L’Exemple

 
VOUS frémissez au vent des calmes altitudes,
Arbres de la montagne où je passais hier ;
Plante dans le terroir, chacun de vous est fier
De posséder la paix des hautes solitudes.

Si tous les cours avaient votre belle attitude !
Campés sur l’idéal, dresses vers l’azur clair,
Le temps de vivre un peu leur serait moins amer,
Et, comme vous, ils connaîtraient la quiétude.

Toujours grandir, toujours monter, grandir encor !
Tendre vers l’infini d’un incessant effort,
Dominer sans orgueil et contempler sans crainte !

Sur l’humaine cohue, et la haine et l’effroi,
Au-dessus de la lutte et plus haut que la plainte,
Comme un arbre tranquille, ô mon cœur, dresse-toi !

Collection: 
1898

More from Poet

Dans le vent qui les tord les érables se plaignent,
Et j'en sais un, là-bas, dont tous les rameaux saignent !

Il est dans la montagne, auprès d'un chêne vieux,
Sur le bord d'un chemin sombre et silencieux.

L'écarlate s'épand et le rubis s'écoule
De sa large ramure...

 

DANS l’océan du ciel d’avril, gonflant leurs voiles,
Les nuages, pareils à de légers bateaux,
Naviguent, éclatants, vers des îles d’étoiles,
Avec la majesté des cygnes sur les eaux.

Ils voguent, sans troubler d’un remous l’onde bleue ;
...

 

LES Visions du soir passent, comme des vierges
En fins souliers d’azur, en robes de lin blanc,
Et leurs doigts délicats sont étoilés de cierges
Dont le feu pâle est sous l’haleine vacillant.

Les Visions du soir, cortèges angéliques,
Chantent, dans la...

 

J’IMPROVISE ces vers mystérieux pour une
Qui rayonne de grâce et de blanche beauté,
Dont le regard semble un crépuscule d’été
Qui se meurt lentement par un lever de lune.

Je ne sais pas pourquoi je lui donne ces vers.
Je vois dans ma pensée éclore son...

 

AUX feux de mon esprit qui s’allume dans l’ombre,
Je me regarde vivre avec étonnement :
Une fierté triomphe en ma stature sombre,
Et je suis comme un roi promis au firmament !

J’ai des chants de victoire au cœur, je me célèbre !
Comme autrefois David...