Le Sonnet du ventre


Appuyé ſur les reins & ſur les contours blancs
Des cuiſſes, au-deſſous des merveilles du buſte,
Le ventre épanouit ſa tenſion robuſte
Et joint par une courbe exacte les deux flancs.

Les tiſſus de la peau ſont à peine tremblants
Du ſouffle qui deſcend de la poitrine auguſte ;
Et leur nubilité ſur les hanches s’ajuſte
Et s’y fond en accords ſuperbes & ſaillants.

Un enveloppement de careſſe ou de vague
En termine la grâce & deſſine un pli vague
Des deux côtés, ſur la solidité des chairs.

Au milieu, ſur le fond de blancheur précieuſe,
Le nombril, conque roſe & corolle aux plis clairs,
Entr’ouvre ſon regard de fleur ſilencieuſe.

Collection: 
1869

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