ! Elle ! Elle ! Allons donc ! Hélas !
Vous en doutez ?
Rosalinde, passionnément.
Elle leurre à présent Myrtil…
Dites-vous ? Mais alors il l’aime !…
Si je comprends ce cri jaloux !Ah ! taisez-vous !
Un trompeur ! une folle !
Sylvandre, comme frappé subitement d’une idée douloureuse.
De Myrtil, toi, hein, dis ?
Rosalinde, presque joyeuse.
Sylvandre, à part.
(À Rosalinde.)
Feignons encor.
Ai-je tort ?
Je pleure après Myrtil infidèle…
Regardez, les voilà !
(Ils remontent le théâtre.)
SCÈNE IX
Les Précédents, CHLORIS, MYRTIL
Et quoi, vous aussi, vous ?
(Il sanglote.)
Si j’en juge d’après mes remords…
(Sylvandre et Rosine se pressent la main.)
C’est affreux !
C’est affreux !
Rosalinde, sur la pointe du pied et très bas.
C’est affreux ! Ô douleur !
C’est affreux ! Ô douleur ! Chloris !
Est-il trop tard ?
(Il tombe à genoux.)
Folle, mais mon cœur faible et lâche…
(Les deux femmes s’embrassent.)
Rosalinde, à Myrtil.
Que diriez-vous, Myrtil, si je faisais comme elle ?
(À Rosalinde.)
(À Chloris et à Sylvandre.)
Soyons heureux.
(Se tournant vers Myrtil.)
(Tous les personnages de la scène 1re reviennent se grouper comme au lever du rideau)
SCÈNE X
Tous, groupés comme ci-dessus.
Mezzetin, chantant.
Va ! sans nul autre souci
Que de conserver ta joie !
Fripe les jupes de soie
Et goûte les vers aussi.
La morale la meilleure,
En ce monde où les plus fous
Sont les plus sages de tous,
C’est encor d’oublier l’heure.
Il s’agit de n’être point
Mélancolique et morose.
La vie est-elle une chose
Grave et réelle à ce point ?
Ou souffrir ou mourir
pionniers
audace
les sociétés du démon
Bas-de-Cuir
ON JUAN
Pater noster et les Ave
Oremus
N
À Laurent Pichat.
Laetare
Il n’importait que l’hyperbole
Enflât parfois de son vain bruit
Au bord des âtres.
Mais aujourd’hui
Tout se passe durant la nuit,
Et blocs par blocs les hommes choient
Il s’arrêtait.
Sa moustache comme en bataille
la Marseillaise
Québec, février 1859.
Argumente.
Malheureux !
Fi !
C’est
Panem nostrum
Benedicite
Et le pain de son sac…
Pater
Un Pauvre
cornandons
la part du bon-dieu
trop fortuné s’il connût son bonheur
ouvrez
Prends, et lis
louange et gloire
5
10
15
20
25
30
35
40
45
6 octobre
Refrain :
Premier couplet :
Deuxième couplet :
Refrain
Troisième couplet :
Quatrième couplet :
Sauvage
Ile d'Amour
Le Grand Vainqueur
Cinquième couplet :
Sixième couplet :
Septième couplet :
queu' du chat
Huitième couplet :
Neuvième couplet :
bonsoir !
À Alexis Orsat.
Cid
1
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3
5
6QUAUN COUP DE DÉS
8
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23QUAUNJAMAIS
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27QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES
28
29QUANDCIRCONSTANCES ÉTERNELLES
30
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34
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37QUAND DU FOND D’UN NAUFRAGE
38
39
5SOIT
6
7
8SOITblanchi étale
10SOIT
11SOITblanchi
12SOITblanchi étale
13par avance retombée d’un mal
14par avance retombée d’un mal sous une
16par avance retombée d’un mal sous une plane désespérém
18par avan
21par avance retombée d’un ma
22par avance retombée d’un mal à dress
23
24
25par avance retombée
27
29l’ombre enfouie dans la trans
30l’ombre enfouie dans la transparence par
32l’ombre e
35l’ombre enfouie dans la
37l’ombre esa béante
1le nombre uniquLE MAÎTRE
2le nombre unique de cette cooù la m
3le nombre unique de cette co
5sur
6le nombre unique de cette confl
8le nombre unique
9le nombre unique de cette conflag
10le nombre unique de cette conflagà ses
12le nombre comme on menace un
13le nombre comme on menace un que se
14le nombre comme on menace un que
15le nombre
19le nom
20le nombre unique
21le nombre uniquepour leen reployer l’
22le nombre uniquepour le
25cadavre par le bras écarté du secre
26cadavre par le bras écarté du secrehésite
29cadavre p
30cadavre par le bras écarté
31cadavre par le bras éc
32cadavre par le bras écarté du secret qu’il
33cadavre par le bras écarté du secret qu’
35cadavre par le bra
37cadavre par le branaufrage cela
38cadavre par le branaufrage cela sans nef
39cadavre par le bras écartéque de jouer en maniaque où vaine
2ancestralement à n’ouvrir pas la m
3ancestralement à n’ouvrir pas
4ancestr
6ancestralement à n’ouvrir
7ancestralement à n’ouvrir paspar delà l’inutile t
9ancestralement à n’ouvrir à
10ancestrleg
11le vieillard vers ce
12le vieillard vers cette conjonction suprême ave
15le vicaressée et polie et rendue et l
16le vicaressée et polie et rendue et lcelui
17le vi
18le vicaressée et polie et rendue e
19le vicaressée et p
21ancestrla mer tentant par l’aïeul ou lu
22ancestrla mer tentant par l’aïeul ou luné
23ancestr
24ancestrla mer tentant p
26ancestrla mer tentant par l’aïeul ou lui contre la
27ancestrla mer ten
28ancestrla mer tendont
29ancestrla mer tendont
31ancestrla mer tendontainsi
32ancestrla mer tendontainsi
33ancestrla mer tendontainsi que le fantôme d’
37
38N’ABOLIRA
4COMME SI
6dans quelquUne simple insinuation
7dans quelque provoltige autour du gouffre sans le joncherd’ironie
8dans queenroulée à tout le silence
9dans quelque proche tourbillon d’hilaou
10dans quelque proche tourbillon d’hilarité eprécipité
11dans quelque proche tourbillon d’hilarité et d’horreur hurlé
12dans quelque proche tourbillon d’hilarité et d’horreur
14dans quelque provoltige
15dans quelque provoltige autour du gouffre
16dans quelque proche tourbillon d’hilarité etsans le joncher
17dans quelque proche tourbillon d’hilarité etsans le jonchni fuir
18dans quelque proche et en berce le vierge indice
20dans quelque proche tourbillon d’hilarité etCOMME SI
24dans quelque plume solitaire éperdue
26que la rencontre ou l’effleure usauf
28que la rencontre ou l’effleure une toque de minuit
29que la rencontre ou l’effet immobilise
30que la renau velours chiffonné par un esclaffement sombre
32que la rencontre oucette rigide blancheur
34que ldérisoire
35que la rencontre ou l’effen opposition au ciel
36que ldérisoire trop
37que la rencontre ou l’pour ne pas marquer
38que la rencontre ou l’effen opposition au cielexigüment
39que la renau velours chiffonné par un esclaffement sombrquiconque
1que ldérisoire (La s’en soucieux prince amer de l’écueil
3que ldérisoire (La s’en coiffe comme de l’héroïque
4que ldérisoire (La s’en irrésistible mais contenu
5que ldérisoire (La s’epar sa petite raison virile
6que ldérisoire (La s’epar sa petite raison virile en foudre
7que ldérisoire (La s’en soucieux
8que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubère
9que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubèmuet
12que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire etrire
14que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire etrireque
17que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubère Si
23que ldérisoire (La lucide seigneuriale aigrette de vertige
24que ldérisoire (La lucide seigneuriale aigrette deau front invisible
25que ldérisoire (La lucide sscintille
26que ldérisoire (La lucide seigneuriapuis ombrage
28que ldérisoire une stature mignonne ténébreuse debout
29que ldérisoire uneen sa torsion de sirène
30que ldérisoire uneen sa torsion de sirène le temps
31que ldérisoire par d’impatientes squames ultde souffleter
32que ldérisoire par d’impatientes squames ultimes bifurquées
33que ldérisoire par d’impatientes squames un mystère
35que ldérisoire (La lucide seigneuriale faux roc évaporé en brumes
37que ldérisoire (La lucide seigneuriale fauxqui imposa
39que ldérisoire par d’impatientes squames ultune borne à l’infini)
1 c’était
3 sourdant que nié et cloissu stellaire
4 sourdant que nié et clos quand apparule nombre
7 sourdant que nié et clos EXISTÂT-IL
sourdant quautrement qu’hallucination éparse d’agonie
10 sourdaCOMMENÇÂT-IL ET CESSÂT-IL
sourdant que nié et clos quand apparu
sourdant que nié enfin
sourdant que nipar quelque profusion répandue en rareté
13 sourdant que nipar quelque profusion réSE CHIFFRÂT-IL
sourdantévidence de la somme pour peu qu’une
16 sourdant que nié et clos quand appaILLUMINÂT-IL
20 sourdant que nié et ce serait
sourpire
sourdant qnon
sourdant que nié davantage ni moins
sourdant que nié et clos quand apparu mais autant indifféremment
29
31 sourdant que LE HASARD
38 sourdant que nié et clos quand apparu mais autant (Choit
39 sourdant que nié et clos quand apparu mais autant (Choit la plume
1inférieurnaguères d’rhythmique
2inférieurnaguères d’rhythmiquesuspens du sinistre
4inférieur clapotis quelcons’ensevelir
6inférieurnaguères d’où sursaaux écumes orginelles
7inférieurnaguères d’où sursauta leur délire jusqu’à une cime
8inférieurnaguères d’où sursauta leurflétrie
9inférieurnaguèreen la neutralité identique du gouffre
17inférieur clapotis quelcRIEN
19inférieur cl
20inférieur clde la m
21inférieur clde la mémora
22inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’a
25inférieur clapotis quelconN’AURA EU LIEU
27inférieur cl
29inférieur clune élévation ordinaire QUE LE LIEU
32inférieur clapotis quelconque
33inférieur clapotis quelcon
34inférieur clapotis quelconque com
35inférieur clapotis quelconque comme
37inférieur
38inférieurdans ces parag
39inférieurdans ces paragdu vagoù toute réalité se dissout
1vefroide d’ouEXCEPTÉ
3vefroide d’oubli et selon tequant à lui aussi l
5vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
7vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
8vefroide d’oubli et selon tequant à
10vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
11vefroide d’oubli et selon te
12vefroide d’oubli et selon telle obliquité par
13vefroide d’oubli et
14vefroide d’oubli et selon telle obliquité par telle déclivi
16vefroide d’oubli et selon
17vefroide d’oubli et selonvers
18vefroide d’oubli et selonversce
21vefroide d’oubli et selonversUNE CONSTELLATION
23ve
24vefroide d’oubli et de désuétude
25vefroide d’oubli et de d’un compte total en
26vefroide d’ou
27vefroide d’oubli et de désuétude
28vefroide d’oubli et de d’un compte total enqu’elle
29vefroide d’oubli et de
31veillant
32veillant doutant
33veillant doutant roulant
35veillant doutant roulanà quelque poi
36veillant doutant roulan
38veillant doutant roulanà
1
11UN COUP DE DÉS
37
24ÉTERNEJAMAIS
31ÉTEQUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES CIRCONSTANCES
33ÉTERNELLES
37ÉTERNELLESDU FOND D’UN NAUFRAGE
SOITquehiétalefurieux sous une inclinaisonpérémentaile par
hiétalefurieux sous une inclinaisonpérémentaile par
sous une inclinaisonpérémentaile par
étalefurieux sous une inclinaisonpérémentaile par
furieux sous une inclinaisonpérémentaile par
sous une inclinaisonpérémentaile par
pérémentaile par
aile par
par
18avance retombée d’un
19avance retombée d’un mal à
22l’ombre e
26l’ombre enfouie dans la pr
27l’ombre enfouie dans la profonde
29l’ombre enfou
31l’ombre enfousa béante profon
33l’ombre enfousa béante p
LE MAÎTREonflagration
inférante Nombre qui ne peut pas
ue Nombre qui ne peut pas
que de joueraniaque chenuflotsaufrage cela
aniaque chenuflotsaufrage cela
flotsaufrage cela
aufrage cela
1à ses pieds
2à ses pi
5à ses piedde l’horiz
8à ses pied
11pré
12prépar
17être un autre
18être un autre Esprit
19être un autre Espritpour le jeter
20être un autre Espritpour l
34direct d
35direct de l’h
36direct de l’hn’importe
ancestralement à n’ouvrir pas la mainspéeile têtella probabiliténçailles
ile têtella probabiliténçailles
lla probabiliténçailles
à quelqu’unambigualla probabiliténçailles
ambigualla probabiliténçailles
alla probabiliténçailles
la probabiliténçailles
illard vers cette conjonction suprême avec la probabiliténçailles
njonction suprême avec la probabiliténçailles
ion suprême avec la probabiliténçailles
nçailles
me avec la probabiliténçailles
iliténçailles
suprême avec la probabiliténçailles
biliténçailles
probabiliténçailles
re les aisprobabiliténçailles
raitebiliténçailles
batraitebiliténçailles
contre la merbatraitebiliténçailles
er par l’aïeul tentant ou l’aïeul contre la merbatraitebiliténçailles
la merbatraitebiliténçailles
ntisela merbatraitebiliténçailles
tisela merbatraitebiliténçailles
eratisela merbatraitebiliténçailles
a merbatraitebiliténçailles
37N’ABOLIRA
COMME SI dans quelque proche
Une insinuation
au silence
dans quelque proche
voltige
10simple
12enroulée avec ironie
13enroulée avec iroou
14enroulée avec ironile mystère
15enroulée avec ironile mystèrprécipité
16enroulée avec ironile mystèrprécipitéhurlé
18tourbillon d’hilarité et d’horreur
21autour du gouffre
22tourbillon d’hilaritéetsans le joncher
23tourbillon d’hilaritéetsans le joncherni fuir
25tourbillon d’hilaritéet en berce le vierge indice
28tourbillon d’hilaritéet en berce le vierge indice COMME SI
plume solitaire éperdue sauf
sauf
16que la rencontre ou l’effleure une toque de minuit
17que la rencontre ou l’efet immobilise
18que la rencau velours chiffonné par un esclaffement sombre
22que la rencontrcette blancheur rigide
24dérisoire
25que la rencontre ouen opposition au ciel
26que la rentrop
27que la rencontrpour ne pas marquer
28que la rencontrpour ne pas marexigüment
29que la rencontrpour ne pas marexigüquiconque
31que la rencontrpour prince amer de l’écueil
33que la rencontrpous’en coiffe comme de l’héroïque
34que la rencontrpous’en cirrésistible mais contenu
35que la rencontrpous’epar sa petite raison virile
36que la rencau velours chiffonné par un esclaffementen foudre
soucieux expiatoire et pubère La lucide et seigneuriale aigrette
expiatoire et pubère La lucide et seigneuriale aigrette
mueteuriale aigrette
La lucide et seigneuriale aigrette
au front invisiblette
scintilleau front invisiblette
puis ombragesiblette
une stature mignonne ténébreuse
en sa torsion de sirèneuse
par d’impatientes squames ultimes
3bifufaux matoutrire
5bifufaux matout évapoque
8bifufaux matout évaporé enSI
15de vertige
19debout
21debole temps
22debole tede souffleter
23bifurquées
25bifurquéeun roc
27bifufaux manoir
28bifufaux matout de suite
29bifufaux matout évaporé en brumes
31bifufaux matoutqui imposa
32bifufaux matoutqui iune borne à l’infini
C’ÉTAIT
issu stellaire
CE SERAIT
pire non davantage ni moins indifféremment mais autant
non davantage ni moins indifféremment mais autant davantage ni moins indifféremment mais autant
indifféremment mais autant
1Choitla plurythmCOMMENLE NOMBRE
4Choitla plurythmCOMMEEXISTÂT-IL
sourdant autrement qu’hallucination éparse d’agonie
7Choitla plurythmCOMMENÇÂT-IL ET CESSÂT-IL
sourdant que nié et clos quand apparu
sourdant que nienfin
sourdantpar quelque profusion répandue en rareté
10Choitla plurythmCOMMENÇÂT-IL SE CHIFFRÂT-IL
sourdant quévidence de la somme pour peu qu’une
13Choitla plurythmCOMMENÇÂT-ILILLUMINÂT-IL
21Choitla LE HASARD
28Choit
29Choitla plume
30Choitla plurythmique suspens du sinistre
31Choinaguères d’où sursauta sonaux écumes os’ensevelir
32Choinaguères d’où sursauta sonaux écumes orginelles
33Choinaguères d’où sursauta son délire jusqu’à une cime
34Choinaguères d’où sursauta son délire flétrie
35Choinaguères d’par la neutralité identique du gouffre
RIEN de la mémorable crisent
nt
nement
22accompli en vue de tout résultat nul
24accompli en vue deuneN’AURA EU LIEU
25accompli en vue de
27inférieur clapotis quelconque comme pour disperQUE LE LIEU
29inférieur clapotis quelconqu
30inférieur clapotis quelco
31inférieur clapotis quelconque com
32inférieur clapotis quelconque co
35dans ces parages
36dans ces parages du vague
EXCEPTÉà l’altitudePEUT-ÊTRE aussi loin qu’un endroit
PEUT-ÊTRE aussi loin qu’un endroit
PEUT-ÊTRE aussi loin qu’un endroit
7selon telle obliquité par
8selon telle obliquité
9selon telle obliquité par telle déclivité
11selon telle obliquité par telle déclivité en
13selon t
14selon tvers
15selon tversce do
17selon tversce dole Septentrion aussi NUNE CONSTELLATION
19selon tversce d
20selon tversce dfroide d’oubli et de dé
21selon tversce dfroide d’oubli et de
22selon tversce dfroide
23selon tversce dfroide d’oubli et de
24selon tversce dfroide d’oubli et dele heurt succes
25selon tversce dfroide
28veillant
29veillant doutant
30veillant doutant roulant
32veillant doutant roulaà quelque po
33veillant doutant roula
36veillant doutant roula
Je vous en félicite,
Pour lui faire visite.
Qu’il faut voir pour y croire,
Besoin de mon histoire :
Sans nulle forme humaine,
Eh bien, ces phénomènes,
Trouveriez horrifiques,
Rares et magnifiques !
Prépose à ce musée,
Crut sa vue abusée,
Indicibles merveilles,
« Tu dors, ou si tu veilles ?… »
Car je ne puis pas croire
Quelqu’un doit me le boire… »
De salle, un vrai colosse,
De cet alcool atroce.
Loin de tomber en cendre,
C’était de quoi surprendre.
Doit avoir les entrailles
Après ses funérailles. »
Va, je connais ton vice.
Service pour service. »
Accepta tout de suite.
Un jus moins insolite.
Mettez-vous à sa place…
Dont le nom seul nous glace.
Au fur et à mesure
De sa manœuvre obscure :
À coup sûr il me navre,
En sera son cadavre ! »
Pas songé que peut-être
Avant lui disparaître.
Il bénit sa mémoire,
Et sans cesser de boire.
Corps lui restait pour compte,
Alla de sorte prompte,
Afin de le revendre.
C’est toujours bon à prendre.
D’autant qu’ils étaient vuides,
Ou du moins je le cuyde.
Certes
Autrefois
LE TUNNEL
Ceux qui percent le mont, au nord,
Disciplinent leurs gestes
Certe on s’ignore encor
Des deux côtés de la montagne.
Ceux du Trentin et des Romagnes
Dans l’ombre.
Prétend
Que son oreille entend
Là-bas.
Émus, fiévreux, hâtant le pas,
Tous le suivent vers l’endroit proche.
Le bruit renaît, chacun l’entend
Pareil aux chocs intermittents
Que fait la poudre en éclatant
Dans la mine, de roche en roche.
Jusqu’au fond de la nuit.
Causons
Par la Femme
LES TROIS PUCELLES DE BRUXELLES
Légende de la bonne humeur brabançonne.
Les arcs-en-ciel sont les bandeaux
Où leur bonté veut s’exalter.
Menuisier,
M’ennuyer !
D’l’aut’ côté,
D’vérité.
Inqu’et d’tout,
Et partout.
L’établi,
Boir’ l’oubli.
Cont’ les r’mords,
Et des morts !
L’horizon !
La raison !
Qui nous ment,
Tranquill’ment.
Et qu’enfin,
Ni la faim.
Et j’suis sûr
L’enfant pur.
Rest’ discrets,
De secrets.
Cœur amer !
Comm’ la mer !
Du malheur,
Ma douleur.
Donc, adieu
Je suis Dieu ! »
I’caus’ savant comm’ les monsieurs,
Ça dépend ! p’têt’ ben encor mieux ;
Mais, tout ça c’est chimèr’, tournures,
Qui n’ent’ pas dans nos comprenures.
Qu’à jeun i’ r’gard’ la vie en d’sous,
Mais qu’i’ sait les s’crets des mystères
Et d’vient l’bon Dieu quand il est saoul…
Q’pour lui changer l’tout s’rait qu’un jeu,
Moi ! j’vois pas tout ça dans mon verre.
Ma personn’ dans sa mêm’ façon,
Sauf que les jamb’ sont pas si libres
tertulia
XXXIV
Quare tristis est nima mea.
And she has ruled the chords so long
They warble only to her song.
. . . . Thranen gab der kurze Lenz mir nur.
Primavera per me pur non è mai.
effulgence
À Louis Boulanger.
Debout, debout, compagnons de misère
L’heure est venue, il faut nous révolter
Que le sang coule, et rougisse la terre
Mais que ce soit pour notre liberté
C’est reculer que d’être stationnaire
On le devient de trop philosopher
Debout, debout, vieux révolutionnaire
Et l’anarchie enfin va triompher
Des montagnes du Forez.
A fait le plus horrible songe ? »
Dans la camisole de force :
Les yeux fixes, la bouche torse,
Me souriait avec langueur
Je la regardais sans un cri, sans même
Un mouvement ; mais autant qu’elle blême !
Par des tunnels bas, des corridors froids,
Par de longs souterrains étroits,
J’arrivais dans un carrefour.
J’entendais qu’on chauffait le four
Qu’on me prît… et l’on m’enfournait
S’y reprenait à plusieurs fois.
Ce n’était qu’au septième coup
Que ma tête quittait mon cou.
Elle roulait, elle roulait…
Fléchissant sous l’énorme poids
De je ne sais quelle bête,
J’allais seul, la nuit, par une tempête.
Les objets dans un noir de poix
Avaient fini par se dissoudre.
Pas de pluie ! aucunes rafales !
Mais un grand cri, par intervalles,
Tel que je n’en ai jamais entendu !…
Comme un chant d’horreur extraordinaire
Accompagné par le tonnerre…
J’étais très malade — en danger de mort.
Quand même, j’espérais encor,
Dans le rassurant de ses yeux.
De la confiance et de la tendresse.
Brusquement, elle se levait,
Et m’étouffait avec ses ongles.
En face d’un grand billot plat
J’aiguisais vite une serpe tranchante
Qui luisait d’un terrible éclat.
De cire, et ma vue était médusée
Par des mannequins froids et solennels
Qui représentaient de grands criminels.
Je frissonnais bien, mais je tenais ferme.
À la voûte, plus de clarté,
Toute la cave était tissue
D’une compacte obscurité.
J’appelais avec violence,
Rien ne répondait qu’un morne silence ;
Et je sentais la solitude en haut,
Alors, se rallumaient les lampes,
Tous ces mannequins s’animer hideux
En chair, en os, j’étais reptile infâme,
Tout ramassé dans ma laideur,
Immobilisé de lourdeur.
Je ne pouvais bouger de cette place
Où je mettais mon froid de glace.
J’étais si conscient de mon corps odieux
M’en aller de la malheureuse !…
Sa respiration courte, inégalement,
Soulevait mon poids opprimant…
À la fin, elle dit d’une voix chagrine :
Après un hurlement de peur.
Et le réveil — horreur qui navre !
Ainsi qu’un fil qui se dévide
Je descendais lent dans le vide ;
S’élargissait toujours plus creux ;
Dans l’indéfiniment profond
Je tombais sans toucher le fond.
Pendait juste une immense glace,
Comme d’une herbe ou d’une vague,
Et voici qu’en un jour blafard
Sortir un énorme serpent
Dont j’allais être la pâture.
Moitié dressé, moitié rampant,
Il arrivait jusqu’à ma couche.
Le magnétiseur me considérait.
Et j’entendais bientôt craquer mes os
treizième
D’où je sortais comme un damné,
« Non ! tu ne seras plus des nôtres !
« Tu n’auras pas cette ressource.
« Tu dois exister désormais
« Pour jamais ! pour jamais !
« Pour toujours ! pour toujours !
« Va-t-en lutter, souffrir, penser,
« Sans plus repouvoir trépasser ! »
Leurs frémissements et leurs voix,
Fidèle
(bis)
(bis)
vous.
Ainsi je m’écriais, quand, le long du rivage,
Tandis que j’avançais vers cette solitude,
Où dort le chantre heureux des bois et des bergers.
Vous, qui vous souvenez du laurier qu’en ces lieux
Avec des flûtes dans leurs mains,
Se sont perdus par mes chemins
Tityre et Mœlibée ;
Ils n’ont rien vu de mon pays
Que des voiles de brouillard gris
Et des feuilles tombées.
Son pâle été leur parut froid
Avec son brusque et lourd convoi
Et de vents et d’orages.
Ils se disaient : « Comment chanter
« Les fruits, le miel, la volupté,
« Sous ces mornes ombrages ?
« Quand tombe, aux horizons, la nuit,
« Où rencontrer celle qui fuit
« En riant, vers les saules,
« Et nous permet d’apercevoir
« Dans la douce clarté du soir
« Un peu de son épaule ?
« Sur un pignon humide et bas
« Le raisin clair ne mûrit pas,
« Et quel écho docile
« Répéterait parmi ces prés
« Les chants divins qu’ont inspirés
« Les muses de Sicile ?
« Les gens d’ici se parlent peu,
« Ils ignorent le vin de feu
« Qui empourpre les outres,
« Ils se terrent en des maisons
« Dont le foyer et ses tisons
« Noircit toujours les poutres.
« Ni le cyprès, ni l’olivier
« Ne font un abri familier
« Au milieu de leurs plaines.
« L’ombre descend avant le soir,
« Et le tumulte immense et noir
« Y gronde dans les chênes.
« Ils allument au jour tombant
« Une humble pipe, en se courbant
« Vers la flamme de l’âtre ;
« Leur amour n’aime que pain bis.
« Ils ne connaissent Alexis,
« Ni Gallus, le beau pâtre.
« Rome n’éblouit point leurs yeux
« De ses héros ni de ses dieux
« Pareils à une armée
« Et leur ville n’est qu’un hangar
« Que trouent les trains, de part en part,
« À travers les fumées. »
Ainsi marchant par nos chemins,
Avec leurs flûtes dans leurs mains,
S’entretenaient, non sans sourire,
Mœlibée et Tityre ;
Et lentement se prit à dire :
« Les gens qui sont d’ici
« Aiment la peine et le souci,
« Et conquièrent dans le danger
« Leur bonheur difficile.
« Les muscles de leur corps
« Ne sont joyeux que par l’effort
« Qu’ils ont coulé dans un bon creux
« Sans paille ni soudure.
« Si leur amour jaloux
« Guette dans l’ombre où tout à coup
« L’inévitable et vieux combat
« Pour l’or ou pour la femme.
« Jamais vous ne saurez
« Là-bas, sous vos cieux azurés,
« Et qu’il secoue et bat l’auvent
« Et la fenêtre close.
« Au sein de nos guérets
« Le cœur des gens est plus secret
« Où Lycoris au bord des eaux
« Se couche et vous accueille.
« La ville et tous ses bruits
« Et ses trains d’or trouant la nuit
« Voient de beaux gars endimanchés
« Mener vers eux mille attelages.
« Ainsi
« Vivent les gens d’ici,
« Dans la bonne ou la mauvaise fortune ;
« Et le chantant
« Aux jours d’été et de printemps
« Quand même.
*
Du cothurne chasseur j’ai resserré les nœuds ;
Aux
23-24 octobre 1872.
oratoire
Conseils
eau-de-feu
Pionniers
soco
Légende Dorée
Par dedans, par dehors !
Les
PIERRE RONSARD
JOACHIM DU BELLAY.
1
2
3
4
5
6
7
Petit Journal
À Agénor Brady.
Pour Pierre de Bouchaud.
LE TÉMÉRAIRE
Sans le crier au monde, en ces buccins vermeils
La renommée en or et sang du Téméraire.
Il lui créait de l’Est à l’Ouest, du Sud au Nord,
Toujours sa guerre à lui fut la guerre des autres.
l’Antre des Nymphes
Mais, passons…
Ma tante Jézabel devant moi s’est montrée
Comme au jour de sa mort pompeusement parée
***
Publié dans L'Impartial de Nice.
TALMA ! Pleurez TALMA
TALMA
PLUS TALMA
dit-on
Ai-je
À Georges Guéroult.
d’action, ce Siècle de lumières
Siècle
saint
clique
dieu de coterie
dieu
dévot
journaux
bettes
l’intuition opposant l’argument
Sur, pour et contre
fou
grand nombre lui plait, l’exception
prose et les hommes pratiques
rêveur comme nuisible ou nul
s’enrichir
réussir
nouveaux droits
quelque
Croissez ! multipliez
l’eau-de-flamme
carnassiers
l’eau-de-feu
Paris
gratis
Luquet
gare
qui vive
essaim qui grouille :
Mon coeur a perdu son repos...
Surgite
Mortui
Clochers
La Bataille perdue.
Québec, 31 décembre 1855.
SUR LES QUAIS
Ils racontaient encor
Et leurs phares fixes et clairs
Ou bien encor
Où tout ce qui soufflait de vent
Mouvant
Qui descendaient dans les lueurs
Aux profondeurs
Et puis, rapidement, pour en finir,
Pour les laisser voguer à la dérive
Mais terminaient toujours
Un jour,
De tous côtés vers eux
Pour regarder avec fièvre leurs yeux
Qui avaient vu toute la terre.
Au poète Auguste Dorchain.
Fille
Novembre 1870.
AI
22 juillet 1888.
Du château de R…
De Profundis
*
TH. MOORE.
Crux de Cruce
siècle-à-vapeur
d’ascèse
II
III
IV
Il expira.
C’était là.
Dieu méditait.
Criaient, montrant leurs fers, leur sang, leurs maux, leurs plaies :
V
Gémis
Apocalypsis, caput XVII.
À M. G. Morel.
LA STATUETTE
Quelques joueurs la sauvèrent, à marée haute.
Dans le milieu du jeu, un jour de Pentecôte,
champs qui tintent
Croix-Blanche.
Croix-Blanche
XXXVI
Trois
D’ombres
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.
Je ne fus pas heureuse.
L’astre fatal de la Beauté,
Inconnu
À M. G. P.
A la princesse D....
Veillons au salut de l’empire !
(Paris, octobre 1838.)
sièges
protège
Et Mammon se fraie sa route
là où'un chérubin désespère. Lord Byron (Childe-Harold).
À mes chers Confrères de l’Académie Lamartine,
Publiés dans le Bulletin de l'Académie Lamartine, n°3 (10 Septembre 1888).
Le palais de l’empereur. — Au fond, un jardin derrière une colonnade.
SCÈNE PREMIÈRE ― CHŒUR DE GUERRIERS, CHŒUR DE JEUNES FILLES.
se retirant.
SCÈNE II ― AUGUSTE, LIVIE, OCTAVIE.
répondant au chœur qui sort
A Livie.
se levant.
A Octavie.
Livie et Octavie sortent.
SCÈNE III ― AUGUSTE, seul ; puis MÉCÈNE.
s’asseyant.
SCÈNE IV'
seul.
Il s’assied sur son lit.
Il s’endort.
SCÈNE V ― AUGUSTE, LES MUSES.
chantant.
endormi.
Montrant Calliope.
de même
Les Muses s’arrêtent.
À Clio.
À Polymnie.
Aux autres Muses.
1853
Winter’s tale. Act.II, scène I.
Eh bien, soit ! À la rouge Veuve
L
Ils ont entendu rire ainsi.
Se sont peu à peu dispersés.
Pour le sommeil sans souvenir.
Par les enfants de leurs enfants.
Les baigne d’immortalité.
Dans la paix des enfants de Dieu !
eut
chenet
Mais les anges des toits des maisons de l’Aimée,
les anges en allés tout un grand jour loin d’Elle,
reviennent par le ciel aux maisons de l’Aimée ;
les anges-voyageurs, buissonniers d’un dimanche,
les anges-voyageurs se sont fait mal aux ailes,
les anges-voyageurs, buissonniers d’un dimanche ;
les anges-voyageurs savent le colombier,
et se pressent, au soir, vers le cœur de l’Aimée,
les anges-voyageurs savent le colombier ;
mais les plus petits anges se donnant la main,
les plus petits anges se trompent de chemin,
mais les plus petits anges sont encor très-loin ;
et les anges plus las, sur leurs bateaux à voiles,
ont le mal de la mer, et du ciel, et des îles
d’or et qui, des villes, ont un faux air d’étoiles ;
et les anges ont froid parmi les hirondelles,
et leurs pieds, et leurs mains, et leurs coudes sont rouges,
et les anges mettent leurs bras nus sous leurs ailes ;
et la bien-aimée s’inquiète d’eux, au soir
de dimanche, où les enfants de la ville chantent
plus fort depuis que les rues et les toits sont noirs.
Anges, des mauvaises maisons
dans le noir et mes yeux voyagent ;
anges de velours, anges bons,
mes yeux en sont à des images
où mes lèvres cherchent la place
au baiser la plus harmonique,
et ma bouche berce, en musique,
entre les seins nus des Trois-Grâces.
Anges, la chair du soir m’envoûte,
et j’ai plus mal à ma migraine
où la femme, en feu, de mes veines
siffle dans les eaux de mes doutes ;
et des cheveux tombés me peinent,
et mes mains pour errer n’ont place ;
et frais, le boire-aux -yeux me glace
comme d’un bain à des fontaines.
Anges, des ventres me saluent,
au chapitre vague des moelles,
sous des yeux, comme des étoiles,
derrière une montagne nue
où, des robes, le rein dégorge,
ceint ainsi que de zodiaques,
par les ceintures d’or qui parquent
haut, les cimes dures des gorges ;
anges du ciel qui n’est plus mien,
la reine de Saba me baise
sur les yeux ; anges très-chrétiens,
dans le noir des maisons mauvaises.
Mais les anges sont morts de peine,
et la chair aussi s’est éteinte,
et les lampes, comme en la crainte
d’éclairer, fument et se traînent ;
et des roues dorées s’embarrassent
à la voie blanche des plafonds,
avec des yeux gros dans des ronds
d’indéterminables surfaces.
Mais les yeux, faites les joyeux
et faites des baisers les bouches,
car viennent les enfants qu’on couche,
mais les yeux, faites les joyeux ;
allez, les doigts, aux vieux ouvrages,
qui n’avancent depuis longtemps,
allez, pour le tuer le temps,
allez, les doigts à des ouvrages,
dans le rituel doux des lampes
où les grands parents protestants,
au dimanche long se mourant,
ont mal de sang trop lourd aux tempes.
Mais voici venir une maladie,
le dimanche a pris un mal de langueur,
le dimanche est bas d’une maladie,
et les médecins venus l’abandonnent
le vieux dimanche, puisqu’il doit mourir ;
et les médecins venus l’abandonnent.
Mais, auprès de lui, restez sans rien dire
les enfants auprès des grandes personnes.
Mais, auprès de lui, restez sans rien dire,
avec les douces sœurs noires qui pleurent
de cloches, et toutes les demi-heures,
avec les sœurs noires douces qui pleurent.
Et tout au fond du domaine loin,
où sont celles que l’on aime bien,
la plus aimée me pleure, perdue
de ma mort aux semaines venue ;
la plus aimée de mon cœur s’attriste,
et plonge ainsi que des fleurs ses mains,
aux sources de ses yeux de chagrin,
la bien-aimée de mon cœur s’attriste.
Et tout au fond du domaine loin,
la bien-aimée a mis ses patins,
se sentant dans le cœur de la glace,
et loin vers moi s’efforce et se lasse ;
la bien-aimée accroche aux vitraux
de la chapelle d’où l’on voit loin,
avec le pain, le sel et les anneaux,
ma pauvre âme, elle, qui ne meurt point.
la bien-aimée ne pleurera plus
les beaux jours de fêtes révolus,
aux bagues de famille à ses mains ;
la bien-aimée m’a vu comme un saint
promettant un éternel dimanche,
aux âmes enfantines et blanches,
et tout au fond d’un domaine loin.
Or, les juifs aussi sont venus,
mauvaisement nus et goulus,
et la fièvre blanche aux gencives,
et la sueur du cœur et juive.
Et des villes où sont les ports,
sur les vaisseaux noirs de la mort,
et pour vendre, et pour acheter,
le peu du dimanche resté
de dépouille et de friperie,
ils sont venus dès l’agonie,
ils sont venus les levantins,
aux fièvres du soir de mes fins,
s’enivrer des froides éponges
sur mon front pour calmer des songes.
Or, ils sont venus les laids juifs,
les très-laids petits enfants juifs,
de teigne et d’induration,
voir mourir de consomption
mes enfants qui vont vers les anges,
et la vie félice des langes,
au minuit d’une lune blanche ;
mes très-chrétiens et bons dimanches.
et bien heureux sont ceux d’âme assez forte
que le travail attend, bon, à leur porte ;
les semaines sont et les mains sont reines,
et s’en vont du port blanches les carènes
des beaux vaisseaux de dimanche attardés.
Or, c’est fini de très-loin regarder,
en des nonchaloirs heureux de rien faire,
et déjà les juifs reparlent d’affaires.
Et lors, c’est la fin venue de mes fêtes,
et puis la vieillesse aussi de ma tête,
tout est fini, les dimanches sont morts.
Mes pauvres petits†
Mes pauvres petits dimanches sont morts.
.... Nature might stand up
And say lo all the world : This was a man !
entre.
Il chante
entre,
au roi.
Oh
rari-nantaise
camoufles
Songeant
IEN
UEL
UAND
HRÉTIEN
’AI
RISTES
E
II
Une calamité
La ponctualité.
On vous dit : tel train part
Qu’à huit heures un quart.
Annoncé pour midi,
Que l’on lui fait crédit.
Vous avez remarqué
Dans l’instant indiqué.
Chez nous ? Vous savez bien
Et qui ne rime à rien.
Que si, par un hasard,
Qui serait en retard !
*
* *
Dîner chez l’habitant.
On voit, à chaque instant,
Qu’à neuf heures un quart,
Peste de ces écarts !
Folle de vous enfuir.
Loin de vous réjouir,
Autre horrible détail :
N’est même pas à l’ail !
Je serais étonné,
Du rendez-vous donné.
Tu peux m’attendre un peu.
Au tonnerre de Dieu…
Jamais il n’avouera
Le triple scélérat !
Il peut épiloguer
De me faire droguer.
M’accorde, tout aussi
Et moi je dis que si.
Un seul, de qui j’admets
Mais il ne l’eut jamais.
Le public est prié de ne pas se méprendre...
Ah! povero, ohimè!
naïf dans l'art
Globe ou les Débats
Mémoires sur*** - Essai de poésie...
somnium
CHANT DES VAGUES.
****
SCHUMANN
au
C’était
Je vous hais
Nous
Fiat lux
1842-1898.
Pax et Robur.
LE SOIR DE LA BATAILLE,
SUR LES GRÈVES DE L’ÎLE.
(Malherbe).
Le trident redouté des mers,
Pallas, ô Déesse aux yeux pers.
Hellas a reconnu ses dieux ;
Comme le seul victorieux.
Planait sur la cime des flots ;
Avec le vol des javelots.
Tombèrent ses fiers défenseurs,
La majesté des vierges Sœurs,
Guidait l’inévitable essor,
Chanter avec sept cordes d’or.
Emplissant les vents inspirés,
L’Harmonie aux nombres sacrés.
Et, sous l’aube éclairant ton front,
Quand tes Poëtes parleront.
Le cri farouche des clairons.
Que par ce que nous en dirons.
Viendront prier à ta clarté,
À ta seule immortalité.
Et, lorsque le Temps odieux
Thérèse
LA SAINT-PIERRE
De Saint-Pierre, apôtre et saint.
Estampille, après boire
Les jours après les jours passèrent,
Plutôt qu’en ce mois de tempête.
Mais tu n’y peux rien, non plus moi.
Alla fleurir dans l’Empyrée,
À la droite du Roi des Rois ;
T’ont voué cette révérence,
Et vont se réclamant de toi ?
Mais, vois quel dépit est le nôtre,
Que l’Histoire n’en dise rien !
La foule est assez coutumière
De jouer sur les mots ainsi.
À défaut d’un chant plus sonore,
L’humble fredon de mes pipeaux.
Ainsi que de mettre en bouteilles
Le vin des Vignes du Seigneur !
Un vin en or, ou bien encore
Couleur de la pourpre des soirs !
C’est plutôt sur les gueuses tables
Que sont tes autels familiers !
Je te rendrai plus bel hommage.
En buvant du vin, ô Vincent !
Ou sur une sombre tourbière,
Danser de légers feux-follets.
Lorsque Joseph d’Arimathie
Du sommet de la croix,
Et que les monts et que les cieux,
Et que les eaux et que la terre,
Étaient redevenus silencieux
Et solitaires,
Il était mort, ce cœur,
Ni de mourir de sécheresse,
Pendant les trois longs jours
Que passerait au fond du tombeau lourd,
Avant que d’en renaître,
Le maître.
Dans le silence
À l’endroit même
Où s’enfonça le coup de lance !
Là-haut, dans le ciel de Judée,
D’être son âme élucidée.
Le vieil orgueil et ses alarmes.
Très doucement, avec des larmes.
De ceux qui dominent la vie
Et la douceur inassouvie.
Jérusalem dormait là-bas
Songeant à Pierre
Cette faute plénière
D’avoir eu honte de son Dieu.
Et sanglota sans lui rien dire.
Et supplia d’une voix haute
Songeant à Barrabas.
Soudain,
Des pas multipliés
Seigneur,
Le vôtre, sur la terre.
SAINT AMAND
Vous n’interrompiez pas
Saint Amand
Ô Papillon
L’ILLUSION
CEUX QUI S’ENDORMENT
XLIV
à Mademoiselle Louise B.
SAGESSE
D’après une fantaisie en prose de Léon Chavignaud.
Janvier 1871.
III
Vite
Votre mari le sabotier
RUSSIE
Je sais, là-bas,
Qu’en une île de la Néva,
Pour y souffrir, pour y mourir
Je sais
Que c’est la rouge et séculaire tyrannie
Qui seule en a creusé l’accès ;
Pourtant,
J’ai moins peur d’elle, en notre temps,
Russie ardente et glaciale,
Pieusement, comme en secret,
Russie étrange et souterraine,
Et qu’il n’aura pendant des ans
Puisé sa lumière et sa force
Mais aujourd’hui
Il est patent cet avenir ; il brûle, il luit
À travers la ténèbre et l’effroi de la nuit ;
On l’acclame et en Pologne et en Finlande ;
Les cœurs fous, les cœurs sages
Rangent également leurs feux
Mystérieux
Sur son passage ;
Et puis dites aussi le cri
Qui déjà passe et qui bondit
À travers monts et plaines
Si tu luttes sous les obus et les fumées
Avec des mains comme enflammées,
Pour conquérir cet avenir
Unir
Dans les combats de volonté à volonté
Le monde
— Quoique affaibli et divisé,
Sera quand même et par vous et par nous
Recomposé.
RUPERT BROOKE
POÈTE ET SOLDAT
D’après une lettre d’un de ses
amis et compagnons d’armes
qui l’enterra à Scyros.
Devenaient peu à peu
L’enjeu
Pas un instant, il n’hésita
Qu’il fit accueil, portes ouvertes,
Il s’embarqua tel jour d’été,
De l’écumante et fougueuse avalanche
Des, vagues blanches ;
Il s’embarqua vers l’Orient,
Jeune, ferme, rapide et souriant,
Les golfes d’or des Dardanelles.
N’arborerait dans un combat sanglant
Le glaive ?
Serait tué par le soleil ?
Son corps ne souffrit guère ;
Jadis, il eût voulu mourir ainsi,
Son dernier souffle.
Dans un site merveilleux.
Au long de roches éternelles.
Très doucement, contre nos corps.
Et recouvert par de blancs marbres.
Prenant pour encre un peu de poix.
Puis l’avons laissé là
Dans sa tombe de soldat,
Avec la mer pour amie.
Depuis
La France et l’Angleterre.
Dès qu’on se battait bien.
Plus tard, lorsque la paix docile
Sa tombe, au cœur de l’île.
Hélas ! le temps qui tout efface
Et peut-être nos pas
N’importe, il nous sera plus cher encore
Si nous ne la retrouvons pas.
LES RUN0ÏAS.
LES CHASSEURS.
LES RUNOÏAS.
LE RUNOÏA.
L’ENFANT.
Chassée
LES RUNOÏAS
LES CHASSEURS.
LES RUNOÏAS.
LES CHASSEURS.
LE RUNOÏA.
L’ENFANT.
L’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse.
Là-bas,
Le petit bois de cornouillers
Où l’on disait que Mélusine
Jadis, sur un tapis de perles fines
Au clair de lune, en blancs souliers,
Dansa ;
Le petit bois de cornouillers
Et tous ses hôtes familiers,
Et les putois et les fouines,
Et les souris et les mulots,
Écoutent
Loin des sentes et loin des routes
S’en aller l’eau.
Et la chanson est preste ou lente,
Suivant les creux, suivant les pentes
Où l’eau s’engouffre ou bien s’enfuit
Elle ne tait ni jour ni nuit
Son bruit ;
Aux coins où les saules s’arc-boutent,
Qui s’égrène, joyeux et clair,
D’un roseau vert.
Aubes voilées,
Vous étendez en vain,
Dans les vallées,
Vos tissus blêmes.
La rivière,
Coule de pierre en pierre
Et rechante quand même.
Si quelquefois, pendant l’été,
Elle tarit sa volupté
C’est que le dur juillet
La hait,
Et l’accable et l’assèche.
Mais néanmoins, oui, même alors
En ses anses, sous les broussailles
Elle tressaille
Et se ranime encor,
Quand la belle gardeuse d’oies
Lui livre ingénûment la joie
Brusque et rouge de tout son corps.
Et la douce chanson mouillée
Autour des mains, émerveillées
De frapper l’eau dans le soleil,
Et se disperse et s’insinue
Et fait courir son frisson long,
Depuis le col jusqu’aux talons.
Ô les belles épousailles
De l’eau lucide et de la chair,
Dans le vent et dans l’air,
Et les baisers multipliés du flot
Sur la nuque et le dos,
Et les courbes et les anneaux
De l’onduleuse chevelure
Ornant les deux seins triomphaux
D’une ample et flexible parure ;
Et les vaguettes violettes ou roses
Autour des flancs, autour des reins ;
Et tout là-haut le ciel divin
La belle fille aux cheveux roux
Pose un pied clair sur les cailloux.
Pour recueillir au bord,
Parmi les lotiers d’or,
La menthe fine ;
Ou bien encor
S’amuse à soulever les pierres
Et provoque la fuite
Droite et subite
Des truites
Au fil luisant de la rivière.
Elle s’étend ensuite et rit et se recouche,
Les pieds dans l’eau, mais le torse au soleil ;
Et les oiseaux vifs et vermeils
Volent et volent,
Et l’ombre de leurs ailes
Passe sur elle.
Ainsi fait-elle encor
À l’entour de son corps
Même aux mois chauds
Chanter les flots.
Et ce n’est qu’en septembre
Que sur les branches d’or et d’ambre,
Sa nudité
Ne mire plus dans l’eau sa mobile clarté.
Mais c’est qu’alors sont revenues
Vers notre ciel les lourdes nues
Avec l’averse entre leurs plis
Et que déjà la brume
Du fond des prés et des taillis
S’exhume.
Pluie aux gouttes rondes et claires,
Bulles de joie et de lumière,
Car tout l’automne en deuil
Parmi les prés, parmi les bois ;
Chaque caillou que le courant remue
Fait entendre sa voix menue
Comme autrefois ;
Et peut-être aussi que Mélusine,
Sur les gazons
Ses perles fines,
Danse encor
Et danse.
INCONNU
Juin 1879
Dies iræ
Rubens
Américane
pieux
force !
Comme des clous, les gros pavés
Fixent au sol les routes claires :
Lignes et courbes de lumière
Qui décorent et divisent les terres
En ce pays de bois et de champs emblavés.
Quand s’en venaient les Dieux
Rôder dans les vergers des hommes ;
Qui se glissait entre les saules
Et sa bondissante colère
Passer.
Pendant l’hiver morne et tassé
Autour des âtres,
Les grand’routes grisâtres
Leurs grands gestes à travers champs convient
Au travail vaste et clair,
Hommes, chevaux, herses, charrettes
Et les gamins et les fillettes
Alors
Sous les rameaux et les ombrages
Et sans fatigue et sans repos
Elles se haussent ou s’inclinent
Parfois l’ombre grande des nues
Les plus hautes et les plus larges
Sont en marche vers le soleil.
Ainsi les routes grandes ou petites
Visitent
De l’aube au soir, durant l’été,
Et la ferme bruyante et le clos écarté.
Elles savent quel est le pas
Qui tous les jours, à telle heure, s’en va
Du bourg d’en haut au bourg d’en bas ;
Elles mènent au cimetière ou à l’église
Elles mènent encor jusques au bois
Où quelque gars violent et sournois
Guette la fille qu’il courtise ;
Si bien que c’est et la joie et la peine
Qu’elles charrient de plaine en plaine
D’un
Vide ta pinte,
Roulier.
Et l’orge blond
Et le houblon de Flandre ;
Vide ta pinte
Joyeux et recueilli
Et laisse un peu de ton pays
Dans toi-même descendre.
Le houblon vert et l’orge blond
Pour s’exalter vers la lumière
Ont pris d’abord au sol profond
La bonne sève de la terre.
Comme toi, roulier,
Ils ne savent du monde
Que les champs clairs et familiers
Qui vont d’Alost jusqu’à Termonde ;
Ils ont aimé aux temps d’éveil
La même pluie et le même soleil,
Qui lentement sont devenues,
La bière.
D’un geste large et régulier
Vide ta pinte,
Roulier,
Et commande avec entrain
Un second verre
Pour le vider
Avec la saine et luisante commère
Qui te l’apporte
Au seuil des portes
Sur un plateau d’étain.
Car elle aussi, a puisé dans la terre,
Dans l’air, le vent et le soleil,
Ont exalté ses yeux profonds,
Et, comme l’orge et le houblon,
D’un geste large et régulier
Roulier.
Qu’il mourut
Rosette
Comme, autour des treilles,
Un essaim d’abeilles.
Sainte Perpétue
Tout de blanc vêtue.
Saint Vincent, insigne
Patron de la vigne ;
Le bon saint Grégoire
Qui préférait boire ;
Qui comble de graisse
Les chapons de Bresse ;
Qui tint la campagne
Avec Charlemagne ;
Onze mille vierges
Qui portent des cierges.
amour et force
*
Or
Enchemisé
Déjà la berline jalouse
Où s’endort la brune Toulouse.
Villes et vieilles citadelles,
Pleins de cloches et d’hirondelles,
Qui nageait aux sources d’Homère : —
La blanche cité, votre mère ;
Le Tescoud aux grèves pensives,
Nager dans ses eaux convulsives ;
On dirait l’épineuse arête
Dont la foudre ronge la crête.
Qui lui fit ces grandes entailles ;
Contre les Mores, aux batailles,
Comme des gerbes égrenées ;
Jusques aux blanches Pyrénées.
Grimpant de pelouse en pelouse,
Où, comme une perle, est Toulouse.
Au delà de ces rocs moroses !
Dans la belle saison des roses. »
Et l’été moins d’épis de seigle.
Des poils comme des plumes d’aigle,
Et nos figues et nos grenades,
Et leur faisaient des sérénades.
Pour eux leur belle joue ovale ;
Ils faisaient sauter leur cavale.
Blancs et jetant des étincelles.
A votre barbe vos pucelles. »
Sur sa selle, les accompagne :
Les Mores ont fui vers l’Espagne.
De leur bannière blanche et bleue ;
Du lion n’épluchez la queue ! »
Faisant claquer leurs becs sonores ;
Et belles carcasses de Mores ! »
Qui miaule et glapit par saccades ;
S’allait laver dans les cascades.
Et, sur leurs cimes toujours neuves,
De l’écharpe d’azur des fleuves.
Sur tous ces rochers de l’Espagne,
Comme ton oncle Charlemagne ?
Et nos chants tonnant dans l’espace,
Viens voir la Liberté qui passe.
À Alfred Guérard.
Et se lamentait d'être roi;
Mon peuple est accablé de maux,
Je suis consumé de tristesse;
Partout je cherche des avis,
Plus j'en fais, moins je réussis,
Dispersés, bêlants, éperdus,
Puis à sa brebis la plus chère;
Et tandis qu'il est d'un côté,
Le berger court, l'agneau qu'il quitte
Par une louve est emporté.
Guillot tout haletant s'arrête,
Et de son poing frappant sa tête,
Il demande au ciel de mourir.
Voilà ma bien fidèle image !
N'ont pas un plus doux esclavage :
Tant leur riche toison les gêne,
Et de qui la mamelle pleine
Faisait des vers pour son Iris,
Comme pour lui faire plaisir;
Un chien s'élance et le terrasse.
Au bruit qu'ils font en combattant,
Un autre chien part, les ramène,
Et ne quittait pas sa musette.
Alors le roi presque en courroux
Et, sans en être moins tranquille,
Sicut Dii
La rue, en un remous de pas,
De corps et d’épaules d’où sont tendus des bras
Sauvagement ramifiés vers la folie,
Semble passer volante — et s’affilie
À des haines, à des sanglots, à des espoirs :
La rue en or,
La rue en rouge, au fond des soirs.
Toute la mort,
En des beffrois tonnants se lève ;
Toute la mort, surgie en rêves,
Avec des feux et des épées
Et des têtes, à la tige des glaives,
Comme des fleurs atrocement coupées.
La toux des canons lourds,
Les lourds hoquets des carions sourds
Mesurent seuls les pleurs et les abois de l’heure.
Les cadrans blancs des carrefours obliques,
Comme des yeux en des paupières,
Sont défoncés à coups de pierre :
Le temps normal n’existant plus
Pour les cœurs fous et résolus
De ces foules hyperboliques.
La rage, elle a bondi de terre
Sur un monceau de pavés gris,
La rage au clair, avec des cris
Et du sang neuf en chaque artère,
Et pâle et haletante
Et si terriblement
Que son moment d’élan vaut, à lui seul, le temps
Que met un siècle en gravitant
Autour de ses cent ans d’attente.
Tout ce qui fut rêvé jadis,
Ce que les fronts les plus hardis
Vers l’avenir ont instauré ;
Ce que les âmes ont brandi,
Ce que les yeux ont imploré,
Ce que toute la sève humaine
Silencieuse a renfermé,
S’épanouit, aux mille bras armés
De ces foules, brassant leur houle avec leur haine.
C’est la fête du sang qui se déploie,
À travers la terreur, en étendards de joie :
Des gens passent rouges et ivres,
Des gens passent sur des gens morts ;
Les soldats clairs, casqués de cuivre,
Ne sachant plus où sont les droits, où sont les torts,
Las d’obéir, chargent, molassement,
Le peuple énorme et véhément
Qui veut enfin que sur sa tête
Luisent les ors sanglants et violents de la conquête.
— Tuer, pour rajeunir et pour créer !
Ainsi que la nature inassouvie
Mordre le but, éperduement,
À travers la folie horrible d’un moment :
Tuer ou s’immoler pour tordre de la vie !
Voici des ponts et des maisons qui brûlent,
En façades de sang, sur le fond noir du crépuscule ;
L’eau des canaux en réfléchit les fumantes splendeurs,
De haut en bas, jusqu’en ses profondeurs ;
D’énormes tours obliquement dorées
Barrent la ville au loin d’ombres démesurées ;
Les bras des feux, ouvrant leurs mains funèbres,
Éparpillent des tisons d’or par les ténèbres ;
Et les brasiers des toits sautent en bonds sauvages,
Hors d’eux-mêmes, jusqu’aux nuages.
On fusille par tas, là-bas.
La mort avec des doigts précis et mécaniques,
Au tir rapide et sec des fusils lourds,
Abat, le long des murs du carrefour,
Des corps debout jetant des gestes tétaniques ;
Des rangs entiers tombent comme des barres.
Des silences de plomb pèsent sur les bagarres.
Des cadavres dont les balles ont fait des loques,
Le torse à nu, montrent leurs chairs baroques ;
Et le reflet dansant des lanternes fantasques
Crispe en rire le cri dernier sur tous ces masques.
Et lourds, les bourdons noirs tanguent dans l’air ;
Une bataille rauque et féroce de sons
S’en va pleurant l’angoisse aux horizons
Hagards comme la mer.
Tapant et haletant, le tocsin bat,
Comme un cœur dans un combat,
Quand, tout à coup, pareille aux voix asphyxiées,
Telle cloche qui âprement tintait,
Dans sa tourelle incendiée,
Se tait.
Aux vieux palais publics, d’où les échevins d’or
Jadis domptaient la ville et refoulaient l’effort
Et la marée en rut des multitudes tortes,
On pénètre, cognant et martelant les portes ;
Les clefs sautent et les verrous ;
Des armoires de fer ouvrent leurs trous,
Où s’alignent les lois et les harangues ;
Une torche les lèche avec sa langue,
Et tout leur passé noir s’envole et s’éparpille,
Tandis que dans la cave et les greniers l’on pille
Et que l’on jette au loin, par les balcons hagards,
Des corps humains fauchant le vide avec leurs bras épars.
Mêmes fureurs dans les églises :
Les verrières, où des vierges se sont assises,
Jonchent le sol et s’émiettent comme du chaume ;
Le Christ, rivant aux murs sa mort et son fantôme,
Est lacérée et pend, comme un haillon de bois,
Au dernier clou qui perce encor sa croix,
Le tabernacle, où sont les chrêmes,
Est enfoncé, à coups de poings et de blasphèmes ;
On soufflette les Saints près des autels debout
Et dans la grande nef, de l’un à l’autre bout,
— Telle une neige — on dissémine les hosties
Pour qu’elles soient, sous des talons rageurs, anéanties.
Tous les joyaux du meurtre et des désastres,
Étincellent ainsi sous l’œil des astres ;
La ville entière éclate
En pays d’or coiffé de flammes écarlates ;
La ville, au fond des soirs, vers les lointains houleux.
Tend sa propre couronne énormément en feu ;
Toute la nuit et toute la folie
Brassent la vie, avec leur lie,
Si fort, que par instants le sol semble trembler
Et l’espace brûler
Et les râles et les effrois s’écheveler et s’envoler
Et balayer les grands cieux froids.
— Tuer, pour rajeunir et pour créer
Ou pour tomber et pour mourir, qu’importe !
Dompter, ou se casser le front contre la porte !
Et puis — que son printemps soit vert ou qu’il soit rouge —
N’est-elle point dans le monde toujours.
Haletante, par à travers les jours,
La puissance profonde et fatale qui bouge ! —
(LES VILLES TENTACULAIRES).
Les larmes sont un don.
23 avril 1835.
Vous qui dormez, laissez à l’Occident son Rêve !
À Henri d’Arles.
Pour aller éparer
Imitation de J.-C.
Hic nostri reditus...!
le Vengeur
ÉTAIT Dieu. »
À Jules Castagnary.
Toujours
Villiers, juin 1866.
Paix , lumière et richesse.
Vaillant.
D’angoisse & de souci ?
M’accable nuit & jour.
Mais mon cœur le pressent.
J’ai peur du moindre bruit.
Dont il veut me punir ?
Sur ce temps enchanté.
Jusques au lendemain.
Fût toujours de le voir ?
Et ne négligeait rien.
Il disait : Pauvre enfant !
J’immolais mon plaisir !
Cède à la passion !
Cacha la vérité ?
Et demeurer sans voix ?
Qui montait sur nos pas ?
Par lui, pour mon départ.
Disaient : Amour, amour !
Dans son trouble charmant ?
Mes bras autour du cou.
Ce baiser confiant !
Avec sévérité.
« Jamais il n’aimera. »
Ô vous, grands cœurs meurtris !
Vous offre de plus doux,
Coulent comme les miens ?…
Qu’il me fût refusé.
Comme une fleur au vent.
Dans l’arrière-saison.
Me pressa dans ses bras.
Embaumaient ce chemin !
De son feuillage vert.
D’un réseau de vapeur.
Frangeaient le ciel de noir.
C’était lui qui venait !
Il semblait rajeuni.
Il n’avait que vingt ans !
Par le soleil couchant.
Entendre un cri joyeux.
Il parle si bien, lui !
Et le cueillit soudain :
« S’abrite au pied du mur. »
À périr par sa main.
Aux frais boutons pourprés.
En tremblant bien des fois.
Et le bonheur craintif.
« C’est un signe d’espoir ! »
À l’herbe du gazon.
Il me dit : « À ce soir ! »
Un parfum persistant.
Ruisselle entre mes doigts.
Là, j’ai tout rassemblé.
L’amour seul m’est resté.
Deux mois après ceci.
N’était pas fait pour moi.
Même devant la mort.
Mon Dieu ! non, c’est l’amour !
Celle qu’elle avait le doux soir
Frémissante elle vint s’asseoir.
Ses chers adieux si redoutés,
De nos défuntes voluptés.
Je la portais, t’en souviens-tu ?
Faisait courir dans ma vertu.
Échangeaient tout bas en tremblant ;
Qui tressaille dans son bas blanc.
Cette chemise en tulle fin ;
Ont dit qu’il se donnait enfin.
Qui te voue un culte éternel ;
Qui furent ton festin charnel !
Candides et luxurieux !
« Entre ses plis mystérieux. »
Te fuyait comme un assassin,
En collant ta bouche à mon sein :
À ton hallucination ;
Sa chère fascination.
Et je la baise avec ferveur ;
Car il m’en reste la saveur.
Mon ancienne adoration,
Des fournaises de passion.
Toujours affamé de plaisir,
Pour éterniser mon désir ;
Sa chevelure aux flots houleux,
Ses yeux immenses, noirs et bleus ;
Depuis que l’amour m’a quitté ;
Comme dans la réalité !
Pomaré, Maria
Mogador et Clara,
À mes yeux enchantés
Le Cerbère crépu
M’a déjà reconnu,
Et l’orchestre… bravo !
Dans un quadrille à part,
Voici le grand Chicard,
Avec grâce étalant
Dans ton rapide essor,
Je te suis Mogador,
Partage mon destin,
Maria, passe l’eau,
Laisse-là ton Prado ;
Prodiges superflus !
Ô grande Pomaré,
À ton nom révéré,
Ton peuple transporté
De ton humble sujet,
Accepte ce bouquet,
Plus frais que tes appas,
Ô charmante Clara,
Professeur de polka,
J’aime mieux les ébats
Coule, coule toujours,
Fontaine des amours :
Qui sait si quelque jour
En voyant ces beaux yeux,
Ce sourire amoureux,
Et cette taille-là,
Pomaré, Maria,
Mogador et Clara,
Quel superbe festin
Pince avec agrément
Ce sublime cancan,
Dont l’élan infernal
Sans reproche et sans peur,
Viens embrasser l’auteur,
Et puissent mes couplets
La vie s’écoule entre deux rires : l’Espérance et le Regret.
Voilà le régiment
IV
REGARD JETÉ DANS UNE MANSARDE
LE POÈTE À LUI-MÊME
Damon
Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ?
(Il se penche, et écoute un moment à terre.)
avec acclamations.
(Après un moment de silence. )
(Ils tombent à ses pieds.)
MICOL, JONATHAS.
dans l’obscurité, sans voir Jonathan.
(Elle tombe à genoux près de l’arche.)
(Elle se relève.)
(Avec plus d’abattement.)
s’avançant vers Micol.
s’élançant du bosquet ou il était caché.
après un moment d’égarement.
à David.
(David se retire.)
MICOL, JONATHAS, SAUL.
sortant de ses tentes.
(Un moment de silence.)
(Micol et Jonathas se retirent.)
La
Bénite
Pardon
Sainte Anne, Onguent des belles-mères !
Consolation des époux !
CANTIQUE SPIRITUEL
Mère taillée à coups de hache,
Tout cœur de chêne dur et bon ;
Sous l’or de ta robe se cache
L’âme en pièce d’un franc-Breton !
— Vieille verte à face usée
Comme la pierre du torrent,
Enfant
* * *
— Sainte Anne, ayez pitié de nous ! —
— Allez : la Foi vous a sauvé ! —
Vide latus !
visité par Gabriel
choisis ont hérité.
Ankokrignets et Kakous !
kyriè-éleison !
ex-voto
calvaire se tient ;
Istoyre de la Magdalayne
Jvif-Errant ou d’Abaylar
Chants du Crépuscule.
Brionne, mars 1870.
50
55
60
65
70
sonnet CXXIII
sonnet CXXI
sonnet CIV
Pendant qu’Elle chantait en s’accompagnant
sonnet CXXVIII
sonnet CXI
Et étrangement enchantée.
Et moi, j’étais ému.
VII
VIII
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XXXV
QUE LA MUSIQUE DATE DU SEIZIÈME SIÈCLE
Qui nous dira le grand secret ?
Tout, dans l’oubli, s’abîmerait ?
Comme une perte de son temps,
Compter au chagrin ses instants ;
À votre oreille vient crier ;
Si le cœur doit se renier ;
Selon le sort inattendu
Qu’un intérêt bien entendu ;
Sur toute autre chose ici-bas.
Pour ces calculs lâches & plats !
De ma couronne de douleurs ;
Embellie encor par ses pleurs !
XIII
Air : Tous les bourgeois de Chartres.
À MES LECTRICES.
Frappe
S’éteindra dans mon sang,
Les lambeaux de mon cœur.
Niera son oppresseur !
La Force et le Hasard.
Sera ton châtiment.
Un Dieu dans mon bourreau.
À Paul Dalloz
PROMENADES
Abritaient des cigales,
Sous la chaleur ardente,
Nous vînmes au village,
Car elle était couchée,
Oh ! le spectacle horrible
Toutes deux oppressées,
Où tout, à ma venue,
Dont les fleurs demi-closes
Et revoir toutes choses
M’attend, menteuse ou vraie,
De partout repoussée,
Telles que deux voleuses,
J’en étais presque heureuse,
Seul, perdu dans l’espace,
La vapeur, blanche haleine
À la porte connue
Dans leurs charmes rustiques,
Pourquoi donc vos ombelles
Quelques gerbes nacrées
La porte verrouillée
Hélas ! mon humble envie
Tandis que nous deux mères
Je venais après elle,
Sans que rien les entame,
Et dans tant de journées,
*
DÉNOUEMENT
Satan sous sa voûte
À écrire au verso de la dernière page
Ô
La Pêche Miraculeuse
Cœur
Vers l’avenir,
Et tout à coup je sens encor,
L’aile qui dort
Des anciennes prières.
Après combien de jours, le même ;
Et que je sens combien je m’aime.
Que m’importe, si chaque fois
Que mon ardeur vous entrevoit
Elle s’attise et se relève.
Dès aujourd’hui mon cœur se sent d’accord
Avec vos cris et vos transports,
Hommes d’alors
Et c’est du fond du présent dur
Que je dédie à votre orgueil futur
Je ne suis point de ceux
Dont le passé doux et pieux
Tranquillise l’âme modeste ;
D’autant plus téméraires,
Qu’ils n’ont pour feux qui les éclairent
Que des lueurs.
Qui relient l’avenir, avec témérité,
Au présent déjà surmonté.
Une confiance acharnée.
Et guetter l’heure où les soirs d’or,
Des prières profondes
Un prêtre de Jupiter,
Père de deux grandes filles,
Toutes deux assez gentilles,
Et n’avaient point de bénéfices :
Bientôt après cet hyménée
Chez son époux, le père va les voir.
— Bonjour, dit-il, je viens savoir
— Jamais, répond la jardinière,
Vous ne fîtes meilleure affaire :
Il sait m’aimer sans jalousie,
Je l’aime sans coquetterie :
Fasse pousser nos artichauts.
De Jupiter; je lui dirai deux mots.
Adieu, ma fille. — Adieu, mon père.
L’interroger, comme sa sœur,
Sur son mari, sur son bonheur.
Le travail, l’amour, la santé,
Tout va fort bien, en vérité;
Pour sécher notre poterie.
Vous, pontife du dieu de l’air,
Parlez pour nous à Jupiter,
— Très volontiers, ma chère amie :
Tu me demandes du beau temps,
Et ta sœur a besoin de pluie.
Se soumettre, c’est les prier.
Et nunc et in hora
Dei
Quelqu’un lui dit : « Lazare est mort
Un sépulcre.
Un sépulcre.Et Jésus pleura. Sur quoi, la foule
lui seul
FIN DES PRÉLUDES.
Parmi les marguerites,
Se sont assises dans un pré
Trois jeunes filles.
Elles s’exaltent et babillent
À leur gré ;
Savent-elles ce qui incite
Leur langue à tant parler ?
La première fait mille contes,
Se trompe et se reprend, et puis raconte
D’oreille à oreille
Comment elle a capté la veille,
Sans bruit, en tapinois,
Un essaim migrateur qui s’égarait au bois.
La deuxième n’est point en reste,
— Brusques regards, paroles prestes
Et menus gestes —
Mieux que personne, elle connaît les soins
Dont a besoin,
La première couvée.
Enfin
La troisième caquette en vain.
Des pas se font entendre sur la route
Et s’approchent du pré
Où sont assises à leur gré
Les jeunes filles.
Ce sont trois gars du bourg voisin
Sans regarder qui les regarde.
Et maintenant,
« Vers l’infini qu’il veut savoir ;
« Je traduis l’âme et je sais comme
« Crie et se tord son désespoir ;
« Mais ma fougue intense se brise
« Où sa course folle s’enlise
« Au même bord silencieux ;
« Je ne saurais jamais mieux qu’elle
« Forcer cette porte éternelle
« De ses destins mystérieux !… »
Donne-nous la force qui tient.
Jetait son or plus lumineux.
Laurence Nouveau-Manuel.
n
AIS-TU
Il paraît. On le dit.
Tombée en discrédit.
Il est bien entendu.
Sinon du temps perdu.
Et pour se consoler,
Ont le droit de parler ?…
J’étais dans un tramway
Plus un vieil homme, moué.
Le chauffeur s’arrêta.
Une dame monta,
En attendant que l’un
Sa place assise… Aucun
Par un temps hivernal,
Plongés dans leur journal.
Je n’en sais, ma foi, rien,
Eh ! parbleu ! J’entends bien…
Grippé jusqu’à la mort,
Que l’âpre vent du Nord.
Je ne vois pas pourquoi,
Je me tenais donc coi,
Comme bien vous pensez,
Des regards courroucés.
Un homme assez galant,
C’est un peu violent.
Tant d’inhumanité,
Le soin de ma santé,
Et je la lui cédai.
De mon bon procédé…
Tout en me bousculant,
Comme « deux ronds de flan. »
De n’être plus si sot,
Eh bien, il fera chaud !
La coupe de mes jours s’est brisée encor pleine ;
Ma vie hors de mon sein s’enfuit à chaque haleine ;
Ni baisers ni soupirs ne peuvent l’arrêter ;
Et l’aile de la mort, sur l’airain qui me pleure,
En sons entrecoupés frappe ma dernière heure ;
Faut-il gémir ? faut-il chanter ?...
Chantons, puisque mes doigts sont encor sur la lyre ;
Chantons, puisque la mort, comme au cygne, m’inspire
Aux bords d’un autre monde un cri mélodieux.
C’est un présage heureux donné par mon génie,
Si notre âme n’est rien qu’amour et qu’harmonie,
Qu’un chant divin soit ses adieux !
La lyre en se brisant jette un son plus sublime ;
La lampe qui s’éteint tout à coup se ranime,
Et d’un éclat plus pur brille avant d’expirer ;
Le cygne voit le ciel à son heure dernière,
L’homme seul, reportant ses regards en arrière,
Compte ses jours pour les pleurer.
Qu’est-ce donc que des jours pour valoir qu’on les pleure ?
Un soleil, un soleil ; une heure, et puis une heure ;
Celle qui vient ressemble à celle qui s’enfuit ;
Ce qu’une nous apporte, une autre nous l’enlève :
Travail, repos, douleur, et quelquefois un rêve,
Voilà le jour, puis vient la nuit.
Ah ! qu’il pleure, celui dont les mains acharnées
S’attachant comme un lierre aux débris des années,
Voit avec l’avenir s’écrouler son espoir !
Pour moi, qui n’ai point pris racine sur la terre,
Je m’en vais sans effort, comme l’herbe légère
Qu’enlève le souffle du soir.
Le poète est semblable aux oiseaux de passage
Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage,
Qui ne se posent point sur les rameaux des bois ;
Nonchalamment bercés sur le courant de l’onde,
Ils passent en chantant loin des bords ; et le monde
Ne connaît rien d’eux, que leur voix.
Jamais aucune main sur la corde sonore
Ne guida dans ses jeux ma main novice encore.
L’homme n’enseigne pas ce qu’inspire le ciel ;
Le ruisseau n’apprend pas à couler dans sa pente,
L’aigle à fendre les airs d’une aile indépendante,
L’abeille à composer son miel.
L’airain retentissant dans sa haute demeure,
Sous le marteau sacré tour à tour chante et pleure,
Pour célébrer l’hymen, la naissance ou la mort ;
J’étais comme ce bronze épuré par la flamme,
Et chaque passion, en frappant sur mon âme,
En tirait un sublime accord.
Telle durant la nuit la harpe éolienne,
Mêlant aux bruits des eaux sa plainte aérienne,
Résonne d’elle-même au souffle des zéphyrs.
Le voyageur s’arrête, étonné de l’entendre,
Il écoute, il admire et ne saurait comprendre
D’où partent ces divins soupirs.
Ma harpe fut souvent de larmes arrosée,
Mais les pleurs sont pour nous la céleste rosée ;
Sous un ciel toujours pur le cœur ne mûrit pas :
Dans la coupe écrasé le jus du pampre coule,
Et le baume flétri sous le pied qui le foule
Répand ses parfums sur nos pas.
Dieu d’un souffle brûlant avait formé mon âme ;
Tout ce qu’elle approchait s’embrasait de sa flamme :
Don fatal ! et je meurs pour avoir trop aimé !
Tout ce que j’ai touché s’est réduit en poussière :
Ainsi le feu du ciel tombé sur la bruyère
S’éteint quand tout est consumé.
Mais le temps ? - Il n’est plus. - Mais la gloire ? - Eh ! qu’importe
Cet écho d’un vain son, qu’un siècle à l’autre apporte ?
Ce nom, brillant jouet de la postérité ?
Vous qui de l’avenir lui promettez l’empire,
Écoutez cet accord que va rendre ma lyre !...
...............................................
Les vents déjà l’ont emporté !
Ah ! donnez à la mort un espoir moins frivole.
Eh quoi ! le souvenir de ce son qui s’envole
Autour d’un vain tombeau retentirait toujours ?
Ce souffle d’un mourant, quoi! c’est là de la gloire ?
Mais vous qui promettez les temps à sa mémoire,
Mortels, possédez-vous deux jours ?
J’en atteste les dieux ! depuis que je respire,
Mes lèvres n’ont jamais prononcé sans sourire
Ce grand nom inventé par le délire humain ;
Plus j’ai pressé ce mot, plus je l’ai trouvé vide,
Et je l’ai rejeté, comme une écorce aride
Que nos lèvres pressent en vain.
Dans le stérile espoir d’une gloire incertaine,
L’homme livre, en passant, au courant qui l’entraîne
Un nom de jour en jour dans sa course affaibli ;
De ce brillant débris le flot du temps se joue ;
De siècle en siècle, il flotte, il avance, il échoue
Dans les abîmes de l’oubli.
Je jette un nom de plus à ces flots sans rivage ;
Au gré des vents, du ciel, qu’il s’abîme ou surnage,
En serai-je plus grand ? Pourquoi ? ce n’est qu’un nom.
Le cygne qui s’envole aux voûtes éternelles,
Amis ! s’informe-t-il si l’ombre de ses ailes
Flotte encor sur un vil gazon ?
Mais pourquoi chantais-tu ? - Demande à Philomèle
Pourquoi, durant les nuits, sa douce voix se mêle
Au doux bruit des ruisseaux sous l’ombrage roulant !
Je chantais, mes amis, comme l’homme respire,
Comme l’oiseau gémit, comme le vent soupire,
Comme l’eau murmure en coulant.
Aimer, prier, chanter, voilà toute ma vie.
Mortels ! de tous ces biens qu’ici-bas l’homme envie,
À l’heure des adieux je ne regrette rien ;
Rien que l’ardent soupir qui vers le ciel s’élance,
L’extase de la lyre, ou l’amoureux silence
D’un cœur pressé contre le mien.
Aux pieds de la beauté sentir frémir sa lyre,
Voir d’accord en accord l’harmonieux délire
Couler avec le son et passer dans son sein,
Faire pleuvoir les pleurs de ces yeux qu’on adore,
Comme au souffle des vents les larmes de l’aurore
Tombent d’un calice trop plein ;
Voir le regard plaintif de la vierge modeste
Se tourner tristement vers la voûte céleste,
Comme pour s’envoler avec le son qui fuit,
Puis retombant sur vous plein d’une chaste flamme,
Sous ses cils abaissés laisser briller son âme,
Comme un feu tremblant dans la nuit ;
Voir passer sur son front l’ombre de sa pensée,
La parole manquer à sa bouche oppressée,
Et de ce long silence entendre enfin sortir
Ce mot qui retentit jusque dans le ciel même,
Ce mot, le mot des dieux, et des hommes : ... Je t’aime !
Voilà ce qui vaut un soupir.
Un soupir ! un regret ! inutile parole !
Sur l’aile de la mort, mon âme au ciel s’envole ;
Je vais où leur instinct emporte nos désirs ;
Je vais où le regard voit briller l’espérance ;
Je vais où va le son qui de mon luth s’élance ;
Où sont allés tous mes soupirs !
Comme l’oiseau qui voit dans les ombres funèbres,
La foi, cet oeil de l’âme, a percé mes ténèbres ;
Son prophétique instinct m’a révélé mon sort.
Aux champs de l’avenir combien de fois mon âme,
S’élançant jusqu’au ciel sur des ailes de flamme,
A-t-elle devancé la mort ?
N’inscrivez point de nom sur ma demeure sombre.
Du poids d’un monument ne chargez pas mon ombre :
D’un peu de sable, hélas ! je ne suis point jaloux.
Laissez-moi seulement à peine assez d’espace
Pour que le malheureux qui sur ma tombe passe
Puisse y poser ses deux genoux.
Souvent dans le secret de l’ombre et du silence,
Du gazon d’un cercueil la prière s’élance
Et trouve l’espérance à côté de la mort.
Le pied sur une tombe on tient moins à la terre ;
L’horizon est plus vaste, et l’âme, plus légère,
Monte au ciel avec moins d’effort.
Brisez, livrez aux vents, aux ondes, à la flamme,
Ce luth qui n’a qu’un son pour répondre à mon âme !
Le luth des Séraphins va frémir sous mes doigts.
Bientôt, vivant comme eux d’un immortel délire,
Je vais guider, peut-être, aux accords de ma lyre,
Des cieux suspendus à ma voix.
Bientôt ! ... Mais de la mort la main lourde et muette
Vient de toucher la corde : elle se brise, et jette
Un son plaintif et sourd dans le vague des airs.
Mon luth glacé se tait ... Amis, prenez le vôtre ;
Et que mon âme encor passe d’un monde à l’autre
Au bruit de vos sacrés concerts !
Donnez-moi des pinceaux
Donnez-moi des pinceaux,
Des pinceaux !
