Amata

 
                « Je ne veux que le sourire de ta bouche… »

    Dis, que veux-tu de moi qui t’aime, ô mon souci
    Et comment retenir ton caprice de femme ?
    Prends mes anneaux… Prends mes colliers… Et prends aussi
    Ce que j’ai de plus rare et de plus beau : mon âme.

    Si mon très grand désir t’importune, ce soir
    Je me refuserai la douceur de ta couche
    Et je dissimulerai mon fiévreux désespoir,
    Car je ne veux que le sourire de ta bouche.

    Ton vouloir est mon vœu, mon désir est ma loi,
    Et si quelque étrangère apparaît plus aimable
    A tes regards changeants, prends-la, réjouis-toi !
    Moi-même dresserai le lit doux et la table…

    O toi que je verrai dans les yeux de la mort !
    Que ne peux-tu me demander, à moi qui t’aime ?
    Je mets entre tes doigts insouciants mon sort,
    O toi, douceur finale, ô toi, douleur suprême !

Collection: 
1897

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À Madame L.D. M...

Le soir s'est refermé, telle une sombre porte,
Sur mes ravissements, sur mes élans d'hier...
Je t'évoque, ô splendide ! ô fille de la mer !
Et je viens te pleurer comme on pleure une morte.

L'air des bleus horizons ne gonfle plus tes seins,...

Le jour ne perce plus de flèches arrogantes
Les bois émerveillés de la beauté des nuits,
Et c'est l'heure troublée où dansent les Bacchantes
Parmi l'accablement des rythmes alanguis.

Leurs cheveux emmêlés pleurent le sang des vignes,
Leurs pieds vifs sont légers...

Le soir était plus doux que l'ombre d'une fleur.
J'entrai dans l'ombre ainsi qu'en un parfait asile.
La voix, récompensant mon attente docile,
Me chuchota: "Vois le palais de la douleur".

Mes yeux las s'enchantaient du violet, couleur
Unique car le noir dominait....

Le soir, ouvrant au vent ses ailes de phalène,
Évoque un souvenir fragilement rosé,
Le souvenir, touchant comme un Saxe brisé,
De ta naïveté fraîche de porcelaine.

Notre chambre d'hier, où meurt la marjolaine,
N'aura plus ton regard plein de ciel ardoisé,
Ni...

Ô Sommeil, ô Mort tiède, ô musique muette !
Ton visage s'incline éternellement las,
Et le songe fleurit à l'ombre de tes pas,
Ainsi qu'une nocturne et sombre violette.

Les parfums affaiblis et les astres décrus
Revivent dans tes mains aux pâles transparences
...