William Chapman

  • Notre langue naquit aux lèvres des Gaulois.
    Ses mots sont caressants, ses règles sont sévères,
    Et, faite pour chanter les gloires d'autrefois,
    Elle a puisé son souffle aux refrains des trouvères.

    Elle a le charme exquis du timbre des Latins,
    Le séduisant brio du...

  • La nuit d'hiver étend son aile diaphane
    Sur l'immobilité morne de la savane
    Qui regarde monter, dans le recueillement,
    La lune, à l'horizon, comme un saint-sacrement.
    L'azur du ciel est vif, et chaque étoile blonde
    Brille à travers les fûts de la forêt profonde.
    La...

  • Derrière deux grands boeufs ou deux lourds percherons,
    L'homme marche courbé dans le pré solitaire,
    Ses poignets musculeux rivés aux mancherons
    De la charrue ouvrant le ventre de la terre.

    Au pied d'un coteau vert noyé dans les rayons,
    Les yeux toujours fixés sur...

  • C'est un après-midi du Nord.
    Le ciel est blanc et morne. Il neige ;
    Et l'arbre du chemin se tord
    Sous la rafale qui l'assiège.

    Depuis l'aurore, il neige à flots ;
    Tout s'efface sous la tourmente.
    A travers ses rauques sanglots
    Une cloche au loin se...

  •  
    À Mme C. P.

    La jeune mère, avec son fils, sur le gazon
    Du parc vient de humer la brise printanière.
    Le soleil moribond de sa lueur dernière
    Empourpre vaguement le bord de l’horizon.

    À peine le baiser du vent met un frisson
    Dans les...

  •  
    I

    C’est le vingt-quatre juin ! c’est l’été qui commence
    Et verse à flots ses feux à l’étendue immense.
    Sous nos cieux tout est joie, harmonie et clarté,
    Partout brille au soleil la splendeur de l’érable.
    C’est le vingt-quatre juin ! c’est l’aube...

  •  
    Poème lu par l’auteur devant la statue de Montcalm, à
    Québec, le 16 octobre 1911.

    Tout près d’ici, tout près du sol que nous foulons,
    Altier comme Québec debout sur sa falaise,
    Plein du feu des Klébers et des Timoléons,
    En voulant rallier ses...

  •  
    Un soir de l’an dernier, à la fin de septembre,
    Au temps où sur les prés flotte l’odeur de l’ambre,
    Où les blés blondissants ondulent mollement
    Comme des flots d’or pleins d’un doux bruissement,
    Je passais, par hasard, dans un petit village
    Qui s’élève...

  •  

    Sept heures du matin, au début de l’automne.

    Le soleil se levait dans un ciel qui moutonne,
    Et la brume noyait à demi ses rayons.
    L’air piquait, et le vent roulait en tourbillons
    Les feuilles de l’érable aux branches presque nues
    Sur les trottoirs boueux,...

  •  
    Sur un marché rempli d’une rumeur de houle,
    En plein jour, sa lanterne allumée à la main,
    Et semblant à tâtons poursuivre son chemin,
    Diogène cherchait un homme dans la foule.

    Le philosophe grec, sorti de son tonneau,
    Qu’il aimait à l’égal d’un palais de...