Le moi
qui m’a troublé lorsque je sommeillais
fiat lux
Sur
Et les ânes de la contrée,
On n’aurait pu trouver l’entrée.
bail
Pour vingt-cinq écus l’an, dont : remettre une porte
Se montrant du nez sa fenêtre ;
C’est plutôt un Anglais… un Être.
vivait en concubinage avec des Muses !
Parisien
ses Donzelles
Ne s’affichaient pas trop
Faisant, d’un à-peu-près d’artiste,
Un philosophe d’à peu près,
Râleur de soleil ou de frais,
En dehors de l’humaine piste.
Le flot qui descendait ;
Ou l’Absente… Qui sait ?
à blanc
le Bibelot
’Autre
fièvre de Toi ?
Que tu voulais voir à mon front ;
Une araignée a fait sa toile,
Au même endroit — dans le plafond. »
faire
Berceuse pour naufrages
Paul et Virginie
Robinson avec Vendredi
Belles nuits pour l’orgie à la tour !
Les Folles-du-logis…
Iñès de La Sierra
— On frappe… oh ! c’est quelqu’un…
Toi
Toi !
Toi ! — Ma girouette folle : Oh Toi !
Comme mes volets en pantenne,
Bat, tout affolé sous l’haleine
Des plus bizarres courants d’air. »
Ma sœur Anne, à la tour, voyez-vous pas venir ?
Mon lit capitonné de satin de brouette ;
Viens rire, s’ils t’ont fait pleurer… »
Un cœur avec une chaumière
Mais toi, tu t’écrias : « Assez
De cette dogmatique abstraite !
Oh ! de toujours lire, tu sais,
J’en ai vraiment mal à la tête.
Pourquoi donc attendre une aurore
Voilà assez longtemps que nous sommes enfermés.
Dehors, la nuit sanglote...
Nous n’allons pas nous mettre à lire encore ! »
Tu m’as dit :
À l’Ictinus
JÉSUS.
Avril 1871.
31 mars 1882.
Certes
À A. Préaul.
La plaine est morne et ses chaumes et granges
Et ses fermes dont les pignons sont vermoulus,
La plaine est morne et lasse et ne se défend plus,
La plaine est morne et morte — et la ville la mange.
Formidables et criminels,
Les bras des machines hyperboliques.
Fauchant les blés évangéliques,
Ont effrayé le vieux semeur mélancolique
Dont le geste semblait d’accord avec le ciel.
L’orde fumée et ses haillons de suie
Ont traversé le vent et l’ont sali :
Un soleil pauvre et avili
S’est comme usé en de la pluie.
Et maintenant, où s’étageaient les maisons claires
Et les vergers et les arbres allumés d’or,
On aperçoit, à l’infini, du sud au nord,
La noire immensité des usines rectangulaires.
Telle une bête énorme et taciturne
Qui bourdonne derrière un mur,
Le ronflement s’entend, rythmique et dur,
Des chaudières et des meules nocturnes ;
Le sol vibre, comme s’il fermentait
Le travail bout comme un forfait,
L’égout charrie une fange velue
Vers la rivière qu’il pollue ;
Un supplice d’arbres écorchés vifs
Se tord, bras convulsifs,
En façade, sur le bois proche ;
L’ortie épuise aux cœurs sablons et oche
Et les fumiers, toujours plus hauts, de résidus :
Ciments huileux, platras pourris, moellons fendus,
Au long de vieux fossés et de berges obscures
Lèvent, le soir, leurs monuments de pourritures.
Sous des hangars tonnants et lourds,
Les nuits, les Jours,
Sans air et sans sommeil,
Des gens peinent loin du soleil :
Morceaux de vie en l’énorme engrenage,
Morceaux de chair fixée, ingénieusement,
Pièce par pièce, étage par étage,
De l’un à l’autre bout du vaste tournoiement.
Leurs yeux, ils sont les yeux de la machine,
Leurs dos se ploient sous elle et leurs échines,
Leurs doigts volontaires, qui se compliquent
De mille doigts précis et métalliques,
S’usent si fort en leur effort,
Sur la matière carnassière,
Qu’ils y laissent, à tout moment,
Des empreintes de rage et des gouttes de sang.
Dites ! l’ancien labeur pacifique, dans l’Août
Des seigles mûrs et des avoines rousses,
Avec les bras au clair, le front debout
Dans l’or des blés qui se retrousse
Vers l’horizon torride où le silence bout.
Dites ! le repos tiède et les midis élus,
Tressant de l’ombre pour les siestes.
Sous les branches, dont les vents prestes
Rythment, avec lenteur, les grands gestes feuillus,
Dites, la plaine entière ainsi qu’un jardin gras,
Toute folle d’oiseaux éparpillés dans la lumière,
Qui la chantent, avec leurs voix plénières,
Si près du ciel qu’on ne les entend pas.
Mais aujourd’hui, la plaine, elle est finie ;
La plaine, est morne et ne se défend plus :
Le flux des ruines et leurs reflux
L’ont submergée, avec monotonie.
On ne rencontre, au loin, qu’enclos rapiécés
Et chemins noirs de houille et de scories
Et squelettes de métairies
Et trains coupant soudain des villages en deux.
Les Madones ont tu leurs voix d’oracle
Au coin du bois, parmi les arbres ;
Et les vieux saints et leur socle de marbre
Ont chu dans les fontaines à miracles.
Et tout est là, comme des cercueils vides
Et détraqués et dispersés par l’étendue,
Et tout se plaint ainsi que les défunts perdus
Qui sanglotent le soir dans la bruyère humide.
Hélas ! la plaine, hélas ! elle est finie !
Et ses clochers sont morts et ses moulins perclus.
La plaine, hélas ! elle a toussé son agonie
Dans les derniers hoquets d’un angelus.
steam-boat, nul rail-way
Tal-oché
bois-forts
notre grand mélèse
taloa nakfé
Et s’entêtent et s’effilent les voix,
Horace et de Cinna
La musique est une chose étrange !
L’art ?… c’est l’art – et puis, voilà tout.
Phidias ? David ? ou en Chopin
Eschyle
cent ― par cent
piano
pas moi
Pas moi
Églogue III
Personnages
À Louis Ménard.
Tonnante,
Comme en un brusque branle-bas,
Mille mains rapides et frissonnantes
Ornaient encor
D’argent et d’or
Près des remparts
Où se massaient dans les allées
Sous un hangar de verre et fer,
Et le soleil, entrant par les vitraux,
Faisait comme des bonds de lumière,
Sur les drapeaux.
Tous les navires
Et, doucement,
Leurs cordages vibraient au vent
Comme des lyres.
Et puis là-bas, plus loin encor,
Avec la bière ardente et claire
Comme auxiliaire,
Or, à cette heure, en sa maison,
Celui pour qui battaient à l’unisson
Tant de cœurs doux, naïfs et rudes,
Étudiait comme un secret,
Quelle parole, il jetterait
Comme à l’éparpillée,
Dans l’air de flamme ;
Quand tout à coup, de large en long,
Balla le lourd et violent bourdon,
De Notre-Dame.
Dès ce moment,
Vers leur tribun déconcerté,
Se mirent à s’orienter
Les foules éternelles.
Du centre d’un marché,
Où de grands arcs empanachés
Partit un chœur de femmes,
Au col puissant, aux larges seins,
Et dont les mains
Afin d’unir
Les gestes clairs de l’avenir
À la fête torrentielle.
Envahissaient les longs trottoirs,
Cédaient gaiement sous la poussée
Jeune et franche des écoliers.
De rue en rue.
Et tout cela montait, montait,
Sous cette marche énorme et continue ;
Celui qui triomphait
Attendait là, sur les terrasses,
Mais aujourd’hui,
Qu’ils chaviraient son âme.
Tout le peuple debout,
LES PETITS VIEUX
En mon pays, au bord d’une route, deux saules tordus et rabougris se penchent l’un vers l’autre, comme s’ils se parlaient. On les appelle : « Les petits vieux. »
Foulaient les cœurs, quand il rentrait de guerre,
— Branches tortes, branches mortes —
XI
Et prédisant aux crimes d’à présent
Petit-Jean
Jean, cinquant ans de bon et fidèle service
Company Balthasar
À Jules Bailly.
À M.-E. Morrier
Ô plainte de la terre
Frappant la nuit, frappant le jour,
Frappant toujours
Debout,
Voici Persée.
Pourtant,
Pas un instant,
Le lendemain au jour levant
Il vit un aigle aborder l’île :
Quand soudain tournoya
Du fond de sa mémoire
La chute et le trépas
D’Icare.
Alors,
Son corps
Lui parut lourd comme une charge :
Sauts violents, essors légers,
Des aquilons :
Il avait honte, hélas ! d’être celui
Qui ne réussit point à susciter en lui
L’exploit rapide et nécessaire ;
Pégase !
Les ailes.
Saisit Pégase.
La terre.
« Après que j’suis sorti d’l’auberge
En sonnant l’Angelus, à c’soir,
J’m’ai dit comme’ ça : Faut q’jaill’ la voir
Au lieu d’y fair’ brûler un cierge !
J’te dérang’ ! Sous l’herbe et la ronce
T’es là ben tranquille à r’poser ;
Bah ! tout seul, un brin, j’vas t’causer :
T’as pu d’langu’, j’attends pas d’réponse.
T’causer ? T’as des oreill’ de cend’e…
Et t’étais sourde avant l’trépas.
Mais, quéq’ ça fait q’tu m’entend’ pas…
Si mon idée est q’tu m’entendes.
J’pense à toi souvent, va, pauv’ grosse,
Beaucoup le jour, surtout la nuit,
Dans la noc’ comme dans l’ennui,
Que j’boiv’ chopine ou creuse un’ fosse.
J’me saoul’ pas pu depuis q’t’es morte
Que quand t’étais du monde. Enfin,
C’est pas tout ça ! moi, j’aim’ le vin,
J’peux l’entonner puisque j’le porte.
Fidèl’ ? là-d’sus faut laisser faire
Le naturel ! on n’est pas d’bois...
C’que c’est ! j’y pens’ pas quant e’ j’bois,
Quant’ j’ai bu, c’est une aut’ affaire !…
Si j’en trouve un’ qu’est pas trop vieille,
Ma foi ! j’vas pas chercher d’témoins !
Pourtant, l’âg’ yétant, j’pratiqu’ moins
La créatur’ que la bouteille.
Bah ! je l’sais, t’es pas pu jalouse
Que cell’ qu’a pris ta succession.
Es’ pas q’j’ai ton absolution ?
Dis ? ma premièr’ défunte épouse ?
Des services ? t’as ma promesse
Que j’ten f’rai dir’ par mon bourgeois.
Quoiq’ça, c’est inutil’ : chaqu’ fois,
J’te r’command’ en servant sa messe.
J’voudrais t’donner queq’chos’ qui t’aille :
Qui qui t’plairait ? qu’est-c’que tu veux ?
Un’ coiff’ ? mais, tu n’as pu d’cheveux.
Un corset ? mais, tu n’as pu d’taille.
Un’ rob’ ? t’es qu’un bout de squelette.
Des mitain’ ? T’as des mains d’poussier.
Des sabots garnis ? t’as pu d’pieds.
Faut pas songer à la toilette !
T’donner à manger ? bon ! ça rentre…
Mais, pour tomber où ? dans quel sac ?
Puisque tu n’as pu d’estomac,
Pu d’gosier, pu d’boyaux, pu d’ventre !
D’l’argent ? mais, dans ton coin d’cimetière
Qué q’t’ach’t’rais donc ? Seigneur de Dieu !
Allons ! tiens ! pour te dire adieu
J’vas t’fair’ cadeau d’un’ bonn’ prière.
Si ça t’fait pas d’bien, comm’ dit l’autre,
Au moins, ben sûr, ça t’fra pas d’mal.
Mais, tu m’coût’ pas cher… c’est égal !
Tu la mérit’ long’ la pat’nôtre ! »
4 février 1881.
LE PÈLERIN.
Le pèlerin surprit,
Lapin vert
La kermesse sautait, chantait, ruait de joie,
29 mai 1882.
Sont, ou plutôt étaient.
Il
farniente
blot
Jeannie au
Ô pauvres femmes
Pauvres âmes !
PAUVRES AMES !
DOUCEUR
De la musique avant toute chose !
(PAUL VERLAINE.)
Angélus
Qui nous avait levés dans le Mois-noir
Et parqués comme des troupeaux
Mois-plus-noir
Des peaux de mouton et nos peaux !
Sans un levain de désespoir !
Comiques, fesant peur à voir !
Fait pour perdre le goût du pain ?…
Et… nous paissions à la fin !
— Héros et bêtes à moitié ! —
— On nous a laissé la pitié !
À ces bienheureux uhlans soûls !
Et pour rire !… comme des sous.
Nous crevions devant l’horizon.
Un cri nous montait : Trahison !
— Nous : pas besoin… — Pourquoi trahis ?…
Se mourir du mal-du-pays.
Soupir qui sentait le remord
Entre ses dents la mâle-mort !…
— Celui-là ne comprenait pas —
Avec un biniou sous son bras.
De jouer mes airs ; laissez-moi. —
Nous l’avons enterré — Pourquoi !…
À ces vingt mille croupissants !…
Tyrans forains impuissants !
La Honte est fille… elle passa —
Se taisent… — Trop vert pour vous, ça !
Encore en France, n’est-ce pas ?…
Sous les balcons marquant le pas ?
Est loin pour vous faire songer ;
— La honte ne sait plus ronger. —
Armés en faux-turcs-espagnols
Avec la troupe des Guignols.
Le moral : excellent
Parmi leurs sacs-de-nuit de cour…
La vaillance est sœur de l’amour.
À nous, brutes garde-moutons,
Soldats, catholiques, Bretons…
Ramas de vermine sans nom,
Au canon, la chair à canon !…
On nous fournit aux Prussiens ;
Des Français aboyaient — Bons chiens !
Abreuvés de banals dédains ;
Cracher sur nos foyers éteints !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
De nos jeunes sangs appauvris,
Nos os qui végétaient pourris,
— Fumier tout seul rassemblé…
L’ergot de mort est dans le blé.
Mon
XVI
er avril 1835
Lorsque
« Il est vaincu, j’ai deviné ! »
Mais c’était pour le dévorer.
Nice, 1871.
D’abord un dos voûté, c’est Menez Sant Mikaël
Breiz-Izel
Kador
Roc’h an Haden
Rôs-dû
Vich-Hourel
Ti-Bout
Roc’h Véchek
Roc’h ar Feunten
Roc’h Trévézel
chupen
Roc’h Trédudon
Le
Puis il fut un grand roi.
Une autre, une autre, une autre, une autre, ô cieux funèbres !
Quelle
Hélas
Le soir descend. Une place de Jérusalem, sous la colline du Temple. Plusieurs jeunes hommes sont arrêtés devant une maison neuve, dont la façade est sculptée et peinte selon la mode récente. Sur une des parois, des groupes de danseuses s’enlacent au milieu d’un encadrement de lotus et de grenades ; sur l’autre, des poissons, des oiseaux, des gerbes de blé ; et au centre, une scène de banquet.
La porte s’ouvre. Dorothéos, jeune Juif hellénisant, apparaît sur le seuil. Il est vêtu d’une tunique de soie teinte : sa tête est couronnée de lierre. Derrière lui, par l’entre-bâillement de la porte, ses amis aperçoivent dans l’ombre une courtisane étrangère.
Schemouël-bèn-Mikah sort de l’ombre. Il est vieux ; ses regards luisent d’un éclat fiévreux. Il porte le costume des Hassidim, semblable à celui des anciens Nazirs : tunique de couleur foncée, ceinture de cuir fauve et manteau de poils noirs. Ses cheveux incultes pendent sur ses épaules.
Schemouël, dédaignant le groupe des jeunes hommes, marche droit vers Dorothéos et le regarde fixement.
Ils s’éloignent. Schemouël-bèn-Mikak tend les bras vers eux et crie d’une voix furieuse :
S’adressant à Dorothéos.
Pendant que Dorothéos parlait, Schemouël-bèn-Mikah a disparu. Tout à coup Dorothéos l’aperçoit à la clarté de la lune, sur la colline du Temple, et debout sur la porte principale. Le front couvert de son manteau, les bras tendus en avant, le Prophète jette à Jérusalem et à ses habitants une imprécation suprême.
Au
Un être idolâtré.
Sera cendre demain ;
Et tout est bien éteint.
Parler d’éternité !
Un cœur déjà brisé ?
Se dressant entre nous.
Le ciel te le rendra. »
Qui vivait sur mon cœur !
Que votre affreux espoir.
Nous soulève enlacés,
Il sait où s’assouvir.
Je m’y lance, âme et corps.
S’il se sent infini ?
On se voit suspendu.
M’échapper mon trésor,
Pour ne rien espérer.
Caveau, on connait la Lice chansonnière
Fauvette du Temple, le Pinson du treizième arrondissement, le Rossignol de l'avenue de Choisy, la Pinsonnette du faubourg Saint-Martin, l'Alouette de Ménilmontant, le Merle du faubourg du Temple, le Bengali du boulevard Magenta, les Fauvettes du quatorzième. Le Palais-Royal, Plaisance, Reuilly, Neuilly, Gentilly, le plateau de Vanves, ont aussi leurs Fauvettes. Créteil a ses Gais pinsons
Émeraude du boulevard de Strasbourg, le Saphir du boulevard de Sébastopol, la Topaze du boulevard Barbès, la Turquoise
Pervenche du cinquième, Rose et bluet de la Villette, l'Iris de la rue Saint-Charles, la Violette de l'avenue de Clichy, le Chrysanthème de l'avenue de Montsouris, le Dahlia de la place du Danube, la Pâquerette de la rue Rochechouart, le Bluet de l'avenue du Maine, la Parisette de la galerie Montpensier, le Mimosa de la rue de la Tournelle, le Jasmin de Nogent, le Camélia blanc d'Alfortville, le Bluet d'Asnières, le Myosotis et la Marguerite du Perreux, le Muguet
Cigale de la Bastille, certainement la bien nommée, et celle de Saint-Denis, et celle encore d'Alfort, la Libellule du boulevard de Sébastopol, la Mouche de Charonne, les Grillons parisiens qui gitent au quartier Vivienne et les Papillons bleus
Lisette de Béranger qui rivalise sans doute avec la Lisette des Grésillons. Le Point d'orgue se fait entendre rue de Rome. L' Accord parfait règne rue Saint-Denis. La Clef d'Ut retentit à Saint-Maur et les Do-mi-sol-do résident, si je ne me trompe, à Vanves. Le Mirliton susurre ses chansons dans le quartier de l'Étoile, qui possède encore le Clair de lune. La Chaîne d'acier est une société lyrique qui n'a pu naître qu'au Marais. La rue Rochechouart a le Sourire et le quinzième arrondissement l'Éclat de rire. La Charmeuse a élu domicile boulevard Voltaire et la Risette est née à la fin de 1897 boulevard de Magenta. La Gavotte a été fondée assez récemment passage de l'Opéra et la Pomponnette rue du 4-Septembre. La Czarine
Froufrou du boulevard de Sébastopol, la Lyre ou l' Étoile du Pont-Neuf, l'Idéal des Familles de Ménilmontant, le Pi-ouit de l'avenue de Villiers, la Muse du Bois de la rue des Francs-Bourgeois, les Gais Troubadours du boulevard de Clichy, la Rieuse d'Auteuil, la Vanille de la rue des Entrepreneurs sont des noms suggestifs qui mériteraient chacun d'être commentés. La rue des Trois-Bornes, la rue aux souvenirs druidiques, a vu se fonder une Société lyrique dont les membres s'appellent les Chevaliers du Gui. N'est-ce pas spirituel et charmant ? La Farandole a son siège place des Pyrénées. Les Tout Petits
Gais Lurons, qui se réunissaient rue Jean-Jacques Rousseau, fut chantée pour la première fois la fameuse chanson de la colonne. A Montrouge s'assemblaient les Lapins. La Mère Goguette
Joyeux Lapins existent... à la Garenne. Les Gais Lurons ont leur siège rue Ramey, et le Luron-Club se réunit rue Vieille-du-Temple. Et il n'est pas de quartier, pas de faubourg qui n'ait sa société similaire. Ce sont, à Belleville, les Sans-Souci parisiens ; rue du Four, les Amateurs de la gaieté ; rue d'Hauteville, les Amis de Rabelais ; rue de Palestro, les Rabelaisiens ; boulevard Beaumarchais, les Boute-en-train ; boulevard Barbès, les Amis du plaisir ; faubourg Saint-Martin, les Amis de la joie ; rue Truffault, les Chevaliers de la gaieté ; à Asnières, les Camaros ; à Ivry, les Enfants de Bacchus ; à Saint-Denis, les Gais enfants de La Plaine
Rapport sur la Poésie française depuis 1830
Becs-Salés. Ils donnèrent ainsi dans Paris le signal du réveil de la gaieté bruyante. Après les Becs-Salés, surgirent les Amis de la Gibelotte, puis les Beni-Bouffe dont les excursions aux environs firent époque. Bientôt apparurent les Mirlitons, les Gosiers-Secs
Bigotphones date de 1885. Un an plus tard, quelques typographes de la rue Vieille-du-Temple fondaient la Société des Typo-Cartophones. Le boulevard de Strasbourg, qui avait déjà une Fanfare Volapück, eut bientôt ses bigotphonistes. Montmartre créa sa Fanfare excentrique. Belleville adjoignit à ses Sociétés amicales les Bigotphonistes Rigolos. Le onzième arrondissement eut ses Zingophonistes ; le faubourg Saint-Denis, la rue Boulle, les rues Julien-Lacroix et Michel-Lecomte l'imitèrent, et d'autres encore, si bien que l'on ne compte actuellement pas moins de trente Sociétés bigotphoniques dans Paris et sa banlieue. Alfort a la Bamboche, Stains les Altérés, Pantin la Gaudriole, Saint-Ouen les Rigolos de Cayenne
GOETHE
EUGÈNE DE ***
ESTIENNE DE KNOBELSDORFF
Don Juan, ch. x, st. 81.
Bâtard
demoiselle
Poète. — Après ?… Il faut la chose
voudrait que la rose,
Dondé ! fût encore au rosier !
La rose au rosier, Dondaine !
La rose au rosier
J’aimais
bamboulas
Évohé
Voir les planches, et puis mourir
Donc, la tramontane
Monsieur Vautour
Assez, n’est-ce pas ? va-t’en !
La ligue des enfants de Dieu.
fidèle et chaque Saint
pieuse
Catholique
dévote, avec son Code athée
vierge
papesse
Dieu le veut ! en avant
C’est le fléau de Dieu
très-chrétiens, Protecteurs catholiques
Concordats
Simoun
. »
Væ soli !
[sic]
L’éclair
à la chienlit
ça
ça.
Ça
pantalon
Oh ! ne le croyez pas !
Le rocher tout en pleurs ;
Allez, voyez, chantez !
Tout est flamme ou parfum !
Les arbres effarés !
Sur son coude appuyé !
Cet immense clavier !
8 novembre 1831.
Folle
Ont déployé les voiles….
Et ta grande infortune
Ils
Ils connurent Alcide,
Le Héros
Tes flammes, tes orages,
Tu
Sur des trésors assise,
Parmi
À notre France heureuse,
La
Comme une tache sombre,
Français
Et le vieux Capitole
Mais
Devant le roi du glaive,
Quelle rive inconnue
Elle
Elle y gémit captive,
Mais soudain le Héros
Le démon des ravages
Sous
Devant l’aigle terrible
Aux
Et son chaste sourire,
Le chaume héréditaire
Et la beauté folâtre
Incantation)
Lamentable !
Au poète Virgile Rossel.
Par les orfraies.
Le long des haies !
Veuves d’étoiles !
Comme des voiles.
Qui se lamentent,
Qui me tourmentent !
Des maniaques !
Démoniaques.
Sur sa femelle !
Sous ma semelle.
Au cœur qui souffre !
L’ignoble gouffre !
Que je m’enroue.
D’herbe et de boue
Des maisons proches !
Parmi des roches.
Mes deux paupières !
De grandes pierres !
Par une ronce.
Où je m’enfonce !
Que j’ai pour canne
Tant je ricane !
Me le croasse !
L’oiseau vorace ?
La vase infecte !
Je me délecte !
Sois plus épaisse !
Je me repaisse !…
Charles Nodier
Quand
Sur son auto-lit-piano,
Et lui dit : « Mon vieux Soprano,
De chez les Angles et les Francs,
Un œuf me coûtait mille francs.
Sans entrer dans plus de détails,
Et ce sera sur mon sérail.
— Sire, dix-sept cents. — Es-tu sûr ?
Dans le salon or et azur. »
Comme un pauvre bétail tremblant,
D’un œil stupide et somnolent.
L’une ayant un brin de jasmin
L’autre une rose dans la main.
Pour dire toutes ces Vénus.
Traduits par le docteur Mardrus.
Mais, me direz-vous en passant :
Car par malheur j’étais absent.
Et par nationalité ;
Les plus purs de l’humanité.
D’autres Vénus aux reins étroits,
Des pays chauds, des pays froids ;
Et, sans faire un plus long discours,
De quoi rendre aveugles des sourds.
Devant ces minois éplorés,
Par un froid de trente degrés.
Qu’il arrêta, comme surpris,
Parisiennes de Paris.
Puis il dit aux autres houris
« Je vous trouverai des maris.
N’étant pas de ces surhumains…
Je n’ai qu’une… tête et deux… mains. »
Il prit un jour envie à Charlemagne
le Magne
Dix ans entiers, sur les rives du Xante,
Le blond Sornit, Sire de Picardie,
Adelinde
Sornit le preux s’ennuyait cependant ;
Sornit
Adelinde,
Vain Chevalier, les perdrai s’il le faut,
Alinde en pleurs, un bras au ciel tendait,
A la faveur de son coursier agile,
Linde
J’aurai ma Dame, ou j’y perdrai la vie.
Le cœur humain est né pour la faiblesse,
Dans le château quand Linde fut entrée,
Oh ! qu’il est doux, dans le feu du bel âge,
Linde pleuroit dans les bras du vilain.
Tel autrefois Saint-Jean le songe-creux,
« Adieu la belle ; adieu, dit l’homme à froc,
Après avoir, dans sa course rapide,
« Quelle est, hélas ! quelle est ma destinée !
Alinde alors poussa de longs sanglots,
Dans une tour, notre amant enfermé,
Alinde
Comme il parlait, le tendre Chevalier
The sky is changed !
BYRON
Oh ! quelle accablante chaleur !
Les cris aigus de l’hirondelle
Le ciel va s’entr’ouvrir.
C’est on priant pour ce que j’aime
Que j’attendrai le jour.
N’entends-tu pas la voix de mon vieux père ?
Ne vois-tu pas une faible lumière?
De ce côté, Dieu ! s’il allait venir !
Pour une faute, Olivier, que d’alarmes !
Puis tu viendras embrasser ses genoux
Quand je l’aurai désarmé par mes larmes.
Laisse-moi retrouver mon cœur !
Séparons-nous, je suis trop attendrie.
Il sera plus calme demain.
Cachez-le bien,
On nous guette peut-être ;
Cachez-le bien :
J’ai peur que le soleil,
Quand midi luit à ma fenêtre,
Ne me le prenne.
Cachez-le bien,
Non pas ici, mais dans la huche,
Non pas ici, mais bien là-bas,
Sous les plâtras
Et sous les bûches,
On ne sait pas, — on ne sait pas,
Par quel chemin quelqu’un viendra.
Qu’importe !
N’ouvrez jamais à deux battants
La porte.
Ne bougez pas, ne bougez pas,
J’entends un bruit intermittent,
J’entends un pas,
Un pas, là-bas.
L’entendez-vous, l’entendez-vous,
On fait glisser, comme une quille
Dans ses crampons, le vieux verrou.
Jamais je ne serai tranquille.
Mais qui donc entendrait mieux
Ah ! si mon or était mes os !
Au long des plaines de la terre,
Ses tumultes et ses remous
Avec les mailles de leurs bruits
Avec leur hâte et leur ruée
Vers les conquêtes graduées.
Dans l’or.
Diverses Relations des cérémonies du sacre de Charles X.
Drapeau blanc du 31 mai 1825.
VI
autre
C’était
Esprit
Langage des Dieux
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« Ils menacent la France.
Emportent leurs bannières,
Voir l’aigle tricolore,
Détourne le tonnerre
Dès que brillaient des armes,
Vous venez, dans sa trace,
Si, vendant les victimes,
Craignait la foi punique,
Sous son ombre mortelle
Demandez quel génie
Couvrit de son égide
Aiguisa pour ton père,
« Sur leur chute commune,
Qu’elle perde ses crimes,
Et de vos champs fertiles
Qu’un bulletin fidèle
Ont fait pâlir nos mères !
Nos aigles triomphantes,
Annoncer notre armée ;
Il s’avance et protège
Rencontra la Russie
Et, l’attitude altière,
Et le jour sur leurs têtes
Il rend peuple et couronne,
D’Austerlitz tout entière
Gloire, gloire à la France
Condé, Villars, Turenne,
Il s’empare du monde,
mordicus
Ceux qui ne sont pas revenus !
De leur foyer et de leur cœur !
Derrière
Jardin
Hibernas juvat exercere palestras
À
Bibis
Il est, dans les instans que Dieu lui fit, un âge
Et comme au cœur blessé le baume est l’espérance,
Elle lui vient enfin. Alors il est une heure
Et soit pendant un jour vierge de tous nuages ;
***
Et moi, j’ai de ce genre une scène à vous dire.
Jule atteint l’âge fort ; notre dernier printemps
Et souvent dans son cœur roulait pareil souci.
De son siège, à ces mots, lentement il se lève.
Va rêver, pauvre enfant ; les rêves, c’est la gloire.
Mais tu montes ; j’accours et te suis où tu vas.
Voyez le lieu modeste où l’artiste repose :
Que prompt autour de vous votre regard se jette.
Mais du repos des nuits cette longue douleur
Il repose.
Mais ? le Ciel aurait-il, sensible à sa prière,
Qui le mène et comment ? Pourquoi ? Que va-t-il faire ?
Éternel aliment des nobles rêveries,
Regardez-le plutôt nu, debout, immobile,
Les heures se pressaient dans leur marche rapide ;
Il ne se passa rien qui puisse vous surprendre.
Heureux, heureux jeune homme ! oh ! les voilà finies
Oh ! quand viendra pour moi cette nuit désirée ?…
Midsummer-night’s dream, acte V, scène II.
Cœur Révélateur, et la Maison Usher
Ligeia, Bérénice
Hélène, Morella
Le Corbeau, le Portrait ovale, Bérénice,
Démon de la Perversité
Des
Levez
Je plonge et nage en plein azur.
Les sourires changeants du jour.
Lance en fuyant ses flèches d’or.
Ou je les soulève à demi.
S’assied comme un pilote ailé.
La foudre et ses hydres de feu.
L’épi qui nourrit les humains.
Caché dans la source ou la fleur.
Ou s’engouffre à travers les monts.
Qu’un bras invisible a lancé.
Devant leur accueil éperdu.
Nos fureurs et nos jeux sans fin.
J’ai repris le chemin des airs !
Que dissoudre et recomposer.
Agitant l’immense univers.
À mon cher cousin et ami Auguste Baudrit.
NOTRE-DAME AU MANTEAU FROID
De son côté.
Elle poivra si bien les choses,
Trois Pucelles
Château d’Or
Jusqu’à l’Hôtel de la Guirlande
Pré de l’Arbalète
gwin-ardent
Nulla autem effigies
Mentes habitare et pectora gaudet
Jehova
ma iné
alourdis
do sont des la
Air : Mire dans mes yeux tes yeux.
divans
Ville
Quel nuage a couvert de son ombre fatale
____
S. CH. L.
LES VAINCUS
LES VILLES
LES NATIONS
Felix est qui fugit urbes
Fuge, et beaberis
Fuge, tace, et quiesce
Carnis remoram compesce
In monte salvaberis
O beata solitudo
O sola beatitudo
Piis secessicolis
Quàm beati candidati
Qui ad te volant alati
Porro a mundicolis
librement
agit
agir
Nid-d’Aigle
bas-fonds
Elevons nos regards
Dogme Catholique
Vœ mundo
Khons
Quand
Belle-Honorine
Méduse
Dans
Ton œuvre est close : je suis né ! »
Dans l’ivresse de son labeur ?
Qu’aurait tendu mon long effort ?
Pour n’aboutir qu’à ton néant.
M’élancer par mille chemins,
La matière éparse en mon sein ?
L’astre se mit à graviter.
Je le poursuis sans le saisir ;
Je le prendrai des mains du Temps.
Pour ce suprême enfantement ?
Pour le plaisir d’anéantir.
D’un seul enfant qui n’est pas né.
Ouvrir éperdument les bras ?
N’attend que Lui pour éclater.
Me découvrir c’est me livrer.
Vont épancher leur flot sacré.
Un être libre et souverain.
Sortiez en foule de mon sein ?
De vos limons accumulés.
Du chef-d’œuvre que j’ai rêvé,
Que de l’argile à repétrir.
Les défricheurs.
Le poète.
La nature.
Fluctuat nec mergitur
Talma ! Pleurez Talma
Talma
dit-on,
Au
Veillons au salut de l’Empire
le Tigre et le Thésée
Vive la République
qui vive
CHAPITRE IV
EXPLICATIONS : LE CŒUR, LE MONDE ET L’ARGENT
HERBAUT
CHAPITRE II
FORTUNE SUBITE — UN BAL — JOIE ET DOULEUR
ABLACHE
AGLIONI
MARQUIS
LLE PENSAIT
LLE DISAIT
LA PASTOURELLE
CHAPITRE PREMIER
PORTRAITS
UNE AMIE — UN AMANT — UN ONCLE — ET DEUX RIVALES
MILLE ET UNE NUIT
RENÉ
ÉTRANGER
PAPA
CARLISTE
JUSTE-MILIEU
DEUX ANGES
DIEU
l’illogisme aussi, et le blé, et les roses.
TOUT LE CIEL
UN ESPRIT
poète
Le Monde est comme un arbre, et dont les
chose
LES PROCESSIONS DES CAMPAGNES
âmes
CHŒUR DE VIERGES
UN ANGE
UN AUTRE ANGE
dans ma plaie qui en a bougé.
Et la lampe baissait... baissait...
et de quoi manger.
douces.
DES ANGES
Chantons ! L’âme du poète descend sur la Terre.
LA PIERRE
LE RUISSEAU
LA FOUGÈRE
LES JONCS
LES RONCES
LA MAISON ABANDONNÉE
UN BATEAU
UNE MAIS0N DE PÊCHEUR
LES NOYÉS
LA TERRE
harmonieux.
et bénie...
LA MER À LA TERRE
ENSEMBLE
M’emplit et Je
À Leconte de Lisle.
La malédiction jalouse d’Iahvé.
Leur front est sans pensée. Et ce sont les bourreaux.
Sous la voûte, sur les paliers,
Un courant d’air vaste circule,
Et douce est la fraîcheur où vous marchez,
Comme vous reposez les yeux,
Ô blancheur sombre des musées !
Ô génie, ô lent créateur,
Et sur la pierre, à la hauteur
L’œil croit voir voltiger encore
Les mains illustres du sculpteur
Alors notre cœur se rappelle
Et vous qui soupez chez les dieux,
Le long des lignes, sous la voûte
De vos temples mélodieux.
Et font, sur les lèvres hautaines
Berce-nous de tes bons murmures,
Comme une abeille d’or,
Pour la jeter en Prairial,
Grisée
Où, visiteur royal,
À Madame William Pitt-Byrne.
Monceau, Ier juin 1845.
Par
Aux atroces baisers du ver,
C’était par une nuit d’hiver :
Ses pauvres organes défunts,
On versa d’onctueux parfums,
Et quand il en fut tout rempli,
Sans que la peau fit un seul pli.
Avait mis l’azur de ses ciels
Par des yeux bleus artificiels.
Parvint à la pétrifier ;
« Ça ne peut se putréfier !
« Par les reptiles du tombeau,
« Ait perdu le moindre lambeau ! »
Avec l'essence du carmin,
Son cou svelte et sa frêle main.
Pleine de stupeur et d’effroi ;
À son pauvre petit pied froid.
Je dénouai ses longs cheveux,
Au délire atroce et nerveux.
Pesantes comme un plomb fatal,
Dans une bière de cristal.
Et sur les ors et les velours
Planaient chauds, énervants et lourds.
Et ressuscitant sa beauté,
Dans les bras de la volupté.
De marbre noir et d’or massif,
Au-dessous d’un crâne pensif,
Narguant la putréfaction,
Devant ma stupéfaction.
Jules-L. SUPERVIELLE.
Valmiki
Ce n’est plus Talma
Divine hirondelle ?
O pâle Procné.
Et jamais le même !
Les lèvres d’Atthis ?
Sous l’ombre des roses… »
Éranna.
L’Étrangère.
Vierge, que cherches-tu parmi nous ?
Damophyla.
Atthis.
Gorgô.
Dika.
Des gestes et des pas.
Gurinnô.
L’étrangère.
Quelle angoisse l’étreint ? Un songe de Poète ?
Psappha.
De mon vain appel.
Parmi les tourments.
Chœur.
Psappha, sans entendre, noyée dans son rêve.
À travers un songe.
Tu m’as répondu, toi, dont la cruauté
« Pourquoi sangloter mon nom ? Quelle Beauté,
Psappha, te résiste ?
« Moi, fille de Zeus, je frapperai l’orgueil
De celle qui fuit ton baiser, ô Poète !
Tu verras errer vainement sur ton seuil
Son ombre inquiète. »
Ma prompte Alliée.
L’essor des phalènes.
De mes bras vaincus.
Elle sort lentement.
Atthis, écoutant.
Et je vois son cadavre emporté par la mer…
conscience
réflexion
À la foire voisine.
Acheter le griffon.
poulain
Essayons. —
souffrir ou mourir
Paris, 26 mars 1849.
Or
de Thièvre
tantes
bon sens ?
in petto
Disséminant la guerre
Claquent
Partout les plaques
Des ponts d’airain
Et de pierres dans le soleil,
Passent par des chemins vermeils,
En fols galops de poussière et d’acier,
Des lignes
Régulières de cavaliers ;
Son cœur fougueux, son cœur profond,
Se précipite et s’accumule ;
Les mêmes pas autoritaires
Tandis qu’au Nord on les écoute
L’immensité des routes.
Les obliques et rayonnants buissons
De leurs canons,
Immensément,
De l’un à l’autre bout de l’Océan.
À l’Est, à l’Ouest, au Sud, au Nord,
Á chaque instant,
L’angoisse emplit les cœurs battants,
Du creux des mers jusqu’aux étoiles.
Psaphon. (à part.)
C’est
Gilbert. (à part.)
C’est ce monstre !
C’est ce monstre ! Qu’entens-je !
Psaphon.
Gilbert.
Vous êtes philosophe.
Cessez de critiquer…
in-octavo
Mais par-tout affligée & par-tout méconnue,
Mais de quels attentats, nés d’infâmes amours,
Tels furent mes discours ; mais lorsque mon courage
Suis-je donc si méchant, si coupable ?
Politiques
De votre honte enfin, vos cris viennent m’instruire.
Ne me prêchez donc plus.
Vous n’aurez point d’amis.
Point de prôneurs.
Quels seront vos appuis ?
Fin
Shakspeare !
Shakspeare !
êtes
Shakspeare
Molière !
Molière !
Molière
S’adressant à Shakspeare :
Au public :
Idéal, c’est l’Art
Art
Molière sourit, dans la gloire, à Shakspeare !
Shakspeare ! His noble name hovers above the two Worlds
In every man’s mind it lives, it speaks, — it exists
Better than in the days when, — with his head full of profound things,
The tragic comedian called Hamlet info life.
He typifies a country, the North, the strong race,
He brings his heart, the universal heart ;
And, as a divine creator, this Master, — force and grace itself, —
Makes England illustrious and glorious under the heavens.
He lived. — He knew all the cares of a man’s life ;
“Of woman born”, he suffered from hatred and from love ;
He knew poverty, and, like Plautus at Rome,
From an artisan he made himself a sovereign of souls.
He thought. — His head, like a stupendous camera obscura
Reflected the whole Universe in full, — body, soul and mind !
Thus gifted by nature, he added History unto himself :
In Plutarch’s page the ancient World conversed with him.
He sang. — The inmost recesses of the soul he brings to light,
The dream of life, all earthly goods, all earthly evils,
Love, affection, horror, joy, madness, crime,
All, — all !… — a storm, — an ocean of words !
It is the Ocean ! You see in him those terrible tides
Which seem the onset of a nightly deluge ;
Screams, sobs, the hurried flights of despairing souls…
It overflows !… Behold, its wave flows back and retires.
so many tempests !…
О dreams, more real still than beings of flesh,
You also, Desdemona, Ophelia, — you are
You, pale sisters of the « airy »
And you, Romeo, Falstaff, you all are Shakspeare
And, with words only, — those words which he called vain,
He has created this people, — a people that breathes,
A strange and powerful choir of divine dreams.
Three centuries ago he lived : to England,
Since then, this gentle conqueror has given a world,
And never shall the praise of Nations
Proclaim a nobler and more glorious Poet !…
Molière !
Molière ! From the old World to the new his great name flies ;
While thoroughly french, he is a greek, both by his race and destiny.
Whoever can read has read thee, о Master !... But, being ours,
Thou knowest what thy sons can say of thee.
To laugh and moralise was to thee the same thing ;
In Lucretius’page the ancient World conversed with thee ; Alceste was thyself, о morose satirist, О jester, who, under thy mask, didst weep like
With eye fixed on truth, thou didst go through life, Surrounded with lies and vulgarity, —
Poor plaintive fool, by Envy harassed,
О King ! in spite of Kings insulted in thy grave !
Thou didst meet death with face erect, like a Roman soldier,
Mocking thy sufferings by a superhuman effort. —
… They are vanquished, all those at whom thou didst laugh, о genius !
And thy laughter, after thee, triumphs over Death !
What thou wast ever thy end reveals :
Thy heart bled under thy merry garment,
But, о indomitable heart, each new grief
Increased thy spirited mirth and the fire of thy eyes.
And both thy real griefs and undefined cares,
Thy despair in love, thy screams, thou didst repress them !…
Thus does the Latin Sea impose on its beautiful waves
Tideless rhythms between its Latin shores.
It teaches Love, Grace, Light
Homer and Phidias received its lessons…
Order, Calm, Clearness, — such is thy work, о Molière
The image of a whole Race and a whole Art !
In their melodious bark
and all, — thy glorious fools, —
Pass, playing again before us the comedy of life
On waves — like thee, smiling and deep.
О thou, our immortal honour, all the Earth,
О peerless Poet, hails thee in this day !
To Shakspeare :
Thou, Shakspeare, England’s immortal pride,
Molière hails thee ! And France with him !
To the audience :
Under the protection of these names, our highest glories,
We hail you, our Spectators, our Hosts,
Englishmen ! Once before, — ten years ago, — when a dark wind
Was blowing, covering despairing France with grief, —
Wandering, desolate children of wounded France,
We went spreading abroad our Country’s soul,
And you applauded, with your voices and your hearts,
Unconquerable genius, and victorious Molière
О land of Shakspeare ! о hospitable land !
We, the comedians and the sons of Molière
We had promised thee to come back once more.
Well ! we are here all together again,
But prouder, happier, on this English shore
Which wellcomed us in bad times.
And we say : Hail to thee, free country, old soil,
To exiles kind, — thou, nest, whence, every day,
An idea takes its flight, moving its genial wings
To follow thy ships over the waters of two Worlds !
Hail to thee, isolated world, that fillest the Universe
With a noise of labour, like the noise of the Sea !
— In Art and in joy, to England hail !…
Above all the kingdoms of the Earth,
Above our Flags, extends one only Azure,
One only Ether, one only ever pure Space,
And this blue sky, which expands without frontiers,
Is Ideal Art, — light, azure and gay, —
Art, the common land of freed minds,
Where Love speaks best in sacred rhythms,
Where the greatest are those whom Justice inspires,
Where Molière smiles — in glory — to Shakspeare !
On
On
D'autres
Le
Je
Le vieux moulin qui tombe et meurt.
Émile VERHAEREN, né à St-Amand (Belgique),le 21 mai 1855.
1883. Les Flamandes
Les Contes de Minuit.
Les Moines.
Les Soirs. — Bruxelles, chez Ed. Deman.
Éternité
Au Révérend Père L.-M. Lejeune
« De ce lointain Paris,
Quelque bijou de prix ».
Bien loin des Esquimaux,
Lui disent d’exquis mots.
Mais sachez, mes amis,
Du bijou tant promis.
Il trouva tout trop cher ;
Qui reflétait sa chair.
Nanouk en suffoqua ;
Dit, un jour : « Eurêka ! »
L’Esquimaude rêvait
Non loin de son chevet.
Car il a rapporté
C’est même une beauté !
Qui se mire à son tour,
Aussi vaste qu’un four.
Puis, cachant le miroir :
Elle est trop laide à voir ! ».
Huit
Québec, mai 1860.
Mort en héros
Vox clamantis in deserto
Mécanique
céleste de Laplace.
Il demeura
Comme aux écoutes,
Le lendemain avant le soir,
De raisins noirs,
« Pourquoi l’avoir choisi,
Lui, Michel-Ange, un statuaire ;
Et le forcer à peindre en du plâtre durci
Une sainte légende au haut d’un sanctuaire ?
Mais plus son cœur souffrait,
L’œuvre sombre et flamboyante
Avec la force en son cerveau.
Et verrouilla, d’une main forte,
La porte.
Déjà,
Sept prophètes et cinq sibylles
Cherchaient à pénétrer de vieux livres obscurs
Dont le texte immobile
Arrêtait devant eux, le mobile futur.
Et sans erreurs, et sans ratures,
Et jour à jour, et sans repos,
Bientôt
Ce fut par un jour frais d’automne,
Que l’on apprit enfin
Et que l’œuvre était bonne.
Et le soupçon mal refréné
Se remirent à déchaîner
Si
Sans-Souci
Sans-Souci !
Il vous faut
Alors,
Comme des tentes pour les blés
Les grandes meules fraternelles
Se rassemblent l’hiver sur les champs isolés
Et l’autan noir rôde autour d’elles.
Les habiles piqueurs du bourg
Les ont, sous la rude pesée
Dûment, sur le sol dur, tassées.
Les grains sont tournés au dedans,
Mais au dehors pointent les pailles
Comme des lances en bataille.
Chaque meule est dard et couteau
Contre ce qui tord, use ou casse,
Et les grands vents trouant l’espace.
Mais dès que cessent les temps froids
Et qu’une écume de verdure
Mousse à la cime innombrable des bois,
Toutes les meules à la fois
S’illuminent sur la plaine moins dure.
L’aile du vent bat du Midi,
Tout chant d’oiseau semble un présage.
L’alouette bondit et rebondit
En un vol saccadé vers les plus hauts nuages.
Les vieilles gens quittent leur seuil.
Oh ! cette heure où les meules
Lasses enfin d’être seules
Font bel accueil
À ceux que l’hiver grisâtre
A fiancés au coin de l’âtre
Longeant les clos jusqu’à la plaine,
Et courte et brusque est leur haleine.
Soient encore loin des grandes meules
S’ils étaient seuls sur les éteules.
Qu’on dirait deux gerbes de paille
Autour des cornes des aumailles.
Leurs corps l’un de l’autre s’enivrent,
Mord, s’affole, et se délivre.
De leurs deux spasmes réunis
De meule en meule au crépuscule.
Vers les granges où l’on travaille :
Anas
le Mondain.
Climène
Corilas entretenant Ismène,
Aminta
la Chartreuse
Édouard
indignité
Le même.
Soir
Serrant le bois sonore au creux de son épaule,
Un joueur de rebec
S’est lentement assis et joue au pied d’un saule.
Il chante pour lui seul, et ne voit pas
Sous les arbres, au long des routes ;
Et qu’on se glisse derrière les troncs
De jeunes filles qui l’écoutent.
Il sait rythmer en ses chansons
Toute la ronde des saisons,
Mais aujourd’hui, seul lui importe
De célébrer les humbles clos
Avec leur vie et leurs travaux
Et leur repos
Il a chanté d’abord
L’aube aux mains d’or
Et qui s’en vient, pour réveiller
Les fronts pesants sur l’oreiller,
Il a chanté encor
Le bûcheron alerte et fort
En plein soleil,
La hache.
Il a chanté d’un gosier ferme et plein
Il a chanté, et maintenant il chante
Sortent de l’ombre et se hasardent
Et se glissent et s’approchent, et tout à coup,
Avec des yeux fixes et doux,
L’environnent et le regardent.
LE MÉNÉTRIER
châtiments
Celui-ci
La gloire du matin monte dans les cieux calmes
Et ferme, en souriant, les ailes du sommeil
Et le jour triomphant pose son pied vermeil
Sur les nuages blancs couchés comme des palmes.
La fierté du marin.
En maître souverain !
Obstruez le tillac,
Vous étendre au hamac.
Tant d’espace en un jour ;
Qui frissonne d’amour.
Voyageons bravement,
Jamais ne se dément.
Nous hantons les réseaux ;
Balancent les oiseaux.
A peine son sillon,
Son joyeux pavillon.
Qu’il reverra souvent,
Comme l’onde et le vent !
Des mères et des sœurs,
Ont aussi leurs douceurs !
L’immobile maison,
De face et d’horizon !
Sur un mince vaisseau !
Comme on passe un ruisseau !
Des continents entiers ;
Penche ses cocotiers ;
A cent peuples divers,
Feuilleter l’univers !
Nous échangeons le vœu.
« Et n’adorez qu’un Dieu ! »
Qu’allume un ciel serein.
En maître souverain !
Or
Uheldéda
Amphitryon
Alceste là-dessus :
Étourdi
Mais moi, l’interrompant :
Du bon Ronsard !
Libres de nœuds !
D’un feu rosé.
Voler en l’air !
Du blanc peplum,
À Saint-Ybars !
D’alexandrins !
De ton beau corps,
Mieux que Duprez !
De Gavarni !
Jonchés de fleurs !
Le pantalon !
Des débardeurs !
De Brididi,
La redowa,
À Pilodo !
Chanter les flots !
Jusqu’en enfer !
De Mogador !
De marabouts !
Rose Pompon !
Par Delacroix !
D’argent et d’or,
Une forêt.
Oriental !
Pays du vin !
Boire le spleen !
Les fleurs des eaux !
Sa triste erreur !
« Des mots ! des mots ! »
Des gais rimeurs !
De Crébillon !
Mousse ébloui !
Nos vins sanglants !
Le sang d’un Dieu !
Pères des chants !
Par les baisers !
Tous les esprits !
Moule un beau sein ;
Extravagants ;
De Pétersbourg ;
D’Amaryllis ;
Sur leurs bas blancs !
Dans ses flots bleus,
De cent palais,
Le narghilé,
Son front serein,
Ces bras d’acier,
De rose en fleur,
Eussent chantés !
Janvier 1846.
Les Monastères,
Du fond des bois, du bout des monts
Illuminer la terre,
Ils dardaient de très haut
Rome pensait pour tous ;
Mais eux songeaient pour Rome.
Pendant mille ans,
L’ardeur humaine ;
La raison rude ;
Par habitude ;
Comme une bête,
Humain, sa tête.
Bien qu’il ne vît autour de lui
Et des gestes armés de crosses
Jusqu’au delà de son tombeau,
Rien n’empêcha Martin Luther
Devant l’aube du matin clair
De penser par lui-même.
Près de son cœur, sa conscience.
De textuelle obédience,
Où chaque homme, selon son âme,
Et sous le ciel ardent de flammes
Neige ou grêle.
Des tempêtes :
Bien fantasque,
Dans l’entr’acte.
De Cassandre.
De leurs baies.
Des narcisses.
Sont tout roses.
L’ouverture.
De l’orchestre.
Bicolores.
Bande éparse.
Sur la rampe.
Son entrée.
Dans sa cave.
Qu’on enterre.
Requiescat in pace
Turlurette !
De la pièce.
Et l’adore.
RENCONTRE
LA VACHE
CHANSONS DU SOIR
LE FEU D’EPAVES
A LONGFELLOW
LE TRAVAIL
Et lui ?
tien, ni le mien, mais le nôtre
Cousin, cousine
un brin
un peu, j’allais répondre : Oui
— Sans doute. En attendant, les bans sont publiés.
Que leur souffle âpre et chaud s’empreint sur leurs armures ;
Car j’ai soif.
Car j’ai soif.— Fils, merci, dit Olivier.
Dit Roland, hâte-toi. »
Baisse vers l’horizon. La nuit vient.
De repos.
Couchez-vous, et dor
Puis ont recommencé.
Acceptez-le.
S’arrête, et dit
Épouse-
Velut prati
Ultimi flos prœtereunte postquam
Tactus aratro est
À P. M.
À Mounet-Sully
la Liberté
La France
le Temps... le Moniteur
Pays et que deux Estafette
la Presse ou la Patrie
illustrés
Débats
Juillet 1869.
honnesteté
La
Ne les arracheront.
Ont souri sans pitié !
Tiens-nous bien embrassés.
Se sont ouverts pour nous.
Nous avait délaissés.
Nous errions en pleurant.
Nous obscurcit vos cieux. »
Ne sont plus un bienfait.
À Paris, 11 novembre 1854.
XII
XIII
XIV
XV
XVI
XVII
XVIII
Hegel
XIX
XX
XXI
XXII
XXIII
XXIV
XXV
XXVI
XXVII
XXVIII
XXIX
On lui reprochait tout
Depuis longtemps, mais à l’écart, dans l’ombre
De susciter d’illusoires complots,
Et d’autres fois
C’était sa voix,
Très haut.
Jusqu’aux tonnerres du danger.
Un jour pourtant
Les colères enfin démuselées
De l’Assemblée.
Cet inconnu longtemps muet
Dont la parole étrangement nouvelle
Il répondit par le rire qui raille,
Pour ajourner le sort de la bataille
Au lendemain.
L’empire !
Depuis bientôt vingt ans,
Il le menait comme un navire
Et les voiles, d’espace inassouvies,
Étaient sa vie,
Quelque pâle rêveur,
Soudainement attaquait son ouvrage
Déjà
L’or, répandu aux quatre coins du monde,
D’après le pouls d’une assemblée.
Le lendemain,
Prendre sa place en la g-rand’salle.
Le silence s’imposa tel
Au va-et-vient du vent accidentel,
Alors,
Sa parole monta vers l’assemblée.
D’accord,
Et que toute sa taille
Soudainement, sans nul effort,
Jaillit.
Les bras croisés.
En brusque orage,
Qui craint le fouet et les lanières ;
Lentement, pesamment,
Et bloc à bloc, et pierre à pierre,
Sans qu’un seul cri de violence
Dans le silence.
Qu’il était bien, en ce moment,
Logiquement,
Lui seul, l’empire.
Se levât sur mes voies !
Où son
sa
ses
pensées
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Avril 1888.
Une douleur renaît pour une évanouie ;
Quand un chagrin s’éteint, c’est qu’un autre est éclos ;
La vie est une ronce aux pleurs épanouie.
Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche,
Et ces trois cavaliers à mon être incarnés,
Se disputent mon être, et sous leurs coups de hache
Ma nature gémit ; mais, sur ces acharnés,
Mes plaintes ont l’effet des trompes, des timbales,
Qui soulent de leurs sons le plus morne soldat,
Et le jettent joyeux sous la grêle des balles,
Lui versant dans le cœur la rage du combat.
Le premier cavalier est jeune, frais, alerte ;
Il porte élégamment un corselet d’acier,
Scintillant à travers une résille verte
Comme à travers les pins les cristaux d’un glacier,
Son œil est amoureux ; sa belle tête blonde
A pour coiffure un casque, orné de lambrequins,
Dont le cimier touffu l’enveloppe et l’inonde
Comme fait le lampas autour des palanquins.
Son cheval andalou agite un long panache
Et va caracolant sur ses étriers d’or,
Quand il fait rayonner sa dague et sa rondache
Avec l’agilité d’un vain toréador.
Le second cavalier, ainsi qu’un reliquaire,
Est juché gravement sur le dos d’un mulet
Qui ferait le bonheur d’un gothique antiquaire ;
Car sur son râble osseux, anguleux chapelet,
Avec soin est jetée une housse fanée,
Housse ayant affublé quelque vieil escabeau,
Ou caparaçonné la blanche haquenée
Sur laquelle arriva de Bavière Isabeau.
Il est gros, gras, poussif ; son aride monture
Sous lui semble craquer et pencher en aval
Une vraie antithèse, — une caricature
De carême-prenant promenant carnaval !
Or, c’est un pénitent, un moine, dans sa robe
Traînante enseveli, voilé d’un capuchon,
Qui pour se vendre au Ciel ici-bas se dérobe,
Béat sur la vertu très à califourchon.
Mais Sabaoth l’inspire, il peste, il jure, il sue ;
Il lance à ses rivaux de superbes défis
Qu’il appuie à propos d’une lourde massue :
Il est taché de sang et baise un crucifix.
Pour le tiers cavalier, c’est un homme de pierre
Semblant le Commandeur, horrible et ténébreux ;
Un hyperboréen ; un gnôme sans paupière,
Sans prunelle et sans front, qui résonne le creux
Comme un tombeau vidé lorsqu’une arme le frappe.
Il porte à sa main gauche une faulx dont l’acier
Pleure à grands flots le sang, puis une chausse-trappe
En croupe, où se faisande un pendu grimacier,
Laid gibier de gibet ! Enfin pour cimeterre
Se balance à son flanc un énorme hameçon
Embrochant des filets pleins de larves de terre
Et de vers de charogne à piper le poisson.
Le premier combattant, le plus beau, — c’est le monde !
Qui pour m’attraire à lui me couronne de fleurs,
Et sous mes pas douteux, quand la route est immonde,
Étale son manteau, puis étanche mes pleurs.
Il veut que je le suive — il veut que je me donne
Tout à lui sans remords, sans arrière-penser ;
Que je plonge en son sein et que je m’abandonne
A sa vague vermeille — et m’y laisse bercer.
C’est le monde joyeux, souriante effigie !
Qui devant ma jeunesse entr’ouvre à deux battans
Le clos de l’avenir, clos tout plein de magie,
Où mes jours glorieux surgissent éclatans.
Ineffable lointain ! beau ciel peuplé d’étoiles
C’est le monde bruyant avec ses passions,
Ses beaux amours voilés, ses laids amours sans voiles,
Ses mille voluptés, ses prostitutions !
C’est le monde et ses bals, ses nuits, ses jeux, ses femmes,
Ses fêtes, ses chevaux, ses banquets somptueux,
Où le simple est abject, les malheureux infâmes
Où qui jouit le plus — est le plus vertueux !
Le monde et ses cités vastes, resplendissantes,
Des pays d’Orient, ses bricks aventuriers,
Ses réputations partout retentissantes,
Ses héros immortels, ses triomphants guerriers,
Ses poètes, vrais dieux, dont, toutes enivrées,
Les tribus baisent l’œuvre épars sur leurs chemins,
Ses temples, ses palais, ses royautés dorées,
Ses grincemens, ses bruits de pas, de voix, de mains !
C’est le monde ! Il me dit : Viens avec moi, jeune homme,
Prends confiance en moi, j’emplirai tes désirs ;
Oui quels que grands qu’ils soient je t’en paierai la somme !
De la gloire en veux-tu ?… J’en donne !… Des plaisirs ?…
J’en tue — et t’en tuerai !… Ces femmes admirables
Dont l’aspect seul rend fou, tu les posséderas,
Et sur leurs corps lascifs, les passions durables
Comme sur un caillou tu les aiguiseras !
Le second combattant, celui dont l’attitude
Est grave, et l’air bénin, dont la componction
A rembruni la face : or c’est la Solitude,
Le désert. — C’est le cloître où la dilection
Du Seigneur tombe à flots, où la douce rosée
Du calme, du silence, édulcore le fiel,
Où l’âme de lumière est sans cesse arrosée ;
Montagne où le Chrétien s’abouche avec le Ciel !
C’est le cloître ! Il me dit : - Monte chez moi, jeune homme ;
Prends confiance en moi, quitte un monde menteur
Où tout s’évanouit, ainsi qu’après un somme
Des songes enivrans ; va, le seul rédempteur
Des misères d’en bas, va, c’est le monastère,
Sa contemplation et son austérité !
Tout n’est qu’infection et vice sur la terre
La gloire est chose vaine, et la postérité…
Une orgueilleuse erreur, une absurde folie !
Voudrais-tu sur la route élever de ta main
Un monument vivace ?… Hélas ! le monde oublie,
Et la vie ici-bas n’a pas de lendemain.
Viens goûter avec moi la paix de la retraite ;
Laisse l’amour charnel et ses impuretés ;
Romps, il est temps encor ; ton âme n’est pas faite
Pour un monde ainsi fait ; de ses virginités
Sors fidèle gardien ; viens ! et si la prière,
La méditation ne pouvaient l’étancher,
Alors tu descendras dans la sombre carrière
De la sage science et tu pourras pencher
Sur ses sacrés creusets ton front pâle de veilles,
Magnifier le Christ — et verser le dédain
Sur la Philosophie outrageant ses merveilles
Du haut de ses trétaux croulans de baladins ;
Tu pourras, préférant l’étude bien-aimée
De l’art, lui rendre un culte à l’ombre de ce lieu ;
Sur ce dôme et ces murs, fervent Bartholomée,
Malheureux Lesueur, peindre la Bible et Dieu !…
Le dernier combattant, le cavalier sonore,
Le spectre froid, le gnôme aux filets de pêcheur,
Celui que je caresse et qu’en secret j’honore,
Niveleur éternel, implacable faucheur,
C’est la Mort ! le Néant !… D’une voix souterraine
Il m’appelle sans cesse : Enfant, descends chez moi,
Enfant, plonge en mon sein, car la douleur est reine
De la terre maudite, et l’opprobre en est roi !
Viens, redescends chez moi, viens, replonge en la fange,
Chrysalide éphémère, ombre, velléité !
Viens plus tôt que plus tard, sans oubli je vendange
Un à un les raisins du cep Humanité.
Avant que le pilon pesant de la souffrance
T’ait trituré le cœur, souffle sur ton flambeau,
Notre-Dame de Liesse et de la Délivrance,
C’est la mort ! Chanaan promis, c’est le tombeau !
Qu’attends-tu ? — Que veux-tu ?… Ne crois pas au langage
Du cloître suborneur, non, plutôt, crois au mien ;
Tu ne sais pas, enfant, combien le cloître engage !
Il promet le repos : ce n’est qu’un bohémien
Qui ment, qui vous engeôle, et vous met dans sa nasse !
L’homme y demeure en proie à ses obsessions.
Sous le vent du désert il n’est pas de bonace ;
Il attise à loisir le feu des passions.
Au cloître, écoute-moi, tu n’es pas plus idoine
Qu’au monde ; crains ses airs de repos mensongers,
Crains les satyriasis affreux de Saint-Antoine ;
Crains les tentations, les remords, les dangers,
Les assauts de la chair et les chutes de l’âme.
Sous le vent du désert tes désirs flamberont ;
La solitude étreint, torture, brise, enflamme ;
Dans des maux inouïs tes sens retomberont ! —
Il n’est de bonheur vrai, de repos qu’en la fosse :
Sur la terre on est mal, sous la terre on est bien ;
Là, nul plaisir rongeur, là, nulle amitié fausse. —
Là, point d’ambition, point d’espoir déçu… — Rien !…
Là, rien, rien, le néant !… une absence, une foudre
Morte, une mer sans fond, un vide sans écho !… —
Viens te dis-je !… A ma voix tu crouleras en poudre
Comme au son des buccins les murs de Jéricho !
Ainsi, depuis longtemps, s’entre-choque et se taille
Cet infernal trio, — ces trois fiers spadassins :
Ils ont pris, — les méchans, — pour leur champ de bataille
Mon pauvre cœur, meutri sous leurs coups assassins,
Mon pauvre cœur navré, qui s’affaisse et se broie,
Douteur, religieux, fou, mondain, mécréant !
Quand finira la lutte, et qui m’aura pour proie —
Dieu le sait ! — du Désert, du Monde, ou du Néant ?
LES MACHINES
Sinon vous, les machines ?
MA VILLE
L’épouse,
Littérature et Philosophie mêlées.
L’ouvrier.
Les enfants.
La femme.
Le maître.
Traduction de Camille Jordan.
— C’est pas à vous autr’, c’est certain !
Fit-il, parlant d’une manière
À la fois nette et singulière —
Qu’apparaîtra jamais l’Lutin !
Pour ça, chez eux, par monts, par vaux,
Partageant leur travail, leur trêve,
Témoin d’leur sommeil et d’leur rêve,
Faut tout l’temps vivre avec les ch’vaux !
C’malin cavalier des Enfers
R’cherche l’ravineux d’un’ prairie,
L’retiré d’un’ vieille écurie,
Un’ nuit lourde avec des éclairs.
Moi, si j’ai pu l’voir de mon coin
Comme j’vous vois d’vant c’te ch’minée,
C’est qu’ tout’ les nuits, plus d’une année,
Près d’mes bêt’ j’ai couché dans l’foin.
Voici, soupira l’étranger,
Articulant presque à voix basse,
C’que dans une écurie y s’passe
Quand c’démon-là vient s’y loger.
C’est la plein’ nuit ! L’ciel orageux,
Qui brouille encor sa mauvais’ lune,
N’jette aux carreaux qu’un’ lumièr’ brune
Comm’ cell’ des fonds marécageux.
Vous êt’s là tout seul contr’ vos ch’vaux
Qui dress’ en fac’ de la mangeoire
Leur grand’ form’ rougeâtr’, blanche et noire,
L’jarret coudé sur leurs sabots.
Des fois, des tap’ments d’pieds mordant
L’pavé sec du bout d’leur ferraille,
L’broiement du foin, d’l’herbe ou d’la paille
Sous la meule égale des dents.
Mais, c’est si pareill’ment pareil,
Si toujours tout l’temps la mêm’ chose
Qu’au lieu d’vous fatiguer ça r’pose,
Ça berc’ l’ennui, l’songe et l’sommeil.
À part ça, tout s’tait dans la nuit…
L’vrai silence des araignées
Qui, bien qu’toujours embesognées,
Trouv’ moyen d’travailler sans bruit.
Là donc, au-d’sus — autour de vous,
Vous r’gardez leurs longu’ toil’ qui pendent…
À pein’ si vos oreill’ entendent
L’tonnerre au loin, grondant très doux.
Subit’ment, sans qu’ça s’soit trahi
Par quéqu’ chos’ qui craque ou qui sonne
Entr’ le Lutin !… un’ p’tit’ personne,
Qui pousse un rir’ bref… Hi-hi-hi !
Rien n’s’ouvre au moment qu’i’ paraît :
F’nêtr’, port’, plafond, rien n’se déferme,
Comm’ si l’vent qu’en apport’rait l’germe
L’engendrait là d’un coup d’secret.
Mais, sitôt entré, qu’ça descend
Dans l’écurie une vapeur rouge,
Où peureus’ment les chos’ qui bougent
Ont l’air de trembler dans du sang.
C’est tout nabot — v’lu comme un chien
Et d’une paraissanc’ pas obscure,
Puisqu’on n’perd rien d’sa p’tit’ figure
Qu’est censément fac’ de chrétien.
Toujours, avec son rir’ de vieux,
Il rôde avant de s’mettre à l’œuvre,
Dressant deux cornes en couleuvre
Qui r’luis’ aux flamm’ de ses p’tits yeux.
Brusque, en l’air vous l’voyez marcher…
Sans aile il y vol’ comme un’ chouette…
S’tient sus l’vide après chaqu’ pirouette
Comm’ s’i’ r’tombait sur un plancher.
Et le Lutin fait ses sabbats,
Faut qu’i’ r’gard’ tout, qu’i’ sent’, qu’i’ touche,
Court les murs avec ses pieds d’mouche,
Glisse au plafond la tête en bas.
Maint’nant, au travail ! Comme un fou
Vers les ch’vaux le voilà qui file,
À tous leur nouant à la file
Les poils de la tête et du cou.
Dans ces crins tordus et vrillés
Va comme un éclair sa main grêle,
Dans chaqu’ crinière qu’il emmêle
Il se façonn’ des étriers.
Puis, tel que ceux du genre humain,
L’une après l’autre, i’ mont’ chaqu’ bête,
À ch’val sur l’cou — tout près d’la tête,
En t’nant un’ oreill’ de chaqu’ main.
Alors, i’s’fait un’ grand’ clarté
Au milieu de c’te lumièr’ trouble…
L’mauvais rir’ du Lutin redouble,
Et ça rit de tous les côtés.
Son rir’ parle — on l’entend glapir :
« Hop ! hop ! » Les ch’vaux galop’ sur place,
Mais roid’ comm’ s’ils étaient en glace
Et sans autr’ bruit qu’un grand soupir.
Et tandis qu’une à une, alors,
Leurs gross’ larm’ lourdement s’égrènent…
On voit — les sueurs vous en prennent —
Danser ces ch’vaux qui paraiss’nt morts.
Puis, comm’ c’était v’nu ça s’en va.
L’écurie en mêm’ temps s’rassure :
Tout’ la ch’valin’ remâche en m’sure
Et r’cogn’ du pied sur l’caillou plat.
La s’cond’ fois vous n’êt’s que tremblant…
Mais la premier’, quell’ rude épreuve !…
Moi, ça m’en a vieilli… La preuve ?…
Ma voix basse et mes ch’veux tout blancs !
22 février 1882.
.... Quos hora novissima junxit
Componi tumulo non invideatis eodem
matière
Louise
Je ne croirai jamais qu’il danse ni qu’il rie.
J’ai vécu trop longtemps
barrès.
sarceyen
1897
Benedicat
Pie Jesu
Et c’était un lion des sables
trois bouts du triangle
Quatre-Bis
Souple
souis
Et
Juan de Baldès
Tres-reverente Mere en Dieu, Qui reverente n’estes guere, Et qui moins encore estes mere, On vous adore en certain lieu, D’où l’on n’ose vous l’aller dire, Si l’on n’a patente du Sire, Qui fit attraper Girardin, Lequel alloit voir son jardin, Puis le mit à grosse finance : Les Rocroix gens sans conscience Me prendroient aussi bien que luy, Vous allant conter mon ennuy. J’aurois beau dire à voix soûmise : Messieurs, cherchez meilleure prise ; Phœbus n’a point de nourriçon Qui soit homme à haute rançon ; Je suis un homme de Champagne, Qui n’en veux point au Roy d’Espagne ; Cupidon seul me fait marcher. Enfin, j’aurois beau les prêcher ; Montal ne se souciroit guere De Cupidon ny de sa mere Pour cet homme en fer tout confit Passe-port d’Amour ne suffit. En attendant que Mars m’en donne un, et le sine ; Mars ou Condé, car c’est tout un, Comme tout un vous et Cyprine, Je ne bouge, et j’ay bien la mine De ne vous pas estre importun. Vôtre séjour sent un peu trop la poudre ; Non la poudre à testes friser, Mais la poudre à testes briser ; Ce que je crains comme la foudre ; C’est à dire un peu moins que vous ; Car tous vos coups Ne sont pas doux Comme ils le semblent ; Le coeur dés l’abord ils nous emblent, Puis le repos, puis le repas, Puis ils font tant qu’ils causent le trépas. Je vis pourtant, à ne vous point mentir ; Que serviroit de déguiser les choses ? Mais comment vis-je ! et qu’il nous faut pâtir Dans vos prisons où l’on fait longues poses ! Noires ne sont, et pourtant sont mieux closes Qu’aucun Châtel : Quand leans on se voit, Pleurs, et soûpirs, ce sont boutons de roses, On n’en sort pas ainsi que l’on voudroit. Aussi quand on vous fit Abbesse, Et qu’on renferma vos appas, Qui fut camus ? c’est le trépas ; Que les champs libres on leur laisse Un peu, Je gage, Qu’on verra s’ils sortent de cage Beau jeu : Dessous la clef on les a mis, Comme une chose, et rare et dangereuse ; Et pour épargner ses amis, Le Ciel vous fit jurer d’estre Religieuse. Comme vos yeux alloient tout embraser, Il fut conclu par vôtre parentage, Qu’on vous feroit un Couvent épouser ; Deux ans aprés se fit le mariage ; De s’y trouver vôtre bonté fut sage ; Sans point de faute Hymen en fit autant ; Mot ne sonnoit, et quant à moy je gage Que de l’affaire il n’estoit pas content. Ce mesme jour pour le certain Amour se fit Benedictin ; Et sans trop faire la mutine Venus se fit Benedictine ; Les Ris ne bougeans d’avec vous Benedictins se firent tous, Et les Graces qui vous suivirent Benedictines se rendirent : Tous les Dieux qu’en Cypre on connoît, Prirent l’habit de saint Benoît. Vous vêtir d’or, ce seroit grand dommage ; Puisqu’en habits sans coûts, et sans façon De triompher vôtre beauté fait rage, Si qu’à la Cour elle en feroit leçon : Pardonnez-moy si j’ay quelque soupçon, Que cet habit dont vous estes vêtuë, En vous voilant soit receleur d’appas ; N’en est-il point dont il puisse à ma veuë Se confier ? je ne le dirois pas.
Paris, octobre 1870.
Puisqu’il faut s’attaquer aux légions de Rome,
Aux monstres d’Italie, il faudra faire comme
Hannibal, qui, par feux d’aigre humeur arrosez,
Se fendit un passage aux Alpes embrazez.
Mon courage de feu, mon humeur aigre et forte,
Au travers des sept monts fait breche au lieu de porte.
Je brise les rochers et le respect d’erreur
Qui fit douter Cæsar d’une vaine terreur.
Il vit Rome tremblante, affreuse, eschevelée,
Qui, en pleurs, en sanglots, mi-morte, désolée,
Tordant ses doigts, fermoit, deffendoit de ses mains
A Cæsar le chemin au lieu de ses germains.
Mais dessous les autels des idoles j’advise
Le visage meurtry de la captive Eglise,
Qui à sa delivrance (aux despens des hazards)
M’appelle, m’animant de ses trenchants regards.
Mes desirs sont des-ja volez outre la rive
Du Rubicon troublé ; que mon reste les suive
Par un chemin tout neuf, car je ne trouve pas
Qu’autre homme l’ait jamais escorché de ses pas.
Pour Mercures croisez, au lieu de Pyramides,
J’ay de jour le pilier, de nuict les feux pour guides.
Astres, secourez-moy ; ces chemins enlacez
Sont par l’antiquité des siecles effacez,
Si bien que l’herbe verde en ses sentiers accrüe
Est faicte une prairie espaisse, haute et drüe.
Là où estoient les feux des Prophetes plus vieux,
Je tends comme je puis le cordeau de mes yeux,
Puis je cours au matin, de ma jambe arrossée
J’esparpille à costé la premiere rosée,
Ne laissant après moy trace à mes successeurs
Que les reins tous ployez des inutiles fleurs,
Fleurs qui tombent si tost qu’un vray soleil les touche,
Ou que Dieu fenera par le vent de sa bouche.
Tout-puissant, tout-voyant, qui du haut des hauts cieux
Fends les cœurs plus serrez par l’esclair de tes yeux,
Qui fis tout, et conneus tout ce que tu fis estre :
Tout parfaict en ouvrant, tout parfait en connoisire,
De qui l’œil tout courant, et tout voyant aussy,
De qui le soing sans soing prend de tout le soucy,
De qui la main forma exemplaires et causes,
Qui preveus les effects dès le naistre des choses ;
Dieu, qui d’un style vif, comme il te plaist, escris
Le secret plus obscur en l’obscur des esprits,
Puis que de ton amour mon ame est eschauffée,
Jalouze de ton nom, ma poictrine, embrazée
De ton feu pur, repurge aussy de mêmes feux
Le vice naturel de mon cœur vitieux ;
De ce zele tres-sainct rebrusle-moy encore,
Si que (tout consommé au feu qui me devore,
N’estant serf de ton ire, en ire transporté
Sans passion) je sois propre à ta vérité.
Ailleurs qu’à te loüer ne soit abandonnée
La plume que je tiens, puis que tu l’as donnée.
Je n’escry plus les feux d’un amour inconneu ;
Mais, par l’affliction plus sage devenu,
J’entreprens bien plus haut, car j’apprens à ma plume
Un autre feu, auquel la France se consume.
Ces ruisselets d’argent que les Grecs nous feignoient,
Où leurs poëtes vains beuvoient et se baignoient,
Ne courent plus icy ; mais les ondes si claires,
Qui eurent les saphyrs et les perles contraires,
Sont rouges de nos morts ; le doux bruit de leurs flots,
Leur murmure plaisant, hurte contre des os.
Telle est, en escrivant, non ma commune image ;
Autre fureur qu’amour reluit en mon visage.
Sous un inique Mars, parmy les durs labeurs
Qui gastent le papier, et l’ancre de sueurs,
Au lieu de Thessalie aux mignardes vallées,
Nous avortons ces chants au millieu des armées,
En delassant nos bras de crasse tous roüillez,
Qui n’osent s’esloigner des brassards despoüillez.
Le luth que j’accordois avec mes chansonnettes
Est ores estouffé de l’esclat des trompettes :
Icy le sang n’est feint, le meurtre n’y deffaut,
La Mort jouë elle-mesme en ce triste eschaffaut :
Le juge criminel tourne et emplit son urne ;
D’icy, la botte enjambe, et non pas le cothurne,
J’appelle Melpomene, en sa vive fureur,
Au lieu de l’Hypocrene, esveillant cette sœir
Des tombeaux rafraischis, dont il faut qu’elle sorte,
Eschevellée, affreuse, et bramant en la sorte
Que faict la biche après le faon quelle a perdu.
Que la bouche lur saigne, et son front esperdu
Face noircir du ciel les voûtes esloignées ;
Qu’elle esparpille en l’air de son sang deux poignées,
Quand, espuisant ses flancs de redoublez sanglots,
De sa voix enroüée elle bruira ces mots :
« O France désolée ! ô terre sanguinaire !
Non pas terre, mais cendre : ô mère ! si c’est mere
Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein,
Et, quand on les meurtrit, les serrer de sa main.
Tu leur donnes la vie, et dessous ta mammelle
S’esmeut des obstinez la sanglante querelle ;
Sur ton pis blanchissant ta race se debat,
Et le fruict de ton flanc faict le champ du combat. »
Je veux peindre la France une mere affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tetins nourriciers ; puis, à force de coups
D’ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnoit à son besson l’usage :
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux,
Faict degast du doux laict qui doibt nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frere la vie,
Il mesprise la sienne et n’en a plus d’envie ;
Lors son Jacob, pressé d’avoir jeusné meshuy,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennuy,
A la fin se defend, et sa juste colere
Rend à l’autre un combat dont le champ est la mere.
Ni les souspirs ardens, les pitoyables cris,
Ni les pleurs rechauffez, ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflict se rallume et faict si furieux
Que d’un gauche malheur ils se crevent les yeux.
Cette femme esplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tous deschirez, sanglants,
Qui, ainsy que du cœur, des mains se vont cerchants.
Quand, pressant à son sein d’une amour maternelle
Celuy qui a le droict et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l’autre, qui n’est pas las,
Viole en poursuivant l’asyle de ses bras.
Adonc se perd le laict, le suc de sa poictrine ;
Puis, aux derniers aboys de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, felons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or, vivez de venin, sanglante geniture.
Je n’ay plus que du sang pour vostre nourriture ! »
Quand esperduje voy les honteuses pitiez,
Et du corps divisé les funebres moitiz ;
Quand je voy s’apprester la tragedie horrible
Du meurtrier de soy-mesme, aux autres invincible,
Je pense encore voir ung monstrueux geant
Qui va de braves mots les hauts cieux outrageant,
Superbe, florissant, si brave qu’il se treuve
Nul qui de sa valeur entreprenne la preuve ;
Mais, lorsqu’il ne peut rien rencontrer au dehors
Qui de ses bras nerveux endure les efforts,
Son corps est combattu, à soy-mesme contraire ;
Le sang pur ha le moins : le flegme et la colere
Rend le sang non plus sang ; le peuple abat ses loix :
Tous nobles et tous roys, sans nobles et sans roys ;
La masse degenere en la melancholie ;
Ce vieil corps tout infect, plein de sa discrasie,
Hydropique, faict l’eau, si bien que ce geant,
Qui alloit de ses nerfs ses voisins outrageant,
Aussy foible que grand, n’enfle plus que son ventres ;
Ce ventre dans lequel tout se tire, tout entre,
Ce faux dispensateur des commungs excrements
N’envoye plus aux bords les justes aliments ;
Des jambes et des bras les os sont sans moelle ;
Il ne va plus en haut, pour nourrir la cervelle,
Qu’un chime venimeux, dont le cerveau nourry
Prend matiere et liqueur d’un champignon pourry.
