Charles Vion d'Alibray

  • Je ne vay point aux coups exposer ma bedaine
    Moy qui ne suis connu n'y d'Armand ni du Roy ;
    Je veux sçavoir combien un poltron comme moy
    Peut vivre n'estant point Soldat ny Capitaine.

    Je mourrois, s'il falloit qu'au milieu d'une plaine
    Je fusse estropié de ce...

  • Tirsis, laisse parler le vulgaire insensé
    Et n'ecoute jamais sinon ta conscience,
    Chez elle seulement est le siege dressé
    Qui doit te condamner ou prendre ta deffense,

    Le plus beau de tes ans s'en va tantost passé,
    Et tu n'as pas de vivre encore la science ;...

  • Ton corps plus doux que ton esprit
    S'exposait hier à ma vue,
    Et d'un transport qui me surprit
    Soulageait l'ardeur qui me tue.

    Ton visage masqué me rit
    Ainsi qu'au travers d'une nue,
    Et sous le gant qui la couvrit
    Ta main m'apparut demi nue.
    ...

  • Songe, songe Mortel, que tu n'es rien que cendre
    Et l'asseuré butin d'un funeste cercueil,
    Porte haut tes desseins, porte haut ton orgueil,
    Au gouffre du neant il te faudra descendre.

    Qu'est enfin un Cesar, et qu'est un Alexandre
    Dont les armes ont mis tant de...

  • Je ne t'impute point l'amour que je te porte,
    D'un objet tout divin mes sens y sont forcez,
    Je sçay ce que tu vaux, Phyllis, et c'est assez,
    Et je sçay ce que c'est d'un Amant de ma sorte.

    N'apprehende donc point qu'un vain desir m'emporte,
    Ny que je vueille...

  • Cleon, depuis le temps que tu perdis ton pere,
    Tu vivois avec nous, comme l'un d'entre nous,
    On ne t'en a point veu d'une humeur plus austere,
    On ne t'en a point veu d'un visage moins doux.

    Quand l'heure du disner te retiroit d'affaire
    Ainsi que tu soulois, tu...

  • J'ay fait des vers toute ma vie
    Et j'ay toute ma vie aimé ;
    Ma pauvre veine en est tarie,
    Et mon coeur en est consumé.

    J'estois glorieux de te suivre,
    Pere du sçavoir et du jour,
    Et croiois aussi que l'Amour
    Me feroit heureusement vivre.

    ...

  • Maintenant qu'un air doux nous ramene un beau Jour,
    Considere, Phyllis, cette Saison nouvelle,
    Comme elle rit au Ciel, et luy parle d'amour,
    C'est parce qu'elle est jeune, et parce qu'elle est belle.

    Cette fleur qui blanchit les arbres d'alentour,
    Ce n'est pas...

  • Aime, si tu le veux, je ne l'empesche pas,
    Mais aime pour le moins en homme de courage ;
    N'asservis point ton coeur sous un vil esclavage,
    Et ne demande point chaque jour le trépas.

    La tempeste ne bruit que parmy les lieux bas,
    Les monts voisins du Ciel sont...