« Louez Dieu par toute la terre »

      Louez Dieu par toute la terre,
      Non pour la crainte du tonnerre
      Dont il menace les humains,
Mais pource que sa gloire en merveilles abonde,
Et que tant de beautés qui reluisent au monde
      Sont les ouvrages de ses mains.

      Sa providence libérale
      Est une source générale
      Toujours prête à nous arroser.
L’Aurore et l’Occident s’abreuvent en sa course ;
On y puise en Afrique, on y puise sous l’Ourse ;
      Et rien ne la peut épuiser.

      N’est-ce pas lui qui fait aux ondes
      Germer les semences fécondes
      D’un nombre infini de poissons ;
Qui peuple de troupeaux les bois et les montagnes,
Donne aux prés la verdure, et couvre les campagnes
      De vendanges et de moissons ?

      Il est bien dur à sa justice
      De voir l’impudente malice
      Dont nous l’offensons chaque jour ;
Mais, comme notre père, il excuse nos crimes ;
Et même ses courroux, tant soient-ils légitimes,
      Sont des marques de son amour.

      Nos affections passagères,
      Tenant de nos humeurs légères,
      Se font vieilles en un moment ;
Quelque nouveau désir comme un vent les emporte :
La sienne, toujours ferme, et toujours d’une sorte,
      Se conserve éternellement.

Collection: 
1575

More from Poet

Est-ce à jamais, folle espérance,
Que tes infidèles appas
M'empêcheront la délivrance
Que me propose le trépas ?

La raison veut, et la nature,
Qu'après le mal vienne le bien ;
Mais en ma funeste aventure,
Leurs règles ne servent de rien.

C'est...

Chère beauté que mon âme ravie
Comme son pôle va regardant,
Quel astre d'ire et d'envie
Quand vous naissiez marquait votre ascendant,
Que votre courage endurci,
Plus je le supplie moins ait de merci ?

En tous climats, voire au fond de la Thrace,
Après...

Tu vois, passant, la sépulture
D'un chef-d'oeuvre si précieux,
Qu'avoir mille rois pour aïeux
Fut le moins de son aventure.

L'experte main de la nature,
Et le soin propice des cieux,
Jamais ne s'accordèrent mieux
A former une créature.

On doute...

Ma Crisante avec une foi
Dont l'âge atteste l'innocence,
M'a fait serment qu'en mon absence
Elle aura mémoire de moi.

Cette faveur si peu commune
Me donne tant de vanité
Qu'à la même divinité
J'ose comparer ma fortune.

Peut-être qu'elle me déçoit...

Infidèle mémoire
Pourquoi fais-tu gloire
De me ramentevoir
Une saison prospère
Que je désespère,
De jamais plus revoir ?