Ce grand geant, changé en une horrible beste,
A, sur ce vaste corps, une petite teste,
Deux bras foibles, pendants, des-ja secs, des-ja morts,
Impuissants de nourrir et deffendre le corps ;
Les jambes, sans pouvoir porter leur masse lourde,
Et à gauche et à droict font porter une bourde.
Financiers, justiciers, qui opprimez de faim
Celuy qui vous faict naistre ou qui deffend le pain,
Soubs qui le laboureur s’abbreuve de ses larmes,
Qui souffrez mandier la main qui tient les armes,
Vous, ventre de la France, enflé de ses langueurs,
Faisant orgueil de vent, vous monstrez vos vigueurs.
Voyez la tragedie, abbaissez vos courages.
Vous n’estes spectateurs, vous estes personages :
Car encor vous pourriez contempler de bien loing
Une nef sans pouvoir luy aider au besoing,
Quand la mer l’engloutit, et pourriez de la rive,
En tournant vers le ciel la face demi-vive,
Plaindre sans secourir ce mal oisivement.
Mais quand, dedans la mer, la mer pareillement
Vous menace de mort, courez à la tempeste :
Car avec le vaisseau vostre ruine est preste.
La France donc encor est pareille au vaisseau
Qui, outragé des vents, des rochers et de l’eau.
Loge deux ennemis : l’un tient avec sa troupe
La proue, et l’autre a pris sa retraitte à la pouppe.
De canons et de feux chacun met en esclats
La moitié qui s’oppose, et font verser en bas,
L’un et l’autre enyvré des eaux et de l’envie,
Ensemble le navire et la charge et la vie.
En cela le vainqueur ne demeurant plus fort
Que de voir son haineux le premier à la mort,
Qu’il seconde, authochyre, aussy tost de la sienne,
Vainqueur, comme l’on peut vaincre à la cadmeene.
Barbares en effect, François de nom, François,
Vos fausses loix ont eu des faux et jeunes roys,
Impuissants sur leurs cœurs, cruels en leur puissance;
Rebelles, ils ont veu la désobéissance.
Dieu sur eux et par eux desploia son courroux.
N’ayant autres bourreaux de nous-mesmes que nous.
Les roys, qui sont du peuple et les roys et les pères,
Du troupeau domesticq sont les loups sanguinaires ;
Ils sont l’ire allumée et les verges de Dieu,
La crainte des vivants; ils succèdent au lieu
Des héritiers des morts; ravisseurs de pucelles,
Adultères, souillants les couches des plus belles
Des maris assommez, ou bannis pour leur bien.
Août 1869.
Les jeunes filles
Amis,
Les jeunes gens
À Sa Grandeur Monseigneur Bruchési
croyance à qui parle beauté.
ars et bruslé vif.
Ne vous êtes-vous point blessé ?
La voici : l’amour est mortel.
N’a point d’ennemi plus cruel.
Doute et désespoir, tour à tour !
Et le plus fatal, c’est l’amour !
Qui rive au vaincu le vainqueur.
L’un l’autre, on s’y mange le cœur.
Le ciel reste sourd à nos cris ;
Ses griffes dans nos flancs meurtris.
De l’homme ardente à se jouer,
L’amour pour se perpétuer.
Indifférente à nos tourments,
Nous, ses aveugles instruments.
Du Maître imposé par le sort.
Qui n’a de terme que la mort.
Courez vers elle, elle vous fuit ;
Derrière vous qui vous poursuit.
On se rira de ta candeur.
Que ferait-elle de ton cœur !
Torture qui sait torturer !
Fais pleurer pour ne pas pleurer !
De mensonge et de trahison !
Au lieu de miel, l’âcre poison !
Bonheur, ivresse, volupté !
Inénarrable vanité !
O Mort, contre un joug détesté,
O Mort auguste, ô liberté !
Mais j’ai tort, ô ma sœur ! Mon âme peu chrétienne
Angelus Domini
crau
Nous entrâmes au bois de Valène.
Grand vaincu, tout poissé de sang, défiguré
Puis, étendant la main, il cria :
Alors, s’agenouillant :
Puis, d’un coup, se dressant : — « Le tocsin ! Le tocsin !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Du vieil Hermas. Vit-il ?
Elle est heureuse.
Sa mère ?
Je venais, j’espérais, de ce sentier obscur,
J’invoquerai Jésus qui marchait sur la mer.
Ma Daphné, gardons-nous des paroles légères ;
Tu le prendras un jour ce baiser que tu veux.
Cueillons l’instant fleuri.
Cueillons l’instant fleuri. Sachons attendre l’heure.
Un souvenir est bon.
Un souvenir est bon. L’espérance est meilleure.
L’air, les myrtes, tes yeux, tout m’enchaîne, et je pars !
Sois heureux !
Ah ! je songe à la mer et je songe à nous deux !
Vis heureuse, ô Daphné.
Vis heureuse, ô Daphné.
Il s’en va.
Vois, mère : je cueillais des plantes salutaires.
Ouvrez la porte auguste aux deux battants d’airain,
A ta face, ô Seigneur, et dans tes sanctuaires
O ma mère !
O ma mère !
Nous devons tout à Dieu, rien à la créature.
Si tu m’aimes…
Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu.
Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu.
Mère, c’en est donc fait, tu m’as prise en ton piége !
Hymen, Hymen aux beaux flancs,
Hespéros se lève.
Viens à nous ; la nuit est brève :
Hâte tes pieds blancs !
Ah ! s’il m’était permis… Mais il me semble entendre
Accours, la nuit brève est bonne
Et douce aux aveux.
Viens, portant dans tes cheveux
La verte couronne !
O prince aux sandales d’or,
Hymen, Hyménée !
Reçois la vierge amenée
Qui te craint encor.
La beauté qui brille en elle
Sied à ton dessein :
Hymen, tire de son sein
La vie éternelle.
Où s’en vont loin de moi les chansons et les pas ?
Réjouis-toi, Dieu triste à qui plaît la souffrance !
sursum
J’ai dressé, pour ce jour, le faucon de la mort.
La femme rêve au mal pendant que l’homme dort.
Cesse de me tenter, femme aux sombres amorces.
Grâce ! Il est mon ami.
Grâce ! Il est mon ami. Frappe ! il est mon époux.
Quoi ! tu n’as point pitié ?
Quoi ! tu n’as point pitié ?
Je vis dans sa maison.
Je vis dans sa maison. J’y dors entre ses bras !
Le meurtre laisse au fer une durable rouille.
Homme, saisis la hache, ou, femme, la quenouille !
La tête roulerait, sinistre, aux cheveux blancs.
Je me suis éveillée un lâche sur les flancs !
Paix ! Le baiser sied mieux que l’injure à tes lèvres.
Grâce !
Grâce ! J’entends son cri !
Grâce ! J’entends son cri ! Fils ! me frapperas-tu ?
Quoi donc ! Il parle encore ?
Quoi donc ! Il parle encore ? Oh ! je meurs !
Quoi donc ! Il parle encore ? Oh ! je meurs ! Il s’est tu.
Femme ! Ce jour fut bon pour le pêcheur des côtes.
Qui donc jeta son râle aux solitudes hautes ?
Tu t’abuses, vieillard glacé, dans la boisson.
Le violent geyser couve sous un glaçon !
L’âge a pétrifié l’eau vive et le bitume.
La louve concevra, mais d’un loup plein de force.
Parfois un rameau vert sort d’une vieille écorce !
Dors plus loin ton sommeil par l’ivresse épaissi.
Alors il geint d’angoisse.
Emporte-moi, tourmente ! Ouvre-toi, fondrière !
Écoute, homme qui fuis.
Écoute, homme qui fuis. Femme hideuse, arrière !
Le lièvre même attend quand nul ne le poursuit.
Le cou sans tête règne au milieu de la nuit !
La peur de l’action a causé ta démence.
Le vieil homme en son lit s’éveillera demain.
Sa vie à mes doigts gèle, et, par caillots, s’arrête !
Tu les trempas au ventre ouvert de quelque bête.
Ce fut dans le silence un long gémissement !
Le pétrel a râlé dans l’espace dormant.
Elle a roulé, la tête à chevelure blanche !
Parfois tombe, ressaute et croule l’avalanche.
La pâle pente est rose au loin sous le ciel noir !
Le soleil s’est levé sur les neiges, ce soir.
Tu peux voir l’homme mort si tu tournes la roche !
J’ai vu l’homme vivant, tout à l’heure, et trop proche.
Tu mens : je l’ai tué !
Tu mens : je l’ai tué ! Ris, quand je te croirai.
Tué ! tué ! — tiens, vois !
Tué ! tué ! — tiens, vois ! Épouvante ! il dit vrai.
C’est une étrange foi qui succède à ton doute.
de corail
Je dis pour les cœurs ingénus
La chanson de Marthe aux pieds nus.
Les ailes vont le dire aux fleurs,
Le matin bleu rit sous les pleurs.
Ailes et fleurs sont en émoi :
Marthe est devant le fils du roi.
« La fauvette, l’œil en éveil,
Écoute et se lisse au soleil.
Marthe, aimez-moi, je sens que je vous aime.
— Oh ! monseigneur, vous en ririez vous-même. »
La tête d’un lézard surgit,
La fraise dans l’herbe rougit.
La petite bête à bon Dieu
Vole et miroite, rouge et feu.
« Qu’un seul baiser, Marthe, ici nous engage !
— Mon cher seigneur, un seul, pas davantage ! »
Sur la source, au bord du sentier,
S’effeuille une fleur d’églantier.
« Marthe, à demain, au seuil de votre porte !
— Mon doux seigneur, le ciel vous fasse escorte ! »
Est-ce un rêve ? O les tendres voix,
Qui bercent l’âme au fond des bois !
Pourquoi les angélus du soir
Sont-ils si clairs, quand fuit l’espoir ?
Qu’annoncent donc tous les matins
Les gais angélus argentins ?
L’automne endort les horizons ;
Adieu les fleurs et les chansons !
L’hiver vient, l’hiver part ; soudain
Le lilas fleurit au jardin.
L’odeur des foins en fenaison
Embaume de loin la maison.
Dans les rameaux du grand pommier,
Vole et se pose un blanc ramier.
Le crépuscule se fait gris ;
Tourne, tourne, chauve-souris !
Voici briller le soleil d’or ;
Alouette, prends ton essor !
Dans les rouges coquelicots,
Chante un coq, droit sur ses ergots.
Sur le lis, que pendant la nuit
Le vent brisa, tout le ciel luit.
Une cloche tinte là-bas ;
Est-ce la noce, est-ce le glas ?
Azurs, rayons, brises, parfums,
Ranimez les beaux jours défunts !
Brises, rayons, parfums, azur,
Rendez l’âme pure au ciel pur !
Des rameaux du pommier tremblant
S’est envolé le ramier blanc.
Ne s’impose à l’œil attristé.
O saine et sainte liberté !
Qui s’écroulent au premier choc,
Le peuple bâtit sur le roc.
Accumulent leur long travail ;
Tout un continent de Corail.
N’eut pour but que le bien commun.
Au cri d’un pour tous, tous pour un.
Du Grutli le pacte immortel
La flèche de Guillaume Tell.
Sampach préludait à Granson.
Gloire sans tache et sans rançon !
Apprit au monde féodal
Et le trop de puissance un mal.
Tu vas en paix vers l’avenir.
Et cet hymne devrait finir…
A l’heure de ses grands revers.
Tes bras lui restèrent ouverts.
Arrachant sa proie au vainqueur,
Tu les emportas sur ton cœur.
Et, les réchauffant dans ton sein,
Place au foyer et part au pain.
Où cet exode s’assura,
Oasis du sombre Jura,
(Notre dernière armée, hélas !)
S’entrechoquant sur le verglas,
Car l’hiver cruel jusqu’au bout
Et tout fut notre ennemi, tout !
Du passé trop sanglant retour,
Le rayon divin de l’Amour ;
Notre regard épouvanté
Refuge de l’humanité,
Vînt recueillir ces délaissés,
Pansât tous ces pauvres blessés.
En soignant leurs membres meurtris,
Et nous les renvoyait guéris ;
Accrus dans leur saine raison,
Et la douceur de leur prison.
Menaçait la Franche-Comté,
Toujours simple dans sa bonté,
Nourrir tout ce peuple accablé,
Lui donner son orge et son blé !
Les dons du sol qui l’a porté,
La liberté, l’humanité !
à la duchesse,
Paisible elle s’est endormie
Une voile en pleine accalmie.
Sous une pierre glaciale !
Parmi l’alcôve nuptiale ;
Dans sa demeure solitaire,
A ce grand bonheur sous la terre.
Qui veillent sur les mers profondes,
Avec les chères moribondes.
Il garde ses lueurs croissantes,
Des ténèbres envahissantes.
Qui fut la moitié d’un génie
La blessure d’une agonie.
Où toute une nature altière
Elle appartient au cimetière.
Qu’un rival dans sa haine forte,
Ce triste gardien de la morte.
A bas de ce lit où se roule
A travers les flots de la foule.
Avec des phrases saccadées,
Comme à la rumeur des idées ;
Oublieux des luttes mourantes,
Et mort pour les choses vivantes ;
Lorsque de son geste sincère,
O fossoyeurs, qu’on la déterre !
L’enferma dans la bière infâme,
Car ce cadavre c’est ma femme ! »
Tandis que, la gorge oppressée,
Le délire de sa pensée.
Maître de son espoir suprême,
Il la voit, il la touche, il l’aime !
Il cherche ce corps qui fut Elle,
Que l’est une chose jumelle.
Sur sa poitrine bondissante
Car il faut bien qu’elle le sente !
— Comme une plante que ranime
Tu renaîtrais, douce victime.
Tendres et vigoureux pressée
L’existence recommencée.
A genoux devant elle nue,
Et s’enivra de cette vue ;
A rendre au sépulcre sa proie,
Oui ! mais il emporte une joie.
Sans qui le cœur s’affaisse et tombe,
De ce rendez-vous sur la tombe !
Ce fut un jour de juin, devant la Polymnie,
pays,
De ton cerveau fêlé.
Cid & des Burgraves.
Laisse nos deux noms sommeiller !
Je ne veux point me réveiller !
Je veux t’oublier, si je puis !
Oh ! fuis-moi comme je te fuis !
Le passé peut se ranimer !
Je t’aime, & ne veux plus t’aimer !
Notre chaîne aux anneaux d’amour !
Je souffrirais de ton retour !
Contre le souvenir vainqueur !
Ne t’amuse plus de mon cœur !
Pour te venir quand tu dis : Viens !
Que je te fuis & t’appartiens !
Tu ne peux m’aimer, laisse-moi !
Je veux me souvenir de toi !
LA NOURRICE.
HÉRODIADE.
De marcher dans un âge ignoré !
Si la beauté n’était la mort.
Funèbre ?
Assez ! Tiens devant moi ce miroir.
Nourrice, suis-je belle ?
Mais cette tresse tombe… Arrête dans ton crime,
Que…
Que… Mais n’allais-tu pas me toucher ?
Oh ! tais-toi !
Oh ! tais-toi ! Viendra-t-il parfois ?
N’entendez pas !
Et le mystère vain de votre être ?
Victime lamentable à son destin offerte !
Et je déteste, moi, le bel azur !
J’y voudrais fuir.
Et…
Et… Maintenant ! Adieu.
Et… Maintenant ! Adieu.
De mes lèvres !
Un point presque effacé ?
Luisent, l’un rouge, l’autre vert.
Un flot après un flot s’enfuit.
Où leurs pas glissaient sans témoin.
Fendaient les crânes au dedans.
Un flacon plein de vitriol.
N’ayant pu jeter même un cri !
Si nous les voulions beaux & grands !
Ses forçats seront vos maris.
Les crimes prendront leurs ébats.
Au moment qu’il ouvrait les yeux.
En poussant des ricanements.
Pour des gens de boue & de fiel.
Le flanc du navire est battu.
Chaque idée apporte un remords.
Vos jours d’honneur sont revenus.
Savoir & vaincre, c’est plus beau.
Assez de profondeur au ciel.
Pour son impur & fol orgueil ;
Le plus pur des rayons sacrés.
Et vous n’espérez plus qu’en Dieu.
Alleluia
Allleluia.
Je te suis. Où veux-tu que nous allions ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« Buveur de sang ! »
La superbe de ma douleur,
Ton sourire, éternelle enfance !
Pareils à des lampes nacrées
Palpiter les ombres sacrées ;
De ta face où dort la lumière ;
De ta sombre & lourde crinière ;
Des Cieux, du Rêve & de la Vie,
Trouve sa gloire & ton pardon !
Fais-la venir.
Fais-la venir. — Jamais !
Ta fille.
Ta fille. — Elle est si jeune !
Ta fille. — Elle est si jeune ! — Obéis.
« Toi ! » dit le Khan.
La visière.
Avec le droit — de s’enrhumer,
Sente à la chèvre,
Un perdreau — moins surpris que moi.
M’annonçait de loin la maison.
L’appelait-on Dame la Paix.
Devinait qui donnait le ton.
Elle vous criait : « Entrez donc ! »
De son zèle à vous recevoir.
C’était le Janus du devoir.
Ni les frelons de son rucher.
Les bourrades à son époux.
Parce qu’il jappe, il croit qu’il mord. »
Rit, fut vaincue, et s’en alla.
Dame la Paix
A l’étable, au fenil, au four.
Se cachaient, honteux, dans un coin.
Se traînait mourante au soleil.
Étranglant jasmins & rosiers.
Dès que la reine-abeille part.
Vient d’accoucher sans sacrement.
De peur qu’Adam ne s’endormît. »
Victrix
Le sentier
Et si court
Cet été,
Les buissons
Attentif
Curieux
D’un larron
A l’endroit
Le souci
Mais, ma foi,
Quand les nids
Du midi
De buis verts,
Pâle encor,
Surtout un,
Du vallon ;
Et plus loin
Puis un brin
aimez-moi,
Mon bouquet,
Mais tout beau !
A l’écart,
Voulez-vous
Le carmin
Dit : « Merci ! »
C’est assez
Nous unit
Vrai ! j’ai peur
En rêvant
N’est-ce pas
A son bras,
J’aurais dû
Il fallait
Et l’amour
Que le ciel
Vicaria,
Dans ce lieu sépulcral,
Cet air vous fera mal.
Pourquoi tous ces efforts ?
Dans la fosse des morts ?
A vos pleurs condamnés,
Que vous n’étiez pas nés !
O magnifique deuil !
Couvre bien le cercueil !
Veille comme un flambeau,
Entourent le tombeau.
Se taisent tous les vents ;
Envié des vivants !
Requiem,
Qui conservent les corps,
De l’office des morts !
était de pierre !
Et muet souvenir ?…
D’avoir les bras cassés ?…
le Lac,
La peur d’aimer fait que je n’aime pas.
Et non de chapelet. —
Sois éternel, amour !…
Depuis douze ou quinze ans !…
Et le sol pour m’asseoir…
En un coin isolé.
A des femmes sans cœur ?
Et ce bonheur qui vous inonde
Le temps d’une aube boréale,
Ce que j’ai souffert par la femme,
Reviennent les blanches cigognes.
Je veux, libertin repentant,
Sans m’avoir jamais vu, m’attend.
Tous les soirs et tous les matins,
Ses modestes cheveux châtains.
Elle sort au bras d’un vieillard,
Innocente de son regard ;
Devant ces yeux calmes et doux,
Elle arrive à ses rendez-vous.
Préférant, pour passer le soir,
Aux sourires de son miroir.
Elle est blanche, elle a dix-sept ans,
Comme elle a l’âge du printemps.
Et, s’exhalant comme un parfum,
Et toute sa vie en est un.
Lys candide, cygne ingénu.
Quand elle m’aura reconnu,
Ma gloire et mon orgueil, et veux
Une nuit propice aux aveux.
Au fond du parc inexploré,
Et moi, je m’agenouillerai.
Comme on tient des oiseaux captifs,
Les choses des cœurs primitifs.
Mais fixant sur moi ses grands yeux
D’amour pur et religieux.
Ce que disent à demi-voix
Blanchir l’obscurité des bois.
L’ineffable vibration,
Comme une bénédiction.
Donné le baiser baptismal,
Et t’expulser, regret du mal !
L’épouvante de mon passé,
O désir vainement chassé,
Secouer enfin la langueur
Dont tu m’as saturé le cœur,
L’histrion, chanteur d’opéras,
L’épée atroce sous son bras !
Cet arbre.
Mon cher seigneur !
Et rit. La femme alors, en colère, s’approche.
Lui dit-elle.
Moi, le fond de ses yeux.
Et les branches lointaines ! »
Des yeux diamantés ! »
Plane comme un mystère. »
Qui filtrent dans mes chairs. »
Vit dans sa transparence. »
Ils vivent, je le crois. »
De l’eau qui les caresse ? »
Dans tes yeux enfermé. »
Cette source est mortelle. »
De funèbres rideaux. »
Là, sais-tu qui repose ? »
Des rêves dorment-ils ? »
Par un charme attirées. »
Roulent ensevelis. »
Ont contemplé leur rêve. »
Nyssia, de tes yeux. »
Ton âme, que j’emporte ! »
Sous l’eau me survivra.
Science
Dieu
Tout
Te Deum !
secret
Vérité — la Poésie
C’est dans sa maison qu’il faut vivre,
La fenêtre sur l’horizon.
maison
fenêtre
Morte en sa puberté.
Pour la Postérité.
Faite pour un oiseau.
Elle, mince roseau.
Les élans des grands jours.
Le beau, l’art, ses amours.
Ses lourds et tristes fruits.
Remue, étonne, instruis.
Mais quand Rachel parut,
Et le peuple accourut.
Souffre et meurs ; en avant !
Marche ! dit la Muse irritée,
Sur ton char, saignante et debout,
Du siècle sois le Prométhée ;
Les mers, les steppes, franchis tout.
Et le czar, dont l’orgueil te brise,
New-York qui ne t’a point comprise
Te porteront le dernier coup.
Marche, et sur ton masque burine
La lèpre, le fléau du jour ;
Pour de l’or gonfle ta narine,
L’or va te ronger la poitrine ;
L’or a les ongles du vautour.
Sur ce roc nud ils t’ont jetée ;
Du siècle sois le Prométhée,
Montre à la foule épouvantée
Pour quel dieu vibre son amour.
Pour la Postérité.
Brillant Kâma !
Aux madhavîs.
Porte un poisson.
Le son du tal.
Mères des pleurs.
N’évitera,
Un arc strident !
Frères divins.
Plus vagabonds.
Dans la forêt.
En parasol,
Du malicâs,
L’époux lointain,
D’énervement.
Les rotangs verts.
De flots glacés !
Du noir troupeau.
L’auguste amant.
Ce chant divin :
Déchire-nous !
L’astre Tchandra !
Sont affranchis !
Des vils Çûdras ;
De perles ceints ;
Vont, deux à deux,
Mordent les fleurs,
Se parlent bas ! »
Les pics neigeux.
Et dit : « Vainqueur
» Des noirs Bhûtas ! »
Du pénitent,
D’une Apçara
Fallacieux,
L’anneau d’or fin,
De toutes parts !
L’arc à la main !
Du diamant,
Et des coucous,
D’un prompt éclair,
Qui la roulait,
Du noir Wiçhnû,
Ceint de bétel !
YAMÎ.
YAMA.
VII
⁂
:
geôliers
Cloche des âges morts sonnant à timbres noirs,
Voici l’heure où les ménagères
Guettent le retour des bergères.
Dans le jour qui va s’achevant.
Là-bas sur un grand monticule
Un moulin à vent gesticule.
Est entonné par les crapauds.
Des silhouettes désolées
Se convulsent dans les vallées,
Qui dorment parmi les gazons.
Déjà plus d’un hibou miaule,
Et le pâtre, armé d’une gaule,
Avec ses taureaux bruns et roux.
Dans la solitude profonde
Les vieux chênes à tête ronde,
Et qui paraît se reculer.
Mais les choses dans la pénombre
Se distinguent : figure, nombre
Sous les nuages voyageurs.
Or, à cette heure un peu hagarde,
Je longe une brande blafarde,
Pâle, et voici ce que je vois :
Au bord d’un étang qui clapote,
Une vieille femme en capote,
Et retapote à tour de bras.
— « Par où donc est-elle venue,
« Cette sépulcrale inconnue ? »
Ce soliloque inquiétant.
Œil creux, nez crochu, bouche plate,
Sec et mince comme une latte,
Est là, presque sur mon chemin.
Et la centenaire aux yeux jaunes,
Accroupie au pied des grands aunes,
Qui pourrait bien être un linceul.
Alors, tout à l’horreur des choses
Si fatidiques dans leurs poses,
Et me regarde sans parler.
Et le battoir tombe et retombe
Sur cette nappe de la tombe,
Et tout s’efface dans la nuit.
— « Si loin ! pourvu que je me rende ! »
Et je me sauve par la brande
Que je ne me retourne pas.
Ici, là, fondrière ou flaque,
Complices de la nuit opaque !
De l’abominable battoir.
Enfin, ayant fui de la sorte
À travers la campagne morte,
Mon apparition fait peur !
Dieu le veut
LArmes qui teſmoignez de ſi griefues douleurs,
De ſi iuſtes regrets & des complaintes telles
Qu’il faut en vous voyant, larmes ſainctes & belles,
Remplir ſon cœur d’eſpoir, de merueille & de pleurs.
Vous produiſez en l’ame vn beau printemps de fleurs,
Et tirant de noz yeux des ſources eternelles,
Vous ferez vne mer, ou noz flammes cruelles
Se verront ſubmerger auecque noz malheurs.
Permets le moy Seigneur, & iuſqu’à l’heure extreme,
Que la mort me viendra ſeparer de moy-meſme,
Que ie viue en ces pleurs, & que ie meure en toy.
M
CE n’eſt pas en mes vers qu’vne amante abuſee
Des appas enchanteurs d’vn pariure Theſee
Apres l’honneur rauy de ſa pudicité,
Laiſſee ingratement en vn bord ſolitaire,
Fait de tous les aſſaults que la rage peut faire
Vne fidelle preuue à l’infidélité.
Les ondes que i’eſpans d’vne eternelle vaine,
Dans vn courage ſaint ont leur ſainte fontaine :
Ou l’amour de la terre, & le ſoin de la chair
Aux fragiles penſers ayant ouuert la porte,
Vne plus belle amour ſe rendit la plus forte,
Et le fit repentir außi toſt que pecher.
Henry, de qui les yeux & l’image ſacree
Font vn viſage d’or à ceſt age ferree,
Ne refuſe à mes veux vn fauorable appuy :
Et ſi pour ton autel ce c’eſt choſe aſſez grande,
Penſe qu’il eſt ſi grand, qu’il n’auroit point d’offrãde,
S’il n’en receuoit point que d’egales à luy.
La foy qui fut au cœur d’où ſortirent ces larmes,
Eſt le premier eſſay de tes premieres armes :
Pour qui tant d’ennemis à tes pieds abattus,
Palles ombres d’Enfer, poußieres de la terre,
Ont connu ta fortune, & que l’art de la guerre
A moins d’enſeignemens que tu n’as de vertus.
De ſon nom de rocher, comme d’vn bon augure,
Vn eternel eſtat l’Egliſe ſe figure :
Et croit par le deſtin de tes iuſtes combas,
Que ta main releuant ſon eſpaule courbee,
Vn iour, qui n’eſt pas loin, elle verra tombee
La troupe qui l’aſſaut & la veut mettre bas.
Mais le coq a chanté, pendant que ie m’arreſte
A l’ombre des lauriers qui t’embraſſent la teſte,
Et la ſource déſia commençant à s’ouurir
A laſché les ruiſſeaux, qui font bruire leur trace,
Entre tant de malheurs eſtimant vne grace,
Qu’vn Monarque ſi grand les regarde courir.
Ce miracle d’amour, ce courage inuincible,
Qui n’eſperoit iamais vne choſe poßible
Que rien finiſt ſa foy que le meſme treſpas :
De vaillant fait couard, de fidelle fait traiſtre,
Aux portes de la peur abandonne ſon Maiſtre,
Et iure impudemment qu’il ne le cognoiſt pas.
A peine la parolle auoit quitté ſa bouche,
Qu’vn regret außi prompt en ſon ame le touche,
Et meſurant ſa faute à la peine d’autruy,
Voulant faire beaucoup, il ne peut dauantage
Que ſoupirer tout bas, & ſe mettre au viſage
Sur le feu de ſa honte vne cendre d’ennuy.
Les arcs qui de plus pres ſa poitrine ioignirent,
Les traits qui plus auant dans le ſein l’atteignirent,
Ce fut quand du Sauueur il ſe vit regardé.
Les yeux furent les arcs, les œillades les fleſches
Qui percerent ſon ame, & remplirent de breſches
Le rempart qu’il auoit ſi laſchement gardé.
Ceſt aſſaut comparable à l’eclat d’vne foudre,
Pouſſe & iette d’vn coup ſes deffenſes en poudre,
Ne laiſſant rien chez luy, que le meſme penſer
D’vn homme qui tout nu de glaiue & de courage,
Voit de ſes ennemis la menace & la rage,
Qui le fer en la main le viennent offenſer.
Ces beaux yeux ſouverains qui trauerſẽt la terre,
Mieux que les yeux mortels ne trauerſent le verre,
Et qui n’ont rien de clos à leur iuſte courroux :
Entrent victorieux en ſon ame eſtonnee,
Comme dans vne place au pillage donnee.
Et luy font receuoir plus de morts que de coups.
La mer a dans le ſein moins de vagues courantes,
Qu’il n’a dans le cerueau de formes differantes,
Et n’a rien toutesfois qui le mette en repos :
Car aux flots de la peur ſa nauire qui tremble
Ne trouue point de port, & touſiours il luy ſemble
Que des yeux de ſon Maiſtre il entend ce propos.
Et bien, ou maintenant eſt ce braue langage ?
Cette roche de foy ? ceſt acier de courage ?
Qu’eſt le feu de ton zele au beſoin deuenu ?
Où ſont tant de ſerments qui iuroient vne fable ?
Comme tu fus menteur, ſuis ie pas veritable ?
Et que t’ay ie promis qui ne ſoit auenu ?
Toutes les cruautez de ces mains qui m’attachent,
Le meſpris effronté que ces bouches me crachent,
Les preuues que ie fay de leur impieté,
Pleines egallement de fureur & d’ordure,
Ne me ſont vne pointe aux entrailles ſi dure,
Comme le ſouuenir de ta deſloyauté.
Ie ſcay bien qu’au danger les autres de ma ſuitte
Ont eu peur de la mort, & ſe ſont mis en fuitte :
Mais toy, que plus que tous i’aimay parfaitement,
Pour rendre en me niant ton offence plus grande,
Tu ſuis mes ennemis, t’aſſembles à leur bande,
Et des maux qu’ils me font prens ton esbattement.
Le nombre eſt infiny des parolles empraintes,
Que regarde l’Apoſtre en ces lumieres ſaintes :
Et celuy ſeullement, que ſous vne beaute
Les feux d’vn œil humain ont rendu tributaire,
Iugera ſans mentir quel effet a peu faire
Des rayons immortels l’immortelle clairté.
Il eſt bien aſſeuré que l’angoiſſe qu’il porte,
Ne s’empriſonne pas ſous les clefs d’vne porte,
Et que de tous coſtez elle ſuyura ſes pas :
Mais pource qu’il la voit dans les yeux de ſon maiſtre
Il ſe veut abſenter, eſperant que peut eſtre
Il la ſentira moins en ne la voyant pas.
La place luy deplaiſt, ou la trouppe mauditte
Son Seigneur attaché par outrages depite :
Et craint tant de tomber en vn autre forfait,
Qu’il eſtime deſia ſes oreilles coupables,
D’entendre ce qui ſort de leurs bouches damnables,
Et ſes yeux d’aßiſter aux tourmens qu’on luy fait.
Il part, & la douleur qui d’vn morne ſilence
Entre les ennemis couuroit ſa violence,
Comm’il ſe voit dehors à ſi peu de compas,
Qu’il demande tout haut, que le ſort fauorable
Lui face rencontrer vn amy ſecourable,
Qui touché de pitié luy donne le trépas.
En ce piteux eſtat il n’a rien de fidelle,
Que ſa main qui le guide ou l’orage l’appelle,
Ses pieds comme ſes yeux ont perdu la vigueur :
Il a de tout conſeil ſon ame depourueue,
Et dit en ſoupirant que la nuit de ſa veue
Ne l’empeſche pas tant que la nuit de ſon cueur.
Sa vie auparauant ſi cherement gardee,
Luy ſemble trop long temps icy bas retardee,
C’eſt elle qui le faſche, & le fait conſumer :
Il la nomme pariure, il la nomme cruelle,
Et, touſiours ſe plaignant que ſa faute vient d’elle,
Il n’en veut faire compte, & ne la peut aymer.
Va, laiße moy, dit il, va deſloyale vie,
Si de te retenir autresfoys i’euz enuie,
Et ſi i’ay deſiré que tu fuſſes chez moy :
Puis que tu m’as eſté ſi mauuaiſe compaigne,
Ton infidelle foy maintenant ie deſdagne,
Quitte moy, ie te quitte, & ne veux plus de toy.
Sont ce tes beaux deſſeins, mẽſongere & mechãte,
Qu’vne ſeconde fois ta malice m’enchante ?
Et que pour retarder d’vne heure ſeulement.
La nuit deſia prochaine à ta courte iournee,
Ie demeure en danger que l’ame, qui eſt nee
Pour ne mourir iamais, meure eternellement ?
Non, ne m’abuſe plus d’vne laſche penſee,
Le coup encores frais de ma cheute paſſee
Me doit avoir apprins à me tenir debout,
Et ſçauoir diſcerner de la treue la guerre,
Des richeſſes du ciel les fanges de la terre,
Et d’vn bien qui s’en vole vn qui n’a point de bout.
Si quelqu’vn d’auanture en delices abonde,
Il te perd außi toſt & deſloge du monde.
Qui te porte amitié, c’eſt à luy que tu nuys :
Ceux qui te veulẽt mal, ſont ceux que tu conſerues,
Tu vas à qui te fuit, & touſiours le reſerues
A ſouffrir, en vivant dauantage d’ennuis.
On voit par ta rigueur tant de blondes ieuneſſes,
Tant de riches grãdeurs, tant d’heureuſes vieilleſſes,
En fuyant le trepas au trepas arriuer :
Et celuy qui chetif aux miſeres ſuccombe,
Sans vouloir autre bien, que le bien de la tombe,
N’ayant qu’vn iour à vivre, il ne peut l’acheuer.
Que d’hommes fortunez en leur age premiere,
Trompez de l’inconſtance à nos ans coutumiere,
Du depuis ſe ſont veuz en eſtrange langueur ?
Qui fuſſent morts contents, ſi le ciel amiable
Ne les abuſant pas en ton ſein variable,
Au temps de leur repos euſt couppé ta longueur.
Quiconque de plaiſir a ſon ame aßouuie,
Plein d’honneur & de bien, non ſuiet à l’enuie,
Sans iamais en ſon aiſe vn malaiſe eſprouuer,
S’il demande à ſes iours dauantage de terme,
Que fait il ignorant, qu’attendre de pié ferme
De voir à ſon beau temps vn orage arriver ?
Et moy, ſi de mes iours l’importune duree
Ne m’euſt en vieillißant la ceruelle empiree,
Ne deuois-ie eſtre ſage, & me reſſouuenir
D’auoir veu la lumiere aux aueugles rendue,
Rebailler aux muets la parole perdue,
Et faire dans les corps les ames reuenir ?
De ces faits non communs la merveille profonde,
Qui par la main d’vn ſeul eſtonnoit tout le monde,
Et tant d’autres encor me deuoient aduertir,
Que ſi pour leur autheur i’endurois de l’outrage,
Le meſme qui les fit, en faiſant dauantage,
Quand on m’offenceroit me pouuoit garantir,
Mais troublé par les ans, i’ay ſouffert que la crainte
Loin encore du mal, ait deſcouuert ma feinte :
Et ſortant promptement de mon ſens & de moy,
Ne me ſuis apperceu qu’vn deſtin fauorable
M’offroit en ce danger vn ſuget honorable
D’acquerir par ma perte vn triomphe à ma foy.
Que ie porte d’enuie à la trouppe innocente
De ceux qui maßacrez d’vne main violente
Virent des le matin leur beau iour accourcy !
Le fer qui les tua leur donna ceſte grace,
Que ſi de faire bien ils n’eurent pas l’eſpace,
Ils n’eurent pas le temps de faire mal außi.
De ces ieunes guerriers la flotte vagabonde,
Alloit courre fortune aux orages du monde,
Et deſia pour voguer abandonnoit le bort,
Quand l’aguet d’vn pirate arreſta leur voyage :
Mais leur ſort fut ſi bon, que d’vn meſme naufrage
Ils ſe virent ſous l’onde, & ſe virent au port.
Ce furent de beaux lis, qui mieux que la nature,
Meslans à leur blancheur l’incarnate peinture
Que tira de leur ſein le couteau criminel,
Devant que d’vn hyuer la tempeſte & l’orage,
A leur teint delicat peußent faire dommage,
S’en allerent fleurir au printemps eternel.
Ces enfans bien-heureux (creatures parfettes,
Sans l’imperfection de leurs bouches muettes)
Ayans Dieu dans le cueur ne le peurent louer :
Mais leur ſang leur en fut vn teſmoin veritable,
Et moy pouuant parler, i’ay parlé miſerable
Pour luy faire vergongne, & le deſauouer.
Le peu qu’ils ont veſcu leur fut grand auantage,
Et le trop que ie vy ne me fait que dommage,
Cruelle occaſion du ſoucy qui me nuit :
Quand i’auois de ma foy l’innocence premiere,
Si la nuit de la mort m’euſt priué de lumiere,
Ie n’aurois pas la peur d’vne immortelle nuit.
Ce fut en ce troupeau, que venant à la guerre
Pour combattre l’Enfer & deffendre la terre,
Le Sauueur inconnu ſa grandeur abbaiſſa :
Par eux il commença la premiere meſlee,
Et furent eux außi, que la rage aueuglee
Du contraire party les premiers offença.
Qui voudra ſe vanter, auec eux ſe compare,
D’auoir receu la mort par vn glaive barbare,
Et d’eſtre allé ſoymeſme au martyre s’offrir.
L’honneur leur appartient d’auoir ouuert la porte
A quiconque oſera d’vne ame belle & forte,
Pour viure dans le Ciel en la terre mourir.
O deſirable fin de leurs peines paſſees !
Leurs pieds qui n’ont iamais les ordures preſſees,
Vn ſuperbe planché des étoilles ſe font :
Leur ſalaire payé les ſeruices precede,
Premier que d’auoir mal ils trouuent le remede,
Et deuant le combat ont les palmes au front.
Que d’applaudißemens, de rumeur & de preße,
Que de feux, que de ieux, que de traits de careße,
Quand là haut en ce point on les veit arriuer ?
Et quel plaiſir encor’ à leur courage tendre
Voyant Dieu deuant eux en ſes bras les attendre,
Et pour leur faire honneur les Anges ſe leuer !
Et vous femmes trois fois quatre fois biẽ heureuſes,
De ces ieunes Amours les meres amoureuſes,
Que faites vous pour eux, ſi vous les regrettez ?
Vous fachez leur repos, & vous rendez coupables,
Ou de n’eſtimer pas leurs trepas honorables,
Ou de porter enuie à leurs felicitez.
Le ſoir fut auancé de leurs belles iournees :
Mais qu’euſſent ils gaigné par vn ſiecle d’annees ?
Ou que leur aduint -il en ce viſte depart,
Que laiſſer promptement vne baſſe demeure,
Qui n’a rien que du mal, pour auoir de bonne heure
Aux plaiſirs eternels vne eternelle part ?
Si vos yeux penetrans iuſqu’aux choſes futures
Vous pouuoyent enſeigner leurs belles auentures,
Vous auriez tant de bien en ſi peu de mal’heurs :
Que vous ne voudriez pas pour l’empire du monde,
N’auoir eu dans le ſein la racine feconde
D’ou naſquit entre nous ce miracle de fleurs.
Mais moi, puis que les loix me deffendent l’outrage,
Qu’entre tant de langueurs me commande la rage,
Et qu’il ne faut ſoymeſme eſteindre ſon flambeau :
Que m’eſt il demeuré pour conſeil & pour armes,
Que d’eſcouler ma vie en vn fleuue de larmes,
Et la chaßant de moy l’enuoyer au tombeau ?
Je ſçay bien que ma langue aiant commis l’offence,
Mon cueur incontinent en à fait penitence,
Mais quoy ! ſi peu de cas ne me rend ſatisfait :
Mon regret eſt ſi grand, & ma faute ſi grande,
Qu’vne mer eternelle à mes yeux ie demande,
Pour pleurer à iamais le peché que i’ay fait.
Pendant que le chetif en ce point ſe lamente,
S’arrache les cheueux, ſe bat & ſe tourmente,
En tant d’extremitez cruellement reduit,
Il chemine touſiours, mais reſuant à ſa peine,
Sans donner à ſes pas vne reigle certaine,
Il erre vagabond où le pié le conduit.
A la fin eſgaré (car la nuit qui le trouble
Par les eaux de ſes pleurs ſon ombrage redouble)
Soit vn cas d’auenture, ou que Dieu l’ait permis :
Il arriue au iardin, ou la bouche du traiſtre
Profanant d’vn baiſer la bouche de ſon maiſtre
Pour en priuer les bons, aux meſchans la remis.
Comm’vn homme dolent, que le glaiue contraire
A priué de ſon fils & du tiltre de pere,
Plaignant deça dela ſon malheur auenu :
S’il arrive en la place ou s’eſt fait le dommage,,
L’ennuy renouuelé plus rudement l’outrage,
En voyant le ſuget à ſes yeux reuenu.
Le vieillart, qui n’attend vne telle rencontre,
Si toſt qu’au deſpourueu ſa fortune luy montre
Le lieu qui fut teſmoin d’vn ſi laſche meffait.
De nouuelles fureurs ſe deſchire & s’entame
Et de tous les penſers qui trauaillent ſon ame
L’extreme cruauté plus cruelle ſe fait.
Toutefois il n’a rien qu’vne triſteſſe peinte,
Ses ennuys ſont des ieux, ſon angoiſſe vne feinte,
Son malheur vn bonheur, & ſes larmes vn ris :
Au prix de ce qu’il ſent, quand ſa veue abaiſſee,
Remarque les endroits, ou la terre preſſee,
A des pieds du Sauueur les veſtiges eſcris.
C’eſt alors que ſes cris en tonnerres s’eſclattent,
Ses ſouſpirs ſe font vens, qui les cheſnes combattent,
Et ſes pleurs qui tantoſt deſcendoient mollement,
Reſſemble vn torrent, qui des hautes montagnes,
Ravageant, & noyant les voyſines campagnes,
Veut que tout l’vniuers ne ſoit qu’vn element.
Il y fiche ſes yeux, il les baigne, il les baiſe,
Il ſe couche deſſus, & ſeroit à ſon aiſe,
S’il pouuoit auec eux à iamais s’attacher :
Il demeure muet du reſpect qu’il leur porte :
Mais enfin la douleur ſe rendant la plus forte
Luy fait encor vn coup vne plainte arracher.
Pas adorez de moy, quand par accoutumance
Ie n’aurois comme i’ay de vous la cognoißance,
Tant de perfections vous deſcouurent aßez :
Vous auez vne odeur de parfums d’Aßyrie,
Les autres ne l’ont pas, & la terre fleſtrie
Eſt belle ſeulement ou vous eſtes paßez.
Beaux pas de ces beaux piez que les aſtres cõnoißẽt,
Comme ores à mes yeux vos marques apparoißent,
Telle autrefois de vous la merueille me prit,
Quand, deſia demy-clos ſouz la vague profonde,
Vous ayant appelez, vous affermites l’onde,
Et m’aßeurant les pieds m’eſtonnaſtes l’eſprit.
Mais, ô de tant de biens indigne recompenſe !
O deßus les ſablons inutile ſemence !
Vne peur ô Seigneur m’a ſeparé de toy :
Et d’vne ame ſemblable à la mienne pariure
Tous ceux qui furent tiens, s’ils ne t’ont fait iniure,
Ont laiſſé ta preſence, & t’ont manqué de foy.
De douze, deux fois cinq eſtonnez de courage
Par vne laſche fuitte euiterent l’orage,
Et tournerent le dos quand tu fus aſſailly :
L’autre qui fut gaigné d’vne ſalle auarice,
Fit vn prix de ta vie à l’iniuſte ſupplice
Et l’autre en te niant plus que tous a failly.
C’eſt choſe à mon eſprit impoßible à comprendre,
Et nul autre que toy ne me la peut apprendre,
Comme à peu ta bonté nos outrages ſouffrir,
Et qu’attend plus de nous ta longue patience,
Sinon qu’a l’homme ingrat, la ſeule conſcience
Doiue eſtre le couteau qui le face mourir ?
Toutesfois tu ſcais tout, tu connois qui nous ſõmes
Tu vois quelle inconſtance accompagne les hommes,
Faciles à flechir quand il faut endurer :
Si i’ay fait comme vn homme en faiſant vne offẽce,
Tu feras comme Dieu d’en laißer la vengeance,
Et m’oſter vn ſuget de me deſeſperer.
Au moins ſi les regrets de ma faute auenue
M’ont de ton amitié quelque part retenue,
Pendant que ie me trouue au millieu de tes pas,
Deſireux de l’honneur d’vne ſi belle tombe,
Afin qu’en autre part ma deſpouille ne tombe,
Puis que ma fin eſt pres, ne la recule pas.
En ces propos mourans ſes complaintes ſe meurent,
Mais viuantes ſans fain ſes angoißes demeurent,
Pour le faire en langueur à iamais conſumer :
Tandis la nuit s’en va, ſes chandelles s’eſteignent,
Et deſ-ia deuant luy les campagnes ſe peignent,
Du ſaffran que le iour apporte de la mer.
L’Aurore d’vne main, en ſortant de ſes portes,
Tient vn vaze de fleurs, languiſſantes & mortes,
Elle verſe de l’autre vne cruche de pleurs,
Et d’vn voile tiſſu de vapeur & d’orage,
Couvrant ſes cheueux d’or deſcouvre en ſon viſage,
Tout ce qu’vn ame ſent de cruelles douleurs.
Le ſoleil, qui deſdaigne vne telle carriere,
Puis qu’il faut qu’il deſloge, eſloigne ſa barriere,
Mais comme vn criminel qui chemine au treſpas,
Monſtrant que dans le cueur ce voyage le faſche
Il marche lentement, & deſire qu’on ſache,
Que ſi ce n’eſtoit force, il ne le feroit pas.
Ses yeux par vn deſpit en ce monde regardent
Ses cheuaux tantoſt vont, & tantoſt ſe retardent,
Eux meſmes ignorans de la courſe qu’ils font,
Sa lumiere pallit, ſa couronne ſe cache :
Außi n’en veut il pas, cependant qu’on attache
A celuy qui l’a fait, des eſpines au front.
Au point accouſtumé les oyſeaux qui ſommeillẽt,
Appreſtez à chanter dans les bois ſe reueillent :
Mais voyant ce matin des autres different,
Remplis d’eſtonnement ils ne daignent paroiſtre,
Et font à qui les voit ouvertement connoiſtre,
De leur peine ſecrete vn regret apparent.
Le iour eſt deſia grand, & la honte plus claire,
De l’Apoſtre ennuyé l’aduertit de ſe taire,
Sa parole ſe laſſe, & le quitte au beſoin :
Il voit de tous coſtez qu’il n’eſt veu de perſonne
Toutesfois le remors que ſon ame luy donne,
Teſmoigne aſſez le mal qui n’a point de teſmoin.
Außi l’homme qui porte vne ame belle & haute,
Quand ſeul en vne part il à fait vne faute,
S’il n’a de iugement ſon eſprit depourveu,
Il rougit de luy meſme, & combien qu’il ne ſente
Rien que le ciel preſent & la terre preſente,
Penſe qu’en ſe voyant tout le monde l’a veu.
résistance
15 septembre
ma vie
14 septembre
l’Ave Maria
Toi qui verses les parfums des coupes d’or
La clameur des satyres vagabonds ?
Jean Moréas
Au clair de l’eau.
Quand
Peser le voile de la mort.
C’est notre esprit qui ne voit pas.
Il peut à peine l’écarter.
Sur le premier flambeau venu.
A déjà répondu : « Tu mens !
Que tu feras de la clarté ? »
N’ont arraché que des lueurs.
Les fantômes qui les hantaient.
L’Invisible à se laisser voir.
À jamais cet aveugle-né.
Qu’elle renonce à son tourment.
Devient de plus en plus navrant.
Des lèvres de l’Humanité.
Courage
Sur
Là-haut
Les
Dans
Il
Justice
Étoiles
La
SÉMIDA.
MADELEINE.
Alors pourquoi pleurer,.
Pourquoi fuir ainsi le jour, ô jeune sainte ?
Oh ! douloureux présent !
O douce image, ô rêve !
Mes souvenirs à moi,
Mais toi, toi qu’un rêve obscur tourmente ;
Non, nous ne prions pas
Oui, puisque tu prieras ;
Au grand jour des alarmes,
Elle vit dans tes larmes !!!
LE CHRIST.
Ce nom, dans l’ombre enseveli,
Idaméel !!!
Celui
Halte ! »
Avance ! »
Veux-tu l’abattre ?
Veux-tu l’abattre ? — Abattre une croix ?… Moi !
— « Après ? dit-il.
«
Ô Crux ave !… dit-il. Quant à vous, scélérats
!
Ô Crux ave !
Les braves !…
Et la brisaient.
Ô Crux, Ave !
Sentiers
KLEUDDE.
L’avait reçue en patrimoine,
Quand chaque évêque était un saint.
Sixte comprit l’ardent outrage…
Sorti de son orgueil, s’en vint
En des fourrés, en des venelles,
Et de grands gestes fanfarons,
Avec l’aide savant des mousses,
Entre les joints, comme en du brou,
À Théodore de Banville.
Note 15 du poème de Childe-Harold
J’ai
Par ces blasphèmes téméraires,
» Où règne ta loi frivole,
Se fût éveillé de soi-même,
» Durant deux saisons de clémence,
Elle vit même dans vos âmes,
Où l’impiété souveraine
Conduits en ordre par nos prêtres,
Pourquoi ces prières, ces larmes,
Et leurs lauriers et les souffrances
Taisez-vous, foudres et tempêtes !
Et l’impiété détrônée
Me voici... je respire à peine !
Une feuille m’intimidait ;
Le bruit du ruisseau m’alarmait ;
Je te vois !... je n’ai plus d’haleine !
Attends... je croyais aujourd’hui
De ta peine et de mon ennui.
Qui battait sous ma collerette,
Quand on l’appelle ou qu’elle a peur.
Qui m’attirait, souriait comme toi ;
Mais aux travaux de la prairie
Mais je ne dors jamais le jour ;
Je le sentais à peine respirer.
Ma mère n’est pas amoureuse !
Et, quand tu gémissais à l’ombre,
Le soleil me brûlait le cœur.
Tout ce qu’il me reste à t’apprendre?
Et la couronne à l’amour destinée
N’a servi qu’à voiler mes pleurs.
Dormait comme ma mère.
Demande-lui si je t’adore ;
Dans
S’est dressé, rouge spectre, ayant aux poings deux torches ;
Déroute ; enfants, vieillards, bœufs, moutons ; clameur vaine,
Resta désert.Alors, tragique et se dressant,
LA JOIE
Ils sont venus, ils sont venus,
naïvement nus et goulus
de raisins de verre et de cierges,
sur les bras longs des saintes-vierges,
les dimanches ; sonnez matines,
Frère Jacques en mes doctrines.
Or c’en est fini des semaines
où, dans l’eau, mains rouges, l’on peine ;
il fait chaude joie dans le cœur
et les arbres chantent en chœur,
puis se taisent et font silence
avec un faux air d’innocence.
Car ils sont venus les dimanches
rêvés tout au long des nuits blanches,
et par la ville, les enfants
chanteurs de paysages blancs,
font les oiseaux et s’inquiètent
que si matin il fasse fête,
tandis que de messes en quête,
les vieilles gens perdent la tête.
Or, dans les rues et les ruelles
où sonnent fraîches les chapelles,
les femmes en robes nouvelles
s’éplorent de se trouver belles ;
Frère Jacques, sonnez matines
à leurs douces villes félines.
Et la ville de mes mille âmes
dormez-vous, dormez-vous ;
il fait dimanche, mes femmes
et ma ville dormez-vous ?
Et les juifs, honte à mes ruelles,
— Antiquités et Dentelles —
même les juifs dormez-vous ?
Et, vous, mes doux marchands de cierges,
aux litanies de la Vierge
immaculée, dormez-vous ?
Clochers, l’on a volé vos heures,
Frères Jacques aux demeures
de quel sommeil dormez-vous ?
Bonnes gens, il fait grand dimanche,
et de gel, et de verglas,
à la ville qu’endimanchent
les drapeaux des consulats.
Et s’ébrouant
rouets rouant,
les rouets au matin des vieilles,
leur font s’éjouir les oreilles
d’un bruit rouant
et s’ébrouant.
Brouet brouant
aux vieux Rouen,
arde pour les enfants aux langes,
en feu, la cuisine des anges,
d’aux vieux Rouen,
brouet brouant.
Fleuries, fleurant,
si bon fleurant,
aux autels, les femmes ont crainte,
pour leur robes jaune-hyacinthe,
fleuries, fleurant,
si bon fleurant.
Donné — donnant,
les bons manants
comptent l’argent sur leurs doigts pauvres,
pour quelques roses de Hanovre
données — donnant,
mortes — mourant.
Mais, dans un château
du paradis est mon âme,
et, sourde, lui dit Sainte Anne,
une histoire longue, et trop haut,
dans un beau château.
Dans un beau château,
la Vierge, Jésus et l’âne
font des parties de campagne
à l’entour des pièces d’eau,
dans un beau château.
Jésus se fatigue aux rames,
et prend plaisir à mon âme
qui se rafraîchit dans l’eau,
des cormorans d’azur clament
et courent après mon âme
dans l’herbe du bord de l’eau,
seigneur auprès de sa dame,
mon cœur cause avec mon âme
en échangeant des anneaux,
dans un beau château.
Or, les autres des bras en gestes,
et des baisers, et des yeux ronds,
les gens du dimanche qui vont
en voyage avec tant de gestes,
bon voyage, les trains vont vite,
aux carrousels des horizons
sautent les arbres, les maisons,
bon voyage, les trains vont vite.
Bon voyage, les jours sont longs
aux pays neufs et qui s’indurent
de mirages et d’aventures,
bon voyage, les jours sont longs.
Bon voyage, et races latines,
au bout des très-chrétiennes mers
des planisphères outre-mer,
bon voyage, et races latines.
Bon voyage, faites naufrage ;
bon voyage, pour avoir faim,
au soir, en voyant les moulins
à tour de bras faire du pain.
Et je m’en reviens de mer
pauvre pécheur,
maintenant et à l’heure
de ce dimanche,
ainsi soit-il.
Et je m’en reviens de l’eau,
les rames haut,
sonnant comme des heures,
au beau dimanche,
ainsi soit-il.
La voile a coulé dans l’eau
mon beau bateau,
maintenant sonne l’heure
d’un beau dimanche,
Or la voile, l’aient les tailleurs,
aussi la mer,
alors que sonne l’heure
Un dimanche est dans mon cœur,
de ce dimanche
ainsi soit-il.
Et voile à nul souffle bercée,
s’enguidonne d’un beau ciel d’or,
le dimanche très en décor
pour les femmes de mes pensées ;
et les femmes ont dépensé
leur cœur tout devant les fenêtres,
et creusent d’amour enlisées,
jusqu’au pleur ce ciel des fenêtres.
Vierges d’attente et de martyre,
au gril vert des persiennes lasses,
dans les jardins des croisées basses,
les femmes, jusqu’à se mourir,
cristallisent rouge aux fenêtres
— appeaux naïvement enfants —
leur cœur sous les tabliers blancs,
et tels des rideaux aux fenêtres.
Or, en vain, les femmes, amantes
d’aimer, se sentent infinies,
leurs besognes sont définies,
et pauvre leur cœur de servantes
froidit, pour que se fassent blanches
leurs mains, en très naïves grèves,
dans la comédie bleu du rêve.
Or, passent ainsi les dimanches.
Du village de sa naissance, 3 juillet 1800.
Même lieu, 18 juillet 1800.
Même lieu, 20 juillet.
Même jour, le soir.
21 juillet 1800.
1er août 1800, la nuit, au cimetière, près du tombeau de sa mère.
(En lui montrant le manuscrit.)
Paris, 16 septembre 1800.
Paris, 20 septembre 1800.
Paris, 21 septembre 1800.
Paris, 21 septembre 1800, le soir.
22 septembre 1800.
À Paris, 26 septembre 1800.
En route, 28 septembre.
À Madame X
L’antico valore
PÉTRARQUE.
Oui, tu les briseras un jour, tes vieilles chaînes,
Italie et Pologne, et toi ma pauvre Irlande,
Italie, Italie, ô mon premier amour !
Frères, soyez unis, et qu’un seul soleil brille
Ah ! qu’il fut beau le jour, Naple, où le parlement
Toi qui chantas ses pleurs, poëte citoyen,
Mais le ciel est si pur, et le jour si vermeil !
nakfè taloa
nakfé taloa ; chantre au pâle visage
Bas-de- Cuir
Tueur-de-daim
longue carabine
Blanche-peau
trappeurs, les libres pionniers
couverte
sagamité
Bas-de-Quir
1889.
Prière
(Paris, août 1838.)
JAN SNUL.
À volets clos. C’étaient des fêtes solennelles
Par les sentiers des prés, par le chemin des bouges,
Trois Rois
Jammes
Tes préjugés vaincus ? que non pas !
Sous
Jacques d’Artevelde
JACQUES D’ARTEVELDE
Des plaintes de ta faim.
Et ta cause fut sienne et ton travail reprit.
Sautaient vers l’avenir, dans les bonds de leurs cloches.
Heures sombres ! mais qui furent encor plus sombres,
Jaillis des cours, des ruelles, des quais, des bouges,
. . . . . . . . .
L’IVRESSE
AMOUR
LE FILS DE L’HOMME
*
* *
N’ont pas un plus étrange son.
Dans l’avenir qui vous attend.
Que j’abandonne à ta merci !
L’amour qui te dit : Crois en moi ?
Aurait jonché notre chemin !
Pour toi j’aurais tout dévoilé.
Que nous pouvons nous délier
Guirlande attachée au cercueil !
À tes yeux n’était-ce donc rien ?
Et j’aurais peine à pardonner.
Qui flétrit ce qu’elle a blessé.
« Des arbres morts de la forêt.
« La mousse est fraîche au fond des bois… »
Aux accents plaintifs de ses vers.
Hélas ! que vas-tu devenir ?
Don
Voici le mois des eaux mornes et croupissantes
Autour des bourgs, parmi les routes et les sentes,
Au long des clos, sur les labours et sur les prés,
Voici le mois humide et flasque et macéré
Dans la pluie et la brume et les neiges fondues.
Les rivières qui font le tour des étendues :
Le Rupel et la Lys, la Durme et le Démer,
Gorgent trop lourdement le grand Escaut nocturne
Pour que là-bas, au loin, en Hollande, ses urnes
Puissent, avant le flux, se déverser en mer.
Une digue se rompt, on ne sait où, la nuit.
Amas de boue, amas de bruit,
Troncs emportés, souches énormes,
Le flot,
Tel un mont d’eau,
Un cri ! et puis soudain des tumultes d’abois,
Et de longues clameurs et des plaintes sauvages.
Puis un arrêt — et la crainte que tout soit mort.
Pourtant ceux qui, là-haut, habitent les bruyères,
Et dont le flot bourbeux vient d’épargner le sort,
Sont descendus, le cœur battant, vers la rivière.
Bornes, portes, pavés, poteaux, murs et cloisons,
Gît renversé, tandis que l’eau toujours plus haute
Monte sinistrement assiéger les maisons.
On voit à peine. Un ciel d’hiver, gris et funèbre,
Un ciel de morne hiver à l’infini s’étend ;
Les pieds butent, les mains tâtent et l’on entend
Ici, là-bas, partout, des chocs en des ténèbres.
Pour sauver Dieu, le vieux curé
Court vers l’église :
Dans la fange du cimetière
Ses pas s’enlisent.
Les trois meules du bord du pré
Croulent — et les épis sacrés
Et les avoines d’or de la moisson dernière
Sont balayés à plein torrent dans la rivière.
Et le flot monte et se gonfle toujours !
Des malades crient au secours
Avec des voix si lasses
Qu’elles s’épuisent ou se cassent
Avant d’être entendues ;
Des aïeules, portant l’enfant entre leurs bras,
S’enfuient vers l’étendue.
Les bœufs, au fond des prés, là-bas,
Meuglent et meuglent.
Au coin d’un mur s’est appuyé l’aveugle,
Et son bâton noueux
Frappe, d’un geste vain, le vide à l’aventure.
Une flamme, soudaine, envahit les pâtures :
Le sot du bourg, sans qu’on le voie, a mis le feu
À la grange du coin, où s’étendent les mares ;
Et le flot monte encore, et monte
D’une poussée infatigable et prompte.
On les surprend, à la lueur de l’incendie,
Le chaume entier s’enfonce et cède sous leur poids.
La poutre craque et puis se fend par le milieu;
Alors un cri si noir troue au cœur tout l’espace,
Et tant de peur humaine en ce seul cri s’amasse,
Qu’à l’entendre monter le silence se fait.
Enfin, l’aube paraît :
Au bas d’un ciel d’encre et de cendre,
Le flot, sombre et sournois,
Qui s’acharna contre ce coin de Flandre,
À bout de rage et de haine sauvage,
Décroît.
Sur la plaine de deuil, de vase et de ruine,
La mort putride a défoncé toutes les portes
Et charrié, vers la rivière et ses remous,
On a peur de rentrer dans les étables noires,
De constater que tant d’efforts ont été vains.
Mais déjà, sur la berge, en aval du village
À Madame Louise Ackermann.
15
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95
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105
À François Coppée.
divisa
Blanches-Peaux
buffalo
péni-huàk
Pâles-visages
Blanches-peaux
barbarie
civilisés
péni-louak
Rouges-peaux
in vino veritas
Bruxelles, août - Londres, septembre 1871
I - Portrait
II – La Chanson
III – Sous les Châtaigniers
IV – La Métairie du Moulin
V – L’Adieu
VI – La Grand’route
VII – La Plainte d’Aimée
VIII – Le Retour
IX – La Mort d’Aimée
X – Deux Novembre 185…
XI - Epilogue
Jéhova de la terre a consacré les cimes ;
Elles sont de ses pas le divin marchepied,
C’est là qu’environné de ses foudres sublimes
Il vole, il descend, il s’assied.
Sina, l’Olympe même, en conservent la trace ;
L’Oreb, en tressaillant, s’inclina sous ses pas ;
Thor entendit sa voix, Gelboé vit sa face;
Golgotha pleura son trépas.
Dieu que l’Hébron connait, Dieu que Cédar adore,
Ta gloire à ces rochers jadis se dévoila;
Sur le sommet des monts nous te cherchons encore;
Seigneur, réponds-nous ! es-tu là ?
Paisibles habitants de ces saintes retraites,
Comme l’ont entendu les guides d’Israël,
Dans le calme des nuits, des hauteurs où vous êtes
N’entendez-vous donc rien du ciel ?
Ne voyez-vous jamais les divines phalanges
Sur vos dômes sacrés descendre et se pencher ?
N’entendez-vous jamais des doux concerts des anges
Retentir l’écho du rocher ?
Quoi ! l’âme en vain regarde, aspire, implore, écoute ;
Entre le ciel et nous, est-il un mur d’airain ?
Vos yeux, toujours levés vers la céleste voûte,
Vos yeux sont-ils levés en vain ?
Pour s’élancer, Seigneur, où ta voix les appelle,
Les astres de la nuit ont des chars de saphirs,
Pour s’élever à toi, l’aigle au moins a son aile;
Nous n’avons rien que nos soupirs !
Que la voix de tes saints s’élève et te désarme,
La prière du juste est l’encens des mortels ;
Et nous, pêcheurs, passons: nous n’avons qu’une larme
A répandre sur tes autels.
Ce me semble, de vieilles planches ? »
Recuit à la flamme éternelle !
Ce Redresseur que tu célèbres ? »
Être vertueux, dans une heure ! »
Qu’habite et que ronge un insecte ! »
À la joyeuse Messe noire ?
Énorme et laid comme le monde !
D’aller au Ciel et d’être riche ?
Compagnons de ma triste joie,
Et qui n’est pas de pierre tendre ;
Un Ange sonne la victoire
Et ta prudence est infinie. »
Dont elle chante les louanges.
PRIÈRE.
À Alphonse Daudet.
À Charles Desfossez.
À Henry Forneron.
À Aymar de Saint-Amant.
À Feyen Perrin.
Et rex David senuerat.
À Léon Valade.
À Eugène Fromentin.
À Léon Philippe.
À Gustave Barré.
À Armand Renaud.
Mais tout passe !
La vision cessa.
Elle se recueillait.
A-t-elle un peu dormi ? »
De sa sonnette. »
Entre.
I suoi pensieri in lui dormir non ponno
Lib., c. 10.
Le Théâtre représente une chaumière des Alpes.
MANFRED. — LE CHASSEUR DE CHAMOIS.
Traduit par ADOLPHE RÉGNIER.
le grand
qui passaient
il paraît absorbé, et réfléchit profondément
Avril, 1835.
C’est
merlan
payer le mannezingue
Polyte
brandezingue,
Dos-bleu
BON RETOUR DU CHAMP DU NORD
Persil
Galimard cherchant la ligne
Ducornet-né-sans-bras
sursoit
Idéal
Ô
Je te supplie, enfant, par ta vie et la mienne !
Femme, Cyrille, évêque, est sur ton seuil.
Qu’il vienne !
Au lieu de blasphémer, apprenons à bénir !
C’était
À René Vallery-Radot.
O salutaris hostia
O salutaris hostia
Il vivait.
Une voix
Pensif, je regardais l’incorruptible airain.
Riez
L’HORLOGER
Je ne lui pus rien dire.
Il me la raconta ; et nous fûmes amis.
Mais ne me fit aucun reproche.
Ô femmes dont les mains sont belles,
Vous dédiez, par charité,
Leur sûre et tranquille bonté
Au soin quotidien des blessures mortelles.
Ceux dont les traits se sont pâlis
Sous la souffrance coutumière
Les voient agir dans la lumière,
Leur âme en devient résignée,
Si douce en est la vision,
Lorsque vous frôle un lent rayon
Le médicament fade et froid
Et même la tasse où se fanent
Les quatre fleurs d’une tisane
Tout s’embellit et se rehausse ;
Et néanmoins la mort est là
Qui rôde et regarde déjà
Confient aux vents qui passent
Oh ! la canaille !... et passer son chemin.
logique
positifs
pratiques
mystiques
bonnes vieilles femmes
Bienheureux
Martial de Paris
Heureuse ainsi que moi dans un tout petit coin.
Bouilly. —
Comme un phare au-dessus des flots.
Marquerait tout un peuple au front ! »
Pour voir les plus grands de l’État.
L’homme de bronze surgira.
Il se brûle en s’illuminant.
Eh
Brise à jamais le moule humain.
Plus dociles à tes desseins,
À l’œuvre ! il s’agit d’enfanter.
Entre ta pensée et tes flancs.
Que tu devras ensevelir.
À l’infini pour reculer.
N’est qu’un fantôme éblouissant.
Je meurs, et Lui ne naîtra pas.
Le signe empreint des hauts destins.
Je suis là, prêt à m’élancer.
Tout s’enflamme ou tout va germer.
T’a tendu ton premier miroir.
Je m’exaspère et me débats.
Il m’aurait livré son secret.
Ce cri terrible est répété.
Plonge sans fond dans la douleur.
Ou m’engloutir, ou me briser !
De cet atome audacieux.
Aussi pour tes avortements !
À te suivre dans ton essor !
Tu n’as su faire qu’un tombeau !
Toi, dont le monde encore ignore le vrai nom, Esprit mystérieux, mortel, ange ou démon, Qui que tu sois, Byron, bon ou fatal génie, J’aime de tes concerts la sauvage harmonie, Comme j’aime le bruit de la foudre et des vents Se mêlant dans l’orage à la voix des torrents ! La nuit est ton séjour, l’horreur est ton domaine : L’aigle, loin des déserts, dédaigne ainsi la plaine ; Il ne veut, comme toi, que des rocs escarpés Que l’hiver a blanchis, que la foudre a frappés, Des rivages couverts des débris du naufrage, Ou des champs tout noircis des restes de carnage : Et tandis que l’oiseau qui chante ses douleurs Bâtit au bord des eaux son nid parmi les fleurs, Lui des sommets d’Athos franchit l’horrible cime, Suspend aux flancs des monts son aire sur l’abîme, Et là, seul, entouré de membres palpitants, De rochers d’un sang noir sans cesse dégouttants, Trouvant sa volupté dans les cris de sa proie, Bercé par la tempête, il s’endort dans sa joie. Et toi, Byron, semblable ai ce brigand des airs, Les cris du désespoir sont tes plus doux concerts. Le mal est ton spectacle, et l’homme est ta victime. Ton œil, comme Satan, a mesuré l’abîme, Et ton âme, y plongeant loin du jour et de Dieu, A dit à l’espérance un éternel adieu ! Comme lui, maintenant, régnant dans les ténèbres, Ton génie invincible éclate en chants funèbres ; Il triomphe, et ta voix, sur un mode infernal, Chante l'hymne de gloire au sombre dieu du mal. Mais que sert de lutter contre sa destinée ? Que peut contre le sort la raison mutinée ? Elle n'a, comme l’œil, qu'un étroit horizon. Ne porte pas plus loin tes yeux ni ta raison : Hors de là tout nous fuit, tout s’éteint, tout s’efface ; Dans ce cercle borné Dieu t’a marqué ta place : Comment ? pourquoi ? qui sait ? De ses puissantes mains Il a laissé tomber le monde et les humains, Comme il a dans nos champs répandu la poussière, Ou semé dans les airs la nuit et la lumière ; Il le sait, il suffit : l’univers est à lui, Et nous n’avons à nous que le jour d’aujourd’hui ! Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître : Ignorer et servir, c’est la loi de notre être. Byron, ce mot est dur : longtemps j’en ai douté ; Mais pourquoi reculer devant la vérité ? Ton titre devant Dieu, c’est d'être son ouvrage, De sentir, d’adorer ton divin esclavage ; Dans l’ordre universel faible atome emporté, D’unir à ses desseins ta libre volonté, D’avoir été conçu par son intelligence, De le glorifier par ta seule existence : Voilà, voilà ton sort. Ah ! loin de l’accuser, Baise plutôt le joug que tu voudrais briser ; Descends du rang des dieux qu’usurpait ton audace ; Tout est bien, tout est bon, tout est grand à sa place ; Aux regards de celui qui fit l’immensité L’insecte vaut un monde : ils ont autant coûté ! Mais cette loi, dis-tu, révolte ta justice ; Elle n’est a tes yeux qu’un bizarre caprice, Un piége où la raison trébuche a chaque pas. Confessons-la, Byron, et ne la jugeons pas. Comme toi, ma raison en ténèbres abonde, Et ce n’est pas à moi de t’expliquer le monde. Que celui qui l’a fait t’explique l’univers : Plus je sonde l’abîme, hélas ! plus je m’y perds. Ici-bas, la douleur à la douleur s'enchaîne, Le jour succède au jour, et la peine à la peine. Borné dans sa nature, infini dans ses vœux, L'homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux : Soit que, déshérité de son antique gloire, De ses destins perdus il garde la mémoire ; Soit que de ses désirs l’immense profondeur Lui présage de loin sa future grandeur, Imparfait ou déchu, l’homme est le grand mystère. Dans la prison des sens enchaîné sur la terre, Esclave, il sent un cœur né pour la liberté ; Malheureux, il aspire à la félicité ; Il veut sonder le monde, et son œil est débile ; Il veut aimer toujours : ce qu’il aime est fragile ! Tout mortel est semblable et l’exilé d’Éden : Lorsque Dieu l'eut banni du céleste jardin, Mesurant d’un regard les fatales limites, Il s’assit en pleurant aux portes interdites. Il entendit de loin dans le divin séjour L’harmonieux soupir de l’éternel amour, Les accents du bonheur, les saints concerts des anges Qui, dans le sein de Dieu, célébraient ses louanges ; Et, s’arrachant du ciel dans un pénible effort, Son œil avec effroi retomba sur son sort. Malheur à qui du fond de l’exil de la vie Entendit ces concerts d’un monde qu’il envie ! Du nectar idéal sitôt qu'elle a goûté, La nature répugne à la réalité ; Dans le sein du possible en songe elle s'élance ; Le réel est étroit, le possible est immense ; L’âme avec ses désirs s'y bâtit un séjour Où l’on puise à jamais la science et l’amour ; Où, dans des océans de beauté, de lumière, L’homme, altéré toujours, toujours se désaltère, Et, de songes si beaux enivrant son sommeil, Ne se reconnaît plus au moment du réveil. Hélas ! tel fut ton sort, telle est ma destinée. J’ai vidé comme toi la coupe empoisonnée ; Mes yeux, comme les tiens, sans voir se sont ouverts ; J’ai cherché vainement le mot de l’univers, J’ai demandé sa cause à toute la nature, J’ai demandé sa fin à toute créature ; Dans l’abîme sans fond mon regard a plongé ; De l’atome au soleil j’ai tout interrogé, J’ai devancé les temps, j’ai remonté les âges : Tantôt passant les mers pour écouter les sages ; Mais le monde à l’orgueil est un livre fermé ! Tantôt, pour deviner le monde inanimé, Fuyant avec mon âme au sein de la nature, J’ai cru trouver un sens à cette langue obscure. J’étudiai la loi par qui roulent les cieux ; Dans leurs brillants déserts Newton guida mes yeux ; Des empires détruits je méditai la cendre ; Dans ses sacrés tombeaux Rome m’a vu descendre ; Des mânes les plus saints troublant le froid repos, J’ai pesé dans mes mains la cendre des héros : J’allais redemander à leur vaine poussière Cette immortalité que tout mortel espère. Que dis-je ? suspendu sur le lit des mourants, Mes regards la cherchaient dans des yeux expirants ; Sur ces sommets noircis par d’éternels nuages, Sur ces flots sillonnés par d’éternels orages, J’appelais, je bravais le choc des éléments. Semblable à la sibylle en ses emportements, J’ai cru que la nature, en ces rares spectacles, Laissait tomber pour nous quelqu’un de ses oracles : J’aimais à m’enfoncer dans ces sombres horreurs. Mais en vain dans son calme, en vain dans ses fureurs, Cherchant ce grand secret sans pouvoir le surprendre, J’ai vu partout un Dieu sans jamais le comprendre ! J’ai vu le bien, le mal, sans choix et sans dessein, Tomber comme au hasard, échappés de son sein ; J’ai vu partout le mal ou le mieux pouvait être, Et je l’ai blasphémé, ne pouvant le connaître ; Et ma voix, se brisant contre ce ciel d’airain, N’a pas même eu l’honneur d’irriter le destin. Mais un jour que, plongé dans ma propre infortune, J’avais lassé le ciel d’une plainte importune, Une clarté d’en haut dans mon sein descendit, Me tenta de bénir ce que j’avais maudit ; Et, cédant sans combattre au souffle qui m’inspire, L’hymne de la raison s’élança de ma lyre. « Gloire à toi dans les temps et dans l’éternité, » Éternelle raison, suprême volonté ! » Toi, dont l’immensité reconnaît la présence ; » Toi, dont chaque matin annonce l’existence ! » Ton souffle créateur s’est abaissé sur moi ; » Celui qui n’était pas a paru devant toi ! » J’ai reconnu ta voix avant de me connaître, » Je me suis élancé jusqu’aux portes de l’Être : » Me voici ! le néant te salue en naissant ; » Me voici ! mais que suis-je ? un atome pensant. » Qui peut entre nous deux mesurer la distance ? » Moi, qui respire en toi ma rapide existence, » À l’insu de moi-même, à ton gré façonné, » Que me dois-tu, Seigneur, quand je ne suis pas né ? » Rien avant, rien après : gloire à la fin suprême ! » Qui tira tout de soi se doit tout à soi-même. » Jouis, grand artisan, de l’œuvre de tes mains : » Je suis pour accomplir tes ordres souverains ; » Dispose, ordonne, agis ; dans les temps, dans l’espace, » Marque-moi pour ta gloire et mon jour et ma place : » Mon être, sans se plaindre et sans t’interroger, » De soi-même, en silence, accourra s’y ranger. » Comme ces globes d’or qui dans les champs du vide » Suivent avec amour ton ombre qui les guide, » Noyé dans la lumière ou perdu dans la nuit, » Je marcherai comme eux où ton doigt me conduit : » Soit que, choisi par toi pour éclairer les mondes, » Réfléchissant sur eux les feux dont tu m’inondes, » Je m’élance entouré d’esclaves radieux, » Et franchisse d’un pas tout l’abîme des cieux ; » Soit que, me reléguant loin, bien loin de ta vue, » Tu ne fasses de moi, créature inconnue, » Qu’un atome oublié sur les bords du néant, » Ou qu’un grain de poussière emporté par le vent, » Glorieux de mon sort, puisqu’il est ton ouvrage, » J’irai, j’irai partout te rendre un même hommage, » Et, d’un égal amour accomplissant ta loi, » Jusqu’aux bords du néant murmurer : Gloire à toi ! » Ni si haut, ni si bas ! simple enfant de la terre, » Mon sort est un problème, et ma fin un mystère ; » Je ressemble, Seigneur, au globe de la nuit, » Qui, dans la route obscure où ton doigt le conduit, » Réfléchit d’un côté les clartés éternelles, » Et de l’autre est plongé dans les ombres mortelles. » L’homme est le point fatal où les deux infinis » Par la toute-puissance ont été réunis. » À tout autre degré, moins malheureux peut-être, » J’eusse été... Mais je suis ce que je devais être ; » J’adore sans la voir ta suprême raison : » Gloire à toi qui m’as fait ! ce que tu fais est bon. » Cependant, accablé sous le poids de ma chaîne, » Du néant au tombeau l’adversité m’entraîne ; » Je marche dans la nuit par un chemin mauvais, » Ignorant d’où je viens, incertain où je vais, » Et je rappelle en vain ma jeunesse écoulée, » Comme l’eau du torrent dans sa source troublée. » Gloire à toi ! Le malheur en naissant m’a choisi ; » Comme un jouet vivant ta droite m’a saisi ; » J’ai mangé dans les pleurs le pain de ma misère, » Et tu m’as abreuvé des eaux de ta colère. » Gloire à toi ! J’ai crié, tu n’as pas répondu ; » J’ai jeté sur la terre un regard confondu ; » J’ai cherché dans le ciel le jour de ta justice ; » Il s’est levé, Seigneur, et c’est pour mon supplice. » Gloire a toi ! L’innocence est coupable à tes yeux : » Un seul être, du moins, me restait sous les cieux ; » Toi-même de nos jours avais mêlé la trame, » Sa vie était ma vie, et son âme mon âme ; » Comme un fruit encor vert du rameau détaché, » Je l’ai vu de mon sein avant l’âge arraché ! » Ce coup, que tu voulais me rendre plus terrible, » La frappa lentement pour m’être plus sensible : » Dans ses traits expirants, où je lisais mon sort, » J’ai vu lutter ensemble et l’amour et la mort ; » J’ai vu dans ses regards la flamme de la vie, » Sous la main du trépas par degrés assoupie, » Se ranimer encore au souffle de l’amour. » Je disais chaque jour : Soleil, encore un jour ! » Semblable au criminel qui, plongé dans les ombres, » Et descendu vivant dans les demeures sombres, » Près du dernier flambeau qui doive l’éclairer, » Se penche sur sa lampe et la voit expirer, » Je voulais retenir l’âme qui s’évapore ; » Dans son dernier regard je la cherchais encore ! » Ce soupir, ô mon Dieu, dans ton sein s’exhala : » Hors du monde avec lui mon espoir s’envola ! » Pardonne au désespoir un moment de blasphème, » J’osai… Je me repens ; Gloire au maître suprême ! » Il fit l’eau pour couler, l’aquilon pour courir, » Les soleils pour brûler, et l’homme pour souffrir ! » Que j’ai bien accompli cette loi de mon être ! » La nature insensible obéit sans connaître, » Moi seul, te découvrant sous la nécessité, » J’immole avec amour ma propre volonté ; » Moi seul je t’obéis avec intelligence ; » Moi seul je me complais dans cette obéissance ; » Je jouis de remplir en tout temps, en tout lieu, » La loi de ma nature et l’ordre de mon Dieu ; » J’adore en mes destins ta sagesse suprême, » J’aime ta volonté dans mes supplices même : » Gloire à toi ! gloire à toi ! Frappe, anéantis-moi ! » Tu n’entendras qu’un cri : Gloire à jamais à toi ! » Ainsi ma voix monta vers la voûte céleste : Je rendis gloire au ciel, et le ciel fit le reste. Mais silence, ô ma lyre ! Et toi, qui dans tes mains Tiens le cœur palpitant des sensibles humains, Byron, viens en tirer des torrents d’harmonie : C’est pour la vérité que Dieu fit le génie. Jette un cri vers le ciel, ô chantre des enfers ! Le ciel même aux damnés enviera tes concerts. Peut-être qu’à ta voix, de la vivante flamme Un rayon descendra dans l’ombre de ton âme ; Peut-être que ton cœur, ému de saints transports, S’apaisera soi-même a tes propres accords, Et qu’un éclair d’en haut perçant ta nuit profonde, Tu verseras sur nous la clarté qui t’inonde. Ah ! si jamais ton luth, amolli par tes pleurs, Soupirait sous tes doigts l’hymne de tes douleurs, Ou si, du sein profond des ombres éternelles, Comme un ange tombé tu secouais tes ailes, Et, prenant vers le jour un lumineux essor, Parmi les chœurs sacrés tu t’essayais encor ; Jamais, jamais l’écho de la céleste voûte, Jamais ces harpes d’or que Dieu lui-même écoute, Jamais des séraphins les chœurs mélodieux De plus divins accords n’auraient ravi les cieux ! Courage, enfant déchu d’une race divine ! Tu portes sur ton front ta superbe origine ; Tout homme, en te voyant, reconnaît dans tes yeux Un rayon éclipsé de la splendeur des cieux ! Roi des chants immortels, reconnais-toi toi-même ! Laisse aux fils de la nuit le doute et le blasphème ; Dédaigne un faux encens qu’on t’offre de si bas : La gloire ne peut être où la vertu n’est pas. Viens reprendre ton rang dans ta splendeur première Parmi ces purs enfants de gloire et de lumière Que d’un souffle choisi Dieu voulut animer, Et qu’il fit pour chanter, pour croire, et pour aimer !
