Le Parnasse contemporain/1876/Crépuscule

N’avoir qu’une pensée et ne pouvoir la dire,
Souffrir d’un mal unique et n’oser le montrer,
Et sentir en son cœur les nœuds se resserrer,
Et voir de devant soi l’espoir qui se retire !

— Chaque jour vient plus lourd et plus vide s’en va ;
Comme au soir, sur la plage, après la grande houle
Le flot de ma jeunesse à petit bruit s’écoule ;
Le ciel s’est refermé dont mon désir rêva.

O tristesse, ô langueur, ennui muet et morne !
Pas d’astre à l’horizon, pas de phare à l’écueil,
Rien ! ces immensités et profondeurs de deuil
S’étendent dans la nuit sans mesure et sans borne

Collection: 
1971

More from Poet

Passer tout près, passer et regarder de loin,
Et frémir sans oser continuer la route,
Et refouler, de peur d’un indiscret témoin,
Ces derniers pleurs, tout prêts à couler goutte à goutte !

De lourds nuages gris que l’éclair déchirait
Cachaient tout l’...

La vie est si souvent morne & décolorée,
À l’ennui l’heure lourde est tant de fois livrée
Que le corps s’engourdit,
Et que l’âme, fuyant les épreuves amères,
S’envole & vient saisir à travers les...

Ô les charmants nuages roses,
Les jolis prés verts tout mouillés !
Après les vilains mois moroses,
Les petits oiseaux réveillés
S’envolent aux champs dépouillés.

Tout là-haut ce n’est que bruits d’ailes,
Rendez-vous, murmures, chansons ;
Aux toits...

Lors de ma dix-septième année,
Quand j’aimais & quand je rêvais,
Quand, par l’espérance entraînée,
J’allais, riant des jours mauvais ;
Quand l’amour, ce charmeur suprême,
Endormait le soupçon lui-même
Dans mon cœur craintif & jaloux ;
Quand je n’...

Rentrez dans vos cartons, robe, rubans, résille !
Rentrez, je ne suis plus l’heureuse jeune fille
Que vous avez connue en de plus anciens jours.
Je ne suis plus coquette, ô mes pauvres atours !
Laissez-moi ma cornette & ma robe de chambre,
Laissez-moi les porter...