El juego

En los sillones marchitos, cortesanas viejas,
Pálidas, las cejas pintadas, la mirada zalamera y fatal,
Coqueteando y haciendo de sus magras orejas
Caer un tintineo de piedra y de metal;

Alrededor de verdes tapetes, rostros sin labio,
Labios pálidos, mandíbulas desdentadas,
Y dedos convulsionados por una infernal fiebre,
Hurgando el bolsillo o el seno palpitante;

Bajo sucios cielorrasos una fila de pálidas arañas
Y enormes quinqués proyectando sus fulgores
Sobre frentes tenebrosas de poetas ilustres
Que acuden a derrochar sus sangrientos sudores;

He aquí el negro cuadro que en un sueño nocturno
Vi desarrollarse bajo mi mirada perspicaz.
Yo mismo, en un rincón del antro taciturno,
Me vi apoyado, frío, mudo, ansioso,

Envidiando de esas gentes la pasión tenaz,
De aquellas viejas rameras la fúnebre alegría,
¡Y todos gallardamente ante mí traficando,
El uno con su viejo honor, la otra con su belleza!

¡Y mi corazón se horrorizó contemplando a tanto infeliz
Acudiendo con fervor hacia el abismo abierto,
Y que, ebrio de sangre, preferiría en suma
El dolor a la muerte y el infierno a la nada!

Collection: 
1841

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