À Edmond de Guerle.
Vêtus
Angelus domini
In-pace
Ô la splendeur de notre joie,
Tissée en or dans l’air de soie !
Voici la maison douce et son pignon léger,
Et le jardin et le verger.
Voici le banc, sous les pommiers
D’où s’effeuille le printemps blanc,
À pétales frôlants et lents.
Voici des vols de lumineux ramiers
Plânant, ainsi que des présages,
Dans le ciel clair du paysage.
Voici — pareils à des baisers tombés sur terre
De la bouche du frêle azur —
Deux bleus étangs simples et purs,
Bordés naïvement de fleurs involontaires.
Ô la splendeur de notre joie et de nous-mêmes,
En ce jardin où nous vivons de nos emblèmes !
Là-bas, de lentes formes passent,
Sont-ce nos deux âmes qui se délassent,
Au long des bois et des terrasses ?
Sont-ce tes seins, sont-ce tes yeux
Ces deux fleurs d’or harmonieux ?
Et ces herbes — on dirait des plumages
Mouillés dans la source qu’ils plissent —
Sont-ce tes cheveux frais et lisses ?
Certes, aucun abri ne vaut le clair verger,
Ni la maison au toit léger,
Ni ce jardin, où le ciel trame
Ce climat cher à nos deux âmes.
Quoique nous le voyions fleurir devant nos yeux,
Ce jardin clair où nous passons silencieux,
C’est plus encore en nous que se féconde
Le plus joyeux et le plus doux jardin du monde.
Car nous vivons toutes les fleurs,
Toutes les herbes, toutes les palmes
En nos rires et en nos pleurs
De bonheur pur et calme.
Car nous vivons toutes les transparences
De l’étang bleu qui reflète l’exubérance
Des roses d’or et des grands lys vermeils :
Bouches et lèvres de soleil.
Car nous vivons toute la joie
Dardée en cris de fête et de printemps,
En nos aveux, où se côtoient
Les mots fervents et exaltants.
Oh ! dis, c’est bien en nous que se féconde
Le plus joyeux et clair jardin du monde.
Ce chapiteau barbare, où des monstres se tordent,
Soudés entre eux, à coups de griffes et de dents,
En un tumulte fou de sang, de cris ardents,
De blessures et de gueules qui s’entre-mordent,
C’était moi-même, avant que tu fusses la mienne,
Ô toi la neuve, ô toi l’ancienne !
Qui vins à moi des loins d’éternité,
Avec, entre tes mains, l’ardeur et la bonté.
Je sens en toi les mêmes choses très profondes
Qu’en moi-même dormir
Et notre soif de souvenir
Boire l’écho, où nos passés se correspondent.
Nos yeux ont dû pleurer aux mêmes heures,
Sans le savoir, pendant l’enfance :
Avoir mêmes effrois, mêmes bonheurs,
Mêmes éclairs de confiance :
Car je te suis lié par l’inconnu
Qui me fixait, jadis au fond des avenues
Par où passait ma vie aventurière,
Et, certes, si j’avais regardé mieux,
J’aurais pu voir s’ouvrir tes yeux
Depuis longtemps en ses paupières.
Le ciel en nuit s’est déplié
Et la lune semble veiller
Sur le silence endormi.
Tout est si pur et clair,
Tout est si pur et si pâle dans l’air
Et sur les lacs du paysage ami,
Qu’elle angoisse, la goutte d’eau
Qui tombe d’un roseau
Et tinte et puis se tait dans l’eau.
Mais j’ai tes mains entre les miennes
Et tes yeux sûrs, qui me retiennent,
De leurs ferveurs, si doucement ;
Et je te sens si bien en paix de toute chose,
Que rien, pas même un fugitif soupçon de crainte,
Ne troublera, fût-ce un moment,
La confiance sainte
Qui dort en nous comme un enfant repose.
Chaque heure, où je pense à ta bonté
Si simplement profonde,
Je me confonds en prières vers toi.
Je suis venu si tard
Vers la douceur de ton regard
Et de si loin, vers tes deux mains tendues,
Tranquillement, par à travers les étendues !
J’avais en moi tant de rouille tenace
Qui me rongeait, à dents rapaces,
La confiance ;
J’étais si lourd, j’étais si las,
J’étais si vieux de méfiance,
J’étais si lourd, j’étais si las
Du vain chemin de tous mes pas.
Je méritais si peu la merveilleuse joie
De voir tes pieds illuminer ma voie,
Que j’en reste tremblant encore et presqu’en pleurs,
Et humble, à tout jamais, en face du bonheur.
Tu arbores parfois cette grâce bénigne
Du matinal jardin tranquille et sinueux
Qui déroule, là-bas, parmi les lointains bleus,
Ses doux chemins courbés en cols de cygne.
Et, d’autres fois, tu m’es le frisson clair
Du vent rapide et miroitant
Qui passe, avec ses doigts d’éclair,
Dans les crins d’eau de l’étang blanc.
Au bon toucher de tes deux mains,
Je sens comme des feuilles
Me doucement frôler ;
Que midi brûle le jardin,
Les ombres, aussitôt, recueillent
Les paroles chères dont ton être a tremblé.
Chaque moment me semble, grâce à toi,
Passer ainsi divinement en moi.
Aussi, quand l’heure vient de la nuit blême,
Où tu te cèles en toi-même,
En refermant les yeux,
Sens-tu mon doux regard dévotieux,
Plus humble et long qu’une prière,
Remercier le tien sous tes closes paupières ?
Oh ! laisse frapper à la porte
La main qui passe avec ses doigts futiles ;
Notre heure est si unique, et le reste qu’importe,
Le reste, avec ses doigts futiles.
Laisse passer, par le chemin,
La triste et fatigante joie,
Avec ses crécelles en mains.
Laisse monter, laisse bruire
Et s’en aller le rire ;
Laisse passer la foule et ses milliers de voix.
L’instant est si beau de lumière,
Dans le jardin, autour de nous,
L’instant est si rare de lumière trémière,
Dans notre cœur, au fond de nous.
De ce qui vient ou passe,
Et de rester les doux qui bénissons le jour.
Même devant la nuit d’ombre barricadée,
Aimant en nous, par dessus tout, l’idée
Que bellement nous nous faisons de notre amour.
Comme aux âges naïfs, je t’ai donné mon cœur,
Ainsi qu’une ample fleur
Qui s’ouvre, au clair de la rosée ;
Entre ses plis frêles, ma bouche s’est posée.
La fleur, je la cueillis au pré des fleurs en flamme ;
Ne lui dis rien : car la parole entre nous deux
Serait banale, et tous les mots sont hasardeux.
C’est à travers les yeux que l’âme écoute une âme.
La fleur qui est mon cœur et mon aveu,
Tout simplement, à tes lèvres confie
Qu’elle est loyale et claire et bonne, et qu’on se fie
Au vierge amour, comme un enfant se fie à Dieu.
Laissons l’esprit fleurir sur les collines,
En de capricieux chemins de vanité ;
Et faisons simple accueil à la sincérité
Qui tient nos deux cœurs clairs, en ses mains cristallines ;
Et rien n’est beau comme une confession d’âmes,
L’une à l’autre, le soir, lorsque la flamme
Des incomptables diamants
Brûle, comme autant d’yeux
Silencieux,
Le silence des firmaments.
Le printemps jeune et bénévole
Qui vêt le jardin de beauté
Élucide nos voix et nos paroles
Et les trempe dans sa limpidité.
La brise et les lèvres des feuilles
Babillent — et effeuillent
En nous les syllabes de leur clarté.
Mais le meilleur de nous se gare
Et fuit les mots matériels ;
Un simple et doux élan muet
Mieux que tout verbe amarre
Notre bonheur à son vrai ciel :
Celui de ton âme, à deux genoux,
Tout simplement, devant la mienne,
Et de mon âme, à deux genoux,
Très doucement, devant la tienne.
Viens lentement t’asseoir
Près du parterre, dont le soir
Ferme les fleurs de tranquille lumière,
Laisse filtrer la grande nuit en toi :
Nous sommes trop heureux pour que sa mer d’effroi
Trouble notre prière.
Là-haut, le pur cristal des étoiles s’éclaire.
Voici le firmament plus net et translucide
Qu’un étang bleu ou qu’un vitrail d’abside ;
Et puis voici le ciel qui regarde à travers.
Les mille voix de l’énorme mystère
Parlent autour de toi.
Les mille lois de la nature entière
Bougent autour de toi,
Les arcs d’argent de l’invisible
Prennent ton âme et son élan pour cible,
Mais tu n’as peur, oh ! simple cœur,
Mais tu n’as peur, puisque ta foi
Est que toute la terre collabore
À cet amour que fit éclore
La vie et son mystère en toi.
Joins donc les mains tranquillement
Et doucement adore ;
Un grand conseil de pureté
Et de divine intimité
Flotte, comme une étrange aurore,
Sous les minuits du firmament.
Combien elle est facilement ravie,
Avec ses yeux d’extase ignée,
Elle, la douce et résignée
Si simplement devant la vie.
Ce soir, comme un regard la surprenait fervente,
Et comme un mot la transportait
Au pur jardin de joie, où elle était
Tout à la fois reine et servante.
Humble d’elle, mais ardente de nous,
C’était à qui ploierait les deux genoux,
Pour recueillir le merveilleux bonheur
Qui, mutuel, nous débordait du cœur.
Nous écoutions se taire, en nous, la violence
De l’exaltant amour qu’emprisonnaient nos bras
Et le vivant silence
Dire des mots que nous ne savions pas.
Au temps où longuement j’avais souffert
Où les heures m’étaient des pièges,
Tu m’apparus l’accueillante lumière
Qui luit, aux fenêtres, l’hiver,
Au fonds des soirs, sur de la neige.
Ta clarté d’âme hospitalière
Frôla, sans le blesser, mon cœur,
Comme une main de tranquille chaleur ;
Un espoir tiède, un mot clément,
Pénétrèrent en moi très lentement ;
Puis vint la bonne confiance
Et la franchise et la tendresse et l’alliance,
Enfin, de nos deux mains amies,
Un soir de claire entente et de douce accalmie.
Depuis, bien que l’été ait succédé au gel,
En nous-mêmes et sous le ciel,
Dont les flammes éternisées
Pavoisent d’or tous les chemins de nos pensées,
Et que l’amour soit devenu la fleur immense,
Naissant du fier désir,
Qui, sans cesse, pour mieux encor grandir,
En notre cœur, se recommence,
Je regarde toujours la petite lumière
Qui me fut douce, la première.
Je ne détaille pas, ni quels nous sommes
L’un pour l’autre, ni les pourquois, ni les raisons :
Tout doute est mort, en ce jardin de floraisons
Qui s’ouvre en nous et hors de nous, si loin des hommes.
Je ne raisonne pas, et ne veux pas savoir,
Et rien ne troublera ce qui n’est que mystère
Et qu’élans doux et que ferveur involontaire
Et que tranquille essor vers nos parvis d’espoir.
Je te sens claire avant de te comprendre telle ;
Et c’est ma joie, infiniment,
De m’éprouver si doucement aimant,
Sans demander pourquoi ta voix m’appelle.
Soyons simples et bons — et que le jour
Nous soit tendresse et lumière servies,
Et laissons dire que la vie
N’est point faite pour un pareil amour.
À ces reines qui lentement descendent
Les escaliers en ors et fleurs de la légende,
Dans mon rêve, parfois, je t’apparie ;
Je te donne des noms qui se marient
À la clarté, à la splendeur et à la joie,
Et bruissent en syllabes de soie,
Au long des vers bâtis comme une estrade
Pour la danse des mots et leurs belles parades.
Mais combien vite on se lasse du jeu,
À te voir douce et profonde et si peu
Celle dont on enjolive les attitudes ;
Ton front si clair et pur et blanc de certitude,
Tes douces mains d’enfant en paix sur tes genoux,
Tes seins se soulevant au rythme de ton pouls
Qui bat comme ton cœur immense et ingénu,
Oh ! comme tout, hormis cela et ta prière,
Oh ! comme tout est pauvre et vain, hors la lumière
Qui me regarde et qui m’accueille en tes yeux nus.
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire,
Mes plus douces pensées,
Celles que je te dis, celles aussi
Qui demeurent imprécisées
Et trop profondes pour les dire.
Je dédie à tes pleurs, à ton sourire
À toute ton âme, mon âme,
Avec ses pleurs et ses sourires
Et son baiser.
Vois-tu, l’aurore naît sur la terre effacée,
Des liens d’ombre semblent glisser
Et s’en aller, avec mélancolie ;
L’eau des étangs s’écoule et tamise son bruit,
L’herbe s’éclaire et les corolles se déplient,
Et les bois d’or se désenlacent de la nuit.
Oh ! dis, pouvoir un jour,
Entrer ainsi dans la pleine lumière ;
Oh ! dis, pouvoir un jour
Avec toutes les fleurs de nos âmes trémières,
Sans plus aucun voile sur nous,
Sans plus aucun mystère en nous,
Oh dis, pouvoir, un jour,
Entrer à deux dans le lucide amour !
Je noie en tes deux yeux mon âme toute entière
Et l’élan fou de cette âme éperdue,
Pour que, plongée en leur douceur et leur prière,
Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.
S’unir pour épurer son être,
Comme deux vitraux d’or en une même abside
Croisent leurs feux différemment lucides
Et se pénètrent !
Je suis parfois si lourd, si las,
D’être celui qui ne sait pas
Être parfait, comme il se veut !
Mon cœur se bat contre ses vœux,
Mon cœur dont les plantes mauvaises,
Entre des rocs d’entêtement,
Dressent, sournoisement,
Leurs fleurs d’encre ou de braise ;
Mon cœur si faux, si vrai, selon les jours,
Mon cœur contradictoire,
Mon cœur exagéré toujours
De joie immense ou de crainte attentatoire.
Pour nous aimer des yeux,
Lavons nos deux regards, de ceux
Que nous avons croisés, par milliers, dans la vie
Mauvaise et asservie.
L’aube est en fleur et en rosée
Et en lumière tamisée
Très douce :
On croirait voir de molles plumes
D’argent et de soleil, à travers brumes,
Frôler et caresser, dans le jardin, les mousses.
Nos bleus et merveilleux étangs
Tremblent et s’animent d’or miroitant,
Des vols émeraudés, sous les arbres, circulent ;
Et la clarté, hors des chemins, des clos, des haies,
Balaie
La cendre humide, où traîne encor le crépuscule.
Au clos de notre amour, l’été se continue :
Un paon d’or, là-bas traverse une avenue ;
Des pétales pavoisent,
— Perles, émeraudes, turquoises –
L’uniforme sommeil des gazons verts ;
Nos étangs bleus luisent, couverts
Du baiser blanc des nénuphars de neige ;
Aux quinconces, nos groseillers font des cortèges ;
Un insecte de prisme irrite un cœur de fleur ;
De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;
Et, comme des bulles légères, mille abeilles
Sur des grappes d’argent, vibrent, au long des treilles.
L’air est si beau qu’il paraît chatoyant ;
Sous les midis profonds et radiants,
On dirait qu’il remue en roses de lumière ;
Tandis qu’au loin, les routes coutumières,
Telles de lents gestes qui s’allongent vermeils,
À l’horizon nacré, montent vers le soleil.
Certes, la robe en diamants du bel été
Ne vêt aucun jardin d’aussi pure clarté ;
Et c’est la joie unique éclose en nos deux âmes
Qui reconnaît sa vie en ces bouquets de flammes.
Que tes yeux clairs, tes yeux d’été,
Me soient, sur terre,
Les images de la bonté.
Laissons nos âmes embrasées
Exalter d’or chaque flamme de nos pensées.
Que mes deux mains contre ton cœur
Te soient, sur terre,
Les emblèmes de la douceur.
Vivons pareils à deux prières éperdues
L’une vers l’autre, à toute heure, tendues.
Que nos baisers sur nos bouches ravies
Nous soient sur terre,
Les symboles de notre vie.
Dis-moi, ma simple et ma tranquille amie,
Dis, combien l’absence, même d’un jour,
Attriste et attise l’amour
Et le réveille, en ses brûlures endormies.
Je m’en vais au devant de ceux
Qui reviennent des lointains merveilleux,
Où, dès l’aube, tu es allée ;
Je m’assieds sous un arbre, au détour de l’allée,
Et, sur la route, épiant leur venue,
Je regarde et regarde, avec ferveur, leurs yeux
Encore clairs de t’avoir vue.
Et je voudrais baiser leurs doigts qui t’ont touchée,
Et leur crier des mots qu’ils ne comprendraient pas,
Et j’écoute longtemps se cadencer leurs pas
Vers l’ombre, où les vieux soirs tiennent la nuit penchée.
En ces heures où nous sommes perdus
Si loin de tout ce qui n’est pas nous-mêmes.
Quel sang lustral ou quel baptême
Baigne nos cœurs vers tout l’amour tendus ?
Joignant les mains, sans que l’on prie,
Tendant les bras, sans que l’on crie,
Mais adorant on ne sait quoi
De plus lointain et de plus pur que soi,
L’esprit fervent et ingénu,
Dites, comme on se fond, comme on se vit dans l’inconnu.
Comme on s’abîme en la présence
De ces heures de suprême existence,
Comme l’âme voudrait des cieux
Pour y chercher de nouveaux dieux,
Oh ! l’angoissante et merveilleuse joie
Et l’espérance audacieuse
D’être, un jour, à travers la mort même, la proie
De ces affres silencieuses.
Oh ! ce bonheur
Si rare et si frêle parfois
Qu’il nous fait peur !
Nous avons beau taire nos voix,
Et nous faire comme une tente,
Avec toute ta chevelure,
Pour nous créer un abri sûr,
Souvent l’angoisse en nos âmes fermente.
Mais notre amour étant comme un ange à genoux,
Prie et supplie,
Que l’avenir donne à d’autres que nous
Même tendresse et même vie,
Pour que leur sort de notre sort ne soit jaloux.
Et puis, aux jours mauvais, quand les grands soirs
Illimitent, jusques au ciel, le désespoir,
Nous demandons pardon à la nuit qui s’enflamme
De la douceur de notre âme.
Vivons, dans notre amour et notre ardeur,
Vivons si hardiment nos plus belles pensées
Qu’elles s’entrelacent, harmonisées
À l’extase suprême et l’entière ferveur.
Parce qu’en nos âmes pareilles,
Quelque chose de plus sacré que nous
Et de plus pur et de plus grand s’éveille,
Joignons les mains pour l’adorer à travers nous.
Il n’importe que nous n’ayons que cris ou larmes
Pour humblement le définir,
Et que si rare et si puissant en soit le charme,
Qu’à le goûter, nos cœurs soient prêts à défaillir.
Restons quand même et pour toujours, les fous
De cet amour presqu’implacable,
Et les fervents, à deux genoux,
Du Dieu soudain qui règne en nous,
Si violent et si ardemment doux
Qu’il nous fait mal et nous accable.
Sitôt que nos bouches se touchent,
Nous nous sentons tant plus clairs de nous-mêmes
Que l’on dirait des Dieux qui s’aiment
Et qui s’unissent en nous-mêmes ;
Nous nous sentons le cœur si divinement frais
Et si renouvelé par leur lumière
Première
Que l’univers, sous leur clarté, nous apparaît.
La joie est à nos yeux l’unique fleur du monde
Qui se prodigue et se féconde,
Innombrable, sur nos routes d’en bas ;
Comme là haut, par tas,
En des pays de soie où voyagent des voiles
Brille la fleur myriadaire des étoiles.
L’ordre nous éblouit, comme les feux, la cendre,
Tout nous éclaire et nous paraît : flambeau ;
Nos plus simples mots ont un sens si beau
Que nous les répétons pour les sans cesse entendre.
Nous sommes les victorieux sublimes
Qui conquérons l’éternité,
Sans nul orgueil et sans songer au temps minime :
Et notre amour nous semble avoir toujours été.
Pour que rien de nous deux n’échappe à notre étreinte,
Si profonde qu’elle en est sainte
Et qu’à travers le corps même, l’amour soit clair,
Nous descendons ensemble au jardin de ta chair.
Tes seins sont là, ainsi que des offrandes,
Et tes deux mains me sont tendues ;
Et rien ne vaut la naïve provende
Des paroles dites et entendues.
L’ombre des rameaux blancs voyage
Parmi ta gorge et ton visage
Et tes cheveux dénouent leur floraison,
En guirlandes, sur les gazons.
La nuit est toute d’argent bleu,
La nuit est un beau lit silencieux,
La nuit douce, dont les brises vont, une à une,
Effeuiller les grands lys dardés au clair de lune.
Bien que déjà, ce soir,
L’automne
Laisse aux sentes et aux orées,
Comme des mains dorées,
Lentes, les feuilles choir ;
Bien que déjà l’automne,
Ce soir, avec ses bras de vent,
Moissonne
Sur les rosiers fervents,
Les pétales et leur pâleur,
Ne laissons rien de nos deux âmes
Tomber soudain avec ces fleurs.
Mais tous les deux autour des flammes
De l’âtre en or du souvenir,
Mais tous les deux blottissons-nous,
Les mains au feu et les genoux.
Contre les deuils à craindre ou à venir,
Contre le temps qui fixe à toute ardeur sa fin,
Contre notre terreur, contre nous-mêmes, enfin,
Blottissons-nous, près du foyer,
Que la mémoire en nous fait flamboyer.
Et si l’automne obère
À grands pans d’ombre et d’orages plânants,
Les bois, les pelouses et les étangs,
Que sa douleur du moins n’altère
L’intérieur jardin tranquillisé,
Où s’unissent, dans la lumière,
Les pas égaux de nos pensées.
Le don du corps, lorsque l’âme est donnée
N’est rien que l’aboutissement
De deux tendresses entraînées
L’une vers l’autre, éperdûment.
Tu n’es heureuse de ta chair
Si simple, en sa beauté natale,
Que pour, avec ferveur, m’en faire
L’offre complète et l’aumône totale.
Et je me donne à toi, ne sachant rien
Sinon que je m’exalte à te connaître,
Toujours meilleure et plus pure peut-être
Depuis que ton doux corps offrit sa fête au mien.
L’amour, oh ! qu’il nous soit la clairvoyance
Unique, et l’unique raison du cœur,
À nous, dont le plus fol bonheur
Est d’être fous de confiance.
Fût-il en nous une seule tendresse,
Une pensée, une joie, une promesse,
Qui n’allât, d’elle-même, au devant de nos pas ?
Fût-il une prière en secret entendue,
Dont nous n’ayons serré les mains tendues
Avec douceur, sur notre sein ?
Fût-il un seul appel, un seul dessein,
Un vœu tranquille ou violent
Dont nous n’ayons épanoui l’élan ?
Et, nous aimant ainsi,
Nos cœurs s’en sont allés, tels des apôtres,
Vers les doux cœurs timides et transis
Des autres :
Ils les ont conviés, par la pensée,
À se sentir aux nôtres fiancés,
À proclamer l’amour avec des ardeurs franches,
Comme un peuple de fleurs aime la même branche
Qui le suspend et le baigne dans le soleil ;
Et notre âme, comme agrandie, en cet éveil,
S’est mise à célébrer tout ce qui aime,
Magnifiant l’amour pour l’amour même,
Et à chérir, divinement, d’un désir fou,
Le monde entier qui se résume en nous.
Le beau jardin fleuri de flammes
Qui nous semblait le double ou le miroir,
Du jardin clair que nous portions dans l’âme,
Se cristallise en gel et or, ce soir.
Un grand silence blanc est descendu s’asseoir
Là-bas, aux horizons de marbre,
Vers où s’en vont, par défilés, les arbres
Avec leur ombre immense et bleue
Et régulière, à côté d’eux.
Aucun souffle de vent, aucune haleine.
Les grands voiles du froid,
Se déplient seuls, de plaine en plaine,
Sur des marais d’argent ou des routes en croix.
Les étoiles paraissent vivre.
Comme l’acier, brille le givre,
À travers l’air translucide et glacé.
De clairs métaux pulvérisés
À l’infini, semblent neiger
De la pâleur d’une lune de cuivre.
Tout est scintillement dans l’immobilité.
Et c’est l’heure divine, où l’esprit est hanté
Par ces mille regards que projette sur terre,
Vers les hasards de l’humaine misère,
La bonne et pure et inchangeable éternité
S’il arrive jamais
Que nous soyons, sans le savoir,
Souffrance ou peine ou désespoir,
L’un pour l’autre ; s’il se faisait
Que la fatigue ou le banal plaisir
Détendissent en nous l’arc d’or du haut désir ;
Si le cristal de la pure pensée
De notre amour doit se briser,
Si malgré tout, je me sentais
Vaincu pour n’avoir pas été
Assez en proie à la divine immensité
De la bonté ;
Alors, oh ! serrons-nous comme deux fous sublimes
Qui sous les cieux cassés, se cramponnent aux cimes
Quand même. — Et d’un unique essor
L’âme en soleil, s’exaltent dans la mort.
L’âme, comme le ciel, a ses jours de ténèbres.
5 novembre
N.
H.
De marcher dans un âge ignoré…
Si la beauté n’était la mort…
Assez ! tiens devant moi ce miroir.
Mais cette tresse tombe…
Que… Mais n’allais-tu pas me toucher ?
N
H
Madame, allez-vous donc mourir?
J’y partirais !
Et… Maintenant ?
Et… Maintenant ? Adieu.
N.
H.
De marcher dans un âge ignoré..
Si la beauté n’était la mort..
Mais cette tresse tombe..
Que..
Que.. Mais n’allais-tu pas me toucher ?
augustes
Qui toujours ont besoin de guerre;
Quant à moi, je les fuis sans cesse,
C’est la panure des vertus.
Dans un grand terrier de lapins
Vint porter sa misanthropie.
Il leur conta ses longs chagrins,
De vouloir lui donner asile.
Volontiers, lui dit le doyen :
Sont d’aller, dès l’aube du jour,
Avec nos femmes, nos petits;
Dans la gaîté, dans la concorde,
Souvent ils sont prompts à finir;
Raison de plus pour en jouir.
Telle est notre philosophie.
Et soyez de la colonie;
À ce discours plein de sagesse,
De passer ses jours avec eux.
Alors chaque lapin s’empresse
D’imiter l’honnête doyen
Et de lui faire politesse.
Jusqu’au soir tout alla bien :
Le hérisson de ses piquants
Lui dit le père de l’enfant.
Le hérisson, se retournant,
Et je ne puis pas me refondre.
Tu peux aller te faire tondre.
à sa proie attachée
Cité dolente
Astrolabius
Paraclet
Historia Calamitatum
héroïdes
à qui il a été beaucoup pardonné
Chronique de Saint-Martin de Tours
Cantique des cantiques, « l'amour fut plus fort que la mort. »
Le Feu c’est la Vie.
Au fond d’un grand silence ;
Saint-Huberti, Trial
bonjour César-Auguste
as-tu déjeûné ?
Viotti
Rau
Duport
Inner
Guichard
tire lire
en tirelirant tire
bre ke ke, koax koax, koax
Le travail est divin.
tut devant l’homme et pleura devant Dieu.
TROIS-JOURS
XXII
Les soirs de fête, en des banquets,
Il s’évoquait
À la lueur de candélabres ;
Il sévissait, pareil à l’aquilon,
Il paradait de large en long,
De ses cent uniformes,
Qu’assiègent les grands rêves
À deux mains, devant lui.
Et intimider Dieu.
À toute heure, en tout lieu,
De la Flandre jusqu’en Crimée
Retentissait le pas scandé de ses armées.
Dites, depuis quels temps
Préparait-il ses peuples allemands
À sa guerre pédagogique ?
On le disait strict et moderne.
La gloire
Comme mesure à son empire ;
Abattent plus sûrement encor
Qui seul conçoit et définit le droit
Sous les portes aux cent fleurons
Des capitales atterrées ;
Annonceront
Battre son front étroit et vain
Son aigle noir comme la nuit
N’étendre plus sur lui
Qu’une aile pauvre et déplumée.
Guillaume de Juliers
GUIGNON
Québec, décembre 1854.
Québec, 1er janvier 1860.
Du
Monceau, 29 mai 1845.
À mon ami Paul Haag.
Sur son torse bombé et ses épaules fortes
Ô que je meure ! »
Puisqe vos ènemis couronent d’immortèles
Le cercueil triomfal où reposent leurs morts,
Pendant qe, sans oneurs, entassés pèle-mèle,
Dans la fosse comune on va jeter vos corps ;
Recevez le tribut de nos larmes muètes,
Frères, nous suivrons seuls vos restes vénérés,
Et nous visiterons, pendant les nuits discrètes,
Le coin du cimetière où vous reposerez.
Mais non, dèrière vous nous marcherons sans larmes,
Car vous ètes tombés pendant les saints combats,
L’espérance dans l’àme et la main sur vos armes ;
Nous qi vous survivons, nous ne vous pleurons pas.
O frères, lorsqu’il faut que la Liberté meure,
Heureux ceux qui vont la retrouver dans la mort !
La part qui vous est faite, hélas ! est la meilleure,
Et c’est à vous, sans doute, a pleurer notre sort.
Martyrs, dormez en paix : votre cause était sainte !
Et vos noms blasphémés, qu’on veut enfin ternir,
Après les jours de haine affronteront sans crainte
Le calme jugement d’un plus juste avenir.
Vous avez supporté, depuis votre victoire,
Bien des nuits d’agonie et bien des mornes jours,
Confiants, résignés, et ne voulant pas croire
Que vos élus aussi vous trahiraient toujours.
Chacun de vous trouvait, en rentrant dans son bouge,
Pour hôtes obstinés la misère et la faim
Jusqu’au jour où l’on vit flotter le drapeau rouge
Où vous aviez écrit : « Du travail et du pain ! »
Mais vos maîtres, devant les saintes barricades,
Au testament sinistre inscrit sur vos drapeaux,
Répondaient, à travers les longues fusillades :
« L’ordre de Varsovie et la paix des tombeaux. »
Et vous tombiez, les uns sur le pavé des rues,
Sous le fer et le plomb, moins cruels que la faim,
Les autres, désarmés, le long des avenues,
Sur le sable sanglant de l’abattoir humain.
Ah ! du moins, vous n’avez pas vu sous la mitraille
Vos femmes et vos sœurs s’élancer pour mourir ;
Aux yeux fermés pendant la dernière bataille.
La bienfaisante mort dérobe l’avenir.
O plus heureux que nous ! vous ne pouvez entendre
La calomnie hurlant autour de vos tombeaux,
Sans qu’il se lève un seul ami pour vous défendre
Et rejeter l’injure au front de vos bourreaux.
Vous quittez avant nous une terre maudite
Où Dieu même est toujours du parti du plus fort,
Où le pauvre est esclave, où sa race est proscrite,
Où la faim n’eût jamais qu’un remède, la mort.
Lorsque vous nous tendiez, au plus fondes batailles,
Votre arme vengeresse échappée à vos bras,
Nous vous avions promis de justes représailles,
Et nos bras enchaînés ne vous vengeront pas.
Vous ignoriez le sort qu’ils gardaient à vos frères,
L’ivresse des vainqueurs, leurs rires insultants,
Et la sanglante orgie, et les froides colères ;
Frères, dormez en paix : vous êtes morts à temps.
Août 1872.
LA GLÈBE
LES GLANEUSES
LE SANG DES VIGNES
TAUREAUX AU LABOUR
L’ÉPOPÉE DU RETOUR
Salut, vallons aimés, dans la brume tremblants !
Sous
De joyeux haricots,
Aiguise ses chicots.
De convive anxieux.
Ce fardeau précieux.
Sera-t-il cuit à point ?
Dans son doré pourpoint.
Le plus indifférent
Devient même encombrant.
Chez les plus beaux esprits ;
Et l’autre, la « souris ».
Hésite entre les deux…
Serait-il hasardeux.
Qui n’est pas sans danger…
Parlons donc de manger.
*
* *
Sur quoi rien ne prévaut.
Et je le dis bien haut.
Dédaigneux des chiendents ;
Qui fondez sous nos dents.
Ignorant les bouchers,
Sur des « fayots » couchés.
Sans mesure, sans fin,
Il se mange sans faim.
Traduction de Dureau de Lamalle.
Mais quel Astre, étalant son écharpe d’albâtre,
Satellite paisible, elle nous fut donnée
Centre de l’univers et monarque du jour,
Soleil ! astre sacré, contemple ton empire !
Père de la lumière, et des vents et du feu,
LE GÉNÉRAL LEMAN.
Le sort de Liège se décidait :
Toujours et puis toujours,
À Monsieur E. HOMERVILLE
Souvenir bien reconnaissant et bien affectueux
A l’autre jour pris femme.
Tiens !
Pichenet.
— « Enchanté ! »
— « Pardon !… »
— « Mais… »
C’est dit ! »
Au fait, je vais vous raconter
Horresco referrens....
Enfin, nous montons en sapin.
Eut des oh !
p’tit Pancrace.
honneur !
À l’Hôtel-de-Ville on descend.
Quérir l’Homme-à-l’Echarpe.
(Exclamation d’étonnement)
casquais
hic
Sur moi chevaucher
Brrr....
Navrés d’un tel… garçon d’honneur.
oui
Or, sachez que vu les méandres
On s’assied.
Pssst ! Paf ! Rôtis, place au Champagne !
Feu de souhaits !
Unis
(Grand cri de surprise)
(Il se pâme de rire)
(Pouffant de plus belle)
Tableau !
fit
(Il s’esclaffe de plein cœur)
successeur.
Libre !!.. À ce prix, je lui pardonne
(Il sort, en esquissant un pas)
Les frissons courent :
Qui vous labourent.
Au bout des voiles ;
Sont des étoiles !
Et les ramures ;
Et des murmures.
L’âme et la robe !
Qu’il se dérobe !
Récompensée ;
De la pensée.
Qui revêt l’arbre
Blanc comme un marbre.
Te bouleverse,
Qui me traverse ! »
Qui vous envoûte !
Frissonne toute.
À la voix trouble,
Et qui redouble.
Blafarde et maigre,
Sous la bise aigre.
Sans amertume ;
Qui nous consume !
Pour mon père.
FRANCE ET ALLEMAGNE
Ô morne crépuscule !
Les Suèves et les Hérules
Menacent à nouveau
Repris,
Pour s’en vêtir et s’en armer, Paris.
Qu’on ne distinguait guère
Où le marbre joignait la pierre,
Sans divulguer jamais
Pour en charmer l’âme de l’homme.
Car notre âme vivait
Parmi ce monument ardent et vaste
Et se darder vers l’avenir,
Depuis quels temps
Midi,
Boira
Douze pintes de bière.
Boira la bière en douze coups,
Boira la bière nourricière
À la santé du ciel et de la terre.
Le premier broc est dédié
Au pur et saint mois de Janvier,
Quand la neige est laineuse et blanche
Comme les fleurs de l’orobanche.
De célébrer la Chandeleur,
Et la frêle bourse-à-pasteur
Qui croît déjà de rive en rive,
Alors qu’au bord des routes,
Avant le soir, s’écoute
Un chant de grive.
Le mois de Mars aura pour lui
La troisième pinte qui luit
Comme une vitre après l’averse.
Les ongles durs des blancs grêlons
Pourront griffer tous les sillons,
Jamais ils ne s’enfonceront
Dans le bois de la herse.
Avril, c’est à ton tour
D’être fêté par le quatrième verre.
L’orge naissant verdit la terre,
L’alouette au point du jour
Bondit et rebondit en vols et en voyages
Sur les enclos et sur les champs :
Le cinquième broc est entamé
À la gloire du mois de Mai
Qui auréole de fleurs et de cierges
La Vierge.
Le charpentier, tout bonne humeur,
Semble lever au ciel son cœur
Dans un verre de liqueur blonde,
Et puis le vide, et puis sourit
Leur ronde.
Tu seras exalté,
Beau mois de Juin qui fais l’été
Et les feuilles frêles et frissonnantes ;
Beau mois de Juin, tu seras exalté,
Toi qui, traînant à tes côtés
Des guirlandes de roses,
Contre nos murs, jusqu’à nos toits ;
Beau mois de Juin, beau mois de roses,
Le sixième verre sera pour toi.
Lève bien haut ton septième verre
Et vide-le d’un geste altier,
Bon charpentier.
Voici Juillet, mois de lumière.
Les couchants d’or sont merveilleux ;
Des chars de foin, frôlés de feux
Comme une torride haleine,
Le vent passe sur ceux qui vont
Chercher l’amour dans le taillis profond ;
Les bras noués, les corps brûlants,
Avec leur faux et son tranchant
En croissant pâle, sur leur tête.
Honorons tous le beau mois d’Août
Quand les seigles houleux et fous
— Épis pesants, tiges fluettes —
Versent leurs ombres violettes
Sur la clarté des sentiers roux.
Honorons-le parce qu’il porte
Lui seul, parmi tant d’autres mois,
Comme un immense et lumineux pavois
Les moissons fortes.
Honorons-le sans oublier
Qu’en son honneur, le charpentier
Vient de saisir, sur une plinthe,
Pour la sabler, sa huitième pinte.
Bière
Du neuvième verre,
Vous êtes blonde comme les grappes
Sur les pignons voisins.
Bière blonde, sœur du bon vin,
Le charpentier qui vous savoure
D’autres buveurs transfigurés
Buvant du vin avec bravoure ;
Et c’est à eux qu’il songe en souriant
Lorsqu’il tend, avant de boire,
Son large broc couleur de gloire
Vers l’Orient.
Octobre, en Flandre, au bord des eaux,
Agite encor dans les hameaux
Le charpentier
Qui but un jour trente setiers
Aime les gars, aime les filles
Il a l’orgueil d’être parmi eux
Comme un exemple glorieux,
Et d’un élan, à l’instant même,
Il vide sa pinte, la dixième.
Novembre aux nuages livides,
Malgré l’assaut de tes grands vents,
Jamais tu ne feras plier
Sur ses jambes solides,
Le charpentier.
Il se redresse, et son broc tout entier,
De quel exploit leur frère
Couvre, là-bas,
Il boit son dernier verre
À la Noël.
–––––
–––––Fait flotter l’ombre sur la page.
–––
. . . . . . . . . . . . . .
–––––La Dame de la Pyramide !
–––––––
–––Bois cette coupe, et toujours tu vivras ! »
. . . . . . . . . . . . .
Depuis
LE PRINCE, à la Nymphe.
LA NYMPHE.
Vierge, ton nom ?
LE PRINCE, à un Sylphe.
LE SYLPHE.
Toi ?
LE PRINCE.
LE PRINCE, à un Gnome.
LE GNOME.
LES BÊTES MERVEILLEUSES, s’approchent du Prince.
HÉLÈNE.
Que mûrissait ta chair royale…
LA REINE DES FÉES.
1887.
l’Eté de la St. Martin !
Coureurs des bois
LA FORÊT
Jusqu’aux nuages.
était une
Comme
À Joseph Rouleau.
À Monsieur Ernest Legouvé.
La mort a bu du sang
Au cabaret des Trois Cercueils.
La Mort a mis sur le comptoir
Un écu noir ;
Et puis s’en est allée.
« C’est pour les cierges et pour les deuils »
Et puis s’en est allée.
La Mort s’en est allée
Tout lentement
Chercher le sacrement.
On a vu cheminer le prêtre
Et les enfants de chœur
— Trop tard —
Vers la maison
Dont étaient closes les fenêtres.
La Mort a bu du sang.
Elle en est soûle.
« Notre Mère la Mort, pitié ! pitié !
Ne bois ton verre qu’à moitié,
Notre Mère la Mort, c’est nous les mères ;
C’est nous les vieilles à manteaux,
Avec leurs cœurs en ex-votos,
Qui marmonnons du désespoir
En chapelets interminables ;
Notre Mère de la Mort et du soir,
C’est nous les béquillantes et minables
Vieilles, tannées
Par la douleur et les années :
Les défroques pour tes tombeaux
Et les cibles pour tes couteaux. »
— La Mort, dites, les bonnes gens,
La Mort est soûle :
Sa tête oscille et roule
Comme une boule.
La Mort a bu du sang
Comme un vin frais et bienfaisant ;
Il coule doux aux joints de la cuirasse
De sa carcasse.
Elle en voudra pour ses argents
Au cabaret des pauvres gens.
« Notre-Dame la Mort, c’est nous les vieux des guerres
Tumultuaires,
Tronçons mornes et terribles entailles
De la forêt des victoires et des batailles ;
Notre-Dame des drapeaux noirs
Et des débâcles dans les soirs ;
Notre-Dame des glaives et des balles
Et des crosses contre les dalles,
Toi, notre vierge et notre orgueil,
Toujours si fière et droite, au seuil
De l’horizon tonnant de nos grands rêves ;
Notre-Dame la Mort, toi, qui te lèves
Au battement de nos tambours
Obéissante et qui, toujours,
Nous fus belle d’audace et de courage,
Notre-Dame la Mort, cesse ta rage,
Et daigne enfin nous voir et nous entendre,
Puisqu’ils n’ont point appris, nos fils, à se défendre.
— La Mort, dites, les vieux verbeux,
La Mort est soûle,
Comme un flacon qui roule
Sur la pente des chemins creux.
La Mort n’a pas besoin
De votre mort au bout du monde,
C’est au pays qu’elle fonce la bonde
Du tonneau rouge.
La Mort est bien assise au feu
Du cabaret des Trois Cercueils de Dieu,
Elle exècre s’en aller loin,
Sous les hasards des étendards.
« Dame la Mort, c’est moi, la Sainte Vierge
Qui viens, en robe d’or, chez vous,
Vous supplier à deux genoux
D’avoir pitié des gens de mon village ;
Dame la Mort, c’est moi la Sainte Vierge
De l’ex-voto, là-bas, près de la berge,
C’est moi qui fus de mes pleurs inondée,
Au Golgotha, dans la Judée,
Sous Hérode, voici mille ans ;
Qui fis promesse aux gens d’ici
D’aller toujours crier merci
Dans leurs détresses et leurs peines ;
Dame la Mort, c’est moi la Sainte Vierge. »
— La Mort, dites, la bonne Dame,
Se sent au cœur comme une flamme
Qui, de là, monte à son cerveau.
La Mort a soif de sang nouveau,
— La Mort est soûle —
Ce seul désir comme une houle,
Remplit sa brumeuse pensée.
La Mort n'est point celle qu’on éconduit
Avec un peu de prière et de bruit,
La Mort s’est lentement lassée
Des bras tendus en désespoirs ;
Bonne Vierge des reposoirs,
La Mort est soûle
Et sa fureur, hors des ornières,
Par les chemins des cimetières
Bondit et roule
« La Mort, c’est moi, Jésus, le Roi,
Qui te fis grande ainsi que moi,
Pour que s’accomplisse la loi
Des choses en ce monde.
La Mort, je suis la manne d’or
Qui s’éparpille du Thabor
Divinement, par à travers les loins du monde ;
Je suis celui qui fut pasteur,
Chez les humbles, pour le Seigneur :
Mes mains de gloire et de splendeur
Ont rayonné sur la douleur ;
La Mort, je suis la paix du monde. »
— La Mort, dites, le Seigneur Dieu,
Est assise près d’un bon feu,
Dans une auberge où le vin coule ;
Et n'entend rien, tant elle est soûle.
Elle a sa faux et Dieu a son tonnerre.
En attendant, elle aime à boire, et le fait voir
À quiconque voudrait s’asseoir,
Côte à côte, devant un verre.
Jésus, les temps sont vieux,
Et chacun mange ou boit comme il le peut…
Et la Mort s’est mise à boire, les pieds au feu ;
Elle a mnême laissé s’en aller Dieu
Sans se lever sur son passage :
Si bien que ceux qui la voyaient assise
Ont cru leur âme compromise.
Durant des jours et puis des jours encor, la Mort
A fait des dettes et des deuils,
Au cabaret des Trois Cercueils ;
Puis, un matin, elle a ferré son cheval d’os.
Mis son bissac au creux du dos,
Pour s’en aller à travers la campagne.
De chaque bourg et de chaque village,
On est venu vers elle avec du vin,
Pour qu’elle n’eût ni soif, ni faim,
Et ne fit halte au coin des routes ;
Les vieux portaient de la viande et du pain,
Les femmes des paniers et des corbeilles
Et les fruits clairs de leur verger,
Et les enfants portaient des miels d’abeilles.
La Mort a cheminé longtemps,
Par le pays des pauvres gens,
Sans trop vouloir, sans trop songer,
La tête soûle
Comme une boule.
Elle portait une loque de manteau roux,
Avec de grands boutons de veste militaire,
Un bicorne piqué d’un plumet réfractaire
Et des bottes jusqu’aux genoux ;
Sa carcasse de cheval blanc
Cassait un vieux petit trot lent
De bête ayant la goutte,
Contre les chocs de la grand’ route ;
Et les foules suivaient, par à travers les n’importe où,
Le grand squelette aimable et soûl
Qui trimballait, sur son cheval bonhomme,
L’épouvante de sa personne
Vers des lointains de peur et de panique,
Sans éprouver l’horreur de son odeur
Ni voir danser, sous un repli de sa tunique,
Le trousseau de vers blancs qui lui tétaient le cœur.
(LES CAMPAGNES HALLUCINÉES).
Voici
« Eripuit cælo fulmen. »
15 octobre 1881.
À Paul Lelièvre.
Bulletins et le Mémorial,
Dies irae
du bon père » au « bon époux
XI
Québec, 29 décembre 1859.
ISEULT
TRISTAN
U
F
Je suis myosotis.
V
Q
Québec, 24 juin 1856.
La fermière à l’âme tranquille.
Lésine, orgueil, ruse, fureur,
Ni du beau calme de son geste.
D’un seul mot clair et familier
Rien n’est plus fort que son silence.
Elle peine de l’aube au soir,
Autour de sa table frugale.
Ses cheveux, aux bandeaux vermeils,
Sa grande marche balancée.
Ses pas sont lourds, mais confiants
Et le sol âpre et volontaire.
Elle a le vieux respect du grain
Sa main y trace une croix large.
Ceux qui parlent des gens d’ici,
Changent de ton en parlant d’elle.
On l’aime et pourtant on la craint ;
Frapper au seuil des autres portes.
Si bien qu’un vagabond dément
Quand elle ira dormir en bière.
Mille efforts solidaires,
Ils habitaient de père en fils le même coin,
En Flandre, sur la terre.
— Depuis combien d’années ? —
Regardaient tous passer les mêmes pluie et vent
Sur leur plaine ordonnée.
Quand, au soir des dimanches,
Ils revenaient en écartant du bout des bras
Toujours les mêmes branches.
Avec sa main calleuse ?
Quel dos avait laissé aux lattes du vieux banc
Son empreinte anguleuse ?
Ensemencer la terre
Pour l’assoler dûment, le fils se demandait
Ce qu’eût voulu le père.
Eux seuls, tout le silence ;
Et la ferme vivait, non de leur souvenir,
Mais de leur existence.
Or, il se fit, un jour,
Et les villes en Flandre,
D’un sac profond,
Furent dispersés tous à la fois
Et la muraille
Où l’aïeul, trait pour trait,
Haletantes et hagardes,
Se succédaient par les chemins ;
Dans la ferme des beaux marais,
Nul ne suivit ceux qui partaient :
Les poings serrés et le cœur brave,
Dans la ruine et ses amas,
On se terrait, près des soldats,
Au fond des caves.
Serpentaient à travers une dune ébréchée
Les premières tranchées.
À quelqu’un d’invisible
Que l’ennemi désabusé enfin
Prit la ruine et son grand mur pour cible
Ce qui se maintenait de la poterne blanche
Et de l’étable et du fournil et du grenier
Fut renversé, dès le matin, sous l’avalanche
Des mitrailles de fer et des bombes d’acier.
L’attaque à l’arme nue
Le vieux fermier des marais d’or
Victorieux
Toute cette nuit-là
Était le gage désormais,
Jusqu’aux jours fermes de la paix,
Des invincibles résistances.
Sous ses gros bas bleus bien tirés
Laissant voir ses mollets cambrés
À mi-chemin des jarretières,
S’en vient près du vieux cantonnier
La femme rousse du meunier :
Cheveux frisés sur des yeux mièvres,
Blanche de peau, rouge de lèvres,
Le corsage si bien rempli
Qu’il bombe aux deux endroits, sans pli,
Cotillon clair moulant énormes
Le callipyge de ses formes.
En train de casser de la pierre :
« Voyez ! si l’on n’a pas d’malheur,
Et si n’faut pas que l’diab’ s’en mêle !
J’suis pourtant un’ solid’ femelle,
En plein’ force et dans tout’ sa fleur,
Eh ben ! yaura six ans à Pâques
Que j’somm’ mariés, et q’tels qu’avant,
Nous pouvons pas avoir d’enfant !
Ça s’ra pour c’te fois, disait Jacques,
Mais toujou sans p’tit le temps passa…
Et qu’on en voudrait tant un ! Dame !
C’est pas d’not’ faut’ ! l’homme et la femme
On fait ben tout c’qui faut pour ça.
J’ai fait dir’ des mess’ de pèl’rins,
Brûler des cierg’ aux saints, aux saintes,
Dans des églis’ en souterrains,
Mais ouah ! j’suis pas d’venue enceinte.
Les prièr’ ? les r’mèd’ de tout’ sorte ?
Méd’cins ? Curés ? n’m’ont servi d’rin.
J’suis tell’ comme un mauvais terrain
Qu’on ens’menc’ ben sans qu’i’ rapporte.
Et vrai ! C’est pourtant pas qu’on triche !
Mais, des fois, vous q’êt’s’ un ancien.
Si vous connaissiez un moyen ?
Faut me l’donner ! mon pèr’ Pierriche. »
Alors, le vieux lâchant sa masse,
À genoux sur son tas, voûté,
Lui répond avec la grimace
Du satyre qu’il est resté,
La couvant de son œil vert brun
Qui lèche, tâte, enlace, vrille :
« Sais-tu c’que t’as à fair’, ma fille ?
Eh ben ! faut aller à l’emprunt. »
Et la meunière aux yeux follets,
Qui sait ce que parler veut dire,
S’écrie en éclatant de rire :
« Vous seriez l’prêteur, si j’voulais.
Hein ? fiez-vous donc à c’bon apôtre !
Mais j’veux pas d’vous, vieux scélérat ! »
Et lui : « T’as ma r’cett’ qui pourra
P’t’êt’ ben t’servir avec un autre. »
Des enfants endormis.
Ont les clefs de rubis.
Donnait un colibri.
Tissé deux fils soyeux.
J’ai pour couronne
Un fin muguet.
Avec les ailes
Mis comme un roi.
La perle fine ;
Pour t’en parer.
Cristallisées ;
Tout scintillants.
Comme un trophée ?
Mon fuseau d’or.
De la féerie ?
De l’arc-en-ciel.
Enfant, je suis Fleur de jasmin,
Dit-elle, entre mes soeurs, aucune
N’est si blanche que moi. Ma main
Tient la baguette et la fortune.
Aux nuages, en voyageant,
J’ai pris mon manteau voltigeant,
Et j’ai fait mon ruban d’argent
Avec un rayon de la lune.
Je veille à toute pureté ;
À la robe de la pervenche.
Au lac, à sa limpidité ;
Pour les protéger, je me penche
Sur l’enfant aux regards touchants,
Sur la marguerite des champs ;
J’empêche avec soin les méchants
D’effeuiller leur couronne blanche.
J’accours pour lever le filet,
Si la colombe est prise au piège ;
Et les cygnes, couleur du lait,
C’est encor moi qui les protège ;
Mais ce qui me charme le mieux,
C’est un nouveau-né gracieux,
Dont l’âme nous descend des cieux
Comme un petit flocon de neige.
Je vins, plus vive que les faons,
Pour te douer comme une reine,
Car c’est moi qui suis ta marraine ;
Dans ton berceau que je défends,
Toutes les grâces sont écloses.
Oh ! moi, j’aime les douces choses :
J’aime les corbeilles de roses,
Et j’aime les berceaux d’enfants !
Eut dit le conte de la nuit.
Ce sont vos mères, mes enfants !
Avec des hochets pour vos mains.
À Jules Levallois.
À Sully-Prudhomme.
Que sais-je ?
Les pas qui s’en allaient jadis
Fuient aujourd’hui
De route en route, à l’infini.
Une à une, les fermes brûlent
Sur les plaines, au crépuscule ;
Qui fument dans le soir,
L’hommage
De toutes parts
Les gens partent vers les hasards :
D’abord c’est derrière eux,
Les gens qui vont et fuient
Avec des mots qu’entend la terre
Depuis toujours.
Et tout à coup, voici les tours,
Et qui tendent jusqu’à la mer la tragédie
Haletante de l’incendie.
Tout est silence ou tout est bruit,
Et les foules s’en vont toujours
Le feu bondit et rebondit partout :
Ses flammes violettes
Longues et fatales comme des houles
Les foules
Passent toujours.
C’est
EXCELSIOR.
hier
Bevaix, 28 août 1882
Inspiré de Miçkiéwicz.
Imité de Miçkiéwicz.
Inspiré de Miçkiéwiécz.
Imité d’une vieille ballade anglaise.
Imité de Cowper.
Imité de l’allemand.
DUO
Imité de Burns.
Imité de Longfellow.
II. LICYMNIE.
La
Un
Qui posait tour à tour
Le sacré, le profane,
Un de ces jours derniers,
Nos futures Apelles. —
Ça n’est pas défendu —
Et fut sur la sellette ;
Et pays riverains
Par respect pour le sexe.
Quel est ce caraco ?
À ce roi des modèles.
Et vite, mon garçon.
Neutre : celui d’artiste.
Voilà bien notre but. »
Pour de ces grimacières
In naturalibus ?
Avec ses… treize côtes.
À peindre des torchons ?
Peut rendre des… histoires ?
Et ces mômes aussi.
Montre tes avantages. »
« Fort bien, dit-il, d’accord. »
Il leur « donna » la pose.
Sévirent du fusain,
À faire hurler Ingres.
Adam
Il prit l’air détaché…
Il eut comme une transe ;
Était-ce la chaleur ?…
Le brûlent, le consument ?…
De son trouble… au dehors.
À Paris comme à Rome.
N’allèrent pas plus loin,
« Bigre ! dit la massière,
Il faut te rhabiller,
Mais, à propos, j’y pense :
Tiens, prends toujours cet or. »
De quatre francs cinquante.
« Ça n’est pas bien beaucoup,
Pour la petite bonne. »
... Quos vita fessos ad mores eorum
fortunæ fluctus agitat. Ita per
sæculorum millia... Gens æterna est
in quo nemo nascitur. Tam fecunda
illis aliorum vitæ pænitentia est !
mammouth
Vieux-Père-des-Eaux
steamboat
l'alibi
ex-voto
rail-way
L’ESCAUT
Éclat suprême et long frisson de son orgueil.
L’Escaut
Femmes, sur ce tombeau cher aux peuples Hellènes,
Puisse l’Hadès aussi l’entendre ! et qu’elle meure !
Que nous veut l’Étranger ?
Que nous veut l’Étranger ?
Il vengera d’un coup son père avec sa sœur.
Orestès est vivant ? Femme, il vit. Je l’atteste.
Ô fils d’un héros mort, crains ta mère inhumaine !
À Élektra.
Elle viendra joyeuse !
Klytaimnestra paraît sous le portique. Orestès l’aperçoit.
Ce qui sera, sera. Tout est dit.
Réponds-moi. Tout mon cœur a frémi. C’est ta mère !
Est-ce l’homme ?
Est-ce l’homme ? C’est lui.
Est-ce l’homme ? C’est lui.
Veux-tu qu’il rende l’urne où sont les cendres ?
Les cris n’éveillent point les morts.
Tu n’es plus, frère !
Est-ce ton dernier coup ? Non, si tu n’obéis.
Cette femme n’a point reconnu son enfant !
Ô femmes, il est vrai, grandes sont vos misères.
Chers Dieux !
Dieux ! Gardez-nous son fils.
Il est seul contre tous !
Et ta mère, enfant ?
Et ta mère, enfant ? Dieux ! Eh bien ! que dis-tu d’elle ?
Rien, sinon que l’Hadès est un gardien fidèle !
Ton frère irréprochable a frappé l’homme !
Ton frère irréprochable a frappé l’homme !
Moi, je mourrai, s’il meurt. Zeus ! conduis-le toi-même.
Dieux ! la rumeur redouble.
Dieux ! La rumeur redouble.
Lugubrement.
Avec de longs sanglots pleure l’amant.
Ma mère ! L’épouvante a dilaté ses yeux.
Tuez le vagabond tout sanglant !
L’heure est venue : il faut que je te parle.
Lâche ! que t’ai-je fait ?
Je suis ton fils !
Affreusement.
Dirais-tu vrai, grands Dieux !
Dirais-tu vrai, grands Dieux !
On ne peut pas tuer sa mère !
On ne peut pas tuer sa mère !
Respecte, mon enfant, le sein qui t’a nourri !
Ne verse pas mon sang ! As-tu tout dit ?
Ne verse pas mon sang ! As-tu tout dit ?
Mon fils ! Je suis aveugle et sourd.
Mon fils ! Je suis aveugle et sourd. Ô monstre ! ô race
Tiens ! Tiens ! Meurs donc ! Assez de hideuses clameurs !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah ! Sois maudit !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah ! Sois maudit !
Que tous les siens… C’était ta mère !
Tu pleures cette femme ?
Malheur à toi, c’était ta mère !
L’action qu’il a faite est droite et légitime !
Arrière !
Ah ! ah ! Vous vous taisez, Monstres ! Horreur !
Ah ! ah ! Vous vous taisez, Monstres ! Horreur ! Horreur !
Tant de braves, ô Dieux d’Hellas ! et tant de nefs !
Pour une femme, ô Dieux, que de sang et de larmes !
Comme des spectres nous errons à la lumière.
Et le jeune héritier de ce palais ancien !
Hélas !Hélas !
Hélas ! Hélas !
Ou quelque rouge éclair du Kronide.
Que la mer. Il est vrai. Que nous annonce-t-elle ?
Cher Zeus, préserve-le des vieilles Érinnyes !
Ô Roi ! franchis le seuil antique de tes pères.
Cette pourpre qui mène au palais des aïeux !
Cette pourpre t’est due, et plaît aux Dieux.
Femme, entends-tu ?
Femme, entends-tu ? La Reine, ô femme, t’a nommée.
Le langage d’Hellas ne t’est-il point connu ?
Dieux ! Dieux ! La coupe est pleine, et mon jour est venu !
Malheureuse ! Pourquoi gémis-tu de la sorte ?
Où suis-je ? Sous le toit royal d’Agamemnôn.
Cher Apollôn ?
Que la sombre maison penche et croule en ruines !
Pourquoi la maudis-tu si désespérément ?
Quel meurtre lamentable annonce-t-elle ainsi ?
Cher Dieu, pour y mourir, tu m’as traînée ici !
Un Dieu, dis-tu ! Lequel ? L’Archer divin qui m’aime !
Il t’aime, et te poursuit de sa haine ! Comment ?
Malheureuse ! tais-toi ! Ta parole est terrible.
Céleste Archer !
Et que je dorme enfin !
Nous resterons muets. Fuis Argos !
Puisse Zeus démentir ses paroles amères !
Quel homme peut se dire heureux sous les nuées ?
À moi ! Grands Dieux ! quel cri funèbre !
À moi ! Grands Dieux ! Quel cri funèbre !
Je meurs.
Ô malédiction de la femme prophète !
J’admire ton audace, et reste épouvanté.
Elle est bonne ! Et je m’en glorifie.
Et ton chemin criera sur tes traces !
Tu l’as tuée aussi !
Tu l’as tuée aussi !
Femme ?
Orestès est vivant !
Grands Dieux ! Ton fils aussi, femme, tu le tuerais ?
Courons ! Crions la mort du Roi. Qu’Argos se lève !
Hâtons-nous !
Souviens-toi, femme !
Allez !
Jérémie, L, 2.
Christ est ressuscité
Si le pécheur, poussé de ce saint mouvement,
Mais lorsqu’en sa malice un pécheur obstiné,
Quoi donc ! cher Renaudot, un chrétien effroyable,
Voulez-vous donc savoir si la foi dans votre âme
Mais s’il faut qu’avant tout, dans une âme chrétienne,
A ces discours pressants que saurait-on répondre?
Mais quoi ! j’entends déjà plus d’un fier scolastique
Si j’allais consulter chez eux le moins sévère,
Je ne m’en puis défendre ; il faut que je t’écrive
À de tels mots, si Dieu pouvait les prononcer,
L’audace du docteur, par ce discours frappée,
J'ai beau vous arrêter, ma remontrance est vaine;
Mais aujourd'hui qu'enfin la vieillesse venue,
Que veut-il? dira-t-on; quelle fougue indiscrète
Que si quelqu'un, mes Vers, alors vous importune
Mais des heureux regards de mon astre étonnant
Mais je vous retiens trop. C'est assez vous parler.
Grand roi, cesse de vaincre, ou je cesse d'écrire.
Encor si ta valeur, à tout vaincre obstinée,
Que si quelquefois, las de forcer des murailles,
Oh ! que, si je vivois sous les règnes sinistres
Tu le sais bien pourtant, cette ardeur empressée
Toutefois je sais vaincre un remords qui te blesse.
Toi donc qui, t’élevant sur la scène tragique,
Moi-même, dont la gloire ici moins répandue
Imite mon exemple ; et lorsqu’une cabale,
Cependant laisse ici gronder quelques censeurs
Esprit né pour la cour, et maître en l'art de plaire,
Ainsi donc, philosophe à la raison soumis,
C'est au repos d'esprit que nous aspirons tous;
De nos propres malheurs auteurs infortunés,
Oh! que si cet hiver un rhume salutaire,
Ce que j'avance ici, crois-moi, cher Guilleragues,
Si quelque soin encore agite mon repos,
Sais-tu pourquoi mes vers sont lus dans les provinces,
Mais peut-être, enivré des vapeurs de ma muse,
Ce marquis était né doux, commode, agréable;
Jadis l’homme vivait au travail occupé,
Ne crois pas, toutefois, sur ce discours bizarre,
En vain, pour te louer, ma muse toujours prête,
Encor si tes exploits, moins grands et moins rapides,
Au pied du mont Adule, entre mille roseaux,
Le Rhin tremble et frémit à ces tristes nouvelles;
A ces mots, essuyant sa barbe limoneuse,
Ce discours d'un guerrier que la colère enflamme
Oh! que le ciel, soigneux de notre poésie,
L’homme doit régner seul, et soumettre la femme
Elle a son teinturier
moraliste
Femmes, vous êtes mères !
Soyez peintre ou poète
pendre
Le Conservateur littéraire, 15 janvier 1820.]
régner ; commander, c’est servir
lacs
Angantyr
En avant
Ô
Aimer
Tu rentres chez toi, très joyeux :
Tu parais mort à tous les yeux.
Bouche ricaneuse et front bas,
Vite une loque et de vieux bas ! »
On te roule dans le linceul.
Tu gis dans un coin, blême et seul.
D’un air las où l’ennui se peint ;
De bon chêne ou de bon sapin.
Il criera, ton enfant si cher,
Le sapin est déjà trop cher !
Qu’on aura peine à le clouer ;
Écrira : Maison à louer.
Par l’escalier tu descendras ;
Ligneusement tu t’étendras ;
Calcinant les toits et le sol,
Et charogner dans ton phénol. »
Peu payé, priera mollement ;
Diront : « Quel pauvre enterrement ! »
Rampera lourd, grinçant, hideux ;
Et casse ton cercueil en deux.
Réveillera de gros hiboux
Et viendront se percher aux bouts.
Un pauvre portera ta croix ;
« Je pourrais m’esquiver, je crois. »
Obscure comme l’avenir :
Attendant l’heure d’en finir.
Libera
On t’engouffre et tu glisses… Brrou !
Et tu t’aplatis dans le trou.
On t’asperge vite en tremblant ;
Sur ton paletot de bois blanc.
Enfonce ta croix comme un coin,
Vont boire au cabaret du coin.
Comme le flot contre l'écueil ;
Dans l’affreuse nuit du cercueil.
Tes maigres bras ensevelis
Sous le grand suaire aux longs plis.
Avec un frisson de fureur,
D’épouvantements et d’horreur.
Te harcèlera sans pitié :
Tu hurleras, mort à moitié.
Plus d’échos sous ton hideux toit
Laissera l’eau suinter sur toi !
Luttera moins contre la mort,
Tu sentiras le ver qui mord.
Tous ces spectres aux dents de fer
Qui te feront croire à l’enfer.
Discutera ton testament,
Épaissira l’embrouillement,
Pauvre cadavre anticipé,
Bouche ouverte et le poing crispé.
Dans la morne rigidité,
S’enfuira vers l’éternité. »
Qu’un grand fantôme au nez camard,
Au milieu d’un noir cauchemar.
Voici les faits, et juge :
Quorum ego parva pars erim
Feuillantines
Margot rêve, sa tête penche
Vers l’épaule d’un air profond ;
Ses grands yeux d’un bleu de pervenche
Errent du plancher au plafond.
Sur sa petite robe noire
Ses mains tombent négligemment,
Ses cheveux que le soleil moire
Sont dans un désordre charmant.
Sa lèvre qu’un soupir soulève,
Ou qu’un soupçon plisse parfois
Reste muette. Margot rêve :
Ce n’est pas la première fois.
Depuis peu de temps son grand-père
Est mort ; & sur ce front glacé,
Que nul sourire ne tempère,
Triste, elle l’avait embrassé.
Des hommes noirs au cimetière
L’avaient porté, puis laissé là
Tout seul, sous une grosse pierre.
Margot avait su tout cela.
Maintenant sa mère & sa bonne,
Quand elle en parlait, lui disaient :
« Il ne reviendra plus, mignonne,
« Il est au ciel ! » & se taisaient.
Au ciel ! le mot était étrange ;
Le ciel, c’est si haut & si loin !
Margot pensait bien qu’un bon ange
De son grand-père aurait pris soin.
Mais quel effet ce vieux visage
Pouvait-il produire ; & comment
Avait-il fait ce grand voyage,
Lui qui marchait si lentement ?
Margot rêve : ses regards plongent
Jusqu’au fond de l’éternité ;
Ses grands cils recourbés s’allongent
Sur sa joue au frais velouté ;
Ses mains s’ouvrent inoccupées :
« Ah ! bien sûr, dit-elle en cherchant,
« Que, tout comme aux vieilles poupées
« Qu’on rapporte chez le marchand,
« Aux grands-pères, aux pauvres veuves,
« À ceux qu’il prend dans leurs vieux jours,
« Le bon Dieu met des têtes neuves
« Afin qu’ils soient jeunes toujours ! »
Quarante voleurs
Oriôn
Genève, 1835.
À Julien Travers.
À ma sœur madame Sophie Lafaye.
XXV
EN PASSANT DANS LA PLACE LOUIS XV UN JOUR DE FÊTE PUBLIQUE
la olla podrida
Sur le Mode majeur
Sur le Mode mineur
Les Femmes savantes, acte V, scène I.
à Iris
memento mori
* * *
Que la vie du monde est le rêve de la mort éternelle.
Le
Gonzalve, liv. 8.
Flet noctem, ramoque sedens miserabile carmen
Integrat
Kallirhoé
Auteur de la Grâce, à jamais !
Trente-neuf ans, fortune ronde,
Célibataire et bon garçon,
Depuis qu’on m’avait mis au monde
J’habitais à Pont-à-Mousson.
Jamais — de mes destins propices
Poursuivant le cours régulier —
Je n’avais mangé d’écrevisses
En cabinet particulier.
Fidèle à ma ville natale,
Je n’attachais que peu de prix
Aux plaisirs de la capitale…
Je ne connaissais pas Paris.
De ce foyer de tous les vices
Je savais — détail familier ! —
Qu’on y mangeait des écrevisses
Avez-vous connu Véronique ?…
Ma tante ?… Non ?… — Ça ne fait rien !
Me trouvant son parent unique
Quand elle mourut, j’eus son bien.
Je dus, pour certains bénéfices,
Gagner Paris, comme héritier…
Et je songeais aux écrevisses
Cependant, réglant mes affaires,
Je refis vite mon paquet,
Car Paris ne me plaisait guères
Et Pont-à-Mousson me manquait.
J’allais partir plein de délices,
Quand j’eus le désir singulier
D’aller manger des écrevisses
C’était ma dernière soirée.
Quand vers six heures moins le quart
— Heure à mon dîner consacrée —
Je descendis au boulevard :
De Brébant, lieu des plus propices,
Je gravis le large escalier…
Et commandai des écrevisses
Nous avions un salon praline…
Je dis nous, car bien vous pensez
Que seul, j’eusse fait triste mine
Vis-à-vis de vies crustacés.
Une enfant blonde, aux cheveux lisses,
Daignait m’avoir pour cavalier…
Et partageait mes écrevisses
Que vous dirai-je ?… Elle était belle !
Nos cœurs battaient à l’unisson....
« Ah ! si tu m’aimes, me dit-elle,
« Ne va plus à Pont-à-Mousson ! »
Je dus céder à ses caprices :
Le lendemain, pour varier…
Nous remangions des écrevisses
Dès lors un tourbillon m’entraîne…
Par l’engrenage je suis pris…
Deux jours, trois jours, une semaine,
Six mois… et je reste à Paris.
Je glissais dans des précipices,
Cherchant en vain à m’enrayer…
Il me fallait des écrevisses
En cabinet particulier !
Le tête-à-tête obligatoire
Pas une fois ne fut banni :
Mais — brune ou blonde, blanche ou noire —
Il se changeait à l’infini.
Seul, présidant aux sacrifices,
Le menu restait régulier…
C’étaient toujours des écrevisses
Oh ! ces femmes étaient divines !
Des mains ! des dents !… un sans-façon !
Et des œillades assassines
A troubler tout Pont-à-Mousson !
J’aurais voulu que tu les visses,
Saint Antoine, sans sourciller…
Croquant leurs pattes d’écrevisses
Mais hélas !… Au bout d’une année
Je vis — sans être encore lassé ! —
Qu’en ma course désordonnée
Tout mon avoir était passé !
Plus rien !… Rentes et bénéfices,
Véronique… et mon mobilier…
Absorbés par les écrevisses
Mais je suis d’une rude étoffe !
Et, guéri par cette leçon,
— Trop tard, hélas ! — en philosophe
Je revins à Pont-à-Mousson.
Pour expier mes anciens vices
J’y suis devenu marguillier…
Ne mangez jamais d’écrevisses
Février 1843.
À M. Ambroise Didot.
À Henri Ghéon.
Siffle, siffle !
L’EAU
Palladium
E Pluribus Unum !
l’union
Jésus ? »
janvier 1858.
1
8
9
10
11
12
Janvier 1918.
LA DOUCEUR
Quelqu’un
Bureau
Bobino
lait d’Hébé
Un Monstre dans nos murs croît & se fortifie t
" Ouoi ! votre muse en Monstre ériçe la Sagesse !
Ainsi le grand Patos, ce Poète penseur,
Mais de ces Sages vains confondons l’imposture ;
Eh ! quel temps fut jamais en vices plus fertile ;
Suis les pas de nos Grands : énervés de molesse,
La plupart, indigens au milieu des richesses,’
Qui blâmeroit ces noeuds.? L’himen n’est qu’une mode,
Vois-tu parmi ces Grands leurs compagnes hardie*
Assise dans ce Cirque où viennent tous les rangs
Parlerai-je d’Iris ? chacun la prône & l’aime ;
Dira-t’on qu’en des vers, à mordre disposés,
J’aurois pu te montrer nos Duchesses fameuses,
Mais la corruption, à son comble portée,
Il faut voir ce Marchand, Philosophe en boutique,
Hé ! quel frein contîendroit un vulgaire indocile
Voilà donc, cher Ami, cet âge si vanté,
Fille de la Peinture 8c soeur de FHarmonie,
Thalie a de fa soeur partagé les revers :
Mais de la Poésie usurpant les pinceaux,
Sans doute le respect des antiques Modèles
Voltaire en soit loué ! chacun sait au Parnasse
Quelques vengeurs pourtant, armés d’un noble zèle,
Tour-à tour s’adressant des volumes d’injures,
Ainsi, de nos tyrans la Ligue protectrice
Mais
O combien d’Ecrivains languiraient inconnus,
Ah ! du moins par pitié s’ils cessoient d’imprimer,
Pour moi qui démasquant nos Sages dangereux,
Par l’erreur et l’orgueil nommé philosophie,
Jeune homme, il vous sied bien d’insulter la sagesse !
De la Philosophie illustre défenseur,
Mais de ces sages vains confondons l’imposture ;
Eh ! Quel temps fut jamais en vices plus fertile ;
Suis les pas de nos grands : énervés de molesse,
La plûpart, indigens au milieu des richesses,
Plus de foi ; plus d’honneur. L’himen n’est qu’une mode,
Vois-tu parmi ces grands leurs compagnes hardies
Assise dans ce cirque où viennent tous les rangs
Parlerai-je d’Iris ? Chacun la prône et l’aime ;
Enfin dans les hauts rangs je cherche des vertus ;
J’aurois pû te montrer nos duchesses fameuses,
Il faut voir ce marchand, philosophe en boutique,
Hé ! Quel frein contiendroit un vulgaire indocile
Voilà donc, cher ami, cet âge si vanté,
Pareille à la peinture et sœur de l’harmonie,
Thalie a de sa sœur partagé les revers :
Mais de la poésie usurpant les pinceaux,
Sans doute le respect des antiques modèles
Boileau, dit Marmontel, tourne assez bien un vers ;
Quelques vengeurs pourtant, armés d’un noble zele,
Ainsi, de nos tyrans la ligue protectrice
O combien d’écrivains, philosophes titrés,
Ah ! Du moins par pitié s’ils cessoient d’imprimer,
Pour moi qui démasquant nos sages dangereux,
Mosé
Moïse
parlar Spiegar
Mosé, dans ta loge, ô Julia Grisi !
C’est
D’un tas de proprariens
paings
deliquium
lorsqu’il ne les ont plus
Dieu est toujours là
Il
L'HEURE DU BERGER
C'est l'heure enchanteresse où, dans l'ombre, Diane,
Versant au sein des bois son plus tendre rayon,
En secret, vient poser son baiser diaphane
Sur les lèvres en fleurs du bel Endymion !
G. M.
VINCENT
Certes
Cette âpre foi
Qu’avait mon père
Et dans son clos et dans sa terre ;
PHILIPPE
Au chant du coq, tous les matins
Ma charrette peinte de bleu
Le vieil esprit des champs
Comme le chaume a fait son temps ;
Comme nos toits et nos auvents
Se sont vêtus contre le vent
D’une armure de tuiles claires ;
Sinon passez et taisez-vous
Ne sont plus faits pour vous.
PIERRE
À Saint
Qui broutent sur la digue et dans les flots changeants
Reflètent
J’offre une couple
De pigeons souples.
JEAN
Deux coqs luisants et rouges.
Et l’on vendra coqs et pigeons
Dans un panier tressé de joncs,
Un jour de bombance et de liesse
Devant l’église, après les messes.
Mes coqs sont beaux comme des fleurs
Où le soleil met des lueurs :
Un glaïeul d’or se courbe en crête
Et se hérisse sur leur tête.
Mes deux pigeons me font songer
À deux sabots de bois léger
Qu’on aurait peints de couleurs claires,
Et qui trottent au long du jour
Dans la cuisine et dans la cour,
Et sur le seuil plein de lumière.
Mes coqs sont nés dans mon fournil,
Au creux du mur, sous la grande arche :
Ils étaient vifs, mais si petits
Qu’on aurait dit des œufs qui marchent.
Ils grandirent dans le soleil
D’un avril clair à juin pareil ;
Bientôt, sur leur patte menue,
Ils étiraient leur aile nue.
Leur coup de bec précis et dur
Happait l’insecte au coin du mur,
Et dès qu’ils en eurent la taille,
Un beau matin, dans un fossé,
Face à face, le col dressé,
Ils livrèrent, entre eux, bataille.
Mes pigeons, doux et familiers,
Furent nourris au colombier
Avec du vrai maïs d’Espagne.
Si je sème, dans la campagne,
Toujours je reconnais leur vol
Rien qu’à son ombre, au ras du sol ;
Dès que l’autan quitte les terres
Ils repeuplent mon toit moussu
D’amours roucoulants et pansus,
Et dans le creux de ma gouttière,
Joignant leurs becs courts, mais vermeils,
Ils s’accouplent dans le soleil.
Avant le jour qu’au bout des pattes
Devant l’aube effarée.
J’ai bien des fois tenté le sort.
D’une aile ardente et enivrée,
Mais la vitesse de leur course
Oh ! le bel or clair et léger
J’hésiterais peut-être
Ainsi chacun tire avantage,
Et Saint Amand et Saint Corneille
S’éjouissent et s’émerveillent
Et leur faveur, comme avivée,
Se départit pour de longs jours
Aux nouvelles couvées
MARIANNE
À coups égaux
Couper des branches près du ciel ;
Quand ceux d’en bas faisaient appel
À ta prudence,
Tu t’élançais plus haut encor
Et ta hache frappait plus fort
Et répandait comme en cadence
Là mort ;
Une fleur d’or
Pour en orner ta bouche.
