31 octobre

Au citoyen Élie MAY.

Le peuple sent qu’il est trahi,
C’est trop aboyer à la lune.
L’Hôtel de Ville est envahi,
Paris, proclame ta Commune !

A-t-on pris à Sainte-Périne
Tous ces dictateurs impotents ?
Leur ton dolent, leur voix chagrine,
Déconcertent les combattants.
On les voit, quand la France expire,
Reboucler avec onction
La muselière de l’Empire,
A notre Révolution.

Sont-ils idiots ou complices ?
Leur comité, peuplé d’ânons,
Brait, quand on parle d’armistices,
Et fond, à regret, les canons.
Morigénant la populace,
Qu’ils craignent plus que l’étranger,
lls laissent, dans leur main mollasse,
Quatre-vingt-treize se figer.

L’accapareur, âpre vermine,
Fait le vide dans les marchés,
Et, souliers percés, la Famine
Fait queue, aux portes des bouchers.
Révoltez-vous, sombres familles,
Vous, meurt-de-faim, toujours déçus,
Éclatez comme des torpilles,
Puisqu’on veut vous marcher dessus.

Chez les chamarrés, rien ne bouge.
Va-nu-pieds, marchons de l’avant,
Nommons une Commune rouge,
Rouge, comme un soleil levant !
Quittant la tactique enclouée
De nos généraux de carton,
Nous irons faire une trouée,
Guidés par l’ombre de Danton !

Et dès ce soir, ivresse folle,
Favre et Trochu sont conspués ;
Paris danse la Carmagnole
Autour des murs évacués ;
Et l’on verra la plèbe saine,
Traquant les francs-fileurs bourgeois,
Brancher la race des Bazaine,
A tous les vieux chênes gaulois.

Le peuple sent qu’il est trahi,
C’est trop aboyer à la lune.
L’Hôtel de Ville est envahi,
Paris, proclame ta Commune !

Collection: 
1870

More from Poet

À CAMÉLINAT, membre de la Commune.

Voyez ce bâtiment doré,
Des badauds si fort admiré,
Mais de solidité factice.
Cave tassant, gros mur fendu,
L’étayer serait temps perdu.
    Cette propriété
    Croule de vétusté,
Il est temps qu...

Grande lessive et la terre en sort vierge,
Et la science y pose ses fanaux ;
Plus de soldats, partant plus d’arsenaux ;
Plus de César ; tout consent, tout converge ;

Plus de pédants, on a brûlé la verge ;
D’Église, point ; papes et cardinaux
Se sont éteints...

À Émile ZOLA.

  La fabrique est sale et morose,
  L’air infect et la vitre en deuil ;
  J’y fais toujours la même chose,
  J’y tourne comme l’écureuil.
  Aussi j’ai du plomb dans la veine,
  Je me rouille dans mon étui.
  La ribotte a bu...

De sa rosace immense encombrant le ciel bleu,
Il est un monstre amorphe, intangible et farouche ;
Ce cauchemar du vide affole ce qu’il touche
Et répand un venin qui met la terre en feu.
 
Ce parasite ignore et le temps et le lieu,
Rend l’univers bancal et la...

Messieurs les conservateurs,
Vous le grand parti de l’Ordre,
Procédons, plus de lenteur !
...