La belleza

Soy hermosa, ¡oh, mortales! cual un sueño de piedra,
Y mi pecho, en el que cada uno se ha magullado a su vez,
Está hecho para inspirar al poeta un amor
Eterno y mudo así como la materia.

Tengo mi trono en el azar cual una esfinge incomprendida;
Uno un corazón de nieve a la blancura de los cisnes;
Aborrezco el movimiento que desplaza las líneas,
Y jamás lloro y jamás río.

Los poetas, ante mis ampulosas actitudes,
Que parezco copiar de los más altivos monumentos,
consumirán sus días en austeros estudios;

Porque tengo, para fascinar a esos dóciles amantes,
Puros espejos que tornan todas las cosas más bellas:
¡Mis ojos, mis grandes ojos, los de los fulgores eternos!

Collection: 
1841

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