J’étais bien jeune alors.
Tu l’es toujours quand tu veux l’être,
Depuis bientôt dix ans
Nulle minute
Qu’on prodigue dans les hameaux.
Certes, je ne m’en vante guère,
Dans ses poches ou sur son dos.
Et chaque bête est abondante en lait.
Que tu fasses ce que tu fais
Plus strictement qu’une autre femme,
Je le constate et le proclame.
Si j’en parle, c’est pour en rire
Que ce qu’on n’entend pas
Elle le sait et le devine :
Si je l’étais, je viendrais te surprendre
Je te dis vrai, tu peux me croire,
Tu n’y trouveras rien
Qui ne soit tien ou ne soit mien.
Et puis voici mes yeux : regarde ;
Craignent-ils plus tes faux soupçons
Que le seuil de notre maison
Craint l’ombre qui s’y attarde ?
Je chanterais ;
L’homme que mes deux yeux ont vu, là-haut,
À coups égaux
Mais qui, toujours prompt et léger,
Pour en orner sa bouche,
Une fleur d’or.
LE JARDINIER
Avant
Où donc as-tu porté tes pas lointains, berger ?
LE BERGER
Aux pays violets de la dure Campine
D’où je voyais les barques
Allant, venant où la pêche les parque
Avec leurs grands mâts clairs
Et leur voilure et leurs cordages
Comme de mobiles villages
Peupler la mer.
Autant que l’adorait mon père.
Depuis l’enfance à son foyer.
Mon père, à moi,
Était, Dieu savait quoi.
Moi seul encor je pense à lui.
Pourtant la plaine la plus belle
M’est toujours celle
Que font
Les dos mouvants de mes moutons,
Sur les éteules
Adieu, berger.
Et maintenant, j’avoue,
Qu’aux temps d’été, quand le soleil,
Parmi les champs d’avoine et de méteil
Dorait mes roues,
Mon large et sonore attelage
KATO
Et moi,
Puisqu’à présent j’ose tout dire
Et que je n’ai plus peur
D’un pli moqueur
Dans ton sourire,
Je te dirai qu’elle était bien pour toi
La grande branche
Où se massaient des fleurs
Que je jetai, comme au hasard, dimanche,
Le soir, quand on s’assemble autour des feux :
Mieux que d’autres, au fond des yeux.
Alors, lis dans les miens la joie
D’avoir conquis,
Parmi tant de gars francs, celui
Et néanmoins,
Tout en t’aimant dès la saison des foins,
Souvent je me disais : « Mieux que personne,
Celui qui m’aime sait combien
Il sait aussi que son nom sonne
Mais il sait mieux encor combien je l’aime
Je ne m’inquiète guère
Si mon avoir surpasse ou balance le tien ;
Je suis tenace et sûr comme la terre
Et veux ce que je veux, comme il convient.
Je te serai plus sûrement fidèle
Que l’aile
Ne l’est au vol régulier de l’oiseau.
À te sentir si près de moi, avec ta chair
Et tes lèvres, Kato, ma tête devient folle
Et le soir s’insinue et se répand dans l’air.
Et dès longtemps les herbes fécondantes
BENOIT
JE
Qu’ils sont maigres comme des clous,
Mes vieux genoux,
En m’asseyant auprès de vous
Sur le pas de ma porte
À la nuitée ;
Je le sais bien, je le sais bien
Que je suis lent, que je suis las,
Et que me sont comptées
Les pipes de tabac
Que je fume avec vous
À petits coups
À la nuitée;
Nul n’aura jamais aimé
Autant que moi je les aimai
Du seuil noir de ma porte.
AUGUSTIN
Depuis cinq ans, nous le savons,
Se sont couchés au cimetière,
Près de leur mère,
Vos deux garçons.
Sous un même gazon.
— Le saviez-vous, le saviez-vous ? —
Sur les engrais et les semailles,
Nul pas,
Sinon le mien, ne le traverse,
Maître je suis et le veux rester, seul.
Pas un aulne, pas un tilleul,
Me dit toujours que je fais bien.
JACOB
D’une poussée et d’une haleine,
Jusqu’à mon champ des Trois Chemins.
Qui prudemment l’émiettent,
Une motte de terre où l’orge doit lever,
Dans ce morceau de sol humide,
SIMON
Pourtant, réfléchissez,
Si mon amour est insensé,
Le savez-vous, le savez-vous ?
Sur un lit inégal de cailloux en cailloux,
Aucun de nous n’en doute.
Il faut me voir dans mon grenier,
Lorsque l’hiver commence,
En de vieux sacs de papier.
On me prendrait pour un avare
Qui palpe et compte et fait sonner ses arrhes.
Je combine si bien les menus soins
Comme on souffle sur une fleur
Je pénètre dans le mystère
En tâchant d’être adroit ;
Et je devine encor bien plus que je ne vois.
J’aime mon champ vivant et clair
Plus que mes os, plus que ma chair :
Dites-vous bien que c’est moi seul, le vieux,
Qui sais encor ce qu’il faut faire
Pour que demeure autoritaire,
La terre.
Comprenez-vous, comprenez-vous ?
C’est que vous êtes lents et mous,
C’est que vos voix ne sont que plaintes,
C’est que je vois enfin
Votre bouche souffler en vain
Et ranimer entre vos mains
Vos pauvres pipes presque éteintes.
ANTOINE
Nos fils envoient au loin, vers les mornes écoles,
Leurs fillettes et leurs gamins,
Les vaches
Et de reprendre, après combien de temps,
GUILLAUME
Sous la cendre d’un feu champêtre,
Et qu’on était content de mon travail chez nous.
L’esprit des champs a bien changé
Et nul ne voit le séduisant danger
Qui nous attire et nous menace.
Au front compact comme le poing ;
Tout se desserre et se disjoint
Depuis qu’il fut soldat
Mon fils est revenu des pays de là-bas,
La tête pleine
On croirait bien qu’il perd l’haleine
Quand il les dit,
Si longs et si nombreux sont-ils !
Et son aîné qui tient ma ferme
Commence peu à peu à penser comme lui.
Son cœur est pris, l’erreur y germe ;
J’étais jadis son guide et parfois son appui.
Mais aujourd’hui,
Si je lui parle et s’il m’écoute,
Que celle où j’ai marché !
Ainsi dernièrement a-t-il vendu son seigle
Et tout son blé fauché
Depuis le temps de mon aïeul
Qui n’a qu’un prix, un seul,
LE POÈTE
Oui, le reproche est juste, et je sens qu'à mes vers
La rime vient toujours se coudre de travers.
Ma Muse vainement du nom de négligence
A voulu décorer sa honteuse indigence ;
La critique a blâmé son mince accoutrement.
Travaillez, a-t-on dit, et rimez autrement.
Docile à ces leçons, corrigez-vous, ma Muse,
Et changez en travail ce talent qui m'amuse.
LA MUSE
De l'éclat des lauriers subitement épris,
Vous n'abaissez donc plus qu'un regard de mépris
Sur ces fleurs que jadis votre goût solitaire
Cueillait obscurément dans les bois de Cythère ?
Non, je reste à Cythère, et je ne prétends pas
Vers le sacré coteau tourner mes faibles pas.
Dans cet étroit passage où la foule s'empresse
Dois-je aller augmenter l'embarras et la presse ?
Ma vanité n'a point ce projet insensé.
À l'hôtel de l'Amour, par moi trop encensé,
Je veux porter encor mes vers et mon hommage ;
Des refus d'Apollon l'Amour me dédommage.
Eh ! faut-il tant de soins pour chanter ses plaisirs ?
Déjà je vous prêtais de plus sages désirs.
J'ai cru qu'abandonnant votre lyre amoureuse
Vous preniez de Boileau la plume vigoureuse.
C'est alors que l'on doit, par un style précis,
Fixer l'attention du lecteur indécis,
Et par deux vers ornés d'une chute pareille
Satisfaire à la fois et l'esprit et l'oreille.
Mais pour parler d'amour il faut parler sans art ;
Qu'importe que la rime alors tombe au hasard,
Pourvu que tous vos vers brûlent de votre flamme,
Et de l'âme échappés arrivent jusqu'à l'âme ?
Quel fruit de vos conseils ai-je enfin recueilli ?
Je vois que dans Paris assez bien accueilli,
Vous avez du lecteur obtenu le sourire.
La Pinde à cet arrêt n'a pas voulu souscrire.
Peut-être on a loué la douceur de mes sons,
Et d'un luth paresseux les faciles chansons ;
L'indulgente beauté, dont l'heureuse ignorance
N'a pas du bel esprit la dure intolérance,
A dit, en me lisant : « Au moins il sait aimer » ;
Le connaisseur a dit : « Il ne sait pas rimer. »
Te fit-on ce reproche, aimable Deshoulières,
Quand un poète obscur, d'une mains familière,
Parcourait à la fois ta lyre et tes appas,
Et te faisait jouir du renom qu'il n'a pas ?
Chaulieu rimait-il bien, quand sa molle paresse
Prêchait à ses amis les dogmes de Lucrèce ?
A-t-on vu Du Marais le voyageur charmant
De la précision se donner le tourment ?
La Muse de Gresset, élégante et facile,
À ce joug importun fut parfois indocile ;
Et Voltaire, en un mot, cygne mélodieux,
Qui varia si bine le langage des Dieux,
Ne mit point dans ses chants la froide exactitude
Dont la stérilité Fait son unique étude.
Il est vrai ; mais la mode a changé de nos jours ;
On pense raremant, et l'on rime toujours.
En vain vou sdisputez ; il faut être, vous dis-je,
Amant quand on écrit, auteur, quand on corrige.
Soit ; je veux désormais, dans mes vers bien limés,
Que les Ris et les Jeux soient fortement rimés ;
Je veux, en fredonnant la moindre chansonnette,
Au bout de chaque ligne attacher ma sonnette.
Mais ne vos plaignez point si quelquefois le sens
Oublié pour la rime...
Oubliez, j'y consens.
D'un scrupule si vain l'on vous ferait un crime.
Appauvrissez le sens pour enrichir la rime.
Trésorier si connu dans le sacré vallon,
Approche ; Richelet, complaisant Apollon,
Et des vers à venir magasin poétique,
Donne-moi de l'esprit par ordre alphabétique.
Quoi vous riez ?
Je ris de vos transports nouveaux.
Courage, poursuivez ces aimables travaux.
Ce rire impertinent vient de glacer ma verve.
Qu'importe ? Richelet tiendra lieu de Minerve.
Rimez mieux.
Je ne puis.
Ne rimez donc jamais.
Je le puis encor moins.
Taisez-vous.
Je me tais.
Complet
xviie-xviiie)
Dos voûté, cou fluet ;
Ils vont, couple muet.
On les voit chanceler.
Qui vous fait reculer.
Et lui, crache du sang !
Opprime le passant.
Se choquant au désir,
Folles de se saisir.
Rajeunis et contents.
Les rend tout haletants.
Et leur maigre longueur ;
À force de langueur.
Ils avancent leur mort ;
Le frisson qui les tord.
C’est l’opium d’amour !
Jour et nuit, nuit et jour !
Leur ont crevé la peau ;
L’inévitable impôt.
Naître et se consommer ;
Revivent pour aimer !
Églog., trad. de Firmin Didot.
Victa morte finit sœpe vitam, spiritu prius
Deficiente, quam cantu
MARINA
LALY GALINE
LALY GALINE, seule
CHŒUR DES ÉVÊQUES
CHŒUR DES CÉSARS
L’AGONIE.
Muse des Savanes
cinq ans
l’un s’appellera la nôtre
Québec, 15 juin 1850.
Itibapishi ma ! frère au pâle visage
na-houllo
Blanche-Peau !
Itibapishi ma
oula
tchouka-nak-bila
na-houllo tèques
romans
civiliser
blanches
masque y brille mieux que l'ingénuité
l'usage abolit l'originalité
nature en tout doit céder à l'usage
taïque
Blanche-Peau
itibapishi ma
na-houllo taloa
whip-poor-will
l'ianash
bison
na-houllo taloa !
ialeshké
tamaha
Antwen tchouka-hanta
hopâki
buffàlos
oha homi
oka homi
prière
l'orative
Liv. I, chap. 27.
UN PRÊTRE.
THÉMISTOCLE.
I. Le chant du départ
II.
III. Sur le fleuve
IV.
V. La prière des Hurons
VI. La dernière heure
1861
BALLADE.
Feront mes funérailles
Ruisselantes de sang ?
Le trépas de l’impie,
Sera digne d’Orphée
Et digne de ses chants !
Et la fauve vendange
Qui passe et qui dédaigne
Votre culte et vos dieux.
Et sa lyre, plus grave,
Votre foule hagarde,
Et qui ne l’entend pas.
De l’ardente thyase…
Ma clameur d’agonie,
Dans leur suprême accord.
S’éveille plus profonde,
Une onde harmonieuse
Irrésistiblement.
Cette ode souveraine,
Et les voix de la Lyre
Où vous vous unirez,
La victoire funèbre
LE VIEUX MONDE
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LE FLOT
Tu me crois la marée, et je suis le déluge.
Vires acquirit eundo.
Messieurs
beautiful
Poems and Ballads, Erotion
Gens
Un verger de Mytilène, vers la fin d’un après-midi d’été.
Les vignes, chargées de grappes, se déroulent jusqu’à la
mer. Le soleil brûle.
Au lever du rideau, Eranna tire quelques sons du paktis,
mais ses mains retombent. Epuisée par la chaleur, elle parle
d’une voix faible.
SCENE PREMIERE
Eranna, reposant le paktis contre un tronc d’olivier.
Atthis, s’éventant avec effort
Dika
Damophyla
Euneika
Gurinno
Eranna
Se tournant vers Dika
Atthis
SCENE II
Une voyageuse, les vêtements couverts de poussière
entre, timide, hésitante et regardant autour d’elle.
Se levant et s’approchant de l’étrangère
Avec un intérêt croissant
L’étrangère
Dika, apportant à la voyageuse une amphore et une coupe
Mégara
Télésippa
Eranna, détachant le paktis d’un geste solennel
Une pause
Avec une curiosité brûlante
Gurinno, interrompant
Gorgo
Après une légère pause
L’étrangère, se tournant vers Eranna
Se rapprochant d’Eranna
Avec une humilité altière
Se tournant vers l’Etrangère
Se tournant vers Damophyla
se tournant vers l’Etrangère
Se tournant vers le chœur
On entend au dehors une lamentation orientale, terrible et prolongée
Se tournant vers l’autel
La terrible lamentation se prolonge
Gorgo, sans l’entendre
SCENE III
Psappha entre. Elle est voilée de voiles noirs très épais.
Psappha
Le Chœur
Psappha sort lentement
Eranna, se relevant
Sur ces dernières paroles, une messagère entre, essoufflée, très pâle
La messagère
Quelques-unes, très bas
D’autres, plus bas encore
Elles se prosternent, le front dans la poussière
Se levant soudain au milieu du chœur prosterné
Les vierges, obéissant à l’ordre, ceignent leurs fronts de roses tressées,
de laurier et de thym et ressaisissent leurs paktis. Le rideau tombe.
.
La jeunesse a vieilli ; la Poésie errante
S’affolle dans la nuit d’une impasse interlope ;
Le pessimisme cher, comme un crêpe, enveloppe
L’Existence de son ombre désespérante ;
La prose rampe au ras du sol, flairant l’immonde,
Étalant au dégoût les vices pathétiques,
Et dans ce désarroi des vaines Poétiques
Il m’a pris un regret immense d’être au monde.
Mais tu m’es apparue en cette heure de honte,
Blonde, et ceinte de joie, et consolante, et rose ;
Et j’ai su que de vivre auprès de toi repose,
Et que l’amour est lent, et la tristesse prompte.
Et j’ai cueilli, vers l’aube, au verger de mon âme,
Ces Fleurs d’Avril, espoir des viriles automnes
Alors que jaillira du flanc joyeux des tonnes
Le vin doux qui sommeille, à noirs flots de dictame.
La Poésie impérieuse est mon amante
Très grave et docte aussi parfois, comme les dames
Du temps jadis, et douce et tendre dans ses blâmes ;
Son pas altier traîne en lourds plis sa robe lente
Où luit l’éclat des Fleurs de Lys, comme des flammes.
Je sais un cœur vaillant sous sa gorge royale
Marmoréenne ainsi que l’antique Déesse ;
Je sais l’amour jaloux trop grand pour ma faiblesse
Par quoi je vaux ce que je vaux, hautain et mâle ;
Son cœur et son amour, et qu’Elle est ma maîtresse.
Le rythme de sa voix est ma seule métrique,
Et son pas alterné ma rime nuancée,
Mon idée est ce que j’ai lu dans sa pensée,
Certe, et je n’ai jamais rêvé d’autre amérique
Que de baiser l’or roux de sa tête abaissée.
Je n’ai voulu parmi la vie active et sainte
Que des heures que sa douceur livre à ma joie,
Où longuement je parle, où, pour qu’elle me croie,
Je suis naïf, comme un enfant simple et sans feinte,
Aimant l’obscurité que son aile déploie.
Et je vivrai dans l’ombre, à ses pieds, sans tristesse,
N’ayant d’ambition que de rêver près d’Elle,
Sans redouter pour moi l’avenir infidèle,
Car je n’aurai chanté que pour ma douce hôtesse,
Un vague chant d’amour dans l’ombre de son aile.
L’amour est une ragot friand de chairs laiteuses ;
L’amour est un bel ange aux prunelles douteuses
Fautrices des actions sublimes et honteuses.
Aimer : en une bauge une âme qui se gîte ;
Un oiseau pris au rêts qui follement s’agite ;
— C’est ta vie, Aspasée, et la tienne, Brigitte ! —
L’amour est comme un champ de fleurs où meurt le seigle ;
Comme un roc hasardeux pour tous, même pour l’aigle
Que foudroie une flèche enfantine d’espiègle.
Aimer : c’est vivre en joie une heure palliante ;
C’est mourir une vie aigrie ou patiente,
Fréneuse de regrets, d’espoirs inconsciente.
L’amour : c’est le sursum, l’aubade universelle ;
C’est la prière des existences vers Celle
Ou Celui de là-haut par qui l’être ruisselle.
Aimer : c’est aspirer les frais parfums de l’aube ;
C’est pleurer, le soir, vers le jour qui se dérobe ;
C’est vénérer tout ce que notre azur englobe,
L’amour est celle voix qui murmure la rime ;
C’est toi, muse, et mon vers en qui ton vœu s’exprime
Redira que l’amour ne fut jamais un crime.
Aimer : c’est le métier de l’aède qui pense ;
C’est le balsame cher qui mitigé et compense
Ma douleur que, là-haut, attend sa récompense.
Ébréchant au passer son vacillant contour
De grands nuages noirs vont balottant la lune
Vers l’Orient, ainsi qu’une épave à la brune ;
Tous les vents d’équinoxe ululent à l’entour
Avec le sifflement des bises dans la hune,
El je ne sais pourquoi je rêve à ton amour.
O saveur de péché, fruit savamment pervers !
O l’arôme aigre-doux, toxique des pensées !
O le crime d’aimer ! — Voluptés insensées
Du rêve sacrilège où flotte à mots couverts
L’infâme aveu, d’abord, puis, âmes enlacées,
Dans l’ombre chuchotter l’hymne des univers !
Voguer, incurieux des pourquoi, des comment,
Voguer à la dérive au gré des houles sombres,
Sans but, vers l’avenir, au mépris du serment ;
Voguer, jusqu’à sombrer, très cher, comme tu sombres ;
Narguer d’indifférence ou briser sciemment
Un idéal trop pur, ce vieux, ce seul tourment !…
Voilà ce que déclame au clair de lune, cher,
L’étrange cœur qui bat au fond de ma poitrine,
Le vieux cœur excessif et franc qui ne burine
Qu’à regret l’impudeur de ses visions de chair —
Se faisant à plaisir du ciel une marine
Fantastique où la lune-épave est sans nocher.
Sur la grève que déchire la dent des rocs
Le flux immensément déferle à lourds bouillons,
Et la dune éphémère où tantôt nous foulions
Des algues s’est fondue en eau parmi leurs chocs ;
La masse colossale et sombre d’une mer,
Qu’aiguillonne le fouet des vents hurleurs du nord,
Avec un cri de haine a bondi ; mais l’effort
Rejaillit vers les deux comme un blasphème amer.
La Croix démesurée où sanglotte l’adieu
Des générations qui surent espérer,
Montrant au loin la route à qui veut s’égarer,
Dresse implacablement l’envergure d’un Dieu !
Par l’indécision d’un vieux conte de fées,
Au faîte ardu d’un mont parsemé de trophées,
D’énervantes senteurs m’arrivaient par bouffées
Du gouffre où pourrissaient vingt enfants mortes-nées ;
Un tournoîment de ronde et de roses fanées
Qu’on foule : c’était la ronde de mes années.
Des filles, en chantant, des femmes, des vieillardes
Passaient et repassaient, rougissantes, blafardes,
Les unes ceintes d’or, d’autres serrant leurs hordes.
Et puis, à chaque tour, tandis que je sanglotte,
La plus jeune est lancée au gouffre où monte et flotte
Pour un instant l’horreur d’un cri de Souliote.
O la ronde fatale à l’allure macabre
Va tournant et hurlant et poussant au seuil glabre
La plus jeune, l’écumeaux lèvres, qui se cabre.
Mais la bande vieillotte, ainsi qu’un vent d’orage
Tourbillonne et son chant devient un cri de rage
Car la plus jeune est vieille et manque de courage.
Et la plus vieille sait, car son œil est de flamme,
Que nous irons tous deux vers le gouffre qui clame
Et que leur cri funèbre est notre épithalame.
Il en est — les plus grands, ce dit-on — de sonores
Dont la rime, comme un bourdon de cathédrale,
Étonne au loin la foule ; il en est dont le râle
Sanglotte en vers puissants l’écho des nevermores.
Il en est dont les grands doux vers fondent en larmes
Et que leur Dieu console et qui pleurent quand même ;
Il en est pour nier l’amour, disant : je m’aime,
Et dont le vers serein a d’impassibles charmes.
Il en est qui s’en vont où les mène la rime
Et d’autres vont, la ravallant, devers le vague ;
Et sur le grand sommet où, seul d’esprit, je vague
Tel proclame vertu ce qu’un autre dit crime.
Et je rêve à ton culte, o Christ, en ce tumulte
De schisme et d’hérésie où plane ma Déesse,
Où chacun prétend seul sacrer le Vin d’ivresse
Et le Pain consolant les brebis de l’insulte :
Réalisme, blasphème absurde, ésotérisme,
Attendrissements chers, joyeuseté bouffonne,
Voilà la sérénade, o Déesse, qu’entonne,
Le chœur énamouré des croyants du lyrisme.
Ils t’aiment, je le sais, et la cacophonie
Se mêle en doux accords pour toi qui sais entendre ;
Mais il n’en est aucun qui t’aime d’amour tendre
Comme le mien et qui méprise qui te nie,
Plus que ce cœur saignant de tendresse infinie !
fleurs d’or
Ne sortant pas de faire jeûne,
Une fois, le père Lucas,
Sincère, et du fond de son âme,
Disait à ses quatre grands gars,
Tous, de l’aîné jusqu’au plus jeune,
Bien en âge de prendre femme :
Et que les morts sous terre écoutent ;
Croulaient et s’abîmaient en mer.
Là-bas
Sous le ciel bleu de Palestine,
Des bergers et des mages.
Et, sur le bloc du sarcophage,
Où Jésus-Christ dormit sa mort,
Un drapeau vert aux franges d’or,
Depuis quels temps, âpres et sombres,
Laisse flotter et s’exalter,
Son ombre.
Ô péril dûment surmonté !
D’une Europe vers l’unité !
Ô cri
Qui retentis, ici,
C’est le cri d’aujourd’hui,
La haine.
Allemagne, Allemagne,
Qui vivantes s’approcheraient
Te cerneraient et crouleraient.
Ô cri
Qui retentis, ici,
Si tragique, aujourd’hui,
Car tu es juste, ô cri,
Bien que tu sois, la haine.
Se soulève pour l’engloutir,
Et pousse au large un dernier cri.
À l’étouffer sous leur clameur.
S’amoncellent, la foudre aux flancs.
Court sans boussole et démâté.
Plus complet et plus désastreux.
Et nous sommes les naufragés.
Le dirige vers un écueil.
Subir mon engloutissement.
Qui s’amassent contre les cieux.
Rassemblé tous les désespoirs.
Pour frissonner d’avoir compris.
Je l’ai jeté ; je puis sombrer !
FIN
Est-il
Lui
la vision des dieux
Autorité
steamer
Soudain, avançant dans l’ornière
(Ils entrent dans le palais.)
(Exeunt.)
(Il remet son masque et recouvre la bière. - Entre Belcolore
Le Chasseur
Le Palatin
Le Chevalier
Un Lieutenant de
Montagnards, Chevaliers
Moines, Peuple
Prenant un verre.
sortant d'une maison
à l'un d'eux
Il prend une bûche embrasée dans le feu allumé sur la
place, et la jette dans sa chaumière.
Il sort en courant
Frank rencontre une jeune fille.
Elle lui jette son bouquet.
seul, ramassant le bouquet.
Exit.
, assis sur l'herbe.
(Il s'endort.)
EPUIS
Virginitas, Virginitas, quo abis, me relicta.
C’est cela seul et rien de plus ! »
On ne nommera jamais plus !
C’est cela même et rien de plus. »
Les ténèbres et rien de plus !
Redit ce mot et rien de plus !
C’est la rafale et rien de plus !
Il s’installa, puis rien de plus !
L’oiseau répondit : « Jamais plus ! »
Se nommant ainsi : « Jamais plus ! »
L’oiseau dit alors : « Jamais plus ! »
De profondis
Eût pris ce refrain : « Jamais plus ! »
Et lamentable : « Jamais plus ! »
Ne pressera plus, jamais plus !
Le corbeau grinça : « Jamais plus ! »
Le corbeau glapit : « Jamais plus ! »
Le corbeau gémit : « Jamais plus ! »
Le corbeau râla : « Jamais plus ! »
Ne montera plus, jamais plus !
Sérapion
steam-boat
Espère
j’aime, j’espère et crois
Continent noir
1916.
MULOT ET MULOTTE
COMMENT MULOT ET MULOTTE REÇURENT DANS LEUR CABANE UNE VIEILLE HORRIBLE
COMMENT CETTE VIEILLE ÉTAIT UNE BELLE FÉE, ET COMMENT ELLE OFFRIT DE DONNER A MULOT ET A MULOTTE RICHESSES ET HONNEURS
MULOT
LA FÉE
LA FÉE (à part.)
COMMENT LA FÉE VOULUT RENDRE A MULOT ET A MULOTTE LA JEUNESSE, ET DE LA BONNE ODEUR DE LILAS QUI SE RÉPANDIT DANS LA CABANE
COMMENT LA FÉE EN BONNE PERSONNE BUT ET MANGEA AVEC MULOT ET MULOTTE
Et but avec nos bons vieux. Dieu les garde !
MORALITÉ
COMMENT BELLE-MIGNONNE AVAIT EU DE SA MARRAINE LE DON DE FAIRE NAITRE DES FLEURS SOUS SES PAS AUSSITOT QU’ELLE AIMERAIT
COMMENT LE ROI ET LA COUR SUIVIRENT LES AMANTS A LA TRACE ET DÉCOUVRIRENT UN CHATEAU DE FLEURS AU LIEU DE FORET
COMMENT BELLE-MIGNONNE ET LE PAGE PARFAIT FURENT TROUVÉS L’UN PRÈS DE L’AUTRE ENDORMIS
de Div.l. I, §. 57.
requiem
Credo
Ou sept chefs devant Thèbes ?…
Une
LE CHEVALIER, UN ERMITE.
Vingt
bienvenues
vœu
foule suivait les conseils
conseils
Juin 1852.
Mai 1870
Un soir que je venais du Barbier de Séville
Valle
sora Nanna
mininte
LE COMTE DE LA MI-CARÊME
Comme des gens de la basoche.
Les Communiers
Débrouiller le chaos
Et la chair de ses os.
Le peuple en sent l’esprit.
Le Travailleur comprit.
Bataillons fédérés,
Vous marchez, vous mourez !
Prêchant les combattants.
Avaient duré vingt ans.
Tu vis sur tes remparts,
Planter ses étendards.
De la maternité :
Son électricité.
Napoléon premier,
Roula sur le fumier.
Tes décrets survivront.
Les exécuteront.
Tu devais transformer.
Qu’il faut le désarmer ?
Pardonnez aux cléments !
Pourquoi de l’huile sur le feu
Grâce à Dieu, l’éternel complice
De tous les exterminateurs,
Grâce à Dieu, préfet de police
Des caffards et des exploiteurs,
Grâce à la sainte Providence
L’ordre moral reprend son pli,
Et tout marche à la décadence :
Grâce à Dieu, l’ordre est rétabli !
Grâce à Dieu, tout rentre dans l’ordre :
La pensée a tari son flux ;
Les chiens enragés pourront mordre,
Ceux qu’ils mordront ne crieront plus.
L’état de siège sur la bouche,
La France, l’esprit affaibli,
S’endort après sa fausse-couche :
Grâce à Dieu, Rouher et sa bande,
Les généraux de l’attentat
Et l’avorton de la légende
Nous mitonnent un coup d’État,
Pour reboulonner la victoire
On hisse l’oncle démoli
Sur le mirliton de la gloire,
Grâce à Dieu, la tribu des filles
Bosse au croupion, chignon épars,
S’étale aux yeux de nos familles,
Dans les cafés des Boulevards,
Des Cora Pearl le truc prospère
Et soulage maint ramolli
Des millions de feu son père :
Grâce à Dieu, la pieuvre noire
Aux tentacules étouffants,
Pour l’ignorance obligatoire
Vient de ressaisir nos enfants.
La Jeunesse en sortira blette,
Le nourrisson maigre et sali
Tettera l’eau de la Salette :
Grâce à pieu, l’ordre est rétabli !
Grâce à Dieu, la Banque a main haute,
Et les travailleurs sont capots :
La misère est leur table d’hôte,
La mort est leur lit de repos.
De nos sueurs plus altérée,
Sur la peau du peuple avili,
Grouille une vermine dorée :
C’est grâce à Dieu qu’on nous écrase,
N’est-il pas la vis du pressoir ?
Il faut pour faire table rase
Briser l’idole et l’encensoir.
Nais, justice, et grandis, Science ;
En vous créant l’homme ennobli
Pourra dire à sa conscience :
Grâce à moi, l’ordre est rétabli !
À ce prix nous t’offrons l’amnistie.
New-York, 18 mars 1876.
S'il existait ce Dieu, des Versaillais complice,
Le fusiller serait pour nous une justice.
Bevaix, 31 août 1881.
Version longue
Version courte
Une colombe gémissait
De ne pouvoir devenir mère :
Elle rencontre en un vieux nid
Semblable aux œufs de tourterelle.
Ah! quel bonheur! s’écria-t-elle :
Je pourrai donc enfin couver.
Et puis nourrir, puis élever,
Tous les soins qu’il me coûtera,
Les tourments qu’il me causera,
Quel plaisir vaut ces soucis-là?
Qu’elle ne le quitte pour rien,
Et ses délices les plus chères.
De joie elle est prête à mourir;
S’épuise pour le mieux nourrir.
L’enfant chéri vient à merveille.
Son corps grossit en peu de temps :
Diffèrent fort des tourterelles;
La mère les voit ressemblants.
À bien élever sa jeunesse
Pour être heureux, mon cher enfant,
Et le secret pour qu’on nous aime,
Ainsi parlait la tourterelle,
Quand, au milieu de sa leçon,
Un malheureux petit pinson,
Qu’il court à lui : sa mère croit
Et pour offrir au voyageur
Une retraite hospitalière.
Elle en mourut, la pauvre mère.
Mais c’était le fils d’un milan :
Rien ne change le caractère.
« Ça va-t-il ? — Oui ça va ».
Contrôle ou bat, sur son enclume,
ENVOI
Je
sous vot’ respect
extra-dry
Théogonie.
Qvittons
Grand DIEV, de qui la force en miracles feconde,
LOVIS, à qui le ciel, de ce foudre de guerre
de cave
75
90
100Ils songeaient ; et l’aurore apparut, éblouie.
Ceux bourgeois qui sont froids comm’ givre,
Dont la hauteur nous met si bas,
C’est pas Dieu possible ! i’ n’pens’ pas
Q’c’est l’paysan qui les fait vivre.
Toujou’, s’méfiant, i’ nous ar’gardent.
Tels que des r’nards devant des loups ;
Nous aut’ qu’on sait qu’i’ peuv’ plus q’ nous,
Tout comme de juste, on s’tient en garde.
Mêm’ qu’on leur fait des tours de ruse,
Qu’on les attrap’ sans méchanc’té,
Pour voir alors leur min’ confuse
Qui nous venge un peu d’leur fierté.
I’ nous dis’ ivrogn’, lâch’, avares,
D’mauvais sang, paillards, durs, en d’sous,
Ayant précisément comm’ nous
Tout c’qui nous r’proch’ de vice et d’tares.
En plus grand, puisqu’i’ sont plus riches,
Moins brutaux, pa’c’ qu’i’ sont moins vrais.
C’est toujou’ pour leurs intérêts,
Comm’ la nôt’, que leur conscienc’ triche.
I’ nous mépris’ pa’c’qu’on n’sait rien
Des livr’ qui les ont rendus blêmes…
Des fois, en ayant eu l’moyen,
On en saurait plus long qu’eux-mêmes.
Dans leurs vill’ de choléra, d’pesse.
I’ croient qu’i’ sont l’pays entier !
Un campagnard instruit, rentier,
S’rait-i’ ben seul’ment d’leur espèce ?…
À ça faut dir’ q’ya p’têt’ des causes :
Dans ceux fourmilièr’ de vivants
I’ n’ont que l’fabriqué, l’mouvant,
Jamais l’vrai ni l’posé des choses.
C’est not’ solitud’ de campagne
Qui nous donn’ not’ simplicité.
Eux, avec la foul’ pour compagne,
I’ n’apprenn’ que la vanité !
Ceux gens n’voient qu’les pavés d’leurs rues
Et q’les murailles d’leur maison.
La nature absent’ de leur vue :
L’naturel s’en va d’leur raison.
C’est c’qui fait qui n’sav’ pas r’connaître
Qu’eux aussi s’raient p’tèt’ ben miteux
S’i’ n’avaient pas eu chanc’ de naître
D’parents qu’étaient rich’ avant eux.
Leur fla-fla d’orgueil ? i’ l’ramassent
Dans l’mensong’ de la société,
Sans s’dir’ que tout’ les chos’ qui passent
Sont égal’ d’vant l’éternité.
À mon ami A. Pigny.
L’or serait tout, s’il était maître des idées,
Mais lentement, mais jour à jour,
Avec terreur, avec amour,
La ville
Élucidées.
Ce fut d’abord
De ses rêveurs et de ses sages
D’en prévoir les contours
Puis d’en fixer la ligne et d’en dorer l’image
Quand la foule à son tour
S’en empara
Pour les tenir, devant elle, dressées,
Elle y glissa son sang bien plus que sa pensée,
Mais son ardeur les robura
De joie immense et angoissée.
Ô le travail des ans ! Ô le travail des heures !
Ce qui ne fut d’abord que songe et que rumeur
Dans telle âme profonde
Devint bientôt le bruit et la clameur
Du monde.
Alors
Ceux qu’écrasait le sort
Redressèrent le dos
Sous leur fardeau ;
Se levèrent du fond des livres :
De vos rythmes contradictoires !
Vers le futur,
Vous creusez sous mes pas un abîme où je cours.
Près de ces ifs noueux dont la verdure sombre
Que de fois la moisson fatigua leur faucille !
Ils n’obtinrent jamais, sous les voûtes sacrées.
Des esprits enflammés d’un céleste délire,
S’ils n’ont pas des destins affronté la menace,
Quelques rimes sans art, d’incultes ornements
Et quelle ame intrépide, en quittant le rivage,
Et toi, qui pour venger la probité sans gloire,
Sous ce froid monument sont les jeunes reliques
Les pauvres ont béni sa pieuse jeunesse
Ne mets point ses vertus, ses défauts en balance ;
À Asinius Sempronins Rufus.
Dans une tabagie,
Issu de la Régie ;
Sur trois ou quatre lignes,
Des cigares insignes.
Pour la couleur locale —
Tels qu’on nous les signale.
Ne fait rien à l’affaire…
Le bon cigare à faire.
Plus que rudimentaire,
Ceux du roi d’Angleterre.
Interdits aux profanes,
Fine fleur des Havanes.
Comme des doigts de carmes,
Et bagués à ses armes.
Dans la cape étoffée ;
D’un atelier de fée.
Je n’en ai nulle envie.
Du chou, toute ma vie.
Des Cubas, des Florides,
Sous les zones torrides,
Les feuilles capitales,
Jusqu’aux boîtes finales.
Aux quais de la Tamise,
Dans l’armoire aux chemises.
La vision fut brève,
Un bon cigare — en rêve !
Les cigares qu’il fume,
Un simple « gens de plume ».
Un César des plus rares,
S’y connaître en cigares.
I
II
III
IV
V
VI
Poésie, théologie, abîmes !
« Bois que j’aime, adieu, je succombe.
Il dit, s’éloigne… et sans retour !
« Bois que j’aime, adieu… je succombe.
Il dit, s’éloigne… et sans retour
Une
fournaises
Salvator.
Le pêcheur.
ennuis en V horreur plus extrême — • — Il6
Ab Jove.....
Abandon
Love’s labours lost
Walpurgisnachtstraum
L’aigle
À M. le lieutenant-colonel A. Audet
Kyrie eleison
1829.
AUX FEMMES
Qui donne au pauvre, prête à Dieu.
Solitaire et cachée,
Petite fleur séchée,
Sous ma poitrine émue,
O pervenche, à ta vue.
Les yeux bruns, la main blanche
Te cueillit un dimanche.
De nos amours si fraîches
De pauvres feuilles sèches !
Au bord d’une clairière,
Tu naissais la première ;
Et pour toute réponse
Sous les feuilles de ronce.
Tandis que l’ingénue
Le long de l’avenue…
Timide rêverie,
Et qu’une tromperie !…
D’un amour brisé
Tout s’est apaisé ;
Qui nous ont unis,
Et je les bénis.
L’amour est si beau,
Au fond du tombeau.
Sourires ou pleurs,
Se couvrent de fleurs.
Et que les romans,
Et quels mots charmans !
Je les sais encor ;
Gardent un trésor.
Dans le bois flétri,
Des fleurs ont souri ?
Faut-il oublier
Du printemps dernier ?
« Ne fuis pas, reste encor.
Ferme tes ailes d’or.
N’y reposes-tu pas
Hélas ! et tu t’en vas…
Assise au bord de l’eau,
Descendait du coteau ?
Des belles nuits d’été ?
Dans mon œil attristé ?
Tu brûles de partir ;
Et ce qu’il va souffrir ? »
Dit : « Pourquoi t’ affliger ?
Ton fardeau plus léger ?
Mille pensers nouveaux,
D’abeilles et d’oiseaux ?
Si je subis la loi.
De plus tristes que toi.
Dévorés de désirs ;
Les joyeux souvenirs.
Hélas ! peut-être en vain…
Et me tendre la main ? »
La lumière
Et plus vite
Plie et penche
Sont fidèles ;
Tout embaume ;
Qui pénètre
Et charmante :
Si rêveuses.
Dans la mousse,
Calme et pure,
Compte à peine
Et fondue
Sans relâche,
Son aiguille
Et pensive
Violettes,
chemin du bas
CHANTS DE SAPHO
LUI
Le Chaperon ou l’Oiseau bleu
1er janvier 1857.
paix et délivrance
Maria Farina !
12 septembre
Naples, 1822.
Si tu pouvais jamais égaler, ô ma lyre,
Le doux frémissement des ailes du zéphyre
À travers les rameaux,
Ou l’onde qui murmure en caressant ces rives,
Ou le roucoulement des colombes plaintives,
Jouant aux bords des eaux ;
Si, comme ce roseau qu’un souffle heureux anime,
Tes cordes exhalaient ce langage sublime,
Divin secret des cieux,
Que, dans le pur séjour où l’esprit seul s’envole,
Les anges amoureux se parlent sans parole,
Comme les yeux aux yeux ;
Si de ta douce voix la flexible harmonie,
Caressant doucement une âme épanouie
Au souffle de l’amour,
La berçait mollement sur de vagues images,
Comme le vent du ciel fait flotter les nuages
Dans la pourpre du jour :
Tandis que sur les fleurs mon amante sommeille,
Ma voix murmurerait tout bas à son oreille
Des soupirs, des accords,
Aussi purs que l’extase où son regard me plonge,
Aussi doux que le son que nous apporte un songe
Des ineffables bords !
Ouvre les yeux, dirais-je, ô ma seule lumière !
Laisse-moi, laisse-moi lire dans ta paupière
Ma vie et ton amour !
Ton regard languissant est plus cher à mon âme
Que le premier rayon de la céleste flamme
Aux yeux privés du jour.
.................................................
Un de ses bras fléchit sous son cou qui le presse,
L’autre sur son beau front retombe avec mollesse,
Et le couvre à demi :
Telle, pour sommeiller, la blanche tourterelle
Courbe son cou d’albâtre et ramène son aile
Sur son oeil endormi !
Le doux gémissement de son sein qui respire
Se mêle au bruit plaintif de l’onde qui soupire
À flots harmonieux ;
Et l’ombre de ses cils, que le zéphyr soulève,
Flotte légèrement comme l’ombre d’un rêve
Qui passe sur ses yeux !
Que ton sommeil est doux, ô vierge ! ô ma colombe !
Comme d’un cours égal ton sein monte et retombe
Avec un long soupir !
Deux vagues que blanchit le rayon de la lune,
D’un mouvement moins doux viennent l’une après l’une
Murmurer et mourir !
Laisse-moi respirer sur ces lèvres vermeilles
Ce souffle parfumé !...Qu’ai-je fait ? Tu t’éveilles :
L’azur voilé des cieux
Vient chercher doucement ta timide paupière ;
Mais toi, ton doux regard, en voyant la lumière,
N’a cherché que mes yeux !
Ah ! que nos longs regards se suivent, se prolongent,
Comme deux purs rayons l’un dans l’autre se plongent,
Et portent tour à tour
Dans le cœur l’un de l’autre une tremblante flamme,
Ce jour intérieur que donne seul à l’âme
Le regard de l’amour !
Jusqu’à ce qu’une larme aux bords de ta paupière,
De son nuage errant te cachant la lumière,
Vienne baigner tes yeux,
Comme on voit, au réveil d’une charmante aurore,
Les larmes du matin, qu’elle attire et colore,
L’ombrager dans les cieux.
Parle-moi ! Que ta voix me touche !
Chaque parole sur ta bouche
Est un écho mélodieux !
Quand ta voix meurt dans mon oreille,
Mon âme résonne et s’éveille,
Comme un temple à la voix des dieux !
Un souffle, un mot, puis un silence,
C’est assez : mon âme devance
Le sens interrompu des mots,
Et comprend ta voix fugitive,
Comme le gazon de la rive
Comprend le murmure des flots.
Un son qui sur ta bouche expire,
Une plainte, un demi-sourire,
Mon cœur entend tout sans effort :
Tel, en passant par une lyre,
Le souffle même du zéphyre
Devient un ravissant accord !
...........................
Pourquoi sous tes cheveux me cacher ton visage ?
Laisse mes doigts jaloux écarter ce nuage :
Rougis-tu d’être belle, ô charme de mes yeux ?
L’aurore, ainsi que toi, de ses roses s’ombrage.
Pudeur ! honte céleste ! instinct mystérieux,
Ce qui brille le plus se voile davantage ;
Comme si la beauté, cette divine image,
N’était faite que pour les cieux !
Tes yeux sont deux sources vives
Où vient se peindre un ciel pur,
Quand les rameaux de leurs rives
Leur découvrent son azur.
Dans ce miroir retracées,
Chacune de tes pensées
Jette en passant son éclair,
Comme on voit sur l’eau limpide
Flotter l’image rapide
Des cygnes qui fendent l’air !
Ton front, que ton voile ombrage
Et découvre tour à tour,
Est une nuit sans nuage
Prête à recevoir le jour ;
Ta bouche, qui va sourire,
Est l’onde qui se retire
Au souffle errant du zéphyr,
Et, sur ces bords qu’elle quitte,
Laisse au regard qu’elle invite,
Compter les perles d’Ophyr !
Ton cou, penché sur l’épaule,
Tombe sous son doux fardeau,
Comme les branches du saule
Sous le poids d’un passereau ;
Ton sein, que l’oeil voit à peine
Soulevant à chaque haleine
Le poids léger de ton cœur,
Est comme deux tourterelles
Qui font palpiter leurs ailes
Dans la main de l’oiseleur.
Tes deux mains sont deux corbeilles
Qui laissent passer le jour ;
Tes doigts de roses vermeilles
En couronnent le contour.
Sur le gazon qui l’embrasse
Ton pied se pose, et la grâce,
Comme un divin instrument,
Aux sons égaux d’une lyre
Semble accorder et conduire
Ton plus léger mouvement.
........................
Pourquoi de tes regards percer ainsi mon âme ?
Baisse, oh ! baisse tes yeux pleins d’une chaste flamme :
Baisse-les, ou je meurs.
Viens plutôt, lève-toi ! Mets ta main dans la mienne,
Que mon bras arrondi t’entoure et te soutienne
Sur ces tapis de fleurs.
............................................
Aux bords d’un lac d’azur il est une colline
Dont le front verdoyant légèrement s’incline
Pour contempler les eaux ;
Le regard du soleil tout le jour la caresse,
Et l’haleine de l’onde y fait flotter sans cesse
Les ombres des rameaux.
Entourant de ses plis deux chênes qu’elle embrasse,
Une vigne sauvage à leurs rameaux s’enlace,
Et, couronnant leurs fronts,
De sa pâle verdure éclaircit leur feuillage,
Puis sur des champs coupés de lumière et d’ombrage
Court en riants festons.
Là, dans les flancs creusés d’un rocher qui surplombe,
S’ouvre une grotte obscure, un nid où la colombe
Aime à gémir d’amour ;
La vigne, le figuier, la voilent, la tapissent,
Et les rayons du ciel, qui lentement s’y glissent,
Y mesurent le jour.
La nuit et la fraîcheur de ces ombres discrètes
Conservent plus longtemps aux pâles violettes
Leurs timides couleurs ;
Une source plaintive en habite la voûte,
Et semble sur vos fronts distiller goutte à goutte
Des accords et des pleurs.
Le regard, à travers ce rideau de verdure,
Ne voit rien que le ciel et l’onde qu’il azure ;
Et sur le sein des eaux
Les voiles du pêcheur, qui, couvrant sa nacelle,
Fendent ce ciel limpide, et battent comme l’aile
Des rapides oiseaux.
L’oreille n’entend rien qu’une vague plaintive
Qui, comme un long baiser, murmure sur sa rive,
Ou la voix des zéphyrs,
Ou les sons cadencés que gémit Philomèle,
Ou l’écho du rocher, dont un soupir se mêle
À nos propres soupirs.
.....................
Viens, cherchons cette ombre propice
Jusqu’à l’heure où de ce séjour
Les fleurs fermeront leur calice
Aux regards languissants du jour.
Voilà ton ciel, ô mon étoile !
Soulève, oh ! soulève ce voile,
Éclaire la nuit de ces lieux ;
Parle, chante, rêve, soupire,
Pourvu que mon regard attire
Un regard errant de tes yeux.
Laisse-moi parsemer de roses
La tendre mousse où tu t’assieds,
Et près du lit où tu reposes
Laisse-moi m’asseoir à tes pieds.
Heureux le gazon que tu foules,
Et le bouton dont tu déroules
Sous tes doigts les fraîches couleurs !
Heureuses ces coupes vermeilles
Que pressent tes lèvres, pareilles
Aux frelons qui tètent les fleurs !
Si l’onde des lis que tu cueilles
Roule les calices flétris,
Des tiges que ta bouche effeuille
Si le vent m’apporte un débris,
Si ta bouche qui se dénoue
Vient, en ondulant sur ma joue,
De ma lèvre effleurer le bord ;
Si ton souffle léger résonne,
Je sens sur mon front qui frissonne
Passer les ailes de la mort.
Souviens-toi de l’heure bénie
Où les dieux, d’une tendre main,
Te répandirent sur ma vie
Comme l’ombre sur le chemin.
Depuis cette heure fortunée,
Ma vie à ta vie enchaînée,
Qui s’écoule comme un seul jour,
Est une coupe toujours pleine,
Où mes lèvres à longue haleine
Puisent l’innocence et l’amour.
Ah ! lorsque mon front qui s’incline
Chargé d’une douce langueur,
S’endort bercé sur ta poitrine
Par le mouvement de ton cœur...
.............................
Un jour, le temps jaloux, d’une haleine glacée,
Fanera tes couleurs comme une fleur passée
Sur ces lits de gazon ;
Et sa main flétrira sur tes charmantes lèvres
Ces rapides baisers, hélas ! dont tu me sèvres
Dans leur fraîche saison.
Mais quand tes yeux, voilés d’un nuage de larmes,
De ces jours écoulés qui t’ont ravi tes charmes
Pleureront la rigueur ;
Quand dans ton souvenir, dans l’onde du rivage
Tu chercheras en vain ta ravissante image,
Regarde dans mon cœur !
Là ta beauté fleurit pour des siècles sans nombre ;
Là ton doux souvenir veille à jamais à l’ombre
De ma fidélité,
Comme une lampe d’or dont une vierge sainte
Protège avec la main, en traversant l’enceinte,
La tremblante clarté.
Et quand la mort viendra, d’un autre amour suivie,
Éteindre en souriant de notre double vie
L’un et l’autre flambeau,
Qu’elle étende ma couche à côté de la tienne,
Et que ta main fidèle embrasse encor la mienne
Dans le lit du tombeau.
Ou plutôt puissions-nous passer sur cette terre,
Comme on voit en automne un couple solitaire
De cygnes amoureux
Partir, en s’embrassant, du nid qui les rassemble,
Et vers les doux climats qu’ils vont chercher ensemble
S’envoler deux à deux.
Déesse
Nous étions trente ;
Nous étions dix.
Nous étions dix.
Échos, souffles, concerts de l'onde et du feuillage !
Que seraient vos accents, vos bruits, vos mille sons,
Si le poète ému, traduisant ce langage,
N'exprimait en ses vers l'âme de vos chansons ?...
demoiselles
L’été
Le Chant des marins
La Traversée
La Chanson des colons
Québec
.
MANDEVILLE
Le Grand Testament de Villon
Li Romans du Brut.
Quand le sommeil nous arrive plus doux ?
20 vendreit mielz amer e requerre,
40
45
50 En respit mist e en purpens
55
60
65
70
75
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
130
135
140
145
150
155
160
165
170
175
185
190
195
200
205
210
215
220
225
230
235 Chescuns des nuns bien i afiert,
240 ne plus ne vus en cunterai.
te Deum
15 août
Le Conservateur littéraire, 15 avril 1820.]
statu quo
__Son avis est le Tien, pas, chérie ? C’est le seul !
ES
L’arbre n’agita pas une branche.
XIX
1895.
Mais gloire aux cathédrales !
Avec leur forêt d’énormes piliers
Ce sont des cités au-dessus des villes,
De l’aumône, au fond des sébiles,
Sous leurs porches hospitaliers.
Humblement agenouillées
Les églises et les chapelles
Des couvents,
Tout au loin vers elles
En joyeuses vassales ;
Voyez dans le nuage blanc
Ceux-là qui dressèrent la tour
Avec ses quatre rangs d’ouïes
Ceux qui bâtirent la muraille,
Tous ceux dont les doigts ciselèrent
Ceux qui semèrent de fleurs vives
Et vous, doigts qui semiez
Chaque jour encor faites s’éveiller
La rosace, immortelle rose
Que nul vent ne vient effeuiller !
Des tabernacles
De l’amour !
Vous qui voyez, ô souveraines,
La ville à vos genoux courber ses toits !
Vous dont les beaux pieds sont de marbre pur !
Vous dont les voiles
Sont d’azur !
Vous dont la couronne est d’étoiles !
Vous êtes belles sans orgueil !
Qui conduisent au bord du ciel,
Ô magnifiques cathédrales,
Les nefs aux silences amis,
Ce que disent les cathédrales,
Soit qu’au peuple, autour d’un cercueil,
Un orgue aux ondes sépulcrales
Soit que la foule autour des tables
S’y presse aux repas délectables,
Soit qu’un prêtre vêtu de blanc
Y rayonne au fond de sa chaise,
Heureux le cœur qui l’écoute en tremblant !
Heureux celui qui vous écoute,
Ô cathédrales, je vous vois
D’invisibles ris sont largués,
Une vigie est sur la hune,
Car immobiles, vous voguez,
Car c’est en vous que je vois l’arche
Et vous bravez tous les désastres.
Allez, vous êtes la figure
Vivante de l’humanité ;
Mène au port de l’éternité.
La regardait venir à lui
Elle avançait et s’approchait
De celui qui marchait ;
Qui barraient la contrée
Le gagner à leur tour,
Il entrait dans la pierre
Creusée immensément et pénétrée
Victorieusement, n’a retenti en toi !
— Canons, chevaux, drapeaux, soldats —
Mais eux
Prenant ses rosaces pour cibles
Braquent vers lui leur feu terrible.
Il n’est pignon, il n’est muraille,
Les tours, les grandes tours,
Sont cernés à leur tour,
D’une ceinture de tonnerres :
Alors,
Est brusquement broyé sous le piétinement
Du plus rageur des sacrilèges.
Québec, 27 décembre 1860.
À Francis Jammes
Béhic
Sweet Home
À Rudyard Kipling
park du palais s’émeut le tennis ground
Eden Garden
Red Road
À M. P. Bons d’Anty
tiffin
bill payé, je me dirige vers le wharf
À la mémoire de Laura Lopez
Goyaves
Gros-Morne
Jeune Créole
À Léon-Paul Fargue
Ville de Pernambuco
Regrettez-vous le temps où le ciel sur la terre
Marchait et respirait dans un peuple de dieux
Où Vénus Astarté, fille de l’onde amère... ? »
À Henry de Bruchard
À Ruben Dario
À Gabriel Fabre
À Francis Jourdain
À Auguste Brunet
Çà
Dans
Voilà
Que tout le ciel contemple,
Sur les marches du temple ;
Ô divine accouchée,
Sous la roche penchée ;
L’adorant la première,
Être fait de lumière ;
À la nuit de la tombe
Des ailes de colombe,
Dont tressaillent les cordes,
Et de miséricordes ;
Doucement importune,
Le croissant de la lune ;
Le cortège de Vierges,
Étoile par les cierges.
Les cantiques en flammes,
Et tes larmes des femmes ;
Luisait sous mes paupières,
L’échelle des prières
Aux pentes du Parnasse ;
Et mis dans votre nasse
Mis les cloches en joie,
Le velours et la soie !
Pour couper votre robe !
J’émaillerais le globe !
Planant sur nos désastres,
Son soleil et ses astres !
Et qui sont des orfèvres !
Moins vermeils que vos lèvres ;
Ni le marchand notable,
Ses jambes sur la table
Nul trésor dans mon coffre,
De bon cœur je vous offre.
La couleur en est franche,
C’est la chasteté blanche,
Fleur du cœur, non du bouge,
Et la charité rouge.
De la science avare,
L’amour de ce fruit rare ;
Je ne suis pas du temple,
À tous que son exemple.
Un peuple qu’il relève
Dire ce que je rêve.
Aimez, l’amour allège ;
Comme un lys dans la neige !
L’on cueille sous son aile,
C’est la fleur éternelle.
Pauvres cœurs que nous sommes !
Et l’amour fuit les hommes !
Et dans notre mémoire,
Son affreuse aile noire ;
Tant de poignards avides ;
Sont des sépulcres vides.
Sur la foule futile ;
De ma vie inutile.
Pour sa sainte querelle,
Est étrangement belle ;
Et que sa joue est pleine ;
Au milieu de la plaine ;
Ainsi que les pleurs lâches ;
Que, pour de nobles tâches,
Comme un arc qui s’anime,
Sa tête magnanime ;
Et que sa lèvre est grasse,
L’autre nom de la grâce ;
Jusqu’à rompre l’écorce ;
L’autre nom de la force ;
Et que le mal recule
La compagne d’Hercule.
Ô vierge catholique !
Au mal mélancolique ;
Ces sœurs sont exilées ;
Avec des voix ailées !
Sous le ciel noir qui gronde,
Comme un noyé dans l’onde !
De la vie et de l’âme,
Pieuse de la femme,
A balayé ces roses,
Sont repus et moroses ;
De l’âme qui décline,
Comme une ombre orpheline.
De notre temps qui souffre,
Dévoré par le gouffre ?
Et les yeux pleins de flammes,
Lui seul prendra les âmes ;
Noirs de gloire usurpée,
La parole et l’épée ;
Il fera pour l’Église
Sous la main de Moïse.
Incertain de la foule,
Du siècle qui s’écroule,
D’un front lourd de conquêtes,
Que frappent deux baguettes ;
D’éloquente frottée,
À la lave irritée,
Le glaive à lame amère
Du forgeron Homère,
Dont la gloire est jalouse,
Aux pieds de Charles douze ;
De l’amour qui féconde,
Pour transformer le monde.
1896.
XL
Leurs dents claquent.
Sources
Veuve
Bis.
Bis.
LES HIÈRODOULES
Divine fleur, se pose
Toi, l’immortelle Amante
L’odeur des plantes grasses,
Ainsi que des fantômes,
Traîne en odeurs subtiles
L’éternelle semence
Dans les brises fidèles,
Et, comme d’anciens prêtres,
INVOCATION
Dans les cieux calmés,
Les désirs pâmés.
Les sourds tympanons,
Qui forment tes noms.
Au souffle d’Asshour,
D’extase et d’amour.
CONJURATION
Des rites singuliers,
Frémiront sous tes pas.
Et palpitantes d’or !
Vos bras blancs et vos robes d’or.
S’envolent avec les corbeaux.
Tournoyant en joyeux essaim.
De sa sandale aux durs talons.
S’allume pour tes encensoirs.
Pour lui seul s’ouvriront tes bras.
Sur les marches du firmament.
Qui venait de vendre son fonds,
« Non ! et j’vas vous raconter comme :
Sur un écueil battu par la vague plaintive,
Le nautonier de loin voit blanchir sur la rive
Un tombeau près du bord par les flots déposé;
Le temps n’a pas encor bruni l’étroite pierre,
Et sous le vert tissu de la ronce et du lierre
On distingue... un sceptre brisé!
Ici gît... point de nom!... demandez à la terre!
Ce nom? il est inscrit en sanglant caractère
Des bords du Tanaïs au sommet du Cédar,
Sur le bronze et le marbre, et sur le sein des braves,
Et jusque dans le cœur de ces troupeaux d’esclaves
Qu’il foulait tremblants sous son char.
Depuis ces deux grands noms qu’un siècle au siècle annonce,
Jamais nom qu’ici-bas toute langue prononce
Sur l’aile de la foudre aussi loin ne vola.
Jamais d’aucun mortel le pied qu’un souffle efface
N’imprima sur la terre une plus forte trace,
Et ce pied s’est arrêté là!...
Il est là!... sous trois pas un enfant le mesure!
Son ombre ne rend pas même un léger murmure!
Le pied d’un ennemi foule en paix son cercueil!
Sur ce front foudroyant le moucheron bourdonne,
Et son ombre n’entend que le bruit monotone
D’une vague contre un écueil!
Ne crains rien, cependant, ombre encore inquiète,
Que je vienne outrager ta majesté muette.
Non. La lyre aux tombeaux n’a jamais insulté.
La mort fut de tout temps l’asile de la gloire.
Rien ne doit jusqu’ici poursuivre une mémoire.
Rien!... excepté la vérité!
Ta tombe et ton berceau sont couverts d’un nuage,
Mais pareil à l’éclair tu sortis d’un orage!
Tu foudroyas le monde avant d’avoir un nom!
Tel ce Nil dont Memphis boit les vagues fécondes
Avant d’être nommé fait bouilloner ses ondes
Aux solitudes de Memnom.
Les dieux étaient tombés, les trônes étaient vides;
La victoire te prit sur ses ailes rapides
D’un peuple de Brutus la gloire te fit roi!
Ce siècle, dont l’écume entraînait dans sa course
Les mœurs, les rois, les dieux... refoulé vers sa source,
Recula d’un pas devant toi!
Tu combattis l’erreur sans regarder le nombre;
Pareil au fier Jacob tu luttas contre une ombre!
Le fantôme croula sous le poids d’un mortel!
Et, de tous ses grands noms profanateur sublime,
Tu jouas avec eux, comme la main du crime
Avec les vases de l’autel.
Ainsi, dans les accès d’un impuissant délire
Quand un siècle vieilli de ses mains se déchire
En jetant dans ses fers un cri de liberté,
Un héros tout à coup de la poudre s’élève,
Le frappe avec son sceptre... il s’éveille, et le rêve
Tombe devant la vérité!
Ah! si rendant ce sceptre à ses mains légitimes,
Plaçant sur ton pavois de royales victimes,
Tes mains des saints bandeaux avaient lavé l’affront!
Soldat vengeur des rois, plus grand que ces rois même,
De quel divin parfum, de quel pur diadème
L’histoire aurait sacré ton front!
Gloire! honneur! liberté! ces mots que l’homme adore,
Retentissaient pour toi comme l’airain sonore
Dont un stupide écho répète au loin le son :
De cette langue en vain ton oreille frappée
Ne comprit ici-bas que le cri de l’épée,
Et le mâle accord du clairon!
Superbe, et dédaignant ce que la terre admire,
Tu ne demandais rien au monde, que l’empire!
Tu marchais!... tout obstacle était ton ennemi!
Ta volonté volait comme ce trait rapide
Qui va frapper le but où le regard le guide,
Même à travers un cœur ami!
Jamais, pour éclaircir ta royale tristesse,
La coupe des festins ne te versa l’ivresse;
Tes yeux d’une autre pourpre aimaient à s’enivrer!
Comme un soldat debout qui veille sous les armes,
Tu vis de la beauté le sourire ou les larmes,
Sans sourire et sans soupirer!
Tu n’aimais que le bruit du fer, le cri d’alarmes!
L’éclat resplendissant de l’aube sur tes armes!
Et ta main ne flattait que ton léger coursier,
Quand les flots ondoyants de sa pâle crinière
Sillonnaient comme un vent la sanglante poussière,
Et que ses pieds brisaient l’acier!
Tu grandis sans plaisir, tu tombas sans murmure!
Rien d’humain ne battait sous ton épaisse armure :
Sans haine et sans amour, tu vivais pour penser :
Comme l’aigle régnant dans un ciel solitaire,
Tu n’avais qu’un regard pour mesurer la terre,
Et des serres pour l’embrasser!
....................................................
S’élancer d’un seul bon au char de la victoire,
Foudroyer l’univers des splendeurs de sa gloire,
Fouler d’un même pied des tribuns et des rois;
Forger un joug trempé dans l’amour et la haine,
Et faire frissonner sous le frein qui l’enchaîne
Un peuple échappé de ses lois!
Etre d’un siècle entier la pensée et la vie,
Emousser le poignard, décourager l’envie;
Ebranler, raffermir l’univers incertain,
Aux sinistres clarté de ta foudre qui gronde
Vingt fois contre les dieux jouer le sort du monde,
Quel rêve! et ce fut ton destin!...
Tu tombas cependant de ce sublime faîte!
Sur ce rocher désert jeté par la tempête,
Tu vis tes ennemis déchirer ton manteau!
Et le sort, ce seul dieu qu’adora ton audace,
Pour dernière faveur t’accorda cet espace
Entre le trône et le tombeau!
Oh! qui m’aurait donné d’y sonder ta pensée,
Lorsque le souvenir de te grandeur passée
Venait, comme un remords, t’assaillir loin du bruit!
Et que, les bras croisés sur ta large poitrine,
Sur ton front chauve et nu, que la pensée incline,
L’horreur passait comme la nuit!
Tel qu’un pasteur debout sur la rive profonde
Voit son ombre de loin se prolonger sur l’onde
Et du fleuve orageux suivre en flottant le cours;
Tel du sommet désert de ta grandeur suprême,
Dans l’ombre du passé te recherchant toi-même,
Tu rappelais tes anciens jours!
Ils passaient devant toi comme des flots sublimes
Dont l’oeil voit sur les mers étinceler les cimes,
Ton oreille écoutait leur bruit harmonieux!
Et, d’un reflet de gloire éclairant ton visage,
Chaque flot t’apportait une brillante image
Que tu suivais longtemps des yeux!
Là, sur un pont tremblant tu défiais la foudre!
Là, du désert sacré tu réveillais la poudre!
Ton coursier frissonnait dans les flots du Jourdain!
Là, tes pas abaissaient une cime escarpée!
Là, tu changeais en sceptre une invincible épée!
Ici... Mais quel effroi soudain?
Pourquoi détournes-tu ta paupière éperdue?
D’où vient cette pâleur sur ton front répandue?
Qu’as-tu vu tout à coup dans l’horreur du passé?
Est-ce d’une cité la ruine fumante?
Ou du sang des humains quelque plaine écumante?
Mais la gloire a tout effacé.
La gloire efface tout!... tout excepté le crime!
Mais son doigt me montrait le corps d’une victime;
Un jeune homme! un héros, d’un sang pur inondé!
Le flot qui l’apportait, passait, passait, sans cesse;
Et toujours en passant la vague vengeresse
Lui jetait le nom de Condé!...
Comme pour effacer une tache livide,
On voyait sur son front passer sa main rapide;
Mais la trace du sang sous son doigt renaissait!
Et, comme un sceau frappé par une main suprême,
La goutte ineffaçable, ainsi qu’un diadème,
Le couronnait de son forfait!
C’est pour cela, tyran! que ta gloire ternie
Fera par ton forfait douter de ton génie!
Qu’une trace de sang suivra partout ton char!
Et que ton nom, jouet d’un éternel orage,
Sera par l’avenir ballotté d’âge en âge
Entre Marius et César!
Tu mourus cependant de la mort du vulgaire,
Ainsi qu’un moissonneur va chercher son salaire,
Et dort sur sa faucille avant d’être payé!
Tu ceignis en mourant ton glaive sur ta cuisse,
Et tu fus demander récompense ou justice
Au dieu qui t’avait envoyé!
On dit qu’aux derniers jours de sa longue agonie,
Devant l’éternité seul avec son génie,
Son regard vers le ciel parut se soulever!
Le signe rédempteur toucha son front farouche!...
Et même on entendit commencer sur sa bouche
Un nom!... qu’il n’osait achever!
Achève... C’est le dieu qui règne et qui couronne!
C’est le dieu qui punit! c’est le dieu qui pardonne!
Pour les héros et nous il a des poids divers!
Parle-lui sans effroi! lui seul peut te comprendre!
L’esclave et le tyran ont tous un compte à rendre,
L’un du sceptre, l’autre des fers!
Son cercueil est fermé! Dieu l’a jugé! Silence!
Son crime et ses exploits pèsent dans la balance :
Que des faibles mortels la main n’y touche plus!
Qui peut sonder, Seigneur, ta clémence infinie?
Et vous, fléaux de Dieu! qui sait si le génie
N’est pas une de vos vertus?...
On avait d’la r’ligion naguère !
La faute à qui si c’est perdu ?
J’m’en dout’ ! mais j’sais q’pour êtr’ bien vu,
Comm’ not’ curé, yen n’a pas guère.
C’est pas un palot d’presbytère.
C’est un fort rougeaud qu’aim’ le vin ;
C’qui prouv’ que s’i’ tient au divin
I’ n’mépris’ pas non plus la terre.
aimez-vous les uns les autres !
buenos dias
Se retournant, lui dit : « C’est
Absolu, lance au poing, panache au front. »
(Suite à « Monsieur le curé dit sa messe »)
Épisode de 1870-1871.
siège
La Terre était tombée au profond de l’abîme,
L’Homme
Benedicat vos omnipotens Deus
Pater et Filius
Et Spiritus sanctus
Amen ! dit un tambour en éclatant de rire.
Novembre 1858.
Derrière une affreuse vitrine
Et la plantureuse poitrine.
De beauté plus affriolante !
Était encore somnolente.
Et, douce trotteuse en galoches,
Se liquéfiaient sous les cloches.
À des acheteuses blafardes ;
Comme un affamé dans ses hardes.
Son petit nez frôlant les croûtes,
La vermine creusait des routes.
Coulaient sur leur clayon de paille,
Sans jamais y faire ripaille.
Suintait près du Chester exsangue ;
Qu’elle essuyait d’un coup de langue.
Tout plein de charme et de hantise !
Ma chair, folle de convoitise !
Je me disais que ces miasmes,
Traquait tous mes enthousiasmes.
Soufflaient une odeur pestilente,
Je la trouvais ensorcelante !
Elle eut tout un petit manège ;
Et des bas blancs comme la neige.
L’emparadisante ingénue,
Et vis sa beauté toute nue !
Que la belle me fit l’hommage
Et ne sentait pas le fromage !
Beethoven
À l’orient du pré, dans le sol rêche
Est là, pour à toujours, qui grelotte, la bêche
Lamentable et nue ;
Sous le ciel sec, la terre sèche ;
Et rien, sinon la maigre bêche,
Latte de bois mort, latte de bois nu.
— Fais une croix sur le sol jaune
Avec la longue main,
Toi qui t’en vas, par le chemin —
La chaumière d’humidité verdâtre
Et ses deux tilleuls foudroyés
Et des cendres dans l’âtre
Et sur le mur encor le piédestal de plâtre,
Mais la Vierge tombée à terre.
— Fais une croix vers les chaumières
Avec ta longue main de paix et de lumière —
Des crapauds morts dans les ornières infinies
Et des poissons dans les roseaux
Et puis un cri toujours plus pauvre et lent d’oiseau,
Infiniment, là-bas, un cri à l’agonie.
— Fais une croix avec ta main
Pitoyable, sur le chemin —
Aux verrous rouillés des étables,
L’orde araignée, elle a tissé l’étoile de poussière ;
Et la ferme sur la rivière,
Par à travers ses chaumes lamentables,
Comme des bras aux mains coupées,
Croise ses poutres d’outre en outre.
— Fais une croix sur le demain,
Définitive, avec ta main —
Un double rang d’arbres et de troncs nus sont abattus,
Au long des routes en déroutes,
Les villages — plus même de cloches pour en sonner
Le hoquetant dies iræ
Désespéré, vers l’écho vide et ses bouches cassées.
— Fais une croix aux quatre fronts des horizons.
Car c’est la fin des champs et c’est la fin des soirs ;
Le deuil au fond des cieux tourne, comme des meules,
Ses soleils noirs ;
Et des larves éclosent seules
Aux flancs pourris des femmes qui sont mortes.
À l’orient du pré, dans le sol rêche,
Sur le cadavre épars des vieux labours,
Domine là, et pour toujours,
Plaque de fer clair, latte de bois froid,
La bêche.
Divine Comédie
Dame
La Vie nouvelle
Bice
Vie Nouvelle : — « J'eus alors une vision extraordinaire, pendant laquelle je fus témoin de choses qui me firent prendre la ferme résolution de ne plus rien dire de cette Bienheureuse
l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis
Aimer et ne plus voir
(PARADIS. — Chants 30 et 31e passim.)
whip-poor-wills
cyprière
Baudouin Bras de Fer
LE BANQUET DES GUEUX
Jusques au soir, où brûlerait tout l’horizon.
RÉDÉRODE
Parmi les plus hardis, Brédérode prit place,
Le banquet des Gueux
SAINT-AMAND
CRABBE
Ballade des chasseurs.
Un peu plus loin considérez cette alouette qui s’élève peu à peu du milieu des blés : en voltigeant en haut, elle chante si mélodieusement qu’il ne se peut mieux ; vous diriez qu’elle va en chantant boire dans les nuées.
Le Confiteor de l’infidèle éprouvé.
Le jour, le jour se lève,
Clairons, voici le jour !
Enfin, le jour se lève !
Battez la générale,
Battez, battez, tambour !
Pour le tir à la cible
Battez, battez, tambour.
Sa caresse est féline
comme le point du jour :
Pour gravir la colline
Battez, battez, tambour !
Sa caresse est câline
Comme le flot du jour :
Pour gravir la colline,
Sa caresse est énorme
Comme l’éclat du jour :
Pour les rangs que l’on forme,
Sa caresse vous touche
Comme l’onde et le feu ;
Pour tirer la cartouche,
Battez, battez un peu.
Son Baiser vous enlace
Comme l’onde et le feu :
Pour charger la culasse,
Sa Caresse se joue
Tambour, pour mettre en joue,
Sa caresse est terrible
Pour le cœur trop sensible
Battez, battez un peu.
Sa caresse est horrible,
Pour ajuster la cible,
Restez, battez un peu.
Cette Caresse efface
Tout, sacré nom de Dieu !
Pour viser bien en face,
Son approche vous glace
Comme ses feux passés :
Pour viser bien en face
Cessez.
Car l’Amour est plus belle
Que son plus bel amour :
Battez pour la gamelle,
Battez, battez tambour,
Sonnez la boute-selle,
Trompettes de l’Amour !
Pour ma belle, à la ville,
Battez, battez tambour !
Car elle est moins cruelle
Que la clarté du jour :
L’amour est plus docile
Que son plus tendre amour :
Battez, battez tambour.
Elle est plus difficile
A plier que le jour :
Pour la mauvaise ville,
Nul n’est plus difficile
A payer de retour :
Pour la guerre civile,
Pour l’amour et la charge,
Battez pour vous défendre,
Battez, battez tambour.
Amis, la terre est vaste,
En avant, le tambour.
Battez, pour l’homme brave,
Battez pour l’homme lâche,
Pour le visage pâle
Car l’Amour, c’est la guerre,
Pour écarter le doute,
Or, mourir lui ressemble :
Battez fort pour qui tremble,
Car la paix, c’est sa palme,
Battez, pour qu’elle expire,
Battez pour qui veut vivre,
Battez, la mort est belle,
La guerre est la plus large
Des portes de l’Amour :
Pour l’assaut et la charge,
Pour étouffer la plainte
Battez, battez plus fort.
L’amour est au plus brave,
La Victoire… au plus fort !
À madame Judith Mendès.
— C’est Narbonne.
L’assaut !
Il reprit :
Mais qu’importe ! es-tu pas le grand aigle
Charlemagne en riant vint à lui.
Ils refusèrent tous.
S’écria :
Va, fils ! »Le lendemain Aymery prit la ville.
Espérance et Courage !
nous nous
Un-tout-pe-tit-en-fant.
12 octobre
Paix aux humbles !
29 avril 1869
Indépendance et liberté !
Rien apprit, rien oublié.
Avenir
Mai 1862
Faust.
Aujourd’hui
AUJOURD’HUI
Les bras des longs canaux que le couchant fait d’or
Que chante au pays vert, la tour de Notre-Dame.
Inque situm furtim musa trahebat opus!
XX
AU STATUAIRE DAVID
À J.-M. Fleury.
Te Deum laudamus !
— Non, dit l’arbre. Il dit : Non ! par l’étincellement
De sa tête superbe,
Que la tempête traite universellement
Comme elle fait une herbe !
AU BORD DU QUAI
Où leur amour est né
Leur proue,
Il s’en alla, par un soir d’août,
Quand la clarté se respirait
Et se buvait dans le vent fou ;
Il s’en alla, Dieu savait où ;
Mais quand il reviendrait,
De lutte rouge avec sa destinée,
Très fièrement, il lui rapporterait,
En son âme plus claire et plus profonde,
En ses deux yeux plus éblouis,
Le monde.
Or, vers le soir, un jour,
Un bruit grondant et sourd
Continûment, toujours,
Sous le dais lourd de ses fumées
Envenimées,
S’élevait d’elle et se mêlait là-bas
Au bruit des flots ardents ou las
De la mer proche.
Brusques, ainsi que des encoches,
Des sifflets durs entaillaient l’air, parfois,
Heures de paix, temps de naguère,
Avec son âme et son amour,
À l’autre bout des mers et de la terre,
Oh ! qu’elle fut tragique et sanglotante
Cette heure et cette nuit d’hiver,
Quand le cristal du miroir clair,
Si fort,
Qu’elle accueillit la mort.
Très doucement,
Et maintenant
C’est bien au bord des landes
Que le kiosque étrange et suranné
Où leur amour est né
Demeure et leur survit abandonné ;
C’est bien, au bord des landes
Où les bateaux monumentaux
Mirent dans l’or et dans la boue
Leur proue,
C’est bien là-bas, au bord des landes
Et des fleuves trouant le cœur de la Hollande.
Atthis, seule, détaillant un manuscrit.
Furtive et confuse.
Elle tresse des fleurs.
Oppressée, elle ouvre la porte, et le verger apparaît.
Elle contemple un instant les arbres en fleurs, puis se détourne avec une mélancolie croissante.
On entend la voix de Psappha qui chante :
Atthis, autrefois… »
Le chant s’éloigne et meurt peu à peu.
Songeant.
Des voix confuses s’élèvent au dehors.
Chœur des vierges :
Mêle les couleurs.
Vers Androméda. »
La voix de Psappha dans le lointain :
L’ombre de la veille.
De Timas la Morte.
Je suis éternelle. »
À
Loin
l’Atlantide
OUBLI !
Depuis
ARP
RNST.
L
Réfléchissons…
» Ou plonge…
Réfléchissons..
Par le talent ; quand, sur l’or glauque de lointaines
» Ou plonge..
Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux ;
Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
A ce massif, haï par l’ombrage frivole,
Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
La petite, naïve et ne rougissant pas :)
Cette proie, à jamais ingrate, se délivre
Sans pitié du sanglot dont j’étais encore ivre
Je tiens la reine ! O sur châtiment..
J’ai vu la finesse,
Faisons donc ici,
Le jour qu’il nous laisse,
Un prodige aussi.
Kourils prestes,
Mes bidets,
Farfadets,
Lutins lestes,
Sur deux pieds en course,
Avec cruche au bras,
Va vite à la source
Puis tu reviendras.
Servant preste,
Mon bidet,
Farfadet,
Esprit leste,
La course est si prompte,
Si prompts les retours,
Que l’eau monte, monte,
Monte au bain toujours.
Halte ! arrête !
De tes dons
Nous avons
Pleine fête.
Et, le flot à l’onde
S’ajoutant sans fin,
La maison s’inonde,
Déluge est le bain.
Vois mon signe,
Brute ! oison !
Trahison !
C’est indigne !
Pilier qui chemine,
Vilain avorton,
Pilier de cuisine
Redeviens bâton !
Qu’on te joigne
Seulement,
Garnement,
Qu’on t’empoigne !
Crac ! la perche dure
Est en deux morceaux,
Et je me rassure.....
Espoir vain et faux !
O misère !
Le second
Suit d’un bond
Son confrère,
Il vient : « Maître, maître,
« Pardonne. Je sus
« Les faire apparaître,
« Je n’en sais pas plus. »
— « Dans ton antre,
« Sans délai,
« Vil balai,
« Rentre, rentre !
Viens guider mes pas vers la tombe
Où ton rayon s’est abaissé,
Où chaque soir mon genou tombe
Sur un saint nom presque effacé.
Mais quoi! la pierre le repousse!...
J’entends!... oui! des pas sur la mousse!
Un léger souffle a murmuré;
Mon oeil se trouble, je chancelle :
Non, non, ce n’est plus toi; c’est elle
Dont le regard m’a pénétré!...
Est-ce bien toi? toi qui t’inclines
Sur celui qui fut ton amant?
Parle; que tes lèvres divines
Prononcent un mot seulement.
Ce mot que murmurait ta bouche
Quand, planant sur ta sombre couche,
La mort interrompit ta voix.
Sa bouche commence... Ah! j’achève :
Oui, c’est toi! ce n’est point un rêve!
Anges du ciel, je la revois!...
Ainsi donc l’ardente prière
Perce le ciel et les enfers!
Ton âme a franchi la barrière
Qui sépare deux univers!
Gloire à ton nom, Dieu qui l’envoie!
Ta grâce a permis que je voie
Ce que mes yeux cherchaient toujours.
Que veux-tu? faut-il que je meure?
Tiens, je te donne pour cette heure
Toutes les heures de mes jours!
Pierre et Lolotte
éclairé, cet âge utilitaire
En avant ! en avant
conseil au-dessus du précepte
plus utile
Mieux comprendre
moins sauvage
Spiritisme
l
Mammocratie
tumuli
blanche
Hosanna
L’Angleterre !
Elle s’ancrait parmi les eaux,
Fait de granit et de terre ;
Domptait les flots retentissants ;
L’Angleterre !
Brumeuse et solitaire.
Grandir encor en s’exaltant
Or, aujourd’hui,
Nul ne peut plus vivre pour lui
Seul, loin des autres.
Angleterre !
Tu l’as compris soudainement
Et c’est d’un coup
Plaçant ton cœur près de son cœur
Aux temps rouges de son malheur ;
Jadis, Lear avait fui
Et crié lui aussi
Tout le long de la mer
Sa détresse immortelle
Sur l’Océan,
Mais tout soudain
Que jamais peuple au monde
Ne nous paraît avoir voulu
Sur tes places, au coin des rues,
Et tes femmes au geste clair
Mais ta fierté fut grande en même temps
De t’être aussi superbement
Et ressaisie reniée.
Et désormais, parmi les eaux,
Son avenir
Et mourir avec vous tout près. Ainsi soit-il !
Remember me. — Oh ! pass not thou my grave
Without one thought whose relicts there recline
The Corsaire.
Ps. 90.
(Tiré de la Motion de Sapience de Jehan-le-Saulnier).
J’ai triste d’une ville en bois,
— tourne, foire de ma rancœur,
mes chevaux de bois de malheur —
j’ai triste d’une ville en bois,
j’ai mal à mes sabots de bois.
J’ai triste d’être le perdu
d’une ombre et nue et mal en place,
— mais dont mon cœur trop sait la place —
j’ai triste d’être le perdu
des places, et froid et tout nu.
J’ai triste de jours de patins
— Sœur Anne ne voyez-vous rien ? —
et de n’aimer en nulle femme ;
j’ai triste de jours de patins,
et de n’aimer en nulle femme.
J’ai triste de mon cœur en bois,
et j’ai très-triste de mes pierres,
et des maisons où, dans du froid,
au dimanche des cœurs de bois,
les lampes mangent la lumière.
Et j’ai triste d’une eau-de-vie
qui fait rentrer tard les soldats,
au dimanche ivre d’eau-de-vie,
dans mes rues pleines de soldats,
j’ai triste de trop d’eau-de-vie.
Je n’ai plus de ville, Elle est soûle,
et pleine de cœurs rénégats,
aux tavernes du Golgotha,
j’en suis triste jusqu’à la mort ;
je n’ai plus de ville, Elle est soûle.
Mon Dimanche est mort pour de bon,
dans les armoires de mes torts
mes robes ont changé de ton,
vides, les robes de ma mort
sont mortes et pour tout de bon.
Et sont mortes les bien-aimées ;
et ma seule religion,
aux huiles d’extrême-onction,
va mourir loin des bien-aimées ;
la mort meurt et les bien-aimées.
Et tout vit, pour que bien s’annule
la chair dans les robes qui brûlent,
où les baisers même sont mal ;
et tout vit pour que bien s’annule
la chair dans les robes qui brûlent.
Vierge des dimanches solaires,
des dimanches, des beaux dimanches,
aux vieux almanachs de calvaire ;
Vierge, ils s’en vont les beaux dimanches,
Vierge des dimanches solaires.
Vierge, comme vous savez rire
et sourire comme on pardonne ;
Vierge, au pauvre petit martyre
des enfantines Babylone,
Vierge comme vous savez rire.
Vierge, aux ors mats de bas-empires
mon cœur de bon chrétien se pleure,
Vierge, aussi c’est tout seul mon cœur
en ma bien-aimée que déchire
sur des fonds d’or un bas-empire,
un bas-empire où levantins
et juifs dont l’on voudrait mourir,
ont vendu les soirs, les matins,
et la bonté de votre rire,
Vierge, qui dites comment rire.
Vierge des dimanches solaires,
est-il un dimanche à venir
pour une ville de plein-air,
une douce ville à bâtir,
où, dans la vie, on pourra rire ?
Maçons de ma communion
en œuvre pour la ville-extase,
faîtes rire la blanche grâce
des églises et des maisons,
maçons de ma communion.
Maçons des mains, maçons des pieds,
levez dans mes loins terrains vagues,
la ville en rond comme une bague,
et d’enfants pleine, et de pitié,
maçons des mains, maçons des pieds.
Maçons de joie sur les échelles,
maçons tout droit dans du beau ciel,
couvrez-les, mes maisons nouvelles
de chaume blond ainsi qu’un miel,
maçons de joie sur les échelles.
Maçons très-doux, prenez la neige
pour mortier, et n’oubliez point
les bonnes madones aux coins
des ruelles où sont les miens ;
maçons très-doux, prenez la neige.
Maçons, du revers des truelles,
écrasez et juifs, et serpents ;
maçons, en beaux tabliers blancs,
bâtissez au chant des truelles,
la ville de mes trois arpents.
Or, aux ouvre-toi Sésame,
d’une ville en raccourcis,
le Grand Turc de mes mépris
m’a surpris et vendu l’âme.
Marchands d’huile de Sésame,
et juifs de honte à poils gris,
ont mis leurs doigts de mépris
à ma gorge, et sur mon âme.
Sur leur gorge et sur leur âme,
allez mes navajas bleus,
et mes arquebuses : feu !
sur leur gorge et sur leur âme ;
Dimanche ! et soit ville feue,
leur ville de mes mépris ;
doux dimanche en Jésus-Christ,
dimanche à leur ville feue;
car leurs villes et leurs femmes,
leurs villes de circoncis
m’ont surpris et vendu l’âme ;
Sésame, ouvre-toi Sésame.
L’ANCIENNE FOI
Pour qui réfléchit, sans la politique,
Avec son cœur et sa raison,
Au nom d’la conscienc’ qui n’pratique
Q’la bonn’ justice en tout’ saison,
Ces gens-là m’en veul’t’-i’ ? Null’ment.
Moi j’leur en veux pas pareill’ment :
Ça n’fait rien ! on doit s’batt’ quand même.
Par tous les parents, dans tous les pays,
La guerre est maudite autant que j’l’haïs.
Et vous verrez q’yaura plus d’guerres.
Mais, ça n’m’est pas prouvé du tout
Par les sécateurs de la guerre.
Aller et v’nir, s’bâtir un toit,
Boire et manger à son envie ;
Comm’ si, les défunts balançant
Toujours à peu près les naissants,
J’croirais plutôt, depuis des siècl’ déjà
Où tant d’mond’ partout s’égorgea,
C’est beau d’mourir pour la patrie !
Mais ça c’s’rait plus beau, ces tueries
D’mourir pour tout’ l’humanité,
fri louz » des morveux.
Mamm-goz
fri-louz ! Et je vais exterminer tes poux ! »
Esther.
Honorant mes amis des presents de ma Muse,
Dangennes, je seroy dehors de toute excuse
Dames, oyez un comte lamentable
Au tems iadis en un païs de Grece,
Luy cependant cuidant venger l’injure
Ingrate, ingrate, ô inhumaine, ô dure,
La Rose est belle, et soudain elle passe :
Le tems viendra, (si le destin te laisse
Amour tua celuy qui se repose
Quand il eut dit, une pierre il ameine
Au bruit qu’il fit frappant contre la porte,
Ce mesme jour celle femme inhumaine,
Riez, Amans, puis que cette ennemie
Regardez-les
Font le même serment :
Et qui vont se glacer.
D’un instant de bonheur ?
Vous n’échapperez pas.
Aimez donc, et mourez !
A frémi de plaisir.
Jusque dans nos transports.
Leur lien pour les cieux.
Un regard autour d’eux.
Leur pied heurte en chemin.
S’ils mouraient tout entiers ?
Et la perdre aussitôt,
Pour un être d’un jour !
Ne puissent t’émouvoir,
Tu ne les rendras plus ! »
Va s’aimer dans ton sein.
Il lui faut un demain !
Et vos destins bornés.
En face du néant.
Luiront sur vos tombeaux.
« Nous aussi nous aimons ! »
Que lui font vos bonheurs ?
Et vous laisse la mort.
Son vœu s’est accompli.
Vous jettent éperdus ;
L’Infini dans vos bras ;
Qui s’agite en vos seins.
Qui fut jadis un cœur.
Dans les âges lointains.
Et la rend à son tour.
Elle échappe déjà.
Votre éblouissement.
Le naître et le mourir,
Et pardonnez à Dieu !
Tu as voulu que je raconte en ryme
Comme Medee en sa jeunesse prime,
D’Angennes, sent du nouveau Cupidon,
Jazon déja dans le palais d’Aëte
Jazon adonc promtement affermante,
Παπαπᾶ, πλέως μέν οἴνου
Au diable !
ffroyable !
De mine,
La mine.
Décharge,
Du large !
Voir comme
En somme !
Sans crainte
L’éreinte.
Des bottes,
Ribotes.
Que baigne,
La Beigne,
Sans tête,
Es bête ! »
La boue ?
La joue ?
Viviane aux yeux pers, Merlin ou le Roi d’Ys,
De Keronar.
À vingt-deux ans.
Et tes couleurs ?
Que la beauté.
À la maison ?
N’attendez pas !…
Et du souci.
Au premier froid,
Qu’il vous fallait,
Votre bonheur !
À Keronar… —
De profundis !
hollaï
À leur souvenir !
Qui me consola ?
Rappelle-les-toi !
Chacune à son tour.
Si tu l’oubliais.
… Où planent, évaporées,
L’amour, comme les cailles, vient
Au mois prochain ?
Qui donc épousez-vous, Marie ?
Chose ou Machin ?
La vérité,
C’est que je suis mis à la porte
En plein été.
Et Messidor
Balance au vent la chevelure
Des épis d’or !
Tout reverdit,
Que vous passez devant notaire
L’acte susdit !
Mia bella,
Et je suis fou d’être sensible
À ce point-là !
Quoi ! parce qu’un barbon vous offre,
Sincère ou non,
Ses rhumatismes et son coffre
Avec son nom,
Quoi ! par désir
De s'entendre appeler madame
X… à loisir,
Échange vain !
Nos beaux appétits de faunesse
Et de Sylvain !
Non, sarpejeu !
Cet hymen n’est qu’une gageure
Et n’est qu’un jeu !
Par les sentiers
Fleuris tout le long d’asphodèle
Et d’églantiers.
Veux-tu t’asseoir ?
Sens-tu glisser sur ta frimousse
Le vent du soir ?
Et des frissons.
Et des parfums volés aux mûres
Dans les buissons.
Tristesse, émoi !
Et baisez-moi.
Je voudrais souvent m’être tu
L’AMOUR
L’hymne d’amour puissant et calme.
Des temps nouveaux tendre la palme !
Terre radieuse et féconde,
Doubla l’envergure du monde !
Pour contrepoids et pour remède.
Avec ce levier d’Archimède !
De l’œuvre civilisatrice.
De grande régénératrice !
Voit en toi l’ardente fournaise
S’élabore l’âpre genèse !
Hymne au Christ.)
Les jours de rage militaire,
L’obus précis, ardent, volant et fou,
Souffrir, gémir, crier, et tout à coup
Se déchirer, jusqu’à son cœur, la terre ?
Même l’hiver, sous le ciel blême,
Vous l’aimiez tous plus que vous-mêmes,
Que ceux qui n’étaient pas gens du pays,
Depuis toujours de père en fils,
Hélas ! ne vous pouvaient comprendre.
Renferme également,
Dites, les gens
Uniquement,
De cette cendre, sous la terre.
Vous vous tairez devant la gloire,
Plaintes et cris, sanglots et pleurs,
Extrait des Nouveaux Poèmes Épiques.
andante
Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline,
Le rouet ancien qui ronfle l’a grisée.
Lasse, ayant bu l’azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s’incline.
Un arbuste et l’air pur font une source vive
Qui suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l’oisive.
Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.
Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l’ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.
Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, au fuseau doux crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse…
Derrière tant de fleurs, l’azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.
Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir… Tu es éteinte
Au bleu de la croisée où tu filais la laine.
Azur ! C’est moi.... Je viens des grottes de la mort
Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
Et je revois les galères dans les aurores
Ressusciter de l’ombre au fil de rames d’or.
Mes solitaires mains appellent les monarques
Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs ;
Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.
J’entends les conques profondes et les clairons
Militaires rythmer le vol des avirons ;
Le chant clair des rameurs enchaîner le tumulte,
Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés
Dans leur sourire antique et que l’écume insulte
Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés.
De sa profonde mère, encor froide et fumante,
Voici qu’au seuil battu de tempêtes, la chair
Amèrement vomie au soleil par la mer,
Se délivre des diamants de la tourmente.
Vois son sourire suivre au long de ses bras blancs
De l’humide Thétys périr la pierrerie
Qu’éplore l’orient d’une épaule meurtrie ;
Et sa tresse se fraye un frisson sur ses flancs.
Le frais gravier, qu’arrose et fuit sa course agile,
Croule, creuse rumeur de soif, et le facile
Sable a bu les baisers de ses bonds puérils ;
Mais de mille regards ou perfides ou vagues,
Son œil mobile emporte, éclairant nos périls,
L’eau riante et la danse infidèle des vagues.
La lune mince verse une lueur sacrée
Toute une jupe d’un tissu d’argent léger,
Sur les bases de marbre où vient l’ombre songer
Que suit d’un char de perle une gaze nacrée.
Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Elle effeuille infinie une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux…
Est-ce vivre ?… O désert de volupté pâmée,
Où meurt le battement faible de l’eau lamée,
Usant le seuil secret des échos de cristal…
La chair confuse des molles roses commence
À frémir, si d’un cri le diamant fatal
Fêle d’un fil de jour toute la fable immense.
Un fruit de chair se baigne en quelque jeune vasque,
(Azur dans les jardins tremblants), mais hors de l’eau,
Isolant la torsade aux puissances de casque,
Luit le chef d’or que tranche à la nuque un tombeau.
Éclose la beauté par la rose et l’épingle !
Du miroir même issue où trempent ses bijoux,
Bizarres feux brisés dont le bouquet dur cingle
L’oreille abandonnée aux mots nus des flots doux.
Un bras vague inondé dans le néant limpide
Pour une ombre de fleur à cueillir vainement
S’effile, ondule, dort par le délice vide,
Si l’autre, courbé pur sous le beau firmament
Parmi la chevelure immense qu’il humecte,
Capture dans l’or simple un vol ivre d’insecte.
La princesse, dans un palais de rose pure,
Sous les murmures, sous la mobile ombre dort ;
Et de corail ébauche une parole obscure
Quand les oiseaux perdus mordent ses bagues d’or.
Elle n’écoute ni les gouttes, dans leurs chutes,
Tinter d’un siècle vide au lointain le trésor,
Ni sur la forêt vague, un vent fondu de flûtes
Déchirer la rumeur d’une phrase de cor.
Laisse, longue, l’écho rendormir la diane,
O toujours plus égale à la molle liane
Dont le bleu rythme bat tes yeux ensevelis !
Si proche de ta joue et si lente la rose
Ne va pas dissiper ce délice de plis,
Ni sur ton frais visage un rayon qui s’y pose.
Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte, le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire… parmi les fleurs obscures ;
Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies ;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune, amicale aux insensés.
Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls, parmi l’ombre douce
De ce bois intime et murmurant.
Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvés en pleurant
O mon cher compagnon de silence !
Un feu distinct m’habite, et je vois froidement
La violente vie illuminée entière…
Je ne puis plus aimer seulement qu’en dormant
Ses actes gracieux mélangés de lumière.
Mes jours viennent la nuit me rendre des regards,
Après le premier temps de sommeil malheureux ;
Quand le malheur lui-même est dans le noir épars
Ils reviennent me vivre et me donner des yeux.
Que si leur joie éclate, un écho qui m'éveille
N’a rejeté qu’un mort sur ma rive de chair,
Et mon rire étranger suspend à mon oreille,
Comme à la vide conque un murmure de mer,
Le doute, — sur le bord d’une extrême merveille,
Si je suis, si je fus, si je dors ou je veille ?
O frères ! tristes lys, je languis de beauté
Pour m’être désiré dans votre nudité,
Et vers vous, Nymphes ! nymphes, nymphes des fontaines
Je viens au pur silence offrir mes larmes vaines.
Un grand calme m’écoute, où j’écoute l’espoir.
La voix des sources change et me parle du soir ;
J’entends l’herbe d’argent grandir dans l’ombre sainte,
Et la lune perfide élève son miroir
Jusque dans les secrets de la fontaine éteinte.
Et moi ! de tout mon corps dans ces roseaux jeté,
Je languis, ô saphir, par ma triste beauté !
Je ne sais plus aimer que l’eau magicienne
Où j’oubliai le rire et la rose ancienne.
Que je déplore ton éclat fatal et pur,
Si mollement de moi fontaine environnée,
Où puisèrent mes yeux dans un mortel azur
Mon image de fleurs humides couronnée.
Hélas ! L’image est vaine et les pleurs éternels !
À travers les bois bleus et les bras fraternels,
Une tendre lueur d’heure ambigüe existe,
Et d’un reste du jour me forme un fiancé
Nu, sur la place pâle où m’attire l’eau triste…
Délicieux démon, désirable et glacé !
Voici dans l’eau ma chair de lune et de rosée,
O forme obéissante à mes vœux opposée !
Voici mes bras d’argent dont les gestes sont purs !…
Mes lentes mains dans l’or adorable se lassent
D’appeler ce captif que les feuilles enlacent,
Et je crie aux échos les noms des dieux obscurs !…
Adieu, reflet perdu sur l’onde calme et close,
Narcisse… ce nom même est un tendre parfum
Au cœur suave. Effeuille aux mânes du défunt
Sur ce vide tombeau la funérale rose.
Sois, ma lèvre, la rose effeuillant le baiser
Qui fasse un spectre cher lentement s’apaiser,
Car la nuit parle à demi-voix, proche et lointaine,
Aux calices pleins d’ombre et de sommeils légers.
Mais la lune s’amuse aux myrtes allongés.
Je t’adore, sous ces myrtes, ô l’incertaine,
Chair pour la solitude éclose tristement
Qui se mire dans le miroir au bois dormant.
Je me délie en vain de ta présence douce,
L’heure menteuse est molle aux membres sur la mousse
Et d’un sombre délice enfle le vent profond.
Adieu, Narcisse… meurs ! Voici le crépuscule.
Au soupir de mon cœur mon apparence ondule,
La flûte, par l’azur enseveli module
Des regrets de troupeaux sonores qui s’en vont.
Mais sur le froid mortel où l’étoile s’allume,
Avant qu’un lent tombeau ne se forme de brume,
Tiens ce baiser qui brise un calme d’eau fatal.
L’espoir seul peut suffire à rompre ce cristal.
La ride me ravisse au souffle qui m’exile
Et que mon souffle anime une flûte gracile
Dont le joueur léger me serait indulgent !…
Évanouissez-vous, divinité troublée !
Et toi, verse pour la lune, flûte isolée
Une diversité de nos larmes d’argent.
Un soir favorisé de colombes sublimes,
La pucelle doucement se peigne au soleil.
Aux nénuphars de l’onde elle donne un orteil
Ultime, et pour tiédir ses froides mains errantes
Parfois trempe au couchant leurs roses transparentes.
Tantôt, si d’une ondée innocente, sa peau
Frissonne, c’est le dire absurde d’un pipeau,
Flûte dont le coupable aux dents de pierrerie
Tire un futile vent d’ombre et de rêverie
Par l’occulte baiser qu’il risque sous les fleurs.
Mais presque indifférente aux feintes de ces pleurs,
Ni se divinisant par aucune parole
De rose, elle démêle une lourde auréole,
Et tirant de sa nuque un plaisir qui la tord,
Semble Jouir d’étreindre et de déduire l’or
De la lumière vue entre ses doigts limpides !
… Une feuille meurt sur ses épaules humides,
Une goutte tombe de la flûte sur l’eau,
Et le pied pur s’épeure comme un bel oiseau
Ivre d’ombre…
Si la plage penche, si
L’ombre sur l’œil s’use et pleure
Si l’azur est larme, ainsi
Au sel des dents pure affleure
La vierge fumée ou l’air
Que berce en soi puis expire
Vers l’eau debout d’une mer
Assoupie en son empire
Celle qui sans les ouïr
Si la lèvre au vent remue
Se joue à évanouir
Mille mots vains où se mue
Sous l’humide éclair de dents
Le très doux feu du dedans.
Si tu veux dénouer la forêt qui t’aère
Heureuse, tu te fonds aux feuilles, si tu es
Dans la fluide yole, à jamais littéraire
Traînant quelques soleils ardemment situés
Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse
Émue, ou pressentant l’après-midi chanté,
Selon que le grand bois trempe une longue tresse
Et mélange ta voile au meilleur de l’été.
Mais toujours près de toi que le silence livre
Aux cris multipliés de tout le brut azur,
L’ombre de quelque page éparse d’aucun livre
Tremble, reflet de voile vagabonde sur
La poudreuse chair diverse de l’eau verte
Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte.
Été, roche d’air pur, et toi, ardente ruche,
O mer ! Éparpillée en mille mouches sur
Les touffes d’une chair fraîche comme une cruche,
Et jusque dans la bouche où bourdonne l’azur,
Et toi, maison brûlante, Espace, cher Espace
Tranquille, où l’arbre fume et perd quelques oiseaux,
Où crève infiniment la rumeur de la masse
De la mer, de la marche et des troupes des eaux,
Tonnes d’odeurs, grands ronds par les races heureuses
Sur le golfe qui mange et qui monte au soleil,
Nids purs, écluses d’herbe, ombres des vagues creuses,
Bercez l’enfant ravie en un poreux accueil,
Dont les jambes, (mais l’une est fraîche et se dénoue
De la plus rose), les épaules, le sein dur,
Le bras qui se mélange à l’écumeuse joue
Brillent abandonnés autour du vase obscur
Où filtrent les grands bruits pleins de bêtes puisées
Dans les cages de feuille et les mailles de mer
Par les moulins marins et les huttes rosées
Du jour. Toute la peau dore les treilles d’air.
Anne qui se mélange au drap pâle et délaisse
Des cheveux endormis sur ses yeux mal ouverts
Mire ses bras lointains tournés avec mollesse
Sur la peau sans couleur du ventre découvert.
Elle vide, elle enfle d’ombre sa gorge lente
Et comme un souvenir pressant ses propres chairs
Une bouche brisée et pleine d’eau brûlante
Roule le goût immense et le reflet des mers.
Enfin désemparée et libre d’être fraîche,
La dormeuse déserte aux touffes de couleur
Flotte sur son lit blême, et d’une lèvre sèche,
Telle dans la ténèbre un souffle amer de fleur.
Et sur le linge où l’aube insensible se plisse,
Tombe, d’un bras de glace effleuré de carmin,
Toute une main défaite et perdant le délice
À travers ses doigts nus dénoués de l’humain.
Au hasard ! À jamais, dans le sommeil sans hommes
Pur des tristes éclairs de leurs embrassements
Elle laisse rouler les grappes et les pommes
Puissantes, qui pendaient aux treilles d’ossements,
Qui riaient, dans leur ambre appelant les vendanges,
Et dont le nombre d’or de riches mouvements
Invoquait la vigueur et les gestes étranges
Que pour tuer l’amour inventent les amants…
Ah ! plus nue et qu’imprègne une prochaine aurore,
Si l’or triste interroge un tiède contour,
Rentre au plus pur de l’ombre où le Même s’ignore,
Et te fais un vain marbre ébauché par le jour !
Laisse au pâle rayon ta lèvre violée
Mordre dans un sourire un long germe de pleur,
Masque d’âme au sommeil à jamais immolée
Sur qui la paix soudaine a trompé la douleur !
Mais suave, de l’arbre extérieur, la palme
Vaporeuse remue au delà du remords,
Et dans le feu, parmi trois feuilles, l’oiseau calme
Commence le chant seul qui réprime les morts.
… Dès l’aube, chers rayons, mon front songe à vous ceindre !
À peine il se redresse, il voit d’un œil qui dort
Sur le marbre absolu, le temps pâle se peindre,
L’heure sur moi descendre et croître jusqu’à l’or…
dit l’Aurore,
— Je réponds !… Je surgis de ma profonde absence !
Mon cœur m’arrache aux morts que frôlait mon sommeil,
Et vers mon but, grand aigle éclatant de puissance,
Il m’emporte !… Je vole au devant du soleil !
Je ne prends qu’une rose et fuis… La belle flèche
Au flanc !… Ma tête enfante une foule de pas…
Ils courent vers ma tour favorite, où la fraîche
Altitude m’appelle, et je lui tends les bras !
Monte, ô Sémiramis, maîtresse d’une spire
Qui d’un cœur sans amour s’élance au seul honneur !
Ton œil impérial a soif du grand empire
À qui ton sceptre dur fait sentir le bonheur…
Ose l’abîme !… Passe un dernier pont de roses !
Je t’approche, péril !… Orgueil plus irrité !
Ces fourmis sont à moi ! Ces villes sont mes choses,
Ces chemins sont les traits de mon autorité !
C’est une vaste peau fauve que mon royaume !
J’ai tué le lion qui portait cette peau ;
Mais encor le fumet du féroce fantôme
Flotte chargé de mort, et garde mon troupeau !
Enfin, j’offre au soleil le secret de mes charmes !
Jamais il n’a doré de seuil si gracieux !
De ma fragilité je goûte les alarmes
Entre le double appel de la terre et des cieux !
Repas de ma puissance, intelligible orgie,
Quel parvis vaporeux de toits et de forêts
Place aux pieds de la pure et divine vigie,
Ce calme éloignement d’événements secrets !
L’âme enfin sur ce faîte a trouvé ses demeures !
O de quelle grandeur, elle tient sa grandeur
Quand mon cœur soulevé d’ailes intérieures
Ouvre au ciel en moi-même une autre profondeur !
Anxieuse d’azur, de gloire consumée,
Poitrine, gouffre d’ombre aux narines de chair,
Aspire cet encens d’âmes et de fumée
Qui monte d’une ville analogue à la mer !
Soleil, soleil, regarde en toi rire mes ruches !
L’intense et sans repos Babylone bruit,
Toute rumeur de chars, clairons, chaînes de cruches
Et plaintes de la pierre au mortel qui construit.
Qu’ils flattent mon désir de temples implacables,
Les sons aigus de scie et les cris des ciseaux,
Et ces gémissements de marbres et de câbles
Qui peuplent l’air vivant de structure et d’oiseaux !
Je vois mon temple neuf naître parmi les mondes,
Et mon vœu prendre place au séjour des destins ;
Il semble de soi-même au ciel monter par ondes
Sous le bouillonnement des actes indistincts.
Peuple stupide, à qui ma puissance m’enchaîne,
Hélas ! mon orgueil même a besoin de tes bras !
Et que ferait mon cœur s’il n’aimait cette haine
Dont l’innombrable tête est si douce à mes pas ?
Plate, elle me murmure une musique telle
Que le calme de l’onde en fait de sa fureur,
Quand elle met sa force aux pieds d’une mortelle
Mais qu’elle se réserve un retour de terreur.
En vain j’entends monter contre ma face auguste
Ce murmure de crainte et de férocité :
À l’image des dieux la grande âme est injuste
Tant elle s’appareille à la nécessité !
Qu’ils sont doux à mon cœur les temples qu’il enfante
Quand tiré lentement du songe de mes seins
Je vois un monument de masse triomphante
Rejoindre dans mes yeux l’ombre de mes desseins !
Battez, cymbales d’or, mamelles cadencées,
Et roses palpitant sur ma pure paroi !
Que je m’évanouisse en mes vastes pensées,
Sage Sémiramis, enchanteresse et roi !
... « Existe !... Sois enfin toi-même ! dit l’Aurore,
Ô grande âme, il est temps que tu formes un corps !
Hâte-toi de choisir un jour digne d’éclore,
Parmi tant d’autres feux, les immortels trésors !
Déjà, contre la nuit lutte l’âpre trompette !
Une lèvre vivante attaque l’air glacé ;
L’or pur, de tout en tour, éclate et se répète,
Rappelant tout l’espace aux splendeurs du passé !
Remonte aux vrais regards ! Tire-toi de tes ombres,
Et comme du nageur, dans le plein de la mer,
Le talon tout-puissant l’expulse des eaux sombres,
Toi, frappe au fond de l’être ! Interpelle ta chair,
Traverse sans retard ses invisibles trames,
Épuise l’infini de l’effort impuissant,
Et débarasse-toi d’un désordre de drames
Qu’engendrent sur ton lit les monstres de ton sang !
J’accours de l’Orient suffire à ton caprice !
Et je te viens offrir mes plus purs aliments ;
Que d’espcae et de vent ta flamme se nourrisse !
Viens te joindee à l’éclat de mes pressentiments ! »
Or, puisqu’ils l’ont dit les grands-parents,
que mon bonheur est avec Vous ;
puisqu’ils l’ont voulu les grands-parents ;
puisqu’ils Vous ont désignée de geste,
soyez ma belle chanson de geste,
et, trop, n’ayez crainte en moi vers Vous.
Car sachez que je suis un enfant,
et que Vous êtes un peu moi-même,
comme l’avaient dit les grands-parents ;
et que j’ai plein, pour Vous, dans mon âme
d’une susceptibilité bonne,
comme seule en a fleuri Votre âme ;
et que je veux que Tu me pardonnes
pour tout le bien que je sais en moi,
moi qui veux tant que Tu me pardonnes.
Mais j’ai construit*
Et Vous serez ma belle actrice,
mon bourreau d’or et mon supplice,
et mes pinceaux et mes couleurs
à tous les panneaux de mon cœur ;
et Vous serez mon eau-de-vie
qui fait rire, au verre, la vie ;
et, de nuit, Vous serez mon songe
de femmes dans les bleues féeries
des lampes de candeur qui plongent
aux abysses des insomnies.
Mais j’ai construit une petite maison
dans les lointains dimanches où je fus seul ;
mais j’ai construit une petite maison ;
et j’ai voulu qu’il n’y fut d’autres, au seuil,
que Vous, et Votre tête, et Vos belles mains,
et Vos yeux qui semblent des ronds dans l’eau ;
et j’ai choisi, pour mon unique musique,
Votre voix qui me dira comme de l’eau,
aux dimanches où sera Votre musique ;
et j’ai trouvé de très-étranges parfums
qui deviendront Votre chair et Votre robe,
en chemin de senteur vers Vos cheveux bruns ;
Et j’ai construit une petite maison
dans tes lointains dimanches où je fus seul,
mais j’ai construit en Vous seule ma maison.
Car Vous verrez, au sang de mes veines,
une plante bien-aimée qui marche
vers mon bon cœur, et monte les marches
de tous mes bonheurs et de mes peines :
et c’est Vous qui serez cette reine,
par les silencieuses langueurs
de mes pensées changeant de couleur,
et c’est Vous qui serez cette reine ;
car Vous serez bonne de bonté
à ma grand’ville végétative,
loin des pâles féodalités
de mes seigneureries maladives.
Mais j’ai construit*
Or, loin des juifs et d’obscénité,
des juifs et du faux regard qui tente,
au dimanche de la nudité,
et loin des juifs qui voient et qui mentent,
avec Vous, j’irai songer nos corps
vers les étangs nouveaux sous les arbres,
et, loin, voir s’ils feraient bien en marbre,
dans la forêt où la Belle dort ;
ou plus doux, nous irons, en décor,
évangéliser les innocences
de la chair que nous sommes encor
dans le bon vierge de l’inscience,
en des jeux d’enfants, lénifiés
de Vos cheveux et des mains heureuses
des anges sûrs de Nos chairs dormeuses,
et de l’Animal pacifiées.
Mais joie morte, et bien plus mort dimanche,
c’est la fin d’aimer, car Vous partez ;
et jeux, c’est la mer devenue blanche
des mouchoirs d’adieux, car Vous partez ;
et c’est déjà trop tard à du soir,
et le ciel tout équivoque d’anges ;
et déjà Vous êtes comme un ange ;
car loin du toujours, loin du jamais,
c’est au pays du bleu paradis
que Vous allez planter un beau mai,
et loin du toujours, loin du jamais ;
et loin de moi qui vais bien pleurer
après Vous d’adieux au grand vaisseau lent,
d’où si loin sont, et tant adorées,
vos mains en petits pavillons blancs.
De profundis, ad te, clamavi, Domine !
Amen !
Au DAIMÔN INCONNU.
seule, assise près d’une table
Se levant agitée
Avec dépit
S’asseyant près d’un clavecin
La porte est agitée
Elle ouvre doucement.
gaiement
entrant
Il l’embrasse cavalièrement
souriant
Il s’assied sur ses genoux.
interrompant
Portant la main à son épée
gravement
Adrien frappe du pied de colère et se
promène à grands pas
avec une rage concentrée
au dehors
Tirant son épée
Il pose la main sur le verrou. Agarite lui
retient le bras.
à voix basse
toujours à la porte
agitant son épée
Elle lui arrache l’épée de la main
La brisant sur le mur
heurtant avec rage
entraînant Adrien au balcon
ouvrant et voulant cacher son désordre
entre et brise l’écrin qu’il portait
avec candeur
d’un air mignard.
Romagnat, novembre 1907.
Si l’aveugle hasard me donnait la puissance
Pour un jour, je voudrais tenir
Le glaive justicier de la sainte vengeance
Et le droit sacré de punir.
J’irais sur le cadavre épeler les tortures :
Au jour de l’expiation
Œil pour œil, dent pour dent, blessure pour blessure
L’antique loi du talion.
Et je voudrais aussi, secouant la poussière
Des siècles dans l’oubli plongés
Évoquer leur douleur muette et satisfaire
Tous les morts qu’on n’a pas vengés,
Car l’expiation est chose grande et sainte
Et corne un reproche éternel,
Les douleurs sans vengeance élèvent une plainte
Qui monte de la terre au ciel.
Et de peur qu’il fût dit que cette loi suprême
Put être oubliée une fois,
Pour absoudre le ciel, l’homme a cru que Dieu même
Dût s’immoler sur une croix.
La revanche viendra : le Jour inévitable
Des Justes expiations
Luira pour balayer une race coupable
Au vent des révolutions ;
Alors on nous dira : « La vengeance est impie,
Il faut pardonner, non punir ».
Et quand le sang versé veut du sang qui l’expie
On parlera de repentir.
Pas de grâce. Pensons à la mort de nos frères,
A tant de maux inexpiés,
Et que leur souvenir en profondes colères
Transforme les lâches pitiés ;
Pensons aux jours de sang, de pillage et de ruine,
Ou dans nos faubourg bombardés
Le canon répondait aux cris de la famine,
A nos murs de sang inondés
Le viol impur souillait les vierges sur les places,
Les morts s’entassaient par milliers
Et quand les massacreurs, dont les mains étaient lasses,
Eurent tué trois Jours entiers,
Vous couronniez leurs fronts et vos femmes si fières
Bâtaient des mains, et croyant voir
Ces cosaques maudits, chers jadis à leurs mères,
Agitaient vers eux le mouchoir.
Et puis le lendemain de la victoire impie
L’insulte et la délation,
Après l’assassinat, la lâche calomnie,
L’implacable proscription.
Corne ils ont bien d’avance absous nos représailles
Quand nos bras seront déchaînés,
Pensons aux morts : il faut de grandes funérailles
A nos frères assassinés.
Ce sera votre tour, pas de pardon, nos maîtres,
Nos représentants, nos élus,
Vil troupeau d’assassins, de lâches et de traîtres
A genoux, malheur aux vaincus !
Le jour de la justice est venu : pas de grâce,
Ni prières, ni repentirs
Ne vous empêcheront de baiser chaque place
Où coula le sang des martyrs.
Toi, l’aveugle instrument de leur froide colère,
Vis, d’exécration chargé.
Pourvu qu’à ton chevet le spectre de ton frère
Se lève, le peuple est vengé.
Vous serfs de tout pouvoir, automates stupides,
Bourreaux au meurtre condamnés
Qui tournez sans remords vos armes parricides
Contre vos frères enchaînés,
Et vous vils trafiqants, race basse et rampante.
Qi dans ces jours maudits aliez
Soulant d’or et de vin la horde rugissante
Des égorgeurs stipendiés,
Loin d’ici ! vous souillez l’air pur de la patrie.
Déjà terrible et menaçant.
Le peuple est là qi veille : oh fuyez, q’il oublie
Qe le sang seul lave le sang.
ADIEU PARIS !
LA VAGUE
LA NUIT
Le Conservateur littéraire, 12 février 1820.]
Dans un vol d’aquilons.
Les cœurs des mutilés.
Aux défilés d’Ekko,
Battant ses rondes tours.
Quatre-vingts
À ma sœur Marie.
L’HOMME
LA TERRE
Terre, je suis ton roi.
SATURNE
LE SOLEIL
SIRIUS
105
110
ALDÉBARAN
115
ARCTURUS
120
LA COMÈTE
SEPTENTRION
125
130
135
140
145
150
155
LE ZODIAQUE
160
165
170
175
LA VOIE LACTÉE
180
185
190
195
200
205
210
LES NÉBULEUSES
215
220
L’INFINI
225
DIEU
Pater et des Ave
25 février 1881.
Yet there are souls, proud Bard, who feel thee not,
Bounded and blind with but a single thought ;
Who'd tear the laurels from thine honoured brow,
And force us grovelling to their gods to bow;
Proudly thou answer'st in yet nobler strain
And shak'st the vermin from thy regal mane.
Thy fame hath been the theme of loftiest lyres,
In their rich sweil my feeble song expires,
Yet spurn not, laurelled head, the wreath I twine
Though all unworthy this poor lay of mine!
More than the rich man's gifts the orphan's mite
Found larger favour in the Man-God's sight.
I yet am young, and years may give me strength
To reach the grandeur of my aim at length;
Then will I tell thee all l've felt and feel
And all my bosom's gratitude reveal.
UNE
Jocelyn et qu'elle était Laurence
XXVIII
À l’occasion de son retour d’Europe.
Hélas ! en aucun lieu sous le soleil,
Des escadrons bondissants et vermeils.
Où face à face sont couchées
Mille troupes se surveillant
De tranchée à tranchée.
Certes un jour, l’élan et la fureur
Décideront et du vaincu et du vainqueur.
En attendant,
C’est un serpentement
On circule dans le mystère,
Et l’on attend patiemment
Que l’ennemi surpris,
Sinistrement, soit enfoui
Sous la terre éclatée.
On les subit
Et l’on bougonne :
Il est même des jours
Où l’on se sent si las, si lourd,
Et d’humeur si contraire,
Que l’on voudrait soudainement
Peu importe comment
Finir la guerre.
Devant le front, c’est les postes d’écoute
Toujours,
Quelqu’un y veille, nuit et jour.
Le cœur et l’esprit angoissés,
Et puis encor passent à ses côtés
Des patrouilles mornes et lentes.
La plaine immense :
L’ennemi veille et se répand aussi
En patrouilles mornes et lentes ;
Sitôt s’entame sans merci
Une lutte férocement exaspérée :
On s’agrippe et l’on se mord
En un farouche corps à corps ;
Des heurts, des chocs, des cris
Assourdissent ou perforent la nuit ;
Des coups pleuvent sans nombre ;
Un chien rôdeur au fond des bois, aboie
Et, blocs par blocs, des hommes choient
Ainsi,
La même guerre,
En attendant le branle-bas
Des suprêmes combats,
Et dès que le jour fuit,
La nuit
Si bien qu’aux horizons tempétueux,
Les yeux
Croient voir lutter entre eux
Et se heurter et se casser
En deux
Les astres.
Frère Jacques, frère Jacques,
Réveille-toi de ton sommeil d’hiver.
Les fins taillis sont déjà verts
Et nous voici au temps de Pâques,
Frère Jacques.
Au coin du bois morne et blémi
Où ton grand corps s’est endormi
Depuis l’automne,
L’aveugle et vacillant brouillard,
Sur les grand’routes du hasard,
Et les chênes aux rameaux noirs
Tordus de vent farouche
Ont laissé choir,
De soir en soir,
Frère Jacques,
Il a neigé durant des mois
Et sur tes mains, et sur tes doigts
Pleins de gerçures ;
Il a neigé, il a givré,
Sur ton chef pâle et tonsuré
Et dans les plis décolorés
De ta robe de bure.
Avec son deuil et son effroi,
Frère Jacques,
Hier au matin, malgré le froid,
Deux jonquilles, trois anémones
Vers toi,
Et la mésange à tête blanche,
Fragile et preste, a sautillé
Sur la branche de cornouiller
Se penche.
Et tu dors, et tu dors toujours
Au coin du bois profond et sourd,
Bien que s’en viennent les abeilles
Et que l’on voie en tourbillons
Rôder sur ta barbe rigide
Un couple clair et rapide
De papillons.
Pourtant, voici qu’à travers ton somme
Tu as vu, dès l’aube, s’en aller
Le cortège bariolé
Des cent cloches qui vont à Rome
Et leurs clochers restant
Muets et hésitants
Tu t’éveilles en écoutant
Régner de l’un à l’autre bout des champs
Le silence.
Et secouant alors
Frère Jacques, tu sonnes
D’un bras si rude et fort
À l’appel clair de tes matines.
Frère Jacques, frère Jacques,
Frères Jacques, frère Jacques,
Rude et vaillant sonneur de Pâques.
XXX
barde ailé
CALLIMAQUE, traduction de La Porte Duteil
Hernani.
Cid, tu fis le Misanthrope :
Psyché. »
Car ce forget me not
L’Abbaye du Val, novembre 1843.
Chicago, mars 1868.
Je crois !
Juin 1851.
Ce jour-là je songeais à toi !
Sous l’aile de la royauté !
pèse
La gloire de soixante rois !
croire)
Qu’il sera beau dans leur malheur ! »
Berçais le royal orphelin !
Au ciel il te faut dire adieu !
Le manteau de François premier !
Pour forcer la digue du port !
Qui va plus loin que l’échafaut.
S’envolait des mains du bourreau !
Et tes œuvres lui répondront.
Ont raillé les hommes et Dieu.
Nommait un peuple de géants.
Viens jeter ton écharpe d’or !
À ceux qui pleurent dans l’exil !
Ta vaillante épée à la main !
Que de se chauffer à leur feu.
Avec mes ongles de Breton.
Quand Louis-Philippe était roi ! »
Citry, 14 octobre 1876.
Saint-Point, près Mâcon, 9 février 1824.
carrion-crow
ajoupa
poor-will
15 mai 1838.
(Ode IX, liv. IV)
10 octobre
ALUT
Chatterton
Ile Bourbon, Octobre 1854
Chaque peuple, à son tour, ceindra le diadème.
mieux
Lundi, 27 juin 1859.
Mangez, buvez ! voici ma chair, voici mon sang !
ARENTE, REGGIO, DALMATIE et TRÉVISE
Des
envoi
Bien
envoi
envoi
Parmi
Qui
Pauvre
Notre
C’est
Du géni’ d’la Liberté.
Tartuffe
Ennemi
Plus
Pourquoi
À Mme la Comtesse Marie Krasicka.
Juillet-août 1881.
Septembre 1831.
Dorat, d’une certaine main,
Osant emprises malaisees,
Dans le pré Gregeois et Romain,
Tu triras les fleurs mieux prisees
Pour t’en lier un chapeau rond,
Ornement à ton docte front.
Autant que toy ne favorise,
Me chargeant d’un faix plus legier
Je suivray ma basse entreprise,
Sans mes nerfs lasches employer,
À ce qui les face ployer.
Les neuf Sœurs me feront la grace,
Que de me donner à mon tour,
Dorat, non la derniere place,
Entre vous qui d’un oser beau
Vous ceignez d’étranger chapeau.
Non le dernier de nos Poëtes,
Ains de pres les premiers pressant,
Les chansons que jeune j’ay saittes
Par les François je chanteray,
Et tes honneurs je ne teray.
Je ne teray qu’en mon ensance,
Au bord du chevalin ruisseau
J’allay voir des Muses la dance,
Par toy leur saint Prestre conduit
Pour estre à leurs festes instruit.
Qu’ainsi comme Apollon leur guide,
Sous tes ravissantes douceurs,
Du long de l’onde qui se ride,
Tu conduis cueillans des rameaux
En leurs lauriers tousjours nouveaux :
Deslors m’avouant pour leur prestre,
Que guarenti de tout mechef,
Fait grand depuis je devois estre :
Car puis le tems que je les vy
Autre mestier ne m’a ravy.
De l’ambition populaire,
Et dans moy s’est tapy vaincu
Tout ce qui domte le vulgaire :
Et confiant aupres de leur bien
Je n’ay depuis estimé rien.
Tout ce que le commun honore,
L’honneur et le bien tant prisé
Et tout ce que le monde adore :
Pauvre et libre j’ay mieux voulu
Poursuivre leur mestier eslu.
Jeune de ma louable emprise,
J’ay mieux voulu rendre ébahis
Ceux-là dont la voix m’autorise,
Desquels si gloire je reçoy,
La plus part, Dorat, est à toy.
D’or et d’argent, quand nostre vie
Fresle et verrine à se casser
N’en permet jouyr ? quelle envie,
Aveugles avaricieux,
Vous ronge vos cœurs vicieux ?
La pale mort triste-riante
Qui vous talonne pas à pas,
Et de tous vos biens vous absente ?
Et que porterez-vous au cercueil
Fors un miserable linceuil ?
Ne lairra pas pourrir ensemble
Quant et vous ! sur qui, ô douleur !
Un tas de vers desja s’assemble :
Mais qu’avous au monde acquesté,
Qui témoigne qu’ayez esté ?
Qui tient à mépris vos richesses :
Et jouit du bien doucereux
Qu’élargissent les neus Deesses.
Tandis que du jour jouissez
Semblables à l’or palissez.
Respit de la Parque gloutonne,
Vaincueurs malgré les ans larrons,
Nous nous tordrons une couronne,
Dont le fueillage verdissant
Pour l’âge n’ira fletrissant.
Dieudonné
Sand
Staabs
déshérité
fils de France
XXIX
J’eusse dormi, si j’avais été Dieu !
J’eusse trouvé, si j’avais été Dieu !
Rien ne fût né, si j’avais été Dieu !
J’eusse eu pitié, si j’avais été Dieu !
Que l’or est roi partout, même chez Dieu ?
J’en rougirais si je m’appelais Dieu !
Prouvant ainsi que j’étais vraiment… Dieu !
Discendum vivere mortu !
CE POÈME
FRANÇOIS BERNOUARD
quelques jours avant
l’HOMMAGE À ÉMILE VERHAEREN
organisé par
LES AMITIÉS FRANÇAISES
SAUREZ ! souvenez-vous de nous !
Il célèbre l’achèvement.
Dont ils ont l’éclair dans les yeux ;
Des cris d’immortelle douleur.
À l’éternelle vérité !
II
III
IV
L’éternel cri d’Adamastor.
Ces vers trop peu dignes de toi.
V
En dépit de tous les hasards.
De la gloire de ses enfants !
OUR
Aux fers dont on pare les lois
Etait-ce trop ?—Hélas ! j’oubliais ses malheurs,
Il est temps ! Il est temps !
Sergent
Dieu, mes enfans, vous donne un beau trépas !
le dieu tombé qui se souvient des cieux
1886
le Fils de l’Homme
Christine de Pisan — Les Cent ballades
XXXVIII
Camere
Quelqu’une des voix,
— Est-elle angélique ! —
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique :
Ces mille questions
Qui se ramifient
N’amènent, au fond,
Qu’ivresse et folie.
Terque quaterque
Et puis une voix,
Il s’agit de moi,
Vertement s’explique ;
Et chante à l’instant,
En sœur des haleines ;
D’un ton allemand,
Mais ardente et pleine :
Le monde est vicieux,
Tu dis ? tu t’étonnes ?
Vis ! et laisse au feu
L’obscure infortune…
Pluries
Tu
Ces
Toi
Si
Qui
Je
Que le corps s’engourdit,
L’idéal interdit.
Toute chose est à vous ;
Semblent soyeux & doux.
Et tout arbre son fruit.
De ce monde de bruit.
On s’éveille au tombeau.
Éteint votre flambeau.
Que soulève le vent,
Pour m’en aller rêvant.
Fraîche & riante encor !
Avec des rayons d’or !
N’était pas la clarté.
De la réalité.
Avec son dur couteau,
Vivere memento !
Résiste, espère, crois !
Vois-y luire la croix !
À la misère, au deuil.
Ne finit qu’au cercueil.
Dieu hait la lâcheté !
La bonne volonté.
Le but & le moyen.
Et te sert de soutien.
Vis & sache pourquoi !
Vis aussi par la foi !
Par le divin espoir ;
Et vis par le devoir !
Dès notre premier jour,
De son immense amour !
Que mon âme comprend.
Et le doute me prend.
Mon jeune sang qui bout.
Et je me sens à bout.
Devant l’éternité ?
Et dans l’immensité !
Pour m’adresser à toi ?
Éternel, réponds-moi !
Le
L’air
Elles
Les violettes blanches.
De violettes blanches.
De violettes blanches.
Des violettes blanches.
Dans
O sœur des violettes !
O sœur des violettes !
Vésale
À Paul Heger.
Les
Je suis hanté. L’Azur ! l’Azur ! l’Azur ! l’Azur !
Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change,
Le Poëte suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voie étrange !
Eux, comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange
Donner un sens plus pur aux mots de la tribu
Proclamèrent très haut le sortilège bu
Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange.
Du sol et de la nue hostiles, ô grief !
Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief
Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne
Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur
Que ce granit du moins montre à jamais sa borne
Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.
Ô miroir !
Eau froide par l’ennui dans ton cadre gelée,
Que de fois et pendant des heures, désolée
Des songes et cherchant mes souvenirs qui sont
Comme des feuilles sous ta glace au trou profond,
Je m’apparus en toi comme une ombre lointaine.
Mais, horreur ! des soirs, dans ta sévère fontaine,
J’ai de mon rêve épars connu la nudité !
HÉRODIADE
Je meurs !
LA NOURRICE
Madame, allez-vous donc mourir ?
Et je déteste, moi, le bel azur ! Des ondes
J’y partirais.
Et..
Et.. Maintenant ?
Et.. Maintenant ? Adieu.
De mes lèvres ! J’attends une chose inconnue
Son
Ce spectre singulier n’a pour toute toilette, Grotesquement campé sur son front de squelette, Qu’un diadème affreux sentant le carnaval. Sans éperons, sans fouet, il essouffle un cheval, Fantôme comme lui, rosse apocalyptique, Qui bave des naseaux comme un épileptique. Au travers de l’espace ils s’enfoncent tous deux, Et foulent l’infini d’un sabot hasardeux. Le cavalier promène un sabre qui flamboie Sur les foules sans nom que sa monture broie, Et parcourt, comme un prince inspectant sa maison, Le cimetière immense et froid, sans horizon, Où gisent, aux lueurs d’un soleil blanc et terne, Les peuples de l’histoire ancienne et moderne.
J’ai
J’étais
Pièce parue à la Renaissance, le 24 mai 1873.
O
(Ecrit en 1877 ou 78).
·
[1]
Écoutez bien ceci :
Bondouf [1], 5 novembre 1846.
Tes
Déesse
Cette
II
III
IV
Marie
Sur
Prolonge
Novembre 1870.
Ottawa, novembre 1866.
Pièce parue à la Renaissance Littéraire et Artistique, le 15 mars 1872, sous la signature P. Néouvielle.
II
D’ombres
L’astre fatal de la Beauté.
Je ne fus pas heureuse.
Je ne fus pas heureuse.
L’astre fatal de la Beauté,
Ta
Pièce parue à la Renaissance Littéraire et Artistique, le 30 novembre 1872, sous la signature P. Néouvielle.
C
Ils ont entendu rire ainsi.
Se sont peu à peu dispersés.
Pour le sommeil sans souvenir.
Par les enfants de leurs enfants.
Les baigne d’immortalité.
Dans la paix des enfants de Dieu !
T
Le
1875
Version sonore
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Portail
Arthur Rimbaud — Poésies
4
8Par la Nature, — heureux comme avec une femme.
Variantes
Par les beaux soirs d’été, in Lettre à Banville
Mais un amour immense entrera dans mon âme, in Lettre à Banville.
mensonge,
On
Toujours !
Rubens
Des
Garde bien ton bonheur !
La paix est dans ton cœur.
Et ta femme est un ciel ;
Pour toi n’a que du miel.
Des conquérants de l’Art,
Déployât l’étendard.
Elle mène à l’enfer.
La couronne est de fer.
Dans ce chemin glissant,
De l’Aquilon puissant !
Des serrements de mains,
Les pâles lendemains
Qui pèse au même poids
Vous met sur le pavois !
Plus âpre que la mort.
Crains de tenter le Sort !
La soif de l’inconnu.
Je t’avais prévenu.
***
Meâ culpâ !
I
Sicut Dii
II
ils reviennent
Pièce parue à la Renaissance, le 15 juin 1873.
J’ai
Vous
monuments
Québec fend au vol les eaux du Saint-Laurent.
À bord du Québec
Qui nous dira le grand secret ?
Tout, dans l’oubli, s’abîmerait ?
Comme une perte de son temps,
Compter au chagrin ses instants ;
À votre oreille vient crier ;
Si le cœur doit se renier ;
Selon le sort inattendu
Qu’un intérêt bien entendu ;
Sur toute autre chose ici-bas.
Pour ces calculs lâches & plats !
De ma couronne de douleurs ;
Embellie encor par ses pleurs !
aimer c’est la moitié de croire
Parole
Amen !
Ce
Avril 1854.
« Vers l’infini qu’il veut savoir ;
« Je traduis l’âme et je sais comme
« Crie et se tord son désespoir ;
« Mais ma fougue intense se brise
« Où sa course folle s’enlise
« Au même bord silencieux ;
« Je ne saurais jamais mieux qu’elle
« Forcer cette porte éternelle
« De ses destins mystérieux !… »
Donne-nous la force qui tient.
Jetait son or plus lumineux.
Laurence Nouveau-Manuel.
Assez écarté
En sa liberté ?
Dieux, amis de l’innocence,
Qu’ai-je fait pour mériter
Les ennuis où cette absence
Me va précipiter ?
fflffl
Recours à pleurer :
Que puis-je espérer ?
Dieux, amis de l’innocence
Me va précipiter ?
Ta douleur, du Perier
——-——
———-—
-————
——-——Avecque son mépris.
du Perier
———-—D’Archémore[2] et de lui.
———-—Lui vola son dauphin[3],
———-—Et demanda la paix[4]
[5]
———-—Il n’en faut point chercher.
n
Ô mon cher Belzébuth, je t’adore !
[3]
[4]
[6]
[7]
[8]
À l’Ictinus
JÉSUS.
Il
Ever of thee !
1861
III
IV
Hélas
Elle
Il
La ligue des enfants de Dieu.
L’e
De profundis.
Voici
Talma ! Pleurez Talma
Talma
dit-on,
Au
*
5
10
15
20
25
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Sous la voûte, sur les paliers,
Un courant d’air vaste circule,
Et douce est la fraîcheur où vous marchez,
Comme vous reposez les yeux,
Ô blancheur sombre des musées !
Ô génie, ô lent créateur,
Et sur la pierre, à la hauteur
L’œil croit voir voltiger encore
Les mains illustres du sculpteur
Alors notre cœur se rappelle
Et vous qui soupez chez les dieux,
Le long des lignes, sous la voûte
De vos temples mélodieux.
Et font, sur les lèvres hautaines
Berce-nous de tes bons murmures,
Comme une abeille d’or,
Pour la jeter en Prairial,
Grisée
Où, visiteur royal,
Car de la causerie parmi les appareils, — le sang, les fleurs, le feu, les bijoux,
Des comptes agités à ce bord fuyard,
— On voit, roulant comme une digue au delà de la route hydraulique motrice,
Mettez
Et fils du destin.
Et le pain amer.
Ont ravi ses yeux,
Les brumes du Nord.
Et fils du Destin.
Nous
Dans
Divine hirondelle ?
O pâle Procné.
Et jamais le même !
Les lèvres d’Atthis ?
Sous l’ombre des roses… »
Éranna.
L’Étrangère.
Vierge, que cherches-tu parmi nous ?
Damophyla.
Atthis.
Gorgô.
Dika.
Des gestes et des pas.
Gurinnô.
L’étrangère.
Quelle angoisse l’étreint ? Un songe de Poète ?
Psappha.
De mon vain appel.
Parmi les tourments.
Chœur.
Psappha, sans entendre, noyée dans son rêve.
À travers un songe.
Tu m’as répondu, toi, dont la cruauté
« Pourquoi sangloter mon nom ? Quelle Beauté,
Psappha, te résiste ?
« Moi, fille de Zeus, je frapperai l’orgueil
De celle qui fuit ton baiser, ô Poète !
Tu verras errer vainement sur ton seuil
Son ombre inquiète. »
Ma prompte Alliée.
L’essor des phalènes.
De mes bras vaincus.
Elle sort lentement.
Atthis, écoutant.
Et je vois son cadavre emporté par la mer…
mûres;
Souvenez-vous des humbles cimetières
Que voile aux villages voisins
Et c’est à peine si —
Comme des brebis étonnées,
Quelques maisons
Abandonnées,
Toutes fanées
Par les saisons,
Parfois de l’auvent qui le garde —
Mais l’été que l’ange envoie aux vallées,
Pour les églogues étoilées,
Et vers les rivières vermeilles,
L’été, sur un signe de Dieu,
Dont la blancheur brûle, éclatant
Pendant que le lézard entend
De la Mort, mère et reine des parfums.
Tramée avec les fils du rêve,
Sur la route où l’air pur fraîchit,
Une voix étouffée ou tendre,
Cependant, là-bas, dans les nécropoles,
Une immobile multitude
Malgré leur solitude qui s’ennuie
Ces pauvres âmes désolées,
Vers la douce époque des nids,
Sous les funéraires feuillées,
Ou quand leur commune patronne,
Ceux qui sourient d’avoir été
De gais bouviers dans la campagne,
Qu’il semble que la vie,
À ces mornes reclus
Lugubrement ravie,
Ne doive jamais plus
Monter ni redescendre
Aucun orchestre en floraison
Aucun océan soucieux
Aucun Messidor sous les cieux
Ni le soleil de ces contrées
Où son regard luit si hautain,
Qu’il semble à la stupeur physique
Que le rayon fait la musique ;
Ni lune en fleur d’aucun été,
Que la solennelle clarté
Quand, sonnant la fuite des deuils,
I
II
III
IV
V
O toi qui m'apparus dans ce désert du monde,
Habitante du ciel, passagère en ces lieux !
O toi qui fis briller dans cette nuit profonde
Un rayon d'amour à mes yeux ;
A mes yeux étonnés montre-toi tout entière,
Dis-moi quel est ton nom, ton pays, ton destin.
Ton berceau fut-il sur la terre ?
Ou n'es-tu qu'un souffle divin ?
Vas-tu revoir demain l'éternelle lumière ?
Ou dans ce lieu d'exil, de deuil, et de misère,
Dois-tu poursuivre encor ton pénible chemin ?
Ah ! quel que soit ton nom, ton destin, ta patrie,
Ou fille de la terre, ou du divin séjour,
Ah ! laisse-moi, toute ma vie,
T'offrir mon culte ou mon amour.
Si tu dois, comme nous, achever ta carrière,
Sois mon appui, mon guide, et souffre qu'en tous lieux,
De tes pas adorés je baise la poussière.
Mais si tu prends ton vol, et si, loin de nos yeux,
Sœur des anges, bientôt tu remontes près d'eux,
Après m'avoir aimé quelques jours sur la terre,
Souviens-toi de moi dans les cieux.
Du bon Ronsard !
Libres de nœuds !
D’un feu rosé.
Voler en l’air !
Du blanc peplum,
À Saint-Ybars !
D’alexandrins !
De ton beau corps,
Mieux que Duprez !
De Gavarni !
Jonchés de fleurs !
Le pantalon !
Des débardeurs !
De Brididi,
La redowa,
À Pilodo !
Chanter les flots !
Jusqu’en enfer !
De Mogador !
De marabouts !
Rose Pompon !
Par Delacroix !
D’argent et d’or,
Une forêt.
Oriental !
Pays du vin !
Boire le spleen !
Les fleurs des eaux !
Sa triste erreur !
« Des mots ! des mots ! »
Des gais rimeurs !
De Crébillon !
Mousse ébloui !
Nos vins sanglants !
Le sang d’un Dieu !
Pères des chants !
Par les baisers !
Tous les esprits !
Moule un beau sein ;
Extravagants ;
De Pétersbourg ;
D’Amaryllis ;
Sur leurs bas blancs !
Dans ses flots bleus,
De cent palais,
Le narghilé,
Son front serein,
Ces bras d’acier,
De rose en fleur,
Eussent chantés !
Janvier 1846.
LE TRAVAIL
LE FEU D’EPAVES
A LONGFELLOW
CHANSONS DU SOIR
LA VACHE
RENCONTRE
Quand
L’épouse,
Humer l'arome des fruits mûrs...
Glisse, d’éblouissant argent.
Qui me lancine jusqu’au cœur !
Et tourelles et clochetons.
Lampe des spectres et des fous,
Des grands vitraux illuminés...
A Notre-Dame qui sourit.
De nuages et de clochers.
Selon le mode rituel,
Le sourire de son Enfant.
Or paix à vous dans les lilas !
Sous les chênes enrubannés.
Par les mélèzes clair-tissus.
En ses frileux voiles d’azur...
Toute la paix de son ciel bleu...
S’infiltrent dans mon cœur.
La vitre vibre aux coups de vent,
Et la rosée et le gazon,
Et un peu plus simple de cœur...
Que l’aurore suspend aux branches.
Ainsi qu’un dais de satin bleu.
Des couronnes de marguerites.
De Kevelaer à Montaigu !
Tomber de vos deux mains ouvertes,
Mes étrennes du mois de mai.
Et nous verrons le dôme en or.
Les bancs d’ocre rouge et de fer.
Et ces yeux aveuglés d’azur.
Ce mal intime des genoux...
C’est bien encore un grand soulas.
Et donc à genoux, pèlerins !
Etre déposé par la mer
Svelte en sa robe lilas clair...
Une rose rouge à la main,
A tous les baisers du matin.
O Marjolaine, et me voici.»
« Merci, je t’aime bien aussi.»
Jacasseraient dans les palmiers,
Des roucoulements de ramiers...
Au rythme sourd des grands flots lourds,
Vivre d’amour, vivre d’amour !...
La tiède brise,
Dentellent les pelouses blanches.
Coule l’or pâle du soleil.
En jets de givre vers l’azur.
Tantum ergo
Te Deum
Son nez bleui.
En ruisseau vert.
Articulés.
Mâcher des choux.
En chapeaux bleus.
A chaque effort.
Un bouquetin.
Au front branchu.
Sonne du cor.
Et un billet.
Traînent son char.
Sur les tambours.
La tête en bas.
Le fiancé
Un sapajou.
Ce qui convient, c’est dans ton cœur une musique,
C'est une calme, c’est une douce musique,
— Harpe, triangle et flûte, — en tout temps, en tout lieu,
Qui dissuade et qui conseille sans réplique,
Pour que ton geste soit ordonné selon Dieu.
Car il faut que tu sois rythmique devant Dieu,
Comme le lis qui s’ouvre au soleil et dédie
Sa coupe immaculée en toute mélodie.
Or, pour vivre à souhait ce songe très chrétien,
C’est dans ton cœur une musique qui convient...
Très douce et par ton souffle intime modulée,
Sur tes pensers et sur tes actes déroulée,
Noyant cris et sanglots en l'hosanna du chœur,
Huile sur la tempête et baume sur la plaie
Et rangeant toute chose à sa place en ton cœur.
Ainsi tu marcheras dans la paix de ton cœur,
Et ta bouche n'aura que de bonnes paroles,
Ton front sera riant et tes yeux bénévoles,
Et tes mains ne feront pas mal aux malheureux,
Aux malades qui n’ont pas de musique en eux...
Certainement la vie a de rudes étreintes,
Elle a certainement de cruelles étreintes,
Et te fera frémir d’angoisse et grelotter...
Heureux pourtant qui de son cœur, au lieu de plaintes,
Sent une évangélique musique monter !
Que si l’impétueuse allégresse claironne,
Trop bruyamment et trop étourdiment claironne,
Il faut aussi, rétablissant l’ordre voulu,
Qu’une grave musique en sourdine bourdonne
La souveraineté calme de l'Absolu.
Et sache, ô toi fidèle à fixer l’Absolu,
Et sache sans gémir, et sache attendre l’heure
Où les harpes de la musique intérieure
Dilateront ton âme à remplir le ciel bleu
Devant l’éternité du Triangle de feu !
De grand matin les tourterelles
Roucoulent dans les bois d’aunelles...
Eperdument les tourterelles
J'ai chanté simplement comme un oiseau des bois.
J'ai modulé, selon la nuance de l’heure,
La chanson qui gazouille et la chanson qui pleure,
Et je sais que mon âme a passé dans ma voix.
Ne la méconnais pas , puisqu’elle est toute tienne,
O Sœur! et que déjà dans l'angoisse ancienne,
Dans le rêve berceur ou le fiévreux émoi,
Elle se soulevait en sanglotant vers toi.
Car elle l'attendait, ô toi qui es venue !
L'acacia en fleurs bourdonnait dans l'été...
De son premier regard elle t'a reconnue,
Car elle t'attendait depuis l'éternité.
Maintenant les oiseaux et les bonnes pensées
Peuplent le doux jardin où tu me tends les bras,
Et, comme pour combler nos âmes enlacées,
Notre-Dame a donné la lune et les lilas.
L'amour et la sagesse ont construit la demeure
A Nombre du mélèze et des acacias,
Et notre vie s’écoule au sablier de l’heure,
Aux sons divins de la Musique intérieure.
Mets ta main dans ma main et regardons fleurir
Le parterre de feu des étoiles... O Chère !
Quel que soit le secret des mondes et des sphères,
Quoi que ce soit au fond qu’on appelle mourir,
Nous savons, comme on sait les choses éternelles,
Que rien ne brisera notre union en Dieu
Et qu’au Jour immortel nous serons les deux ailes
D’un pur oiseau, planant dans les espaces bleus.
J’imagine !
La
L’habitude
défaillir nos yeux des feux dont nous brûlons
⁂
a
« Tu viens lorsque l’Azur
nourrissez
L’heure
Parmi
La Lys
À M. et à Mme Georges De Craene.
Comédie
Bleus
Son
Comme des renards ou des loups ;
Et sur sa gorge leurs genoux,
Son dernier rêve et son sommeil ;
Elle est libre pour le réveil !
Et, devant la Patrie en deuil
Comment donc ont-ils tant d’orgueil ?
Les fastes de la liberté ?
Pour confondre leur vanité ?
Aujourd’hui, peut-être demain ;
Nous devions faire un long chemin ;
A déjà sonné sur nos fronts.
Ô France, nous le pousserons !
Vivat et Te Deum !
De cet admirable édifice.
— « Il faut qu’on en finisse ? »
Pensive, elle disait : — « Je souffre ! »
La jeter dans le gouffre.
(Gloire ou gloriole, n’importe !)
Qu’elle en fût ivre-morte.
Comme cette folle en écoute,
Qui la livreraient toute.
On rebâtirait sur sa tombe
Auquel elle succombe.
Tâtonne ; mais sa voix s’enroue ;
En a fait de la boue.
Le repousse dans cette lutte,
Précipite sa chute.
Ce charnier aux terreurs funèbres,
Un lit dans les ténèbres.
Fière, superbe et si meurtrie,
Ô ma mère, ô Patrie !
D’ôter un grain aux grappes mûres.
La France est le champ de bataille !
T’avilir comme ils t’ont frappée.
En acclamant la République !
Montez
Te Deum,
Chicago, octobre 1869.
Août 1869.
Après
Les jeunes filles
Amis,
Les jeunes gens
La voici : l’amour est mortel.
N’a point d’ennemi plus cruel.
Doute et désespoir, tour à tour !
Et le plus fatal, c’est l’amour !
Qui rive au vaincu le vainqueur.
L’un l’autre, on s’y mange le cœur.
Le ciel reste sourd à nos cris ;
Ses griffes dans nos flancs meurtris.
De l’homme ardente à se jouer,
L’amour pour se perpétuer.
Indifférente à nos tourments,
Nous, ses aveugles instruments.
Du Maître imposé par le sort.
Qui n’a de terme que la mort.
Courez vers elle, elle vous fuit ;
Derrière vous qui vous poursuit.
On se rira de ta candeur.
Que ferait-elle de ton cœur !
Torture qui sait torturer !
Fais pleurer pour ne pas pleurer !
De mensonge et de trahison !
Au lieu de miel, l’âcre poison !
Bonheur, ivresse, volupté !
Inénarrable vanité !
O Mort, contre un joug détesté,
O Mort auguste, ô liberté !
j’allais dans son bain surprendre l’étourdie ?
Mais j’ai tort, ô ma sœur ! Mon âme peu chrétienne
Goths,
flingots,
Dans l’âme fraîche du printemps.
Dans l’air fait du parfum des choses.
Tout baigne et lustre sa beauté.
S’en va sur les brises lointaines !
pan !
belle au bois dormant
Allah lui parle :
⁂
La Reine Indigo,
Le Petit Ébéniste,
Donna Del lago :
de corail
En récitant des vers.
Ne troublait ce beau jour.
Refleurir dans mon cœur.
N’aime pas ! — N’aime pas !
Sous la beauté du ciel.
Tu vins et t’en allas !
Je suis seul, seul, hélas !
Tu m’as fui sans retour !
N’aura duré qu’un jour !
La pensée est ma fleur :
Qui pour toi fut mon cœur.
Nommez votre pays de ce nom : la patrie
Humanité,
nos frères !
l’honneur.
Je dis pour les cœurs ingénus
La chanson de Marthe aux pieds nus.
Les ailes vont le dire aux fleurs,
Le matin bleu rit sous les pleurs.
Ailes et fleurs sont en émoi :
Marthe est devant le fils du roi.
« La fauvette, l’œil en éveil,
Écoute et se lisse au soleil.
Marthe, aimez-moi, je sens que je vous aime.
— Oh ! monseigneur, vous en ririez vous-même. »
La tête d’un lézard surgit,
La fraise dans l’herbe rougit.
La petite bête à bon Dieu
Vole et miroite, rouge et feu.
« Qu’un seul baiser, Marthe, ici nous engage !
— Mon cher seigneur, un seul, pas davantage ! »
Sur la source, au bord du sentier,
S’effeuille une fleur d’églantier.
« Marthe, à demain, au seuil de votre porte !
— Mon doux seigneur, le ciel vous fasse escorte ! »
Est-ce un rêve ? O les tendres voix,
Qui bercent l’âme au fond des bois !
Pourquoi les angélus du soir
Sont-ils si clairs, quand fuit l’espoir ?
Qu’annoncent donc tous les matins
Les gais angélus argentins ?
L’automne endort les horizons ;
Adieu les fleurs et les chansons !
L’hiver vient, l’hiver part ; soudain
Le lilas fleurit au jardin.
L’odeur des foins en fenaison
Embaume de loin la maison.
Dans les rameaux du grand pommier,
Vole et se pose un blanc ramier.
Le crépuscule se fait gris ;
Tourne, tourne, chauve-souris !
Voici briller le soleil d’or ;
Alouette, prends ton essor !
Dans les rouges coquelicots,
Chante un coq, droit sur ses ergots.
Sur le lis, que pendant la nuit
Le vent brisa, tout le ciel luit.
Une cloche tinte là-bas ;
Est-ce la noce, est-ce le glas ?
Azurs, rayons, brises, parfums,
Ranimez les beaux jours défunts !
Brises, rayons, parfums, azur,
Rendez l’âme pure au ciel pur !
Des rameaux du pommier tremblant
S’est envolé le ramier blanc.
à la duchesse,
Au grand saint Nicolas.
Paisible elle s’est endormie
Une voile en pleine accalmie.
Sous une pierre glaciale !
Parmi l’alcôve nuptiale ;
Dans sa demeure solitaire,
A ce grand bonheur sous la terre.
Qui veillent sur les mers profondes,
Avec les chères moribondes.
Il garde ses lueurs croissantes,
Des ténèbres envahissantes.
Qui fut la moitié d’un génie
La blessure d’une agonie.
Où toute une nature altière
Elle appartient au cimetière.
Qu’un rival dans sa haine forte,
Ce triste gardien de la morte.
A bas de ce lit où se roule
A travers les flots de la foule.
Avec des phrases saccadées,
Comme à la rumeur des idées ;
Oublieux des luttes mourantes,
Et mort pour les choses vivantes ;
Lorsque de son geste sincère,
O fossoyeurs, qu’on la déterre !
L’enferma dans la bière infâme,
Car ce cadavre c’est ma femme ! »
Tandis que, la gorge oppressée,
Le délire de sa pensée.
Maître de son espoir suprême,
Il la voit, il la touche, il l’aime !
Il cherche ce corps qui fut Elle,
Que l’est une chose jumelle.
Sur sa poitrine bondissante
Car il faut bien qu’elle le sente !
— Comme une plante que ranime
Tu renaîtrais, douce victime.
Tendres et vigoureux pressée
L’existence recommencée.
A genoux devant elle nue,
Et s’enivra de cette vue ;
A rendre au sépulcre sa proie,
Oui ! mais il emporte une joie.
Sans qui le cœur s’affaisse et tombe,
De ce rendez-vous sur la tombe !
Et requiescat in pace !
Ce fut un jour de juin, devant la Polymnie,
Fume. — Il est midi. — Les tortues
Bâille, dans le sable accroupi.
Et l’on n’aperçoit plus, là-bas,
Les nègres aux cheveux de laine.
Des noirs étendus dans leurs cases,
Nourricières des bananiers ;
o
Gorge le Havre & Manchester,
Un rejeton de cannibales !
Qui chérit l’éclat blanc du linge,
S’avance d’un pas indolent.
La cuisine à la véranda,
En digérant des confitures.
Les zigzags sans fin d’une mouche,
Entre deux croissants de corail.
Filtré par les feuillages verts ;
Laissent passer des fleurs par mille.
Avec un soupir monotone ;
Ou s’étire, ingrat trop aimé !
Lancent, assoupis, des clins d’yeux
Et sur le Havanais soyeux.
Comme au Sénat le Président,
La peau jaune d’une goyave.
Mystérieux des marécages.
De contrefaire les pigeons.
Paresseuse créolement,
Et doux de sa large berceuse ;
Dans son peignoir de mousseline.
Que son sang noble est pur d’emprunts.
Obéit à son poids léger ;
A l’oreille porte une rose.
Aux grosses lèvres incarnates,
Humant sa cigarette en feu.
Elle pense à son doux ami ;
Son nègre l’évente sans trêve.
Sur les houles de l’Atlantique,
La contemple piteusement.
Sur le pont du schooner « The Fly »,
En casquette à longue visière ;
Jettent leurs ombres sur les lames,
Davis Brooks paraît soucieux.
Et s’éloigne), — ses doigts mignons
Du sein qui tremble sous l’étoffe.
La blanche miss Tilda s’égare,
Trente planteurs feront leur cour.
Jupiter pousse un cri plaintif,
Rit la mulâtresse Euphrasie ;
Et le singe roux, tout sommeille ;
L’odeur des ananas dorés.
pays,
De ton cerveau fêlé.
Cid & des Burgraves.
Point de repos pour l’âme humaine
Y soufflent leur vapeur malsaine,
Et ce n’est que de peine en peine
Qu’en flots plaintifs & tourmentés.
O mer ! que sur ta sombre face
De l’orage efface la trace
Et permet à la noire masse
Et l’y fracasse horriblement.
ISEULT.
TRISTAN.
O my dear, I love you !
Clytus arcuatus
Clytus,
Pater, les Ave,
Laisse nos deux noms sommeiller !
Je ne veux point me réveiller !
Je veux t’oublier, si je puis !
Oh ! fuis-moi comme je te fuis !
Le passé peut se ranimer !
Je t’aime, & ne veux plus t’aimer !
Notre chaîne aux anneaux d’amour !
Je souffrirais de ton retour !
Contre le souvenir vainqueur !
Ne t’amuse plus de mon cœur !
Pour te venir quand tu dis : Viens !
Que je te fuis & t’appartiens !
Tu ne peux m’aimer, laisse-moi !
Je veux me souvenir de toi !
… nec amare decebit.
Pourquoi faut-il qu’il soit venu, cet âge
Pourquoi faut-il, ô Temps, que ton outrage
M’atteigne au cœur jusque dans un baiser ?
Pourquoi faut-il que la nature amère
Qui m’interdit l’ivresse du plaisir,
Punisse encor l’émotion légère
Et jusqu’à l’ombre du désir ?
Pourquoi faut-il qu’à l’objet plein de charmes,
Dont le regard s’abaisse à m’enflammer,
Tout bas je dise en dévorant mes larmes :
Pitié ! pitié ! je ne dois plus aimer !
Un point presque effacé ?
Et la pierre prit vie, & ce fut l’Homme.
Y pensez-vous, jeune beauté !
Il faut à boire à ma gaîté.
Complotez donc avec le vin.
Je vous devrai le feu divin.
Secondez la chaleur des cieux :
Que les fruits gonflent sous vos yeux.
Cueillez vous-même, & grain à grain ;
Comme aux perles de votre écrin.
Plus qu’à mi-jambe retenus,
En bacchante, avec des pieds nus.
A vous d’en donner le dessin.
Sur le galbe de votre sein.
Pour qu’en m’abreuvant à longs traits,
Sur la forme de vos attraits.
Je serai vieux, comme à Téos
Pour avoir bu le vin d’Éros.
Alleluia
Allleluia.
Je te suis. Où veux-tu que nous allions ?
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Mais ne l’a pas décomposée.
Où le vent balaya des roses.
De la fleur qui fut son hommage.
Où tu l’as mise elle est encore.
A l’éclat tout vermeil,
Qui dormait au soleil.
Loin de moi se posa ;
Partit & l’écrasa.
Fallait-il mettre à mort
Ne m’avait fait nul tort ?
Cruelles, mais sa dent
Qu’à son corps défendant.
D’un penchant plus malin :
Mordent soir & matin.
Et dans l’ombre perdu,
Sur vous soit répandu.
Vous valez encor mieux
Du chef-d’œuvre des cieux !
Elle entra dans le cirque. En quatre bonds nerveux
« Lion ! » dit la chrétienne.
— Mais si leur fer t’atteint ?
— Mais si tu meurs ?
Qu’il l’éveilla.
antre des vals pourris,
la ville des esclaves ;
lieu des braves
« Buveur de sang ! »
La superbe de ma douleur,
Ton sourire, éternelle enfance !
Pareils à des lampes nacrées
Palpiter les ombres sacrées ;
De ta face où dort la lumière ;
De ta sombre & lourde crinière ;
Des Cieux, du Rêve & de la Vie,
Trouve sa gloire & ton pardon !
Fais-la venir.
Fais-la venir. — Jamais !
Ta fille.
Ta fille. — Elle est si jeune !
Ta fille. — Elle est si jeune ! — Obéis.
« Toi ! » dit le Khan.
La visière.
Elle dort. L’obscur artiste
Sans rien de triste.
Sous le voile des paupières,
Dans ses prières.
La chair apparaît rebelle,
Qu’elle était belle.
Ces bras, en d’étroites manches,
Leurs chaînes blanches.
Attendant une caresse,
De sa maîtresse.
Les splendeurs seigneuriales,
Des grandes salles,
D’emblématiques sculptures,
Sur les tentures.
Des gens dont la chambre est pleine,
La châtelaine ?
Les fiertés intérieures,
Un livre d’heures.
Fière de sa beauté rare,
Qui se prépare.
Celle-ci fut mise en terre.
Qu’elle ait pu faire.
Au souffle de l’infidèle,
Qu’il avait d’elle.
La chair perverse est tuée ;
Perpétuée.
Je porte en moi l’âme du Monde,
Ame mobile, âme féconde
La Terre, en qui je bois ma force,
Comme l’arbuste à frêle écorce
O misère ! La froide brume
O splendeur ! L’aube qui s’allume
Hors de moi s’enfuit quelque chose
Je sens rire en moi, blanche & rose,
Avec les grands pins que tourmentent
Soudain, mes pensers se lamentent,
Et le mot, le seul mot d’espace
Que l’hirondelle, bientôt lasse,
En toi, par toi, Monde admirable,
Je suis ta course infatigable,
Marchons. Quelqu’un doit nous attendre
Hélas ! sans jamais rien comprendre
Avec le droit — de s’enrhumer,
Sente à la chèvre,
Un perdreau — moins surpris que moi.
M’annonçait de loin la maison.
L’appelait-on Dame la Paix.
Devinait qui donnait le ton.
Elle vous criait : « Entrez donc ! »
De son zèle à vous recevoir.
C’était le Janus du devoir.
Argus
Ni les frelons de son rucher.
Les bourrades à son époux.
Parce qu’il jappe, il croit qu’il mord. »
Rit, fut vaincue, et s’en alla.
Dame la Paix
A l’étable, au fenil, au four.
Se cachaient, honteux, dans un coin.
Se traînait mourante au soleil.
Étranglant jasmins & rosiers.
Dès que la reine-abeille part.
Vient d’accoucher sans sacrement.
De peur qu’Adam ne s’endormît. »
Ruelle-au-Puits
ENVOI
. . . . . . .
Le sentier
Et si court
Cet été,
Les buissons
Attentif
Curieux
D’un larron
A l’endroit
Le souci
Mais, ma foi,
Quand les nids
Du midi
De buis verts,
Pâle encor,
Surtout un,
Du vallon ;
Et plus loin
Puis un brin
aimez-moi,
Mon bouquet,
Mais tout beau !
A l’écart,
Voulez-vous
Le carmin
Dit : « Merci ! »
C’est assez
Nous unit
Vrai ! j’ai peur
En rêvant
N’est-ce pas
A son bras,
J’aurais dû
Il fallait
Et l’amour
Que le ciel
Ma cousine est bien loin. »
La barque oisive au flot se livre ;
Et le pré n’est plus blanc de givre.
Aux Nymphes les Grâces décentes
Souffle ses forges rougissantes.
Ou de fleurs qu’Avril renouvelle,
Le bouc ou, s’il lui plaît, l’agnelle.
Et palais. — O Sextius, songe
La Nuit et les Manes-mensonge,
Les dés ne font plus de monarque,
Que la vierge déjà remarque.
Au grand air rafraîchir mes tempes,
Comme dans les vieilles estampes.
Éphémère duvet des pêches,
L’âme neuve et les lèvres fraîches.
Qui n’est bien qu’à travers le voile,
Couleur de bleuet et d’étoile.
Et ce bonheur qui vous inonde
Elle a posé sa tête blonde.
Dont l’âme si bien s’accommode :
Auprès de leur mère qui brode.
Le temps d’une aube boréale,
Et trouver l’amour idéale.
Les saintes blancheurs de mon âme.
Ce que j’ai souffert par la femme,
Comme de hideuses besognes,
Reviennent les blanches cigognes.
Je veux, libertin repentant,
Sans m’avoir jamais vu, m’attend.
Tous les soirs et tous les matins,
Ses modestes cheveux châtains.
Elle sort au bras d’un vieillard,
Innocente de son regard ;
Devant ces yeux calmes et doux,
Elle arrive à ses rendez-vous.
Préférant, pour passer le soir,
Aux sourires de son miroir.
Elle est blanche, elle a dix-sept ans,
Comme elle a l’âge du printemps.
Et, s’exhalant comme un parfum,
Et toute sa vie en est un.
Lys candide, cygne ingénu.
Quand elle m’aura reconnu,
Ma gloire et mon orgueil, et veux
Une nuit propice aux aveux.
Au fond du parc inexploré,
Et moi, je m’agenouillerai.
Comme on tient des oiseaux captifs,
Les choses des cœurs primitifs.
Mais fixant sur moi ses grands yeux
D’amour pur et religieux.
Ce que disent à demi-voix
Blanchir l’obscurité des bois.
L’ineffable vibration,
Comme une bénédiction.
Donné le baiser baptismal,
Et t’expulser, regret du mal !
L’épouvante de mon passé,
O désir vainement chassé,
Secouer enfin la langueur
Dont tu m’as saturé le cœur,
L’histrion, chanteur d’opéras,
L’épée atroce sous son bras !
D’être un morne objet d’épouvante,
Ou qu’on suit d’un regard moqueur ;
D’assister enfin, moi vivante,
Aux funérailles de mon cœur !
A l’espérance fugitive,
Aux illusions, mon trésor.
Tandis que le sourire encor
Effleurera mes lèvres roses !
Voir s’épanouir un seul jour,
De la jeunesse et de l’amour !
Dans la coupe mortelle ; … il faut
Un des esprits impérissables !…
demain ne doit plus menacer aujourd’hui.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Je t’aime !
Dites, qu’avez-vous vu ?
V
Et puis, et puis encore ?
Et puis, et puis encore ?
VII
VIII
nouveau !
FIN.
Septembre 1845.
LE FAVNE
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Assoupi de sommeils touffus.
Réfléchissons.. ou si les femmes dont tu gloses
Tacite sous les fleurs d’étincelles, CONTEZ
Que je coupais ici les creux roseaux domptés
Par le talent : quand, sur l’or glauque de lointaines
Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
Ondoie une blancheur animale au repos :
Et qu’au prélude lent où naissent les pipeaux,
Ce vol de cygnes, non ! de naïades se sauve
Ou plonge..
« Ou plonge.. »
la :
SOUVENIRS
Mon œil, trouant les joncs, dardait chaque encolure
Immortelle, qui noie en l’onde sa brûlure
Avec un cri de rage au ciel de la forêt ;
Et le splendide bain de cheveux disparaît
Dans les clartés et les frissons, ô pierreries !
J’accours ; quand, à mes pieds, s’entrejoignent (meurtries
De la langueur goûtée à ce mal d’être deux)
Des dormeuses parmi leurs seuls bras hazardeux ;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
À ce massif haï par l’ombrage frivole,
De roses tarissant tout parfum au soleil,
Où notre ébat au jour consumé soit pareil.
Mon crime, c’est d’avoir, gai de vaincre ces peurs
Traîtresses, divisé la touffe échevelée
De baisers que les dieux gardaient si bien mêlée ;
Car, à peine j’allais cacher un rire ardent
Sous les replis heureux d’une seule (gardant
Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
Se teignît à l’émoi de sa sœur qui s’allume,
» La petite naïve et ne rougissant pas :)
Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
Cette proie, à jamais ingrate se délivre
Sans pitié du sanglot dont j’étais encor ivre. »
Je tiens la reine !
Je tiens la reine ! Ô sur châtiment…
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6QUAUN COUP DE DÉS
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23QUAUNJAMAIS
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27QUAND BIEN MÊME LANCÉ DANS DES
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29QUANDCIRCONSTANCES ÉTERNELLES
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37QUAND DU FOND D’UN NAUFRAGE
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5SOIT
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8SOITblanchi étale
10SOIT
11SOITblanchi
12SOITblanchi étale
13par avance retombée d’un mal
14par avance retombée d’un mal sous une
16par avance retombée d’un mal sous une plane désespérém
18par avan
21par avance retombée d’un ma
22par avance retombée d’un mal à dress
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25par avance retombée
27
29l’ombre enfouie dans la trans
30l’ombre enfouie dans la transparence par
32l’ombre e
35l’ombre enfouie dans la
37l’ombre esa béante
1le nombre uniquLE MAÎTRE
2le nombre unique de cette cooù la m
3le nombre unique de cette co
5sur
6le nombre unique de cette confl
8le nombre unique
9le nombre unique de cette conflag
10le nombre unique de cette conflagà ses
12le nombre comme on menace un
13le nombre comme on menace un que se
14le nombre comme on menace un que
15le nombre
19le nom
20le nombre unique
21le nombre uniquepour leen reployer l’
22le nombre uniquepour le
25cadavre par le bras écarté du secre
26cadavre par le bras écarté du secrehésite
29cadavre p
30cadavre par le bras écarté
31cadavre par le bras éc
32cadavre par le bras écarté du secret qu’il
33cadavre par le bras écarté du secret qu’
35cadavre par le bra
37cadavre par le branaufrage cela
38cadavre par le branaufrage cela sans nef
39cadavre par le bras écartéque de jouer en maniaque où vaine
2ancestralement à n’ouvrir pas la m
3ancestralement à n’ouvrir pas
4ancestr
6ancestralement à n’ouvrir
7ancestralement à n’ouvrir paspar delà l’inutile t
9ancestralement à n’ouvrir à
10ancestrleg
11le vieillard vers ce
12le vieillard vers cette conjonction suprême ave
15le vicaressée et polie et rendue et l
16le vicaressée et polie et rendue et lcelui
17le vi
18le vicaressée et polie et rendue e
19le vicaressée et p
21ancestrla mer tentant par l’aïeul ou lu
22ancestrla mer tentant par l’aïeul ou luné
23ancestr
24ancestrla mer tentant p
26ancestrla mer tentant par l’aïeul ou lui contre la
27ancestrla mer ten
28ancestrla mer tendont
29ancestrla mer tendont
31ancestrla mer tendontainsi
32ancestrla mer tendontainsi
33ancestrla mer tendontainsi que le fantôme d’
37
38N’ABOLIRA
4COMME SI
6dans quelquUne simple insinuation
7dans quelque provoltige autour du gouffre sans le joncherd’ironie
8dans queenroulée à tout le silence
9dans quelque proche tourbillon d’hilaou
10dans quelque proche tourbillon d’hilarité eprécipité
11dans quelque proche tourbillon d’hilarité et d’horreur hurlé
12dans quelque proche tourbillon d’hilarité et d’horreur
14dans quelque provoltige
15dans quelque provoltige autour du gouffre
16dans quelque proche tourbillon d’hilarité etsans le joncher
17dans quelque proche tourbillon d’hilarité etsans le jonchni fuir
18dans quelque proche et en berce le vierge indice
20dans quelque proche tourbillon d’hilarité etCOMME SI
24dans quelque plume solitaire éperdue
26que la rencontre ou l’effleure usauf
28que la rencontre ou l’effleure une toque de minuit
29que la rencontre ou l’effet immobilise
30que la renau velours chiffonné par un esclaffement sombre
32que la rencontre oucette rigide blancheur
34que ldérisoire
35que la rencontre ou l’effen opposition au ciel
36que ldérisoire trop
37que la rencontre ou l’pour ne pas marquer
38que la rencontre ou l’effen opposition au cielexigüment
39que la renau velours chiffonné par un esclaffement sombrquiconque
1que ldérisoire (La s’en soucieux prince amer de l’écueil
3que ldérisoire (La s’en coiffe comme de l’héroïque
4que ldérisoire (La s’en irrésistible mais contenu
5que ldérisoire (La s’epar sa petite raison virile
6que ldérisoire (La s’epar sa petite raison virile en foudre
7que ldérisoire (La s’en soucieux
8que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubère
9que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubèmuet
12que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire etrire
14que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire etrireque
17que ldérisoire (La s’en soucieux expiatoire et pubère Si
23que ldérisoire (La lucide seigneuriale aigrette de vertige
24que ldérisoire (La lucide seigneuriale aigrette deau front invisible
25que ldérisoire (La lucide sscintille
26que ldérisoire (La lucide seigneuriapuis ombrage
28que ldérisoire une stature mignonne ténébreuse debout
29que ldérisoire uneen sa torsion de sirène
30que ldérisoire uneen sa torsion de sirène le temps
31que ldérisoire par d’impatientes squames ultde souffleter
32que ldérisoire par d’impatientes squames ultimes bifurquées
33que ldérisoire par d’impatientes squames un mystère
35que ldérisoire (La lucide seigneuriale faux roc évaporé en brumes
37que ldérisoire (La lucide seigneuriale fauxqui imposa
39que ldérisoire par d’impatientes squames ultune borne à l’infini)
1 c’était
3 sourdant que nié et cloissu stellaire
4 sourdant que nié et clos quand apparule nombre
7 sourdant que nié et clos EXISTÂT-IL
sourdant quautrement qu’hallucination éparse d’agonie
10 sourdaCOMMENÇÂT-IL ET CESSÂT-IL
sourdant que nié et clos quand apparu
sourdant que nié enfin
sourdant que nipar quelque profusion répandue en rareté
13 sourdant que nipar quelque profusion réSE CHIFFRÂT-IL
sourdantévidence de la somme pour peu qu’une
16 sourdant que nié et clos quand appaILLUMINÂT-IL
20 sourdant que nié et ce serait
sourpire
sourdant qnon
sourdant que nié davantage ni moins
sourdant que nié et clos quand apparu mais autant indifféremment
29
31 sourdant que LE HASARD
38 sourdant que nié et clos quand apparu mais autant (Choit
39 sourdant que nié et clos quand apparu mais autant (Choit la plume
1inférieurnaguères d’rhythmique
2inférieurnaguères d’rhythmiquesuspens du sinistre
4inférieur clapotis quelcons’ensevelir
6inférieurnaguères d’où sursaaux écumes orginelles
7inférieurnaguères d’où sursauta leur délire jusqu’à une cime
8inférieurnaguères d’où sursauta leurflétrie
9inférieurnaguèreen la neutralité identique du gouffre
17inférieur clapotis quelcRIEN
19inférieur cl
20inférieur clde la m
21inférieur clde la mémora
22inférieur clapotis quelconque comme pour disperser l’a
25inférieur clapotis quelconN’AURA EU LIEU
27inférieur cl
29inférieur clune élévation ordinaire QUE LE LIEU
32inférieur clapotis quelconque
33inférieur clapotis quelcon
34inférieur clapotis quelconque com
35inférieur clapotis quelconque comme
37inférieur
38inférieurdans ces parag
39inférieurdans ces paragdu vagoù toute réalité se dissout
1vefroide d’ouEXCEPTÉ
3vefroide d’oubli et selon tequant à lui aussi l
5vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
7vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
8vefroide d’oubli et selon tequant à
10vefroide d’ouEXCEPTÉPEUT-ÊTRE
11vefroide d’oubli et selon te
12vefroide d’oubli et selon telle obliquité par
13vefroide d’oubli et
14vefroide d’oubli et selon telle obliquité par telle déclivi
16vefroide d’oubli et selon
17vefroide d’oubli et selonvers
18vefroide d’oubli et selonversce
21vefroide d’oubli et selonversUNE CONSTELLATION
23ve
24vefroide d’oubli et de désuétude
25vefroide d’oubli et de d’un compte total en
26vefroide d’ou
27vefroide d’oubli et de désuétude
28vefroide d’oubli et de d’un compte total enqu’elle
29vefroide d’oubli et de
31veillant
32veillant doutant
33veillant doutant roulant
35veillant doutant roulanà quelque poi
36veillant doutant roulan
38veillant doutant roulanà
Inconnu
Grande et la Petite-Hermine
Émerillon
[1]
Saint Amand
Vaillant.
D’angoisse & de souci ?
M’accable nuit & jour.
Mais mon cœur le pressent.
J’ai peur du moindre bruit.
Dont il veut me punir ?
Sur ce temps enchanté.
Jusques au lendemain.
Fût toujours de le voir ?
Et ne négligeait rien.
Il disait : Pauvre enfant !
J’immolais mon plaisir !
Cède à la passion !
Cacha la vérité ?
Et demeurer sans voix ?
Qui montait sur nos pas ?
Par lui, pour mon départ.
Disaient : Amour, amour !
Dans son trouble charmant ?
Mes bras autour du cou.
Ce baiser confiant !
Avec sévérité.
« Jamais il n’aimera. »
Ô vous, grands cœurs meurtris !
Vous offre de plus doux,
Coulent comme les miens ?…
Qu’il me fût refusé.
Comme une fleur au vent.
Dans l’arrière-saison.
Me pressa dans ses bras.
Embaumaient ce chemin !
De son feuillage vert.
D’un réseau de vapeur.
Frangeaient le ciel de noir.
C’était lui qui venait !
Il semblait rajeuni.
Il n’avait que vingt ans !
Par le soleil couchant.
Entendre un cri joyeux.
Il parle si bien, lui !
Et le cueillit soudain :
« S’abrite au pied du mur. »
À périr par sa main.
Aux frais boutons pourprés.
En tremblant bien des fois.
Et le bonheur craintif.
« C’est un signe d’espoir ! »
À l’herbe du gazon.
Il me dit : « À ce soir ! »
Un parfum persistant.
Ruisselle entre mes doigts.
Là, j’ai tout rassemblé.
L’amour seul m’est resté.
Deux mois après ceci.
N’était pas fait pour moi.
Même devant la mort.
Mon Dieu ! non, c’est l’amour !
Enfant des mers, ne vois-tu rien là-bas ?
[2]
(Il se penche, et écoute un moment à terre.)
avec acclamations.
(Après un moment de silence. )
(Ils tombent à ses pieds.)
MICOL, JONATHAS.
dans l’obscurité, sans voir Jonathan.
(Elle tombe à genoux près de l’arche.)
(Elle se relève.)
(Avec plus d’abattement.)
s’avançant vers Micol.
s’élançant du bosquet ou il était caché.
après un moment d’égarement.
à David.
(David se retire.)
MICOL, JONATHAS, SAUL.
sortant de ses tentes.
(Un moment de silence.)
(Micol et Jonathas se retirent.)
seul.
Musa pedestris.
l'orateur inscrit
Courrier
Eyrague [1]
Abritaient des cigales,
Sous la chaleur ardente,
Nous vînmes au village,
Car elle était couchée,
Oh ! le spectacle horrible
Toutes deux oppressées,
Où tout, à ma venue,
Dont les fleurs demi-closes
Et revoir toutes choses
M’attend, menteuse ou vraie,
De partout repoussée,
Telles que deux voleuses,
J’en étais presque heureuse,
Seul, perdu dans l’espace,
La vapeur, blanche haleine
À la porte connue
Dans leurs charmes rustiques,
Pourquoi donc vos ombelles
Quelques gerbes nacrées
La porte verrouillée
Hélas ! mon humble envie
Tandis que nous deux mères
Je venais après elle,
Sans que rien les entame,
Et dans tant de journées,
Deprofundis clamavi
Veillons au salut de l’Empire
le Tigre et le Thésée
Vive la République
qui vive
CHAPITRE IV
EXPLICATIONS : LE CŒUR, LE MONDE ET L’ARGENT
HERBAUT
CHAPITRE III
LE LENDEMAIN D’UN BAL — UN SUICIDE — UN RENDEZ-VOUS
JOURNAL DES DÉBATS
REPASSEUSE
ELLE
MORTE
CHAPITRE II
FORTUNE SUBITE — UN BAL — JOIE ET DOULEUR
ABLACHE
AGLIONI
MARQUIS
LLE PENSAIT
LLE DISAIT
LA PASTOURELLE
CHAPITRE PREMIER
PORTRAITS
UNE AMIE — UN AMANT — UN ONCLE — ET DEUX RIVALES
MILLE ET UNE NUIT
RENÉ
ÉTRANGER
PAPA
CARLISTE
JUSTE-MILIEU
Ta
Impératrice
j’aime
C’est
D’un tas de proprariens
paings
deliquium
lorsqu’il ne les ont plus
Ô
honnesteté
Jadis
Vous
Venez
Il
farniente
blot
Si
Était
der on eût dit la nuit.
nous sons
der
Allez
Oh
rari-nantaise
camoufles
Ton
Or
de Thièvre
tantes
bon sens ?
in petto
J’étais
Quand
Souple
souis
Et
Comme
Un rythme aux précieux contours
De ta fière beauté,
Qui soient d’assez parfaits émaux
La grâce de tes yeux.
Le lis royal est ton valet,
Que tu ne sois pas là.
De ton visage délicat
Aux cent mille couleurs.
Que ton parler si doux sonnant
Sont jaloux de ta voix.
Toute grâce est illusion
Et te profanerait.
barrès.
sarceyen
moi
Dis-moi
D’après
dansées
Faut-il
That is the question
corset veut dire.
à la chienlit
ça
ça.
Ça
pantalon
Quoi
culotte
Ah
Tend à déchoir.
En vérité
Qui me poursuit ?
Je m’en irai,
Sans son bas noir ?
Pour son amant.
Ça fait bramer.
C’est époilant !
Ce vil bas blanc.
requiescant in pace
Dans le passé.
N’existaient pas.
Jusqu’aux talons.
Qu’en dix neuf cents.
Qui s’en fichait.
Sacré mâtin !
Vous rend dispos.
Suivre un bas blanc !…
De Montjarret.
Une
Amant volage,
De mes amis,
De créatures
Fis un salmis ;
À Trébizonde
Comme à Paris,
Les plus vulgaires
Que les houris.
Ô minotaure,
Ô vieux marcheur !
Donner mesure
Au fossoyeur.
Dans ton assiette
Fourre ton blair !
Vide ta coupe,
Dis ton Pater.
Ô Lovelace !
Ô Don Juan !
La sixième heure
À ton cadran ?
Qu’elle te trouve
Un peu vieillot,
Et des quat’z’effes,
Pauvre Hulot !
Puisque tes membres
Sont vermoulus ?
Le coq de race
Que tu n’est plus ?
Pour ta parade
Comme à London
Des omelettes
Sur ton bedon,
Que ta carcasse
A le frisson,
Ô polygame !
Ô polisson !
Avant la guerre
Un bath au pieu,
En toi l’on n’aime
Que l’ancien dieu.
Qui te rançonne
Balbutier,
D’abord tu passes
Chez ton banquier ?…
Qu’il ne se montre
Point d’horloger.
Et les punaises
À Béranger.
S’il
Un
salams
d’histoires ! »
Sur son auto-lit-piano,
Et lui dit : « Mon vieux Soprano,
De chez les Angles et les Francs,
Un œuf me coûtait mille francs.
Sans entrer dans plus de détails,
Et ce sera sur mon sérail.
— Sire, dix-sept cents. — Es-tu sûr ?
Dans le salon or et azur. »
Comme un pauvre bétail tremblant,
D’un œil stupide et somnolent.
L’une ayant un brin de jasmin
L’autre une rose dans la main.
Pour dire toutes ces Vénus.
Traduits par le docteur Mardrus.
Mais, me direz-vous en passant :
Car par malheur j’étais absent.
Et par nationalité ;
Les plus purs de l’humanité.
D’autres Vénus aux reins étroits,
Des pays chauds, des pays froids ;
Et, sans faire un plus long discours,
De quoi rendre aveugles des sourds.
Devant ces minois éplorés,
Par un froid de trente degrés.
Qu’il arrêta, comme surpris,
Parisiennes de Paris.
Puis il dit aux autres houris
« Je vous trouverai des maris.
N’étant pas de ces surhumains…
Je n’ai qu’une… tête et deux… mains. »
Ma
Si l’on en croit l’Histoire,
Fatal, obligatoire.
Chanté par nos grands-pères,
Naissaient les primevères.
Peu après le carême.
Qu’il était bien lui-même.
Sautaient comme des chèvres…
Jaillissaient de ses lèvres.
Il vous rendait ben aise.
Sous le roi Louis Seize !
Vécu sous ce règne ivre,
Que la douceur de vivre. »
C’est un affreux bonhomme,
Tout Printemps qu’il se nomme.
Qui sortent de sa bouche ;
Tressaillir sur la couche,
Le résultat des curses ;
Croyez qu’il vous précurse
Des tremblements de terre,
et cæteras
D’huissier… d’apothicaire…
Ces heures sont infâmes,
Allons donc voir les femmes.
Les chères créatures
Dans cette climature.
Malgré les cieux rebelles,
Mille et trois fois plus belles.
— Dis-je une chose énorme ? —
Mais aussi plus de « forme ».
Et quelque temps qu’il fasse,
Augmente encore en grâce.
La loi mystérieuse
De notre âme pieuse…
Avec vos temps de truies,
Prenez vos parapluies.
Chères femmes ! nos boues…
Aux roses de vos joues ?
Elle
prit
Certes
La Pêche Miraculeuse
Qui posait tour à tour
Le sacré, le profane,
Un de ces jours derniers,
Nos futures Apelles. —
Ça n’est pas défendu —
Et fut sur la sellette ;
Et pays riverains
Par respect pour le sexe.
Quel est ce caraco ?
À ce roi des modèles.
Et vite, mon garçon.
Neutre : celui d’artiste.
Voilà bien notre but. »
Pour de ces grimacières
In naturalibus ?
Avec ses… treize côtes.
À peindre des torchons ?
Peut rendre des… histoires ?
Et ces mômes aussi.
Montre tes avantages. »
« Fort bien, dit-il, d’accord. »
Il leur « donna » la pose.
Sévirent du fusain,
À faire hurler Ingres.
Adam
Il prit l’air détaché…
Il eut comme une transe ;
Était-ce la chaleur ?…
Le brûlent, le consument ?…
De son trouble… au dehors.
À Paris comme à Rome.
N’allèrent pas plus loin,
« Bigre ! dit la massière,
Il faut te rhabiller,
Mais, à propos, j’y pense :
Tiens, prends toujours cet or. »
De quatre francs cinquante.
« Ça n’est pas bien beaucoup,
Pour la petite bonne. »
Et
Deux
Tenait du sortilège,
Commis un sacrilège,
Devant l’Aréopage.
En galant équipage.
Un certain Hypéride
Un orateur limpide.
Trois, quatre heures sans boire,
Ces messieurs du prétoire.
N’étaient du tout en veine
Il y perdait sa peine.
À bout de rhétorique,
L’argument sans réplique ;
De ces juges rigides,
Sa cliente splendide.
Ce fut bien autre chose :
Et sans plus d’autre glose.
La légende rapporte.
Je la vois d’autre sorte.
N’était — vu sa fréquence —
Et puis, tenez, j’y pense :
La chère créature,
À l’état de nature.
Non plus que ses semblables,
Et la jambe innombrables.
Ce sombre aréopage,
Elle fit grand tapage,
De débauchés notoires,
Je sais de vos histoires ;
Ah ! je vois à vos têtes
Vieux ingrats que vous êtes !
Encore une autre chose :
Ma porte sera close !
Et je vous… enguirlande. »
Que finit la légende ?
Je
sous vot’ respect
extra-dry
Vous
Voici le Printemps !
Mordre à pleines dents.
À quoi le sens-tu ? »
Ô fleur de vertu !
À je ne sais quoi
Vous tient sous sa loi ;
Enfin ravivés
Aussi les pavés ;
Qui souffle à la fois
Les monts et les bois…
De leur introït,
Et qui font : pi ouitt…
Aux sveltes jets d’eau
Qui faisaient dodo.
Qui point ne dépleut,
Vraiment scandaleux…
La pluie en Avril
Le vin en baril.
Aux agissements
Aux cœurs plus cléments…
Te semble-t-il pas
Et qu’à chaque pas
Tu culbutes sur
C’est le Printemps, sûr !
Prêt à nous raser
Lui donne un baiser.
Pourquoi le nier ?
Que l’hiver dernier.
Je le dis tout bas,
Ne la vois-tu pas
Mais — grâce au Printemps —
C’est inquiétant !…
C’était
Jean
Dans les janissaires
Sept ans a servi.
Faite à la torture
À la rouille aussi.
De sa conscience
Il se fatigua.
Si ce misérable
Est un renégat.
(Le croissant de lune
Aux forbans sourit.)
Brûla mainte ville,
Comme un antéchrist.
Que sa renommée
Encombrait le jour,
De sa gueule éprise,
Lui parla d’amour.
C’est comme une chambre,
Un nid chaleureux ;
Qui rend amoureuse,
Qui rend amoureux.
Caché sous un arbre.
Ce soir j’y serai.
Viendra t’y conduire.
C’est dit. C’est juré ! »
Est près du rivage,
En train de songer,
Quand sonnera l’heure
Pour lui — du berger ;
Qui va lever l’ancre,
Dès le flot venu.
Parle ce langage
De lui bien connu.
Même il s’injurie
De s’être fait Turc.
Et de chaudes larmes
Gonflent son cœur dur.
Il se dit : « Zut, merdre !
Je n’y puis tenir,
Et déjà sa belle
N’est qu’un souvenir.
« Adieu, ma sultane,
Adieu mes amours !
J’eusse, sans conteste,
Passé d’heureux jours ;
Que je ne vois qu’elle
Au monde. Pour moi,
Je donnerais toutes
Les filles de roi. »
Pur et sans alliage,
Par un bon mariage.
S’y montraient favorables,
Chose fort désirable.
Sur leurs faits et leurs gestes.
Ils n’abusent des siestes.
Les harcelait, farouche,
Et voyait tout en louche.
Pour se dire des choses,
Leur débiter ses proses.
Ne les voyait qu’à table ;
Beaucoup moins redoutable.
Ces amants en détresse,
D’où venait leur tristesse.
Et sans plus qu’il insiste,
De notre rigoriste.
— Dit-il à la commère —
Iront devant le maire ? »
Surtout, pas de bêtises !
À sept heures précises. »
Pleins d’une ivresse folle,
Partis à la venvole !
Tout en jeunesse, en joie.
Au jeu de « Petite Oie ».
Au cours de la journée ;
Un pain sur la fournée…
C’était fini de rire.
Aurait-on pu leur dire.
Les yeux fixés à terre,
Quel était ce mystère ?
En bien triste équipage.
À quand le mariage ? »
Moi surtout, ou tout comme…
Répondit le jeune homme.
Et malgré tout mon zèle,
Avec mademoiselle.
— Dit la Philosophie,
Pendant toute la vie ! »
Des
Mais… la jambe.
Ménélas !
Oh ! les mouches !
De la petite bêtise…
Alerte
Esprit Nouveau
Mignonne
l’Intransigeant
l’Aurore
Savez-vous
À ces paniers
De votre part !
Pour une fois ;
À qui mieux mieux.
Éloquemment ;
Si rondelets,
De vos nichons.
Quand vous passez ;
Sur ce décor,
Hélas de nous !
Cages à veaux,
Dans les pampas.
Quel, votre corps ?…
Encore, si
On vît l’oiseau…
Tas
Ce
Ces
Quand tu daignes fouler le sol ;
Il faut t’aimer d’un amour fol.
J’en connais le parfum aussi ;
Si tu veux leurs noms, les voici :
Tels qu’il ne s’en trouve qu’aux cieux,
Et comme toi délicieux ;
Pareilles à tes claires dents
Le rire argentin du Printemps ;
Des pavots qui vont s’embraser,
Qui te réclament un baiser ;
Des pervenches et des barbeaux
Que le ciel : pense s’ils sont beaux !
Des parfums de toute saison
En me prenant de ma raison ;
Qui veulent des mains de velours
Ont près de toi des gestes lourds.
Croître une à une les couleurs,
Sur ton chemin toutes les fleurs.
Quand tu n’y poses plus tes pas
Rien ne fleurit où tu n’es pas.
En
Que
Autrefois
Sous la voûte des cieux.
Pendant un seul moment ?
La
Mon étoile,
Reste, oh ! reste encor.
Ton haleine
Trouble ma raison.
Ton visage
N’est que volupté.
Ma chère âme
Montre-moi tes yeux.
Oh, regarde-
Moi toujours ainsi.
Le
Jardin
Muse
La fille d’un roi,
Plutôt sans, ma foi.
Et voudrais encor
De beaux écus d’or.
N’est pas un miché,
Sinon recherché.
D’ailleurs, savez-vous ?
Semés de cailloux ;
Je ne compte pas
Tout là-bas, là-bas…
Mes rêves en l’air,
Ni ma part d’enfer.
Plus splendide encor
En chair et en or !
Quand le mois de mai
De roses gemmé.
Mince d’horizon !
Sont toujours prison.
Sous le grand ciel bleu ;
Plus pleines de Dieu.
En habits de paon,
Balaban, ban ban.
Sous les verts arceaux,
Des petits oiseaux.
Pour mon cœur fervent
Si souffle le vent.
Seront éclatants :
A toujours beau temps.
Et comme invités
De rois hauts cotés
— Car je ne saurais
Pour avoir la paix ;
Et sans nul arroi,
Des gueux comme moi.
Quoi, me dira-t-on,
Sans un gueuleton ?
C’est me faire affront.
Qui s’écrouleront
Mille vins rêvés.
Mangez et buvez.
Puisque, aussi bien, c’est
Dessus son budget.
« M’amour, donne-leur
Avec une fleur ;
Pour leur rappeler
Le galant parler ;
Pour — uniquement —
Pendant un moment.
Sur l’aile des vers,
Par tout l’univers.
Des enfants, un jour,
Des vers à leur tour.
Messieurs
beautiful
On
Huit
L’été
Maitre
envoi
on
la petite bêtise
Musait par la campagne,
De rimes… en Espagne.
Qui, dans son hérésie,
Sinon la Poésie !
Plein du sacré délire,
À témoin de sa lyre.
La divine Eurythmie,
Et l’amour de sa mie…
Cent poèmes de verve,
Qu’il tenait en réserve,
Que les siennes oreilles
Ses rimes non pareilles…
Qu’il vit un vieux bonhomme
Qu’une bête de somme.
Justement sur ma route
— Dit-il. — Mon brave, écoute :
Laisse un temps la charrue ;
Telle une jeune grue…
Belle entre les plus belles,
M’en diras des nouvelles… »
Le vieillard en colère, —
Et gibier de galère.
Rendent les champs hostiles ;
Que des fleurs inutiles.
Débiter tes sornettes ;
Et de casse-lunettes.
Rassure-toi, bonhomme ;
Tu peux dormir ton somme.
Et, pour Dieu ! ne déplore
que mes vers font éclore.
La grâce qui scintille,
Le doux front de ta fille. »
Ô
Vincent
Poussant, en droite ligne,
Il cultivait sa vigne.
Célébrait son office,
C’était tout bénéfice.
De même son ciboire
Du moindre verre a boire.
Les vignerons, ses frères.
Quelquefois téméraires.
À chacuns, à chacunes.
Ce n’est pas pour des prunes.
Directeur des planètes
Qu’un air de castagnettes.
Le Vin expiatoire ;
Pour sa plus grande gloire !
En longues patenôtres.
Vous en boirez bien d’autres.
Qu’un tonneau d’eau bénite.
Allez. La messe est dite… »
Et de la noble Vigne.
En est-il un plus digne ?
Et jusques à sa tombe.
D’une rose colombe.
de cave
ceuss
Au
Mon ami Ponchon,
Du rose cochon.
Ô fleur des couyons,
Dis ? que nous ayons ?
Tel un fin jambon,
Le moment est bon.
En ce jour divin
Et buvez du vin :
Il dit, et soudain
Et de noir boudin
Fleurissent partout.
Consolant surtout !
En chaque maison
Et du saucisson.
Le galant métier !
Dans le monde entier ?
Ils font de leurs doigts
Tant ils sont adroits ;
Ces braves gens-là
Et disent : « Voilà.
Pâtés, jambonneaux,
Mes petits agneaux. »
Avec — (ça c’est beau !)
Certains font du veau.
Que nous célébrons,
Chier des marrons.
Ordinairement,
— Fer de cet aimant ! —
Montent l’escalier,
Et notre gosier.
Flambent ; le mois d’août
C’est beau comme tout.
Jusqu’à cette nuit
Ont bâillé d’ennui.
Que vous êtes, car
Ce soir, sur le tard !
Je vois tout en l’air,
Tout d’abord, c’est clair.
Et que bien manger
Je vais y songer.
Le moindre appétit,
Petit à petit.
Fatigue ma main.
Que le lendemain.
Où son
sa
ses
pensées
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Une douleur renaît pour une évanouie ;
Quand un chagrin s’éteint, c’est qu’un autre est éclos ;
La vie est une ronce aux pleurs épanouie.
Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche,
Et ces trois cavaliers à mon être incarnés,
Se disputent mon être, et sous leurs coups de hache
Ma nature gémit ; mais, sur ces acharnés,
Mes plaintes ont l’effet des trompes, des timbales,
Qui soulent de leurs sons le plus morne soldat,
Et le jettent joyeux sous la grêle des balles,
Lui versant dans le cœur la rage du combat.
Le premier cavalier est jeune, frais, alerte ;
Il porte élégamment un corselet d’acier,
Scintillant à travers une résille verte
Comme à travers les pins les cristaux d’un glacier,
Son œil est amoureux ; sa belle tête blonde
A pour coiffure un casque, orné de lambrequins,
Dont le cimier touffu l’enveloppe et l’inonde
Comme fait le lampas autour des palanquins.
Son cheval andalou agite un long panache
Et va caracolant sur ses étriers d’or,
Quand il fait rayonner sa dague et sa rondache
Avec l’agilité d’un vain toréador.
Le second cavalier, ainsi qu’un reliquaire,
Est juché gravement sur le dos d’un mulet
Qui ferait le bonheur d’un gothique antiquaire ;
Car sur son râble osseux, anguleux chapelet,
Avec soin est jetée une housse fanée,
Housse ayant affublé quelque vieil escabeau,
Ou caparaçonné la blanche haquenée
Sur laquelle arriva de Bavière Isabeau.
Il est gros, gras, poussif ; son aride monture
Sous lui semble craquer et pencher en aval
Une vraie antithèse, — une caricature
De carême-prenant promenant carnaval !
Or, c’est un pénitent, un moine, dans sa robe
Traînante enseveli, voilé d’un capuchon,
Qui pour se vendre au Ciel ici-bas se dérobe,
Béat sur la vertu très à califourchon.
Mais Sabaoth l’inspire, il peste, il jure, il sue ;
Il lance à ses rivaux de superbes défis
Qu’il appuie à propos d’une lourde massue :
Il est taché de sang et baise un crucifix.
Pour le tiers cavalier, c’est un homme de pierre
Semblant le Commandeur, horrible et ténébreux ;
Un hyperboréen ; un gnôme sans paupière,
Sans prunelle et sans front, qui résonne le creux
Comme un tombeau vidé lorsqu’une arme le frappe.
Il porte à sa main gauche une faulx dont l’acier
Pleure à grands flots le sang, puis une chausse-trappe
En croupe, où se faisande un pendu grimacier,
Laid gibier de gibet ! Enfin pour cimeterre
Se balance à son flanc un énorme hameçon
Embrochant des filets pleins de larves de terre
Et de vers de charogne à piper le poisson.
Le premier combattant, le plus beau, — c’est le monde !
Qui pour m’attraire à lui me couronne de fleurs,
Et sous mes pas douteux, quand la route est immonde,
Étale son manteau, puis étanche mes pleurs.
Il veut que je le suive — il veut que je me donne
Tout à lui sans remords, sans arrière-penser ;
Que je plonge en son sein et que je m’abandonne
A sa vague vermeille — et m’y laisse bercer.
C’est le monde joyeux, souriante effigie !
Qui devant ma jeunesse entr’ouvre à deux battans
Le clos de l’avenir, clos tout plein de magie,
Où mes jours glorieux surgissent éclatans.
Ineffable lointain ! beau ciel peuplé d’étoiles
C’est le monde bruyant avec ses passions,
Ses beaux amours voilés, ses laids amours sans voiles,
Ses mille voluptés, ses prostitutions !
C’est le monde et ses bals, ses nuits, ses jeux, ses femmes,
Ses fêtes, ses chevaux, ses banquets somptueux,
Où le simple est abject, les malheureux infâmes
Où qui jouit le plus — est le plus vertueux !
Le monde et ses cités vastes, resplendissantes,
Des pays d’Orient, ses bricks aventuriers,
Ses réputations partout retentissantes,
Ses héros immortels, ses triomphants guerriers,
Ses poètes, vrais dieux, dont, toutes enivrées,
Les tribus baisent l’œuvre épars sur leurs chemins,
Ses temples, ses palais, ses royautés dorées,
Ses grincemens, ses bruits de pas, de voix, de mains !
C’est le monde ! Il me dit : Viens avec moi, jeune homme,
Prends confiance en moi, j’emplirai tes désirs ;
Oui quels que grands qu’ils soient je t’en paierai la somme !
De la gloire en veux-tu ?… J’en donne !… Des plaisirs ?…
J’en tue — et t’en tuerai !… Ces femmes admirables
Dont l’aspect seul rend fou, tu les posséderas,
Et sur leurs corps lascifs, les passions durables
Comme sur un caillou tu les aiguiseras !
Le second combattant, celui dont l’attitude
Est grave, et l’air bénin, dont la componction
A rembruni la face : or c’est la Solitude,
Le désert. — C’est le cloître où la dilection
Du Seigneur tombe à flots, où la douce rosée
Du calme, du silence, édulcore le fiel,
Où l’âme de lumière est sans cesse arrosée ;
Montagne où le Chrétien s’abouche avec le Ciel !
C’est le cloître ! Il me dit : - Monte chez moi, jeune homme ;
Prends confiance en moi, quitte un monde menteur
Où tout s’évanouit, ainsi qu’après un somme
Des songes enivrans ; va, le seul rédempteur
Des misères d’en bas, va, c’est le monastère,
Sa contemplation et son austérité !
Tout n’est qu’infection et vice sur la terre
La gloire est chose vaine, et la postérité…
Une orgueilleuse erreur, une absurde folie !
Voudrais-tu sur la route élever de ta main
Un monument vivace ?… Hélas ! le monde oublie,
Et la vie ici-bas n’a pas de lendemain.
Viens goûter avec moi la paix de la retraite ;
Laisse l’amour charnel et ses impuretés ;
Romps, il est temps encor ; ton âme n’est pas faite
Pour un monde ainsi fait ; de ses virginités
Sors fidèle gardien ; viens ! et si la prière,
La méditation ne pouvaient l’étancher,
Alors tu descendras dans la sombre carrière
De la sage science et tu pourras pencher
Sur ses sacrés creusets ton front pâle de veilles,
Magnifier le Christ — et verser le dédain
Sur la Philosophie outrageant ses merveilles
Du haut de ses trétaux croulans de baladins ;
Tu pourras, préférant l’étude bien-aimée
De l’art, lui rendre un culte à l’ombre de ce lieu ;
Sur ce dôme et ces murs, fervent Bartholomée,
Malheureux Lesueur, peindre la Bible et Dieu !…
Le dernier combattant, le cavalier sonore,
Le spectre froid, le gnôme aux filets de pêcheur,
Celui que je caresse et qu’en secret j’honore,
Niveleur éternel, implacable faucheur,
C’est la Mort ! le Néant !… D’une voix souterraine
Il m’appelle sans cesse : Enfant, descends chez moi,
Enfant, plonge en mon sein, car la douleur est reine
De la terre maudite, et l’opprobre en est roi !
Viens, redescends chez moi, viens, replonge en la fange,
Chrysalide éphémère, ombre, velléité !
Viens plus tôt que plus tard, sans oubli je vendange
Un à un les raisins du cep Humanité.
Avant que le pilon pesant de la souffrance
T’ait trituré le cœur, souffle sur ton flambeau,
Notre-Dame de Liesse et de la Délivrance,
C’est la mort ! Chanaan promis, c’est le tombeau !
Qu’attends-tu ? — Que veux-tu ?… Ne crois pas au langage
Du cloître suborneur, non, plutôt, crois au mien ;
Tu ne sais pas, enfant, combien le cloître engage !
Il promet le repos : ce n’est qu’un bohémien
Qui ment, qui vous engeôle, et vous met dans sa nasse !
L’homme y demeure en proie à ses obsessions.
Sous le vent du désert il n’est pas de bonace ;
Il attise à loisir le feu des passions.
Au cloître, écoute-moi, tu n’es pas plus idoine
Qu’au monde ; crains ses airs de repos mensongers,
Crains les satyriasis affreux de Saint-Antoine ;
Crains les tentations, les remords, les dangers,
Les assauts de la chair et les chutes de l’âme.
Sous le vent du désert tes désirs flamberont ;
La solitude étreint, torture, brise, enflamme ;
Dans des maux inouïs tes sens retomberont ! —
Il n’est de bonheur vrai, de repos qu’en la fosse :
Sur la terre on est mal, sous la terre on est bien ;
Là, nul plaisir rongeur, là, nulle amitié fausse. —
Là, point d’ambition, point d’espoir déçu… — Rien !…
Là, rien, rien, le néant !… une absence, une foudre
Morte, une mer sans fond, un vide sans écho !… —
Viens te dis-je !… A ma voix tu crouleras en poudre
Comme au son des buccins les murs de Jéricho !
Ainsi, depuis longtemps, s’entre-choque et se taille
Cet infernal trio, — ces trois fiers spadassins :
Ils ont pris, — les méchans, — pour leur champ de bataille
Mon pauvre cœur, meutri sous leurs coups assassins,
Mon pauvre cœur navré, qui s’affaisse et se broie,
Douteur, religieux, fou, mondain, mécréant !
Quand finira la lutte, et qui m’aura pour proie —
Dieu le sait ! — du Désert, du Monde, ou du Néant ?
Emmitouflé contre la bise,
En tes grosses mitaines grises !
Sur la neige dix mille lieues
D’un canard sur la glace bleue !
La nuit de gel qui crisse et craque,
Sous les signes du zodiaque.
Qui trottent dans la nuit des pôles,
Farouchement parmi les saules.
La loutre souple aux dents d’aiguille
Avec un poisson qui frétille.
Les nuages en folle course,
Dégringolant de la grande Ourse.
Aux bras repliés sur le torse,
Au dos luisant et mou des morses.
Dont la masse vitreuse émerge
Ses pics aigus de glace vierge.
L’élan et l’eider de Norvège,
Dont tes pas rougissaient la neige.
Tu vis bondir les têtes plates
Et les gencives écarlates.
Et t’abriter de la froidure,
Une hutte de neige dure.
L’odeur de graisse qui suffoque,
D’une lampe à huile de phoque.
Un ours blanc, sous la lune claire,
Ballotter sa masse polaire.
Sur le monstre et livrais bataille,
Rougis de sang, fumants d’entrailles !...
Malgré ta mise si proprette ;
De faire innocemment risette.
De petite fille attendrie,
Rayon de la confiserie,
Sous un parasol à clochettes,
Piqué d’oiseaux et de fleurettes.
Sous les lampes couleur de lune,
Et les plats de pralines brunes.
Au chocolat luisant des bottes
Au sucre rose des carottes.
Dans l’huile des boîtes qu’on zingue,
Des petits fours et des meringues.
Qu’avec un babil de perruches,
De dentelle et de fanfreluches.
Tu quittes doucement ta place,
De crème fouettée et de glaces.
Ta mine de sainte nitouche,
Du noir de jujube à ta bouche...
One ne te firent de reproche,
Des marrons glacés dans ta poche...
Ton ventre épaissi bombe d’aise.
Comme les roses et les fraises.
O bonhomme ! je te souhaite
Soulève un petit sa voilette ;
Qu’une cascade de paroles :
Est-il mignon, le petit drôle !...»
Tout pâle de terreur et moite,
Emprisonner dans une boîte ;
Parfumant comme une corolle,
Qui s’enroule autour de ta geôle.
Fort inquiet de l’aventure,
Au Groenland, où la vie est dure...
Parmi des musiques de fête,
Tu trôneras gaîment au faîte
Fleuri de cierges et d’oranges,
De jouets comme en ont les anges.
Sur les têtes à boucles blondes,
Leurs menottes roses et rondes.
Et comme de graves poètes,
Des conversations muettes.
Spitzberg, Laponie et Norvège,
De tes voyages sur la neige !
mercure
Toutefois le bel art que célèbrent mes chants
Monts où j’ai tant rêvé, pour qui, dans mon ivresse,
Mais ce n’est plus le temps : autrefois des beaux arts,
Sachez aussi comment des fleuves, des ruisseaux
Non loin est un ruisseau ; mais de ce mont jaloux
Tant de braves, ô Dieux d’Hellas ! et tant de nefs !
Pour une femme, ô Dieux, que de sang et de larmes !
Comme des spectres nous errons à la lumière.
Et le jeune héritier de ce palais ancien !
Hélas !Hélas !
Hélas ! Hélas !
Ou quelque rouge éclair du Kronide.
Que la mer. Il est vrai. Que nous annonce-t-elle ?
Cher Zeus, préserve-le des vieilles Érinnyes !
Ô Roi ! franchis le seuil antique de tes pères.
Cette pourpre qui mène au palais des aïeux !
Cette pourpre t’est due, et plaît aux Dieux.
Femme, entends-tu ?
Femme, entends-tu ? La Reine, ô femme, t’a nommée.
Le langage d’Hellas ne t’est-il point connu ?
Dieux ! Dieux ! La coupe est pleine, et mon jour est venu !
Malheureuse ! Pourquoi gémis-tu de la sorte ?
Où suis-je ? Sous le toit royal d’Agamemnôn.
Cher Apollôn ?
Que la sombre maison penche et croule en ruines !
Pourquoi la maudis-tu si désespérément ?
Quel meurtre lamentable annonce-t-elle ainsi ?
Cher Dieu, pour y mourir, tu m’as traînée ici !
Un Dieu, dis-tu ! Lequel ? L’Archer divin qui m’aime !
Il t’aime, et te poursuit de sa haine ! Comment ?
Malheureuse ! tais-toi ! Ta parole est terrible.
Céleste Archer !
Et que je dorme enfin !
Nous resterons muets. Fuis Argos !
Puisse Zeus démentir ses paroles amères !
Quel homme peut se dire heureux sous les nuées ?
À moi ! Grands Dieux ! quel cri funèbre !
À moi ! Grands Dieux ! Quel cri funèbre !
Je meurs.
Ô malédiction de la femme prophète !
J’admire ton audace, et reste épouvanté.
Elle est bonne ! Et je m’en glorifie.
Et ton chemin criera sur tes traces !
Tu l’as tuée aussi !
Tu l’as tuée aussi !
Femme ?
Orestès est vivant !
Grands Dieux ! Ton fils aussi, femme, tu le tuerais ?
Courons ! Crions la mort du Roi. Qu’Argos se lève !
Hâtons-nous !
Souviens-toi, femme !
Allez !
Femmes, sur ce tombeau cher aux peuples Hellènes,
Puisse l’Hadès aussi l’entendre ! et qu’elle meure !
Que nous veut l’Étranger ?
Que nous veut l’Étranger ?
Il vengera d’un coup son père avec sa sœur.
Orestès est vivant ? Femme, il vit. Je l’atteste.
Ô fils d’un héros mort, crains ta mère inhumaine !
À Élektra.
Elle viendra joyeuse !
Klytaimnestra paraît sous le portique. Orestès l’aperçoit.
Ce qui sera, sera. Tout est dit.
Réponds-moi. Tout mon cœur a frémi. C’est ta mère !
Est-ce l’homme ?
Est-ce l’homme ? C’est lui.
Est-ce l’homme ? C’est lui.
Veux-tu qu’il rende l’urne où sont les cendres ?
Les cris n’éveillent point les morts.
Tu n’es plus, frère !
Est-ce ton dernier coup ? Non, si tu n’obéis.
Cette femme n’a point reconnu son enfant !
Ô femmes, il est vrai, grandes sont vos misères.
Chers Dieux !
Dieux ! Gardez-nous son fils.
Il est seul contre tous !
Et ta mère, enfant ?
Et ta mère, enfant ? Dieux ! Eh bien ! que dis-tu d’elle ?
Rien, sinon que l’Hadès est un gardien fidèle !
Ton frère irréprochable a frappé l’homme !
Ton frère irréprochable a frappé l’homme !
Moi, je mourrai, s’il meurt. Zeus ! conduis-le toi-même.
Dieux ! la rumeur redouble.
Dieux ! La rumeur redouble.
Lugubrement.
Avec de longs sanglots pleure l’amant.
Ma mère ! L’épouvante a dilaté ses yeux.
Tuez le vagabond tout sanglant !
L’heure est venue : il faut que je te parle.
Lâche ! que t’ai-je fait ?
Je suis ton fils !
Affreusement.
Dirais-tu vrai, grands Dieux !
Dirais-tu vrai, grands Dieux !
On ne peut pas tuer sa mère !
On ne peut pas tuer sa mère !
Respecte, mon enfant, le sein qui t’a nourri !
Ne verse pas mon sang ! As-tu tout dit ?
Ne verse pas mon sang ! As-tu tout dit ?
Mon fils ! Je suis aveugle et sourd.
Mon fils ! Je suis aveugle et sourd. Ô monstre ! ô race
Tiens ! Tiens ! Meurs donc ! Assez de hideuses clameurs !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah ! Sois maudit !
C’est fait… tu m’as tuée… Ah ! Sois maudit !
Que tous les siens… C’était ta mère !
Tu pleures cette femme ?
Malheur à toi, c’était ta mère !
L’action qu’il a faite est droite et légitime !
Arrière !
Ah ! ah ! Vous vous taisez, Monstres ! Horreur !
Ah ! ah ! Vous vous taisez, Monstres ! Horreur ! Horreur !
Puisqu’il faut s’attaquer aux légions de Rome,
Aux monstres d’Italie, il faudra faire comme
Hannibal, qui, par feux d’aigre humeur arrosez,
Se fendit un passage aux Alpes embrazez.
Mon courage de feu, mon humeur aigre et forte,
Au travers des sept monts fait breche au lieu de porte.
Je brise les rochers et le respect d’erreur
Qui fit douter Cæsar d’une vaine terreur.
Il vit Rome tremblante, affreuse, eschevelée,
Qui, en pleurs, en sanglots, mi-morte, désolée,
Tordant ses doigts, fermoit, deffendoit de ses mains
A Cæsar le chemin au lieu de ses germains.
Mais dessous les autels des idoles j’advise
Le visage meurtry de la captive Eglise,
Qui à sa delivrance (aux despens des hazards)
M’appelle, m’animant de ses trenchants regards.
Mes desirs sont des-ja volez outre la rive
Du Rubicon troublé ; que mon reste les suive
Par un chemin tout neuf, car je ne trouve pas
Qu’autre homme l’ait jamais escorché de ses pas.
Pour Mercures croisez, au lieu de Pyramides,
J’ay de jour le pilier, de nuict les feux pour guides.
Astres, secourez-moy ; ces chemins enlacez
Sont par l’antiquité des siecles effacez,
Si bien que l’herbe verde en ses sentiers accrüe
Est faicte une prairie espaisse, haute et drüe.
Là où estoient les feux des Prophetes plus vieux,
Je tends comme je puis le cordeau de mes yeux,
Puis je cours au matin, de ma jambe arrossée
J’esparpille à costé la premiere rosée,
Ne laissant après moy trace à mes successeurs
Que les reins tous ployez des inutiles fleurs,
Fleurs qui tombent si tost qu’un vray soleil les touche,
Ou que Dieu fenera par le vent de sa bouche.
Tout-puissant, tout-voyant, qui du haut des hauts cieux
Fends les cœurs plus serrez par l’esclair de tes yeux,
Qui fis tout, et conneus tout ce que tu fis estre :
Tout parfaict en ouvrant, tout parfait en connoisire,
De qui l’œil tout courant, et tout voyant aussy,
De qui le soing sans soing prend de tout le soucy,
De qui la main forma exemplaires et causes,
Qui preveus les effects dès le naistre des choses ;
Dieu, qui d’un style vif, comme il te plaist, escris
Le secret plus obscur en l’obscur des esprits,
Puis que de ton amour mon ame est eschauffée,
Jalouze de ton nom, ma poictrine, embrazée
De ton feu pur, repurge aussy de mêmes feux
Le vice naturel de mon cœur vitieux ;
De ce zele tres-sainct rebrusle-moy encore,
Si que (tout consommé au feu qui me devore,
N’estant serf de ton ire, en ire transporté
Sans passion) je sois propre à ta vérité.
Ailleurs qu’à te loüer ne soit abandonnée
La plume que je tiens, puis que tu l’as donnée.
Je n’escry plus les feux d’un amour inconneu ;
Mais, par l’affliction plus sage devenu,
J’entreprens bien plus haut, car j’apprens à ma plume
Un autre feu, auquel la France se consume.
Ces ruisselets d’argent que les Grecs nous feignoient,
Où leurs poëtes vains beuvoient et se baignoient,
Ne courent plus icy ; mais les ondes si claires,
Qui eurent les saphyrs et les perles contraires,
Sont rouges de nos morts ; le doux bruit de leurs flots,
Leur murmure plaisant, hurte contre des os.
Telle est, en escrivant, non ma commune image ;
Autre fureur qu’amour reluit en mon visage.
Sous un inique Mars, parmy les durs labeurs
Qui gastent le papier, et l’ancre de sueurs,
Au lieu de Thessalie aux mignardes vallées,
Nous avortons ces chants au millieu des armées,
En delassant nos bras de crasse tous roüillez,
Qui n’osent s’esloigner des brassards despoüillez.
Le luth que j’accordois avec mes chansonnettes
Est ores estouffé de l’esclat des trompettes :
Icy le sang n’est feint, le meurtre n’y deffaut,
La Mort jouë elle-mesme en ce triste eschaffaut :
Le juge criminel tourne et emplit son urne ;
D’icy, la botte enjambe, et non pas le cothurne,
J’appelle Melpomene, en sa vive fureur,
Au lieu de l’Hypocrene, esveillant cette sœir
Des tombeaux rafraischis, dont il faut qu’elle sorte,
Eschevellée, affreuse, et bramant en la sorte
Que faict la biche après le faon quelle a perdu.
Que la bouche lur saigne, et son front esperdu
Face noircir du ciel les voûtes esloignées ;
Qu’elle esparpille en l’air de son sang deux poignées,
Quand, espuisant ses flancs de redoublez sanglots,
De sa voix enroüée elle bruira ces mots :
« O France désolée ! ô terre sanguinaire !
Non pas terre, mais cendre : ô mère ! si c’est mere
Que trahir ses enfants aux douceurs de son sein,
Et, quand on les meurtrit, les serrer de sa main.
Tu leur donnes la vie, et dessous ta mammelle
S’esmeut des obstinez la sanglante querelle ;
Sur ton pis blanchissant ta race se debat,
Et le fruict de ton flanc faict le champ du combat. »
Je veux peindre la France une mere affligée,
Qui est entre ses bras de deux enfants chargée.
Le plus fort, orgueilleux, empoigne les deux bouts
Des tetins nourriciers ; puis, à force de coups
D’ongles, de poings, de pieds, il brise le partage
Dont nature donnoit à son besson l’usage :
Ce voleur acharné, cet Esau malheureux,
Faict degast du doux laict qui doibt nourrir les deux,
Si que, pour arracher à son frere la vie,
Il mesprise la sienne et n’en a plus d’envie ;
Lors son Jacob, pressé d’avoir jeusné meshuy,
Ayant dompté longtemps en son cœur son ennuy,
A la fin se defend, et sa juste colere
Rend à l’autre un combat dont le champ est la mere.
Ni les souspirs ardens, les pitoyables cris,
Ni les pleurs rechauffez, ne calment leurs esprits ;
Mais leur rage les guide et leur poison les trouble,
Si bien que leur courroux par leurs coups se redouble.
Leur conflict se rallume et faict si furieux
Que d’un gauche malheur ils se crevent les yeux.
Cette femme esplorée, en sa douleur plus forte,
Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ;
Elle voit les mutins tous deschirez, sanglants,
Qui, ainsy que du cœur, des mains se vont cerchants.
Quand, pressant à son sein d’une amour maternelle
Celuy qui a le droict et la juste querelle,
Elle veut le sauver, l’autre, qui n’est pas las,
Viole en poursuivant l’asyle de ses bras.
Adonc se perd le laict, le suc de sa poictrine ;
Puis, aux derniers aboys de sa proche ruine,
Elle dit : « Vous avez, felons, ensanglanté
Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ;
Or, vivez de venin, sanglante geniture.
Je n’ay plus que du sang pour vostre nourriture ! »
Quand esperduje voy les honteuses pitiez,
Et du corps divisé les funebres moitiz ;
Quand je voy s’apprester la tragedie horrible
Du meurtrier de soy-mesme, aux autres invincible,
Je pense encore voir ung monstrueux geant
Qui va de braves mots les hauts cieux outrageant,
Superbe, florissant, si brave qu’il se treuve
Nul qui de sa valeur entreprenne la preuve ;
Mais, lorsqu’il ne peut rien rencontrer au dehors
Qui de ses bras nerveux endure les efforts,
Son corps est combattu, à soy-mesme contraire ;
Le sang pur ha le moins : le flegme et la colere
Rend le sang non plus sang ; le peuple abat ses loix :
Tous nobles et tous roys, sans nobles et sans roys ;
La masse degenere en la melancholie ;
Ce vieil corps tout infect, plein de sa discrasie,
Hydropique, faict l’eau, si bien que ce geant,
Qui alloit de ses nerfs ses voisins outrageant,
Aussy foible que grand, n’enfle plus que son ventres ;
Ce ventre dans lequel tout se tire, tout entre,
Ce faux dispensateur des commungs excrements
N’envoye plus aux bords les justes aliments ;
Des jambes et des bras les os sont sans moelle ;
Il ne va plus en haut, pour nourrir la cervelle,
Qu’un chime venimeux, dont le cerveau nourry
Prend matiere et liqueur d’un champignon pourry.
Ce grand geant, changé en une horrible beste,
A, sur ce vaste corps, une petite teste,
Deux bras foibles, pendants, des-ja secs, des-ja morts,
Impuissants de nourrir et deffendre le corps ;
Les jambes, sans pouvoir porter leur masse lourde,
Et à gauche et à droict font porter une bourde.
Financiers, justiciers, qui opprimez de faim
Celuy qui vous faict naistre ou qui deffend le pain,
Soubs qui le laboureur s’abbreuve de ses larmes,
Qui souffrez mandier la main qui tient les armes,
Vous, ventre de la France, enflé de ses langueurs,
Faisant orgueil de vent, vous monstrez vos vigueurs.
Voyez la tragedie, abbaissez vos courages.
Vous n’estes spectateurs, vous estes personages :
Car encor vous pourriez contempler de bien loing
Une nef sans pouvoir luy aider au besoing,
Quand la mer l’engloutit, et pourriez de la rive,
En tournant vers le ciel la face demi-vive,
Plaindre sans secourir ce mal oisivement.
Mais quand, dedans la mer, la mer pareillement
Vous menace de mort, courez à la tempeste :
Car avec le vaisseau vostre ruine est preste.
La France donc encor est pareille au vaisseau
Qui, outragé des vents, des rochers et de l’eau.
Loge deux ennemis : l’un tient avec sa troupe
La proue, et l’autre a pris sa retraitte à la pouppe.
De canons et de feux chacun met en esclats
La moitié qui s’oppose, et font verser en bas,
L’un et l’autre enyvré des eaux et de l’envie,
Ensemble le navire et la charge et la vie.
En cela le vainqueur ne demeurant plus fort
Que de voir son haineux le premier à la mort,
Qu’il seconde, authochyre, aussy tost de la sienne,
Vainqueur, comme l’on peut vaincre à la cadmeene.
Barbares en effect, François de nom, François,
Vos fausses loix ont eu des faux et jeunes roys,
Impuissants sur leurs cœurs, cruels en leur puissance;
Rebelles, ils ont veu la désobéissance.
Dieu sur eux et par eux desploia son courroux.
N’ayant autres bourreaux de nous-mesmes que nous.
Les roys, qui sont du peuple et les roys et les pères,
Du troupeau domesticq sont les loups sanguinaires ;
Ils sont l’ire allumée et les verges de Dieu,
La crainte des vivants; ils succèdent au lieu
Des héritiers des morts; ravisseurs de pucelles,
Adultères, souillants les couches des plus belles
Des maris assommez, ou bannis pour leur bien.
croyance à qui parle beauté.
ars et bruslé vif.
Ne vous êtes-vous point blessé ?
Angelus Domini
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
crau
Nous entrâmes au bois de Valène.
Grand vaincu, tout poissé de sang, défiguré
Puis, étendant la main, il cria :
Alors, s’agenouillant :
Puis, d’un coup, se dressant : — « Le tocsin ! Le tocsin !
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Du vieil Hermas. Vit-il ?
Elle est heureuse.
Sa mère ?
Je venais, j’espérais, de ce sentier obscur,
J’invoquerai Jésus qui marchait sur la mer.
Ma Daphné, gardons-nous des paroles légères ;
Tu le prendras un jour ce baiser que tu veux.
Cueillons l’instant fleuri.
Cueillons l’instant fleuri. Sachons attendre l’heure.
Un souvenir est bon.
Un souvenir est bon. L’espérance est meilleure.
L’air, les myrtes, tes yeux, tout m’enchaîne, et je pars !
Sois heureux !
Ah ! je songe à la mer et je songe à nous deux !
Vis heureuse, ô Daphné.
Vis heureuse, ô Daphné.
Il s’en va.
Vois, mère : je cueillais des plantes salutaires.
Ouvrez la porte auguste aux deux battants d’airain,
A ta face, ô Seigneur, et dans tes sanctuaires
O ma mère !
O ma mère !
Nous devons tout à Dieu, rien à la créature.
Si tu m’aimes…
Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu.
Si tu m’aimes… Je t’aime en Dieu.
Mère, c’en est donc fait, tu m’as prise en ton piége !
Hymen, Hymen aux beaux flancs,
Hespéros se lève.
Viens à nous ; la nuit est brève :
Hâte tes pieds blancs !
Ah ! s’il m’était permis… Mais il me semble entendre
Accours, la nuit brève est bonne
Et douce aux aveux.
Viens, portant dans tes cheveux
La verte couronne !
O prince aux sandales d’or,
Hymen, Hyménée !
Reçois la vierge amenée
Qui te craint encor.
La beauté qui brille en elle
Sied à ton dessein :
Hymen, tire de son sein
La vie éternelle.
Où s’en vont loin de moi les chansons et les pas ?
Réjouis-toi, Dieu triste à qui plaît la souffrance !
sursum
J’ai dressé, pour ce jour, le faucon de la mort.
La femme rêve au mal pendant que l’homme dort.
Cesse de me tenter, femme aux sombres amorces.
Grâce ! Il est mon ami.
Grâce ! Il est mon ami. Frappe ! il est mon époux.
Quoi ! tu n’as point pitié ?
Quoi ! tu n’as point pitié ?
Je vis dans sa maison.
Je vis dans sa maison. J’y dors entre ses bras !
Le meurtre laisse au fer une durable rouille.
Homme, saisis la hache, ou, femme, la quenouille !
La tête roulerait, sinistre, aux cheveux blancs.
Je me suis éveillée un lâche sur les flancs !
Paix ! Le baiser sied mieux que l’injure à tes lèvres.
Grâce !
Grâce ! J’entends son cri !
Grâce ! J’entends son cri ! Fils ! me frapperas-tu ?
Quoi donc ! Il parle encore ?
Quoi donc ! Il parle encore ? Oh ! je meurs !
Quoi donc ! Il parle encore ? Oh ! je meurs ! Il s’est tu.
Femme ! Ce jour fut bon pour le pêcheur des côtes.
Qui donc jeta son râle aux solitudes hautes ?
Tu t’abuses, vieillard glacé, dans la boisson.
Le violent geyser couve sous un glaçon !
L’âge a pétrifié l’eau vive et le bitume.
La louve concevra, mais d’un loup plein de force.
Parfois un rameau vert sort d’une vieille écorce !
Dors plus loin ton sommeil par l’ivresse épaissi.
Alors il geint d’angoisse.
Emporte-moi, tourmente ! Ouvre-toi, fondrière !
Écoute, homme qui fuis.
Écoute, homme qui fuis. Femme hideuse, arrière !
Le lièvre même attend quand nul ne le poursuit.
Le cou sans tête règne au milieu de la nuit !
La peur de l’action a causé ta démence.
Le vieil homme en son lit s’éveillera demain.
Sa vie à mes doigts gèle, et, par caillots, s’arrête !
Tu les trempas au ventre ouvert de quelque bête.
Ce fut dans le silence un long gémissement !
Le pétrel a râlé dans l’espace dormant.
Elle a roulé, la tête à chevelure blanche !
Parfois tombe, ressaute et croule l’avalanche.
La pâle pente est rose au loin sous le ciel noir !
Le soleil s’est levé sur les neiges, ce soir.
Tu peux voir l’homme mort si tu tournes la roche !
J’ai vu l’homme vivant, tout à l’heure, et trop proche.
Tu mens : je l’ai tué !
Tu mens : je l’ai tué ! Ris, quand je te croirai.
Tué ! tué ! — tiens, vois !
Tué ! tué ! — tiens, vois ! Épouvante ! il dit vrai.
C’est une étrange foi qui succède à ton doute.
Ne s’impose à l’œil attristé.
O saine et sainte liberté !
Qui s’écroulent au premier choc,
Le peuple bâtit sur le roc.
Accumulent leur long travail ;
Tout un continent de Corail.
N’eut pour but que le bien commun.
Au cri d’un pour tous, tous pour un.
Du Grutli le pacte immortel
La flèche de Guillaume Tell.
Sampach préludait à Granson.
Gloire sans tache et sans rançon !
Apprit au monde féodal
Et le trop de puissance un mal.
Tu vas en paix vers l’avenir.
Et cet hymne devrait finir…
A l’heure de ses grands revers.
Tes bras lui restèrent ouverts.
Arrachant sa proie au vainqueur,
Tu les emportas sur ton cœur.
Et, les réchauffant dans ton sein,
Place au foyer et part au pain.
Où cet exode s’assura,
Oasis du sombre Jura,
(Notre dernière armée, hélas !)
S’entrechoquant sur le verglas,
Car l’hiver cruel jusqu’au bout
Et tout fut notre ennemi, tout !
Du passé trop sanglant retour,
Le rayon divin de l’Amour ;
Notre regard épouvanté
Refuge de l’humanité,
Vînt recueillir ces délaissés,
Pansât tous ces pauvres blessés.
En soignant leurs membres meurtris,
Et nous les renvoyait guéris ;
Accrus dans leur saine raison,
Et la douceur de leur prison.
Menaçait la Franche-Comté,
Toujours simple dans sa bonté,
Nourrir tout ce peuple accablé,
Lui donner son orge et son blé !
Les dons du sol qui l’a porté,
La liberté, l’humanité !
LA NOURRICE.
HÉRODIADE.
De marcher dans un âge ignoré !
Si la beauté n’était la mort.
Funèbre ?
Assez ! Tiens devant moi ce miroir.
Nourrice, suis-je belle ?
Mais cette tresse tombe… Arrête dans ton crime,
Que…
Que… Mais n’allais-tu pas me toucher ?
Oh ! tais-toi !
Oh ! tais-toi ! Viendra-t-il parfois ?
N’entendez pas !
Et le mystère vain de votre être ?
Victime lamentable à son destin offerte !
Et je déteste, moi, le bel azur !
J’y voudrais fuir.
Et…
Et… Maintenant ! Adieu.
Et… Maintenant ! Adieu.
De mes lèvres !
Luisent, l’un rouge, l’autre vert.
Un flot après un flot s’enfuit.
Où leurs pas glissaient sans témoin.
Fendaient les crânes au dedans.
Un flacon plein de vitriol.
N’ayant pu jeter même un cri !
Si nous les voulions beaux & grands !
Ses forçats seront vos maris.
Les crimes prendront leurs ébats.
Au moment qu’il ouvrait les yeux.
En poussant des ricanements.
Pour des gens de boue & de fiel.
Le flanc du navire est battu.
Chaque idée apporte un remords.
Vos jours d’honneur sont revenus.
Savoir & vaincre, c’est plus beau.
Assez de profondeur au ciel.
Pour son impur & fol orgueil ;
Le plus pur des rayons sacrés.
Et vous n’espérez plus qu’en Dieu.
Tout le long de la mer les suivaient.
Ave maris stella ;
Ad summum per alta ;
Puis s’éteignit.
Victrix
Vicaria,
Dans ce lieu sépulcral,
Cet air vous fera mal.
Pourquoi tous ces efforts ?
Dans la fosse des morts ?
A vos pleurs condamnés,
Que vous n’étiez pas nés !
O magnifique deuil !
Couvre bien le cercueil !
Veille comme un flambeau,
Entourent le tombeau.
Se taisent tous les vents ;
Envié des vivants !
Requiem,
Qui conservent les corps,
Dies iræ
De l’office des morts !
était de pierre !
Et muet souvenir ?…
D’avoir les bras cassés ?…
le Lac,
La peur d’aimer fait que je n’aime pas.
Et non de chapelet. —
Sois éternel, amour !…
Depuis douze ou quinze ans !…
Et le sol pour m’asseoir…
En un coin isolé.
A des femmes sans cœur ?
Dignes pourtant d’un meilleur sort ;
Mais qui n’ont pas trouvé de port !
Et qui contraint à croire en Dieu ;
Sans avoir à qui dire adieu.
ne m’oubliez pas !
Cet arbre.
Mon cher seigneur !
Et rit. La femme alors, en colère, s’approche.
Lui dit-elle.
pourpre
O toi qui ceindras son doigt nu,
T’accueillir comme un bienvenu ?
Ce qu’elle est pour mon cœur épris,
De moi-même, un joyau sans prix.
Je pourrais, métal transporté,
Nid rose où dort la volupté.
Éblouissante de pâleur,
Les prend pour deux pêches en fleur.
Sa pruderie à l’œil du jour ;
Ces deux guichetiers de l’amour ;
Pour lui nul temple n’est fermé,
Qu’on cache à l’œil du bien-aimé ;
Son long vêtement desserré ;
Comme un beau cygne énamouré ;
Entr’ouvrant ses cils demi-clos,
Qu’Aphrodite sortant des flots…
Brisant ma forme d’un moment,
« Aimons-nous : je suis ton amant ! »
Pars, anneau, gage de ma foi,
« Il languit, il meurt loin de toi ! »
Moi, le fond de ses yeux.
Et les branches lointaines ! »
Des yeux diamantés ! »
Plane comme un mystère. »
Qui filtrent dans mes chairs. »
Vit dans sa transparence. »
Ils vivent, je le crois. »
De l’eau qui les caresse ? »
Dans tes yeux enfermé. »
Cette source est mortelle. »
De funèbres rideaux. »
Là, sais-tu qui repose ? »
Des rêves dorment-ils ? »
Par un charme attirées. »
Roulent ensevelis. »
Ont contemplé leur rêve. »
Nyssia, de tes yeux. »
Ton âme, que j’emporte ! »
Sous l’eau me survivra.
I
II
L’une,
III
IV
Printemps
Été
Automne
Hiver
Science
Dieu
Tout
Te Deum !
secret
Vérité — la Poésie
C’est dans sa maison qu’il faut vivre,
La fenêtre sur l’horizon.
maison
fenêtre
La gerbe épanouie
En mille fleurs,
Où Phœbé réjouie
Met ses couleurs,
Tombe comme une pluie
De larges fleurs.
De larges fleurs.
Morte en sa puberté.
Pour la Postérité.
Faite pour un oiseau.
Elle, mince roseau.
Les élans des grands jours.
Le beau, l’art, ses amours.
Ses lourds et tristes fruits.
Remue, étonne, instruis.
Mais quand Rachel parut,
Et le peuple accourut.
Souffre et meurs ; en avant !
Marche ! dit la Muse irritée,
Sur ton char, saignante et debout,
Du siècle sois le Prométhée ;
Les mers, les steppes, franchis tout.
Et le czar, dont l’orgueil te brise,
New-York qui ne t’a point comprise
Te porteront le dernier coup.
Marche, et sur ton masque burine
La lèpre, le fléau du jour ;
Pour de l’or gonfle ta narine,
L’or va te ronger la poitrine ;
L’or a les ongles du vautour.
Sur ce roc nud ils t’ont jetée ;
Du siècle sois le Prométhée,
Montre à la foule épouvantée
Pour quel dieu vibre son amour.
Pour la Postérité.
Une feuille tombe à vos pieds.
Au rendez-vous, tout seul, revient.
Qui recouvre l’Amour défunt…
Tant elle est haute, large et sombre.
Ni quel deuil en épaissit l’ombre.
Taillés selon leurs vieilles formes.
A des candélabres énormes ;
Dans le sable dur de l’allée,
Tomber une goutte isolée.
De la vigne vierge et du lierre,
Qu’ont meurtris ses flèches de pierre.
Deux à deux voltiger des flammes ;
Se donnent rendez-vous les âmes,
Sous les roses de sa tonnelle ;
S’unir sur sa bouche éternelle.
Au front.
Brillant Kâma !
Aux madhavîs.
Porte un poisson.
Le son du tal.
Mères des pleurs.
N’évitera,
Un arc strident !
Frères divins.
Plus vagabonds.
Dans la forêt.
En parasol,
Du malicâs,
L’époux lointain,
D’énervement.
Les rotangs verts.
De flots glacés !
Du noir troupeau.
L’auguste amant.
Ce chant divin :
Déchire-nous !
L’astre Tchandra !
Sont affranchis !
Des vils Çûdras ;
De perles ceints ;
Vont, deux à deux,
Mordent les fleurs,
Se parlent bas ! »
Les pics neigeux.
Et dit : « Vainqueur
» Des noirs Bhûtas ! »
Du pénitent,
D’une Apçara
Fallacieux,
L’anneau d’or fin,
De toutes parts !
L’arc à la main !
Du diamant,
Et des coucous,
D’un prompt éclair,
Qui la roulait,
Du noir Wiçhnû,
Ceint de bétel !
où
Cheval de fer que l’homme dompte !
Et part sur ses tringles de fonte.
Le dragon semble avoir des ailes ;
Et son aigrette d’étincelles !
Les champs décrivent des losanges ;
D’une odeur de sueurs étranges.
Fauve cyclope des ténèbres,
Et faisant valoir ses vertèbres.
Avec sa pourpre et ses tonnerres ;
Semblent des démons ordinaires.
Ils le savent, les capitaines !
Pour nous fertiliser les plaines !
Les éléments de notre gloire ;
Éclaireur de la route noire !…
A ma Grand’Mère
YAMÎ.
YAMA.
Ce cavalier
Un étalon
Toujours ! toujours !
D’une arme à feu.
Claquait au vent,
Trente-deux dents.
Newton,
:
geôliers
Cloche des âges morts sonnant à timbres noirs,
Lorsque
Ô
C’était
Qu’il faisait calme & beau, ce soir-là ! L’Angelus
Je
Courage
Sur
Là-haut
Ce
Les
Dans
Il
Justice
Étoiles
La
Le
MARIE.
LES ANGES DE LA MORT.
LES PETITS-ENFANTS.
IDAMÉEL.
MADELEINE.
LUCIFER.
ÉLOÏM.
SÉMIDA.
LE CYGNE DU CIEL.
FIN.
VOIX DE SÉMIDA, au Christ.
VOIX DE LUCIFER, à Idaméel.
*
(Assise sous un palmier du Paradis.)
LA VIOLE CÉLESTE.
Pourquoi ?
EVE.
MÉHALA.
EVE ET MÉHALA.
SÉMIDA, à Eve.
Moi, j’attendrai.
COMPLAINTE DE MADELEINE.
Or, les trois bienheureuses
Nous ne l’avons encor
EVE, à Méhala.
Je vois un cygne en deuil qui vole ;
EVE, à Sémida.
ÉLOÏM, se dévoilant.
CHANT DE SÉMIDA.
(Après un long silence.)
du fond des enfers.
sans cesser de regarder Sémida.
Satan se relève et soupire,
— N’importe.
PRIÈRE DE SÉMIDA.
L’ANGE DE L’AIR.
L’ANGE DES FORÊTS ET DES FLEURS.
L’ANGE DES MERS.
LES TROIS ANGES.
L’Arar devant moi se dressait ;
TREIZE VISIONS INFERNALES.
I.
II.
III.
IV.
V.
VI.
VII.
VIII.
IX.
X.
XI.
De ce triple spectacle
XII.
XIII.
Alors pourquoi pleurer,.
Pourquoi fuir ainsi le jour, ô jeune sainte ?
Oh ! douloureux présent !
O douce image, ô rêve !
Mes souvenirs à moi,
Mais toi, toi qu’un rêve obscur tourmente ;
Non, nous ne prions pas
Oui, puisque tu prieras ;
Au grand jour des alarmes,
Elle vit dans tes larmes !!!
LE CHRIST.
Ce nom, dans l’ombre enseveli,
Idaméel !!!
Celui
Un grand aigle planant
LE CIEL.
Dans l’Éden jamais de nuages,
Jamais les erreurs de l’espoir !
On voit tout en Dieu !… Les images
Brillent de l’éclat du miroir.
Ici-bas, souvent tout se voile :
L’amour s’éteint sous un adieu,
Le calme peut perdre une voile,
Une fleur nous cache une étoile,
La jeunesse nous cache Dieu.
L’arbre du baume, autour de l’ange,
S’exhale en longs flots vaporeux ;
Comme de l’Indus et du Gange
Se parfument lés-bords heureux,
Quand Delhi, rêveuse, s’admire
Aux ondes des lacs azurés ;
Et que la molle Cachemyre
Trempe dans l’encens et la myrrhe
L’aile de ses songes dorés.
Les Séraphins, troupe inspirée,
Traversent dans de saints transports
Le firmament, harpe sacrée
Dont leur vol émeut les accords ;
Compagne à la fois humble et fière,
Leur immortalité les suit ;
Ils respirent dans la prière,
Ils rayonnent sur la lumière,
Comme nos astres sur la nuit.
Quand, sur le vallon de déliées,
Jésus se lève éblouissant,
Les âmes tendent leurs calices
Au souffle doux et caressant ;
Tendres fleurs, moissons éternelles,
Trésor du dernier moissonneur ;
Les Chérubins ouvrent, près d’elles,
Les yeux flamboyants de leurs ailes,
Pour garder les chars du Seigneur.
D’étincelants et hauts portiques
D’émeraude et de diamant
Portent, sur leurs arceaux mystiques,
Les annales du firmament.
De la science, unique emblème,
Là, domine un arbre géant,
Renfermant le secret suprême
Du Dieu grand sorti de lui-même,
Du monde sorti du néant.
Autour de la croix qu’on embrasse,
Les vierges, sœurs de Gabriel,
Voient le Séraphin de la grâce
Balancer le lis bleu du ciel ;
Sous la coupole d’argyrose,
Inconnue aux splendeurs d’Ophir,
Dans leur sein qu’un doux baume arrose,
Leur cœur brille, comme un feu rose
Dans un encensoir de saphir.
Elles chantent ; leur voix bénie,
Aux sons vaporeux du Kébel,
Éclate en perles d’harmonie,
Couronne du cygne éternel :
C’est la voix de ces chastes femmes
Qu’entendait Thérèse au saint lieu ;
Accords, mélodieuses flammes,
Qui se perdent, comme des âmes,
Dans l’accord immense de Dieu.
J’aime
Nous
Grotte des Aigles, 3 juillet 1793.
Grotte des Aigles, 6 juillet 1793.
Grotte des Aigles, 24 août 1793.
25 août 1793.
26 août 1793.
27 août 1793.
Grotte des Aigles, 28 août 1793.
De la grotte, 16 septembre 1793.
17 septembre 1793.
De la grotte, 20 septembre 1793.
De la grotte, 25 septembre 1793.
De la grotte, 23 octobre 1793.
De la grotte, 24 octobre 1793.
28 octobre 1793.
De la grotte, 29 octobre 1793.
De la grotte, 1er novembre 1793.
De la grotte, 1er décembre 1793.
De la grotte, 16 décembre 1793.
6 janvier 1794.
[Le manuscrit était déchiré à cette place, et il manquait un certain nombre de feuilles. On peut présumer par ce qui suit que Jocelyn avait continué à noter les mêmes sentiments et les mêmes circonstances de sa vie heureuse pendant ces mois de solitude.]
De sa cellule, à Grenoble, 14 mai 1797.
Même maison, 25 juillet 1797.
Grenoble, août 1797.
17 septembre 1797.
Sept mois plus tard, du village de Valneige, mai 1798.
Valneige, 3 mai 1798.
Valneige, 4 mai 1798.
5 mai 1798.
(Un grand nombre de pages manquaient ici au manuscrit.)
Du village de sa naissance, 3 juillet 1800.
Même lieu, 18 juillet 1800.
Même lieu, 20 juillet.
Même jour, le soir.
21 juillet 1800.
1er août 1800, la nuit, au cimetière, près du tombeau de sa mère.
Grotte des Aigles, 15 avril 1794.
La grotte, 6 mai 1794.
25 juillet 1794.
15 octobre 1794.
1er novembre 1794.
6 novembre 1794.
7 décembre 1794.
Même date, la nuit, à onze heures.
Même date, à minuit.
8 décembre, le matin.
8 décembre, le soir.
9 décembre 1794, le soir.
Même date, plus tard.
12 décembre 1794.
6 janvier 1795.
Février 1795.
Mars 1795.
16 mars 1795.
Avril 1795.
Mai 1795.
1er mai 1786.
6 mai 1786.
17 mai 1786.
18 mai 1786.
26 mai 1786.
1er juin 1786.
3 juin 1786.
6 juin 1786.
(En lui montrant le manuscrit.)
Valneige, 22 octobre 1800.
Valneige, 9 novembre 1800, un soir d’hiver.
8 décembre 1800.
(Ici manquaient plusieurs feuilles du manuscrit.)
Au hameau de Valneige, 16 mai 1801.
(Ici plusieurs dates perdues.)
Valneige, juillet 1801.
Valneige, août 1801.
Valneige, 8 août 1801.
(Plusieurs dates manquent ici.)
21 novembre 1802.
À Maltaverne, sur la route d’Italie, 22 novembre 1802.
Au hameau de Maltaverne, 24 novembre 1802.
26 novembre 1802, de la grotte des Aigles.
27 novembre.
Valneige, novembre 1802.
Valneige, 19 mai 1803.
Valneige, 16 décembre 1803.
Valneige, 27 décembre 1803.
28 décembre, de son lit.
Paris, 16 septembre 1800.
Paris, 20 septembre 1800.
Paris, 21 septembre 1800.
Paris, 21 septembre 1800, le soir.
22 septembre 1800.
À Paris, 26 septembre 1800.
En route, 28 septembre.
Séminaire de ***, 1er janvier 1793.
18 février 1793.
Séminaire de ***, 15 février 1793.
25 février 1793.
28 février 1793.
Séminaire de ***, 2 mars 1793.
Séminaire de ***, 6 mars 1793.
Séminaire de ***, 8 mars 1793.
Séminaire de ***, 9 mars 1793.
De la Grotte des Aigles, au sommet des Alpes du Dauphiné, 15 avril 1793.
Grotte des Aigles, 17 avril 1793, pendant la nuit.
Grotte des Aigles, 18 avril 1793.
Même date, le soir.
20 mai 1793.
Grenoble, 2 août 1795, la nuit, caché chez un pauvre menuisier.
Dans l’hôpital de Grenoble, 5 août 1795, au soir.
Même lieu, 6 août 1795, le matin.
Même lieu, même date, le soir.
Même date, même lieu, même nuit.
12 août 1795.
Grotte des Aigles, 15 août 1795.
De la grotte, 16 août 1795.
Janvier 1836.
Dans ta ruelle
Tu mettrais l’univers entier
Jacques d’Artevelde
Deux
N’ont pas un plus étrange son.
Dans l’avenir qui vous attend.
Que j’abandonne à ta merci !
L’amour qui te dit : Crois en moi ?
Aurait jonché notre chemin !
Pour toi j’aurais tout dévoilé.
Que nous pouvons nous délier
Guirlande attachée au cercueil !
À tes yeux n’était-ce donc rien ?
Et j’aurais peine à pardonner.
Qui flétrit ce qu’elle a blessé.
« Des arbres morts de la forêt.
« La mousse est fraîche au fond des bois… »
Aux accents plaintifs de ses vers.
Hélas ! que vas-tu devenir ?
Chicoutimi, 1er juillet 1875.
La nuit vient lentement.
Aussi doux que l’été.
Pour hâter le retour.
Les yeux sur lui fixés.
Aux sapins chevelus.
Quand la lune viendra ?
Vers Dieu s’est élancé !
« Bénissez vos enfants ! »
Ici-bas
Souviens-toi !
Remember ! Souviens-toi, prodigue !Esto memor !
Souviens-toi
souviens-toi !
Guillaume de Juliers
I
Pourquoi
Et je n’aime plus.
Sans ouvrir les bras.
Moins belle qu’Atthis ?
Sans désir d’amour.
Gellô
Vertigineusement
l’Eté de la St. Martin !
Coureurs des bois
Paré
L’onde
Il existe deux versions de ce poème.
Première version[modifier]
Deuxième version[modifier]
Ses
hier
Psappha
L’Escaut
Feuillantines
Margot rêve, sa tête penche
Vers l’épaule d’un air profond ;
Ses grands yeux d’un bleu de pervenche
Errent du plancher au plafond.
Sur sa petite robe noire
Ses mains tombent négligemment,
Ses cheveux que le soleil moire
Sont dans un désordre charmant.
Sa lèvre qu’un soupir soulève,
Ou qu’un soupçon plisse parfois
Reste muette. Margot rêve :
Ce n’est pas la première fois.
Depuis peu de temps son grand-père
Est mort ; & sur ce front glacé,
Que nul sourire ne tempère,
Triste, elle l’avait embrassé.
Des hommes noirs au cimetière
L’avaient porté, puis laissé là
Tout seul, sous une grosse pierre.
Margot avait su tout cela.
Maintenant sa mère & sa bonne,
Quand elle en parlait, lui disaient :
« Il ne reviendra plus, mignonne,
« Il est au ciel ! » & se taisaient.
Au ciel ! le mot était étrange ;
Le ciel, c’est si haut & si loin !
Margot pensait bien qu’un bon ange
De son grand-père aurait pris soin.
Mais quel effet ce vieux visage
Pouvait-il produire ; & comment
Avait-il fait ce grand voyage,
Lui qui marchait si lentement ?
Margot rêve : ses regards plongent
Jusqu’au fond de l’éternité ;
Ses grands cils recourbés s’allongent
Sur sa joue au frais velouté ;
Ses mains s’ouvrent inoccupées :
« Ah ! bien sûr, dit-elle en cherchant,
« Que, tout comme aux vieilles poupées
« Qu’on rapporte chez le marchand,
« Aux grands-pères, aux pauvres veuves,
« À ceux qu’il prend dans leurs vieux jours,
« Le bon Dieu met des têtes neuves
« Afin qu’ils soient jeunes toujours ! »
Les grand’mères en cheveux blancs,
Qu’elles parcourent à pas lents ;
D’un bonheur profond & complet,
Laisse fuir les gouttes de lait ;
Leurs petites chansons d’oiseaux.
Doux comme un nid dans les roseaux !
Tendent leurs bras au plus petit.
Cent fois l’exhorte & l’avertit.
De temps en temps il mord ses doigts ;
Tous deux lui parlent à la fois.
Des rideaux pourpre chaque pli ;
On ne sait quoi de très-joli.
Tout craintif & tout enhardi.
Et tombe enfin comme étourdi.
Avec de petits cris joyeux.
Monter de leur cœur à leurs yeux.
Pièce parue à la Renaissance, le 14 septembre 1873.
C’est
Le Divan occidental
Émaux et Camées.
Du
D
G. N.
Germain Nouveau — La Doctrine de l’Amour
Les Mains
Bureau
Bobino
lait d’Hébé
MOI FRANÇAISE
BEAUCOUP PUIS
LE PLUS PÈSE
NUL NE SUIS.
Des
xviie-xviiie)
Y laisse d’âme et de parfums.
Ne s’était pas même fermé.
Se plonger éternellement ?
Vous aurez déjà palpité.
Sèchent vos brèves floraisons.
Sur la fragilité d’un sein ?
Devant deux yeux qui s’éteindront ?
Je sens un dieu mystérieux ?
De
Leurs cheveux flottants.
Autour des autels.
montrant le ciel du doigt
Contemple
Éloignez
Ivre
Septembre 1856.
La ruse n’en n’est pas nouvelle :
— Le vieux Conteur que j’ai cité
N’a jamais encore existé
Autre part que dans ma cervelle.
Tout ce que je vous en ai dit
Est pour donner à chaque conte
Que j’invente et que je raconte
Plus de force et plus de crédit.
Je connais la nature humaine,
Et sais qu’un poète inconnu
N’en serait autrement venu
A vous mener où je vous mène.
SAUGE-FLEURIE
COMMENT SAUCE-FLEURIE AIMA LE FILS DU ROI
COMMENT UNE MAITRESSE-FÉE CONDAMNA SAUGE-FLEURIE
[1]
COMMENT SAUGE-FLEURIE ALLA TROUVER LE PRINCE EN SON CHATEAU
COMMENT SAUGE-FLEURIE FIT AU PRINCE UN NOBLE ET TOUCHANT DISCOURS
NOTE
SONNET
MULOT ET MULOTTE
COMMENT MULOT ET MULOTTE REÇURENT DANS LEUR CABANE UNE VIEILLE HORRIBLE
COMMENT CETTE VIEILLE ÉTAIT UNE BELLE FÉE, ET COMMENT ELLE OFFRIT DE DONNER A MULOT ET A MULOTTE RICHESSES ET HONNEURS
MULOT
LA FÉE
LA FÉE (à part.)
COMMENT LA FÉE VOULUT RENDRE A MULOT ET A MULOTTE LA JEUNESSE, ET DE LA BONNE ODEUR DE LILAS QUI SE RÉPANDIT DANS LA CABANE
COMMENT LA FÉE EN BONNE PERSONNE BUT ET MANGEA AVEC MULOT ET MULOTTE
Et but avec nos bons vieux. Dieu les garde !
COMMENT TROIS BONNES FEES FIRENT TROIS BEAUX DONS A TROIS PETITES PRINCESSES
MORALITÉ
COMMENT LES ABEILLES ENTREPRIRENT UN LONG VOYAGE ET COMMENT ROSE-ROSE ATTENDIT LEUR RETOUR
COMMENT MYRTIL FIT A TRAVERS LE MONDE UN VOYAGE MERVEILLEUX QUI DURA CENT ETCINQUANTE ANNEES.
V
COMMENT MYRTIL VIT LE PETIT CASTEL DE CIRE ET LES ADMIRABLES CHANGEMENTS QUI S’ÉTAIENT FAITS DANS LA NATURE DU JARDIN
VI
COMMENT LES COLOMBES BLANCHES ACCOMPAGNÈRENT ROSE-ROSE JUSQU’AU CASTEL DE CIRE ET COMMENT MYRTIL L’Y REJOIGNIT.
VII
COMMENT ROSE ACCUEILLIT MYRTIL ET DU DISCOURS QU’ELLE LUI TINT
VIII
COMMENT LES ABEILLES CHANTÈRENT, CE QUE L’AUTEUR EXPOSE EN MANIÈRE DE CONCLUSION
COMMENT BELLE-MIGNONNE AVAIT EU DE SA MARRAINE LE DON DE FAIRE NAITRE DES FLEURS SOUS SES PAS AUSSITOT QU’ELLE AIMERAIT
COMMENT LE ROI ET LA COUR SUIVIRENT LES AMANTS A LA TRACE ET DÉCOUVRIRENT UN CHATEAU DE FLEURS AU LIEU DE FORET
COMMENT BELLE-MIGNONNE ET LE PAGE PARFAIT FURENT TROUVÉS L’UN PRÈS DE L’AUTRE ENDORMIS
Une
Passants
Les Communiers
Qvittons
Grand DIEV, de qui la force en miracles feconde,
LOVIS, à qui le ciel, de ce foudre de guerre
Le Ciel a de jeunes pâturages
Tendres, vers un palais triste et vermeil :
Un Essaim d’Heures sauvages
Des troupeaux silencieux du ciel,
Un nuage, un doux taureau s’écume,
Se détache, avec le souci réel
Du Baiser qui l’arrose et la parfume.
Et ces neiges, fraîcheur et ferveur,
Au ciel des étreintes fatales,
S’unissent, ô Douleur !
La Passion plus doucement encore a lui.
Sous le Baiser qui les parfume et les arrose,
Le Couchant a brûlé comme un palais.
Et le ciel s’aveugle avec les cendres
Qu’un Dieu noir chasse avec un balai.
CHŒUR DES CÈDRES DU LIBAN
Saint, saint, saint le Seigneur qu’adore la colline !
Derrière ces soleils, d’ici nous le voyons;
Quand le souffle embaumé de la nuit nous incline,
Comme d’humbles roseaux sous sa main nous plions !
Mais pourquoi plions-nous ? C’est que nous le prions !
C’est qu’un intime instinct de la vertu divine
Fait frissonner nos troncs du dôme à la racine,
Comme un vent de courroux qui rougit leur narine,
Et qui ronfle dans leur poitrine,
Fait ondoyer les crins sur le cou des lions.
Glissez, glissez, brises errantes ;
Changez en cordes murmurantes
La feuille et les membres des bois !
Nous sommes l’instrument sonore
Où le nom que la lune adore
A tous moments meurt pour éclore
Sous nos frémissantes parois.
Venez, des nuits tièdes haleines;
Tombez du ciel, montez des plaines;
Dans nos branches, du grand nom pleines,
Passez, repassez mille fois !
Si vous cherchez qui le proclame,
Laissez là l’éclair et la flamme !
Laissez là la mer et la lame !
Et nous, n’avons-nous pas une aine,
Dont chaque feuille est une voix ?
Tu le sais, ciel des nuits à qui parlent nos cimes,
Vous, rochers que nos pieds sondent jusqu’aux abîmes
Pour y chercher la sève et les sucs nourrissants ;
Soleils dont nous buvons les dards éblouissants ;
Vous le savez, ô nuits dont nos feuilles avides
Pompent les frais baisers et les perles humides : .
Dites si nous avons des sens !
Des sens dont n’est douée aucune créature,
Qui s’emparent d’ici de toute la nature,
Qui respirent sans lèvre et contemplent sans yeux,
Qui sentent les saisons avant qu’elles éclosent ;
Des sens qui palpent l’air et qui le décomposent,
D’une immortelle vie agents mystérieux !
Et pour qui ,donc seraient ces siècles d’existence ?
Et pour qui donc seraient l’âme et l’intelligence ?
Est-ce donc pour l’arbuste nain ?
Est-ce pour l’insecte et l’atome,
Ou pour l’homme, léger fantôme,
Qui sèche à mes pieds comme un chaume,
Qui dit la terre son royaume,
Et disparaît du jour avant que de mon dôme
Ma feuille de ses pas ait jonché le chemin ?
Car les siècles, pour nous, c’est hier et demain ! ! !
Oh ! gloire à toi, Père des choses !
Dis quel doigt terrible tu poses
Sur le plus faible des ressorts,
Pour que notre fragile pomme,
Qu’écraserait le pied de l’homme,
Renferme en soi nos vastes corps !
Pour que de ce cône fragile,
Végétant dans un peu d’argile,
S’élancent ces hardis piliers
Dont les gigantesques étages
Portent les ombres par nuages,
Et les passereaux par milliers !
Et quel puissant levain de vie
Dans la séve, goutte de pluie
Que boirait le bec d’un oiseau,
Pour que ses ondes toujours pleines,
Se multipliant dans nos veines,
En désaltèrent le réseau !
Pour que cette source éternelle
Dans tous les ruisseaux renouvelle
Ce torrent que. rien n’interrompt,
Et de la crête à la racine
Verdisse l’immense colline
Qui végète dans un seul tronc !
Dites quel jour des jours nos racines sont nées,
Rochers qui nous servez de base et d’aliment !
De nos dômes flottants montagnes couronnées,
Qui vivez innombrablement;
Soleils éteints du firmament,
Étoiles de la nuit par Dieu disséminées,
Parlez, savez-vous le moment ?
Si l’on ouvrait nos troncs plus durs qu’un diamant,
On trouverait des cents et-des milliers d’années
Écrites dans le cœur de nos fibres veinées,
Comme aux couches d’un élément !
Aigles qui passez sur nos têtes,
Allez dire aux vents déchaînés
Que nous défions leurs tempêtes
Avec nos mâts enracinés.
Qu’ils montent, ces tyrans de l’onde;
Que leur aile s’ameute et gronde
Pour assaillir nos bras nerveux !.
Allons ! leurs plus fougueux vertiges
Ne feront que bercer nos tiges
Et que siffler dans nos cheveux !
Fils du rocher, nés de nous-même,
Sa main divine nous planta;
Nous sommes le vert diadème
Qu’aux sommets d’Éden il jeta.
Quand ondoîra l’eau du déluge,
Nos flancs creux seront le refuge
De la race entière d’Adam,
Et les enfants du patriarche
Dans notre bois tailleront l’arche
Du Dieu nomade d’Abraham !
C’est nous, quand les tribus captives
Auront vu les hauteurs d’Hermon,
Qui couvrirons de nos solives
L’arche immense de Salomon ;
Quand, plus tard, un Verbe fait homme
D’un nom plus saint adore et nomme
Son Père du haut d’une croix,
Autels de ce grand sacrifice,
De l’instrument de son supplice,
Nos rameaux fourniront le bois.
En mémoire de ces prodiges,
Des hommes inclinant leurs fronts
Viendront adorer nos vestiges,
Coller leurs lèvres à nos troncs.
Les saints, les poètes, les sages,
Écouteront dans nos feuillages
Des bruits pareils aux grandes eaux,
Et sous nos ombres prophétiques
Formeront leurs plus beaux cantiques
Des murmures de nos rameaux.
Glissez comme une main sur la harpe qui vibre
Glisse de corde en corde, arrachant à la fois
A chaque corde une âme, à chaque âme une voix !
Glissez, brises des nuits, et que de chaque fibre
Un saint tressaillement jaillisse sous vos doigts !
Que vos ailes frôlant les cintres de nos voûtes,
Que des larmes du ciel les résonnantes gouttes,
Que les gazouillements du bulbul dans son nid,
Que les élancements de la mer dans son lit,
L’eau qui filtre, l’herbe qui plie,
La sève qui découle en pluie,
La brute qui hurle et qui cric,
Tous ces bruits de force et de vie
Que le silence multiplie,
Et ce bruissement du monde végétal
Qui palpite à nos pieds du brin d’herbe au métal,
Que ces voix qu’un grand chœur rassemble
Dans cet air où notre ombre tremble
S’élèvent pour chanter ensemble
Celui qui les faits, Celui qui les entend,
Celui dont le regard à leurs besoins s’étend :
Dieu, Dieu, Dieu, mer sans bords qui contient tout en elle,
Et que chaque soupir de l’heure qu’il rappelle
Remonte à lui, d’où tout descend ! ! !
.................................................
Vous êtes la beauté. Vers la pure Ionie [2]
[5] aux bois sacrés de l’Ausonie [6]
Les
Renaissance
Ne
récit
chœur
O passant,
Ne suis pas le chemin qui longe les abîmes.
Ne suis pas le chemin qui longe les abîmes.
EXPLICIT CENT BALADES
Mais gloire aux cathédrales !
Avec leur forêt d’énormes piliers
Ce sont des cités au-dessus des villes,
De l’aumône, au fond des sébiles,
Sous leurs porches hospitaliers.
Humblement agenouillées
Les églises et les chapelles
Des couvents,
Tout au loin vers elles
En joyeuses vassales ;
Voyez dans le nuage blanc
Ceux-là qui dressèrent la tour
Avec ses quatre rangs d’ouïes
Ceux qui bâtirent la muraille,
Tous ceux dont les doigts ciselèrent
Ceux qui semèrent de fleurs vives
Et vous, doigts qui semiez
Chaque jour encor faites s’éveiller
La rosace, immortelle rose
Que nul vent ne vient effeuiller !
Des tabernacles
De l’amour !
Vous qui voyez, ô souveraines,
La ville à vos genoux courber ses toits !
Vous dont les beaux pieds sont de marbre pur !
Vous dont les voiles
Sont d’azur !
Vous dont la couronne est d’étoiles !
Vous êtes belles sans orgueil !
Qui conduisent au bord du ciel,
Ô magnifiques cathédrales,
Les nefs aux silences amis,
Ce que disent les cathédrales,
Soit qu’au peuple, autour d’un cercueil,
Un orgue aux ondes sépulcrales
Soit que la foule autour des tables
S’y presse aux repas délectables,
Soit qu’un prêtre vêtu de blanc
Y rayonne au fond de sa chaise,
Heureux le cœur qui l’écoute en tremblant !
Heureux celui qui vous écoute,
Ô cathédrales, je vous vois
D’invisibles ris sont largués,
Une vigie est sur la hune,
Car immobiles, vous voguez,
Car c’est en vous que je vois l’arche
Et vous bravez tous les désastres.
Allez, vous êtes la figure
Vivante de l’humanité ;
Mène au port de l’éternité.
Que tout le ciel contemple,
Sur les marches du temple ;
Ô divine accouchée,
Sous la roche penchée ;
L’adorant la première,
Être fait de lumière ;
À la nuit de la tombe
Des ailes de colombe,
Dont tressaillent les cordes,
Et de miséricordes ;
Doucement importune,
Le croissant de la lune ;
Le cortège de Vierges,
Étoile par les cierges.
Les cantiques en flammes,
Et tes larmes des femmes ;
Luisait sous mes paupières,
L’échelle des prières
Aux pentes du Parnasse ;
Et mis dans votre nasse
Mis les cloches en joie,
Le velours et la soie !
Pour couper votre robe !
J’émaillerais le globe !
Planant sur nos désastres,
Son soleil et ses astres !
Et qui sont des orfèvres !
Moins vermeils que vos lèvres ;
Ni le marchand notable,
Ses jambes sur la table
Nul trésor dans mon coffre,
De bon cœur je vous offre.
La couleur en est franche,
C’est la chasteté blanche,
Fleur du cœur, non du bouge,
Et la charité rouge.
De la science avare,
L’amour de ce fruit rare ;
Je ne suis pas du temple,
À tous que son exemple.
Un peuple qu’il relève
Dire ce que je rêve.
Aimez, l’amour allège ;
Comme un lys dans la neige !
L’on cueille sous son aile,
C’est la fleur éternelle.
Pauvres cœurs que nous sommes !
Et l’amour fuit les hommes !
Et dans notre mémoire,
Son affreuse aile noire ;
Tant de poignards avides ;
Sont des sépulcres vides.
Sur la foule futile ;
De ma vie inutile.
Pour sa sainte querelle,
Est étrangement belle ;
Et que sa joue est pleine ;
Au milieu de la plaine ;
Ainsi que les pleurs lâches ;
Que, pour de nobles tâches,
Comme un arc qui s’anime,
Sa tête magnanime ;
Et que sa lèvre est grasse,
L’autre nom de la grâce ;
Jusqu’à rompre l’écorce ;
L’autre nom de la force ;
Et que le mal recule
La compagne d’Hercule.
Ô vierge catholique !
Au mal mélancolique ;
Ces sœurs sont exilées ;
Avec des voix ailées !
Sous le ciel noir qui gronde,
Comme un noyé dans l’onde !
De la vie et de l’âme,
Pieuse de la femme,
A balayé ces roses,
Sont repus et moroses ;
De l’âme qui décline,
Comme une ombre orpheline.
De notre temps qui souffre,
Dévoré par le gouffre ?
Et les yeux pleins de flammes,
Lui seul prendra les âmes ;
Noirs de gloire usurpée,
La parole et l’épée ;
Il fera pour l’Église
Sous la main de Moïse.
Incertain de la foule,
Du siècle qui s’écroule,
D’un front lourd de conquêtes,
Que frappent deux baguettes ;
D’éloquente frottée,
À la lave irritée,
Le glaive à lame amère
Du forgeron Homère,
Dont la gloire est jalouse,
Aux pieds de Charles douze ;
De l’amour qui féconde,
Pour transformer le monde.
Je
[2] le dénûment violent[3]
20
[4], très vigoureux[5]
60 s’éveillèrent[9]
[10]
70
[11]
80
[12]
90
100
110
[13]
[14]
120 misère[15]
130
140
[16]
150
160
[17]
[18]
170
[19]
[20]
180
[21]
190
200
[22]
210
[23].
220
[24]
230 lui qui devait garder la falaise côtière[25]
240 [à proue couverte d’anneaux[26]
250
260
270
[27]
280
[28]
[29]
290
À tel des [héros] agissant en braves[30]
300
310
330
330
340
350
[31]
360
370 qui a conduit ici ces guerriers ».
380
390 grand’salle Wulfgar s’avança,][32]
400
[33]
[34]
410
[35]
420
430
440
[36]
450
[37]. Toujours la destinée va comme elle le doit ! »
460
470
480
490
500
[38]
510
[39]
520
[40]
530
540
550
560
570
580
[41]
[42]
[43]
590
600 tue[44]
610
[45]
620
[46]
630
640
650
[47]
[48]
660
670
[49]
680
690
[50]
700
710
[51]
720
[52]
730
après cette nuit. [La] grande anxiété[53]
[54]
740
750
[55]
[56]
760
[57]
770
780
790 en ce jour de cette vie.
[58]
800
[59]
[60]
[61]
810
[62]
[63]
820
[64]
830
[65] de Grendel) sous le toit spacieux.
840
850
[son] âme païenne ; là l’enfer[66]
860
[67]
[68]
870 de vieilles sagas, imaginait une histoire nouvelle[69]
880
[70]
890
[71]
900 par ses actes de courage ; aussi prospéra-t-il jadis[72]
910
[73]
920
[74] le sentier [de la salle] d’hydromel avec un groupe de jeunes filles.
[75]
930
[76]
940
950
960
970
980
[77]
[78]
990 arracher la sanglante paume d’assaut de l’être prodigieux.
[79]
1000
[80], prit la fuite,
1010
1020
1030
[81]
[82]
1040
1050
[83]
1060
[84]
[85]
1070
[86]
1080
[87]
[88]
1090
1100
[89]
[90]
1110
[91]
1120
[92] était parti. »
1130
[93]
[94]
1140
[95]
[96] pas le sort du monde[97]
[98]
[99]
1150 [et] l’accusèrent de [leur] part de maux ; [son] esprit[100]
[101]
1160
[102]
1170
1180
[103]
1190
1200
1210
[104]
[105]
1220
[106]
1230
[107]
1240
1250 à leur seigneur lige ; cette gent était brave.
1260
[108]
[109]
[110]
1270
[111]
[112]
1280
[113]
[114]
1290
1300
[115]
1310
[116]
1320 d’après cette convocation pressante[117], la nuit [avait été] paisible.
Hrothgar parla[118]
[119]
1330
1340
[120]
[121]
1350
1360
[122]
[123]
1370
1380
1390
[124]
1400
[125]
1410
[126]
[127]
1420
[128]
1430
[129]
1440
1450
épée flamboyante ni estoc batailleur ne pût [le] mordre[130]
1460
[131]
[132]
1470
1480 Sois, toi, le protecteur[133]
[134]
1490
Après ces paroles le chef des Weder-Géates[135]
[136]
1500
1510
[137]
1520
1530
1540
[138]
[139]
1550 Lors eût péri[140]
[141]
1560
[142]
[143]
[lui] brisa les anneaux osseux[144]
1570
1580
1590
1600
[145]
1610 qu’il déroule les cordes du gouffre[146]
[147]
1620
1630
1640
1650 les gens aperçurent un étonnant spectacle.
[148]
1660
[149]
1670
1680
1690
[150]
1700
[151]
[152]
[153]
[154]
1710
[155]
[156]
[157]
1720 aux Danois suivant la coutume[158]
[159]
[160]
1730
1740
[161]
1750
1760
[162]
[163]
1770 les Danois aux Anneaux[164]
[165]
1780
[166]
1790
[167]
1800
[168]
[169]
1810
1820
[170]
[171]
[172]
1830
[173]
1840
[174]
1850
[175]
1860
[176]
1870
1880
[177]
1890
1900
[178]. Il s’en alla sur le navire[179]
1910
1920
[180]
[181]
[182]
1930
[183]
[184]
[185]
[186]
1940
[187]
1950
renommée pour [sa] bonté, sur le siège souverain[188]
[189]
1960 son pays natal. De là Eomer s’éveilla[190]
[191]
1970 bourgs distribuait des anneaux. Le voyage de Beowulf[192]
[193]
1980
[194]
1990
[195]
[196]
2000
2010
[197]
[198]
2020
2030
[199] accompagne l’enfant seigneurial des Danois[200]
2040
[202]
2050
[203]
2060
[204]
2070
[205]
[206]
2080
2090
2100 triste d’humeur, tomba au fond du marais.
[207]
2110
[208]
[209]
2120
[210]
2130
[211]
2140 de mon énorme épée[212]
[213]
2150
[214]
[215]
2160 Néanmoins[216]
[217]
[218]
2170
[219]
2180
[220]
2190
2200
[221]
2210
en ne sait qui d’entre les hommes. . . . . il prit[222]
2220 le héros [sans reproche] du peuple, que [le dragon] était furieux.
2230
2240
2250
2260
[223]
2270
2280
2290
2300
2310
Lors l’étranger[224]
2320
2330
2340
[225]
[226]
2350
2360 par sa propre force, usant de la natation[227]
[228]
[229]
2370
[230]
2380
[231]
[232]
Il se souvint de venger cette catastrophe nationale[233]
2400
[234]
2410 [l’endroit] où il savait une salle de terre solitaire[235]
2420
[236]
[237]
2430
[238]
[239]
[240]
2440
2450
[241]
[242]
[243]
2460
[244]
2470
2480
Lors j’ai appris que le matin un frère[245]
2490
[246]
2500
[247]
[248]
2510
2520
[249]
2530
[250]
2540
[251]
2550
[252],
2560 le seigneur des Géates, contre l’hôte affreux[253]
[254]
[255]
[256]
2570 se précipita vers [son] destin[257]
[258]
2580 pressé de peines[259]
[260]
[261]. Ce ne fut pas là un voyage[262]
[263] à abandonner cette plaine terrestre[264]
[265]
2590
[266]
2600
[267] pour qui est bien pensant.
[268]
2610
[269]
2620
[270]
2630 après que les trois furent aux prises[271]
[272]
2640
[273]
2650
[274]
2660 épée et heaume, cotte de mailles et bouclier protecteur[275].
Lors il marcha à travers la fumée meurtrière[276]
[277]
2670
[278]
[279]
2680 la tête [de la bête] enfoncé par l’assaut. Naegling[280]
[281]
2690 se jeta sur le vaillant, lorsque l’occasion s’offrit à lui[282]
2700
[283] ses sens, il tira l’épée courte meurtrière[284]
2710 le dernier temps de victoire[285]
[286]
[287]
[288]
2720
[289]
[290]
2730
[291]
[292]
[293] avec des amis de combat[294]
[295]
2740
2750
[296].
[297] tissée, sous le toit du tumulus.
[298]
2760
[299]
[300]
2770 une lueur [en sorte] qu’il pût distinguer le parquet[301]
[302]
2780
[303]
[304]
[305]
2790 [parvenu] au bout de ses jours ; il se mit de nouveau
[306]
2800 l’abandon de ma vie âgée[307]
[308]
2810
[309]
[310]
2820 sortit du cœur pour aller trouver le sort des justes[311].
[313]
2830
[314]
2840
[315]
2850
[316]
[317]
2860
2870
2880
[318]
[319]
[320]
[à savoir] du jour final ou[321]
2900
[322]
[323]
[324]
2910 de l’[être] cher et de l’[être] odieux[325]
[326]
[327]
[328]
2920
2930 il tua le chef maritime[329], recouvra [sa] femme,
[330]
[331]
2940
[332]
[333]
2950 vieux, très soucieux[334]
[335]
[336]
[337]
2960 après que les Hrethlings se pressèrent vers l’enclos [retranché][338]
[339]
2970
[340]
2980
[341]
2990 des récompenses devant la nation[342]
[343]
[344]
3000 l’assaut de carnage[345]
[346]
3010 sur le chemin du bûcher. Nulle chose seule[347]
3020
[348]
3030
[349]
3040
[350]
3050
3060
[351]
3070 l[352]
[353]
3080
[354]
[355]
3090
[356]
3100
[357]
3110 Lors le fils[358] de Weohstan, le héros[359]
[360], qu’ils portassent de loin,
[361]
3120
[362]
3130
[363] grisonnant, vers Hronesnaes[364].
3140
[365]
[366]
[367]
3150 [leur] seigneur lige ; [la vieille] femme[368]
[369]
3160
[370] le tumulus des bagues et des bijoux[371]
3170
[372]
[373]
[374]
3180
Novembre 1858.
Baudouin Bras de Fer
Le banquet des Gueux
Envoi
Jean Richepin.
(La chanson des gueux)
Pour copie conforme :
G. Nouveau.
Le jour, le jour se lève,
Clairons, voici le jour !
Enfin, le jour se lève !
Battez la générale,
Battez, battez, tambour !
Pour le tir à la cible
Battez, battez, tambour.
Sa caresse est féline
comme le point du jour :
Pour gravir la colline
Battez, battez, tambour !
Sa caresse est câline
Comme le flot du jour :
Pour gravir la colline,
Sa caresse est énorme
Comme l’éclat du jour :
Pour les rangs que l’on forme,
Sa caresse vous touche
Comme l’onde et le feu ;
Pour tirer la cartouche,
Battez, battez un peu.
Son Baiser vous enlace
Comme l’onde et le feu :
Pour charger la culasse,
Sa Caresse se joue
Tambour, pour mettre en joue,
Sa caresse est terrible
Pour le cœur trop sensible
Battez, battez un peu.
Sa caresse est horrible,
Pour ajuster la cible,
Restez, battez un peu.
Cette Caresse efface
Tout, sacré nom de Dieu !
Pour viser bien en face,
Son approche vous glace
Comme ses feux passés :
Pour viser bien en face
Cessez.
Car l’Amour est plus belle
Que son plus bel amour :
Battez pour la gamelle,
Battez, battez tambour,
Sonnez la boute-selle,
Trompettes de l’Amour !
Pour ma belle, à la ville,
Battez, battez tambour !
Car elle est moins cruelle
Que la clarté du jour :
L’amour est plus docile
Que son plus tendre amour :
Battez, battez tambour.
Elle est plus difficile
A plier que le jour :
Pour la mauvaise ville,
Nul n’est plus difficile
A payer de retour :
Pour la guerre civile,
Pour l’amour et la charge,
Battez pour vous défendre,
Battez, battez tambour.
Amis, la terre est vaste,
En avant, le tambour.
Battez, pour l’homme brave,
Battez pour l’homme lâche,
Pour le visage pâle
Car l’Amour, c’est la guerre,
Pour écarter le doute,
Or, mourir lui ressemble :
Battez fort pour qui tremble,
Car la paix, c’est sa palme,
Battez, pour qu’elle expire,
Battez pour qui veut vivre,
Battez, la mort est belle,
La guerre est la plus large
Des portes de l’Amour :
Pour l’assaut et la charge,
Pour étouffer la plainte
Battez, battez plus fort.
L’amour est au plus brave,
La Victoire… au plus fort !
Poème écrit à Bicêtre
Aujourd’hui
Atthis, seule, détaillant un manuscrit.
Furtive et confuse.
Elle tresse des fleurs.
Oppressée, elle ouvre la porte, et le verger apparaît.
Elle contemple un instant les arbres en fleurs, puis se détourne avec une mélancolie croissante.
On entend la voix de Psappha qui chante :
Atthis, autrefois… »
Le chant s’éloigne et meurt peu à peu.
Songeant.
Des voix confuses s’élèvent au dehors.
Chœur des vierges :
Mêle les couleurs.
Vers Androméda. »
La voix de Psappha dans le lointain :
L’ombre de la veille.
De Timas la Morte.
Je suis éternelle. »
Blanches du regret.
Je t’aimais, Atthis !
Bleus comme la nuit.
Et tes trahisons.
Plus loin de l’amour.
La pourpre des fleurs.
Je t’aimais, Atthis.
Aimer la Vérité,
Sans la beauté de Dieu, le cœur de l’homme est sombre.
Quelquefois le génie est le mot d’un enfant.
éclairé, cet âge utilitaire
En avant ! en avant
conseil au-dessus du précepte
plus utile
Mieux comprendre
moins sauvage
Spiritisme
l
Mammocratie
Leur
L
Quand
C’est
I
Au
dieux inconnus
maîtres inconnus.
L’aurore
Envoi
L’hymne d’amour puissant et calme.
Des temps nouveaux tendre la palme !
Terre radieuse et féconde,
Doubla l’envergure du monde !
Pour contrepoids et pour remède.
Avec ce levier d’Archimède !
De l’œuvre civilisatrice.
De grande régénératrice !
Voit en toi l’ardente fournaise
S’élabore l’âpre genèse !
Tout
jamais
A ma sœur Laurence.
Chicago, mars 1868.
Place de la Gare, à Charleville.
Valse des fifres
Ô toi qui naquis la première,
Blanche mère des visions,
Des vapeurs flottantes dans l’air :
Sourit, ô fille des étoiles !
Salut ! douce ; salut ! puissante.
Et conseillère de mes pas.
Par toi, tout ce que nous aimons.
Tu charmes le bord des ravines.
Dans les parfums et la rosée ;
Sur les choses que tu chéris.
Tu donnes aux nuits la douceur,
Que cherchent les jeunes tendresses.
Et de blonds nageurs que tu dores.
Prêtent l’éclat des sept couleurs.
Sous ton vêtement glorieux ;
Versent des délices nouvelles.
Où tu brilles dans une gemme,
Vierge comme en ton jour natal.
Belles et simples comme toi,
Leurs formes toujours cadencées !
En une volupté sereine,
Sous ta chaste couronne d’or.
Formera mes destins futurs,
Mes nouvelles métamorphoses.
blizzards
*
Jusqu’à son dernier battement ;
À chaque goutte de mon sang !
Sa rude ride sans pardon
Dont elle marque le sillon !
Par mes otages fusillés,
Par mes fils tombés par milliers,
De vaincre ou de mourir pour eux,
Au cœur de mes morts valeureux !
En face du ciel, je le fais,
Rouges encor du sang français,
Je regarde, avec un frisson,
Qui brûle et croule à l’horizon ! »
21 Mars 1915.
5 octobre
Quand
JEAN DE LA FONTAINE
CATULLE.
À quoi bon ?
1
Champillet, 9 septembre 1882.
Viens
Doucettement
Et ce bonheur qui vous inonde,
Le temps d’une aube boréale,
Ce que j’ai souffert par la femme,
Reviennent les blanches cigognes.
* M. de Bellegarde.
Des vers retentissants valent-ils le silence D'une âme qui remplit son devoir simplement, Et, pour autrui toujours pleine de vigilance, Trouve sa récompense et sa joie en aimant ?
La splendeur de la forme est une corruptrice ; Les ivresses du beau rarement nous font purs ; Recherche pour ton dîme une autre inspiratrice Que la Vénus aux yeux changeants, tendres ou durs.
Accomplis ton devoir, car la beauté suprême, Tu le sais maintenant, n'est pas celle des corps : La statue idéale, elle dort en toi-même ; L'œuvre d'art la plus haute est la vertu des forts.
Le saint est le très noble et le sublime artiste, Alors que de sa fange il tire un être pur Et tire un être aimant d'une bête égoïste, Comme un sculpteur un Dieu d'un lourd métal obscur.
L'humble héros qui lutte et qui se sacrifie, S'offrant à la douleur, à la mort sans trembler, Seul t'apprendra les fins augustes de la vie ; Et c'est à celui-là qu'il te faut ressembler.
Des tristes, des souffrants, de tant d'âmes qui pleurent, Approche avec amour, et les viens relever : C'est en luttant, souffrant, en mourant comme ils meurent, Qu'ils t'ont permis de vivre et permis de rêver !
Regarde-les parfois entr'ouvrant leurs yeux mornes Sur cette vie étrange et terrible pour eux. Que ta religion soit la pitié sans bornes ! Allège le fardeau de tous ces malheureux !
De ton âme l'ennui mortel faisait sa proie, Etant le châtiment de l'incessant désir ; Du fier renoncement de ton âme à la joie Goûte la joie austère et le sombre plaisir.
Sache que les héros, les saints, tu les imites En détruisant en toi l'égoïsme d'abord ; Meurs à toi-même, afin de vivre sans limites : Toute âme pour grandir doit traverser la mort.
Connais du vrai héros la volupté profonde ; Libre de sentiments égoïstes et bas, Sentant battre ton cœur avec le cœur du monde, Habite un lieu divin où la mort n'atteint pas.
Quand à l'âme de tous ton âme est réunie, Si bien que leur douleur est ta propre douleur, Alors tu fais ta vie immortelle, infinie, Et fais large ta joie en y mêlant la leur.
Oui, ta vie est sublime, est harmonique et pleine, De cette heure où ton être étroitement confond Sa destinée avec la destinée humaine, Et rentre, goutte d'eau, dans l'Océan profond.
Note[modifier]
Panem nostrum
Benedicite
Et le pain de son sac…
Pater
Un Pauvre
cornandons
la part du bon-dieu
trop fortuné s’il connût son bonheur
5
10
15
20
25
30
35
40
45
6 octobre
tertulia
III
1
Refrain
2
3
4
5
6
7
À Agénor Brady.
Surgite
Mortui
Au poète Auguste Dorchain.
Du château de R…
IV
Trois
A la princesse D....
(Paris, octobre 1838.)
sièges
protège
Songeant
SCHUMANN
Nous
Fiat lux
Note[modifier]
Ô Papillon
Sur
Vite
Votre mari le sabotier
INCONNU
Juin 1879
D’un
Vide ta pinte,
Roulier.
Et l’orge blond
Et le houblon de Flandre ;
Vide ta pinte
Joyeux et recueilli
Et laisse un peu de ton pays
Dans toi-même descendre.
Le houblon vert et l’orge blond
Pour s’exalter vers la lumière
Ont pris d’abord au sol profond
La bonne sève de la terre.
Comme toi, roulier,
Ils ne savent du monde
Que les champs clairs et familiers
Qui vont d’Alost jusqu’à Termonde ;
Ils ont aimé aux temps d’éveil
La même pluie et le même soleil,
Qui lentement sont devenues,
La bière.
D’un geste large et régulier
Vide ta pinte,
Roulier,
Et commande avec entrain
Un second verre
Pour le vider
Avec la saine et luisante commère
Qui te l’apporte
Au seuil des portes
Sur un plateau d’étain.
Car elle aussi, a puisé dans la terre,
Dans l’air, le vent et le soleil,
Ont exalté ses yeux profonds,
Et, comme l’orge et le houblon,
D’un geste large et régulier
Roulier.
À Henri d’Arles.
Imitation de J.-C.
Hic nostri reditus...!
La vie s’écoule entre deux rires : l’Espérance et le Regret.
À MES LECTRICES.
9 Nommé sont Scens, Retorique et Musique.
[9]
13 Que ne t’en voit en metre et en rimer ; [10]
[15]
22 Soutis, loyaus, jolis et sans amer. [17]
27 Qui te bail Scens, Retorique et Musique,
4 Par qui j’ay corps, vie et entendement.
9 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive. [21]
[22] [23]
[25]
[26]
22 Et les aucuns chanter bien plaisanment. [27]
27 Tant qu’en ce mont vous plaira que je vive. [29]
180
184 Commencier le Dit dou Vergier.
Un prêtre de Jupiter,
Père de deux grandes filles,
Toutes deux assez gentilles,
Et n’avaient point de bénéfices :
Bientôt après cet hyménée
Chez son époux, le père va les voir.
— Bonjour, dit-il, je viens savoir
— Jamais, répond la jardinière,
Vous ne fîtes meilleure affaire :
Il sait m’aimer sans jalousie,
Je l’aime sans coquetterie :
Fasse pousser nos artichauts.
De Jupiter; je lui dirai deux mots.
Adieu, ma fille. — Adieu, mon père.
L’interroger, comme sa sœur,
Sur son mari, sur son bonheur.
Le travail, l’amour, la santé,
Tout va fort bien, en vérité;
Pour sécher notre poterie.
Vous, pontife du dieu de l’air,
Parlez pour nous à Jupiter,
— Très volontiers, ma chère amie :
Tu me demandes du beau temps,
Et ta sœur a besoin de pluie.
Se soumettre, c’est les prier.
Parmi les marguerites,
Se sont assises dans un pré
Trois jeunes filles.
Elles s’exaltent et babillent
À leur gré ;
Savent-elles ce qui incite
Leur langue à tant parler ?
La première fait mille contes,
Se trompe et se reprend, et puis raconte
D’oreille à oreille
Comment elle a capté la veille,
Sans bruit, en tapinois,
Un essaim migrateur qui s’égarait au bois.
La deuxième n’est point en reste,
— Brusques regards, paroles prestes
Et menus gestes —
Mieux que personne, elle connaît les soins
Dont a besoin,
La première couvée.
Enfin
La troisième caquette en vain.
Des pas se font entendre sur la route
Et s’approchent du pré
Où sont assises à leur gré
Les jeunes filles.
Ce sont trois gars du bourg voisin
Sans regarder qui les regarde.
Et maintenant,
AIS-TU
31 mars 1882.
XI
Et prédisant aux crimes d’à présent
4 février 1881.
29 mai 1882.
Charles Nodier
maternelle
Ceux qui ne sont pas revenus !
De leur foyer et de leur cœur !
Derrière
Air : Mire dans mes yeux tes yeux.
divans
À Leconte de Lisle.
Par
Aux atroces baisers du ver,
C’était par une nuit d’hiver :
Ses pauvres organes défunts,
On versa d’onctueux parfums,
Et quand il en fut tout rempli,
Sans que la peau fit un seul pli.
Avait mis l’azur de ses ciels
Par des yeux bleus artificiels.
Parvint à la pétrifier ;
« Ça ne peut se putréfier !
« Par les reptiles du tombeau,
« Ait perdu le moindre lambeau ! »
Avec l'essence du carmin,
Son cou svelte et sa frêle main.
Pleine de stupeur et d’effroi ;
À son pauvre petit pied froid.
Je dénouai ses longs cheveux,
Au délire atroce et nerveux.
Pesantes comme un plomb fatal,
Dans une bière de cristal.
Et sur les ors et les velours
Planaient chauds, énervants et lourds.
Et ressuscitant sa beauté,
Dans les bras de la volupté.
De marbre noir et d’or massif,
Au-dessous d’un crâne pensif,
Narguant la putréfaction,
Devant ma stupéfaction.
Paris, 26 mars 1849.
Lamartine
Le même.
À P. M.
(bis)
(bis)
trois bouts du triangle
Quatre-Bis
Quand
Peser le voile de la mort.
C’est notre esprit qui ne voit pas.
Il peut à peine l’écarter.
Sur le premier flambeau venu.
A déjà répondu : « Tu mens !
Que tu feras de la clarté ? »
N’ont arraché que des lueurs.
Les fantômes qui les hantaient.
L’Invisible à se laisser voir.
À jamais cet aveugle-né.
Qu’elle renonce à son tourment.
Devient de plus en plus navrant.
Des lèvres de l’Humanité.
Prière
(Paris, août 1838.)
Sous
À Madame Louise Ackermann.
divisa
in vino veritas
Ce me semble, de vieilles planches ? »
Recuit à la flamme éternelle !
Ce Redresseur que tu célèbres ? »
Être vertueux, dans une heure ! »
Qu’habite et que ronge un insecte ! »
À la joyeuse Messe noire ?
Énorme et laid comme le monde !
D’aller au Ciel et d’être riche ?
Compagnons de ma triste joie,
Et qui n’est pas de pierre tendre ;
Un Ange sonne la victoire
Et ta prudence est infinie. »
Dont elle chante les louanges.
Oh ! la canaille !... et passer son chemin.
Martial de Paris
Heureuse ainsi que moi dans un tout petit coin.
Bouilly. —
Comme un phare au-dessus des flots.
Marquerait tout un peuple au front ! »
Pour voir les plus grands de l’État.
L’homme de bronze surgira.
Il se brûle en s’illuminant.
À Edmond de Guerle.
5 novembre
Qui toujours ont besoin de guerre;
Quant à moi, je les fuis sans cesse,
C’est la panure des vertus.
Dans un grand terrier de lapins
Vint porter sa misanthropie.
Il leur conta ses longs chagrins,
De vouloir lui donner asile.
Volontiers, lui dit le doyen :
Sont d’aller, dès l’aube du jour,
Avec nos femmes, nos petits;
Dans la gaîté, dans la concorde,
Souvent ils sont prompts à finir;
Raison de plus pour en jouir.
Telle est notre philosophie.
Et soyez de la colonie;
À ce discours plein de sagesse,
De passer ses jours avec eux.
Alors chaque lapin s’empresse
D’imiter l’honnête doyen
Et de lui faire politesse.
Jusqu’au soir tout alla bien :
Le hérisson de ses piquants
Lui dit le père de l’enfant.
Le hérisson, se retournant,
Et je ne puis pas me refondre.
Tu peux aller te faire tondre.
XXII
Dors
Triple Châsse vierge et martyre,
Derrière un verre, sous le plomb,
Elle est éteinte
Cette huile sainte…
Il est éteint
Le sacristain !…
orgue de Barbarie ?
Châsse
De par le Pape, tout fidèle,
À Saint-Jacques de Compostelle
Close en odeur de sainteté
. . . . . . . . . . . . . .
Cordieu ! Madame est donc sortie ?…
Je suis un bon ange, ô bel Ange !
Pour te couvrir, doux gardien…
La terre maudite me tient.
Ma plume a trempé dans la fange…
Hâ ! je ne bats plus que d’une aile !…
Prions… l’esprit du Diable est prompt…
— Ah ! si j’étais lui, de quel bond
Je serais sur toi, la Donzelle !
… Ma blanche couronne à ma tête
Déjà s’effeuille ; la tempête
Dans mes mains a brisé mon lys…
— Par Belzébuth ! contre la borne
Je viens de me rompre la corne !
Comme les trucs sont démolis !
Holà !… je vois poindre un fanal oblique
— Flamberge au vent, joli Muguet !
Sangre Dios ! rossons le guet !…
Un bonhomme mélancolique
Sereno… — Sereno toi-même !
— Minuit : second jour de carême,
Prêtez-moi donc un cigaro…
Gracia ! La Vierge vous garde !
— Mais… pas grand’chose et toi, merci.
De Tolose au Guadalété !
— Ça : n’as-tu jamais arrêté
Musset… musset pour sérénade ?
— Santos !… non, sur la promenade,
Je n’ai jamais vu de mussets…
— Son page était en embuscade…
Ah Carambah !
Qui vient nous la faire à l’aubade ?…
Traduction de Dureau de Lamalle.
V
Les frissons courent :
Qui vous labourent.
Au bout des voiles ;
Sont des étoiles !
Et les ramures ;
Et des murmures.
L’âme et la robe !
Qu’il se dérobe !
Récompensée ;
De la pensée.
Qui revêt l’arbre
Blanc comme un marbre.
Te bouleverse,
Qui me traverse ! »
Qui vous envoûte !
Frissonne toute.
À la voix trouble,
Et qui redouble.
Blafarde et maigre,
Sous la bise aigre.
Sans amertume ;
Qui nous consume !
Eh
Leur boujaron [1]
Morts… Merci : la Camarde
Ou perdus dans un grain…
encombrer
sombrer
mort
La Mer !…
noyés
Buvant sans hauts-de-cœur la grand’tasse salée
— Comme ils ont bu leur boujaron. —
Respire à chaque flot.
On dirait le ventre amoureux
Ils sont là ! — La houle a du creux. —
De profundis
Qu’ils roulent verts et nus,
terriens parvenus !
Québec, 24 juin 1856.
Sous ses gros bas bleus bien tirés
Laissant voir ses mollets cambrés
À mi-chemin des jarretières,
S’en vient près du vieux cantonnier
La femme rousse du meunier :
Cheveux frisés sur des yeux mièvres,
Blanche de peau, rouge de lèvres,
Le corsage si bien rempli
Qu’il bombe aux deux endroits, sans pli,
Cotillon clair moulant énormes
Le callipyge de ses formes.
En train de casser de la pierre :
« Voyez ! si l’on n’a pas d’malheur,
Et si n’faut pas que l’diab’ s’en mêle !
J’suis pourtant un’ solid’ femelle,
En plein’ force et dans tout’ sa fleur,
Eh ben ! yaura six ans à Pâques
Que j’somm’ mariés, et q’tels qu’avant,
Nous pouvons pas avoir d’enfant !
Ça s’ra pour c’te fois, disait Jacques,
Mais toujou sans p’tit le temps passa…
Et qu’on en voudrait tant un ! Dame !
C’est pas d’not’ faut’ ! l’homme et la femme
On fait ben tout c’qui faut pour ça.
J’ai fait dir’ des mess’ de pèl’rins,
Brûler des cierg’ aux saints, aux saintes,
Dans des églis’ en souterrains,
Mais ouah ! j’suis pas d’venue enceinte.
Les prièr’ ? les r’mèd’ de tout’ sorte ?
Méd’cins ? Curés ? n’m’ont servi d’rin.
J’suis tell’ comme un mauvais terrain
Qu’on ens’menc’ ben sans qu’i’ rapporte.
Et vrai ! C’est pourtant pas qu’on triche !
Mais, des fois, vous q’êt’s’ un ancien.
Si vous connaissiez un moyen ?
Faut me l’donner ! mon pèr’ Pierriche. »
Alors, le vieux lâchant sa masse,
À genoux sur son tas, voûté,
Lui répond avec la grimace
Du satyre qu’il est resté,
La couvant de son œil vert brun
Qui lèche, tâte, enlace, vrille :
« Sais-tu c’que t’as à fair’, ma fille ?
Eh ben ! faut aller à l’emprunt. »
Et la meunière aux yeux follets,
Qui sait ce que parler veut dire,
S’écrie en éclatant de rire :
« Vous seriez l’prêteur, si j’voulais.
Hein ? fiez-vous donc à c’bon apôtre !
Mais j’veux pas d’vous, vieux scélérat ! »
Et lui : « T’as ma r’cett’ qui pourra
P’t’êt’ ben t’servir avec un autre. »
À Jules Levallois.
À Sully-Prudhomme.
EXCELSIOR.
Oriôn
À Julien Travers.
XXV
EN PASSANT DANS LA PLACE LOUIS XV UN JOUR DE FÊTE PUBLIQUE
Sur le Mode majeur
Sur le Mode mineur
***
Kallirhoé
50
À M. Ambroise Didot.
Palladium
E Pluribus Unum !
l’union
LA DOUCEUR
Dos voûté, cou fluet ;
Ils vont, couple muet.
On les voit chanceler.
Qui vous fait reculer.
Et lui, crache du sang !
Opprime le passant.
Se choquant au désir,
Folles de se saisir.
Rajeunis et contents.
Les rend tout haletants.
Et leur maigre longueur ;
À force de langueur.
Ils avancent leur mort ;
Le frisson qui les tord.
C’est l’opium d’amour !
Jour et nuit, nuit et jour !
Leur ont crevé la peau ;
L’inévitable impôt.
Naître et se consommer ;
Revivent pour aimer !
Bien
Poems and Ballads, Erotion
Lorsque
Se soulève pour l’engloutir,
Et pousse au large un dernier cri.
À l’étouffer sous leur clameur.
S’amoncellent, la foudre aux flancs.
Court sans boussole et démâté.
Plus complet et plus désastreux.
Et nous sommes les naufragés.
Le dirige vers un écueil.
Subir mon engloutissement.
Qui s’amassent contre les cieux.
Rassemblé tous les désespoirs.
Pour frissonner d’avoir compris.
Je l’ai jeté ; je puis sombrer !
FIN
Version longue
Version courte
Une colombe gémissait
De ne pouvoir devenir mère :
Elle rencontre en un vieux nid
Semblable aux œufs de tourterelle.
Ah! quel bonheur! s’écria-t-elle :
Je pourrai donc enfin couver.
Et puis nourrir, puis élever,
Tous les soins qu’il me coûtera,
Les tourments qu’il me causera,
Quel plaisir vaut ces soucis-là?
Qu’elle ne le quitte pour rien,
Et ses délices les plus chères.
De joie elle est prête à mourir;
S’épuise pour le mieux nourrir.
L’enfant chéri vient à merveille.
Son corps grossit en peu de temps :
Diffèrent fort des tourterelles;
La mère les voit ressemblants.
À bien élever sa jeunesse
Pour être heureux, mon cher enfant,
Et le secret pour qu’on nous aime,
Ainsi parlait la tourterelle,
Quand, au milieu de sa leçon,
Un malheureux petit pinson,
Qu’il court à lui : sa mère croit
Et pour offrir au voyageur
Une retraite hospitalière.
Elle en mourut, la pauvre mère.
Mais c’était le fils d’un milan :
Rien ne change le caractère.
ENVOI
À Asinius Sempronins Rufus.
Une
fournaises
1er janvier 1857.
.
Veuve
(Suite à « Monsieur le curé dit sa messe »)
Épisode de 1870-1871.
Oh ! blame not the Bard...
Paix aux humbles !
À J.-M. Fleury.
Te Deum laudamus !
Loin
l’Atlantide
OUBLI !
J’aime
Qui s’essuie
Quand ça frise…
Tu te sèches,
Grand’ouverte !
Qui traverse !
Ou de pluie…
Fait la roue,
Qui barbote ;
« Ou pas chère,
« Vois : je flâne,
English spoken ?
« Batignolle ?…
« Ô marquise
« Ou mélange ?…
« Nom d’amante ?…
« Éternelle !
« Que tu crottes,
« Carabine ?…
« Insensée !…
La rengaîne :
« — Pas si bête !
« Qu’on arrose
« D’or ?… Tu coupes !…
« — Ô sourire !…
« De la hanche !
« — Héloïse !
« Me permettre
Le doux rêve
« La rosée
« Juliette !
« Qui te dore,
J’ai vu la finesse,
Faisons donc ici,
Le jour qu’il nous laisse,
Un prodige aussi.
Kourils prestes,
Mes bidets,
Farfadets,
Lutins lestes,
Sur deux pieds en course,
Avec cruche au bras,
Va vite à la source
Puis tu reviendras.
Servant preste,
Mon bidet,
Farfadet,
Esprit leste,
La course est si prompte,
Si prompts les retours,
Que l’eau monte, monte,
Monte au bain toujours.
Halte ! arrête !
De tes dons
Nous avons
Pleine fête.
Et, le flot à l’onde
S’ajoutant sans fin,
La maison s’inonde,
Déluge est le bain.
Vois mon signe,
Brute ! oison !
Trahison !
C’est indigne !
Pilier qui chemine,
Vilain avorton,
Pilier de cuisine
Redeviens bâton !
Qu’on te joigne
Seulement,
Garnement,
Qu’on t’empoigne !
Crac ! la perche dure
Est en deux morceaux,
Et je me rassure.....
Espoir vain et faux !
O misère !
Le second
Suit d’un bond
Son confrère,
Il vient : « Maître, maître,
« Pardonne. Je sus
« Les faire apparaître,
« Je n’en sais pas plus. »
— « Dans ton antre,
« Sans délai,
« Vil balai,
« Rentre, rentre !
Et mourir avec vous tout près. Ainsi soit-il !
(Tiré de la Motion de Sapience de Jehan-le-Saulnier).
Pierre de Marbeuf
L’Anatomie de l’œil
C’est celle dont jadis la vaporeuse image
M’apparut en fuyant, comme un léger nuage
Glisse en un ciel d’azur…
(A. J. Guirot)
Bientôt j’irai dormir d’un sommeil sans alarmes ;
Heureux si, dans la nuit dont je serai couvert,
Un œil indifférent donne en passant des larmes
À mon luth oublié, sur mon tombeau désert !
(V. Hugo)
Extrait des Nouveaux Poèmes Épiques.
Jocelyn et qu'elle était Laurence
XXVIII
………Un père est un don précieux
Qu’on n’obtient qu’une fois de la bonté des cieux.
(Ducis)
Ô l’amour d’une mère ! amour que nul n’oublie !
Pain merveilleux qu’un Dieu partage et multiplie !
Table toujours servie au paternel foyer !
Chacun en a sa part, et tous l’ont tout entier.
****
Avril 1841
Allons file, mon côtre !
Adieu mon Négrier.
Va, file aux mains d’un autre
Qui pourra te noyer…
Nous gîter en fringuant !
Nous rouler en rêvant…
— Adieu, rouleur de côtre,
Roule mon Négrier,
Sous les pieds plats de l’autre
Que tu pourras noyer.
Tu cascadais fourbu ;
Dis : en avons-nous bu !…
— Et va, noceur de côtre !
Noce, mon Négrier !
Que sur ton pont se vautre
Un noceur perruquier.
Ces vierges à sabords !
Ah ! c’étaient les bons bords !…
— Va, pourfendeur de lames,
Pourfendre, ô Négrier !
L’estomac à des dames
Qui paîront leur loyer.
Sur le roc au dos dur,
— Mais toujours d’un œil sûr ! —
— Va te soûler, mon côtre :
À crever ! Négrier.
Et montre bien à l’autre
Qu’on savait louvoyer.
Vent-dedans vent-dessus ;
Où l’on ne pêche plus.
— La mer jolie est belle
Et les brisans sont blancs…
Penché, trempe ton aile
Avec les goëlands !…
Le ciel qui court au loin.
Ton ventre de marsouin !
— Va, sans moi, sans ton âme ;
Et saille de l’avant !…
Plus ne battras ma flamme
Qui chicanait le vent.
Fortune
En bandant tes agrès !
Ni de risée après !
… Va-t’en, humant la brume
Sans moi, prendre le frais,
Sur la vague de plume…
Va ! — Moi j’ai trop de frais. —
Qui frisotte la mer !
Soulève un flot amer !…
— Dans ton âme de côtre,
Pense à ton matelot
Quand, d’un bord ou de l’autre,
Remontera le flot…
Sur l’humide varech ;
Faute de fond — à sec —
Citry, 14 octobre 1876.
Sta-Houlou seul on conte ses ennuis [2]
O mongoula
aché-ninak te trouve toujours là [3]
ô fils de la peau blanche
fleuve vieux
tchouka
Bonfouca (Louisiane), 1837.
(Ode IX, liv. IV)
Théodore Agrippa d’Aubigné — Stances
À l’éclair violent de ta face divine
Chatterton
Mangez, buvez ! voici ma chair, voici mon sang !
Juillet-août 1881.
OUR
Je demande en mariage La fille d’un roi, Avec ou sans alliage : Plutôt sans, ma foi. Mais je la voudrais très belle, Et voudrais encor Qu’elle eût une ribambelle De beaux écus d’or. Certes, un lyreur irritable N’est pas un miché, Mais c’est un parti sortable, Sinon recherché. Je ne suis pas sans fortune, D’ailleurs, savez-vous ? J’ai mes terrains de la lune Semés de cailloux ; J’ai de l’air sur la montagne… Je ne compte pas Mille châteaux en Espagne, Tout là-bas, là-bas… Ni mes palais sur le sable, Mes rêves en l’air, C’est quelque chose, que diable ! Ni ma part d’enfer. Ma reine ! je l’ai trouvée Plus splendide encor Que je ne l’avais rêvée : En chair et en or ! Eh bien ! nous ferons la noce Quand le mois de mai Roulera sur son carrosse De roses gemmé. Nous n’irons pas à l’église, Mince d’horizon ! — Quatre murs, quoi qu’on dise Sont toujours prison. Mais dans la forêt voisine, Sous le grand ciel bleu ; Les forêts sont, j’imagine, Plus pleines de Dieu. N’aurons non plus de prêtaille En habits de paon, Dont la voix nasille et braille : Balaban, ban ban. Je ne veux pour tous murmures Sous les verts arceaux, Que le chant dans les ramures Des petits oiseaux. Et les pins mélancoliques Pour mon cœur fervent Seront les orgues mystiques, Si souffle le vent. Les cieux, comme une féerie, Seront éclatants : Poète qui se marie A toujours beau temps. Si, comme témoins, ma mie, Et comme invités A toute une académie De rois hauts cotés De seigneurs sans importance… — Car je ne saurais L’en empêcher, comme on pense, Pour avoir la paix ; J’en aurai, moi, de plus chouettes Et sans nul arroi, Car ce sera des poètes, Des gueux comme moi. Après la cérémonie… Quoi, me dira-t-on, La noce est-elle finie Sans un gueuleton ? Ah ! loin de moi ces pensées C’est me faire affront. Des tables seront dressées Qui s’écrouleront Sous mille vins délectables, Mille vins rêvés. Je dirai aux pauvres diables : Mangez et buvez. N’épargnez pas la popotte, Puisque, aussi bien, c’est Elle qui paiera la note Dessus son budget. Et je dirai à ma reine : « M’amour, donne-leur À tous une bourse pleine Avec une fleur ; La fleur où le rire éclate, Pour leur rappeler De ta bouche délicate Le galant parler ; Et la bourse où l’or flamboie, Pour — uniquement — Leur donner un peu de joie Pendant un moment. Ils célébreront ta gloire Sur l’aile des vers, Et rediront ta mémoire Par tout l’univers. Nous, nous aurons, je l’espère, Des enfants, un jour, Qui feront, comme leur père, Des vers à leur tour.
Dans ce val solitaire et sombre, Le cerf, qui brame au bruit de l’eau, Penchant ses yeux dans un ruisseau, S’amuse à regarder son ombre. De ceste source une Naïade Tous les soirs ouvre le portal De sa demeure de crystal, Et nous chante une serenade. Les nymphes que la chasse attire À l’ombrage de ces forests Cherchent des cabinets secrets, Loin de l’embusche du satyre. Jadis au pied de ce grand chesne, Presque aussi vieux que le soleil, Bacchus, l’Amour et le Sommeil, Firent la fosse de Silene. Un froid et tenebreux silence Dort à l’ombre de ces ormeaux, Et les vents battent les rameaux D’une amoureuse violence. L’esprit plus retenu s’engage Au plaisir de ce doux sejour, Où Philomele nuit et jour Renouvelle un piteux langage. L’orfraye et le hibou s’y perche ; Icy vivent les loup-garous ; Jamais la justice en courroux Icy de criminels ne cherche. Icy l’amour faict ses estudes ; Venus y dresse des autels ; Et les visites des mortels Ne troublent point ces solitudes. Ceste forest n’est point profane, Ce ne fut point sans la fascher Qu’Amour y vint jadis cacher Le berger qu’enseignoit Diane. Amour pouvoit par innocence, Comme enfant, tendre icy des rets ; Et comme reine des forests, Diane avait cette licence. Cupidon, d’une douce flamme Ouvrant la nuict de ce valon, Mit devant les yeux d’Apollon Le garçon qu’il avoit dans l’ame. À l’ombrage de ce bois sombre Hyacinthe se retira, Et depuis le Soleil jura Qu’il seroit ennemi de l’ombre. Tout auprès le jaloux Borée, Pressé d’un amoureux tourment, Fut la mort de ce jeune amant, Encore par luy soupirée. Saincte forest, ma confidente, Je jure par le Dieu du jour Que je n’auray jamais amour Qui ne te soit toute evidente. Mon ange ira par cet ombrage ; Le Soleil, le voyant venir, Ressentira du souvenir L’accez de sa premiere rage. Corine, je te prie, approche ; Couchons-nous sur ce tapis vert, Et pour estre mieux à couvert, Entrons au creux de cette roche. Ouvre tes yeux, je te supplie : Mille Amours logent là-dedans, Et de leurs petits traicts ardans Ta prunelle est toute remplie. Amour de tes regards souspire, Et, ton esclave devenu, Se voit luy-mesme retenu, Dans les liens de son empire. Ô beauté sans doute immortelle, Où les Dieux trouvent des appas ! Par vos yeux je ne croyois pas Que vous fussiez du tout si belle. Qui voudroit faire une peinture Qui peust ses traicts representer, Il faudroit bien mieux inventer Que ne fera jamais nature. Tout un siecle les destinées Travaillerent après ses yeux, Et je croy que pour faire mieux Le temps n’a point assez d’années. D’une fierté pleine d’amorce, Ce beau visage a des regards, Qui jettent des feux et des dards Dont les Dieux aymeroient la force. Que ton teinct est de bonne grace ! Qu’il est blanc, et qu’il est vermeil ! Il est plus net que le Soleil, Et plus uni que de la glace. Mon Dieu ! que tes cheveux me plaisent ! Ils s’esbattent dessus ton front, Et les voyant beaux comme ils sont, Je suis jaloux quand ils te baisent. Belle bouche d’ambre et de roze, Ton entretien est desplaisant Si tu ne dis, en me baisant, Qu’aymer est une belle chose. D’un air plein d’amoureuse flame, Aux accens de ta douce voix, Je voy les fleuves et les bois S’embrazer comme a faict mon âme. Si tu mouilles tes doigts d’yvoire Dans le crystal de ce ruisseau, Le Dieu qui loge dans ceste eau Aymera s’il en oze boire. Présente-luy ta face nue, Tes yeux avecque l’eau riront, Et dans ce miroir escriront Que Venus est icy venue. Si bien elle y sera despeincte, Que les Faunes s’emflammeront, Et de tes yeux, qu’ils aymeront, Ne sçauront descouvrir la feinte. Entends ce Dieu qui te convie À passer dans son element ; Oy qu’il soupire bellement Sa liberté desjà ravie. Trouble-luy ceste fantaisie, Destourne-toi de ce miroir, Tu le mettras au desespoir, Et m’osteras la jalousie. Voy-tu ce tronc et ceste pierre ? Je crois qu’ils prennent garde à nous, Et mon amour devient jaloux De ce myrthe et de ce lierre. Sus, ma Corine ! que je cueille Tes baisers du matin au soir ! Voy comment, pour nous faire asseoir, Ce myrthe a laissé cheoir sa fueille. Oy le pinçon et la linotte, Sur la branche de ce rosier ; Voy branler leur petit gosier ! Oy comme ils ont changé de notte ! Approche, approche, ma Driade ! Icy murmureront les eaux, Icy les amoureux oyseaux Chanteront une serenade. Preste-moy ton sein pour y boire Des odeurs qui m’embasmeront ; Ainsi mes sens se pasmeront Dans les lacs de tes bras d’yvoire. Je baigneray mes mains folastres Dans les ondes de tes cheveux, Et ta beauté prendra les vœux De mes œillades idolatres. Ne crains rien, Cupidon nous garde. Mon petit ange, es-tu pas mien ? Ha ! Je voy que tu m’aymes bien : Tu rougis quand je te regarde. Dieux ! que ceste façon timide Est puissante sur mes esprits ! Regnauld ne fut pas mieux espris Par les charmes de son Armide. Ma Corine, que je t’embrasse ! Personne ne nous voit qu’Amour ; Voy que même les yeux du jour Ne trouvent point icy de place. Les vents, qui ne se peuvent taire, Ne peuvent escouter aussy, Et ce que nous ferons icy Leur est un inconnu mystere.
XII
IX
À MADEMOISELLE FANNY DE P.
VIII
Une fois sa besogne faite,
Lui recoud, aussitôt, la tête.
Est ennemi de tout scandale ;
Tel qui se présente acéphale.
Ou par manœuvres odieuses,
« Le Temps » nomme ses « précieuses »…
Mettons ses choses… ses histoires…
Celles que Taupin a si noires.
Comme il aurait beau les recoudre,
Et qu’il ne peut pas se résoudre
Les rendre à son juge suprême ;
C’est encor le meilleur système.
Emmi cent autres bagatelles.
Que diable ! elles n’ont pas des ailes.
Par suite de quelle aventure,
Sur le zinc, nous livre en pâture,
C’est cher, même avec garantie.
Prenant le tout pour la partie.
Devaient être à mon avis, ivres,
D’en faire commerce pour vivre.
Venir, entre ses mains pieuses,
Où sont ses chères « précieuses ».
De l’alcool qui les vit confire,
Il se « rembourse » pour tout dire.
Quant à moi, par Hercule
« Précieuses » si ridicules.
V
XVI
Ivre, il est triste.
Et le sultan s’écrie : « Ô sphinx dont l’œil flamboie,
LE PREMIER SPHINX
LE DEUXIÈME SPHINX
LE TROISIÈME SPHINX
LE QUATRIÈME SPHINX
LE CINQUIÈME SPHINX
LE SIXIÈME SPHINX
LE SEPTIÈME SPHINX
LE HUITIÈME SPHINX
LE NEUVIÈME SPHINX
LE DIXIÈME SPHINX
Il est mort. Le sultan écoutait, morne et pâle.
Lui dit :
Zim lui parla :
La lampe s’éteignit.
Zénith.
Je suis le haut.
Nadir.
Je suis le bas.
J’ aime.
Je ris.
Le dessous est charmant.
ô Paris !
Je m’ amuse. Je vois le vrai côté des femmes.
Petits pieds de Suzette !
Je lis le livre écrit par Dieu.
Pour tomber dans les trous.
Et fort maigris.
Vivants ! Enivrez-vous d’ extases !
Soyez gris.
Pensez !
Buvez, mangez, faites-vous de gros ventres.
Crois-tu ?
Création, salut !
Triste machine !
Gloire à Dieu !
Peuh !
Salut, ô France !
Bonjour, Chine.
Tiens ! Il laisse tomber par terre la Pucelle !
Et cache ton pied-bot.
Christ naît. J’ entends un bruit de harpe.
Et de rabot.
Son père est roi.
Son père est charpentier.
ô Joseph ! ô scie !
Allons-nous-en.
Aime le villageois.
Mais crains le paysan.
Je vois l’ envers.
Bonsoir à lord Elgin !
Justes, buvez l’ absinthe.
Je regarde voler les aigles.
Moi, les juifs.
Morus meurt pour la loi ; Caton, pour la patrie.
Buvons !
Gloire au soleil !
Tais-toi, nègre !
Et Camoëns fut borgne.
ô Dieu. Je suis heureux ! Je contemple.
Silence !
Tout est bien, tout est beau.
L’ idéal rayonne, astre immobile.
Tout glorifie…
à bas !
Et tout affirme.
Non !
Socrate était ivrogne et Thalès libertin.
Croyez.
C’ est Jean qui pleure et Jean qui rit.
Bah !
Tais-toi, fange !
Que Balaam vous monte !
Est-il de Paris à Pékin
Plus joli masque de théâtre
Qui sourie aux anges de plâtre
Nus sous le manteau d’Arlequin ?
Vous savez lire entre les lignes…
Les mots nagent dans l’encrier
Mais les mois ne sont pas des cygnes !
Je ne pourrai jamais tailler
Dans ce nuage une statue,
Si je n’ai pas vaincu les mots :
La danseuse sortant des flots
De tulle-illusion-perdue.
Si bien que, dans l’histoire,
Sa gloire,
Les tout premiers,
Ses ouvriers
Avec la trame aux mille jeux,
Tissant les draps lourds et moelleux,
Le travail clair, familial et unanime.
Et l’accomplit,
Il est têtu, parce qu’il croit
Que sa cause est le droit,
Il la veut ferme et forte autant
Qu’est ferme et fort son cœur battant.
Déjà les Halles
Sortent de terre, lentement,
Vers l’or épars du firmament.
Et puis,
Ne sait-il point aussi,
Qu’aux jours de la prochaine année,
Se carrera dans l’été d’or
Unique, immense et droit,
Le beffroi ?
Alors,
Ne pourront croire
Que ce témoin de tant de gloire
N’ait authentiquement été,
Dans un morceau d’éternité,
Sculpté.
S’allumèrent tous à la fois :
On eût dit que leurs flammes
Faisaient un large brasier d’âmes.
Au cours des temps,
En sa croissance triomphale,
Jusqu’au ras de la terre.
Doit aujourd’hui
Illuminer le cœur de ceux
Qui ont cru voir avec leurs yeux,
Et dans les feux
Et dans les cendres,
La Flandre !
Mort pour la Patrie.
La garde, ont-ils crié, meurt et ne se rend pas ! »
Sur l'air de On doit soixante mille francs
Les Dettes
bis
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DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.
Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
Leur marche est paresseuse et leur but est lointain.
Depuis une heure, ils n’ont pas fait plus d’une lieue ;
Pour leur voyage, ils sont partis dès le matin
Ce soir, pour les guider resplendira la lune,
Comme un phare dressant sa clarté sur la mer ;
Ils glisseront alors sur l’onde calme et brune,
Et dans l’ombre le port leur apparaîtra clair.
Atteindront-ils jamais les îles fortunées,
Les blancs petits bateaux de l’océan divin ?
Hélas ! rêves déçus de toutes nos journées,
Bonheur, archipel d’or cherché toujours en vain !
blagueur
O tempora ! o mores !
*
* *
François-Réal Angers — La Voix d’une ombre
1838
Envoi
Est via sublimis cœlo manifesta sereno,
Lactea nomen habet, candore notabilis ipso.
Hac iter est superis ad magni tecta tonantis,
Regalemque domum.
Métamorphoses, livre I.
À Victor Perrot
Guillaume Apollinaire — Alcools
Voie lactée (2)
Viélé-Griffin
Au rondeau du Mayaud, au rondeau du Mayaud,
Ma grand’mère, ma grand’mère, ma grand’mère a fait un saut.
daüne
1897.
Certes
À Paul Verlaine.
Cette
J’ai
*
Ô
en peine et de passage
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